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CM de Mr.

Mathieu FLONNEAU

Histoire du Travail
Préambule
Tout sujet en Histoire du Travail peut être rattaché à cinq grands axes problématiques :

● Comment la Révolution Française est parvenue à disparaitre du champ des possibles ? 🡪


Disparition des violences politique du monde du travail, les rapports entre individus et entre
groupes sociaux se sont pacifiés, la société est devenue contractuelle et non plus
conflictuelle.

● Un rapport au progrès et aux machines, c’est donc le rapport au processus industriel : ce


rapport a l’innovation a gagné le monde du travail bien qu’il ait donné lieu à des débats, des
grèves.

● Le rapport à l’Etat, au droit et à la République : il se trouve tranché en France par l’avènement


et la reconnaissance de la République. L’Etat a permis la légalisation d’un droit du travail qui a
protégé le monde du travail. L’Etat a un rôle d’arbitre désormais dans une République qui a
pour objectif de mettre en place un Etat Providence. Le pacte social républicain a permis la
formulation de la République contemporaine.

● Le rapport à l’individu et aux groupes : les mondes du travail sont des mondes qui se sont
progressivement pensés de façon collective. Karl MARX reprenait l’idée qu’il y avait une
raison dans l’Histoire qui devait être matérialisée par la lutte du prolétariat. La lutte des
classes devait conduire à l’avènement de la classe ouvrière. Mais cette analyse a été vite
critiquée. Edouard palmer Thompson témoigne du caractère réducteur de la conscientisation
marxiste dans le sens où pour les marxistes, les individus laissent la place à la classe. Or, la
prise de conscience collective doit passer en premier lieu par la prise de conscience
individuelle. L’action collective est une perte de sens critique individuel. De nombreux
intellectuels ont critiqué le marxisme politique comme Paul NISAN par exemple, qui a pris
conscience de la dérive du parti communiste française. Deux catégories invisibles se sont
affirmées : les femmes qui ne bénéficiaient pas de reconnaissance et les enfants. Il y a donc
l’idée d’une construction essentielle des individus.

● Le rapport double au temps et à l’espace : les mondes du travail se conçoivent dans un


rapport au temps et à l’espace inédit. Le mot ouvrier, usine, taylorisme, fordisme, sont des
inventions, des mots nouveaux.

Chapitre 1 : Le tableau de la France en 1918 : les


coûts d’une victoire et ses répercussions sur les
mondes du travail

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Chronologiquement, on se situe après la 1ère Guerre Mondiale, après « la Grande Guerre » comme
certain la nomme. Le conflit franco-allemand a pris fin avec la signature de l’Armistice du 11
novembre 1918.

La fin de la 1ère Guerre Mondiale ouvre cependant sur un entre deux guerres et non pas sur un
après-guerre. En histoire, il n’y a pas de théologie, ce qui signifie que la fin n’est pas écrite.

Il est donc intéressant de voir pourquoi ce nouveau monde d’après 1918 a échoué alors qu’il aurait pu
être un monde de paix. Les acteurs de l’époque avaient l’espoir que la 1ère Guerre Mondiale soit la
dernière guerre.

Tout l’enjeu est de comprendre comment cet entre-deux guerre, qui est aussi un avant-guerre,
renvoie à un échec annoncé ? L’opinion publique contemporaine ne voulait entendre que ce qu’elle
souhaitait entendre alors que l’échec avait été annoncé. Il y a donc eu un aveuglement des masses,
de la population française.

Cet aveuglement se retrouve au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale, expliquée notamment par le
profond désir de paix de la société française. Les coûts de la guerre ont été tels que la société
française va devenir progressivement pacifiste refusant tout nouveau conflit.

I- Le bilan des pertes et de traumatisme de la société


française
Ce pacifisme trouve ses racines dans une société collectivement traumatisée et blessée.

A) La brutalisation des sociétés occidentales


Cette brutalisation est majeure et occasionne des traumatismes sociaux.

George MOSSE, dans son ouvrage « De la grande guerre au totalitarisme », montre qu’il y a un
continuum historique que la brutalisation explique. Les hommes et les femmes ont été habitué à un
seuil de violence inouïe. Ce seuil de violence a été préparé par la mort, les blessures industrielles, par
l’industrialisation du conflit. MOSSE fait des régimes nazis, fascistes, des régimes dictatoriaux. Il fait
de cette violence l’ordinaire du temps de paix.

L’ouvrage « La civilisation des mœurs » (1939) de Norbert ELIAS permet de comprendre que
L’occident développé, raffiné, est l’origine d’une barberie. L’Allemagne est à l’origine de deux
barbaries.

La violence est devenue la règle pendant quatre ans entre des sociétés qui s’estimaient avoir atteint
un niveau de développement supérieur.

La brutalisation des sociétés se retrouvent dans :

✔ Des pratiques de combat inédites : 86% des décès ont lieu au front, on meurt au front. Il y a
une rupture du pacte conventionnelle (170 000 morts français à la bataille de Verdun)

✔ Des remises en question des règles de la guerre : les multiples pratiques de guerre
(mitraillette, gaz, obus), il n’y a plus de règles.

B) Une société qui sort de la 1GM comme imprégnée au quotidien


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L’horreur est devenue quotidienne et les séquelles de cette horreur se retrouve dans le quotidien des
français en 1918. Le quotidien des français voisine avec la mort et le deuil. Les « gueules cassées »,
les mutilés de guerre sont très présents dans le quotidien des français. La vulnérabilité humaine se
retrouve au travers de ces anciens combattants.

La société française reconnait leur engagement :

● Délégation de mutilé de guerre (exigée par George CLEMENCEAU)


● Présents lors des signatures des traités
● Présents dans les établissements publics
● Des postes sont réservés spécialement aux mutilés de guerre

La bataille de VERDUN et ses conséquences mortuaires, sont présentes dans l’esprit de tous les
français au lendemain de la guerre.

Le lendemain de la 1ère Guerre Mondiale témoigne d’une médicalisation de la société. La société


française a eu à inventer une médecine de guerre inédite. Les universités ouvrent des chairs
médicales inédites comme par exemple la chirurgie de la face (cf. les gueules cassées).

L’imprégnation la 1ère Guerre Mondiale se retrouve aussi dans la littérature et dans l’art. Tous les prix
littéraires et artistiques les plus célèbres sont imprégnés de cette guerre (exemple : Henri Barbusse
« le feu »).

C) Un souvenir de la guerre entretenu


Le souvenir de la 1ère Guerre Mondial est entretenu par la création d’espaces commémoratifs comme
l’établissement d’un monument aux morts dans chaque commune ; la minute de silence symbolique
lors de la cérémonie du 11 novembre pour rendre hommage aux soldats français tombés au front.

→ Le 11 novembre est un élément de liturgie républicaine.

Cette culture de guerre se retrouve donc dans la société désormais en paix.

