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Mathieu FLONNEAU
Histoire du Travail
Préambule
Tout sujet en Histoire du Travail peut être rattaché à cinq grands axes problématiques :
● Le rapport à l’individu et aux groupes : les mondes du travail sont des mondes qui se sont
progressivement pensés de façon collective. Karl MARX reprenait l’idée qu’il y avait une
raison dans l’Histoire qui devait être matérialisée par la lutte du prolétariat. La lutte des
classes devait conduire à l’avènement de la classe ouvrière. Mais cette analyse a été vite
critiquée. Edouard palmer Thompson témoigne du caractère réducteur de la conscientisation
marxiste dans le sens où pour les marxistes, les individus laissent la place à la classe. Or, la
prise de conscience collective doit passer en premier lieu par la prise de conscience
individuelle. L’action collective est une perte de sens critique individuel. De nombreux
intellectuels ont critiqué le marxisme politique comme Paul NISAN par exemple, qui a pris
conscience de la dérive du parti communiste française. Deux catégories invisibles se sont
affirmées : les femmes qui ne bénéficiaient pas de reconnaissance et les enfants. Il y a donc
l’idée d’une construction essentielle des individus.
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Chronologiquement, on se situe après la 1ère Guerre Mondiale, après « la Grande Guerre » comme
certain la nomme. Le conflit franco-allemand a pris fin avec la signature de l’Armistice du 11
novembre 1918.
La fin de la 1ère Guerre Mondiale ouvre cependant sur un entre deux guerres et non pas sur un
après-guerre. En histoire, il n’y a pas de théologie, ce qui signifie que la fin n’est pas écrite.
Il est donc intéressant de voir pourquoi ce nouveau monde d’après 1918 a échoué alors qu’il aurait pu
être un monde de paix. Les acteurs de l’époque avaient l’espoir que la 1ère Guerre Mondiale soit la
dernière guerre.
Tout l’enjeu est de comprendre comment cet entre-deux guerre, qui est aussi un avant-guerre,
renvoie à un échec annoncé ? L’opinion publique contemporaine ne voulait entendre que ce qu’elle
souhaitait entendre alors que l’échec avait été annoncé. Il y a donc eu un aveuglement des masses,
de la population française.
Cet aveuglement se retrouve au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale, expliquée notamment par le
profond désir de paix de la société française. Les coûts de la guerre ont été tels que la société
française va devenir progressivement pacifiste refusant tout nouveau conflit.
George MOSSE, dans son ouvrage « De la grande guerre au totalitarisme », montre qu’il y a un
continuum historique que la brutalisation explique. Les hommes et les femmes ont été habitué à un
seuil de violence inouïe. Ce seuil de violence a été préparé par la mort, les blessures industrielles, par
l’industrialisation du conflit. MOSSE fait des régimes nazis, fascistes, des régimes dictatoriaux. Il fait
de cette violence l’ordinaire du temps de paix.
L’ouvrage « La civilisation des mœurs » (1939) de Norbert ELIAS permet de comprendre que
L’occident développé, raffiné, est l’origine d’une barberie. L’Allemagne est à l’origine de deux
barbaries.
La violence est devenue la règle pendant quatre ans entre des sociétés qui s’estimaient avoir atteint
un niveau de développement supérieur.
✔ Des pratiques de combat inédites : 86% des décès ont lieu au front, on meurt au front. Il y a
une rupture du pacte conventionnelle (170 000 morts français à la bataille de Verdun)
✔ Des remises en question des règles de la guerre : les multiples pratiques de guerre
(mitraillette, gaz, obus), il n’y a plus de règles.
L’horreur est devenue quotidienne et les séquelles de cette horreur se retrouve dans le quotidien des
français en 1918. Le quotidien des français voisine avec la mort et le deuil. Les « gueules cassées »,
les mutilés de guerre sont très présents dans le quotidien des français. La vulnérabilité humaine se
retrouve au travers de ces anciens combattants.
La bataille de VERDUN et ses conséquences mortuaires, sont présentes dans l’esprit de tous les
français au lendemain de la guerre.
L’imprégnation la 1ère Guerre Mondiale se retrouve aussi dans la littérature et dans l’art. Tous les prix
littéraires et artistiques les plus célèbres sont imprégnés de cette guerre (exemple : Henri Barbusse
« le feu »).
