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La peur des corsaire


 
Conseil Général
des Alpes-Maritimes

Région
Provence-Alpes-Côte
d'Azur

 
  barbaresques en Méditerranée à l’époque moderne à
travers l’exemple de Nice et de son arrière-pays  [2]

 DALMASSO Jean-Louis [1]

                La piraterie en Méditerranée est une activité très ancienne puisque l’on en
trouve déjà la trace dans l’œuvre d’HOMERE. C’est une activité infamante, sans loi ni
règle propre. La course, à l’inverse est licite, avec des règles, des coutumes et même
des lois. Les corsaires possèdent une lettre de marque qui prouve qu’ils sont engagés au
service d’une puissance pour mener à bien leurs rapines sur mer. La différence majeure
avec la piraterie consiste au traitement que l’on reçoit si l’on est fait prisonnier. Un
corsaire est arrêté, enfermé, libéré à la fin de la guerre à laquelle il participait, alors
qu’un pirate est tout simplement pendu. Cette activité est très lucrative pour les
hommes qui y participent et pour les villes qui accueillent ces gens de mer si
particuliers. C’est elle qui fit la fortune de villes françaises comme La Rochelle, Saint
Malo, de villes italiennes comme, Livourne, Naples, Palerme et des villes d’Afrique du
Nord. Si l’on associe bien trop souvent la course aux Caraïbes et à l’Atlantique, elle est
durant toute l’époque moderne bien présente en Méditerranée où elle est née. Elle
n’appartient pas non plus à un seul rivage. Les chrétiens et les musulmans poursuivent
par ce biais la guerre sainte qui les oppose depuis des siècles. On retrouve donc d’un
côté les villes italiennes citées ci-dessus et les chevaliers de Malte basés à La Valette
face à la Sublime Porte (Byzance) qui engage ses corsaires en Afrique du Nord.

                La course n’admet que très peu de trêves, elle se déroule toute l’année avec
l’été comme saison de prédilection. Le mauvais rôle est souvent, pour ne pas dire
toujours, attribué aux corsaires barbaresques qu’un diplomate vénitien qualifie comme
étant « les pires de tous ». Ce sont à ces hommes qui ont fait trembler tous les rivages
de Méditerranée, que nous allons consacrer cette brève étude, mais également à leurs
activités et aux séquelles qu’ils ont pu laisser dans notre région.

               

                La course barbaresque est basée dans les trois régences de l’empire ottoman
que sont : Alger, Tunis et Tripoli. L’Afrique du Nord n’avait pas de véritable tradition
maritime. Ce sont les Arabes qui vont l’orienter vers la mer, en prenant exemple sur
Byzance, qui, maîtrisant la mer, les avait mis en position difficile dans leur longue
période de conquête. L’empire ottoman se devait d’avoir et d’entretenir une flotte,
surtout depuis la Reconquista espagnole. Ce sont les Espagnols qui vont
involontairement leur fournir les hommes d’expérience qui leur ont durant le Moyen
Age tant manqués, à savoir les morisques. Ils furent animés d’un sentiment de
vengeance après avoir été chassés d’Espagne par les rois catholiques. C'est grâce à eux
qu’Alger va prendre de l’importance en Méditerranée. Les hommes qui incarnent le
mieux par leurs actions et leurs parcours très particuliers la course barbaresque sont
sans nul doute Aroudj et Kheir-ed-din Barberousse. Ils vont défier la puissance
espagnole et faire régner la terreur dans tout le bassin méditerranéen pendant la
première moitié du XVIème siècle. Nés à Mytilène en 1474 et 1476, convertis très tôt à
l’Islam, ils font parler d’eux rapidement. On retrouve dans un premier temps Aroudj au
service du sultan de Tunis. Après s’être évadé de Rhodes où il était enfermé à la suite
de l’attaque avortée d’un navire appartenant aux chevaliers de saint Jean de Jérusalem,
il s’établit à Djerba où vient le rejoindre son frère. Aroudj va s’imposer en Afrique du
Nord où régnait à l’époque la plus grande anarchie, où le plus fort l’emportait. Il
devient aussi le maître d’Alger, après avoir assassiné de ses mains le sultan, mais il
meurt à Tlemcen, non sans avoir écumé les mers et gêné le commerce maritime
méditerranéen. Sa tête fut envoyée jusqu’en Espagne ce qui montre bien son
importance et le soulagement d’une partie de la Méditerranée à l’annonce de sa mort.
Son frère lui succède et avec lui Alger va connaître ce que Fernand BRAUDEL appelait
« la première fortune d’Alger » [3], c’est à dire une période faste en prises et en victoires
face à l’Espagne de Charles Quint, avec comme point d’orgue pour notre région le
siège de Nice en 1543. La flotte ottomane, dirigée par Barberousse, était accompagnée
de celle du roi de France, dans une alliance que les contemporains qualifiaient
volontiers d’impie, de contre-nature. La légende veut que Nice ne doive son salut qu’au
courage exemplaire d’une femme qui devint la figure emblématique de la ville :
Catherine SEGURANNE. Bien que le siège de Nice fut un échec, le seul nom de
Barberousse fit frémir pendant des décennies les habitants de notre région qui ont eu à
faire avec le corsaire le plus réputé de Méditerranée.