La société française a cherché à exorciser ce traumatisme au travers de la commémoration. Elle est à


la fois individuelle et collective, et ce sont les moments symboliques qui font le lien entre les deux
sphères. Les moments symboliques sont les rassemblements commémoratifs tous les 11 novembre
depuis 1920, l’inhumation d’un soldat inconnu à l’Arc de Triomphe. A partir de 1920, l’Arc de
Triomphe devient un cimetière, il ne commémore pas une victoire.

Lors de chaque commémoration il y a une mobilisation des écoles, et lors de la prière laïque (minute
de silence) il y a une sanctuarisation de ce conflit.

Les monuments aux morts permettent de remobiliser la communauté nationale, sur lesquels une
allégorie est représentée (souvent un soldat en posture compassionnelle). Ils sont universels. Il y a
une logique de nationalisation de ces corps, une logique de patriotisme.

La culture de guerre se prolonge au-delà de la guerre.

D) Mobilisation de l’économie
La mobilisation de l’économie est passée par l’implication de l’Etat. L’Etat a mobilisé les esprits et
l’économie. On assite à la planification de l’économie durant les quatre années de guerre. L’Etat s’est
immiscé dans l’organisation des grandes entreprises. La planification est donc une parenthèse au
libéralisme habituel.

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Un autre ordre économique a donc eu être pensé et organisé par les élites sociales pour que les
ravitaillements, l’armement du front, puissent être assurés.

La 1ère Guerre mondiale a consacré deux nouveaux modes d’organisation du travail :

● Le Taylorisme
● Le Fordisme

L’organisation du travail a été profondément bouleversée, rationnalisée par la 1ère Guerre Mondiale.

🡺 Il y a donc une extension du rôle de l’Etat ! L’ordre libéral ne sera jamais véritablement retrouvé.

E) Tentative de nouvelles donnes sociales


La 1ère Guerre Mondiale a brassé les classes sociales. Ce brassage social c’est l’épreuve du front, du
feu. La guerre a suspendu les rivalités de classe. L’union des tranchées, l’union au front a voulu être
prorogée, prolongée même en temps de paix.

L’énumération des morts est de l’ordre alphabétique. Ce ne sont donc pas les nobles, les aristocrates
ou encore les officiers qui sont citées en premier. Toutes les victimes sont mises sur le même plan
face à la mort. Cela représente « le tournant démocratique de la société française » (A.PROST) . La 1ère
Guerre Mondiale entérine les sections de la population existantes avant la guerre.

Certaines classes sociales ont été plus touchées que d’autres et notamment la classe paysanne car
elle était plus présente dans les tranchées.

La dévaluation de la rente foncière a modifié le rapport à la terre, ce qui explique l’exode rural qui a
suivi après la guerre. Certaines régions ont été plus touchées que d’autres également, par exemple
dans l’est de la France.

Les classes moyennes ont aussi été touchées car elles n’ont pas pu retrouver leur pouvoir d’achat
d’avant-guerre. Compenser leurs pertes financières par l’Allemagne Au lendemain de la guerre, les
politiques budgétaires étaient orientées vers une logique de vengeance auprès de l’Allemagne. Pour
la France, il était logique que l’Allemagne rembourse les dettes. Or, l’Allemagne était dans l’incapacité
de rembourser et de supporter le poids des dettes qui reposait sur elle. Ceci explique pourquoi les
politiques budgétaires françaises n’ont pas permis aux classes moyennes de retrouver leur pouvoir
d’achat initial.

La bourgeoisie a aussi été lésée car elle n’a pas pu récupérer les fruits de ses investissement
internationaux (ex : les emprunts russes).

🡺 La fragilisation de la société française est donc totale.

Au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale, des revendications sociales voient à nouveau le jour
pourtant masquées par l’unanimité dans les tranchées. Le conflit social réapparait, des divisions
sociales et politiques également. En 1919 de grandes grèves sont réprimées, le contexte social est
explosif. Des tensions apparaissent entre commerciaux, bourgeois.

II- L’échec de la paix


Il s’agit de l’échec de ce qui a suivie l’armistice dans le sens où cet armistice a connu des
conséquences que les fêtes de la victoire ont illustré négativement.

La France et le français sont les langues de négociation des affaires internationales.

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Ce sont dans les châteaux français tels que le Chateau de Versailles, le château de Sèvre que sont
réglés les sorts des états belligérants perdants. Ce sont des lieux symboliques.

De nouvelles nations interférent, notamment les Etats-Unis. Les USA ne participaient à aucuns
conflits pour une raison de pays interne. Cela explique leur entrée tardive dans les deux guerres
mondiales. Cette grande prudence, conduit le président Wilson à énumérer le 8 janviers 1918, 14
points qui vont servir de base à la diplomatie internationale (« les 14 points du président Wilson »).
Ces 14 points ont mis en lumière des contradictions entre les pays.

Les 14 points du président Wilson ont permis la création d’une société des Nations (la SDN), siégeant
à Genève, qui avait pour mission de gérer les conflits entre nations. Cependant, en raison des droits
de véto, certains conflits étaient insolubles.

L’échec de la SDN explique la raison pour laquelle les Etats-Unis Plus se sont repliés sur une politique
isolationniste (« America First). Les USA ne retirent de toutes représentations internationales
diplomatiques.

Les instances internationales ne sont plus qualifiées pour régler les conflits.

Conclusion :
Au lendemain de la guerre, la société française est totalement fragilisée.

On fait face à une France éprouvée démographiquement (1 400 000 millions de morts)

Par ses cercles de deuils, la société française est traumatisée entièrement, expliquant notamment son
refus dans un premier temps de rentrer en guerre en 1939.

Par sa citation « nous, autres civilisations, savons désormais que nous sommes mortels », Paul Valery,
explique qu’au lendemain de la guerre, le monde doit désormais compter avec une Europe fragilisée.

La culture de guerre ne va pas irradier la guerre entre l’entre-deux guerres

Chapitre 2 : Prospérités et fragilités de la France


des années 1920
🡪 Texte de Marc BLOCH, « L’étrange défaite », 1940 (page 125) : il considère que la défaite est
étrange car il y a eu plusieurs faillites :

● Faillite du front, des officiers, des états-majors


● Faillite de l’arrière-front, de l’appareil industriel
● Faillite philosophique de la société française.

Il pointe le mépris des intérêts nationaux, notamment par les élites et par les syndicats.

La conduite de Marc BLOCH est remarquable, il s’engage volontairement à 37 ans pendant la 2nd guerre
mondiale.

Historien spécialisé dans l’histoire médiévale et rurale, il a fondé avec BRAUDEL, l’école des Annales.

Un intérêt national clair n’a pas su être dégagé par l’élite, les syndicats professionnelles. Il constate
l’échec de la mobilisation française en raison d’une paresse intellectuelle, de savoir.

