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Thème 3 

: La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial

Classe de 1re
Repères annuels de
Démarches et contenus d’enseignement
programmation
Thème 3 : La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial
Ce chapitre vise à montrer la manière dont le régime républicain se
met en place et s’enracine ainsi que les oppositions qu’il rencontre.
On peut mettre en avant :
 1870-1875 : l’instauration de la République et de la démocratie
parlementaire ;
 L’affirmation des libertés fondamentales ;
 Le projet d’unification de la nation autour des valeurs de 1789 et
 La mise en œuvre du ses modalités de mise en œuvre (symboles, lois scolaires, …) ;
projet républicain  Les oppositions qui s’expriment (courants révolutionnaires, refus
de la politique laïque par l’Église catholique, structuration de
l’antisémitisme autour de l’affaire Dreyfus, nationalisme, …) ;
 Le refus du droit de vote des femmes.
Points de passage et d’ouverture :
- 1871 – Louise Michel pendant la Commune de Paris.
- 1885 – Les funérailles nationales de Victor Hugo.
- 1905 – La loi de séparation des Églises et de l’État : débats et mise
en œuvre.
Ce chapitre vise à montrer les spécificités de la société française qui
connaît une révolution industrielle importante tout en demeurant
majoritairement rurale.
On peut mettre en avant :
 L’industrialisation et les progrès techniques ;
 Permanences et  La question ouvrière et le mouvement ouvrier ;
mutations de la société  L’immigration et la place des étrangers ;
française jusqu’en 1914  L’importance du monde rural et ses difficultés ;
 L’évolution de la place des femmes.
Points de passage et d’ouverture :
- 1891 – La fusillade de Fourmies du 1er mai.
- Les expositions universelles de 1889 et 1900.
- Le Creusot et la famille Schneider.
 Métropole et colonies Ce chapitre vise à étudier la politique coloniale de la IIIe République,
les raisons sur lesquelles elle s’est fondée, les causes invoquées par les
républicains. Le contexte international de cette politique est également
étudié, ainsi que ses effets dans les territoires colonisés.
On peut mettre en avant :
 L’expansion coloniale française : les acteurs, les motivations et les
territoires de la colonisation ;
 Les débats suscités par cette politique ;
 Les chocs entre puissances occasionnés par cette expansion ;
 Le cas particulier de l’Algérie (conquise de 1830 à 1847)
organisée en départements français en 1848 ;
 Le fonctionnement des sociétés coloniales (affrontements,
résistances, violences, négociations, contacts et échanges).
Points de passage et d’ouverture :
- 1887 – Le code de l’indigénat algérien est généralisé à toutes les
colonies françaises.
- 1898 – Fachoda, le choc des impérialismes.
- Saigon, ville coloniale.

INTRODUCTION
Accroche : Image projetée (p. 162-163 du manuel), faire détailler le tableau aux élèves,
identifier tous les symboles, les classes sociales présentes, l’atmosphère, et pourquoi pas le but de
ce tableau (propagande) même si l’auteur et la date sont inconnus.
C’est un défilé de bataillons scolaires. Le 14 juillet 1883, jour de la fête nationale, a lieu
l’inauguration du Monument à la République des frères Morice, sur l’actuelle place de la République à
Paris. Cette statue est le projet gagnant d’un concours organisé par le conseil municipal de Paris. Le
nouveau régime marque ainsi un peu plus la capitale de son empreinte.
Problématique : En quoi la IIIe République, malgré les oppositions, permet-elle l’apparition
d’une nation nouvelle, et l’émergence de nouvelles questions sociales et politiques ?

I – LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET RÉPUBLICAIN


Objectifs : - Expliquer comment le régime républicain parvient à s’inscrire durablement dans les
années 1870.
- Expliquer que le projet d’unification de la nation s’inscrit dans la continuité de la
Révolution française.
- Montrer que les contestations auxquelles fait face le régime ne parviennent toutefois
pas à le déstabiliser.
A – La mise en place de la République
Mise en contexte : Images projetées (bureau de vote et bal du 14 juillet), pour mettre en avant la
mise en place du suffrage universel masculin, et la continuité révolutionnaire du régime.
La Commune de Paris : Le 4 septembre, après la défaite de Sedan, Léon Gambetta proclame la
République à l’Hôtel de Ville avec des députés modérés, devançant de peu des députés radicaux. Il
forme un gouvernement de Défense nationale.
Aux législatives du 8 février 1871, les monarchistes l’emportent. Les républicains paient la volonté
de Gambetta de poursuivre la guerre, alors que le peuple veut la paix. Le 17 février, Adolphe Thiers
est désigné par les députés « chef du pouvoir exécutif de la République ». La paix avec la Prusse est
signée.
La victoire monarchiste et la défaite/paix signée créent des émeutes à Paris en mars 1871. Thiers et
le gouvernement fuient, laissant la ville aux mains des émeutiers qui élisent leur propre gouvernement
insurrectionnel : la Commune. Les Parisiens défendent la République et les mesures sociales. En mai,
l’armée réprime la Commune, c’est la Semaine sanglante (10 000 morts).
Activité : Questions p. 166-167.
1. Quelles sont les conséquences de la défaite pour la nation ?
o Les indemnités de guerre sont très élevées (6 milliards, révisés à 5 milliards par
A. Thiers sous condition d’un règlement rapide), tandis que les territoires perdus,
l’Alsace et le nord de la Lorraine, étaient alors parmi les plus industrialisés du pays
et fournissaient des ressources essentielles (gisements miniers). La perte
démographique est très importante (1,6 million de Français sont intégrés à
l’Empire allemand et 156 000 soldats sont morts). L’occupation militaire pèse
très lourd sur les Français du Nord qui subissent des exactions et des viols. La
défaite est ressentie comme une humiliation par les Français (« tache grise » ou «
tache noire » de la carte de France murale).
2. Dans quel contexte se déroulent les combats qui mettent fin à la Commune ?
o La France est occupée par la Prusse, même si la paix a été signée. Lorsqu’éclate
l’insurrection de la Commune de Paris, les troupes prussiennes occupent une partie
du nord et de l’est de la France et encerclent Paris. Selon les termes des
préliminaires de paix, elles avaient même défilé dans les rues de Paris le 1 er mars.
Le gouvernement provisoire, replié à Versailles, envoie l’armée à l’assaut des
communards. Les Versaillais parviennent à entrer par l’ouest de Paris le 21 mai.
3. Expliquez la fragilité du régime républicain au moment de sa naissance.
o La République a été proclamée alors que l’armée de Napoléon III est vaincue et
que la France est envahie par les troupes prussiennes. Bien que Gambetta
parvienne à galvaniser le patriotisme d’une partie des Français, qui s’engagent
pour repousser l’envahisseur, les combats sont violents et plusieurs villes, dont la
capitale, subissent un siège très dur pendant l’hiver 1870-1871. Ces conditions
expliquent le vote des Français, notamment des ruraux qui sont alors majoritaires,
en faveur de la paix et donc des candidats monarchistes. Par conséquent, bien
que la République ait été proclamée le 4 septembre 1870, ses institutions sont
dirigées jusqu’en 1876 par des monarchistes qui tentent de rétablir un roi sur le
trône.
 Point de passage : Louise Michel (éventuellement).
Activité : Étude du doc 2 p. 168, montrer que Louise Michel est une révolutionnaire, puis
expliquer ses idées et pourquoi elles lui sont reprochées.
Correction : Louise Michel participe aux combats et aux décisions de la Commune de Paris. Après
son retour de déportation en Nouvelle-Calédonie, elle milite en tant qu’anarchiste au sein du
mouvement ouvrier. Elle défend l’idée d’une « révolution sociale » qui mettrait fin au capitalisme et
favoriserait le « bien-être » du peuple. Il s’agirait par exemple de confisquer les biens des grands
propriétaires, notamment de l’Église, pour les redistribuer au peuple. Ces idées effraient les
Versaillais, notamment les militaires qui la jugent en Conseil de guerre. En effet les Versaillais sont de
tendance conservatrice et monarchiste.
Activité : Document 1 p. 174, montrer que la Constitution de la IIIe République a fondé un
régime démocratique.
Correction : La constitution de la IIIe République donne un pouvoir essentiel à la Chambre des
députés, élue au suffrage universel direct, qui est à l’origine des propositions de lois qu’elle vote de
concert avec le Sénat. La Chambre peut aussi voter la défiance vis-à-vis de la politique du
gouvernement, qu’elle contrôle ainsi. Le président avait à l’origine un pouvoir non négligeable qui
s’ajoutait à son long mandat de 7 ans, mais après 1877 il ne peut plus user de son droit de dissolution
de la Chambre, et il perd en 1884 son droit de révision de la constitution. Les députés concentrant
l’essentiel du pouvoir, on parle de régime parlementaire.
CM : Les présidents Thiers puis Mac-Mahon (monarchiste) mènent une politique conservatrice.
Mac-Mahon démissionne en 1879, les républicains redeviennent majoritaires au Sénat et à
l’Assemblée, et la République s’impose durablement.
Les députés sont élus au suffrage universel masculin, ils peuvent renverser le gouvernement,
s’opposer à une loi. L’Assemblée devient le cœur de la vie politique. Le président est élu par le
Parlement et non au suffrage universel masculin direct (pour éviter un nouveau coup d’État comme
celui de 1851). C’est un régime parlementaire, qui lui donne peu de pouvoirs.
Les gouvernements sont de courte durée. Le président n’est pas obligé de nommer le chef de la
majorité parlementaire. Le Conseil des ministres change donc régulièrement, ce qui est source
d’instabilité politique.
Régime parlementaire : régime politique caractérisé par un équilibre des pouvoirs entre le
gouvernement et le Parlement, ce gouvernement étant responsable de ses décisions devant le
Parlement, qui peut le renverser par un vote dit de défiance.

