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Objet d’étude 

: La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle 2022-2023


OI : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Parcours associé  : Écrire et combattre pour
l’égalité
Parcours : « Écrire et combattre pour l’égalité » :
la société égalitaire, une utopie ?
I- Présentation du texte et de l’auteur

L’auteur :
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux est un dramaturge et romancier
français. Il naît à Paris en 1688, soit quinze ans après la mort de Molière. Fils
d'un bourgeois directeur de la Monnaie Royale, il passa une grande partie de
son enfance en province, avant de retrouver la capitale et de fréquenter les
salons parisiens. Il se consacre à l’écriture, en particulier journalistique dans Le
Nouveau Mercure, puis dans son propre journal, Le Spectateur Français.

À partir de 1720, le public commence à s’intéresser à lui grâce à une comédie en prose, Arlequin poli par
l'amour. Il écrit plusieurs dizaines de pièces, dont La Double Inconstance (1723), L’île des esclaves (1725),
Le jeu de l'amour et du hasard (1730), Les Fausses Confidences (1737).

Marivaux renouvèle le genre de la comédie en prose irrégulière, qui apparaissait à l'époque comme un
genre mineur. Il développe une réflexion profonde sur l’humain et sur les sentiments, en particulier
amoureux. Les thèmes caractéristiques du théâtre de Marivaux sont le discours amoureux élevé au rang
d’art (le « marivaudage »), les masques et les déguisements, le théâtre dans le théâtre, la comédie sociale.
Le réalisme fait des avancées importantes dans les pièces de Marivaux : les serviteurs y ont des vraies
émotions, et le milieu social est dépeint avec précision.

Marivaux est aussi l’auteur de deux romans inachevés, La vie de Marianne et Le paysan parvenu, qui
montrent encore plus clairement sa vision de la psychologie humaine. Peu reconnu de son vivant, son
œuvre est redécouverte depuis le XIXème siècle.

L’œuvre :
La Colonie est une œuvre de Marivaux, publiée en 1750. Courte comédie en prose, en un acte, elle
met en scène des personnages échoués sur une île à la suite d’un naufrage. Alors qu’ils doivent recréer une
petite société pour organiser leur survie sur l’île, les femmes se saisissent de cette situation inédite pour
proposer un nouvel ordre social en réclamant l’égalité des droits et une plus grande participation à la vie
politique.
Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle 2022-2023
OI : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Parcours associé  : Écrire et combattre pour
l’égalité
I- Explication linéaire :

Introduction

La Colonie est une pièce de théâtre de Marivaux (biographie à énoncer rapidement), écrite en 1729. Il y
dépeint la condition sociale des femmes au 18 ème siècle, pendant la monarchie absolue. Il situe sa pièce dans un lieu
et un temps utopiques, parce qu’indéterminés. Les femmes décident donc de prendre le pouvoir, afin d’être
entendues. La scène 13 que nous allons étudier se situe à la fin de la pièce  : Mme Sorbin et Arthénice, les deux chefs
de file de cette rébellion revendiquent l’égalité des sexes devant des hommes moqueurs.
Problématique : Comment le dramaturge, en proposant une révolte féminine, utilise-t-il le comique pour poser les
termes d’un débat sur le rôle des femmes dans la société ?
Annonce du plan : Le texte peut être organisé en deux mouvements : Nous verrons dans un premier temps la
rébellion des femmes, qui passe par l’affiche ; puis leur revendication pour l’égalité, comique et subversive.

1- Lignes 1 à 15 : L’affiche et la


rébellion des femmes

2 camps se dessinent : des personnages dans chaque camp, et la parole va circuler

 Interpellation : messieurs et « vous » (pluriel) VS « notre » : hommes VS femmes

 « daignez » : impératif, demande et questions

 utilisation d’une négation « n’y travaillerons-nous pas » => dimension rhétorique de la question

 « de concert » = ensemble, fiction d’une union H et F

Elle met les formes : questions longues, politesse appuyée et un peu feinte.

La réponse au contraire, très sèche : phrase averbale, « à rien » + provocation du « comme à l’ordinaire »,
qui vient appuyer la réponse.

Idem, surenchère avec « un autre homme » => anonymat du personnage, vient souligner son rôle
d’écho de toute la gente masculine. Explicitaion : « cad » => rôle social de la femme est explicité, en
fonction de ses âges : fille/femme ; père/mari => parallélisme de construction. + « votre maison » : le
possessif indique bien que le rôle de la femme est de rester au foyer.

Nouvel usage de la négation : « on ne saurait vous ôter cela, c’est votre lot » => ironie, comme si c’était
un privilège de laisser cette tâche aux femmes. Présent de vérité gé « c’est » = un état de fait naturel,
qui ne saurait changer.

La réaction des H n’est pas surprenantes, celle des femmes en revanche entraine un grand
bouleversement : prend acte de la réponse et donne un ordre : tambour => didascalie interne,
dimension martiale du tambour + accompagne une annonce publique.

Mise en scène dramatise la réaction : ne répond pas directement aux hommes n’en prend meme pas la
peine, mais tambour + affichage. Importance de la didascalie et de la mise en scène ici. L’arbre : seul
lieu d’affichage, car on est sur une île ici.

