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Seuil, 1977
I. LA GAUCHE DES ANNEES 1900
>>Y-a-t-il une gauche au début du siècle ? Qu’il y a-t-il de commun entre ces
trois univers distincts ? Y-a-t-il une conscience de gauche ?
A. Le radicalisme
=premier grand parti fondé en France à l’échelle nationale
Naissance préparée par l’action d’un grand nombre de ligues (de l’enseignement,
des Droits de l’Homme, loges maçonniques)
Pourquoi sa création ? = pour préparer élections de 1902 : succès radical
Premier parti de France avec presque la majorité à la Chambre (250/590)
= pour se maintenir au pouvoir, doit pratiquer po. d’alliance avec la droite et po.
de conjonction sur le centre.
=idéologiquement proche des républicains modérés
=ressemble au début à une sorte de fédération très souple de comités et de
sociétés de pensée quadrillant la France entière.
=manque de chefs prestigieux- pas d’autres thèmes que l’anticléricalisme ?-
sinon George Clémenceau (patriote, boulangiste, dreyfusard) et Joseph Caillaux,
tous deux très contestés au sein même du parti.
=deux types de radicalisme Caillaux : orthodoxie financière, radisme de haut-
fonctionnaire, pré-technocratique.
Qu’est-ce donc ?
= extrême intransigeance doctrinale : socialisme est « fatal », caractère
scientifique du marxisme
=rôle privilégié donné au parti comme instrument de passage au socialisme
CGT se fait contre Guesde + Charte d’Amiens de 1906 est anti guesdiste
= affirmation de classe : lutte bourgeoisie/prolétariat
=>sclérosé : ne voit pas venir la guerre de 1914 + favorise montée de Jaurès
-Les radicaux font parti du Bloc national qui a gagné les élections au lendemain
de la guerre
-1924 : coalition radicaux-socialiste = le Cartel des gauches ; les communistes à
l’écart
-Socialistes soutiennent gouvernement formé par Herriot en 1924 mais refusent
d’y participer
=le Cartel a suscité bcp d’enthousiasme dans les départements ruraux/ peur
provoquée par le gvmt
-Naissance des premières ligues antiparlementaires : Jeunesses Patriotes de
Pierre Taittinger, le Faisceau de Georges Valois
+ Fédération nationale catholique, hostile à Herriot : mars 1925, assemblée des
cardinaux et archevêques hostile au gvmt et à l’Etat laïc.
=rancune des radicaux envers tous ceux qu’ils rendent responsables de leurs
échec : le mur d’argent, la Banque de France…
2. Le radicalisme
= apogée, plus profondément enraciné en tant qu’idéologie mais notion de
« membre » du parti radical est floue.
En 1936, les socialistes passent devant les radicaux
a. Le parti radical : parti provincial, exprimant la diversité de la province
française
=constitué à sa base par des comités (républicain, loges maçonniques, sociétés
de pensée : ligues de l’enseignement, des droits de l’homme)
+institutions comme Société Nationale d’encouragement à l’agriculture (1880)
=> parti des « personnalités » solidement enracinées dans leur conscription :
machine à élus !
+ presse puissante et avant tout provinciale : aime les mots « Républicain »,
« avenir », « progrès », « ère nouvelle ».
+ parti d’hommes vieux même s’il y a un certain nombre de jeunes dirigeants
(PMF)
+ plus de radicalisme ouvrier : est un parti de ruraux, d’employés, de classe
moyenne
Le SOCIALISME
I. le Parti
Après Congrès de Tours, SFIO en pleine décomposition. Puis reprise après 1934 :
a surmonté la rude épreuve du congrès de tours
-Sa structure : à l’origine parti sans appareil mais de militants, Congrès national
annuel
Léon Blum ne dirige pas le parti durant l’entre-deux guerres, même s’il est haute
figure intellectuelle et autorité morale.