La maîtrise de la mer par l’empire ottoman et des barbaresques s’achève avec la


bataille de Lépante, le 7 octobre 1571. Bien qu’elle mit un terme à l’invincibilité de la
flotte turque, elle n’empêcha pas la course de nuire en Méditerranée. Si l’occasion était
belle l’Espagne ne la saisit pas car ses intérêts étaient ailleurs, à savoir dans
l’Atlantique. Si la grande guerre n’a à présent plus sa place en Méditerranée, au profit
de l’Europe du Nord et de l’océan Atlantique, l’activité corsaire ne s’arrête pas et
redouble même d’intensité, marquant ainsi la « seconde fortune d’Alger ». Les
provinces du Maghreb, avec à leurs têtes des régents, vont mener à bien cette forme de
guerre qu’ils maîtrisent : la course, où les parvenus remplacent les puissants. C’est en
effet après la bataille de Lépante qu’elle montre son vrai visage. C’est une activité
comme les autres pour les ports d’Afrique du Nord. Il ne faut pas l’aborder sous un
angle moral mais économique comme l’affirmait Fernand BRAUDEL : « Le prétexte
politique et surtout religieux était purement fictif, dès qu’ils abordaient un navire, les
instincts de pirate prenaient facilement le dessus sur celui du croisé ». La course doit
son succès à une marine de guerre très performante constituée aux dépens d’une marine
marchande, ce qui s’explique par le fait que les chrétiens gênaient considérablement le
commerce nord-africain. Il faudra attendre la disparition des galères de l’ordre de Malte
pour voir enfin un navire battant pavillon tunisien accosté à Livourne. Si les navires
marchands barbaresques ne travaillaient jamais avec l’Italie ou l’Espagne pour des
raisons diplomatiques évidentes, ils auraient très bien pu accoster en France, mais on ne
leur a jamais accordé une grande place, même à Marseille où on leur refusait
d’entreposer leurs marchandises. Cette flotte militaire comptait sur des bateaux rapides
et bien armés. Leur force était la vitesse et la supériorité numérique alors que les
navires chrétiens jouaient sur leur puissance de feu. Ce sont les galères qui
impressionnaient le plus les adversaires, avec leur chiourme qui pouvaient compter
jusqu’à 250 galériens. Elles pouvaient donc attaquer et fuir aussi rapidement.

Si la flotte était importante (1581 : 60 galères à Alger) un tel succès ne peut se


comprendre sans évoquer les hommes qui menaient à bien cette activité et dont un
grand nombre était des renégats. Ces hommes ont choisi d’abandonner la foi chrétienne
au profit de la foi musulmane pour plusieurs raisons. La plus importante est peut-être
celle qui veut que le privilège de la naissance ne compte guère dans la société
musulmane. Ainsi, en rejoignant les côtes de Barbarie, on pouvait améliorer son sort
parfois peu enviable. Si l’on s’en tient à la version de l’Eglise, c’est le démon qui
pousse les hommes à renier leur foi. Le reniement s’explique bien sûr pour d’autres
raisons beaucoup plus matérielles. On reniait pour échapper à des dettes de jeu ou plus
simplement dans le cas où, après avoir été enlevé, on était vendu comme esclave, pour
améliorer son sort après avoir perdu tout espoir de retour, de la bouche et non du cœur.
La course leur a permis de se distinguer avec une spécialité : le rachat des captifs. Ils
servaient aussi d’intermédiaires aux marchands chrétiens, de capitaines de navires ou
de simples marins. Ce sont eux qui font d’Alger la capitale de la course en
Méditerranée.