Réaction des hommes, prend la forme d’une question aussi : incompréhension. Plaisanterie : pas de
prise au sérieux, car trop subversif. Parole continue de circuler, envoi d’un émissaire, négociation.
Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle 2022-2023
OI : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Parcours associé  : Écrire et combattre pour
l’égalité
Grande vivacité des échanges => témoin d’une scène énergique, d’un bouleversement,
accélération.

Renvoie à l’affiche de la part de Madame Sorbin : prise de pv par la non réponse, usage de l’écrit
comme forme de revendication : dimension officielle du placard, rappelle le W d’afficheuse
d’Olympe

Un début de texte très vif, qui pose deux camps opposés.

Renversement de la hiérarchie et des forces en cours de texte : les H en position de pv, se voient remis en
questions et perdent leurs moyens. Vivacité des échanges sert à la fois le comique et la dimension
subversive du moment.

2- Lignes 13 à 42 : une


revendication claire et subversive pour l’égalité

Refus de répondre à la réplique précédente, mais Arthènice explicite tout de même (on est au th, il faut
formuler les choses).

Mépris par la tournure impersonnelle et l’utilisation du futur : jeu de ping-pong avec la réplique
précédente, unité du camp

Enumération et rythme ternaire, utilisation de « tout » : insistance sur les ambitions des femmes ; idem
avec « finance, judi, épée » => aucun domaine n’échappe à leur volonté d’implication.

Réaction qui reprend le dernier mot : stupeur des hommes, les femmes prennent l’espace de la parole, ils
en perdent leurs mots.

Triple répétition : épée => effet d’écho

Allusion à la nature/culture : pas éducation VS par nature => elles peuvent devenir courageuses donc

Surenchère de Sorbin : interjection + exclamation : subjonctif d’ordre appel aux armes + nous serons plus :
comparatif de supériorité /hommes

exemple comique : le perroquet. Valeur d’exemple mais parodique

Surenchère : habitude VS nature. Présent de vérité gé + tournure impersonnelle/ « Il n’y a que »

Surenchère : phrase averbale, extension du domaine de leurs compétences => « de même » Longue
énumération, qui insite sur leurs ambitions + effet comique par l’effet de sidération chez les hommes

Là encore répétition et reprise des derniers mots : passivité, sidération, perdent leur place dans l’espace de
la parole

 féminisation des noms de métiers

Réponse de « un homme » : explicitation de la féminisation

 expression de la surprise et forme de comique dans ce qui est preque une oxymore pour lui
« femmes avocates)
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OI : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Parcours associé  : Écrire et combattre pour
l’égalité
Réponse aussi sur le ton comique et provocateur : «  la langue bien pendue » => expression usuelle,
familiarité, joue la carte de la connivence + « Tenez donc » + « n’est-ce pas » => connivence et sorte de
retournement du stigma : le stéréotype les femmes sont bavardes devient ici un argument en faveur de
leur accession au poste d’avocate

 ironie dans la négation

Surrenchère : « le don de la parole » => en parole et en acte ici + présentation méliorative ici de « la langue
bien pendue »

On entend aussi la différence de classe : une noble, une femme d’artisan

Les h retrouvent leurs mots : opposition par la négation et un argument : « la gravité » et la « décence » +
une métaphore qui se base sur le couvre-chef => création d’une image ridicule, burlesque, comique du
déguisement

Là encore, un argument en réponse qui prend compte de l’opposition entre l’habitude et la nature => pas
de différence intrinsèque entre le bonnet carré, symbole de la magistrature, et la cornette, apanage du
féminin.

 tirade qui dépasse la dimension comique pour énoncer un principe fort : l’usage prévaut

Rejet fort des symboles et institutions des H : votre VS notre et encore usage de la négatio. deux fois.
Répéttion et // pour insister

relativisation de l’importance du symbole : domension comique aussi, mais réflexion proche d’une
réflexion philosophique humaniste

 voir Pascal : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » => importance de l’usage, relativité des
vérités et des mœurs selon la société, le lieu, la personne

La veuve et l’orphelin => image tradi de l’innocent que doit défendre la justice. Allégorie qui ici sont
réutilisée pour indiquer la compétence des femmes. C’est la justice qui compte, pas le symbole qui lui est
relatif.

Conclusion :

Le dramaturge ne se contente pas de rêver d’un ailleurs, il le construit sur scène pour en interroger les limites et
entraîner les spectateurs à l’esprit critique.

La cadence de cette courte pièce est effrénée. Débats, assemblées, menaces se succèdent et font naître le rire chez
les spectateurs/lecteurs qui deviennent complices du plan élaboré par les femmes. L’incompréhension des hommes
suscite la risée, tout comme le comportement parfois excessif des femmes

Arthénice et Madame Sorbin endossent chacune à leur manière le costume de la femme engagée, s’unissent malgré
leurs différences sociales et prennent la parole face aux femmes et aux hommes. Elles revendiquent la participation
aux affaires de la cité en revendiquant de pouvoir exercer les mêmes fonctions que les hommes.
Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle 2022-2023
OI : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Parcours associé  : Écrire et combattre pour
l’égalité
Lors de leurs confrontations avec les hommes, Arthénice et Madame Sorbin développent une argumentation
réfléchie qui confronte les hommes à leurs contradictions et font réfléchir le lecteur et le spectateur.

La mise en scène des inégalités de genre et de classe fait de cette comédie une pièce philosophique, dont les enjeux
annoncent des idées développées par les philosophes des Lumières comme Voltaire, Condorcet ou les articles de
l’Encyclopédie.

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