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Biographie de March BLOCH :


March Bloch est né en 1886 et mort en 1944, a exécuté au nom de fait de résistance par des
mouvements de la Gestapo. Il est juif et a été dénaturalisé par le régime de Vichy bien qu’il se soit
engagé volontairement à 53 ans. Son patriotisme était donc réel. Le régime de vichy le rend apatride
du fait de son appartenance religieuse en dépit de son engagement patriotique.

Son texte permet de comprendre comment la crise d’identité se manifeste. Selon lui, elle s’explique
par une « étrange défaite ». Cette étrange défaite témoigne en contrepartie d’une victoire
intellectuelle de l’Allemagne trouvant source dans l’échec de la République.

Il faut ouvrir les yeux sur l’échec de la République en 1940 pour conforter l’identité nationale. Cette
identité se trouve à la croisée de nombreuses dynamiques. Le consensus national qui régnait autour
de la République, n’existe plus en 1940. L’Histoire joue un rôle car elle est « science du changement »,
il faut donc prendre en compte les événements qui adviennent.

M.BLOCH pointe le fait qu’en 1940 la population française est divisée, la République a cessé d’être à la
charnière de toutes les identités. Il y a des traites au régime, se trouvant à tous les étages de la société
(dans les élites mais aussi dans les couches moyennes).

La France a refusé de se cultiver et a perdu le sens historique de l’identité nationale.

Dans son ouvrage, il accuse ceux qui sont à l’origine de l’ignorance française et donc de l’échec :

● La faute des chefs : la France a fait une guerre qui n’était pas adapté
● Les grévistes

Il évoque deux catégories de français qui ne comprendront jamais l’Histoire de France :

⮚ Ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims (le sacre de Clovis) ; il s’agit de la
catégorie qui refuse la monarchie. Or, la France c’est aussi la monarchie.

⮚ Ceux qui lisent sans émotion le discours de la fête de la fédération du 14 juillet 1790 : premier
anniversaire de la Ière République ; ce sont ceux qui refusent la Révolution

On peut ajouter également la catégorie des français qui ignorent tout de ces deux évènements.

M.BLOCH souligne donc le double poids de cet héritage et c’est la synthèse de deux qui fait la France.
L’opposition stérile ne pouvait pas mener à une union nationale pourtant nécessaire face aux forces
hitlériennes.

M.BLOCH dénonce les contradictions de la société française. Il pointe le fait que la société française n’a
pas assumer les éléments en 1940. Cette trahison interne conduit à l’arrivée au pouvoir d’un régime
qui n’a jamais été validé dans les urnes démocratiquement par la société française.

C’est en ce sens que le Général DE GAULLE admettra que le Régime de Vichy est nul et non avenu, et
que la république n’a pas besoin d’être proclamée puisqu’elle n’a jamais été remplacé légitiment.

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Les années 20, souvent désignées « les années folles », sont les années durant lesquelles la France a
cherché à souffler, après quatre années de coûts, de guerre, de traumatismes. On parle de « la belle
illusion de la victoire », car en réalité la situation de la France est incertaine.

Pendant cette période, l’histoire de France et de la classe ouvrière est guidée par l’incertitude des
relations internationales. Ces incertitudes conduisent au fait qu’il n’y a plus d’autonomie interne
assurant une prospérité permettant à la France de se tenir à l’écart des crises de réparation (ce sont
des crises monétaires).

La France espérait le paiement des dettes de guerre par l’Allemagne. Or ce paiement s’est révélé
être impossible financièrement et économiquement pour l’Allemagne. La France espérait, dans une
logique de reconstruction, que les éléments de prospérité interviendraient par ces réparations

I- L’évolution politique : division et alternance


A) Une République de droite réactionnaire, religieuse et
conservatrice
La société française se retrouve divisée et le tableau politique connait des fragilités. Les différentes
partis politique, mis en parenthèses durant les quatre années de guerre, vont reléguer l’idée d’union
nationale.

Le premier mouvement politique qui l’emporte au lendemain de la guerre est le Bloc national. Il s’agit
d’un mouvement de droite, anticommuniste dont le courant socialiste s’est éloigné.

Plusieurs opposants à cette politique ont été obligés de démissionner (ex : G. Clemenceau ; A.
Millerand).

C’est donc une chambre parlementaire qualifiée de « bleu horizon » qui l’emporte. Cette chambre est
une caractérisation du pouvoir politique plus « réactionnaire » teinté d’un catholicisme. On parle du
deuxième ralliement des catholiques à la République. C’est donc de nouveau une République d’ordre
moral.

Cette République morale et conservatrice s’incarne par exemple dans le refus d’accorder le droit vote
aux femmes ; par des minorations sur le droit des femmes ; par des considérations sur les mœurs
vis-à-vis des femmes (ex : une femme au cheveux courts fait scandale à cette période).

🡺 Il y a donc une vision traditionnelle et orientée vers la religion de la république

Le vieillissement de la société conduit à exclure des personnalités du champ politique, notamment


ceux souhaitant un progressisme social.

B) La gauches et ses divisions


Les forces de gauches finissent par arriver au pouvoir, mais il y a des divisions.

Les communistes sont exclus des forces politiques traditionnelles, les mouvements ouvriers se
divisent.

En décembre 1920 le Congrès de Tours conduit à la scission des gauches et donc à la division des
représentants du monde du travail

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La pluralité des courants de gauche (marxisme, jaurésisme, etc) se retrouvent polarisé au sein de
deux grandes alternatives : alternative révolutionnaire ou alternative réformiste.

Au lendemain de la guerre, c’est progressivement l’alternative révolutionnaire qui l’emporte 🡪 70%


des votes. La voix de l’abandon du réformisme sociale est abandonné.

Ainsi, les deux grands courants au sein de la gauche sont d’une part le courant bolchévique, devenu
communiste, et le courant socialiste.

Le courant communiste témoigne d’un certain recours à la violence. Il s’incarne dans le nouveau parti
politique, la SFIC. Il a notamment recours à l’action illégale (la violence), il a recours aux soviets,
c’est-à-dire la centralisation dans les entreprises. Ils appliquent la tactique marxiste (classe contre
classe) contre les patrons et contre les socialistes.

Cependant, les socialistes demeurent dans le refus de la violence bolchévique. Ils se rassemblent
derrière le parti socialiste (ex SFIO). Léon BLUM incarne cette voie réformiste. Il considère que le
réformisme est la voix politique de l’avenir et il a raison puisqu’en 1936 le réformisme s’imposera.

🡺 Il y a donc une division au sein de la gauche entre les communistes et les socialistes.

Cette division politique se retrouve aussi au niveau syndical avec la création de la CGTU en 1921.

Malgré ce contexte de tension, la gauche parvient au pouvoir malgré grâce à la force du radicalisme
politique qui tend la main aux socialistes. Se met alors en place « le cartel des gauches ». A l’issue des
législative de 1924, une majorité se dégage et le gouvernement d’Edouard Herriot pratique des
politiques de gauche.

