Vous êtes sur la page 1sur 10

Jean Touchard, La Gauche en France – 1900-1981-, éd.

Points
Seuil, 1977
I. LA GAUCHE DES ANNEES 1900

Bloc des Gauches et Délégation des gauches

>>Y-a-t-il une gauche au début du siècle ? Qu’il y a-t-il de commun entre ces
trois univers distincts ? Y-a-t-il une conscience de gauche ?

1. Les trois gauches


-1895 : naissance de la CGT
-1899 : formation du Gouvernement de défense républicaine (Bloc des gauches)
comprenant pour la première fois un socialiste, Millerand
-1901 : naissance du parti radical
-1902-1905 : Ministère Combes à direction radical politique anticléricale
-avril 1905 : Ministère Clémenceau, briseur de grèves, conflits sociaux =
opposition forte entre socialistes et radicaux

A. Le radicalisme
=premier grand parti fondé en France à l’échelle nationale
Naissance préparée par l’action d’un grand nombre de ligues (de l’enseignement,
des Droits de l’Homme, loges maçonniques)
Pourquoi sa création ? = pour préparer élections de 1902 : succès radical
Premier parti de France avec presque la majorité à la Chambre (250/590)
= pour se maintenir au pouvoir, doit pratiquer po. d’alliance avec la droite et po.
de conjonction sur le centre.
=idéologiquement proche des républicains modérés
=ressemble au début à une sorte de fédération très souple de comités et de
sociétés de pensée quadrillant la France entière.
=manque de chefs prestigieux- pas d’autres thèmes que l’anticléricalisme ?-
sinon George Clémenceau (patriote, boulangiste, dreyfusard) et Joseph Caillaux,
tous deux très contestés au sein même du parti.
=deux types de radicalisme Caillaux : orthodoxie financière, radisme de haut-
fonctionnaire, pré-technocratique.

Le parti radical, c’est l’héritier de la Révolution française, le parti de la


République
+ c’est le parti de la raison : incarnation du rationalisme en politique, de la
science, du progrès…
= fer de lance de l’anticléricalisme
+ les élus expriment les aspirations et les revendications de leur circonscription
=défense des intérêts provinciaux
+défense de la propriété privée
+défense de l’ordre
+sacro-sainte patrie et défense de la paix.
=Défense de la vie quotidienne (Henri Lefebvre)
+impôt sur le revenu
B. Le socialisme
= Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), née en 1905
51 députés en 1906- 35 OOO membres.
En 1914 : 103 élus mais force radicale reste supérieure
5 tendances avant unification de 1905 :
-guesdistes (Parti Ouvrier Français par Jules Guesde et Paul Lafargue) 
marxistes ; nord de la France, Aube, Isère et Midi languedocien
-broussistes/ possibilistes (Paul Brousse) socialisme du possible, à la fois
législatif et municipal ; surtout à Paris ; généralisation du service public ;
progressisme
-allemanistes (Parti Ouvrier socialiste révolutionnaire, Jean Allemane, ancien
communard)  grève générale, antimilitarisme : la CGT leur vole leurs thèmes =
perte d’influence)
-blanquistes/ vaillantistes : (Louis Blanqui, Edouard Vaillant) 1898 : parti
socialiste révolutionnaire, marxisme et socialisme républicain. Grève générale,
socialisme municipal, syndicalisme et parlementarisme.
-Socialistes indépendants : répudient querelles d’écoles et les doctrines trop
strictes (Jean Jaurès, Alexandre Millerand)
30/05/1896 : Banquet de Saint-Mandé : Miller. Exprime la nécessité d’un prgm
minimum pour l’union des différentes familles socialistes : substitution de la
propriété sociale à la propriété capitaliste progressive + suffrage universel
+patriotisme
=Tendance dominante : guesdisme

Qu’est-ce donc ?
= extrême intransigeance doctrinale : socialisme est « fatal », caractère
scientifique du marxisme
=rôle privilégié donné au parti comme instrument de passage au socialisme
CGT se fait contre Guesde + Charte d’Amiens de 1906 est anti guesdiste
= affirmation de classe : lutte bourgeoisie/prolétariat
=>sclérosé : ne voit pas venir la guerre de 1914 + favorise montée de Jaurès

Qu’est-ce que le socialisme de Jaurès ?


