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ET Peau de cha REALISME ET SOCIETE ssss mars 23

EXTRAIT sur REALISME ET SOCIETE


EXTRAIT 1 :
Le réalisme – peinture de la haute société (p 291-292 de notre édition-Classico-lycée)

Ce petit monde obéissait, sans le savoir peut-être, à la grande loi qui régit la haute société,
dont Raphaël acheva de comprendre la morale implacable. Un regard rétrograde lui en montra
le type complet en Fœdora. Il ne devait pas rencontrer plus de sympathie pour ses maux chez
celle-ci, que, pour ses misères de cœur, chez celle-là. Le beau monde bannit de son sein les
malheureux, comme un homme de santé vigoureuse expulse de son corps un principe
morbifique. Le monde abhorre les douleurs et les infortunes, il les redoute à l’égal des
contagions, il n’hésite jamais entre elles et les vices : le vice est un luxe. Quelque majestueux
que soit un malheur, la société sait l’amoindrir, le ridiculiser par une épigramme ; elle dessine
des caricatures pour jeter à la tête des rois déchus les affronts qu’elle croit avoir reçus d’eux ;
semblable aux jeunes Romaines du Cirque, elle ne fait jamais grâce au gladiateur qui tombe ;
elle vit d’or et de moquerie ; Mort aux faibles ! est le vœu de cette espèce d’ordre équestre
institué chez toutes les nations de la terre, car il s’élève partout des riches, et cette sentence est
écrite au fond des cœurs pétris par l’opulence ou nourris par l’aristocratie. Rassemblez-vous
des enfants dans un collège ? Cette image en raccourci de la société, mais image d’autant plus
vraie qu’elle est plus naïve et plus franche, vous offre toujours de pauvres ilotes, créatures de
souffrance et de douleur, incessamment placées entre le mépris et la pitié : l’Évangile leur
promet le ciel. Descendez-vous plus bas sur l’échelle des êtres organisés ? Si quelque volatile
est endolori parmi ceux d’une basse-cour, les autres le poursuivent à coups de bec, le plument
et l’assassinent. Fidèle à cette charte de l’égoïsme, le monde prodigue ses rigueurs aux
misères assez hardies pour venir affronter ses fêtes, pour chagriner ses plaisirs.
Intro :
Situer le passage : R est en cure et il est malaimé des curistes, qui ne comprennent pas son
arrogance ni son allure maladive…
……………….
Plan / mouvement :
-l 1-5 : énoncé de la thèse (société régie par la loi de la cruauté (thèse),
-suivi d’une série de preuves et d’illustrations, on voit bien cette cruauté à travers les
expulsions et les rires auxquelles la société se livre (lignes 6-12) ;
-la 2ème moitié du passage montre enfin comment cette même thèse se vérifie à travers 2 exs
ou deux comparaisons : comp avec la société des enfants, tt aussi cruelle, et celle des
volatiles (gradation (ou dé-gradation puisque l’ho est particulièrement déconsidéré dans ce
passage !).
Pbi : Ns verrons comment le récit du protagoniste permet au romancier de nous livrer une
satire de mœurs et une leçon de vie qui débouche sur une méditation désabusée.

Etude linéaire :

Satire = critique qui porte sur la société et qui repose sur l’humour ou l’ironie

