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Mais, étranglé par un endettement insoutenable et des créanciers inflexibles, le pays tombe peu après sous la tutelle de la France et se voit ravaler
au rang de simple protectorat.
Malgré les difficultés de l'artisanat textile, confronté à la concurrence européenne, le sort des citadins
tunisiens demeure plus enviable que celui des agriculteurs, accablés d'impôts et de réquisitions.
Ahmed bey, au pouvoir de 1837 à 1855, engage un vigoureux effort de modernisation en s'inspirant du
vice-roi d'Égypte Méhémet Ali et en s'appuyant comme lui sur la France. Le bey proclame en 1846 le
droit de tout esclave à être affranchi. Il émancipe les juifs, autorise l'ouverture d'écoles chrétiennes et
se dote d'une armée et d'une marine modernes. Il lance la construction du palais de la Mohammedia et
d'un réseau de chemin de fer.
Au terme de la guerre de Crimée opposant Français, Anglais et Ottomans aux Russes, la France
contraint le bey à promulguer le 9 septembre 1856 le Pacte fondamental (Ahd al Aman) qui garantit la
sécurité des personnes et des biens, l'égalité de tous devant la loi et l'impôt ainsi que la liberté du
commerce. C'est l'amorce d'un État de droit.
Pour ne rien arranger, les oligarques tunisiens pillent sans scrupules les
caisses de l'État.
Sur les 35 millions de francs du premier emprunt, le bey n'en reçoit que
cinq, le reste ayant rémunéré commissions et pots-de-vin. En 1865, un
second emprunt fournit 25 millions. Le bey est payé en nature avec des
canons et un navire dont le prix a été grossièrement surévalué.
Elle est présidée par un Tunisien, le général Khérédine (Khayr al-Dîn ou Kheireddine Pacha), tandis que sa vice-présidence est confiée à un Français,
l'inspecteur des finances Victor Villet, « Bey Villet ». Le tandem arrive à assainir les finances du pays.
Khérédine devient Grand vizir en 1873 et tente de relancer la politique de réformes et de combattre la corruption. Mais ses efforts sont réduits à
néant par la « troïka » anglo-italo-française qui oppose une fin de non-recevoir à sa demande de réduction de la dette et la Tunisie s'enfonce dans le
dénuement. Politiquement affaibli, Khérédine finit par être chassé du pouvoir.
La Tunisie, également convoitée par la République française, l'Italie et le Royaume-Uni, bénéficie d'un sursis du fait des rivalité entre les consuls de
ces puissances. Elle devient un enjeu central du congrès de Berlin de 1878 consacré à l'empire Ottoman. Au terme de longues tractations entre
Bismarck et les Britanniques, ces derniers conviennent d'abandonner la Tunisie à la France.