=socialisme de synthèse et de conciliation : étroitement lié à la Révolution
=veut concilier individualisme et socialisme « Le socialisme est l’affirmation
suprême du droit individuel »
+socialisme et liberté + patriotisme et pacifisme, nationalisme et
internationalisme.
Pour Jaurès : patrie et justice, patrie et Révolution (patrie support de la
révolution, Révolution accomplissement de la patrie) + patrie et démocratie

Croissance de la SFIO est lente et modeste/ croissance de l’électorat >croissance


des adhérents = ouvriers, employés, enseignants + petite propriété (artisans,
paysans) donnent leurs voix à la SFIO.
Qu’est ce qu’un socialiste de 1900 ?
=un homme qui estime que l’ordre social est injuste et qui veut la propriété
collective (Guesde) ou sociale (Jaurès), et veut changer les choses : réformes
sociales (dont loi de 8H) et réduction du service militaire.
+ Mise sur la démocratie parlementaire
=>parti qui est resté longtemps à l’écart du monde du travail et du syndicalisme
C. Syndicalisme révolutionnaire
= effectifs supérieurs à ceux des partis politiques mais plus bas que syndicats
britanniques. CGT en 1914 : 350000 pour 13 millions de salariés.= faible
pourcentage de syndicalisation.
= syndicalisme de métier : représentants des ouvriers qualifiés, mécaniciens,
tailleurs…=très proches de l’artisanat et sensibles aux traditions.
=> Émanation d’un syndic. Très peu structuré.
-Charte d’Amiens (1906 : grève générale du 1er mai en fav. Des 3x8 et son échec,
brisée par Clems)
=double défiance à l’égard de l’Etat et des partis po.
Action protéiforme : boycottage, grève, sabotage. + Idée de grève générale a
peu à peu gagné le mvt ouvrier fr. sous l’influence d’Aristide Briand.
-Grève ébranle la société et a une fonction éducative : prépare les travailleurs à
leurs futures responsabilités.
Mais après 1910 : la CGT devient de moins en moins révolutionnaire

II. Une conscience de gauche ?


-une certaine idée de la République véhiculée par l’école : changement de vision
progressive, adhésion de plus en plus massive à l’idée et aux principes de la Rép.
-certaine idée de la démocratie : acceptation globale de la démocratie
représentative, parlementaire par socialistes mais aussi par la « droite »
=unifie la gauche mais ne la distingue pas de la droite
-anticléricalisme : grand rassembleur de la gauche : ennemi de la science, du
progrès
-paix et guerre, antimilitarisme et nationalisme : antimilit. Est un fait récent car
sous la Restauration, l’armée était suspecte de libéralisme.
= épanouissement sous l’affaire Dreyfus.
4 types d’antimilitarisme :
° élémentaire du conscrit n’aimant ni la caserne, ni la discipline militaire ?
°de défense républicaine : armée unie avec l’Eglise, contre la république. Donc
républicains unis contre militarisme et contre le péril clérical.
°humanitaire : contre service militaire longue durée, pour une armée de milice
qui puisse être immédiatement mobilisée.
°des syndicalistes révolutionnaires : « le soldat a pour fonction de défendre le
patron contre l’ouvrier »
=> inexistence quasi-totale de conscience de gauche quant à l’antimilitarisme.
En 1914, le nationalisme populaire n’est pas moins ardent que dans d’autres
catégories sociales
la gauche du début du siècle est diversifiée : son unité à cette époque est un
mythe.

