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EL.

3 : un autre combat d’Olympe


de Gouges
• Texte qui se situe dans la dernière partie de l’œuvre, intitulée « Forme
du contrat social de l’homme et de la femme », peu après le
traitement de la question des rapports entre le mari et sa femme.
• Il était bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-
on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C’est là où la nature
frémit d’horreur ; c’est là où la raison et l’humanité, n’ont pas encore touché les
âmes endurcies ; c’est là surtout où la division et la discorde agitent leurs
habitants. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations
incendiaires : il y en a dans le sein même de l’Assemblée Nationale : ils allument
en Europe le feu qui doit embraser l’Amérique. Les Colons prétendent régner en
despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnaissant
les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte
de leur sang. Ces colons inhumains disent : notre sang circule dans leurs veines,
mais nous le répandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou notre
aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus près de la nature, que le père
méconnaît le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes ; que peut-
on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? la contraindre avec violence, c’est
la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les
calamités vers l’Amérique. Une main divine semble répandre par tout l’apanage de
l’homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénère
en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c’est elle surtout qui doit renfermer
l’Assemblée Nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice.
Dénonciation des troubles dans les
colonies
• Il était bien nécessaire que je dise
quelques mots sur les troubles que
cause, dit-on, le décret en faveur Nécessité morale d’agir au vu de l’actualité
des hommes de couleur, dans nos Décret a priori révolutionnaire cherchant à abolir
îles. C’est là où la nature frémit l’esclavage
d’horreur ; c’est là où la raison et Critique des conservateurs ( « âmes endurcies »)
l’humanité, n’ont pas encore touché Triple anaphore + Lexique du dégoût +
les âmes endurcies ; c’est là personnification de la Nature=> ODG décrit
surtout où la division et la discorde l’opposition radicale des deux camps divisés ( pro et
agitent leurs habitants. Il n’est pas contre l’esclavage)
difficile de deviner les instigateurs Métaphore filée de l’incendie=> ODG ne nomme
de ces fermentations incendiaires : pas les responsables mais insiste sur les
il y en a dans le sein même de conséquences graves de leur opposition au décret,
l’Assemblée Nationale : ils allument qui dépasseront même les frontières de la France =>
en Europe le feu qui doit embraser les faire culpabiliser ?
l’Amérique.
Bilan premier mouvement
• ODG commente l’actualité pour montrer les risques de s’entêter à
refuser le principe d’égalité entre les êtres humains, et plus
précisément ici à refuser l’application du décret favorable aux noirs
dans les îles.
Attaque contre les esclavagistes
Vocabulaire péjoratif pour décrire les colons qu’ODG nomme
enfin.
Critique de l’abus de pouvoir des colons par les mots « régner
• Les Colons prétendent régner en despotes sur en despotes » déjà utilisés par ODG pour désigner les hommes
des hommes dont ils sont les pères et les par rapport aux F.
frères ; et méconnaissant les droits de la Affirmation du non-respect de la fraternité des humains par le
nature, ils en poursuivent la source jusque champ lexical de la famille
dans la plus petite teinte de leur sang. Ces Verbes qui dénoncent les actions sacrilèges des colons : d’abord
colons inhumains disent : notre sang circule mauvaise connaissance-ignorance peut-être consciente puis
dans leurs veines, mais nous le répandrons actes violents criminels ( cf idéaux des Lumières : l’ignorance
tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou mène à la violence)
notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les Un mot est répété : SANG =>symbole du crime commis par les
plus près de la nature, que le père méconnaît colons
le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous
Surdité des colons traduit l’absence de droit à la parole des
les charmes ; que peut-on espérer de la
résistance qu’on lui oppose ? la contraindre esclaves ( // les femmes)
avec violence, c’est la rendre terrible,// la laisser Question rhétorique finale à propos de l’avenir de la résistance
encore dans les fers, c’est acheminer toutes les opposée aux colons=> ODG fait la réponse avec un double
calamités vers l’Amérique. parallélisme (infinitif, c’est + infinitif =x2)=> elle veut avertir des
risques en cas d’une répression sanglante => veut faire peur aux
députés, leur faire craindre une destruction radicale
(« calamités ») (allitération en R)
• Dans le premier mouvement consacré à la dénonciation des troubles dans les colonies, Olympe de Gouges justifie par la « nécess[ité] »(l1) morale le fait
d’évoquer la question de l’esclavage dans un texte qui jusque là s’est concentré sur les inégalités entre hommes et femmes. C’est l’actualité qui l’exige
comme l’indique d’usage du présent d’actualité avec les verbes « dise » (l. ), « frémit »(l. ) et « agitent »(l. ). L’autrice fait une allusion directe au non
respect du « décret » de l’Abbé Grégoire « en faveur des hommes de couleur ». Cette périphrase cherche à rétablir leur statut d’hommes et à souligner
ainsi l’égalité qui devrait exister entre les colons et les esclaves. La personnification de la nature qui « frémit d’horreur » (l. ) à la vue des agissements des
colons dans les colonies et ces deux mots relevant du lexique du dégoût renforcent leur dénonciation. De plus Olympe de Gouges ne nomme pas