Ici, dénonciation du non-respect de la religion mais aussi de la morale par la socé (question
posée : pourquoi les aristocrates, ayant pourtant reçu une bonne éducation, préfèrent-ils
souvent se soustraire aux règles de bonne conduite qu’on leur a enseignée ?)
-Ligne 2 : « petit monde /grande loi » effet de contraste
Thème = la cruauté envers les faibles ; on nous présente ce phénomène comme une » loi »
qui serait « grande » : aucun des deux mots n’est adéquat ici. Il s’agit ironie par antiphrase,
grâce à laquelle le narrateur met en avant sa désapprobation face à un scandale (dénonciation,
blâme sur la socé)
-les adjs qualificatifs sont égrénés de cette manière ironique sur toute la phrase, à contre-
emploi pour ceux qui indiquent un ordre de grandeur  élevé (« grande , haute » ) et au sens
figuré pour celui qui évoque l’étroitesse d’esprit dans laquelle se trouve la société ou se trouve
alors le protagoniste, en butte à la malveillance (petit)
-l 4 // Ironie par antiphrase : « beau monde » (la haute société = le 1er sens (image convenue)
mais utilisée de façon critique ici (ironie par antiphrase)
→3 expressions pour désigner la sphère la plus élevée de la socé :
« petit monde / haute société, / beau monde » → mépris de Raphaël car s’il a tout fait pour
s’intégrer dans cette sphère sociale, il a été très déçu par le manque de cœur ou de sensibilité
qui y règnent.
-on assiste à un renversement des valeurs, d’où l’ironie de l’expression « morale implacable »,
qui souligne par une négation lexicale (« implacable ») le manque absolu de compassion, qui
a été érigé en « morale » inversée d’après le narrateur.
Ce dernier adopte d’ailleurs le pt de vue de Raphaël (« Un regard rétrograde lui en montra le
type « ) qui se retourne sur son passé et qui est désolé de cette situation, et qui se souvient de
la femme qu’il avait aimée et qui l’a tellement  déçu (l2-3)
L 3-4 : ch lex des sentiments (« sympathie, maux, misères de cœur » ) : le personnage se
définit comme un être sensible avant tout… ; la comparaison entre Foedora, qu’on peut voir
comme une allégorie ou encore comme une métonymie de la société, met en évidence le fait
que la déception du personnage est universelle !
-l 4-5 : comparaisons organiques, étranges, entre la socé et le corps, : « sein, santé, corps,
morbifique » visant à suggérer que le manque de sensibilité, de compassion, est une forme de
maladie de l’âme. Le verbe « bannit » est d’ailleurs d’une immense brutalité puisque c’est un
mot qui rappelle au souvenir du lecteur les temps où certains citoyens, qui avaient commis
une faute particulièrement grave, pouvaient être déclassés, déshonorés et exclus de la vie
publique, le bannissement consistant à les condamner à quitter le pays, à s’exiler et à vivre
une forme de mort sociale (pour les leurs).
Ainsi, la société de cette époque souhaite avoir seulement dans ses rangs des personnes
qualifiées et fortunées qui ont du pouvoir et elle préfère délaisser les personnes faibles.
Raphael critique la société en disant « Le beau monde bannit de son sein les malheureux,
comme un homme de santé vigoureuse expulse de son corps un principe morbifique. » (Ligne
5-6) ; ici métaphore de la maladie, du virus pour souligner ces comportements scandaleux.
-l 7 : « le vice est un luxe » :
« Le vice est une calamité » = le type de commentaire attendu ; or, ici, le narrateur associe
l’idée de « vice » est celle de « luxe » : ironie par antiphrase, lui permettant d’exprimer sa
révolte, son indignation.
-l5-6 la force des 2 verbes de la phrase suivante (« Le monde abhorre […] redoute »  ainsi que
la métaphore filée de la maladie (« à l’égal des contagions »), suggèrent l’idée que la société
est en réalité d’une faiblesse coupable : n’est-ce pas par terreur qu’elle rejette ainsi les faibles
comme s’ils étaient des pestiférés redoutables ?

-le voca (« Ce petit monde obéissait [à telle ou telle loi] / régit la haute société/ le type » )
souligne les tentatives de l’auteur (et donc de son narrateur-et du personnage dont ce dernier
adopte le point de vue ici), pour élaborer des hypothèses valables d’une façon générale (d’où
le présent de vérité générale aux lignes 1, 4 et suivantes ) :
→ démarche réaliste, qui consiste à dégager les grandes lois qui régissent la société
+ rappel : la notion de « type » est centrale chez Balzac, qui pense que les humains se
répartissent en catégories comme autant d’espèces dans un zoo ( !) (Voir l’ « Avant-propos »
de la « Comédie humaine »)
-l7-9 : « Quelque majestueux que soit un malheur, la société sait l’amoindrir, le ridiculiser par
une épigramme ; elle dessine des caricatures pour jeter à la tête des rois déchus les affronts
qu’elle croit avoir reçus d’eux […] : les romantiques (comme Baudelaire) ont su voir la
beauté de certains souffrances ; pour eux, certains malheurs sont même « majestueux » (voir
par ex Alphonse de Lamartine(1790 – 1869) dans « Le poète mourant »).
Or, ici, on suggère que la société ne respecte pas même les rois…N’oublions pas que ces
derniers ont été considérés très longtemps comme les garants et les représentants de Dieu sur
terre…De plus, on suggère ici que les caricatures qui ont explosé à l’époque, sont souvent la
marque d’esprits revanchards et jaloux…..
+ n’oublions pas que le pers est un aristocrate qui se méfie des caricatures sur les rois… !
+ décapitation en 93 (Terreur) a traumatisé les Français… !!
-Nb. : épigramme = ptt poè satirique ; caricature =[dessin ds lequel on accentue des traits
caractéristiques ou disproportionnés
L 8_-15 : Th du rire (« épigramme, caricatures ») On connaît bien l’ironie ou le bel esprit qui
ont pu caractériser les esprits forts du XVIIIè siècle (voir les Lumières). Or, au XIXè siècle,
ce type de rire explose avec l’essor (le développement) de la presse. Voir ci-dessous (ex de
caricat.)
(Référence à la Révolution) lignes 10 et 12 « Mort au faible », slogan inventé par le narrateur
pour révéler le scandale de la cruauté qui nous pousse parfois à agir.
Ex. de caricature de Louis Philippe en poire par Charles Philipon en 1831.
La presse a permis, à l’époque, de diffuser des satires écrites ou dessinées →or, aux yeux de
Raphaël, même la caricature, qui a pourtant permis au public d’échapper à l’ignorance, de se
tenir au courant des affaires de ce monde et de développer un esprit critique, est prise à
partie ici…
Raphaël pense en effet que celle-ci a surtout permis de rabaisser tout le monde sans
distinction. Pour Raphaël, on assiste à un nivellement par le bas.
Question implicite ici :
Peut-on tout tourner en dérision ?