Toute région éloignée du pouvoir central, mal encadrée d’un point de vue
administratif, pourvue de moyens militaires et navals insuffisants représente une
victime idéale pour les corsaires. L’Italie fut le territoire sans doute le plus exposé aux
raids, surtout la Calabre, la Sicile et la Sardaigne. La Corse et les côtes françaises n’y
échappèrent pas non plus. En 1647, ils dévastent la chartreuse d’Argentière prés de
Saint-Tropez, espérant y capturer l’évêque, mais sans succès. Leur intrépidité ne
s’arrête pas à la Méditerranée. En 1627, on les retrouve à Reykjavik où ils font 800
prisonniers, et ils accostent même en Angleterre en 1631. Alors, que faire devant une
telle menace ? Les autorités prennent des mesures de prévention en construisant des
tours de guets, à l’image de celles que l’on peut encore trouver sur les côtes corses.
Dans notre région nous pouvions en trouver une à Nice, dans le quartier actuel de
Sainte-Hélène, repérable sur certaines représentations anciennes. La construction et
l’entretien appartenaient souvent aux frais des populations locales. Ces tours servaient
parfois de base de contrebande. Un édit de 1586 à Naples interdisait toute sorte de
magasin dans une tour afin d’éviter tout commerce. En plus des tours, des cavaliers
surveillaient les plages, d’Italie surtout. Les chrétiens comptent beaucoup sur la contre-
course menée par les chevaliers de Malte. Ils s’installent sur cette petite île, située entre
la Sicile et la Tunisie, en 1522, après avoir été chassés de Rhodes par les Ottomans. Au
XVIIème siècle, cet ordre connaît sa plus grande activité mais les prises se font de plus
en plus rares au fur et à mesure que l’on avance dans le siècle et encore plus au
XVIIIème siècle. Le deuxième ordre qui lutte en Méditerranée contre l’infidèle est
l’ordre des chevaliers de Saint-Etienne, créé en 1562, et basé à Florence. Lui aussi est
un ordre religieux et militaire avec une discipline de fer. Son domaine de prédilection
est l’Italie. Comme pour les chevaliers de Malte, ceux de Saint-Etienne voient leur
activité diminuer à partir de la deuxième moitié du XVIIème siècle.

Les rivalités politiques, militaires et économiques entre les états européens


faisaient en sorte que certains gouvernements ménageaient les régences barbaresques
afin qu’elles deviennent des alliées précieuses. La France a beaucoup usé de ces
relations dans sa lutte contre l’Espagne. Derrière cette alliance militaire se cache une
alliance économique : en empêchant le commerce des états du Nord de l’Europe de
pénétrer en Méditerranée, elle faisait ainsi le jeu des négociants, notamment marseillais.
A partir du XVIIIème siècle, l’Europe va changer progressivement de politique. Elle
profite de la baisse de régime des corsaires barbaresques pour négocier de moins en
moins avec eux, allant jusqu’à les ignorer. L’aventure barbaresque s’arrête tout
naturellement en 1830, avec l’expédition française sur Alger, rendue possible dès le
moment où ils ne servaient plus les intérêts d’une puissance européenne, bien au
contraire.

L’essentiel de l’économie des régences barbaresques tenait dans la vente des


hommes et des femmes faits prisonniers lors d’un raid effectué sur terre ou sur mer. Le
prix était fixé en fonction de l’offre et de la demande, de la qualité de l’esclave que l’on
interrogeait pour connaître sa situation sociale ou sa profession. Les captifs
s’efforçaient de prouver leur pauvreté, leurs défauts, « à les ouïr dire, tous estropiés,
tous gueux, tous malades » comme pouvait l’écrire le père DAN qui a beaucoup voyagé
sur les côtes nord-africaines au XVIème siècle [4]. Pour découvrir la vérité, les corsaires
regardaient les vêtements et les mains. La bastonnade pouvait être aussi un moyen
d’obtenir des renseignements. La vente s’effectuait généralement le lendemain de leur
arrivée, sur la place publique ou sur un lieu réservé à cette activité, le marché aux
esclaves, dont le plus célèbre était celui d’Alger. Les prix pouvaient varier en fonction
d’éléments extérieurs. L’annonce d’un accord avec une puissance étrangère faisait
baisser le prix des hommes de la nationalité en question. Au contraire, les prix avaient
tendance à augmenter à l’annonce de l’arrivée de pères rédempteurs qui se déplaçaient
pour racheter des esclaves détenus à Alger ou ailleurs. Les plus recherchés étaient les
jeunes et ceux qui avaient une spécialité intéressante comme les capitaines de navires
ou les marins. Les prêtres et les chevaliers de Malte ou de Saint-Etienne étaient aussi
très prisés. Les plus chanceux étaient ceux qui savaient lire et écrire, car ils servaient
comme comptables ou régisseurs des biens de leurs maîtres. Beaucoup étaient aussi
employés comme domestiques. Quand on évoque les conditions de vie des esclaves, on
pense évidemment aux mauvais traitements que nous rapportent volontiers les pères
rédempteurs dans leurs témoignages. Hormis le cas des galériens, on a souvent exagéré
le sujet pour responsabiliser l’opinion publique, car les supplices étaient rares. Il ne faut
pas oublier que le Coran interdisait de maltraiter les esclaves, si bien que l’on peut
croire en une certaine humanité de la part de certains maîtres à l’égard de leurs sujets.
Les risques de mauvais traitements augmentaient suite à une attaque de la part d’une
puissance européenne (rares au XVIIème siècle, plus fréquentes au siècle suivant),
après une révolte d’esclaves, ou, plus grave, après une évasion. Les esclaves chrétiens
ne retrouvaient leur liberté par la rédemption qui pouvait être le fait d’un état, d’un
ordre religieux ou d’une initiative personnelle. L’action diplomatique pouvait réussir
surtout si l’on était ressortissant français, car en vertu des capitulations signées entre la
France et l’empire ottoman, on pouvait exiger la remise en liberté des français retenus
comme esclaves. Avec l’extension des capitulations à la Grande Bretagne et aux
Provinces-Unies, ces dernières pouvaient prétendre aux même faveurs à partir du
XVIIème siècle. Les œuvres rédemptrices spécialisées dans le rachat des captifs
provenaient de trois ordres :