Lors de chaque commémoration il y a une mobilisation des écoles, et lors de la prière laïque (minute
de silence) il y a une sanctuarisation de ce conflit.
Les monuments aux morts permettent de remobiliser la communauté nationale, sur lesquels une
allégorie est représentée (souvent un soldat en posture compassionnelle). Ils sont universels. Il y a
une logique de nationalisation de ces corps, une logique de patriotisme.
D) Mobilisation de l’économie
La mobilisation de l’économie est passée par l’implication de l’Etat. L’Etat a mobilisé les esprits et
l’économie. On assite à la planification de l’économie durant les quatre années de guerre. L’Etat s’est
immiscé dans l’organisation des grandes entreprises. La planification est donc une parenthèse au
libéralisme habituel.
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Un autre ordre économique a donc eu être pensé et organisé par les élites sociales pour que les
ravitaillements, l’armement du front, puissent être assurés.
● Le Taylorisme
● Le Fordisme
L’organisation du travail a été profondément bouleversée, rationnalisée par la 1ère Guerre Mondiale.
🡺 Il y a donc une extension du rôle de l’Etat ! L’ordre libéral ne sera jamais véritablement retrouvé.
L’énumération des morts est de l’ordre alphabétique. Ce ne sont donc pas les nobles, les aristocrates
ou encore les officiers qui sont citées en premier. Toutes les victimes sont mises sur le même plan
face à la mort. Cela représente « le tournant démocratique de la société française » (A.PROST) . La 1ère
Guerre Mondiale entérine les sections de la population existantes avant la guerre.
Certaines classes sociales ont été plus touchées que d’autres et notamment la classe paysanne car
elle était plus présente dans les tranchées.
La dévaluation de la rente foncière a modifié le rapport à la terre, ce qui explique l’exode rural qui a
suivi après la guerre. Certaines régions ont été plus touchées que d’autres également, par exemple
dans l’est de la France.
Les classes moyennes ont aussi été touchées car elles n’ont pas pu retrouver leur pouvoir d’achat
d’avant-guerre. Compenser leurs pertes financières par l’Allemagne Au lendemain de la guerre, les
politiques budgétaires étaient orientées vers une logique de vengeance auprès de l’Allemagne. Pour
la France, il était logique que l’Allemagne rembourse les dettes. Or, l’Allemagne était dans l’incapacité
de rembourser et de supporter le poids des dettes qui reposait sur elle. Ceci explique pourquoi les
politiques budgétaires françaises n’ont pas permis aux classes moyennes de retrouver leur pouvoir
d’achat initial.
La bourgeoisie a aussi été lésée car elle n’a pas pu récupérer les fruits de ses investissement
internationaux (ex : les emprunts russes).
Au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale, des revendications sociales voient à nouveau le jour
pourtant masquées par l’unanimité dans les tranchées. Le conflit social réapparait, des divisions
sociales et politiques également. En 1919 de grandes grèves sont réprimées, le contexte social est
explosif. Des tensions apparaissent entre commerciaux, bourgeois.
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Ce sont dans les châteaux français tels que le Chateau de Versailles, le château de Sèvre que sont
réglés les sorts des états belligérants perdants. Ce sont des lieux symboliques.
De nouvelles nations interférent, notamment les Etats-Unis. Les USA ne participaient à aucuns
conflits pour une raison de pays interne. Cela explique leur entrée tardive dans les deux guerres
mondiales. Cette grande prudence, conduit le président Wilson à énumérer le 8 janviers 1918, 14
points qui vont servir de base à la diplomatie internationale (« les 14 points du président Wilson »).
Ces 14 points ont mis en lumière des contradictions entre les pays.
Les 14 points du président Wilson ont permis la création d’une société des Nations (la SDN), siégeant
à Genève, qui avait pour mission de gérer les conflits entre nations. Cependant, en raison des droits
de véto, certains conflits étaient insolubles.
L’échec de la SDN explique la raison pour laquelle les Etats-Unis Plus se sont repliés sur une politique
isolationniste (« America First). Les USA ne retirent de toutes représentations internationales
diplomatiques.
Les instances internationales ne sont plus qualifiées pour régler les conflits.
Conclusion :
Au lendemain de la guerre, la société française est totalement fragilisée.