B – L’enracinement de la République : unification de la nation et libertés fondamentales


Activité : Docs 2 et 3 p. 175, montrer que les républicains mettent en œuvre leur idéal
démocratique.
À partir de 1879 les républicains sont majoritaires à la Chambre des députés et au Sénat. Ils
peuvent alors proposer et voter des lois qui correspondent à leur programme afin d’apporter des
libertés fondamentales aux citoyens (liberté de la presse et de réunion en 1881, liberté syndicale et
divorce en 1884). Afin de former des citoyens éclairés, en capacité d’user de leur droit de vote et
libérés de la tutelle des prêtres, ils établissent l’école élémentaire gratuite, obligatoire et laïque (1881-
1882). Enfin, ils établissent la démocratie communale (1882-1884) en donnant aux citoyens le pouvoir
d’élire ceux d’entre eux qui vont administrer leur commune.
Activité : Dossier documentaire sur l’école républicaine.
1. Docs 3 et 5 : Relevez les valeurs de la République associés à l’école.
o La République tout comme l’école qu’elle défend se veut une, malgré la perte de
l’Alsace-Moselle. La laïcité doit être appliquée, sans toutefois contredire
l’enseignement religieux L’égalité apparaît avec l’uniformité des élèves. Enfin, la
fraternité figure dans le document 3 avec l’aide que les élèves s’apportent les uns
aux autres.
2. Docs 3, 4 et 5 : Décrivez le parcours et le profil des instituteurs et institutrices.
o Repérés par leurs maîtres lors de leur scolarité, ils n’ont pas forcément les cartes en
main pour réussir, puisque ce sont bien les maîtres qui les choisissent. Si les
instituteurs et institutrices doivent être bienveillants (main sur l’épaule dans le
document 4) et ne pas prendre parti pour une religion, ils doivent toutefois montrer
où est le bien, sans cela « c’en serait fini de notre enseignement national » indique
Ferdinand Buisson.
3. Docs 3 et 5 : Montrez quels sont les devoirs et marges de liberté des instituteurs et
institutrices.
o Ils doivent rester dans leur fonction et donc respecter la neutralité religieuse mais
peuvent tout à fait prendre en charge un enseignement moral. On outre, ils sont
libres d’agir à leur guise en dehors des heures de classe, dans le document 3
l’instituteur donne ainsi des heures en plus à un élève.
4. Docs 1, 2 et 4 : En quoi existe-t-il une inégalité entre les garçons et les filles à l’école ?
o Les filles apprennent la couture tandis que les garçons sont formés aux exercices
militaires et se voient insuffler l’esprit de revanche. En outre, garçons et filles sont
séparés, ce qui implique également une inégalité plus insidieuse : les filles ont,
plus souvent que les garçons, des enseignantes religieuses, et elles sont moins
destinées à des études longues (le document 3 concerne d’ailleurs un garçon).
Rappelons que c’est en 1880 que la loi Camille Sée ouvre l’enseignement
secondaire aux jeunes filles.
Activité : Questions p. 172-173 (ou simplement la question 6, sur le doc 1).
Montrez que le projet de la fête du 14 juillet, à part de 1880, est de fonder l’unité de la nation.
Correction : Le 14 juillet correspond à la fois à la commémoration de la prise de la Bastille,
