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ALGÉRIENNES
NOUVELLE ÉDITION,
REVUE , CORRIGÉE ET CONTINUÉE JUSQU’À LA CHUTE D’ABD-EL-KADER
AVEC EN APPENDICE,
Contenant le Résumé de l’Histoire de l’Algérie de 1848 à 1854
et divers Mémoires et Documents ;
PAR
E. PELLISSIER DE REYNAUD.
TOME PREMIER.
PARIS,
LIBRAIRIE MILITAIRE,
J. DUMAINE, LIBRAIRE-ÉDITEUR DE L’EMPEREUR.
Rue et Passage Dauphine, 30.
Octobre 1854.
PROSPECTUS
LIVRE PREMIER.
Aperçu géographique, historique et politique sur la
régence d’Alger. — Cause de la guerre de la France contre
Alger. — Blocus. — Préparatifs de l’expédition. — Dé-
part de l’armée d’expédition.
Pièces de 24 30
Pièces de 16 20
ARTILLERIE de SIÈGE Pièces de 12 12
Mortiers de 10 pouces 8
Obusiers de 8 pouces 12
Total 82 bouches à feu
Pieces de 8 16
ARTILLERIE de campagne Obusiers de 24 8
Obusiers de montagne 6
TOTAL 30 bouches à feu.
été obligée de faire des remises à ses deux beys, dans les
premiers temps de leur administration, elle aurait encore
gagné au marché tout ce qu’elle a perdu pour ces établis-
sements de Bône, d’Oran, de Bougie, d’Arzew et de Mos-
taganem. Sous le rapport politique, les arrangements pris
par le général Clauzel n’étaient pas moins sages. Ils nous
permettaient d’opérer directement sur le sens de la Ré-
gence avec tous nos moyens d’action, d’y établir un foyer
de puissance et de civilisation, qui devait nécessairement
réagir sur les extrémités, qu’un état de vasselage allait dis-
poser à celui de sujétion, ou, si l’on veut, de fusion avec
la race conquérante.
La vanité blessée de M. Sébastiani fut la seule cause
de la non-ratification des traités. Il était alors ministre des
affaires étrangères, et il trouva très-mauvais que celle-ci
eût été conclue sans sa participation. Il ne le cacha pas au
général Clauzel, qui répondit avec raison qu’il ne s’agis-
sait dans tout cela que de deux nominations de bey dans
les provinces acquises en droit à la France, ce qui n’était
pas du tout du ressort du ministre des affaires étrangères ;
qu’il avait accepté pour l’exécution des clauses financiè-
res la caution du bey de Tunis, mais qu’en cela encore il
n’était pas sorti de son rôle de général en chef de l’armée
d’Afrique. Malgré l’évidence de ce raisonnement, le Gou-
vernement n’en persista pas moins à regarder comme non
avenus les traités Clauzel. Cependant, comme ils étaient
d’une utilité palpable. Il fut question pendant quelques
temps de les reprendre en sous-œuvre, mais on finit par
les abandonner tout à fait. C’est ainsi qu’une susceptibi-
lité d’attributions rompit un plan habilement conçu, et qui
eût produit d’heureux résultats, s’il eût été bien exécuté.
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sein. Il parait que cette idée avait en effet germé dans quel-
ques têtes françaises assez importantes, que les Maures
en avaient eu vent, et que, voyant dans les agitations des
Arabes un moyen de rapprocher le dénouement, ils cher-
chaient à les entretenir(1).
Parmi les Maures, il y en eut un qui trouva grâce de-
vant le duc de Rovigo : c’était Hamdan-ben-Khodja, le
plus fin et le plus dangereux de tous peut-être. Celui-ci
travaillait pour le bey de Constantine, Dans les premiers
mois du commandement du duc de Rovigo, un coup de
main très-hardi nous avait rendus de nouveau maîtres de
Bône ; nous en parlerons bientôt. Le bey, à qui cette oc-
cupation faisait craindre une expédition sur Constantine,
et qui d’ailleurs n’ignorait pas les menées de Farhat-ben-
Saïd, résolut d’entrer en négociations avec le général en
chef, dans le seul but, à ce qu’il paraît, de sonder ses in-
tentions. Toute cette affaire est du reste couverte d’un
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(1) Quelques Algériens non déportés par le duc, mais
craignant d’éprouver plus tard quelques vexations, se rendirent
à Paris avec les expulsés. On y vit à la fois Ben-Omar, Ben-
Mustapba-Pacha, Hamdan, Ahmed-Bouderbhah, et quelques
autres. Tous ces gens-là furent très-bien accueillis par les mi-
nistres d’un Gouvernement dont le représentant les persécutait
à Alger. On crut voir dans ces natures dégradées qui n’ont rien
de commun avec les Arabes, des échantillons de ces vigoureu-
ses individualités africaines dont on ne se fait nulle idée à Paris
; ils devinrent objets de mode. Les deux premiers reçurent la
décoration de la Légion d’honneur. On appelait Ben-Omar, M.
