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Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1784) 

: BILAN DE LECTURE

Objectif : - Maîtriser l’intrigue et les enjeux de la pièce


- Se préparer à la dissertation et à l’entretien (pour ceux qui choisiront de
présenter cette pièce à l’oral).
Toutes les réponses doivent être entièrement rédigées.
I. Le Mariage de Figaro, deuxième volet d’une trilogie.
1. Le Mariage de Figaro est la suite du Barbier de Séville, pièce publiée par
Beaumarchais en 1775. Lisez un résumé de cette pièce :
https://www.bacdefrancais.net/barbier-de-seville-beaumarchais-resume.php.
Comment les personnages déjà présents dans le premier volet de la trilogie ont-ils
évolué ? Quelle pièce vous semble la plus subversive ?

Le Mariage de Figaro est la pièce la plus subversive car l’opposition de Figaro et du Comte
recouvre une opposition de classe sociale : le valet contre le maître, le peuple contre
l’aristocratie.
2. Le dernier volet de la trilogie s’intitule La Mère coupable et date de 1792. Imaginez
l’intrigue de cette dernière pièce.
Figaro et sa femme Suzanne sont toujours au service du comte Almaviva et de son
épouse Rosine, mais la famille a déménagé en France. Le comte veut y dénaturer ses
biens. La pièce débute le jour de la Saint-Léon, anniversaire du fils naturel de la
comtesse et de son ex-page Chérubin. Depuis que le fils aîné des Almaviva est mort
dans un duel, le comte repousse Léon, qu'il considère désormais comme le fruit
impardonnable de l'adultère de la comtesse. Monsieur Bégearss, un Irlandais, s'est
introduit dans la famille. Figaro et Suzanne le soupçonnent de vouloir trahir toute la
famille. Il veut épouser Florestine, la pupille du comte, éloigner Léon (qui l'aime
aussi) à Malte et le faire accompagner de Figaro. Il montre au comte une lettre que
Chérubin a écrite à la comtesse à l'époque de l'adultère.
II. Une intrigue complexe
1 Indiquez sous forme de schéma les liens amoureux entre les personnages :
qui aime qui ? qui veut épouser qui ? qui veut séduire qui ?
Figaro aime Suzanne, et est aimée d’elle. Ils veulent se marier. Mais :
– le Comte souhaite profiter du droit du seigneur auprès de Suzanne, en échange d’une dot ;
– Marceline voudrait épouser Bartholo, qu’elle aime et qui a des engagements envers elle ;
mais comme Bartholo ne souhaite pas l’épouser, elle voudrait se marier avec « le beau, le gai,
l’aimable Figaro » (I, 4) ;
– Bazile aime et souhaite épouser Marceline ;
– Chérubin séduit Fanchette ; Fanchette voudrait épouser Chérubin ;
– Chérubin tente de séduire Suzanne ;
– Chérubin aime la Comtesse ; la Comtesse est troublée par Chérubin.
2 Quel est le projet du Comte ? Comment Figaro y répond-il ? Résumez
l’intrigue de la pièce et expliquez les fonctions de l’argent.
Le projet du Comte est d’user de son droit de seigneur auprès de Suzanne (I, 1).
Le projet de Figaro, exposé à Suzanne et à la Comtesse (II, 2), est double :
– faire croire que la Comtesse doit voir un homme au bal du soir ;
– faire croire au Comte que Suzanne viendra au rendez-vous du Comte et récupérer la dot,
mais y faire venir en réalité Chérubin, et surprendre alors le Comte.