moment fondateur pour les républicains, et à celle de la fête de la Fédération, moment consensuel qui
associe les monarchistes. Sa première célébration en tant que fête nationale intègre l’armée, avec la
revue militaire, et les institutions politiques, le gouvernement remettant les drapeaux. De plus, la
cérémonie est ouverte au public et s’accompagne d’une propagande riche en symboles républicains,
que les participants peuvent ramener chez eux en souvenir (des goodies donc). Les responsables du
mouvement ouvrier, militants socialistes et anarchistes emprisonnés, bannis et déportés depuis 9 ans,
sont réintégrés à la nation pour l’occasion car l’amnistie des communards a été votée peu avant.
CM : Le Parlement revient à Paris en 1879, rétablissant ainsi le lien avec le peuple (il était à
Versailles sous la Commune). La culture politique républicaine se fonde sur la Révolution
française : La Marseillaise devient l’hymne officiel en 1879 et le 14 juillet fête nationale en 1880
Le ministre de l’Instruction Jules Ferry refuse qu’un élève parcourt plus de 3 km pour aller en
classe : des écoles sont donc créées dans de nombreux hameaux isolés. En 1881, l’école devient
gratuite. Mais la reproduction sociale reste le modèle dominant.
L’enseignement est, depuis des siècles, pris en charge par le clergé. L’article 7 de la loi de 1879
interdit aux membres d’une congrégation non autorisée d’enseigner. En 1882, l’école est rendue
obligatoire et laïque.
En 1877, Augustine Fouillée promeut le territoire avec le Tour de France de deux enfants, deux
orphelins alsaciens. En 1884, le manuel scolaire d’Ernest Lavisse exalte les grandes figures
patriotiques et contribue à créer un roman national. Le désir de revanche contre l’Allemagne est
cultivé tout au long de la période.
Plusieurs lois concernant les libertés fondamentales sont adoptées. La loi sur la liberté de la presse
(1881) permet la multiplication des quotidiens, qui passent à 250, et sont imprimés en près de 3 M
d’exemplaires. Cet essor est entre autres permis par une alphabétisation croissante de la population au
cours du siècle. Le droit de créer des syndicats est instauré en 1884 (P. Waldeck-Rousseau), la CGT
est créée en 1895.
Ces libertés sont toutefois à nuancer. La liberté syndicale permet surtout de discipliner les grèves
puisque les organisations doivent se déclarer en préfecture. Il n’y a pas d’isoloir jusqu’en 1913 (les
électeurs sont influencés par les notables). En 1911, les Renseignements généraux sont créés et
permettent la naissance d’une vraie police politique.
De plus, les femmes restent exclues de la vie politique : le vote leur est refusé, car les républicains
(de droite essentiellement) considèrent qu’elles sont souvent sous l’influence de l’Église, et que leur
vote pourrait mettre en danger la laïcité républicaine et favoriser le retour de courants réactionnaires
au pouvoir. Le suffragisme émerge, à travers 112 associations et 44 journaux qui voient le jour entre
1880 et 1914 pour militer pour le droit de vote des femmes.
Culture républicaine : Ensemble de références, de symboles et de pratiques caractéristiques de
l’identité républicaine.
Syndicat : Organisation de défense des intérêts des travailleurs d’un secteur donné.