Mais la gauche échoue devant la crise financière, devant une dévaluation du franc. La banque de
France ne soutient plus la politique de gauche, ne fait plus confiance au gouvernement. Il y a un
échec face au mur de l’argent, face à l’incapacité de répondre à l’échec de la politique de réparation.

Il y a donc eu un retour à une politique de droite, qui est une politique d’union nationale. Raymond
POINTCARE, est appelé en 1926 à revenir au pouvoir par Gaston DOUMERG.

Ancien président, il avait tenté d’imposer à l’Allemagne en 1923 des réparations. Il a militarisé le
bassin industriel de la Ruhr puisque les français puissent saisir les productions industrielles et
minières de l’Allemagne. Il s’agit de la « politique des gages », mais elle a échoué et a été dénoncé à
l’internationale.

POINTCARE échoue à son tour en 1926, et il est contraint à une dévaluation du Franc en 1928. Le
patrimoine des français s’est donc retrouvé fragilisé et cette dévaluation précède la grande crise.

II- Les crises financières et les relations internationales


Ces crises financières ont fragilisé les politiques internes de la France. Elles conduisent à ce que
l’historien, Jean-Noël Jeanneney, a appelé « la cascade des renoncements ».

La France va chercher des alliances à l’étranger mais n’a pas trouvé de soutien.

La société qui advient au lendemain de la première Guerre Mondiale est fragile économiquement.
L’idée que l’Allemagne paierait est une illusion.

D’après les accords la réparation globale des réparations de guerre, la France devait toucher 52% des
réparations, soit 226 milliards de marc or.

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En réalité, l’Allemagne a payé en totalité, 22 milliards de réparation dont 9 milliards pour la France.

Plusieurs plans de rééchelonnement des dettes allemandes ont été mis au point comme le plan
Dawes ou le plan Young. Ces plans prévoyaient un rééchelonnement de la dette allemande jusqu’en
1988. Cela a donc été vivement critiqué par les économistes notamment KEYNES dénonçant
l’impossibilité de l’Allemagne de se reconstruire.

L’espoir des réparations a donc peu à peu été levé. La France a cherché créer au sein de la SDN une
possible nouvelle puissance politique comme alternative : « les Etats-Unis d’Europe », porté par
Aristide BRIAND.

🡺 Il y a donc eu un échec politique, économique et diplomatique

III- Modernité et archaïsme de l’économie et de la société


française durant les années 1920
Malgré quelques secteurs productifs modernes, la société française rentre dans une crise.

1/ Les secteurs industriels attractifs :

Les secteurs attractifs sont l’aviation, le cinéma, l’automobile.

Dans les usines, on constate l’adoption des méthodes tayloriennes et fordistes. Les organisations
scientifiques du travail se développent et on voit apparaitre de grande concentration d’entreprise 🡪
20% des salariés travaillent dans des entreprises de plus de 500 salariés en 1921.

2/ Le renouveau dans la consommation et la distribution :

La modernisation de la distribution témoigne de cette modernité : naissance des chaines, des


supermarchés ; d’une régionalisation des supermarchés (Casino) ; naissance des prises uniques avec
Monoprix

Nouvelle manière de consommation qui unifie le territoire.

3/ Recul sur le travail partagé

On peut constater un recul du travail des femmes et des populations étrangères

Il y a un recul de l’activité féminine. On fait retomber le travail féminin dans le statut invisible
(indemnité de retour au foyer). Elle ne disparait pas mais se transforme notamment dans les secteurs
de tertiarisation.

La société française devient progressivement une société tertiaire.

Il en est de même des populations immigrées. La politique va conduire à une alternance car avec la
crise économique la France a cherché à compenser la faiblesse démographique par les populations
immigrées.

L’origine des immigrés est très diverse et leur répartition sur le territoire n’est pas uniforme (ils sont
plus présents en Lorraine et en Provence).

Une partie de la population va se révéler être xénophobe, pour aucune population l’intégration n’a
été simple. La crise des années 1930 qui s’annonce dès 1926 va renforcer ce rejet des étrangers.

Conclusion :
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La France jusqu’en 1930 semble bénéficier d’un prestige et d’une prospérité illusoire. L’exposition
coloniale à Vincennes constitue le décor d’une prospérité illusoire. La modernisation française est
« incomplète dans les années 1920 » et la société française vit dans une certaine illusion.

Chapitre 3 : Tensions et crises dans la société des


années 1930
🡺 Lire p.37 du fascicule : Le texte de Léon Blum s’inscrit dans l’analyse de la France des années 30

La société des années 30 se traduit par l’accession au pouvoir d’un mouvement de gauche : le Front
populaire.

La France est traversée par une grande crise économique et mondiale, et cette crise fait ressentir dès
1928 au travers de l’augmentation du chômage.

L’économie française connait « une déprime et une dépression permanente » durant la période des
années 30. Elle aura cependant le sentiment, pendant une courte période, d’avoir une embellie et un
souffle d’espoir avec le Front populaire.

La société des années 30 renvoie également à une puissance militaire fragilisée par une doctrine
militaire obsolète qui consistait à construire une ligne de forts, « la ligne Maginot ». Marc Bloch
parlait notamment d’une doctrine militaire « périmée » dans son ouvrage l’Etrange Défaite.

En mai-juin 1940, le Général De Gaulle, a accompli une guerre admirable en montrant par l’action que
la France pouvait reprendre les acquis de la guerre de mouvement de 1918.

La France avait les capacités pour remporter la guerre, mais c’est une mauvaise gestion des moyens
qui a causé la défaite de la France en 1940.

I- Précocité et réalité de la crise économique


🡺 Mythe de la France épargnée ; Mythe de « la prospérité française »

C’est le Krach boursier de Wall Street d’octobre 1929 est à l’origine de la dépression mondiale.

Cette crise touché tous les pays, mais c’est la Grande bretagne a souffert en premier. Elle a dû
dévaluer sa monnaie nationale (la livre sterling) qui donc a été reléguée derrière le dollar.

Il en est de même pour la France, où le franc a de l’être dévalué une nouvelle fois, après la
dévaluation de Poincaré et de Herriot.

La récession française est durable, et se retrouve autour de l’augmentation du chômage. Le chômage


devient réalité avec la faillite des entreprises. C’est une grande nouveauté de l’époque, et on
considérait qu’il y avait 5% de chômeurs.

🡺 Par conséquent un cercle vicieux s’instaure en France.

La pyramide des âges fait que l’activité est moindre pendant cette période. L’Etat va s’épuiser en
subvention pour les secteurs les plus touchés par la crise 🡪 notamment le secteur du textile, puis le
secteur de la métallurgie.

La chute mondiale de la production économique est estimée à 25%.

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Les groupes sociaux les plus atteints par la crise économique sont les groupes ruraux.

Les paysans sont frappés par une chute de 40% des revenus, ce qui explique que les mouvements
populistes très puissants se développent aussi à la campagne (et pas seulement en ville).