L’argent est pour le Comte une monnaie d’échange, contre laquelle il obtient Suzanne pour
une nuit : « Apprends qu’il [le Comte] la [la dot] destine à obtenir de moi, secrètement,
certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur… » (I, 1) Cet argent sera
finalement donné par le Comte à la Comtesse (qu’il prend pour Suzanne), qui le remettra à
Figaro (V, 19) L’argent peut être également un moyen de pression. Marceline se sert des
dettes que Figaro a envers elle pour le forcer à l’épouser. Elle annule ces dettes en apprenant
qu’elle est la mère de Figaro : reprends ton billet, c’est ta dot (III, 18).
3 Pour quelles raisons et par quels moyens les différents personnages (le
Comte, Marceline, Bartholo, Antonio, Chérubin) s’opposent-ils au mariage de
Figaro ? Comment et à quel moment chacun de ces obstacles tombe-t-il ?
4 Comparez les rapports entre Suzanne et la Comtesse d’une part, et entre
Figaro et le Comte d’autre part en vous appuyant par exemple sur les scènes
II, 1, 3, 21 ; III, 5 ; IV, 6. Que révèlent-elles des rapports entre maître et valet
(ou entre maîtresse et servante) dans cette pièce ?
Suzanne et la Comtesse ont une relation de complicité. Elles se font des confidences. La
Comtesse appelle Suzanne par un surnom : « Suzon », et se laisse parfois aller devant elle,
dévoilant ses véritables sentiments. Elle est une adjuvante, car elle aide Figaro à sortir de son
mensonge. À l’inverse, Figaro et le Comte s’affrontent sans cesse, en se lançant des
paroles blessantes : « Le Comte : Les domestiques ici… sont plus longs à s’habiller que les
maîtres ! Figaro : C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider. » (III, 5). Ils ne sont pas
francs l’un envers l’autre : « Il a joué au fin avec moi ; qu’a-t-il appris ? (III, 5) » ; Figaro
n’avoue rien au Comte en IV, 6, ce qui met celui-ci en colère. Si les rapports restent
hiérarchiques (Figaro appelle le Comte « Monseigneur », Suzanne appelle la Comtesse «
Madame », alors que les maîtres appellent les serviteurs par leur prénom ; les serviteurs
vouvoient les maîtres, alors que la Comtesse tutoie Suzanne), on note cependant une réelle
proximité entre maîtres et serviteurs.
5 Quelles sont les caractéristiques du personnage de Chérubin ? A quel objet
est-il lié ? Quels liens entretient-il avec le Comte ? Quelles sont les fonctions
de ce personnage ?
Chérubin est un personnage insaisissable. C’est un très jeune homme, mais qui ne peut être
joué que par une jeune et très jolie femme (Caractères et habillements de la pièce), ce n’est
plus un enfant, mais pas encore un adulte. C’est un adolescent qui découvre l’amour : Il est
volage. Il est lié au ruban de la Comtesse, dont il s’empare en I, 7 ; il en parle dans l’acte II
avec la Comtesse, qui décide de le reprendre, et de le garder sur elle. Il tombe en IV, 4, et est
censé faire office de jarretière dans la dernière scène, avant que Chérubin ne le récupère.
Chérubin est un opposant au Comte. Il est amoureux de sa femme, et celle-ci n’est pas
indifférente à cet amour (IV, 4). Et il séduit aussi Fanchette, sur qui le Comte a également des
vues (IV, 5). – Il contrarie les plans du. Il symbolise le désir amoureux et l’éveil des sens. Il
annonce également la troisième pièce de la trilogie. Chérubin ne restera pas longtemps « un
morveux sans conséquence » (I, 7)…