C – Une République contestée face aux crises


1 – L’opposition politique : courants contestataire et émergence de l’antisémitisme
Activité : Question bilan p. 183, à faire sous forme de tableau
Mouvements
Document Idées Moyens d’action
politiques et religieux
Extrême-gauche, veulent la
Doc 1 Anarchisme disparition du capitalisme, de Attentats
l’État
Extrême-droite, veulent le retour Publication dans la
d’une monarchie catholique qui presse (grâce à la
Doc 2 Action française
supprimerait les libertés liberté de presse,
fondamentales et la laïcité comme quoi…)
Manifestations, actions
Droit de vote pour les femmes,
Doc 3 Féminisme fortes (perturbation
égalité entre hommes et femmes
d’élections)
Rétablir les prérogatives de
Catholiques Publication dans la
Doc 4 l’Église dans l’État, supprimer la
conservateurs presse
laïcité

CM : La République doit faire face à plusieurs courants politiques contestataires :


 l’anarchisme : plusieurs attentats ont lieu entre 1892 et 1894, ils fascinent l’opinion et
inquiètent le gouvernement. En 1893, L’anarchiste Auguste Vaillant lance une bombe dans
l’hémicycle pour protester contre l’exécution d’un anarchiste, la misère sociale et la
corruption parlementaire révélée par le scandale du Panama, Il est arrêté et exécuté le 5
février 1894. Les anarchistes vont jusqu’à assassiner le président de la République Sadi
Carnot en 1894 ;
 l’antiparlementarisme, soutenu par les militaires, les royalistes, les patriotes autour du
général Boulanger) ;
 l’extrême-droite, qui se cristallise avec l’affaire Dreyfus. L’Action française apparaît en
1898, parallèlement aux idées xénophobes et nationalistes exclusives de Maurice Barrès.
La ligue des Patriotes est créée en 1882, elle défend des valeurs réactionnaires et
xénophobes, exalte l’armée et l’appartenance nationale. Ces mouvements radicaux sont
réprimés par le gouvernement.
 les courants féministes, qui contestent le refus du gouvernement d’accorder la pleine
citoyenneté aux femmes et le droit de vote. L’une des figures emblématiques est Hubertine
Auclert (cf. doc 3 p. 183).
Anarchiste : Partisan de l’anarchisme, mouvement d’extrême-gauche qui s’oppose à toute forme
d’autorité et de hiérarchie.

Activité : Dossier p. 176-177 sur l’affaire Dreyfus.


Mise en contexte : « L’affaire Dreyfus », Karambolage, Arte.
1. Doc 1 et 5 : Comparez les idées politiques et les valeurs des dreyfusards et anti-
dreyfusards.
Idées politiques et valeurs des Idées politiques et valeurs des
dreyfusards antidreyfusards
– La justice – L’honneur militaire
– L’égalité, quelle que soit – La nationalité française liée à
l’appartenance religieuse l’origine des ancêtres
– La « lumière », c’est-à-dire la – La patrie
connaissance et la science qui – L’antisémitisme
éclairent le peuple et dissipent
l’obscurantisme
– Les droits de l’Homme