II. La gauche des années 1930


1. La société française
-Décembre 1920, congrès de Tours : rupture de l’unité socialiste = naissance du
PCF
=PCF deux fois plus gros que la SFIO
+scission de la CGT -> formation de la CGTU, d’inspiration communiste
-Cartel des gauches 1924-1925

-Les radicaux font parti du Bloc national qui a gagné les élections au lendemain
de la guerre
-1924 : coalition radicaux-socialiste = le Cartel des gauches ; les communistes à
l’écart
-Socialistes soutiennent gouvernement formé par Herriot en 1924 mais refusent
d’y participer
=le Cartel a suscité bcp d’enthousiasme dans les départements ruraux/ peur
provoquée par le gvmt
-Naissance des premières ligues antiparlementaires : Jeunesses Patriotes de
Pierre Taittinger, le Faisceau de Georges Valois
+ Fédération nationale catholique, hostile à Herriot : mars 1925, assemblée des
cardinaux et archevêques hostile au gvmt et à l’Etat laïc.
=rancune des radicaux envers tous ceux qu’ils rendent responsables de leurs
échec : le mur d’argent, la Banque de France…

-Société française n’a pas vraiment changé depuis 1900 = accroissement


démographique lent : société malthusienne
-urbanisation, tertiairisation, transfo de l’industrie (automobile), féminisation
progressive
-Fr. extrêmement morcelée, entre Paris et la province = fondamental dans la
mythologie radicale
-Monde paysan a très peu évolué, monde ouvrier en marge
« Il y a une tristesse ouvrière dont on ne se guérit que par la participation
politique » (George Navel)
-Toujours le poids de la guerre ( les morts, les veuves, les vieilles filles, les
destructions), sur la mentalité des enfants, commémorations importants,
« pèlerinages » à Verdun.
= durant la décennie, la politique n’est pas vraiment ce qui intéresse les Fr.
Les trois affiches les plus placardées dans Paris : Bébé Cadum (Bébé hilare !), Y a
bon Banania (Noir hilare !!), La vache qui rit (Vache hilare !!!)
=événements marquants : enterrements de Foch (1929), de Clémenceau…
+Exploits sportifs (Coupe Davis en 1927, Tour de France gagné par Leduc en
1931) + catastrophes ( 1931, naufrage du Saint-Philibert) + crimes (assassinat
de Doumer, 6/05/32)+ Scandales (Affaire Stavisky, 1933)
=les grands hommes : Pétain ,Gouraud (militaires), Citroën (industriel), Sacha
Guitry, Joséphine Baker (Stars)
 les principales institutions des 30s ne sont pas des institutions politiques.

2. Le radicalisme
= apogée, plus profondément enraciné en tant qu’idéologie mais notion de
« membre » du parti radical est floue.
En 1936, les socialistes passent devant les radicaux
a. Le parti radical : parti provincial, exprimant la diversité de la province
française
=constitué à sa base par des comités (républicain, loges maçonniques, sociétés
de pensée : ligues de l’enseignement, des droits de l’homme)
+institutions comme Société Nationale d’encouragement à l’agriculture (1880)
=> parti des « personnalités » solidement enracinées dans leur conscription :
machine à élus !
+ presse puissante et avant tout provinciale : aime les mots « Républicain »,
« avenir », « progrès », « ère nouvelle ».
+ parti d’hommes vieux même s’il y a un certain nombre de jeunes dirigeants
(PMF)
+ plus de radicalisme ouvrier : est un parti de ruraux, d’employés, de classe
moyenne

