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DISSERTATIONS SUR GARGANTUA DE RABELAIS XVI e s

SUJET 1 : En quoi peut-on dire que G de François Rabelais prête autant à rire qu’il
donne à penser ?
pb : en quoi l’œuvre de Rabelais mêle-t-elle rire et savoir ? peut-on faire réfléchir tout en amusant ?
c’est la problématique de tout apologue (récit bref et plaisant qui contient une morale implicite ou
explicite)

I.AU PREMIER ABORD, LE ROMAN SEMBLE UNIQUEMENT FAIT POUR NOUS FAIRE RIRE : pour cela le
narrateur utilise un certain type de comiques qui semblent mettre à distance le savoir

cf site (faire une fiche sur les différents types de comiques avec au moins 1 ex à chaque fois)

1)le comique de la farce, un comique grossier fondé sur des gags

(le registre merveilleux avec la disproportion géants / humains par ex les pèlerins mangés en salade ; la
scatologie , le comique de situation, par ex à plusieurs reprises lié à l’urine, le comique de répétition, de
gestes, le comique de l’absurde : invraisemblances, par ex accoucher par indigestion, naître par l’oreille…)

2)la parodie

(du registre épique lié au roman de chevalerie : boulets de canon confondus avec grains de raisin, frère
Jean qui part en croisade avec le bâton de la croix contre des pilleurs de raisin ; registre burlesque : on
troue les tambours pour cueillir du raisin, etc)

3)le comique de langage

(omniprésent : l’auteur joue avec émerveillement avec la langue française naissante : jeux de mots,
accumulations de mots faisant une longue liste avec intrus, périphrases ou chiasmes, quiproquo,
invention d’étymologies fantaisistes, jeu sur l’érudition de Rabelais (cours d’anatomie lors d’un massacre,
liste de livres savants qui prouvent un détail ridicule du récit… ; plus encore : apostrophes comiques
destinées aux lecteurs : « Buveurs très illustres » (Prologue) ; énigmes proposées au lecteur (début et fin
du récit que l’on ne comprend pas)

PS : ne pas oublier de rajouter ici et là des ex tirés du parcours : vous pouvez utiliser La Fontaine, La
Bruyère et encore la lecture cursive (obligatoire) Micromégas de Voltaire (dont les héros sont des géants
également, le but étant la critique de la société du 18e s)

II.Cependant d’autres rires sont moins innocents, et nous forcent à penser.

aller sur le site pour trouver des ex précis >fiche

1)le comique de caractère

(l’impulsivité, le caractère colérique, la mégalomanie de Picrochole – « Bile amère » - qui se met en guerre
pour des « fouaces », brioches : l’anti-modèle du bon roi Grandgousier>> critique de l’actualité de
l’époque, celle des ambitions de l’empereur Charlequin ; Rabelais échapper à la censure par la
déformation du rirre, mais tous ses livres finiront par être condamnés par la Sorbonne, même si le roi
François 1er sauve leur publication à plusieurs reprises)

2)la caricature de certains personnages

(l’enthousiasme pour le combat de frère Jean, au lieu de vaquer à ses prières, qu’il prend pour des
somnifères - (ATTENTION : aussi personnage ambigu, qui paie de sa personne, et agit pour changer les
choses >> en cela il est le porte-drapeau des humanistes); l’ignorance et le manque d’hygiène des
professeurs de G avant Ponocratès, leurs discours ridicules)

3)la satire des 3 fondements de la société de l’époque, que les humanistes désirent voir changer

-l’éducation (cf textes étudiés) : la critique du vieil enseignement du Moyen-Age (décrire), des sophistes
qui ne transmettent pas une éducation faisant appel à l’intelligence et méprisant le corps humain, donc
la santé et l’hygiène

-la religion : Rabelais s’inspire des idées humanistes et évangélistes pour critiquer l’éducation religieuse
de l’époque qui n’est pas vécue authentiquement, mais récitée sans même être comprise ; critique
également des mauvais moines, ou encore de pratiques religieuses sans fondement >> là encore la pensée
se cache sous le rire (il faut toujours des ex précis)

-la politique : le bon roi Grandgousier s’oppose au mauvais roi Picrochole : le premier est pacifiste, le
second belliqueux ; le premier désire apporter le bonheur à ses sujets, le second à renforcer son pouvoir ;
le premier est modeste et ressemble à un père de famille ; le second est orgueilleux, arrogant ; le premier
pardonne à ses ennemis, fait preuve de bonté envers eux ; le second est violent et massacre à tout va (ex
précis de passages drôles qui le prouvent)

4) >>on remarque que la structure du roman est binaire : le rire se retrouve souvent dans la 1e partie,
qui fait la satire de ce qui ne va pas : anti-modèle, et la solution réfléchie apparaît dans la 2e partie – où
l’on rit moins, puisque le modèle ne fait pas rire, c’est le souhait des humanistes

