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Le Second Empire bénéficie d'un contexte favorable. En effet, de 1848 à 1873, l'Europe connaît une importante croissance
économique. À cette époque, le Royaume-Uni est « l'usine du monde » ; un des objectifs de Napoléon III est de le concurrencer
en rattrapant le retard de la France dans le contexte de la 1ère phase de l’âge industriel.
Cette ambition implique un renouvellement des modes de production et la constitution d'une industrie puissante, reposant sur
des entreprises solides. L'adoption de la machine à vapeur, la création de vastes usines à proximité des mines de charbon et de
fer industrialisent certaines parties du territoire français : la région parisienne, le Nord et l’Est de la France. Au Creuzot, la famille
Schneider contribue à la naissance d'une ville-usine dont le nombre d’ouvriers passe de 2 000 à 10 000 entre 1852 et 1870.
A la suite de la première Exposition universelle organisée à Londres en 1851, le Second Empire organise à Paris les Expositions
universelles de 1855 et de 1867. Les visiteurs y découvrent les réalisations industrielles des différentes nations, témoignant des
progrès réalisés.
C'est sur cette base qu'en 1859, Napoléon III organise six grandes compagnies ferroviaires privées qui obtiennent chacune, en
concession, une partie du réseau national. Dès lors, le réseau s'accroît notablement puisqu'il passe de 3 500 km en 1851 à 17
000 km de lignes exploitées en 1870. 110 millions de voyageurs et 45 millions de tonnes de marchandises circulent sur le réseau
en 1869. Depuis 1854, l'empereur dispose d'un train personnel et sillonne le pays montrant ainsi combien il soutient cet aspect
de la modernisation du pays.
Le réseau de canaux est également complété, en Île-de-France et dans les pays miniers du Nord et de l'Est, permettant le transport
des matériaux lourds. Des ports sont agrandis, comme ceux du Havre ou de Marseille et de grandes compagnies maritimes sont
créées, exploitant des liaisons avec le reste du monde : Marseille-Alger (1854), Le Havre-New York (1864). Le télégraphe électrique
se développe et couvre tout le pays dès les années 1860.
Dans le domaine du commerce et de la finance, Napoléon III, proche du saint-simonisme* (cf. repères p. 92), agit pour créer un
contexte favorable au développement. Il modernise le système bancaire pour stimuler l’investissement privé : naissance de
grandes banques de crédit (Crédit agricole, Crédit lyonnais, Société générale) ; usage des chèques (1865). La masse monétaire
s'accroît fortement, grâce à l'afflux d'or depuis la Californie, qui permet à la Banque de France d'augmenter son encaisse.
LMC - Versailles 1èreG
Thème 2 : la France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848-1871)
L'actionnariat est favorisé par la loi instituant les sociétés par actions (ou sociétés anonymes) en 1856. Toutefois, cette politique
conduit parfois à des spéculations hasardeuses, comme le montre la faillite du Crédit mobilier des frères Emile et Isaac Pereire en
1867.
En matière de commerce international, le gouvernement fait le choix du libéralisme. Mettant fin au protectionnisme, pourtant
souhaité par la plupart des patrons, Napoléon III signe en 1860 un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. Ceci oblige les
industriels français à moderniser leurs méthodes de production afin d’être compétitifs face aux produits britanniques.
Le secteur du commerce est révolutionné par la naissance des grands magasins, proposant aux élites mais aussi à la moyenne
bourgeoisie d’immenses édifices dans lesquels il est possible d'acquérir les meilleures productions artisanales et industrielles. Le
Bon Marché ouvre à Paris en 1852 (fondé par Aristide Boucicaut), suivi par le Printemps en 1865.
Le second Empire est un régime qui tente de s'attacher, grâce au contexte de croissance économique, à la fois les anciennes et les
nouvelles élites. L'ancienne aristocratie et la noblesse d'empire conservent un rôle important, mais on trouve également à la cour
des familiers de l'empereur comme son demi-frère, Charles de Morny.
Dans les grandes villes, de nouvelles figures de grands patrons de banque ou d'industrie s'affirment. C’est le cas des frères Émile
et Isaac Pereire qui se constituent un groupement d'entreprises dans tous les secteurs dynamiques de l'économie : chemins de
fer, banque, commerce, tourisme. Ils contribuent à la fondation de nouvelles cités balnéaires, comme Arcachon, et à l'essor du
thermalisme, mis à la mode par l'empereur lui-même, avec l'établissement thermal de Vichy.
La petite et la moyenne bourgeoisies s'affirment de plus en plus, calquant ses goûts sur ceux des élites, mais dans la mesure de
ses moyens.
Dans les campagnes, les transformations sont importantes. Les régions d’agriculture intensive (le Nord, le Bassin parisien) se
mécanisent et développent la production de la pomme de terre ou de la betterave. Le chemin de fer désenclave les territoires et
conduit à la spécialisation de certaines zones : les fruits dans le Midi, par exemple, vendus dans toute la France grâce au train.
Dans certaines régions peu fertiles, le gouvernement fait planter des forêts destinées à la production de bois. C'est l'origine de la
forêt des Landes, qui remplace des espaces marécageux.
Les sociétés rurales restent marquées par le poids des notables. Le clergé et l'aristocratie, mais aussi les notables comme les
médecins ou les notaires, ou encore les bourgeois disposant de maisons de campagne, contrôlent la société rurale et assurent le
relai des décisions gouvernementales. Les paysans soutiennent le régime impérial, satisfaits de l’amélioration de leurs conditions
de vie (et moins attachés aux libertés politiques que les citadins).
Le décollage économique conduit également à l'apparition d'un 1er exode rural, conduisant de jeunes ruraux à se faire embaucher
comme ouvriers, mineurs ou domestiques dans les villes. Ils contribuent ainsi à l'urbanisation croissante du pays.
Activité : le Paris d’Haussmann, la transformation d’une ville. Répondre aux questions 1 à 6 p. 97.