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L'industrialisation est un processus de transformation économique marqué par le
développement des activités industrielles qui deviennent le principal facteur de la
croissance économique. L'industrialisation se décompose en deux phases.
La première industrialisation s'étend sur environ un siècle. Elle a pour berceau
l'Angleterre dans les années 1760 puis elle se diffuse en Europe occidentale et au
Nord-Est des États-Unis d'Amérique jusqu'en 1860.
La deuxième industrialisation commence en Allemagne et aux États-Unis avant de se
diffuser jusque dans les années 1930. À partir de 1850, l'industrialisation de la
France se fait dans un contexte très favorable.
Entre 1850 et 1873, l'économie européenne connaît un cycle de forte croissance économique
estimée à plus de 4 % par an, alors qu'elle était inférieure à 0,5 % par an avant 1850. Grâce à
l'industrialisation, tous les indicateurs économiques (la production, l'emploi, les profits, les
salaires et la consommation) augmentent, alimentant ainsi un cercle économique vertueux.
B-Le charbon et la machine à vapeur :
L'industrialisation française est permise grâce à l'utilisation de nouvelles sources
d'énergie. À côté des traditionnelles énergies hydrauliques et du bois, l'exploitation
d'une ressource naturelle alternative se développe : le charbon. Il permet l'invention de
la machine à vapeur qui révolutionne l'activité humaine. Les régions minières
deviennent importantes.
Difficile à extraire du sous-sol, le charbon est cependant une source d'énergie puissante. Une
fois chauffé, il se consume lentement et dégage beaucoup d'énergie. En 1769, le Britannique
James Watt met à profit cette nouvelle source d'énergie pour mettre en mouvement un
mécanisme : c'est l'invention de la machine à vapeur, qui révolutionne l'activité humaine.
1848 32 000
1870 83 000
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Ces régions deviennent des espaces de forte concentration de main-d'œuvre puisque, en plus
des « gueules noires » qui descendent extraire le charbon, le nombre d'ouvriers qui
l'exploitent en surface augmente lui aussi. Les usines viennent s'installer à proximité de leur
matière première pour faire des économies de transports, augmenter la production et les
profits.
Entre 1840 et 1870 :
La puissance délivrée par toutes les machines à vapeur utilisées dans les usines et dans les
transports passe de 40 000 chevaux-vapeur en 1840 à 900 000 en 1870. Un cheval-vapeur
équivaut à environ 740 watts, la puissance d'un four micro-ondes aujourd'hui.
C-La multiplication des innovations techniques :
L'industrie est rythmée par des innovations techniques qui permettent de mécaniser la
production dans tous les domaines.
L'industrie textile augmente sa productivité grâce à la généralisation des machines dans les
filatures de coton. Dans les ateliers de tissage, les métiers à tisser mécaniques qui
fonctionnent à la vapeur répondent à la hausse de la demande de tissu liée à la croissance
démographique.
En 1870, le secteur textile emploie à lui seul 50 % des ouvriers français.
Le secteur sidérurgique est dynamisé par la demande croissante d'acier, un métal à la fois
plus léger, plus souple et plus résistant utilisé pour la fabrication de machines, d'outils, de
bateaux ou encore de rails métalliques. Quelques grandes familles industrielles dominent ce
secteur. C'est notamment le cas des Wendel à Hayange en Moselle et des Schneider au
Creusot en Saône-et-Loire. La sidérurgie est le deuxième secteur-clé de l'industrie française.
Elle reste dominée par la production du fer, qui a pour principal inconvénient d'être peu
résistant, et de la fonte qui est très cassante.
184 400 000
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187 1 000 000
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La famille Schneider
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Les Schneider inventent le marteau-pilon à vapeur et se diversifient dans la fabrication
d'armes comme les canons pour répondre aux commandes de l'État. L'usine du Creusot fait
travailler 2 000 ouvriers répartis dans ses mines de fer et de charbon, ses forges, ses hauts-
fourneaux, ses laminoirs et ses ateliers de construction d'où sortent une cinquantaine de
locomotives chaque année en 1850. En 1870, le Creusot embauche 10 000 ouvriers. En
quelques années, Eugène Schneider a fait de la petite ville du Creusot l'un des plus grands
complexes sidérurgiques d'Europe.