Les mouvements fascistes, comme le mouvement des « chemises vertes », se développent et


prennent forme dans les campagnes.

Face à cela, les politiques publiques malthusiennes (politique réductrices) sont inefficaces.

Il n’y aura pas de véritable relance de l’économie française : l’erreur des français était de ne pas se
voir comme un état moderne industriel mais comme un état rural. La France a resonné sur des idéaux
bucoliques, des idéaux ruraux, alors qu’en 1931 elle est majoritairement urbaine.

Le secteur des mobilités :

L’état n’a pas encouragé le développement de l’automobilisme, de la construction des autoroutes.

L’état a eu une politique malthusienne (politique de la réduction) en la matière, et deux lois de


coordinations des transports 1934 et 1937 incarnent cela. Ces lois ont figé l’image mobilitaire de la
France

L’échec économique entretient l’échec politique. Il est fondé sur une illusion d’optique selon laquelle
les budgets pouvaient être conçus sur les réparations de l’Allemagne. La majorité des plans de relance
économique reposaient sur ces réparations allemandes. Or, l’Allemagne n’a jamais été dans la
capacité de rembourser les dettes.

Par ailleurs, rares sont les hommes politiques qui ont une réelle compétence économique à l’époque.

II- Instabilité politique


La société des années 30 se traduit également par une grande période d’instabilité gouvernementale
avec une succession de gouvernement. En moyenne, les gouvernements ne duraient pas plus de 7
mois.

Ceci est paradoxal dans la mesure où bien que le régime soit stable, les gouvernements ne cessent de
se succéder.

Sur la période 1932-1934, cinq gouvernements se sont succédés.

La période 1932-1934 est particulièrement importante car c’est une période de rénovation du
mouvement radical. Cette rénovation est incarnée notamment par Pierre Mendès France et Edouard
Daladier. Ces personnalités influentes ont tenté de moderniser les pratiques.

La crise du 6 février 1934 :


Autour de la politique française, des changements politiques majeurs s’opèrent chez les pays voisins.
L’Allemagne, depuis 1933, connait la montée en puissance des forces nazies. L’Union soviétique
change également sa politique en allant vers une « politique de main-tendue ». la monté des forces
nazies et fascistes ont laissé planer la question de l’existence d’un fascisme français. La possible
existence d’un fascisme français se retrouve notamment au sein des ligueurs qui ont voulu appliquer
des principes fascistes, nazis en France.

La crise du 6 février 1934 est alors une tentative de renversement du régime, du renversement de la
République. Le régime a été traversé par un moment d’émeute qui a failli l’emporter.

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Par la crainte qu’elle a suscité chez les forces politiques de gauche, la crise du 6 février 1934 va
amener à la création d’une alliance au travers du Front populaire. Le Front populaire nait alors après
la tentative de renversement du régime, du renversement de la République le 6 février 1934.

🡺 La grande préoccupation de l’époque est de maitriser la fragilité de la République.

Pour autant, même si des dérives ont existé, il n’y a pas eu de dérives fascistes avant la défaite de
1940. Le régime de Vichy n’a jamais été validé par les urnes, il n’existe pas sans la défaite contre
l’Allemagne. Ce qui empêchait cette dérive avant la guerre, était l’esprit ancien combattant pénétré
par les principes républicains.

L’instabilité politique se fait ressentir depuis la demande d’une réforme des institutions depuis le 16
mai 1877, afin de court-circuiter les principes parlementaires.

III- Embellie du Front Populaire


● Front populaire correspond à une explosion sociale lié à la crise économique :
✔ Ils proposent une solution de gauche à la crise.

✔ Légende rose : domine récit historique


● Le Front populaire n’est pas un nouveau parti mais une alliance, un mouvement qui a mobilisé
dans un expérience réformiste et légaliste les acteurs socialistes de l’époque.

A) Faire le Front Populaire


● Le Front Populaire est une expérience originale : il rappelle le souvenir du « bloc des gauches »
mis en place au moment de l’affaire Dreyfus (= alliance politique en souvenir du combat pour
l’innocence de l’affaire Dreyfus).
● Trois décennies plus tard, 1934 : même logique mais pour la lutte contre le fascisme cette fois ci.
✔ C’est un rassemblement contre le fascisme décrété le 12 février 1934 lors d’une
contre-manifestation.
✔ FP est à l’initiative du communisme : vient à l’encontre la logique classe / classe
→ Il s’est constitué sur un mouvement politique qui bénéficie du renversement de la
tactique classe contre classe intervenu à Moscou.

● S’inscrit dans le paysage : cf région parisienne : banlieue rouge


● Parti communiste :
✔ 130 000 membres en 1930
✔ S’est constitué comme une « contre société »
→ Objectif de s’opposer aux gouvernements bourgeois

● 1934 : appel au rassemblement par le FSIC → politique de la main tendue


→ leur slogan met en avant une trilogie « le pain, la paix et la liberté » cf. préoccupation (Pain :
travail ; Paix : guerre ; Liberté)
● Election de mars 1936 : constitution d’une force politique qui devient majoritaire derrière Léon
Blum (emblème du mouvement politique)
→ Léon Blum souhaite poursuivre l’œuvre réformiste de Jean Jaurès sans contredire le désir de
changement de la société

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● Un mandat est confié à Léon Blum :


✔ La conquête du pouvoir initialement menée par Jean Jaurès est reprise par Léon Blum :
ambition de voir triompher lors d’élection et pas lors d’émeutes.
✔ L’exercice du pouvoir : qui doit s’effectuer dans les limites du mandat que le gouvernement
a donné : ne doit pas conduire au reversement révolutionnaire du régime en cours. « Notre
mandat, notre devoir, c’est d’accomplir notre programme, il s’en suit que nous agirons à
l’intérieur du régime actuel » (Léon Blum).

● Léon Blum (1872, 1950) : Socialiste réformateur


✔ Grand intellectuel, Juriste, littéraire

✔ A son arrivée au pouvoir : il est l’homme le plus détesté de France notamment dans la
presse d’extrême droite
✔ Origines israélites : victime de l’antisémitisme.