II. Personnalités radicales


-Herriot : normalien, agrégé de lettres, n’aime pas le guesdisme, maire de Lyon
(1905)
=la démocratie, le bon sens, le peuple, la France, la justice sociale, la paix et la
raison
=incarne un certain type de Fr., avec sa pipe, son ventre, son coté bon vivant :
parfait résumé du Fr moyen., extrêment critique envers fascisme et communisme
-Daladier agrégé d’histoire mais pas normalien, contre opportunisme d’Herriot,
ouverture à gauche
-Les « jeunes turcs » ex. Pierre Mendès-France. La trentaine, veulent durcir le
parti radical
III. L’idéologie
Qu’est ce qu’un radical des 30s ? = doctrine d’Alain tente une définition + celle
des congrès radicaux.
-Radicalisme d’Alain : Eléments d’une doctrine radicale (1925)
=défensif, contre les châteaux, contre les académies, contre l’Etat
-> po. conçue comme un système de contrôle permanent de l’électeur sur
l’élu… : résistance (pour la liberté) et obéissance (pour l’ordre)
-L’idéologie des militants : distinctions fondamentales : républicain ou pas, laïc ou
pas, « petits »/ « grands »
pour eux, la droite n’est ni républicaine, ni laïque mais anticléricalisme
s’essouffle dans les 30s car second Ralliement (Pie XI) -> déplacement sur la
défense de l’école publique
= glissement anticléricalisme – laïcité – neutralité- fraternité nationale.
+ les « petits » (commerçants, artisans, producteurs…)= réalité profondément
vécue et sentie.
-> une certaine idée de l’Etat : reflexe de se tourner vers l’Etat mais méfiance +
temps de l’éloge de l’équilibre budgétaire
-certaine idée de la France : rurale, celle des 31000 communes, qui veut la paix
tout en assurant la défense nationale : fierté d’être français et d’être radical
-certaine idée du parti : « le parti du travail », « de la collaboration des classes
représentant toutes les aspirations de la nation » (1929) + « Le radicalisme, c’est
le rationalisme en politique » (Herriot)
=> parti de la République, politique accueillante, concrète et quotidienne

Le SOCIALISME
I. le Parti
Après Congrès de Tours, SFIO en pleine décomposition. Puis reprise après 1934 :
a surmonté la rude épreuve du congrès de tours
-Sa structure : à l’origine parti sans appareil mais de militants, Congrès national
annuel
Léon Blum ne dirige pas le parti durant l’entre-deux guerres, même s’il est haute
figure intellectuelle et autorité morale.
Pas de presse vraiment socialiste ou très petit tirage (le Populaire= 60000 vs
l’Huma 150000)
-bases sociales : fédérations existant dans les départements comportant une
forte population ouvrière (le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme…)et rurales (le Var,
la Saône et Loire, l’Eure-et-Loir…)
=déprolétarisation progressive au profit du PCF
-faiblesse du syndicalisme : mythe de la grève générale de plus en plus irréel
après échec des grèves de 1919-1920
Naissance en 1922 de la Confédération Générale du Travail Unitaire – vole des
adhérents à la CGT qui n’est plis que très partiellement une centrale ouvrière
Sous impulsion de Léon Jouhaux, la CGT a opté pour une politique de réforme
mais très peu de résultat sauf création du Conseil économique en 1925.
=> Affrontement entre une centrale syndicale révolutionnaire sans espoir de
révolution et une réformiste qui n’obtient aucune réforme.
Au cours de 30s, embourgeoisement, fonctionnarisation de la CGT
-socialistes apparaissent comme des « Rouges » dangereux pour l’ordre social,
ne sont pas considérés comme de « bons Français ».
II. le socialisme de Léon Blum
=c’est avant tout un choix rationnel ; le souci d’égalité, l’internationalisme et la
solidarité universelle entre les nations (vision quasi-identique à celle de Jaurès)
refuse l’adhésion à la IIIème Internationale car considère communisme comme
parodie du socialisme
à propos des pseudo-succès de l’URSS : « on peut toujours construire des
pyramides avec un grand nombre d’esclaves »
grande figure respectée mais isolée à l’intérieur même du parti qu’il n’a pas pu
modeler car il n’en était pas le chef
III.Le néo-socialisme
= certaine remise en cause du socialisme.
Trois hommes au cœur du débat :
-Marcel Déat : normalien, agrégé de philo., a fait la guerre de 14 (20 ans) 
pacifisme qui l’a mené à la collaboration ?
-Adrien Marquet= son obsession, la participation au pouvoir
-Renaudel = socialiste de droite se réclamant de Jaurès