III. Dépasser l’héritage classique : la comédie réinventée


1 Revoyez les règles du théâtre classique (= du XVIIème siècle) : règles des 3
unités (temps, lieu, action), bienséance, vraisemblance. En vous appuyant sur
des passages précis de la pièce, déterminez si Beaumarchais, au XVIIIème
siècle, respecte ces règles.
La règle classique des trois unités est mise à mal :
- Le sous-titre « la folle journée » souligne l’accumulation invraisemblable de
rebondissements dans cette pièce censée se dérouler en une seule journée. On y
trouve en effet, un procès, une reconnaissance de fils abandonné, un mariage et
plusieurs chants et danses. Brid’oison déclare ainsi : « voilà une affaire au-aussi
trop embrouillée » (acte V, scène 16). Le rythme d’ensemble est
véritablement effréné
- Beaumarchais joue également avec la règle de l’unité de lieu .Les lieux varient,
même si on reste dans le château : l’acte I se déroule à l’intérieur du château
d’Aguas Frescas, dans la future chambre nuptiale; l’acte II dans les appartements de la
comtesse; l’acte III est une salle d’audience; l’acte IV dans une galerie extérieure
aménagée pour la noce; l’acte V dans le parc.
- L’unité d’action est battue en brèche par la multiplicité des personnages et la
multiplication des intrigues. L’action principale, comme l’indique le titre, est
le mariage de Figaro et de Suzanne, contrarié par le comte qui veut séduire la
servante. Viennent s’y greffer trois autres intrigues secondaires:
o – Marceline souhaite épouser Figaro (le comte est alors adjuvant, ainsi
que Bartholo; Suzanne opposant)
o – Chérubin veut séduire la comtesse délaissée (le comte devient
opposant)
o – Bazile voudrait épouser Marceline. Notons que certaines situations se
retournent complètement au sein de la pièce: dès l’acte IV, Marceline,
ayant appris par un invraisemblale coup de théâtre que Figaro est son
fils, devient son adjuvant pour favoriser son mariage avec Suzanne.
2 Le Mariage de Figaro est une comédie d’intrigue : montrez comment l’acte II
multiplie les péripéties et les coups de théâtre. Par quels moyens
Beaumarchais confère-t-il rapidité et vivacité à la pièce ?
Péripéties et coups de théâtre : Le Comte a des soupçons relatifs à l’homme qui doit
entretenir la Comtesse : ils se dissipent et réapparaissent à la faveur d’un bruit dans le cabinet,
puis du refus de la Comtesse d’ouvrir, puis des affirmations d’Antonio. Le mariage est de
nouveau compromis par l’arrivée de Marceline, qui demande justice. La Comtesse décide
d’aller elle-même au rendez-vous. Le coup de théâtre pour le Comte et la Comtesse est la
présence de Suzanne au lieu de Chérubin dans le cabinet.
Rapidité et vivacité : phrases courtes, souvent nominales ; les personnages s’interrompent ;
scènes courtes ; nombreuses entrées et sorties ; mouvement des personnages.
3 Dans quelles scènes la pièce joue-t-elle à faire du « théâtre dans le théâtre » ?
Beaumarchais exhibe souvent la théâtralité de la pièce : par exemple Chérubin fait répéter un
rôle à Fanchette pour la fête du mariage (acte I, scène 7). Les personnages se déguisent avec
plaisir pour se piéger les uns les autres: Suzanne et la comtesse travestissent Chérubin pour le
dissimuler aux yeux du comte qui croit l’avoir renvoyé (acte II); elles se griment aussi à l’acte
V, échangeant leurs parures. Toute l’intrigue est bâtie sur l’intention de piéger le comte à
l’aide de mensonges et de faux-semblants.
IV. La comédie du valet
1. Relisez les scènes suivantes et donnez-leur un titre : I,2 ; II,2 ; III,5 ; V,2. :
Figaro mène le jeu et fixe les rôles
2. Relisez les scènes suivantes et donnez-leur un titre : III,5 ; III,15 ; V,7 : Le valet
contre le maître crée le comique
3. Relisez la scène suivante et donnez-lui un titre : V,8 : Suzanne, la servante
rusée
4. Dans quels passages s’expriment la gaieté et la bonne humeur de Figaro ?