(montrer l’opposition des personnages : éducation, religion, politique ; et l’opposition des faits : guerre-
paix ; éducation du moyen-âge – celle de la Renaissance ; religion du moyen-âge – idéal humaniste et
évangélique avec l’utopie finale de l’abbaye de Thélème)

PS : ne pas oublier de rajouter ici et là des ex tirés du parcours : vous pouvez utiliser La Fontaine, La
Bruyère et encore la lecture cursive (obligatoire) Micromégas de Voltaire (dont les héros sont des géants
également, le but étant la critique de la société du 18e s)

SUJET 2 : « Un rire désormais victorieux y balaie sans résistance le vieux roi, le vieux monde, la vieille
année. Rabelais, en fidèle disciple d’Erasme, y dit son mot sur tout (…). Certes conscient des dangers que
ses propos lui font courir, mais décidé, comme frère Jean, à agir et à payer de sa personne. Envisagé
sous cet angle, le Gargantua est élan, volonté déclarée de changement. »

Gérard Defaux, Préface de Gargantua, 1994.

Dans quelle mesure le rire d’un écrivain est-il victorieux ? Vous organiserez votre réflexion en prenant
appui sur Gargantua et son parcours associé « Rire et savoir ».

pb : si l’on peut parler de « rire victorieux », cela signifie donc que le Rabelais est en guerre, et contre
qui ou quoi ? Le rire serait donc une arme ? et qui plus est, une arme qui entraîne la victoire, de quelle
manière ? Nous nous demanderons comment, par l’intermédiaire du rire appliqué à tous les domaines,
le narrateur de ébranle, « balaie » le monde ancien.

INTRO : Le « rire est le propre de l’homme », écrit Rabelais dans l’ « Avis aux lecteurs » de son roman
Gargantua paru en 1534. Pour Gérard Defaux, le rire qui d’après Rabelais est l’essence même de
l’humanité, a une fonction précise : la victoire « sur le vieux monde », qui suppose un engagement
(« payer de sa personne »). Cette « volonté déclarée de changement » mettrait de surcroît l’auteur en
« danger[] ». Gérard Defaux cite Erasme, inscrivant ainsi cette aspiration à une nouvelle ère «dis[ant] son
mot sur tout » dans l’esprit de la Renaissance. Et pour l’auteur de la citation, ce rire a déjà gagné, il est
« victorieux ».

Mais si l’on peut parler de « rire victorieux », cela signifie donc que le Rabelais est en guerre, et contre
qui ou quoi ? Le rire serait donc une arme ? et qui plus est, une arme qui entraîne la victoire, de quelle
manière ? Nous nous demanderons comment, par l’intermédiaire du rire appliqué à tous les domaines,
le narrateur de ébranle, « balaie » le monde ancien.

I.LE RIRE EST OMNIPRESENT, CE QUI FAIT DE G UNE ŒUVRE JUBILATOIRE

cf site : les différentes sortes de rires

TRANSITION : Le rire, nous venons de le voir, s’insinue dans tous les domaines dans l’œuvre de R. Mais en
quoi est-il victorieux, c’est-à-dire à la fois destructeur d’un monde ancien englué dans des pratiques
moyen-âgeuses et porteur d’espoir pour un nouvel ordre du monde conforme aux idéaux de la
Renaissance ?

II.LE RIRE RABELAISIEN INCARNE LA VICTOIRE DES IDEES DE LA RENAISSANCE SUR LE MONDE ANCIEN

attention ! ne pas oublier de choisir des ex drôles pour prouver que le rire provoque une autre vision du
monde

1)le diptyque éducation du Moyen-Age / éducation de la Renaissance >> nouveau par rapport aux écoles
de l’époque : il faut prendre en compte l’être humain entier (intelligence, corps, âme) et l’éduquer
intelligemment grâce à la théorie intimement liée à la pratique (par ex : manger et étudier ce que l’on
mange)

2)le diptyque religion de façade / foi authentique (idées évangélistes de la Renaissance avec la vision d’un
monde parfait à la fin)>> nouveau par rapport aux habitudes de l’époque : cesser de réciter par cœur des
prières sans y penser vraiment, ou de se comporter à l’encontre des préceptes religieux (mauvais moines),
ou encore de mettre du sacré là où il n’y en a pas (adoration des objets, des reliques…)

3)le diptyque du bon roi Grandgousier / face au mauvais roi Picrochole >>nouveau par rapport au
contexte de l’époque (Charlequin) : le bon roi ne désire pas la guerre, il fait tout pour l’éviter ; il sait
pardonner, créer des alliances positives, et n’a ni orgueil ni désir de pouvoir

CONCLUSION : On trouve donc dans cette œuvre où le thème du vin est omniprésent et devient le
symbole (entre autres) de la joie de vivre, une ivresse du rire, qui déborde sur tous les domaines , comme
le dit Gérard Defaux : littéraire par les jeux de langage ou les parodies d’épopée, religieux par les
caricatures des maîtres de la Sorbonne attachés à la forme plutôt qu’au fond, pédagogique par la satire
de l’éducation du Moyen-Age, politique par l’anti-modèle du chef d’Etat incarné par Picrochole.