2. Doc 3 : Que célèbrent les dreyfusards en 1900 selon l’auteur de l’affiche ?
o En 1900, selon l’auteur de l’affiche, les dreyfusards fêtent la grâce accordée au
capitaine Dreyfus par le président de la République Émile Loubet, en septembre
1899. C’est la conséquence des éléments de preuve fournis par Émile Zola dans
son article « J’accuse… ! » du 13 janvier 1898, puis lors de son procès en
diffamation.
3. Doc 2 et 3 : Montrez que, malgré la diversité des publications, l’opinion majoritaire est
plutôt antidreyfusarde jusqu’en 1900.
o La très grande majorité des journaux et publications en 1900 sont antidreyfusards :
4,5 millions d’exemplaires quotidiens contre un total de 250 000 exemplaires de la
presse dreyfusarde tout confondu. Outre les journaux, d’autres médias sont
diffusés, comme des affiches où les dreyfusards sont caricaturés et tournés en
ridicule en étant assimilés à des animaux. On remarque qu’Alfred Dreyfus a un
corps de serpent, symbole de trahison et de sournoiserie, Zola un corps de porc,
pour dénoncer ses écrits considérés comme orduriers, Reinach un corps de singe
avec un visage où l’on remarque les stéréotypes des caricatures antisémites. Ces
images sont destinées à frapper les esprits et amuser l’opinion.
4. Docs 2 et 4 : Montrez comment l’affaire Dreyfus a favorisé la diffusion de l’antisémitisme
auprès des Français.
o Parce que la presse a été majoritairement antidreyfusarde, de nombreux articles ont
été écrits dénonçant la « trahison » d’Alfred Dreyfus, dont beaucoup avec des
arguments antisémites. Les idées antisémites ont donc eu une large diffusion
auprès de l’opinion publique à l’occasion de l’affaire Dreyfus. C’est ce dont
témoigne un instituteur du Doubs, qui raconte qu’en 1898 des étudiants de
Besançon ont commis des violences contre les Juifs à l’occasion du procès d’Émile
Zola, et que même de jeunes enfants dans la cour des écoles s’en prenaient aux
élèves juifs.
Antisémitisme : Hostilité et haine à l’égard des juifs.
/!\ L’injustice n’a jamais été totalement réparée : Dreyfus est réintégré dans l’armée, avec le
grade de chef d’escadron (commandant), alors qu’il pouvait légitimement prétendre au grade de
lieutenant-colonel, mais ses cinq années de déportation et d’incarcération ne sont pas prises en
compte pour la reconstitution de sa carrière. Il est désormais trop âgé pour espérer atteindre à terme le
grade d’officier général., il demande donc à contre-cœur sa mise en retraite en juin 1907.
Dreyfus n’a jamais demandé de dédommagement à l’État, ni de dommages-intérêts à qui que ce
soit. La seule chose qui lui importait, c’était la reconnaissance de son innocence.
2 – L’opposition cléricale qui mène à la loi de 1905
CM : Le cléricalisme est très fort chez les officiers de l’armée, l’affaire Dreyfus a permis de le
mettre en valeur. D’une manière générale, la France reste un pays très croyant. Alors que les Églises
protestantes sont plutôt républicaines, une partie du clergé et de l’électorat catholiques considèrent la
République comme un régime impie. Certaines processions de rue tournent parfois à la violence et
sont l’occasion de protester contre la politique anticléricale du gouvernement, menée par Émile
Combes : fermeture des écoles religieuses, laïcisation des tribunaux, fichage des officiers
catholiques…
Néanmoins, ils se rallient peu à peu au nouveau régime, sous l’impulsion du pape Léon XIII. La loi
de séparation des Églises et de l’État est votée le 9 décembre 1905, cette loi garantit la liberté de
conscience et la paix religieuse au sein du pays. L’Église catholique refuse cependant de former les
associations cultuelles exigées par la loi de 1905, et se dresse parfois contre les inventaires des
bâtiments religieux (suivant l’article 4 de la loi, les autorités font l’inventaires des biens des églises,
qui sont désormais des propriétés publiques. Le clergé et les fidèles s’y opposent parfois violemment :
le 6 mars 1906, un manifestant est tué à Boeschepe (Nord).)
Activité : Dossier documentaire sur la loi de 1905.
1. Docs 1 et 2 : Relevez les éléments qui prouvent qu’il s’agit bien de caricatures
anticléricales.