On fait face à une France éprouvée démographiquement (1 400 000 millions de morts)
Par ses cercles de deuils, la société française est traumatisée entièrement, expliquant notamment son
refus dans un premier temps de rentrer en guerre en 1939.
Par sa citation « nous, autres civilisations, savons désormais que nous sommes mortels », Paul Valery,
explique qu’au lendemain de la guerre, le monde doit désormais compter avec une Europe fragilisée.
Il pointe le mépris des intérêts nationaux, notamment par les élites et par les syndicats.
La conduite de Marc BLOCH est remarquable, il s’engage volontairement à 37 ans pendant la 2nd guerre
mondiale.
Historien spécialisé dans l’histoire médiévale et rurale, il a fondé avec BRAUDEL, l’école des Annales.
Un intérêt national clair n’a pas su être dégagé par l’élite, les syndicats professionnelles. Il constate
l’échec de la mobilisation française en raison d’une paresse intellectuelle, de savoir.
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Son texte permet de comprendre comment la crise d’identité se manifeste. Selon lui, elle s’explique
par une « étrange défaite ». Cette étrange défaite témoigne en contrepartie d’une victoire
intellectuelle de l’Allemagne trouvant source dans l’échec de la République.
Il faut ouvrir les yeux sur l’échec de la République en 1940 pour conforter l’identité nationale. Cette
identité se trouve à la croisée de nombreuses dynamiques. Le consensus national qui régnait autour
de la République, n’existe plus en 1940. L’Histoire joue un rôle car elle est « science du changement »,
il faut donc prendre en compte les événements qui adviennent.
M.BLOCH pointe le fait qu’en 1940 la population française est divisée, la République a cessé d’être à la
charnière de toutes les identités. Il y a des traites au régime, se trouvant à tous les étages de la société
(dans les élites mais aussi dans les couches moyennes).
Dans son ouvrage, il accuse ceux qui sont à l’origine de l’ignorance française et donc de l’échec :
● La faute des chefs : la France a fait une guerre qui n’était pas adapté
● Les grévistes
⮚ Ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims (le sacre de Clovis) ; il s’agit de la
catégorie qui refuse la monarchie. Or, la France c’est aussi la monarchie.
⮚ Ceux qui lisent sans émotion le discours de la fête de la fédération du 14 juillet 1790 : premier
anniversaire de la Ière République ; ce sont ceux qui refusent la Révolution
On peut ajouter également la catégorie des français qui ignorent tout de ces deux évènements.
M.BLOCH souligne donc le double poids de cet héritage et c’est la synthèse de deux qui fait la France.
L’opposition stérile ne pouvait pas mener à une union nationale pourtant nécessaire face aux forces
hitlériennes.
M.BLOCH dénonce les contradictions de la société française. Il pointe le fait que la société française n’a
pas assumer les éléments en 1940. Cette trahison interne conduit à l’arrivée au pouvoir d’un régime
qui n’a jamais été validé dans les urnes démocratiquement par la société française.
C’est en ce sens que le Général DE GAULLE admettra que le Régime de Vichy est nul et non avenu, et
que la république n’a pas besoin d’être proclamée puisqu’elle n’a jamais été remplacé légitiment.
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Les années 20, souvent désignées « les années folles », sont les années durant lesquelles la France a
cherché à souffler, après quatre années de coûts, de guerre, de traumatismes. On parle de « la belle
illusion de la victoire », car en réalité la situation de la France est incertaine.
Pendant cette période, l’histoire de France et de la classe ouvrière est guidée par l’incertitude des
relations internationales. Ces incertitudes conduisent au fait qu’il n’y a plus d’autonomie interne
assurant une prospérité permettant à la France de se tenir à l’écart des crises de réparation (ce sont
des crises monétaires).
La France espérait le paiement des dettes de guerre par l’Allemagne. Or ce paiement s’est révélé
être impossible financièrement et économiquement pour l’Allemagne. La France espérait, dans une
logique de reconstruction, que les éléments de prospérité interviendraient par ces réparations
Le premier mouvement politique qui l’emporte au lendemain de la guerre est le Bloc national. Il s’agit
d’un mouvement de droite, anticommuniste dont le courant socialiste s’est éloigné.
Plusieurs opposants à cette politique ont été obligés de démissionner (ex : G. Clemenceau ; A.
Millerand).