Mais si l’on boit le vin du rire jusqu’au délire, c’est que l’on a soif de renouveau. Cependant comment
diffuser les idées nouvelles dans un monde encore soumis à la censure ? Rabelais a trouvé la solution : le
rire sert de « silène », boîte qui cache un trésor précieux, ou d’os qui cache la moëlle (Prologue) : au
lecteur de décoder le roman, qui présente ainsi toutes les caractéristiques d’un apologue. Ainsi
l’interprétation (l’herméneutique ) devient le moyen de rendre efficace l’arme du rire, et de diffuser les
idées de la Renaissance.
Si Rabelais se sert de géants pour montrer la grandeur que peut atteindre l’humanité si elle est orientée
vers le bien dans tous les domaines, La Fontaine, au siècle suivant, en usera autrement : « Je me sers
d’animaux pour instruire les hommes », dira-t-il. Mais tous les deux n’oublieront pas que le rire reste la
meilleure arme pour conquérir l’adhésion du lecteur. A la fois prise de distance déstabilisante et
stimulation intellectuelle, le rire se retrouve une nouvelle fois au siècle de la Révolution française, au 18e
s. Les Philosophes des Lumières, dont Voltaire avec Micromégas, se relaieront pour faire de son aspect
divertissant une victoire sociale.

SUJET 3 : Commentant l’ambiguïté de l’écriture rabelaisienne, Gérard Defaux écrit : « Rien au fond n’est
plus déroutant et insaisissable que la pensée d’un homme qui refuse de se prendre au sérieux – d’un
homme qui refuse de faire la moindre différence entre le rire et le sérieux ».

Le rire nuit-il à la transparence du savoir ? Vous répondrez à cette question dans un développement
argumenté qui s’appuiera sur votre lecture de Gargantua et qui rendra compte des enjeux du parcours
« Rire et savoir ».

pb : si l’œuvre de Rabelais est autant comique que sérieuse, comment en distinguer l’enjeu ? comment
le lecteur peut-il comprendre les « morales » de cet apologue sous forme de roman ?
I.IL FAUT RECONNAÎTRE QUE DANS G LE NARRATEUR BROUILLE VOLONTAIREMENT LES PISTES PAR LE RIRE
OMNIPRESENT

1) dans le domaine de l’éducation, le gigantisme de G déforme la vision de l’éducation avec son ancien maître comme
avec son nouveau

(tout ce que G apprend par cœur, les tonnes de livres ; tout ce qu’il apprend en mangeant, etc ; et que penser de
l’enfance de G ?)

2)dans le domaine religieux, l’ambiguïté se retrouve également

(thème du vin omniprésent : quel sens lui donner ? ; frère Jean : un modèle ou un anti-modèle ? Rabelais a-t-il du
respect pour la religion ou non ? cf l’épisode des cloches de Notre-Dame)

3)dans le domaine politique, qui est le bon roi ?

(est-ce celui qui refuse de se battre ou accepte de réparer une injure et une injustice qui lui est faite alors qu’il est
innocent, celui qui pardonne à ses ennemis / ou celui qui désire agrandir son territoire à tout prix ?)

II.CEPENDANT RABELAIS FOURNIT DES CLES DE LECTURE AU LECTEUR ATTENTIF

1)le Prologue est la clé la plus importante : il explique comment lire son roman

(boîte « silène », « os à moëlle », champ lex du vin… : il faut décoder, comprendre les symboles, lire au 2 e degré,
saisir l’implicite ; c’est ce qu’on appelle l’interprétation ou l’herméneutique)

2) les personnages qui s’opposent en diptyque sont la 2e clé

(cela fonctionne dans les 3 domaines « sérieux » évoqués dans le roman : éducation, religion, politique ; attention :
bien apprendre les noms des personnages)

3)la progression du roman est la 3e clé

(le roman est fondé sur une structure binaire : l’avant (anti-modèle à rejeter) et l’après (modèle à suivre) et ce dans
les 3 domaines sérieux évoqués plus haut ; il se termine par une utopie (l’abbaye de Thélème) qui fait rêver au
paradis que pourrait construire l’humanité sur Terre si elle changeait )

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