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L’industrialisation et l’accélération des transformations économiques et sociales


en France sous le Second Empire.
Introduction : Le Second Empire est une période de mutations économiques majeures favorisées par
le développement de la révolution industrielle (passage d’une économie agricole et artisanale à une
économie dominée par les activités industrielles et les échanges). L’économie française, dominée par
l’agriculture et l’artisanat, est transformée par l’industrialisation (développement des industries
textiles, métallurgiques…) et la mécanisation (essor du machinisme). Le développement du réseau de
chemins de fer accompagne et stimule le dynamisme économique. Les transformations économiques
entraînent une modernisation du pays, l’essor de l’urbanisation et de profondes mutations sociales.
Problématique : Dans quelle mesure le Second Empire est une période de mutations
économiques et sociales en France ?

I. Les mutations économiques et la modernisation de la France.


A. La France bouleversée par la révolution industrielle.
 La révolution industrielle et les mutations économiques.
La révolution industrielle est née en Grande-Bretagne à la fin du 18 ème siècle (1770-1780), elle se
diffuse en France à partir du milieu du 19ème siècle (décollage industriel de la France).
La première révolution industrielle se fonde sur l’invention de la machine à vapeur qui transforme en
énergie la vapeur produite par l’eau chauffée par la combustion du charbon. Cette révolution de
l’énergie permet la mécanisation des processus de production et la multiplication des usines 
révolution des modes de production. Elle entraîne le développement de l’industrie textile, de la
sidérurgie, de la métallurgie (industrialisation : forte croissance de la production industrielle) et le
développement de l’extraction de charbon (source d’énergie) et de fer (matière première).
Les innovations entraînent le début de mécanisation de l’activité agricole (augmentation des
productions et des rendements) et la révolution des transports (révolution ferroviaire).
L’économie Française se modernise, se diversifie et entre dans une phase de croissance inédite.
 Le rôle du Second Empire dans la croissance économique.
Louis-Napoléon Bonaparte mène une politique volontariste et interventionniste pour favoriser la
croissance économique et la modernisation de la France.
Le développement s’effectue dans le cadre du capitalisme (système économique caractérisé par la
propriété des moyens de production et la recherche du profit) et du libéralisme (libre entreprise, libre
échange) mais la modernisation est encouragée et stimulée par l’Etat. Napoléon III lance un vaste
programme de modernisation économique et de grands travaux pour favoriser l’expansion :
- modernisation de l’agriculture par les défrichements, l’irrigation, l’utilisation des engrais,
- développement des voies de communication, canaux, routes et chemins de fer, ports,
- encouragement de l’industrialisation (l’industrie doit être le moteur de la croissance),
- développement d’un système bancaire performant pour financer les investissements dans
l’agriculture et l’industrie (Crédit mobilier, Crédit Lyonnais…).
En 1860 Napoléon III signe un accord de libre-échange avec l’Angleterre  abaissement des droits
de douane afin de favoriser la libre circulation des marchandises entre les Etats.
 Une nouvelle géographie et de nouveaux paysages.
 L’industrialisation transforme la géographie économique de la France.
La naissance et le développement de régions industrielles majeures : la région parisienne devient la
première région industrielle Française mais d’autres régions connaissent une croissance remarquable :
la région Lyonnaise, le Nord-Pas-de-Calais (charbon, textile), la Lorraine (fer et sidérurgie).