IV. Crise du socialisme


= adaptation du socialisme à l’évolution de la société capitaliste
-Selon Déat, les socialistes ont tort de se concentrer sur la propriété et la
collectivisation = il faut plutôt « maîtriser les forces »
+ il faut utiliser l’Etat = réhabilitation de l’Etat.
+le socialisme ne doit pas être entièrement prolétarien
-Trois remèdes, toujours selon Déat : contrôle de l’Etat sur la vie éco
(« socialisation de la puissance »)
+socialisation du profit par taxation rigoureuse
+socialisation de la propriété par nationalisation
=thèmes de débat : la nation, la participation au pouvoir mais il n’y a pas eu de
vrai débat : immobilité de la doctrine socialiste, voire immobilisme
est ce que le socialisme doit s’orienter vers un socialisme de contrôle et laisser
tomber la collectivisation ?

4 :LE COMMUNISME
I. Communisme avant la bolchévisation
= certain « romantisme » : première génération de communistes l’était par
fidélité, fidélité à un milieu et à une certaine tradition.
=influence de la guerre : pacifisme humanitaire (Barbusse, Romain Rolland),
l’antimilitarisme catégorique
= Révolution russe : achèvement de la Révolution Fr.
=Romantisme révolutionnaire : révolte contre le conformisme de droite
qu’incarne assez bien Maurice Barrès.
II. L’isolement (1923-1934)
= époque des grandes campagnes antimilitaristes et anticolonialistes, de
l’ouvriérisme et du dogmatisme. + isolement et déclin= baisse des effectifs.
(100000 en 1921 ->moins de 30000 en 1933)
Mais adhésion de certains intellectuels, comme Sartre, Aragon, Eluard…= à la
recherche d’une explication globale du monde et une justification de leur propre
révolte ?
III. Le communisme au temps du Front Populaire
=période de réintégration dans la collectivité nationale
Danger hitlérien provoque nouvelle stratégie de la IIIe Internationale
--> ne pas surestimer le rôle de Maurice Thorez, qui tournait presque au culte de
la personnalité.
=idéologie de défense : défense des classes moyennes, de la paysannerie, des
fonctionnaires, des intérêts locaux, du franc et de la culture française.
=idéologie nationale : exaltation de Jeanne D’Arc , les communistes, les plus sûrs
héritiers des Capétiens ?
-le PCF profite des déceptions provoquées par la SFIO, courbe des effectifs
continue de grimper après 36 (340 000 membres en 1937) jusqu’au pacte
germano-soviétique d’août 1939

5. OPPOSITION DROITE –GAUCHE


=quelles sont les lignes de clivage ? : deux visions de l’histoire, de la société, la
religion, les relations internationales, antifascisme.
-affrontements bipolaires ont rythmé la IIIe Rép. (le boulangisme, Dreyfus, la
Séparation) qui sont encore très vivaces dans les 30s
-grand débat : est-il légitime d’arriver par le mérite, par le talent, par le
concours ?
-univers catho des 30s très cohérent : pas vraiment de catho de gauche – « Dieu
est seule source de souveraineté »
-culte de l’armée et des généraux, monopolisation par la droite de l’adj.
« national » vs coopération internationale = être de gauche, c’est refuser un
certain type d’exaltation cocardière.
-grâce à l’antifascisme, unité de la gauche (précaire) : mais extrême ignorance
de l’opinion française à l’égarde des problèmes internationaux = gallocentrisme
antifascisme plus dirigé contre La Roque que contre Hitler ou Mussolini.
droite et gauche se définissent en fonction d’une certain image passablement
mythique de l’autre.
6. 1936
= Le front Populaire : révolution manquée ? (Daniel Guérin)
F.P répond à des séries de causes (la misère et l’extrême cloisonnement de la
société française + effondrement des prix, baisse de l’indice moyen des revenus,
l’augmentation du nombre de chômeurs, multiplication des faillites.)= principales
victimes (classes moyennes plus atteintes que la classe ouvrière)
Quel est le programme des formations de gauche ?
-Rassemblement Populaire : (10/01/1936)= compromis modéré (restauration du
pouvoir d’achat, meilleure organisation du crédit, assainissement financier)
-Programme socialiste plus hardi et plus précis que celui des communistes :
démontre que la crise éco et la cause de la crise politique = propose
nationalisation des grands monopoles capitalistes
-communiste : souci de modération étonnant : faire attention aux classes
moyennes et opérer un vaste rassemblement de mécontents