La gaieté et la bonne humeur de Figaro s’expriment dans les passages suivants :
– acte II, scène 2 : il évoque tous les problèmes que pose le Comte sans marquer aucune
crainte. La Comtesse remarque : « Pouvez-vous, Figaro, traiter si légèrement un dessein qui
nous coûte à tous le bonheur ? » ;
– acte III, scène 5 : les deux tirades, l’une sur God-dam, l’autre sur l’art de l’intrigue ;
– acte III, scène 16-18 : la réconciliation entre Figaro et Marceline ;
– acte V, scène 8 : Figaro reconnaît ses torts envers Suzanne et s’humilie avec humour, alors
qu’il vient de prendre quelques soufflets ;
– acte V, scène 19 : il ne garde pas non plus de rancœur à l’encontre du Comte
5. Identifiez les différents types de comique (de caractère, de situation, de
langage, de gestes, de répétition) à l’œuvre dans la pièce en vous appuyant
sur des passages précis.
Tous les types de comique sont utilisés :
– le comique de mots : avec les jeux de mots de Bazile sur les proverbes liés à la cruche (fin
des actes I et II) ; le débat autour du « ou » et du « et » dans le procès, etc. ;
– le comique de répétition : autour de Chérubin, toujours caché et toujours découvert par le
Comte (acte I, scène 9, au moment où le Comte raconte comment il l’a trouvé dans la
chambre de Fanchette ; acte V, scène 14, dans le pavillon d’où le comte pense voir sortir sa
femme) ; les jeux de mots de Bazile, répétés en fin d’acte ; les tentatives du Comte pour
entraver la marche du mariage et les injonctions de Figaro qui, à la fin des actes I et II vient
solliciter le Comte ; les crises de jalousie répétées du Comte à l’égard de sa femme
– le comique de caractère : le libertinage du Comte qui s’intéresse à Suzanne, mais aussi à
Fanchette (acte IV, scène 5, ingénument la jeune fille rapporte les propos du comte – qui dans
le même temps est jaloux de sa femme) ; le personnage lourdaud de Bazile qui intervient
toujours alors qu’il ne le devrait pas (par exemple, lors de la scène du fauteuil, il révèle
indirectement au Comte que Chérubin courtise la comtesse) ; Brid’oison et son bégaiement ;
Antonio, le jardinier saoul (acte II, scène 21) ; Chérubin et son amour d’adolescent
irrépressible pour toutes les femmes
– le comique de gestes : l’exemple le plus visible sont les soufflets de l’acte V : le Comte
voulant gifler Chérubin frappe Figaro caché (acte V, scène 7), puis reçoit les soufflets de
Suzanne (acte V, scène 8) ; la tirade de God-dam (acte III, scène 5)
– le comique de situation est la forme de comique dominante dans toute la pièce. On le
trouve dans les scènes autour du fauteuil où se cachent Chérubin puis le Comte (acte I) ; dans
les scènes du cabinet de toilette de la Comtesse (acte II) ; dans les jeux de maître et de valet
(acte III, scène 5), chacun cherchant à duper l’autre ; et bien sûr, dans toutes les scènes de
séduction cachée de l’acte V, où les femmes ont interverti leurs identités et dupent les
hommes jaloux, constituant ainsi des scènes de mise en abîme (de théâtre dans le théâtre
→ On voit que, si Figaro domine dans ces scènes, il n’est pas toujours au centre : Suzanne a
une place importante d’actrice du comique et les personnages secondaires constituent des
types comiques en eux-mêmes
6. Le Mariage de Figaro est une comédie mais emprunte parfois à d’autres
genres dramatiques. Dans quels passages, la pièce se rapproche-t-elle du
drame ? du vaudeville ? de la chorégraphie ou de l’opéra-comique ?
Beaumarchais donne de l’ampleur à sa comédie en y insérant des formes d’autres genres
comme les ballets et vaudevilles (acte IV, le mariage ; acte V, le dénouement), la chanson de
Chérubin (acte II, scène 4), la chorégraphie (les scènes du fauteuil ou du cabinet imposent un
art précis de la scène et des déplacements qui en relèvent), le drame avec le monologue de
Figaro, mais aussi ses retrouvailles avec sa mère (scène qui deviendra typique du drame
bourgeois).