Dans ces régions, les usines aménagent à proximité de vastes cités ouvrières pour loger,
fidéliser et mieux contrôler la main-d'œuvre.
Les Français viennent déposer leur salaire et leur épargne sur un « compte en banque ». La
banque utilise cet argent pour accorder des prêts à intérêts aux particuliers et aux
entrepreneurs.
Napoléon III permet aussi la naissance de nouveaux types d'entreprises : les SARL et les SA.
SARL (Sociétés à responsabilité limitée)
Les SARL encouragent l'entrepreneuriat : il s'agit d'entreprises qui, en cas de faillite,
limitent le risque de pertes des associés au montant de leur apport initial.
SA (Sociétés Anonymes)
Les SA sont des entreprises dont le capital est divisé en actions cotées à la Bourse de Paris et
dont la direction est confiée à un conseil d'administration réunissant l'ensemble des
actionnaires qui sont rémunérés sous la forme de dividendes très élevés ou très faibles selon
les cours de la bourse.
B-La politique des grands travaux :
Napoléon III fait de la modernisation de la France une priorité de son régime. Il lance
une ambitieuse politique de grands travaux qui transforme la France en un immense
chantier pendant près de 20 ans. La densification du réseau de transports stimule les
échanges commerciaux et rend accessible l'ensemble du territoire.
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Le réseau ferroviaire français passe d'environ 3 000 kilomètres en 1850 à
23 000 kilomètres en 1870. La ligne « Paris-Lyon-Méditerranée », inaugurée en 1855 par
l'empereur lui-même, fait passer le trajet Paris-Marseille de huit jours à quatorze heures.
Six compagnies privées se partagent son exploitation et transportent 20 millions de
voyageurs et 3 millions de tonnes de marchandises en 1850 puis 100 millions de voyageurs
et 45 millions de tonnes de marchandises 20 ans après.
Le réseau routier double, des canaux et des ports sont créés, comme à Saint-Nazaire, et
d'autres sont agrandis comme ceux de Marseille, de Bordeaux et du Havre.
Le réseau télégraphique permet de transmettre des télégrammes écrits codés grâce à des
impulsions électriques. Il passe de 2 000 à 40 000 kilomètres de lignes, améliorant ainsi la
circulation des informations.
Le baron Haussmann, préfet de la Seine, fait entreprendre des travaux impressionnants pour
faire de Paris une capitale moderne. Au centre-ville, 20 000 bâtiments sont détruits et
deux fois plus sont construits. Les quartiers sombres et insalubres font place à des quartiers
modernes composés d'immeubles haussmanniens uniformes équipés de l'eau et du gaz. Les
rues étriquées et sinueuses sont remplacées par de larges avenues bordées d'arbres qui
facilitent l'aération et la circulation. Les gares du Nord et de l'Est ainsi que l'opéra Garnier
sont construits.
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Vue officielle à vol d'oiseau de l'exposition universelle de 1867, Eugène Ciceri et Philippe
Benoist, 1867
Napoléon III fait de l'économie l'un des éléments-clés de sa politique de grandeur nationale
dont le but est de renforcer sa popularité. La stratégie de Napoléon III consiste à accentuer la
croissance économique afin que :
Napoléon III est persuadé qu'il peut faire de l'industrialisation un facteur de paix sociale
permettant la longévité du régime impérial.
III-Les évolutions sociales entre 1848 et 1870 :
Au cours du Second Empire, entre 1852 et 1870, la population française est marquée
par des transformations sociales qui sont, pour la plupart, engendrées par
l'industrialisation. Si la France reste majoritairement rurale, le monde agricole est
transformé par l'industrialisation. Dans les villes, qui se densifient, une nouvelle classe
sociale apparaît : la classe ouvrière. La politique de Napoléon III envers les ouvriers est
ambiguë, entre réformes sociales et répressions.
A-Une société rurale en transformation :
Sous le Second Empire, la France est majoritairement rurale. Des transformations
permettent de faire évoluer le monde agricole.