-          L’ordre des Trinitaires, fondé en 1198 par saint Jean de MATHA.

-          L’ordre de Notre-Dame de la Merci, fondé par saint Pierre NOLASQUE en


1218.

-          L’ordre des Lazaristes, fondé par saint Vincent de PAUL.

Les rachats n’étaient possibles qu’avec la collecte qui était faite auprès des fidèles. Ces
ordres recevaient généralement un bon accueil, car leur mission était juste et pouvait
servir à un grand nombre de personnes. C’est pour cela qu’aussi étonnant que cela
puisse paraître, on retrouve à Venanson un tableau où est représentée la Madone de la
Merci et un autre représentant saint Jean de MATHA [5] à Entraunes, datés du XVIIème
siècle. Cela signifie que même dans nos vallées les dangers que représentaient les
barbaresques étaient connus. La côte n’est pas très éloignée, certains ont pu se rendre
en Afrique du Nord pour diverses raisons, un membre de leur famille a pu être capturé
en mer. En 1814, une expédition barbaresque fit prisonniers six malheureux pécheurs à
Carras, près de Nice. Ils furent emmenés jusqu’à Tunis d’où ils ne revinrent que deux
ans plus tard. Un ex-voto exposé au musée de Notre-Dame de Laghet témoigne de ce
douloureux épisode. Les raids terrestres étant plus rares dans notre région, les vallées
alpines demeurent généralement protégées par leur éloignement du littoral. Pourtant, on
retrouve à Lucéram, dans la chapelle de la Madone de Boncoeur, étudiée par Georges
TRUBERT [6], des ex-voto consacrés à la Vierge Marie, montrant que notre région reste
en contact avec les côtes barbaresques. Beaucoup de bateaux sont en effet représentés
et on sait que des niçois faisaient parties de l’ordre de Malte [7]. Un grand maître de
l’ordre fut même un ressortissant de Nice : Jean-Paul LASCARIS. Des niçois se sont
aussi illustrés lors des sièges de Rhodes en 1522 et de Malte en 1565. A Nice, puis à
Villefranche, furent aussi construites les galères du duc de Savoie qui participèrent à la
bataille de Lépante que l’on retrouve dans les peintures murales de la chapelle des
Trinitaires de Saint-Etienne-de-Tinée.  

Donner de l’argent pour une si belle œuvre était un acte très pieux qui, au
moment du Jugement Dernier, pouvait à coup sûr peser dans la balance. A une époque
où l’on se souciait beaucoup de bien mourir, un tel geste ne pouvait être que salvateur
pour son âme. Une fois l’argent récolté, les pères rédempteurs dressaient la liste des
gens à racheter en priorité. Ils devaient être obligatoirement de la nationalité de la
mission et chrétiens, pas d’étrangers, ni de protestants. Le marché conclu, chaque
esclave devait s’engager par écrit à prendre part à toutes les processions organisées par
la mission rédemptrice pour faire connaître l’œuvre de la mission et ainsi recueillir des
aumônes en vue d’autres rachats. Enfin les libérations pouvaient être obtenues par les
esclaves eux-mêmes. Les plus fortunés faisaient appel à leur famille qui réunissait très
vite la somme et procédait au riscatto, le rachat, immédiatement après le raid. Certaines
familles s’endettaient, ou dans le pire des cas laissaient partir le captif qui devait se
débrouiller seul. Il arrivait parfois que l’esclave puisse se racheter et retourner dans son
pays d’origine quand son maître le laissait travailler.