C’est donc une chambre parlementaire qualifiée de « bleu horizon » qui l’emporte. Cette chambre est
une caractérisation du pouvoir politique plus « réactionnaire » teinté d’un catholicisme. On parle du
deuxième ralliement des catholiques à la République. C’est donc de nouveau une République d’ordre
moral.
Cette République morale et conservatrice s’incarne par exemple dans le refus d’accorder le droit vote
aux femmes ; par des minorations sur le droit des femmes ; par des considérations sur les mœurs
vis-à-vis des femmes (ex : une femme au cheveux courts fait scandale à cette période).
Les communistes sont exclus des forces politiques traditionnelles, les mouvements ouvriers se
divisent.
En décembre 1920 le Congrès de Tours conduit à la scission des gauches et donc à la division des
représentants du monde du travail
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La pluralité des courants de gauche (marxisme, jaurésisme, etc) se retrouvent polarisé au sein de
deux grandes alternatives : alternative révolutionnaire ou alternative réformiste.
Ainsi, les deux grands courants au sein de la gauche sont d’une part le courant bolchévique, devenu
communiste, et le courant socialiste.
Le courant communiste témoigne d’un certain recours à la violence. Il s’incarne dans le nouveau parti
politique, la SFIC. Il a notamment recours à l’action illégale (la violence), il a recours aux soviets,
c’est-à-dire la centralisation dans les entreprises. Ils appliquent la tactique marxiste (classe contre
classe) contre les patrons et contre les socialistes.
Cependant, les socialistes demeurent dans le refus de la violence bolchévique. Ils se rassemblent
derrière le parti socialiste (ex SFIO). Léon BLUM incarne cette voie réformiste. Il considère que le
réformisme est la voix politique de l’avenir et il a raison puisqu’en 1936 le réformisme s’imposera.
🡺 Il y a donc une division au sein de la gauche entre les communistes et les socialistes.
Cette division politique se retrouve aussi au niveau syndical avec la création de la CGTU en 1921.
Malgré ce contexte de tension, la gauche parvient au pouvoir malgré grâce à la force du radicalisme
politique qui tend la main aux socialistes. Se met alors en place « le cartel des gauches ». A l’issue des
législative de 1924, une majorité se dégage et le gouvernement d’Edouard Herriot pratique des
politiques de gauche.
Mais la gauche échoue devant la crise financière, devant une dévaluation du franc. La banque de
France ne soutient plus la politique de gauche, ne fait plus confiance au gouvernement. Il y a un
échec face au mur de l’argent, face à l’incapacité de répondre à l’échec de la politique de réparation.
Il y a donc eu un retour à une politique de droite, qui est une politique d’union nationale. Raymond
POINTCARE, est appelé en 1926 à revenir au pouvoir par Gaston DOUMERG.
Ancien président, il avait tenté d’imposer à l’Allemagne en 1923 des réparations. Il a militarisé le
bassin industriel de la Ruhr puisque les français puissent saisir les productions industrielles et
minières de l’Allemagne. Il s’agit de la « politique des gages », mais elle a échoué et a été dénoncé à
l’internationale.
POINTCARE échoue à son tour en 1926, et il est contraint à une dévaluation du Franc en 1928. Le
patrimoine des français s’est donc retrouvé fragilisé et cette dévaluation précède la grande crise.
La France va chercher des alliances à l’étranger mais n’a pas trouvé de soutien.
La société qui advient au lendemain de la première Guerre Mondiale est fragile économiquement.
L’idée que l’Allemagne paierait est une illusion.
D’après les accords la réparation globale des réparations de guerre, la France devait toucher 52% des
réparations, soit 226 milliards de marc or.
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En réalité, l’Allemagne a payé en totalité, 22 milliards de réparation dont 9 milliards pour la France.
Plusieurs plans de rééchelonnement des dettes allemandes ont été mis au point comme le plan
Dawes ou le plan Young. Ces plans prévoyaient un rééchelonnement de la dette allemande jusqu’en
1988. Cela a donc été vivement critiqué par les économistes notamment KEYNES dénonçant
l’impossibilité de l’Allemagne de se reconstruire.
L’espoir des réparations a donc peu à peu été levé. La France a cherché créer au sein de la SDN une
possible nouvelle puissance politique comme alternative : « les Etats-Unis d’Europe », porté par
Aristide BRIAND.