o Sur le doc 1, la séparation entre l’Église et la République est montrée
positivement : le personnage d’Émile Combes est éclairé et aidé par Voltaire,
philosophe des Lumières, représenté comme un dieu, au moment où il doit couper
les liens symboliques entre le Pape et Marianne. À l’inverse, les personnages
représentant l’Église sont montrés négativement : le pape est habillé de façon
excessivement luxueuse, et semble manquer de courage, car il tourne le dos à
Marianne, et ses yeux sont cachés par sa coiffe, qui semble trop lourde et grande
pour lui (elle l’aveugle). Le moine n’est même pas complètement montré, il
représente l’inverse d’une attitude raisonnable, couché, en train de cuver son vin
(vin de messe ?...), qu’il serre contre lui comme s’il le chérissait. Sur le doc 2, la
caricature représente la République, figurée par Marianne, qui coupe le lien qui
unissait le pape, ici une caricature de Pie X nu car ayant perdu ses biens, et l’État
représenté par un coffre-fort flanqué du monogramme RF. Cette séparation est
qualifiée de « martyre », indiquant ici que le plus douloureux pour l’Église serait la
perte des salaires et des subventions de l’État.
2. Docs 1, 3, 5 et 6 : Identifiez les idées et valeurs républicaines justifiant la séparation des
Églises et de l’État.
o La raison et la connaissance héritées des idées des Lumières, ainsi que la liberté
nationale représentée par Marianne (enchaînée avec la religion) sont présentées
comme opposées à l’idée d’un État lié au catholicisme dans la caricature (doc. 1).
L’esprit critique, la liberté d’agir et de penser et la recherche de la vérité sont mis
en valeur par Ferdinand Buisson (doc. 3) qui défend lui aussi la séparation. La
liberté de conscience et de culte sont défendues dès l’article 1 de la loi de 1905
(doc. 5). Enfin, d’après la légende du doc 6, la loi permet la liberté et
l’indépendance des organisations cultuelles par rapport à l’État.
3. Docs 3, 4 et 6 : Montrez que l’adoption et l’application de la loi n’ont pas été aisées.
o L’adoption et l’application de la loi n’ont pas été aisées. En effet, une partie non
négligeable des députés et des sénateurs s’oppose au projet de loi et présente des
arguments variés (doc. 4). D’ailleurs, la loi a été adoptée à 341 voix contre 233, et
320 amendements ont été nécessaires pour mener ce projet jusqu’à la rédaction
d’une loi, ce qui montre que les débats ont été nombreux et riches. Une fois la loi
adoptée, il est nécessaire de faire les inventaires des biens de l’Église, pour pouvoir
les transmettre aux nouvelles associations cultuelles. Dans certaines paroisses, les
populations s’opposent à cela, la situation dégénère parfois et devient violente
(doc. 6).
Bilan – Rédaction un texte : Vous êtes journaliste pour Le Petit Journal et on vous demande
d’écrire un article présentant la loi, ainsi que ses conditions d’adoption et d’application.
Différenciation  : Article partiellement réalisé, qu’ils doivent compléter.
La loi de séparation des Églises et de l’État : un divorce difficile ?
Article de __________ ____________, le 18 mars 1906
Il y a un peu plus d’un an, le 9 décembre 1905, la loi de séparation des Églises et de l’État a été
adoptée en France. Encore aujourd’hui, son application est difficile dans certaines paroisses.
Le projet de loi était un projet du gouvernement français depuis des années, car la laïcité est une des
valeurs fondamentales pour les gouvernements républicains. C’est le président du conseil, Émile
Combes, qui a concrétisé cette rupture, soutenue par de nombreux députés anticléricaux, comme
Ferdinand Buisson, le célèbre député radical.
Les débats furent ________________________________________________________________
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Une fois adoptée, si de nombreux catholiques ont acceptés cet état de fait, ______________________
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Activité possible supplémentaire : Texte à compléter sur la transcription des débats (21 mars
– 3 juillet 1905).
1. majorité
2. vues
3. concessions
4. majorité
5. irrémédiable
6. échec
7. résistances
8. républicain
9. séparation