le Bey, et Hamdan, M. l’Agha. On les invitait dans le grand
monde, où l’on croyait posséder dans la personne de ces deux
pacifiques marchands de poivre les plus grands des fils d’Is-
maël. Ce fut une mystification véritable.
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tout crédit sur les tribus vaincues, il chercha à agir sur cel-
les qui n’avaient pas pris part à l’action; mais n’y ayant pas
réussi, il prit la route de Médéah, où il arriva après mille
traverses ; et où Ahmed-Bey le fit assassiner en 1834. Il
laissa deux fils qui entrèrent à notre service.
Dans le courant de septembre, quelques Beni-Ourd-
jin voulant se mettre tout à fait à l’abri des attaques d’Ah-
med Bey, vinrent s’établir à l’embouchure de la Seybouse,
presque aux portes de Bône. Une partie des Karresas se
rapprochèrent également de nous; ces deux tribus, et quel-
ques autres situées auprès de Bône, fournirent des otages
qui furent mis à la suite de l’escadron turc.
Dans les premiers jours de novembre, une épidémie
cruelle, ayant quelques symptômes de la fièvre jaune, se
manifesta dans la garnison de Bône. Elle régna longtemps
et enleva un quart des troupes et de la population. Les
secours ne s’étant pas trouvés en rapport avec l’intensité
du mal, beaucoup de malades périrent faute de soins. De
graves reproches ont été adressés à ce sujet à l’administra-
tion; mais il lui était difficile d’établir ses prévisions sur
une base qui dépassait toutes les suppositions admissibles.
Heureusement que le bey de Constantine ne chercha pas à
attaquer Bône sans ces cruelles circonstances. Le général
d’Uzer, qui craignait qu’il n’en eût l’idée, fit une sortie
avec quelques troupes et tout ce qui put monter à cheval,
dans le but de prouver aux Arabes qu’il lui restait encore
des forces disponibles; il s’avança assez loin et ne rencon-
tra personne à combattre.
Quoique les cruautés d’Ahmed-Bey augmentassent
chaque jour le nombre de nos partisans, il parvint à ruer
sur Bône, le 13 mars 1833, sept à huit cents cavaliers des
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leurs affaires fût plus que jamais au milieu d’eux, et, mal-
heureusement, M. de Laporte ne montait pas à cheval. Dans
la dernière quinzaine d’août, les travailleurs des ponts de
Bouffarik furent attaqués et dispersés. On accusa de cet acte
d’hostilité les gens de Bouagueb et de Haouch-ben-Khelil,
lesquels en accusèrent les Hadjoutes. Cette petite levée de
boucliers coïncida avec l’arrivée à Alger de la commission
d’Afrique, dont nous ferons connaître la mission et les tra-
vaux dans un des livres suivants. Le mal était réparable si
l’on pouvait punir les coupables. Malheureusement, on fut
si mal servi qu’il fut impossible de les connaître, assez du
moins pour ne pas craindre de commettre une injustice en
frappant ceux qui furent vaguement désignés au général
en chef. Le 4e de ligne poussa une reconnaissance sur les
lieux, et ne put rien découvrir. Le colonel qui la comman-
dait, tout à fait étranger à ce qui se passait dans le pays de-
puis quatre mois, fit tirer sur des spahis qui étaient montés
à cheval pour se joindre à lui, et en fit arrêter d’autres qui
ne durent rien comprendre à cette manière de récompenser
leur exactitude à remplir leurs engagements. Ce n’est pas
la seule fois que l’ignorance ou la brutalité de quelques
chefs militaires a nui à nos relations avec les Arabes.