Dans les usines, on constate l’adoption des méthodes tayloriennes et fordistes. Les organisations
scientifiques du travail se développent et on voit apparaitre de grande concentration d’entreprise 🡪
20% des salariés travaillent dans des entreprises de plus de 500 salariés en 1921.
Il y a un recul de l’activité féminine. On fait retomber le travail féminin dans le statut invisible
(indemnité de retour au foyer). Elle ne disparait pas mais se transforme notamment dans les secteurs
de tertiarisation.
Il en est de même des populations immigrées. La politique va conduire à une alternance car avec la
crise économique la France a cherché à compenser la faiblesse démographique par les populations
immigrées.
L’origine des immigrés est très diverse et leur répartition sur le territoire n’est pas uniforme (ils sont
plus présents en Lorraine et en Provence).
Une partie de la population va se révéler être xénophobe, pour aucune population l’intégration n’a
été simple. La crise des années 1930 qui s’annonce dès 1926 va renforcer ce rejet des étrangers.
Conclusion :
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La France jusqu’en 1930 semble bénéficier d’un prestige et d’une prospérité illusoire. L’exposition
coloniale à Vincennes constitue le décor d’une prospérité illusoire. La modernisation française est
« incomplète dans les années 1920 » et la société française vit dans une certaine illusion.
La société des années 30 se traduit par l’accession au pouvoir d’un mouvement de gauche : le Front
populaire.
La France est traversée par une grande crise économique et mondiale, et cette crise fait ressentir dès
1928 au travers de l’augmentation du chômage.
L’économie française connait « une déprime et une dépression permanente » durant la période des
années 30. Elle aura cependant le sentiment, pendant une courte période, d’avoir une embellie et un
souffle d’espoir avec le Front populaire.
La société des années 30 renvoie également à une puissance militaire fragilisée par une doctrine
militaire obsolète qui consistait à construire une ligne de forts, « la ligne Maginot ». Marc Bloch
parlait notamment d’une doctrine militaire « périmée » dans son ouvrage l’Etrange Défaite.
En mai-juin 1940, le Général De Gaulle, a accompli une guerre admirable en montrant par l’action que
la France pouvait reprendre les acquis de la guerre de mouvement de 1918.
La France avait les capacités pour remporter la guerre, mais c’est une mauvaise gestion des moyens
qui a causé la défaite de la France en 1940.
C’est le Krach boursier de Wall Street d’octobre 1929 est à l’origine de la dépression mondiale.
Cette crise touché tous les pays, mais c’est la Grande bretagne a souffert en premier. Elle a dû
dévaluer sa monnaie nationale (la livre sterling) qui donc a été reléguée derrière le dollar.
Il en est de même pour la France, où le franc a de l’être dévalué une nouvelle fois, après la
dévaluation de Poincaré et de Herriot.
La pyramide des âges fait que l’activité est moindre pendant cette période. L’Etat va s’épuiser en
subvention pour les secteurs les plus touchés par la crise 🡪 notamment le secteur du textile, puis le
secteur de la métallurgie.
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Les groupes sociaux les plus atteints par la crise économique sont les groupes ruraux.
Les paysans sont frappés par une chute de 40% des revenus, ce qui explique que les mouvements
populistes très puissants se développent aussi à la campagne (et pas seulement en ville).
Face à cela, les politiques publiques malthusiennes (politique réductrices) sont inefficaces.
Il n’y aura pas de véritable relance de l’économie française : l’erreur des français était de ne pas se
voir comme un état moderne industriel mais comme un état rural. La France a resonné sur des idéaux
bucoliques, des idéaux ruraux, alors qu’en 1931 elle est majoritairement urbaine.
L’échec économique entretient l’échec politique. Il est fondé sur une illusion d’optique selon laquelle
les budgets pouvaient être conçus sur les réparations de l’Allemagne. La majorité des plans de relance
économique reposaient sur ces réparations allemandes. Or, l’Allemagne n’a jamais été dans la
capacité de rembourser les dettes.
Par ailleurs, rares sont les hommes politiques qui ont une réelle compétence économique à l’époque.
Ceci est paradoxal dans la mesure où bien que le régime soit stable, les gouvernements ne cessent de
se succéder.
La période 1932-1934 est particulièrement importante car c’est une période de rénovation du
mouvement radical. Cette rénovation est incarnée notamment par Pierre Mendès France et Edouard
Daladier. Ces personnalités influentes ont tenté de moderniser les pratiques.