✔ Il parvient au pouvoir à un moment clé de la crise économique

✔ Il a été :
o Leader de la majorité du Front Populaire
o Président du conseil à temps plein : coordonne activité interministérielle (en réalité le
premier 1ER ministre).
o Elu en mai 1936
o 1940 : refuse de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain
o Septembre 1940 : arrêté, jugé et déporté par l’occupant nazi dans des camps
allemands
o Devient chef du gvt provisoire le 12 décembre 1945 sous la mouvance du général de
Gaulle
→ il a toujours eu un rôle politique important depuis la 2GM.
✔ Focus 1936 : élu président du conseil mais doit faire face à une explosion populaire : grève
et occupation d’usines (été 1936)

B) Les conquêtes du Front populaire


● Eté 1936 : enjeux fondamentaux de revendications anciennes du monde du travail : aucun gvt
n’était revenu sur ces questions depuis.
● Rapprochement du socialisme au gouvernement républicain : Léon Blum refuse de dire que tout
est possible
● Objectif : répondre aux attentes des socialistes ou ouvriers qui se sont proclamés en grève : avec
des nouvelles pratiques du pouvoir
● Répartition symbolique des ministères qui répond aux volontés d’équilibre
● Nouveautés :
✔ 3 femmes accèdent rang de sous secrétaires d’état :
o Irène Joliot-Curie (à la recherche scientifique)
o Cécile Brunschvicg

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o Suzanne Lacord (institutrice à la protection de l’enfance, au côté de Jean Zay :


politique de la jeunesse et du sport)
✔ Vincent Oriol : ministre des Finances.
✔ Edouard Daladier : ministre de la Défense qui succèdera à Léon Blum comme président du
conseil.

● Réponses politiques apportées aux grèves spontanées (= ne répondent pas à des appels
syndicaux)
✔ Accord Matignon : 7 juin 1936 : tentent de répondre par la voie pacifiste.
o Hausses de salaire de 12%
o Donner à l’organisation de l’usine une lecture plus démocratique qui intègre plus
aisément l’ouvrier aux responsabilités
o Création des conventions collectives
o Election des représentants du personnel
→ nouvel âge du capitalisme plus orienté vers l’écoute, fin du droit divin patronal
✔ Diverses actions, réformes et lois :
o Nationalisation des industries de l’armement
o Création de l’office national interprofessionnel du blé
o Création SNCF (acté en 1937)
o Réforme banque de France
o Les lois de l’été 1936 : vont devenir emblématiques de ce nouveau regard social et
culturel
o Congés payés : le culte du travail se modifie : prétention au bonheur avec l’invention
du temps libre
o Espoir de transformer les rapports avec les colonies
✔ De nouvelles idées :
o Nouvelle idée que l’on ne vit pas pour travailler : l’esprit de délivrance doit
accompagner le passage au pouvoir des représentants du monde du travail =
embellie
o L’idée que la culture est vivante : cf le cinéma doit refléter les aspirations
populaires
o Attribution aux travailleurs d’un petit dividende : rendre aux ouvriers
o Société polarisée par le loisir

C) L’échec du front populaire


● L’Union mystique et attachante structurée autour du Front Populaire est une expérience
socialisante et réformiste mais elle échoue économiquement → il faut décréter une pause dans
les réformes
● S’en suit une radicalisation débat publique :
✔ 1937 : refus d’acter le soutient aux républicains espagnols pendant la guerre d’Espagne
✔ Le Front Populaire devient une alliance centriste, de droite et radicale
● Edouard Daladier reprend la présidence du conseil : tâche de faire face aux avancées nazies
✔ Mais s’opère une division de la majorité qui soutenait le FP en 1936 :
● La « marche à la guerre » va conduire à la dislocation du gvt

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● Accord de Munich : septembre 1938 → sont signés les abandons des minorités germanophones
qui étaient en Tchécoslovaquie : fin de la Tchécoslovaquie : Hitler souhaite que toutes les
minorités germanophones intègrent le grand Reich : Autriche, les minorités des sudètes,
● Politique de désarment et d’apaisement :
● Mais la Guerre s’annonce sur la fragilisation du pouvoir politique Français
● Enterrement du Front Populaire et de la IIIème République : La IIIème République qui est née d’un
échec va s’effondrer dans un échec

Conclusion :
⮚ La France souffre du pacifisme à cette époque : elle est incapable d’un sursaut contre les
dictatures
⮚ Les valeurs de l’exclusion triomphent en 1939 : il n’y a plus d’union nationale, d’union sacrée.

Chapitre 4 : Être mineur au 19ème et 20ème


siècle
Introduction : Qui, quoi et quelles illustrations : à la
recherche du prolétariat des profondeurs
Comment se joue une identité ouvrière, de combat ?

● Qui ? : le prolétariat des profondeurs, les gueules noires :

Les mineurs représentaient le prolétariat des profondeurs, le monde des « gueules noirs ». Une
identité de combat s’y jouait.

Le Monde des mineurs est présenté comme un monde martyrs et de héros.

Un vocabulaire racialiste a souvent été utilisé pour déterminer ce monde du travail. Les mineurs sont
représentés au travers de clichés, qui pour certains ont une part de vérité.

Le monde la mine partait des enfants jusqu’aux adultes, il y avait une cohérence familiale au-delà
d’une cohérence industrielle.

Ils représentaient l’aristocratie de la classe ouvrière.

Les mineurs étaient très exposés aux maladies, aux accidents du travail, aux effets néfastes de la
révolution industrielle.

Les mineurs sont une corporation dans laquelle les communautarismes sont puissants. Des
communautés étrangères (ex : polonais, belges) ont structuré de façon très forte la vie quotidienne
des mineurs.

● Quoi ?

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Les mineurs produisaient « le pain de l’industrie » car ils extrayaient la houille, la mine.

Les mineurs sont symbole du Bureau International du Travail, ils sont distingués dans les
représentations du travail. Il y a donc un monde cohérent.

● Illustration dans différents domaines :

✔ Dans la littérature avec :


o Emile Zola, « Germinal » (1885) : source fondamentale sur ce prolétariat des
profondeurs et sur ces gueules noires.
o Janine Ponty : « Les polonais du Nord ou la mémoire des corons » (1995)
o Diana Cooper – Richet « Le peuple de la nuit, mines et mineurs en France 19/20ème
siècle »
o Joel Michelet « La mine dévoreuse d’hommes » 1999
✔ Thèse de Rolland de TREMPE « les mineurs de Carmaux 1814-1914 » : fondamentale cf 1
siècle d’analyse très riche qui débouche sur cette nouvelle intégration du prolétariat des
profondeurs au jeu républicain.
✔ Lorsque les ≠ institutions cherchent à représenter le T, on se saisit de la figure des
travailleurs du fond pour montrer la difficulté du travail ouvrier :
→ Constantin Meunier (il a mis en évidence dans des représentations sculpturales les
mineurs).
✔ La révolution Bolchévique a fait des mineurs l’emblème de l’avant-garde du mouvement
ouvrier : action révolutionnaire :
→ AlekseÏ Stakhanov : il est le symbole, l’incarnation de ce projet politique idéologique
communiste :
o Il était un excellent mineur → travaillait beaucoup : le stakhanovisme (s’investir et
faire plus que ce que l’on demande).
o Il est un mythe absolu, une imposture absolue dévoilée avec les archives.

Toute cette cohérence prend corps au travers du discours, des différents éléments qui pose le monde
de la mine comme un monde qui se suffit à lui-même. IL y a une anthropologie du monde minier.

A) Le drame de Courrières
C’est la dureté des accidents miniers qui a donné lieu à toute cette politique sociale pour les miniers.