Le rachat a permis aux différentes régences de remplir leurs caisses de


numéraire et de devenir des places de change d’envergure internationale, ce qui en des
temps de pénurie était très valorisant. Cet argent ne fut pas toujours réinvesti dans
l’activité corsaire, malheureusement pour les régences barbaresques, mais plutôt dans
l’achat de terres, constituant un manque important pour cette activité qui a eu du mal à
se moderniser.

                La course barbaresque a profité de la lutte qui opposait au début du XVIème


siècle les grands empires méditerranéens, espagnols et ottomans. Elle a connu son
apogée à la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème siècle pour amorcer par la
suite un lent mais inexorable déclin, en raison d’une stagnation des techniques mais
surtout d’un retard économique de plus en plus sensible par rapport aux puissances
européennes. Sa permanence prouve sa rentabilité pour les prédateurs, mais aussi sa
faible incidence économique. L’Europe chrétienne a certainement surestimé la
puissance des corsaires d’Alger, de Tunis ou de Tripoli, mais la peur du pirate est restée
très présente dans les esprits. En 1860, un plaisantin à Alméria lance au cours d’une
réunion électorale « Maures à la côte », formule utilisée pour prévenir les populations
en cas d’attaque. L’effet fut immédiat et la place se vida en un instant. Cette peur se
retrouve même dans des contrées éloignées de la mer comme nos vallées alpines,
montrant l’impact et l’effroi que les corsaires barbaresques ont pu procurer aux
populations des côtes chrétiennes de Méditerranée et de son immédiat arrière-pays tout
au long de l’époque moderne.
 

BIBLIOGRAPHIE
 

- BENNASSAR B. Les chrétiens d’Allah : l’histoire extraordinaire des renégats,


XVIème-XVIIème siècles, Paris, 1989

- BONO S. I corsari barbareschi, Turin, 1964

- CARRIERE C. Négociants marseillais au XVIIème siècle, Marseille, 1973

- CLOT A. Soliman le Magnifique, Paris, Fayard, 1989

- DALMASSO J.-L. Les Barbaresques en Occident, XVIème-XVIIIème siècles, avec


application au cas de la Corse, Mémoire, Maîtrise, Nice, 1991

- DURAND L. Pirates et barbaresques en Méditerranée, Avignon, Aubanel, 1973

- FONTENAY M. et TENENTI A. « Course et piraterie en Méditerranée de la fin du


Moyen Age au XVIIème siècle », in Actes du colloque de San Francisco : Course et
piraterie, 1975

- LACOSTE Y., NOUSCHI A., PRENANT A. L’Algérie, passé et présent, Paris,


1969

- LANE F. Venise, une république maritime, Paris, Flammarion, 1990

- MANTRAN R. Histoire de l’empire ottoman, Paris, Fayard, 1989

- MONLAU J. Les états barbaresques, coll. Que sais je ?

- TENENTI A. Naufrages, corsaires et assurances maritimes à Venise, 1592-


1609, S.E.V.P.E.N., 1959

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[1]
 - Jean-Louis DALMASSO, Rédacteur en Chef de la présente revue, membre du Centre d’Etudes du Musée des Traditions
Vésubiennes, est professeur d’Histoire-Géographie au Collège DUFY (Nice), spécialiste de la Méditerranée Moderne.

[2]
 - DALMASSO J.-L. «  La peur des corsaires barbaresques en Méditerranée à l’époque Moderne à travers l’exemple de Nice et
son arrière-pays », Pays Vésubien, 2-2001, pp. 51-57

[3]
 - BRAUDEL F. La Méditerranée et le monde Méditerranéen à l’époque de Frédéric II, Paris, 1966

[4]
 - DAN P. Histoire de la Barbarie et de ses corsaires, Paris, 1649

[5]
 - Ce personnage est peut être aussi représenté dans l’église Saint-Michel du Gast de Roquebillière, selon certaines interprétations

[6]
 - TRUBERT G. « Représentation de bateaux dans la chapelle Notre-Dame de Bon Cœur à Lucéram », in Archéam, n° 5, 1997-
1998

[7]
 - DERLANGE M. (Sous la Dir.) Les Niçois dans l’Histoire, 1989, mais aussi, et plus récent, GARINO P. Armorial de l’Ancien
Comté de Nice, Serre, 2001, représentant l’essentiel des armes familiales des membres niçois de cet ordre.

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