La crise du 6 février 1934 est alors une tentative de renversement du régime, du renversement de la
République. Le régime a été traversé par un moment d’émeute qui a failli l’emporter.
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Par la crainte qu’elle a suscité chez les forces politiques de gauche, la crise du 6 février 1934 va
amener à la création d’une alliance au travers du Front populaire. Le Front populaire nait alors après
la tentative de renversement du régime, du renversement de la République le 6 février 1934.
Pour autant, même si des dérives ont existé, il n’y a pas eu de dérives fascistes avant la défaite de
1940. Le régime de Vichy n’a jamais été validé par les urnes, il n’existe pas sans la défaite contre
l’Allemagne. Ce qui empêchait cette dérive avant la guerre, était l’esprit ancien combattant pénétré
par les principes républicains.
L’instabilité politique se fait ressentir depuis la demande d’une réforme des institutions depuis le 16
mai 1877, afin de court-circuiter les principes parlementaires.
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✔ A son arrivée au pouvoir : il est l’homme le plus détesté de France notamment dans la
presse d’extrême droite
✔ Origines israélites : victime de l’antisémitisme.
✔ Il a été :
o Leader de la majorité du Front Populaire
o Président du conseil à temps plein : coordonne activité interministérielle (en réalité le
premier 1ER ministre).
o Elu en mai 1936
o 1940 : refuse de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain
o Septembre 1940 : arrêté, jugé et déporté par l’occupant nazi dans des camps
allemands
o Devient chef du gvt provisoire le 12 décembre 1945 sous la mouvance du général de
Gaulle
→ il a toujours eu un rôle politique important depuis la 2GM.
✔ Focus 1936 : élu président du conseil mais doit faire face à une explosion populaire : grève
et occupation d’usines (été 1936)
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● Réponses politiques apportées aux grèves spontanées (= ne répondent pas à des appels
syndicaux)
✔ Accord Matignon : 7 juin 1936 : tentent de répondre par la voie pacifiste.
o Hausses de salaire de 12%
o Donner à l’organisation de l’usine une lecture plus démocratique qui intègre plus
aisément l’ouvrier aux responsabilités
o Création des conventions collectives
o Election des représentants du personnel
→ nouvel âge du capitalisme plus orienté vers l’écoute, fin du droit divin patronal
✔ Diverses actions, réformes et lois :
o Nationalisation des industries de l’armement
o Création de l’office national interprofessionnel du blé
o Création SNCF (acté en 1937)
o Réforme banque de France
o Les lois de l’été 1936 : vont devenir emblématiques de ce nouveau regard social et
culturel
o Congés payés : le culte du travail se modifie : prétention au bonheur avec l’invention
du temps libre
o Espoir de transformer les rapports avec les colonies
✔ De nouvelles idées :
o Nouvelle idée que l’on ne vit pas pour travailler : l’esprit de délivrance doit
accompagner le passage au pouvoir des représentants du monde du travail =
embellie
o L’idée que la culture est vivante : cf le cinéma doit refléter les aspirations
populaires
o Attribution aux travailleurs d’un petit dividende : rendre aux ouvriers
o Société polarisée par le loisir
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● Accord de Munich : septembre 1938 → sont signés les abandons des minorités germanophones
qui étaient en Tchécoslovaquie : fin de la Tchécoslovaquie : Hitler souhaite que toutes les
minorités germanophones intègrent le grand Reich : Autriche, les minorités des sudètes,
● Politique de désarment et d’apaisement :
● Mais la Guerre s’annonce sur la fragilisation du pouvoir politique Français
● Enterrement du Front Populaire et de la IIIème République : La IIIème République qui est née d’un
échec va s’effondrer dans un échec
Conclusion :
⮚ La France souffre du pacifisme à cette époque : elle est incapable d’un sursaut contre les
dictatures
⮚ Les valeurs de l’exclusion triomphent en 1939 : il n’y a plus d’union nationale, d’union sacrée.
Les mineurs représentaient le prolétariat des profondeurs, le monde des « gueules noirs ». Une
identité de combat s’y jouait.
Un vocabulaire racialiste a souvent été utilisé pour déterminer ce monde du travail. Les mineurs sont
représentés au travers de clichés, qui pour certains ont une part de vérité.