« Le drame de Courrière », survenu le 10 mars 1906 est le plus grand accident du travail jamais
survenu en France.

Cet accident, causé par une explosion de gaz (le grisou), a engendré le décès de 1099 personnes.

A la suite de cela, le monde du travail s’est en sorti changer. La mort, le danger, sont partout au fond
de la mine.

Cette catastrophe est structurante dans l’ensemble des représentations minières.

Cette tragédie a occasionné la création du ministère de la prévoyance sociale et du travail en


décembre 1906.

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B) Le monde des pays noirs, les « black countries »


Ainsi, tous ces éléments permettent de poser le monde de la mine un monde à part entière, comme
le monde des « pays noirs » (« black countries »).

Ces pays ont structuré le système énergétique particulier.

Le monde des pays noirs a structuré la richesse et les tensions sociales d’un grand nombre de pays
par l’exploitation minière, par le monde cohérent à la fois de la surface et du fond de la mine.

Dans le développement des mines, très vite des sources de prospérité se sont entrevues, d’où le
respect porté aux mineurs, l’intérêt porté à la mine. On remarque même des représentations
positives de l’extraction minière dans des ouvrages (cf. livre de Jules Vernes « les indes noires »).

C) Ce qui fonde la richesse de ce monde : la mine au travail


Quels sont les éléments qui fondent la richesse de cette représentation ?

La mine déploie une activité dangereuse faisant du mineur un ouvrier particulier. Il s’agit d’un ouvrier
faisant preuve d’autonomie, de solidarité, d’un certain héroïsme. Il y une responsabilité immense car
la vie des mineurs est en jeu dans ce travail. La solidarité est nécessaire.

Le monde des mineurs est un monde très bruyant, tout le monde «se gueule dessus » pour ce faire
entendre. Les pauses sont donc sacralisées.

Ces éléments assurent la solidarité entre les mineurs

Il y a une très grande diversité des métiers : les métiers sont adaptés à l’âge, à la force de chacun (ex :
les enfants ne vont pas être au front ils vont seulement pousser les petits charriots). Les taches
évoluent avec l’âge.

Il y a un tout un dialecte, des mots, des expressions propres à la mine ce qui induit le fait qu’un
mineur sait reconnaitre un autre mineur.

Le métier de mineur s’apprend au contact, « en voyant faire et en essayant de faire ».

Le monde des mineurs revendique d’inscrire le déplacement du domicile au front, qui peut être très
long (2 heures). Les patrons ne voulaient pas rémunérer ce trajet, alors que les mineurs le
revendiquaient.

Un autre élément propre au monde minier est la lampe minière.

Les salles en surface où les mineurs se changent sont appelées « les salles des pendus » : on pend
sa tenue.

🡺 Il s’agit donc un métier très particulier, dangereux, endogamique !

D) Une culture minière en surface : en dehors de la mine


La cohérence au fond de la mine donne une identité très forte au monde minier.

Cette identité se retrouve en dehors de la mine : en surface, une culture minière avec des
comportements particuliers existent également.

Cela en fait donc une communauté très visible notamment par :

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● L’habitat : la mine a occasionné la création d’habitat minier cohérent 🡪 les corons (coin)
o Les mineurs sont logés ce qui les distinguent des autres ouvriers ;
o Il ne s’agit donc pas d’une population délaissée au contraire il y a une certaine
aisance dans l’habitat minier.
o Ce n’est pas une classe miséreuse.
o Cette aisance se traduit dans les divers témoignages.
o L’intérieur mineur est un intérieur petit bourgeois dans lequel le cadre familial existe.
o Le mineur possède des biens que la plupart des ouvriers n’ont pas (ex : les miroirs 🡪
prête attention à son apparence).
o La famille a une grande importance.
o Leur manière de vivre n’est pas précaire.

● L’encadrement des solidarités et des sociabilités :


o Il y a beaucoup de coopérative minière : achats de bien élémentaires en rapport avec
les capacités financières des minières
o L’encadrement vient du haut par des caisses de secours financées par les compagnies
de mineurs, les associations
o Les mineurs sont des parties prenantes des citadelles ouvrières
o L’encadrement vient du bas également
o Dans ces sociétés de coopérations, les militants étaient embauchés prioritairement 🡪
reproduction de classe
o Les mineurs sont à l’avant-garde des revendications, des avantages obtenus
o Il y a aussi tout un monde festif : la Sainte-Barbe, le 4 décembre 🡪 célébration de la
sainte patronne des mineurs
o Les fêtes sont des occasions pour se rassembler et faire valoir cette identité minière
o Des communautés peuvent se retrouver dans ces fêtes (ex : les polonais)
o Exemple : Fêtes, fanfares, orphéons, élections de miss corons
o Très forte attention portée à l’art, à l’harmonie 🡪 culture populaire musicale très
présente (cet attrait pour l’art se retrouve encore dans les productions littéraires,
cinéastes contemporaines)
o Les mineurs ont un goût très particulier pour les oiseaux : du fait de la dureté, de la
saleté du monde minier, les mineurs ont cultivé le goût de l’élevage des oiseaux (ex :
canaries, colombes, pigeon voyageur)
o Goût très particulier pour le combat de coq + élevage de coq
o Le sport : il y a chez les mineurs ont un goût prononcé pour le football, pratiqué à
côté des mines + le vélo
o Raymond Kopaszewski : initialement mineur dès l’enfance, il devient footballeur
professionnel à Angers, puis au stade de Reims et il a fini sa carrière au Real Madrid
o Michel Platini : le même parcours professionnel que Raymond Kopaszewski
o

● Les combats politiques : le recours à l’identité minière se retrouve au travers de la guerre


sociale
o Les mineurs incarnent l’opposition du capital et du travail
o Il y a des leaders : ils intègrent les revendications de la classe ouvrière
o Rédaction précoce de cahier de doléances
o Volonté d’avoir des représentants des miniers

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o Il y a des grèves, de la violence (cf. fusillade) dans les oppositions


o Il y a des formes de barbarie dans le combat
o Cf. Carmaux en 1892 : la maison du directeur de la compagnie des mines est détruite
o Emile Zola, en 1884, a pointé cette violence sous-jacente dans la mobilisation (cf.
Germinal)
o Les Conventions d’Arras signées en 1891 : aboutissement de ce mouvement de
revendication 🡪 structuration d’une parole politique dont la portée va excéder le
monde minier
o Ce sont des revendications structurées car le monde minier est un monde éduqué
o Les mineurs votent : ils vont voter pour des députés qui vont porter leur parole ; ces
députés vont faire valoir que des lois peuvent être votées
o Des mineurs vont devenir des hommes politiques, des syndicalistes, des députés à la
chambre des députés
o 🡪 Emile Basly : mineur à l’origine, il devient en 1885 député socialiste, il porte le
combat des miniers et proposent des lois. Il devient par la suite le maire de Lens
o Toute une législation sociale à laquelle les mineurs contribuent
o Les avancées sociales sont révélatrices de la force de la communauté minière

Conclusion :
Le monde la mine est monde puissant, dans lequel l’identité passe par la vie quotidienne et par des
événements majeurs. Ils sont indispensables à la Révolution Industrielle mais ils sont en même temps
dans une tension de la précarité.