Climat de 1936 : peur et espoir cf. André Malraux et son livre Espoir sur la guerre
d’Espagne.
-« Une France libre, forte et heureuse », « Le pain, la paix, la liberté »
-la présence des foules : 12/02/1934 pour la première, une colonne de
manifestants socialistes et une colonne de manifestants communistes
convergent et se confondent sur le cours de Vincennes.
-Haine se déchaine dans 2e semestre 1936 : appel au meurtre de Blum par
Maurras
Y-avait-il alors une volonté révolutionnaire ?
=France encore essentiellement rurale.
=pesanteur d’une opinion provinciale où stéréotypes sont dominants.
=classe ouvrière encore trop isolée et trop miséreuse pour avoir conscience de
ce qu’est une perspective révolutionnaire.
=esprit conservateur des radicaux
=tactique modératrice du parti communiste
 marge de manœuvre de Léon Blum était très étroite.
LA GAUCHE FRANCAISE DE 1940 A 1958

1. LA RESISTANCE ET LA GAUCHE
=grand espoir et grande déception.
- à l’origine : désastre de juin 1940 : la France avait vécu pendant 20 ans sur les
souvenirs de 14-18 : persuadés qu’ils seraient victorieux, parce que défenseurs
de la liberté
Résistance : mouvement élémentaire de dégoût et de refus, au début apolitique
Aucune résistance à la venue au pouvoir de Pétain : personne ne met en doute
son patriotisme et sa volonté de tout faire pour sauver ce qui peut l’être.
=Résistance de juin 40 : « ne pas se rendre »
= // de l’hiver 40-41 : après mesures antisémites, la rencontre de Montoire…
=// après l’entrée en guerre de l’URSS (juin 41) : espoir raisonnable de défaite
allemande
=// d’avril 42 : fin des illusions patriotiques, retour de Laval à Vichy
=// de novembre 42 : occupation de la zone libre par les Allemands, leur défaite à
Stalingrad
=// de 43 : année du STO : maquis constitués par les réfractaires
=// de juin 44 : D-Day
=// d’après la Libération : la France presque entière se retrouve résistante pour
acclamer de Gaulle

Dans la zone occupée, Résistance est essentiellement antihitlérienne, anti-


vichyssoise
Mais on remarque que les responsables des mouvements collabo à Paris sont
pour la plupart d’anciens hommes de gauche (Jacques Doriot, Marcel Déat….)
Rôle des partis dans la Résistance est très inégal :
-le parti radical ne joue aucun rôle : sa structure lâche ne prédisposait guère à
l’action clandestine
-le parti socialiste : juifs assez nombreux à la SFIO donc très touchés par les
mesures de Vichy = patriotisme de parti = la Résistance était socialiste
-les communistes : en 1939 : remise en cause avec le pacte germano-soviétique,
puis alignement sur Moscou= crise profonde
+ ils n’ont pas été à l’avant garde de la lutte antihitlérienne, (n’ont pas attendu
juin 41 pour entrer en Résistance)
=30000 fusillés au total (et non 75000 comme dans le mythe)/ communisme de
guerre est de tradition, de rassemblement, défense de la France = national

L’esprit de la Résistance
=condamnation de la IIIe République + procès des partis politiques+
anticapitaliste
=constant souci de morale, question de la crise de l’homme, du dépassement
nécessaire + volonté révolutionnaire (crise de civilisation)+ nationalisme
« respectueux » de l’Allemand cf. Lettres à un ami allemand de Camus + unité
des combattants qui doit se poursuivre à la fin des combats.
Espoirs et échecs
=incompréhension entre de Gaulle et la Résistance métropolitaine : restauration
d’un Etat alors que ces derniers attendaient une révolution
=la restauration des partis politiques : pas de création d’un parti résistant
=pas de socialisme humaniste à la Léon Blum (congrès d’août 46)
=espoir de la gauche unie déçu