directement les coupables, elle les qualifie d’ « âmes endurcies » (l. ) pour mieux les condamner aux yeux des députés censés l’écouter et la lire. Elle en
appelle aux valeurs des Lumières que sont « la raison et l’humanité » (l. ). A cela s’ajoute ensuite la triple anaphore de la tournure « c’est là où» donnant
plus de force à son accusation visant implicitement les français des colonies qu’elle oppose aux populations exploitées de ces îles. Selon elle, « la discorde
et la division »(l. ) menacent, il y a donc un danger pour le sort de l’Etat. Elle veut faire craindre une révolte des esclaves. On le voit surtout dans la
métaphore filée de l’incendie qui finit ce mouvement avec les termes « fermentations incendiaires »(l. ), « allument » (l. ), « feu » (l. ) et « embraser » (l. ).
Encore une fois, elle ne nomme pas les responsables mais suggèrent la gravité de la situation qui peut même gagner le reste du monde, elle signale ici le
risque immense à ne pas respecter la loi. ODG commente donc l’actualité pour montrer les risques de s’entêter à refuser le principe d’égalité entre les
êtres humains, et plus précisément ici à refuser l’application du décret favorable aux noirs dans les îles.
• Dans le deuxième mouvement, cette fois, l’autrice attaque les esclavagistes français et nomme et accuse les « colons » par un vocabulaire péjoratif
présent dans toute cette partie. En effet elle les qualifie de  « despotes » (l. ), de « colons inhumains » (l. ), et critique leur « cupidité » et leur « aveugle
ambition  » (l. ). Elle dénonce ainsi leur abus de pouvoir dès la première ligne du mouvement, ce qui rappelle les accusations qu’elle a porté précédemment
contre les hommes à l’égard des femmes qui « prétend[aient] régner» eux aussi « en despotes » sur le sexe dit faible. Les combats se rejoignent donc. On
voit qu’elle fait allusion aussi aux valeurs d’égalité et de fraternité par les mots du champ lexical de la famille « pères » et « frères » pour mieux mettre en
évidence le caractère illégitime de cette domination. Ainsi les exploitants esclavagistes « méconnaissent » c’est-à-dire ignorent et refusent d’appliquer les
principes du droit naturel, et sont prêts à faire se « répandr[e] le sang »(l. ), symbole pour Olympe de Gouges ici des crimes dont ils sont capables
uniquement pour leur intérêt financier comme l’indique le défaut de la « cupidité » (l. ). Elle les fait parler à la première personne du pluriel
« nous »(l……..) pour mieux forcer son public à réaliser ses torts. Elle reprend alors les mots du lexique de la famille «  père » et « fils » et le champ lexical
de la surdité avec « sourd » (l. ) « étouffe » (l. ), « cris »(l. ) pour montrer que les esclaves, comme les femmes, sont des populations privées de parole et
donc d’existence politique. Elle enchaîne alors avec la question rhétorique suivante «  que peut-on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? » (l. ) afin
d’alerter son public sur la répression de ces troubles qu’elle juge dangereuse. Le pronom « on » (l. )lui permet là encore de pousser son public à
s’interroger et à culpabiliser peut-être. La dernière phrase du mouvement fondée sur un parallélisme et utilisant beaucoup de termes violents « violence »
(. ), « terrible » (l. ), « fers » (l. ) ou encore « calamités »(l. ) proclame un avertissement contre le pourrissement de la situation des colonies et les
risques d’extension des rébellions, y compris vers le nouveau pays de la liberté que la France vient de soutenir ! Les nombreuses allitérations en R dans
cette phrase doit provoquer de la peur et donc une réaction. Cette attaque contre l’esclavagisme et le colonialisme critique donc sans détour le non-
respect des valeurs de la Révolution, liberté, égalité et fraternité. ODG condamne les conservateurs qui font tout pour faire échouer ce décret progressiste
et maintenir les esclaves dans le silence et l’absence de liberté
Bilan du 2ème mouvement
• Cette attaque contre l’esclavagisme et le colonialisme critique sans détour
le non-respect des valeurs de la Révolution, liberté, égalité et fraternité.
ODG condamne les conservateurs qui font tout pour faire échouer ce
décret progressiste et maintenir les esclaves dans le silence et l’absence de
liberté. Elle n’hésite pas à les qualifier de criminels.
Affirmation du pouvoir de la loi
Une seule longue phrase, pleine d’emphase (de
• Une main divine semble plus en plus de syllabes entre deux points virgules
répandre par tout l’apanage Métonymie de la volonté divine qui selon ODG agit
au XVIII° pour modifier le monde et instaurer la
de l’homme, la liberté ; la loi liberté
seule a le droit de réprimer Mais personnification de la loi => puissance et
cette liberté, si elle dégénère nécessité de cadrer les sociétés juridiquement
en licence ; mais elle doit être Opposition de liberté / licence (mot péjoratif)=>
rappeler que la liberté, ce n’est pas de faire
égale pour tous, c’est elle n’importe quoi
surtout qui doit renfermer Tous => la loi doit concerner tout le monde sans
l’Assemblée Nationale dans faire des exceptions parmi les citoyens, et qui doit
son décret, dicté par la être respectée aussi par les députés de l’assemblée
nationale
prudence et par la justice. Vocabulaire juridique mélioratif=> loi garante d’un
climat de vie bon pour tous.
Bilan du troisième mouvement

• ODG réaffirme sa confiance dans la loi et son pouvoir de justice. Selon


elle, seule la loi peut contraindre tous les êtres humains à respecter
l’égalité, et la liberté de chacun. Elle est donc une pionnière du
combat pour les droits civiques. (L’Assemblée nationale abolira l’esclavage en 1794)

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