Le monde la mine partait des enfants jusqu’aux adultes, il y avait une cohérence familiale au-delà
d’une cohérence industrielle.
Les mineurs étaient très exposés aux maladies, aux accidents du travail, aux effets néfastes de la
révolution industrielle.
Les mineurs sont une corporation dans laquelle les communautarismes sont puissants. Des
communautés étrangères (ex : polonais, belges) ont structuré de façon très forte la vie quotidienne
des mineurs.
● Quoi ?
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Les mineurs produisaient « le pain de l’industrie » car ils extrayaient la houille, la mine.
Les mineurs sont symbole du Bureau International du Travail, ils sont distingués dans les
représentations du travail. Il y a donc un monde cohérent.
Toute cette cohérence prend corps au travers du discours, des différents éléments qui pose le monde
de la mine comme un monde qui se suffit à lui-même. IL y a une anthropologie du monde minier.
A) Le drame de Courrières
C’est la dureté des accidents miniers qui a donné lieu à toute cette politique sociale pour les miniers.
« Le drame de Courrière », survenu le 10 mars 1906 est le plus grand accident du travail jamais
survenu en France.
Cet accident, causé par une explosion de gaz (le grisou), a engendré le décès de 1099 personnes.
A la suite de cela, le monde du travail s’est en sorti changer. La mort, le danger, sont partout au fond
de la mine.
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Le monde des pays noirs a structuré la richesse et les tensions sociales d’un grand nombre de pays
par l’exploitation minière, par le monde cohérent à la fois de la surface et du fond de la mine.
Dans le développement des mines, très vite des sources de prospérité se sont entrevues, d’où le
respect porté aux mineurs, l’intérêt porté à la mine. On remarque même des représentations
positives de l’extraction minière dans des ouvrages (cf. livre de Jules Vernes « les indes noires »).
La mine déploie une activité dangereuse faisant du mineur un ouvrier particulier. Il s’agit d’un ouvrier
faisant preuve d’autonomie, de solidarité, d’un certain héroïsme. Il y une responsabilité immense car
la vie des mineurs est en jeu dans ce travail. La solidarité est nécessaire.
Le monde des mineurs est un monde très bruyant, tout le monde «se gueule dessus » pour ce faire
entendre. Les pauses sont donc sacralisées.
Il y a une très grande diversité des métiers : les métiers sont adaptés à l’âge, à la force de chacun (ex :
les enfants ne vont pas être au front ils vont seulement pousser les petits charriots). Les taches
évoluent avec l’âge.
Il y a un tout un dialecte, des mots, des expressions propres à la mine ce qui induit le fait qu’un
mineur sait reconnaitre un autre mineur.
Le monde des mineurs revendique d’inscrire le déplacement du domicile au front, qui peut être très
long (2 heures). Les patrons ne voulaient pas rémunérer ce trajet, alors que les mineurs le
revendiquaient.
Les salles en surface où les mineurs se changent sont appelées « les salles des pendus » : on pend
sa tenue.
Cette identité se retrouve en dehors de la mine : en surface, une culture minière avec des
comportements particuliers existent également.
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● L’habitat : la mine a occasionné la création d’habitat minier cohérent 🡪 les corons (coin)
o Les mineurs sont logés ce qui les distinguent des autres ouvriers ;
o Il ne s’agit donc pas d’une population délaissée au contraire il y a une certaine
aisance dans l’habitat minier.
o Ce n’est pas une classe miséreuse.
o Cette aisance se traduit dans les divers témoignages.
o L’intérieur mineur est un intérieur petit bourgeois dans lequel le cadre familial existe.
o Le mineur possède des biens que la plupart des ouvriers n’ont pas (ex : les miroirs 🡪
prête attention à son apparence).
o La famille a une grande importance.
o Leur manière de vivre n’est pas précaire.
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Conclusion :
Le monde la mine est monde puissant, dans lequel l’identité passe par la vie quotidienne et par des
événements majeurs. Ils sont indispensables à la Révolution Industrielle mais ils sont en même temps
dans une tension de la précarité.
Le monde de la mine est un monde révolu en France mais ce constat n’est pas homogène : le monde
de la mine n’est pas un monde révolu à l’échelle mondiale ni même à l’échelle européenne.