2.RADICALISME
=déroute : dû au rôle modeste des radicaux dans la guerre mais ont subi de
lourdes pertes (Jean Zay, Herriot et Daladier déportés même si Herriot avait
déjeuné avec Laval en 44…)
+la parti radical s’identifie avec la IIIe République. Dont plus personne ne veut.
=remontée après 45 : rapprochement avec les communistes puis rupture avec
eux, et en 46, campagne contre la Constitution puis de 46 à 51, rentre dans le
système , de 51 à 54, le parti radical est un parti de gouvernement
- 54-57, la phase mendésiste (investiture manquée par PMF en juin 53,
gouvernement Mendès de 7 mois – 06/54_02/55-PMF ministre sous
gouvernement Guy Mollet en 56, perte de la direction du parti en 05/57)
typologie des radicalismes
_ provincial de comités
_ radicaux progressistes qui ont quitté le parti quand il a viré vers la droite en 46
_ néo-radicalisme avec les milieux bancaires : anticommunisme et antiétatisme,
attachement à la défense de l’Empire français

Le « mendésisme » de PMF
= souci de réalisme, d’efficacité et de franchise + bonnes formules « Dire la
vérité », « Gouverner, c’est choisir » + confiance dans la technique, l’éco et la
science
=attachement vif à la démocratie parlementaire et défiance à l’égard du régime
présidentiel
=// au cadre départemental et à la fonction de député
= patriotisme et nationalisme

Les raisons d’un échec


= à cause de la sclérose du parti radical et de sa base incertaine et médiocre
=tentative de rénovation du radicalisme trop maladroite et brutale
=dissolution de 55 trop tôt
= est resté un mouvement d’intellectuels, de fonctionnaire, d’étudiants, de
bourgeoisie urbaine
= Mendès victime de lui-même de son inaptitude à créer autour de lui une
véritable force politique

LE SOCIALISME DEPUIS 1945


°problèmes de la SFIO à la libération : une grande partie des parlementaires
socialistes avaient voté pour les pleins pouvoirs de Pétain le 10/07/40 :
-épuration du parti rapide et rigoureuse
-situation par rapport aux mouvements de la Résistance
-situation par rapport au parti communiste : élections d’avril-mai 45 = sommet
du rapprochement entre socialo et communistes
-Grand débat de 46 est doctrinal, il s’agit d’enrayer la chute constante des
effectifs, de reconquérir la base ouvrière
=Que signifie l’internationalisme prolétarien au moment où la SFIO devient un
parti de gouvernement dans un pays qui a choisi le camp atlantique ?
-> idéologie devient de plus en plus rétrospective et nostalgique
-Naissance de la Force Ouvrière en 47, contre le communisme
-absence sous la Ive République d’idéologie proprement syndical en France
°Le socialisme de Guy Mollet
=le parti, c’est sa vie. Recours fréquent à l’histoire, aux assimilations (Nasser,
c’est Hitler)
4. LA GAUCHE INDEPENDANTE
-Littérature et politique n’ont jamais été aussi proches (De Beauvoir et Sartre,
Camus vs Mauriac, Malraux au RPF...)
=discrédit des partis à la suite de Vichy, rejet de la IIIe Rép., volonté d’un
nouveau style de politique
5.LE COMMUNISME
-communisme gouvernemental (44-47) : premier parti du pays, 1 million de
membres en 46
-l’isolement (47-62) : début de la guerre froide
en 58, le gaullisme a enlevé aux communistes du tiers de son électorat=
Pourquoi ?
=Budapest : intervention des chars russes en 56
=confiance à De Gaulle pour régler la question algérienne.
=aversion pour la IV eme Rép, PCF ne proposait pas de véritable alternative.
=distance sociologique séparant l’électorat communiste du reste de la population
se réduit ?

Vous aimerez peut-être aussi