D’autres bassins industriels se développent sur les gisements de charbon (bassins miniers) et
développent les activités métallurgiques : le bassin d’Alès, de Saint-Étienne, de Carmaux (Tarn), du
Creusot (Saône et Loire)… deviennent des bassins d’emplois attractifs et dynamiques.
 concentration des activités industrielles.
 Le développement de l’industrie et de l’extraction minière donne naissance à de nouveaux
paysages caractéristiques de l’industrialisation : bassins industriels et « pays noirs ».
- Usines, entrepôts, cheminées fumantes, hauts-fourneaux rougeoyants (gigantesques fours dans
lesquels on fait fondre le minerai de fer avec du charbon) des bassins sidérurgiques.
- Mines, terrils (accumulation de résidus de l’extraction minière) et corons (quartier d’habitations
ouvrières constitué de maisons identiques alignées) des « pays noirs » (bassins charbonniers).
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B. La révolution des transports et l’entrée dans la modernité.
 Le chemin de fer est au cœur de la révolution industrielle et de la modernisation de la France.
L’Etat prend à sa charge la construction des grandes infrastructures : ponts, tunnels, voies ferrées…
Le développement du chemin de fer est spectaculaire, entre 1851 et 1870, le réseau passe de 3000 km
à 17000 km. La ligne Paris-Lyon-Méditerranée, qui relie les trois principales agglomérations
françaises est inaugurée en 1857. Le développement du réseau ferroviaire a des effets d’entraînement
sur toute l’économie : besoin de charbon, de locomotives, de wagons et de gares, de voies ferrées 
développement de l’industrie du bois et de la métallurgie, du bâtiment et des travaux publics…
La révolution ferroviaire permet la circulation des hommes et des marchandises, l’unification du
territoire national et le désenclavement des régions isolées.
 Le développement du réseau routier pénètre au cœur des campagnes et contribue au
désenclavement de l’espace rural  circulation des produits et accès à la consommation.
 L’Etat encourage la modernisation des ports Français, Le Havre, Nantes, Bordeaux, Marseille.
 favorise la connexion avec le reste du monde (Marseille-Alger, Le Havre-New-York…) et
l’ouverture de la France (mondialisation).
 Un territoire connecté, décloisonné et ouvert sur le monde.
C. Les grands travaux d’urbanisme symbole d’une politique volontariste d’aménagement.
 L’accélération de l’urbanisation. L’industrialisation entraîne une croissance de la population
urbaine. Entre 1848 et 1870, la part de la population urbaine en France passe de 24% à 35%.
L’agglomération parisienne passe de 1,5 million à 2,5 millions d’habitants, la population de Lyon et
Marseille dépasse 300000 habitants. Dans les régions industrielles et minières, la croissance de la
population est encore plus forte : Carmaux (Tarn), Lens (Pas-de-Calais), Saint-Étienne (Loire)…
La ville-usine du Creusot passe de 2000 à 10000ouvriers entre 1852 et 1870.
 Les transformations du paysage urbain : Les mutations de Paris. Napoléon III veut
moderniser et rénover la ville de Paris. Il confie au baron Haussmann, préfet de la Seine, les grands
travaux d’aménagement et d’assainissement de Paris : construction d’un système de tout à l’égout
(hygiénisme), de distribution d’eau et de gaz, destruction des logements jugés insalubres, création de
larges voies de circulation (avenues, boulevards), bordée d’immeubles bourgeois, construction de
nouvelles gares comme la gare de Lyon et la gare du Nord…Ces transformations urbaines répondent
au besoin d’assainir la ville, de l’embellir mais aussi de rendre plus difficile la construction de
barricades. La population parisienne la plus modeste est expropriée et doit se loger ailleurs dans des
conditions dégradées.
Modèle de rénovation urbaine, l’haussmannisation transforme les grandes villes de province comme
Lyon, Marseille, Bordeaux ou Lille.