Ligne 12 : « d’or et de moquerie » ici une alliance de mots ; « sentence on retrouve [encore le
voca de la loi, employé de façon ironique] est écrite au fond des cœurs pétris par l’opulence
ou nourris par l’aristocratie. »
→attaque très virulente contre l’aristocratie (les verbes imagés soulignent le fait que cette
classe a bénéficié de privilèges). Th du luxe = omniprésent ; dénonciation des aristocrates. 
N’oublions pas que Balzac (tout comme son personnage) admirait énormément le raffinement
et certaines beautés de ce monde… → volonté de faire preuve d’esprit critique et d’être
juste + dépit : comment une telle société peut-elle parfois se montrer aussi décevante ? …
-l 10 « jeunes Romaines du Cirque » : cliché des jeux de cirque remis au gout du jour par
Balzac : son pers, dégoûté par les fes., féminise les spectateurs de ces jeux. (procédé litt qui
consiste à « remotiver » un cliché cad lui redonne un piquant inattendu)
Lignes 15-fin :
-Si la religion promet soi-disant toujours le « ciel » aux déshérités, [la socé] quant à elle, ne
tient aucun compte de ces enseignements ; elle « vous offre toujours de pauvres ilotes [=
esclaves], créatures de souffrance et de douleur, incessamment placées entre le mépris et la
pitié : l’Évangile leur promet le ciel » (Ligne 15-18) -Présence du champ lexical du spirituel :
« Evangile », le mot « ciel » font écho à l’idée du paradis
Thèse de du narrateur (et du pers de R ici) : les enseignements de la religion ne sont pas
suivis ; certains humains sont des créatures de souffrance qui n’obtiennent pas d’aide malgré
les promesses des Evangiles.
De plus, Raphaël critique la société avec l’illustration par la phrase « Fidèle à cette charte de
l’égoïsme » (ligne 21) (normalement une charte revoie à une loi et on ne peut pas associer
cette notion à celle d’égoïsme !) ironie par antiphrase →// écriture des lignes 1 et 2 portant sur
les comportements dénaturés selon le pers.
L 16-20 gradation soulignée par la question/ l’adresse visant à associer le lecteur à la
démonstration (« Descendez-vous plus bas sur l’échelle des êtres organisés ? »)
Fin : « Fidèle à cette charte de l’égoïsme, le monde prodigue ses rigueurs aux misères assez
hardies pour venir affronter ses fêtes, pour chagriner ses plaisirs. »
→ ici, une conclusion qui reprend les termes de départ : la loi est inversée (ironie de
l’expression « charte de l’égoïsme » ; également ironie de l’expression « misères assez
hardies » (suggère qu’aux yeux des personnes cruelles, quelqu’un qui offre le spectacle de sa
déchéance ou de sa fragilité gâche la fête de ceux qui ont tout ; idée que ces derniers le
trouvent sans vergogne, hardi !) 
→ mauvaise foi et comble de l’injustice : ce sont les personnes fragiles qui sont mises en
accusation ici !
Conclusion à faire !
(Quelques éléments, à compléter) :
On voit bien ici commet l’auteur met à profit ses observations pour tenter d’en tirer des lois
générales, l’étude des Mœurs constituant un pan important du travail de l’auteur dans son
œuvre (rappel : Balzac a regroupé l’ensemble de ses romans sous le grand titre de la
« Comédie Humaine »)
………..

Complément pour le texte sur le réalisme :

Nb. Document complémentaire pour comprendre le passage :


Développement de la presse a permis à la caricature de trouver un essor considérable à
l’époque.
Ex. de caricature Charles Philipon en 1831 (représentant le roi Louis-Philippe en poire)
Allusions à ce phénomène dans le Texte !

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