Il y a eu une lente transformation car la rationalisation du travail a été un objectif ouvert lorsque les
pratiques américaines ont été importés dans les années 1920.
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Ces pratiques ont été formalisées par la seconde industrialisation : c’est au travers de l’histoire de
l’automobile, se lit la logique de la rationalisation du travail
Le pacte de croissance de l’entreprise française se fonde sur une qualification relative des ouvriers et
une déqualification de quelques-uns. Il y a des contradictions entre la précarisation du travail ouvrier
et une plus grande reconnaissance de celui-ci.
L’importation en France de ces méthodes tayloriennes s’est doublée de l’influence d’Henri Ford. Il a
ajouté au travail à la chaine, au taylorisme, les hauts salaires. Ainsi, le taylorisme doublé du fordisme
assure une stabilité.
Le modèle américain vaut car l’ouvrier américain est plus considéré que l’ouvrier français.
● L’homme machine
● L’organisateur : le contremaitre, l’ingénieur, c’est celui qui sait « the one best way »
On observe le passage d’une usine désorganisée à une usine managée, organisée. Le monde du
travail est un monde de hiérarchie et un monde synchronisé.
Il y a donc une politique de l’ingénierie fondamentale faisant émerger de nouveaux personnages dans
l’usine (les gestionnaires, les ingénieurs-conseils, les ergonomes).
M. HEIDEGGER écrit des textes sur la pensée technique du travail et laisse penser que le travail
devient totalitaire. La perspective du totalitarisme était déjà présente dans les travaux de G. MOSSE.
Les œuvres cinématographiques, les œuvre de littérature, mettent en avant la dureté de ces temps
nouveaux.
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Franz Kafka est au cœur des représentations, devenues légendaires, car il a décrit un monde
« kafkaïen », c’est-à-dire un monde dans lequel la bureaucratie vient se superposer aux machines. Ce
monde « kafkaïen », est parfois représenté dans le cinéma comme un cauchemars. Cet écrivain a
publié des œuvres fondamentales, assez troublantes car elles témoignent des problèmes
psychiatriques qu’il pouvait avoir (ex : La métamorphose 🡪 décrit un monde hostile ; Le Procès
(1925) ; Le Château (1926)).
Franz Kafka était fonctionnaire, il était confronté à la bureaucratie. Il décrit dans ses œuvres la
bureaucratie comme une bureaucratie toute puissante.
Cette vision sinistre de la bureaucratie se retrouve également dans le cinéma avec le film Metropolis
(1926) 🡪 ce film représente la déshumanisation du travail.
Metropolis est la ville du cauchemar industriel dans lequel il y a des armées de travailleurs
déshumanisés.
Ce film permet d’envisager, au même titre que George Orwell dans 1984, un monde oppressé,
totalitaire.
Les régimes dictatoriaux (régime nazi, fachiste, soviétique) utilisaient également la photographie pour
capturer la représentation du travail.
Toute une grammaire qui va se développer autour de personnage portant la révolution du travail 🡪
Stakhanov est l’incarnation de la réussite présumée de la révolution communiste. Il donne lieu à une
doctrine, le « stakhanovisme ». Il incarne l’homme nouveau soviétique. Cependant, c’est un mythe,
une imposture, un mensonge d’Etat car en réalité Stakhanov ne travaillait pas seul.
Charlie Chaplin a été pendant longtemps blacklisté de Hollywood en raison des messages que
portaient son œuvre Les Temps modernes. Charlot a été au cœur d’une réflexion politique, d’une
critique du capitalisme taylorien.
Exposition internationale de 1937 en France : elle a été un demi-échec car elle a eu lieu à la suite des
grandes grèves de 1936. La France a donc donné une image d’elle-même désastreuse témoignant de
ses limites. Cette exposition montre l’agressivité du régime nazi, l’affrontement des régimes
totalitaires.
Les représentations du travail ont muté, évolué et sont devenues tragiques avec une représentation
négative du monde du travail. La Révolution Industrielle a relégué l’humain au second rang.
CONCLUSION :
On ne peut pas adopter le point de vue mettant à égalité le progrès industriel et les désastres.
Jean FOURASTIER pose l’idée que l’homme a bénéficié de l’augmentation de moitié de son espérance
de vie et de son niveau de vie grâce à la Révolution industrielle. Le machinisme a provoqué le
bien-être.
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