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Toutefois, dès 1915, lorsque les soldats rentrent du front en permission, leurs récits de la
guerre ne sont pas conformes à l'image qu'en donne cette propagande : ils sont épuisés,
déprimés et commencent à exprimer leur désaccord avec le prolongement du conflit.
La propagande critique vivement les soldats « embusqués », c'est-à-dire des hommes qui
échappent à la mobilisation ou ont des positions qui les protègent. Les soldats, pour éviter de
passer pour des lâches, hésitent ainsi longtemps à raconter ce qu'ils vivent réellement.
C-Un contrôle politique accru :
Avant la guerre, des pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou la France sont
démocratiques. Mais lorsque la guerre commence, les pratiques démocratiques sont
bafouées. Un contrôle politique accru des populations est mis en place.
Dans la plupart des pays, les gouvernements se dotent de pouvoirs plus importants pour
mener la guerre :
Les Allemands vont même jusqu'à faire travailler de force les civils des zones occupées en
Belgique et dans le Nord de la France. On parle de « front de l'arrière » pour qualifier cet
enrôlement massif dans l'effort de guerre.
En 1918, les progrès techniques sont considérables par rapport à la situation en 1914. Il y a
eu une accélération de l'innovation et un élargissement de la circulation des informations
scientifiques.
Ainsi, Marie Curie, qui a inventé le procédé de radiographie, milite pour son utilisation sur le
champ de bataille afin de soigner les blessures des soldats. Elle participe à l'élaboration de la
voiture radiographique et va jusqu'à en conduire personnellement.
Appareil radiographique « portatif », La Radiologie et la guerre, Marie Curie, 1921
D-Une mutation des sociétés :
1-Des sociétés fracturées :
Au fur et à mesure que la guerre se prolonge, elle provoque des mutations dans la
société. On constate d'abord des fractures très importantes entre les différentes strates
de la société.
En France, le travail accru et les privations provoquent des grèves en 1917. Elles sont
lancées par les ouvrières du textile parisien, appelées les midinettes. Elles cessent le travail et
manifestent pour demander :
Le gouvernement est poussé à faire des réformes. Une loi instaure ainsi la journée de
8 heures de travail en 1919. En Europe, de nombreux États sont ainsi poussés à réformer
leurs institutions.
De plus, la population s'insurge contre la classe de profiteurs de guerre issue des mondes
industriel et politique. La société se divise nettement entre ceux du front et ceux de l'arrière.
2-L’évolution de la place des femmes :
Durant la guerre, 50 % de la population masculine en âge de combattre (de 15 à 49 ans)
est mobilisée. Cela explique que la place des femmes évolue : elles occupent des emplois
traditionnellement masculins.
On recense 430 000 munitionnettes en France et des femmes agrégées enseignent dans les
lycées de garçons.
Toutefois, cette évolution est à tempérer : les femmes sont généralement renvoyées dans leur
foyer à la fin de la guerre sous la pression des hommes et des syndicats qui y voient un
danger. De plus, la guerre a aussi renforcé les représentations traditionnelles de l'homme viril
et combattant opposé à la femme consolante et qui soigne.
« Quelle que soit l'issue de la guerre, l'emploi des femmes constitue un grave danger pour la
classe ouvrière. Lorsque les hommes reviendront du front, il leur faudra lutter contre ces
dernières qui auront acquis une certaine habileté et toucheront des salaires différents. »
Déclaration d'Alphonse Merrheim, secrétaire des métaux CGT, en décembre 1916
III-Les civils victimes de la guerre :
A-Les souffrances de l’arrière :
1-De nombreuses privations :
Les souffrances des civils qui vivent à l'arrière sont nombreuses. Ils souffrent de
l'augmentation du travail pour compenser les départs au front, mais surtout des
privations.
La situation économique des pays en guerre est mauvaise : les prix augmentent
considérablement, ce qui entraîne une baisse du pouvoir d'achat. On parle d'inflation.
Les prix sont multipliés par 2 ou 3 entre 1914 et 1918.
En Allemagne, les réquisitions et les rationnements sont considérablement touchés par le
blocus de ses ports par les Alliés dès le début de la guerre. Dans certains pays, les famines
sont même de retour.
En Allemagne, « l'hiver des navets » de 1916-1917 a tué entre 450 000 et 700 000 personnes.
« C'est toujours la même misère pour la farine. Demain nous ne ferons peut-être qu'une seule
fournée tu vois quel métier. Nous avons reçu un mot du contrôleur des contributions directes
demandant nos bénéfices alors j'ai répondu que notre travail avait été de beaucoup réduit et
que la boulangerie était obligée de payer une taxe fixée par la préfecture, taxe qui permet à
peine de couvrir les frais généraux qui ont considérablement augmenté. Enfin avec tout cela
ils jugeront et nous verrons combien nous paierons. »
Extrait d'une lettre écrite en octobre 1918 par Marie, fille de boulanger, à son mari Jules
Vougnon, soldat
En France et au Royaume-Uni, le rationnement des populations civiles est rapidement mis en
place mais s'atténue avec l'entrée en guerre des États-Unis qui nourrissent une partie de la
population par leurs exportations.
Affiche de propagande américaine de 1917
2-Des populations déplacées :
De nombreuses populations sont déplacées à cause des combats sur le front : ce sont des
réfugiés dont le nombres est croissant tout au long du conflit.
En France, ces réfugiés apparaissent dès le début de la guerre et leur nombre s'élève à
environ 3 millions. Ils ont fui le Nord et l'Est à cause de l'avancée des Allemands. Près de
500 000 personnes se retrouvent à Paris, les autres sont disséminées sur tout le territoire.
Elles reçoivent de la part de l'État une allocation de 1,25 franc.
Les raids de bombardiers allemands sur Londres font 1 400 morts entre 1917 et 1918.