Pas de presse vraiment socialiste ou très petit tirage (le Populaire= 60000 vs
l’Huma 150000)
-bases sociales : fédérations existant dans les départements comportant une
forte population ouvrière (le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme…)et rurales (le Var,
la Saône et Loire, l’Eure-et-Loir…)
=déprolétarisation progressive au profit du PCF
-faiblesse du syndicalisme : mythe de la grève générale de plus en plus irréel
après échec des grèves de 1919-1920
Naissance en 1922 de la Confédération Générale du Travail Unitaire – vole des
adhérents à la CGT qui n’est plis que très partiellement une centrale ouvrière
Sous impulsion de Léon Jouhaux, la CGT a opté pour une politique de réforme
mais très peu de résultat sauf création du Conseil économique en 1925.
=> Affrontement entre une centrale syndicale révolutionnaire sans espoir de
révolution et une réformiste qui n’obtient aucune réforme.
Au cours de 30s, embourgeoisement, fonctionnarisation de la CGT
-socialistes apparaissent comme des « Rouges » dangereux pour l’ordre social,
ne sont pas considérés comme de « bons Français ».
II. le socialisme de Léon Blum
=c’est avant tout un choix rationnel ; le souci d’égalité, l’internationalisme et la
solidarité universelle entre les nations (vision quasi-identique à celle de Jaurès)
refuse l’adhésion à la IIIème Internationale car considère communisme comme
parodie du socialisme
à propos des pseudo-succès de l’URSS : « on peut toujours construire des
pyramides avec un grand nombre d’esclaves »
grande figure respectée mais isolée à l’intérieur même du parti qu’il n’a pas pu
modeler car il n’en était pas le chef
III.Le néo-socialisme
= certaine remise en cause du socialisme.
Trois hommes au cœur du débat :
-Marcel Déat : normalien, agrégé de philo., a fait la guerre de 14 (20 ans)
pacifisme qui l’a mené à la collaboration ?
-Adrien Marquet= son obsession, la participation au pouvoir
-Renaudel = socialiste de droite se réclamant de Jaurès
4 :LE COMMUNISME
I. Communisme avant la bolchévisation
= certain « romantisme » : première génération de communistes l’était par
fidélité, fidélité à un milieu et à une certaine tradition.
=influence de la guerre : pacifisme humanitaire (Barbusse, Romain Rolland),
l’antimilitarisme catégorique
= Révolution russe : achèvement de la Révolution Fr.
=Romantisme révolutionnaire : révolte contre le conformisme de droite
qu’incarne assez bien Maurice Barrès.
II. L’isolement (1923-1934)
= époque des grandes campagnes antimilitaristes et anticolonialistes, de
l’ouvriérisme et du dogmatisme. + isolement et déclin= baisse des effectifs.
(100000 en 1921 ->moins de 30000 en 1933)
Mais adhésion de certains intellectuels, comme Sartre, Aragon, Eluard…= à la
recherche d’une explication globale du monde et une justification de leur propre
révolte ?
III. Le communisme au temps du Front Populaire
=période de réintégration dans la collectivité nationale
Danger hitlérien provoque nouvelle stratégie de la IIIe Internationale
--> ne pas surestimer le rôle de Maurice Thorez, qui tournait presque au culte de
la personnalité.
=idéologie de défense : défense des classes moyennes, de la paysannerie, des
fonctionnaires, des intérêts locaux, du franc et de la culture française.
=idéologie nationale : exaltation de Jeanne D’Arc , les communistes, les plus sûrs
héritiers des Capétiens ?
-le PCF profite des déceptions provoquées par la SFIO, courbe des effectifs
continue de grimper après 36 (340 000 membres en 1937) jusqu’au pacte
germano-soviétique d’août 1939
Climat de 1936 : peur et espoir cf. André Malraux et son livre Espoir sur la guerre
d’Espagne.
-« Une France libre, forte et heureuse », « Le pain, la paix, la liberté »
-la présence des foules : 12/02/1934 pour la première, une colonne de
manifestants socialistes et une colonne de manifestants communistes
convergent et se confondent sur le cours de Vincennes.