La reconnaissance du 4ede ligne avant été sans ré-
sultat, il fallait établir des troupes à Bouffarik et faire re-
prendre les travaux sous la protection de nos baïonnettes ;
car il ne faut jamais reculer devant les Arabes, et ne leur
céder en rien, surtout en ce qui est bon et juste, et tient à
l’exercice de la souveraineté. Au lieu de cela, le général
Voirol, craignant sans doute l’insalubrité de la position,
abandonna l’entreprise commencée. L’insolence de nos
ennemis s’en accrut, nos partisans se découragèrent, et tout
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faux, et sur des gens qui n’étaient pour rien dans cette
affaire, elle exaspéra les Hadjoutes, qui, dès ce moment,
ne cessèrent de faire des courses sur les terres des gens de
Beni-Khelil.
M. le général Voirol, voulant donner une nouvelle
preuve que les services de Bouzeïd n’étaient pas mécon-
nus, nomma, dans le mois de novembre, son fils Allal-kaïd
de Beni-Khelil. Celui-ci était loin d’avoir l’énergie de son
père, mais il en avait le dévouement. Afin de le soutenir
dans ce poste glissant, on mit auprès de lui, peu de temps
après sa nomination, M. Vergé, sergent-major au bataillon
de zouaves, jeune homme plein de courage et de capacité,
qui connaissait parfaitement la langue et les usages des
Arabes. Oulid-Bouzeïd, animé par ses discours, et encore
plus par son exemple, prit un peu de force ; il alla prési-
der le marché de Bouffarick. L’outhan lui remboursa la
valeur des objets enlevés à son père après son assassinat,
et ce crime parut dès lors oublié. Le général Voirol de-
manda au Gouvernement une faible pension de cent écus
pour la famille Ben-Chaoua, qui n’est pas riche, et dont le
chef avait versé son sang pour nous ; on aura de la peine
à croire qu’elle fut refusée, surtout lorsque l’on saura que
Ben-Omar en touchait une de 6,000 francs, et qu’une sem-
blable venait d’être accordée à Ben-Zécri.
Ce Ben-Zécri était un réfugié assez obscur de la pro-
vince de Constantine, qu’un concours de circonstances
heureuses pour lui fit passer, aux yeux du général en chef,
pour un personnage d’importance qui pouvait nous être
fort utile. C’était un homme qui allait bien au feu, mais
du reste complètement nul. On l’établit au fort de l’Eau,
avec quelques cavaliers et quelques fantassins indigènes ;
324 ANNALES ALGÉRIENNES.
pas à leur ôter. Ceux à qui il restait assez de force pour mar-
cher n’en avaient point assez pour combattre. La cavalerie
eut donc à soutenir, à peu près seule, les attaques des Ara-
bes ; elle le fit avec une bravoure et un dévouement dignes
des plus grands éloges. Enfin la colonne, après bien des
fatigues, arriva à la fontaine du Figuier ; mais un nouveau
danger l’y attendait ; car les fantassins, après s’être dis-
puté une eau malsaine et croupissante, s’entassèrent sous
les quelques arbres qui se trouvent en cet endroit, et il fut
impossible de les faire marcher. Dans ce moment critique,
le colonel de L’Etang, dont le courage grandissait avec
le danger, déclara à ses officiers qu’il fallait se préparer
à périr avec l’infanterie ou à la sauver. Tous applaudirent
à cette noble détermination. Aussitôt les chasseurs entou-
rent cet amas d’hommes à demi morts qui gisaient sous
les figuiers, et se disposent à soutenir de pied ferme les
charges de l’ennemi. Les Arabes, intimidés par leur conte-
nance, n’osèrent heureusement en pousser aucune à fond.
Beaucoup d’entre eux venaient de très-loin à une allure
très-vive, de sorte que leurs chevaux pouvaient à peine se
traîner ; ensuite, ils se laissèrent imposer par les deux obu-
siers de montagne, qui leur firent assez de mal. Cependant
M. Desforges, officier d’ordonnance du général Desmi-
chels, qui avait suivi le colonel de L’Etang, s’était dévoué
au salut commun pour aller instruire son général du triste
état des choses. La fortune secondant son courage, il par-
vint à Oran sans accident. Aussitôt le général Desmichels
partit avec des renforts considérables, des rafraîchisse-
ments et des moyens de transports. Les Arabes se disper-
sèrent à son approche, et la colonne de M. de L’Etang,
après avoir bu et mangé, put regagner Oran où, malgré ce
362 ANNALES ALGÉRIENNES.
TRAITÉ DE PAIX.
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