1-Une société composée majoritairement de paysans :
En France, la société est majoritairement composée de paysans. Les campagnes
restent le lieu de vie d'environ 27 millions de personnes, soit trois Français sur
quatre. 50 % de la population active travaille encore dans l'agriculture en 1870.
La société rurale vit dans un cadre économique et culturel traditionnel. Les agriculteurs
vivent dans leurs villages, au rythme des saisons qui dictent le calendrier des travaux des
champs, et restent sous l'influence de l'Église et des notables locaux. Très attachés au
maintien de l'ordre et au respect du droit de propriété, il forme le socle sur lequel s'appuie le
régime impérial.
2-Les évolutions du monde agricole :
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Le monde rural connaît des changements significatifs qui sont des conséquences
directes ou indirectes de l'industrialisation. Dans le Nord de la France et le Bassin
parisien, les grandes exploitations céréalières sont les premières à s'équiper de
nouvelles machines agricoles. Dans ces grandes exploitations, les rendements, les ventes
et les profits agricoles augmentent : c'est la naissance d'une agriculture intensive et
commerciale. Le secteur agricole bénéficie également d'aménagements initiés par le
Second Empire.
De nouvelles machines révolutionnent la pratique agricole :
La majorité des patrons exploitent les ouvriers, mais certains dirigeants d'entreprise se
démarquent en développant des expériences industrielles et sociales très originales.
Jean Dollfus construit à ses frais une cité ouvrière à côté de son usine textile de Mulhouse en
1853 : il reçoit pour cela une importante subvention de Napoléon III qui soutient cette
initiative sociale.
À Guise, dans l'Aisne, en 1859, Jean-Baptiste Godin ouvre à côté de son usine de poêle en
fonte un vaste bâtiment abritant de nombreux appartements dont les ouvriers sont
propriétaires. Baptisé « familistère » ou « palais social », cet espace est géré collectivement
par les ouvriers qui y bénéficient de services inédits comme un économat, des crèches, une
école, un théâtre et même une piscine.
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Plan du « familistère de Guise »
L'attitude de ces patrons qui font de leurs usines des « familles » dans lesquelles ils jouent le
rôle de pères protecteurs s'appellent le « paternalisme ». Les mesures
sociales paternalistes permettent de renforcer leur emprise sur une main-d'œuvre ouvrière
davantage contrôlée et dépendante.
3-La question ouvrière : un enjeu central dans la vie politique française :
La question ouvrière devient l'enjeu central de la vie politique française. Sous le Second
Empire, entre 1852 et 1870, Napoléon III mène une politique ambiguë, voire
contradictoire vis-à-vis de la classe ouvrière. Il fait passer des mesures en faveur de la
classe ouvrière mais également des mesures répressives.
L'empereur Napoléon III fait plusieurs gestes en faveur de la classe ouvrière. Il donne son
accord pour le développement des coopératives et des « société de secours mutuel » plus
connues aujourd'hui sous le nom de « mutuelles ». Ce sont des organisations privées
d'entraide auxquelles les ouvriers adhèrent en payant une cotisation.
En 1862, on compte déjà presque 5 000 sociétés de secours mutuel qui assurent environ
600 000 ouvriers.
En 1864, la « loi Ollivier » « autorise les personnes à se regrouper temporairement et à
cesser le travail pour manifester des intérêts communs relatifs à l'amélioration de
leurs conditions de travail ».
La grève est dépénalisée, elle reste illégale lorsqu'elle « porte atteinte à la liberté du
travail », et lorsqu'elle « s'accompagne de violences ».
En 1868, Napoléon III permet la suppression d'un article du Code civil qui faisait que
l'employeur était légalement supérieur à son employé en cas de litige devant la
justice.
Malgré des signaux positifs envoyés aux ouvriers, un certain nombre de mesures restent
répressives :
Exemple :
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En janvier 1870, les ouvriers du Creusot entament une grève massive pour protester contre le
licenciement abusif de trois ouvriers qui réclamaient des mesures sociales à Eugène
Schneider. Ce dernier réclame directement à l'empereur l'intervention de l'armée.
Napoléon III envoie 3 000 soldats. On compte 6 morts et 25 grévistes sont condamnés à des
peines d'emprisonnement.
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