-Haine se déchaine dans 2e semestre 1936 : appel au meurtre de Blum par
Maurras
Y-avait-il alors une volonté révolutionnaire ?
=France encore essentiellement rurale.
=pesanteur d’une opinion provinciale où stéréotypes sont dominants.
=classe ouvrière encore trop isolée et trop miséreuse pour avoir conscience de
ce qu’est une perspective révolutionnaire.
=esprit conservateur des radicaux
=tactique modératrice du parti communiste
marge de manœuvre de Léon Blum était très étroite.
LA GAUCHE FRANCAISE DE 1940 A 1958
1. LA RESISTANCE ET LA GAUCHE
=grand espoir et grande déception.
- à l’origine : désastre de juin 1940 : la France avait vécu pendant 20 ans sur les
souvenirs de 14-18 : persuadés qu’ils seraient victorieux, parce que défenseurs
de la liberté
Résistance : mouvement élémentaire de dégoût et de refus, au début apolitique
Aucune résistance à la venue au pouvoir de Pétain : personne ne met en doute
son patriotisme et sa volonté de tout faire pour sauver ce qui peut l’être.
=Résistance de juin 40 : « ne pas se rendre »
= // de l’hiver 40-41 : après mesures antisémites, la rencontre de Montoire…
=// après l’entrée en guerre de l’URSS (juin 41) : espoir raisonnable de défaite
allemande
=// d’avril 42 : fin des illusions patriotiques, retour de Laval à Vichy
=// de novembre 42 : occupation de la zone libre par les Allemands, leur défaite à
Stalingrad
=// de 43 : année du STO : maquis constitués par les réfractaires
=// de juin 44 : D-Day
=// d’après la Libération : la France presque entière se retrouve résistante pour
acclamer de Gaulle
L’esprit de la Résistance
=condamnation de la IIIe République + procès des partis politiques+
anticapitaliste
=constant souci de morale, question de la crise de l’homme, du dépassement
nécessaire + volonté révolutionnaire (crise de civilisation)+ nationalisme
« respectueux » de l’Allemand cf. Lettres à un ami allemand de Camus + unité
des combattants qui doit se poursuivre à la fin des combats.
Espoirs et échecs
=incompréhension entre de Gaulle et la Résistance métropolitaine : restauration
d’un Etat alors que ces derniers attendaient une révolution
=la restauration des partis politiques : pas de création d’un parti résistant
=pas de socialisme humaniste à la Léon Blum (congrès d’août 46)
=espoir de la gauche unie déçu
2.RADICALISME
=déroute : dû au rôle modeste des radicaux dans la guerre mais ont subi de
lourdes pertes (Jean Zay, Herriot et Daladier déportés même si Herriot avait
déjeuné avec Laval en 44…)
+la parti radical s’identifie avec la IIIe République. Dont plus personne ne veut.
=remontée après 45 : rapprochement avec les communistes puis rupture avec
eux, et en 46, campagne contre la Constitution puis de 46 à 51, rentre dans le
système , de 51 à 54, le parti radical est un parti de gouvernement
- 54-57, la phase mendésiste (investiture manquée par PMF en juin 53,
gouvernement Mendès de 7 mois – 06/54_02/55-PMF ministre sous
gouvernement Guy Mollet en 56, perte de la direction du parti en 05/57)
typologie des radicalismes
_ provincial de comités
_ radicaux progressistes qui ont quitté le parti quand il a viré vers la droite en 46
_ néo-radicalisme avec les milieux bancaires : anticommunisme et antiétatisme,
attachement à la défense de l’Empire français
Le « mendésisme » de PMF
= souci de réalisme, d’efficacité et de franchise + bonnes formules « Dire la
vérité », « Gouverner, c’est choisir » + confiance dans la technique, l’éco et la
science
=attachement vif à la démocratie parlementaire et défiance à l’égard du régime
présidentiel
=// au cadre départemental et à la fonction de député
= patriotisme et nationalisme