V. La dénonciation des abus de pouvoir : les valeurs des Lumières


1. Quels reproches la censure at-elle faits à la comédie de Beaumarchais pour en
interdire la représentation ? (appuyez-vous sur la présentation de la pièce p. 6-7)
de votre édition.
La censure interdit la pièce de 1781 à 1784. Louis XVI refuse de la voir jouée : « c’est
détestable; cela ne sera jamais joué. Il faudrait détruire la Bastille pour que la représentation
de cette pièce ne fût pas une inconséquence dangereuse. » En effet, la pièce s’en prend à
toutes les formes de pouvoir de l’Ancien Régime. La noblesse d’abord, à travers le
personnage du Comte qui n’a pas grand-chose de noble : la pince qu’il utilise pour forcer la
porte du cabinet de la Comtesse, outil d’ouvrier, a particulièrement choqué. Les privilèges
sont visés, en particulier le droit de cuissage ou droit du seigneur (même s’il n’est alors
plus vraiment pratiqué), et le monologue de Figaro les attaque vivement : « noblesse, fortune,
un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ! Vous vous
êtes donné la peine de naître, et rien de plus. ». La justice est satirisée. Le patriarcat,
fondement social, est dénoncé (voir Marceline dans l’acte III, scène 16). Enfin, la morale
semble donner raison aux manipulateurs (Figaro, la Comtesse et Suzanne) et au plaisir facile
qu’incarne Chérubin (personnage qui a scandalisé par sa liberté de mœurs et l’impunité dont il
bénéficie) et que la chanson souligne : « si ce gai, ce fol ouvrage/Renfermait quelque
leçon/En faveur du badinage,/Faites grâce à la raison,/Ainsi la nature sage/Nous conduit
dans nos désirs/À son but par les plaisirs. »Beaumarchais parvint à faire représenter sa pièce
grâce à des lectures privées dans les salons de la grande noblesse dont il obtint l’appui. Le roi
céda et c’est sans doute ce recul qui lui valut une part de son succès. Le pouvoir a donc bien
vu la charge que portait Figaro contre les ordres fondamentaux de l’Ancien Régime. De fait,
après la prise de la Bastille, l’Assemblée nationale proclame l’abolition des privilèges le 4
août 1789.
2. Relisez la scène V, 3. Quelle réponse à la censure fait Figaro dans son
monologue ?
Dans son monologue, Figaro s’emporte contre la censure. Il attaque les censeurs : « ces
puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent. » Puis il formule une maxime
contre le fondement politique de la censure – « sans la liberté de blâmer, il n’est point
d’éloge flatteur » ; puis « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits »,
dénonciation indirecte de ses adversaires.
3. Relisez la scène III, 5. Comment le réquisitoire contre la politique est-il introduit ?
Est-il au service du déroulement de l’action ?
On relève deux réquisitoires contre la politique : dans l’acte III, scène 5 et dans l’acte V,
scène 3. Dans les deux cas, le rapport avec l’intrigue est très lointain ; il s’agit plutôt
d’emportement de la part du valet. Il est introduit dans le premier cas par la proposition que
le Comte fait à Figaro de devenir diplomate, Figaro vantant alors ses qualités d’intrigant.
Dans le deuxième cas, le propos rageur est justifié par la jalousie de Figaro à l’égard du
Comte qui a séduit Suzanne et obtenu un rendez-vous avec elle, du moins à ce qu’en croit le
valet. Le peu de lien avec l’intrigue donne une ampleur, une universalité, au propos qui est
rapidement appliqué à la réalité contemporaine par les spectateurs de l’époque.
4. Selon le principe de la double énonciation, qui s’exprime derrière Figaro dans les
dénonciations sociales ? Quel procédé emploie-t-il le plus souvent pour marquer
les esprits des spectateurs ?
Selon le principe de la double énonciation, derrière Figaro, c’est Beaumarchais qui s’exprime,
d’autant plus qu’alors, tout le monde connaît les difficultés que l’auteur a rencontrées pour
faire représenter sa pièce. L’emploi de la maxime confère une portée générale au propos et
lui confère une valeur universelle.
5. Comment le dénouement ridiculise-t-il l’orgueil viril du Comte ? Montrez que les
femmes et le petit peuple sont les acteurs du triomphe de la morale.
Le comte est ridiculisé dans le dénouement, d’abord par l’inversion des rapports de force : lui
qui voulait prouver en flagrant délit l’infidélité de sa femme voit la sienne exposée aux yeux
de tous. Les femmes triomphent donc contre lui, d’autant plus que la Comtesse lui accorde
son pardon. Or, l’assemblée est faite de tout le petit peuple réuni en une sorte de jury
populaire devant la tyrannie du Comte. Bazile a ainsi le dernier mot avec la chanson qui
moque les privilèges et le pouvoir excessif des seigneurs : « les plus forts ont fait la loi ».On
est proche des tribunaux populaires que montera la révolution montagnarde quelques années
plus tard.
6. L’ordre social est-il bouleversé lors du dénouement ? Peut-on dire que la pièce
est révolutionnaire ?
L’ordre social n’est pas bouleversé, puisque rien n’est finalement transgressé. Le Comte
a finalement fait la conquête de sa femme (V, 8) ; Figaro épouse Suzanne, Marceline
Bartholo, et Chérubin Fanchette. Les personnages se réconcilient, et « [t]out finit-it par des
chansons  » (10e couplet). Le dénouement n’est donc pas révolutionnaire, mais comporte
malgré tout certains accents subversifs : « Comment le fils d’un butor/Vaut souvent son
pesant d’or »(6e couplet) ; « L’esprit seul peut tout changer »(7e couplet).

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