II. Les mutations de la société française sous le Second Empire.


A. L’émergence d’une bourgeoisie conquérante.
L’industrialisation a favorisé l’essor de la grande bourgeoisie urbaine : patrons de l’industrie dans le
textile ou la sidérurgie (comme les Schneider « maîtres des forges » au Creusot), grands banquiers
(frères Pereire fondateurs du Crédit mobilier), grands négociants certains bâtissent de grandes
fortunes. Cette grande bourgeoisie est au cœur du développement du libéralisme et du capitalisme.
Très riches, ces notables ont beaucoup de pouvoir et ont souvent des responsabilités politiques.
Ils vivent dans les beaux immeubles haussmanniens des grandes villes (Paris, Bordeaux, Lyon…).
Leur train de vie est luxueux : nombreux domestiques, réceptions, sorties au théâtre, à l’opéra,
vacances dans les stations balnéaires (ils participent à la naissance du tourisme balnéaire (Biarritz,
Deauville, Côte d’Azur).
Certains patrons développent une forme particulière de gestion des ouvriers, le paternalisme :
la direction de l’entreprise prend en charge de nombreux aspects de la vie quotidienne des ouvriers, le
logements, les soins, l’éducation. Le patron, soucieux de fidéliser et contrôler sa main d’œuvre se
comporte comme « un père de famille avec ses ouvriers ».
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B. Permanences et mutations du monde rural.
La France du Second Empire est encore majoritairement rurale : en 1850, 70% de la population vit à
la campagne et plus de la moitié des Français sont des paysans.
La mécanisation, l’irrigation et l’usage des engrais se diffusent surtout dans les régions d’agriculture
intensive du Nord et du Bassin parisien. La culture des fruits et la viticulture se développent dans le
Midi. La production agricole et les rendements augmentent. L’essor du chemin de fer favorise la
commercialisation de la production. Les propriétaires-exploitants bénéficient d’une forte
augmentation de leurs revenus et de leur niveau de vie  adhésion du monde paysan au régime.
Mais cette prospérité ne profite pas à la masse des ouvriers agricoles. Une partie de ces travailleurs de
la terre (1 millions entre 1850 et 1870) quitte le monde rural pour aller travailler en ville dans
l’industrie. Le Second Empire est ainsi marqué par le début de l’exode rural (départ définitif de la
campagne vers la ville).
C. Le développement de la classe ouvrière et la question sociale.
La multiplication des usines et des mines nécessite une main d’œuvre abondante et entraîne l’afflux
de ruraux dans les grandes villes et les centres industriels et miniers.
La part des ouvriers, ceux qui ne disposent que de leur force de travail (le prolétariat), augmente
avec le processus d’industrialisation. Ils effectuent un travail peu qualifié et très spécialisé qui les
distingue des artisans.
Les conditions de vie des ouvriers sont de plus en plus difficiles. Pénibilité et dangerosité du travail,
longueur de la journée de travail (12 heures), faiblesse des revenus et capacité d’épargne très faible,
logements vétustes et insalubres dans les cités ouvrières et les faubourgs (périphérie des villes).
Les ouvriers prennent conscience de leur situation (naissance de la classe ouvrière) et multiplient les
revendications pour améliorer leurs conditions de vie (et de travail)  question sociale.
Le socialisme se diffuse de plus en plus dans la classe ouvrière (doctrines qui dénoncent les
inégalités de la société capitaliste, l’exploitation de la classe ouvrière et revendiquent plus de
justice sociale soit par des réformes politiques, soit par la révolution  communisme).
Napoléon III, auteur du livre « L’extinction du paupérisme » (1844) engage des réformes sociales.
Il encourage le développement des mutuelles et « autorise » la grève en 1864.
Cependant, les ouvriers continuent de percevoir le Second Empire comme un régime « bourgeois »
trop inégalitaire et qui exerce une surveillance policière des ouvriers par le livret ouvrier.
Des grèves éclatent près de Saint-Etienne (1869) et au Creusot (1870) et sont réprimées par les forces
de l’ordre (14 morts à Racamarie, ville minière près de Saint-Etienne).

Conclusion : Le Second Empire se caractérise par l’entrée de la France dans la révolution


industrielle. La France est transformée par les mutations économiques (mécanisation,
industrialisation) et la modernisation (révolution des transports et transformation des grandes villes).
La géographie de la France est transformée par le développement des régions et des bassins
industriels et miniers et le début de l’exode rural.
Les mutations sociales se caractérisent par l’émergence d’une bourgeoisie triomphante qui développe
le capitalisme à son profit et d’une classe ouvrière qui se structure et adhère au socialisme.

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