Les pays mineurs se trouvent exposés à précarité de l’emploi, de la conjoncture économique, de


l’existence quotidienne. On remarque un paradoxe car les mineurs aiment la mine mais ils cherchent
à s’en échapper.

Le monde minier a engendré toute une mythologie : mythologie des témoignages

Le monde de la mine est un monde révolu en France mais ce constat n’est pas homogène : le monde
de la mine n’est pas un monde révolu à l’échelle mondiale ni même à l’échelle européenne.

Les préoccupations liées à la représentation politique de ces classes se retrouvent encore


aujourd’hui : le Rassemblement National fait ses meilleurs scores dans les anciens bassins miniers
aujourd’hui.

Chapitre 5 : Chaine et chaines


Il s’agit de comprendre comment l’appareil productif au niveau mondial s’est structuré autour du
Taylorisme ?

Le modèle tayloriste a été enrichi par le modèle fordiste.

Il y a une nouvelle discipline industrielle illustrée notamment à l’intérieur et à l’extérieur de l’usine


par les travaux de Michel Perrot.

Il y a eu une lente transformation car la rationalisation du travail a été un objectif ouvert lorsque les
pratiques américaines ont été importés dans les années 1920.

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Ces pratiques ont été formalisées par la seconde industrialisation : c’est au travers de l’histoire de
l’automobile, se lit la logique de la rationalisation du travail

La Grande Guerre a été un accélérateur de ce modèle : le recours à la massification du travail, à la


standardisation du travail, à un travail plus scientifique, a fait augmenter la productivité. On a assisté
à la parcellisation des tâches, à la simplification des taches mais également à l’isolement des taches.

L’ouvrier était de plus en plus commandé, contrôlé.

Le pacte de croissance de l’entreprise française se fonde sur une qualification relative des ouvriers et
une déqualification de quelques-uns. Il y a des contradictions entre la précarisation du travail ouvrier
et une plus grande reconnaissance de celui-ci.

Ici est tout l’enjeu de l’acclimatation de ces méthodes

L’importation en France de ces méthodes tayloriennes s’est doublée de l’influence d’Henri Ford. Il a
ajouté au travail à la chaine, au taylorisme, les hauts salaires. Ainsi, le taylorisme doublé du fordisme
assure une stabilité.

Le modèle américain vaut car l’ouvrier américain est plus considéré que l’ouvrier français.

Deux thématiques nouvelles apparaissent avec l’organisation scientifique du travail :

● L’homme machine
● L’organisateur : le contremaitre, l’ingénieur, c’est celui qui sait « the one best way »

On observe le passage d’une usine désorganisée à une usine managée, organisée. Le monde du
travail est un monde de hiérarchie et un monde synchronisé.

Il y a donc une politique de l’ingénierie fondamentale faisant émerger de nouveaux personnages dans
l’usine (les gestionnaires, les ingénieurs-conseils, les ergonomes).

Chapitre 6 : Les représentations tragiques du


monde du travail au cœur des œuvres littéraires,
cinématographiques, artistiques
Il s’agit d’une lecture internationale des questions et des représentations du travail.

Au travers de la littérature, de l’art, de la cinématographie 🡪 musée de l’industrie, du travail au 20ème


siècle.

L’occident réfléchit au poids nouveau de l’industrie, de la technique dans la société

Ceci est un reflet des champs philosophiques nouveaux

C’est un âge nouveau, inédit dans lequel l’occident se trouve plongé

M. HEIDEGGER écrit des textes sur la pensée technique du travail et laisse penser que le travail
devient totalitaire. La perspective du totalitarisme était déjà présente dans les travaux de G. MOSSE.

Les œuvres cinématographiques, les œuvre de littérature, mettent en avant la dureté de ces temps
nouveaux.

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Franz Kafka est au cœur des représentations, devenues légendaires, car il a décrit un monde
« kafkaïen », c’est-à-dire un monde dans lequel la bureaucratie vient se superposer aux machines. Ce
monde « kafkaïen », est parfois représenté dans le cinéma comme un cauchemars. Cet écrivain a
publié des œuvres fondamentales, assez troublantes car elles témoignent des problèmes
psychiatriques qu’il pouvait avoir (ex : La métamorphose 🡪 décrit un monde hostile ; Le Procès
(1925) ; Le Château (1926)).

Franz Kafka était fonctionnaire, il était confronté à la bureaucratie. Il décrit dans ses œuvres la
bureaucratie comme une bureaucratie toute puissante.

Les horizons de ses œuvres sont sinistres, noirs.

Cette vision sinistre de la bureaucratie se retrouve également dans le cinéma avec le film Metropolis
(1926) 🡪 ce film représente la déshumanisation du travail.

Metropolis est la ville du cauchemar industriel dans lequel il y a des armées de travailleurs
déshumanisés.

Ce film permet d’envisager, au même titre que George Orwell dans 1984, un monde oppressé,
totalitaire.

Les régimes dictatoriaux (régime nazi, fachiste, soviétique) utilisaient également la photographie pour
capturer la représentation du travail.

Toute une grammaire qui va se développer autour de personnage portant la révolution du travail 🡪
Stakhanov est l’incarnation de la réussite présumée de la révolution communiste. Il donne lieu à une
doctrine, le « stakhanovisme ». Il incarne l’homme nouveau soviétique. Cependant, c’est un mythe,
une imposture, un mensonge d’Etat car en réalité Stakhanov ne travaillait pas seul.

La contestation du travail en Occident au travers de ce mythe s’effondre par conséquent.

Charlie Chaplin a été pendant longtemps blacklisté de Hollywood en raison des messages que
portaient son œuvre Les Temps modernes. Charlot a été au cœur d’une réflexion politique, d’une
critique du capitalisme taylorien.

Exposition internationale de 1937 en France : elle a été un demi-échec car elle a eu lieu à la suite des
grandes grèves de 1936. La France a donc donné une image d’elle-même désastreuse témoignant de
ses limites. Cette exposition montre l’agressivité du régime nazi, l’affrontement des régimes
totalitaires.

Les représentations du travail ont muté, évolué et sont devenues tragiques avec une représentation
négative du monde du travail. La Révolution Industrielle a relégué l’humain au second rang.

CONCLUSION :
On ne peut pas adopter le point de vue mettant à égalité le progrès industriel et les désastres.

Jean FOURASTIER pose l’idée que l’homme a bénéficié de l’augmentation de moitié de son espérance
de vie et de son niveau de vie grâce à la Révolution industrielle. Le machinisme a provoqué le
bien-être.

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