Laïcité : refus de défendre une religion particulière dans la sphère publique.


Anticléricalisme : hostilité au clergé et, plus généralement, volonté de séparer les sphères laïque et
religieuse.

II – PERMANENCES ET MUTATIONS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE JUSQU’EN 1914


A – L’évolution du monde du travail : progrès et revendications sociales
Entre 1870 et 1914, l’Europe tout entière est touchée par une vague de modernisations et
d’innovations technologiques, industrielles, culturelles et sociales. Même si le terme existe à l’époque,
c’est surtout après la Première Guerre mondiale qu’on parle de « Belle Époque » pour décrire ces
décennies.
1 – La révolution industrielle se poursuit
 Point de passage : Les expositions universelles de 1889 et 1900
Activité : Dossier documentaire sur les expositions universelles de 1889 et 1900.
1. Présentez les documents en les classant selon les dates des Expositions universelles.
o Les docs 1, 2 et 5 portent sur l’Exposition universelle de 1889. Les documents 1 et
2 sont de nature iconographique. Le premier est une peinture réalisée par George
Garen à l’occasion de l’Exposition universelle. L’embrasement de la tour Eiffel
souligne la féerie créée par les éclairages de nuit et met en scène sa taille,
impressionnante en regard des autres monuments, foudroyés par ses faisceaux
lumineux. Le second est une photo réalisée dans la nef du palais des machines. Ces
deux documents soulignent à la fois le gigantisme de l’évènement et le
foisonnement des inventions exposées. Le doc 5 porte sur la question coloniale, la
présence de colonisés dans les Expositions universelles, exposés dans des zoos
humains. Les documents 3 et 4 sont deux textes qui concernent l’Exposition
universelle de 1900. Le premier est un extrait du livre La Belle France de Georges
Darien, un anarchiste fondamentalement opposé aux Expositions universelles. Le
second est un extrait des mémoires de Jeanne Bouvier, militante syndicaliste et
féministe, permet de mesurer l’effet produit par l’Exposition universelle sur les
visiteurs et son caractère international.
2. Docs 1, 3 et 4 : Quelles sont les impressions laissées sur les visiteurs ? Confrontez les
documents pour illustrer votre réponse.
o Les documents 1, 3 et 4 permettent de mesurer les fortes impressions laissées par
ces deux Expositions universelles sur les visiteurs. Le document 1 souligne par ses
couleurs et le caractère nocturne de l’œuvre, la féerie décrite dans le document 4
par Jeanne Bouvier dans les lignes 7 à 10, l’incroyable développement des
nouvelles machines industrielles. L’enthousiasme de Jeanne Bouvier à décrire
l’Exposition qui célèbre le progrès reflète l’état d’esprit dans lequel se trouve toute
personne qui y assiste. Cependant, le doc 3 défend l’anarchisme, une sensibilité
politique le plaçant du côté des ouvriers et des petites gens. Or, le fer et l’industrie
associés au métal de 1889 renvoient au travail ouvrier, tandis qu’à ses yeux
l’architecture de 1900 n’est que le symbole du monde bourgeois.
3. Docs 1, 2 et 4 : Décrivez les avancées technologiques que l’on peut observer.
o Il est possible de distinguer, d’une part, les avancées relevant encore de la première
révolution industrielle, comme la vapeur et le travail de l’acier, et d’autre part,
celle associée à la seconde révolution industrielle à savoir la « fée électricité ».
4. Docs 2, 4 et 5 : Quels aspects de la puissance de la France la République veut-elle faire
découvrir au cours de ces expositions ?
o La République cherche à mettre en valeur à travers ces expositions ses capacités
d’innovation, de production industrielle ainsi que sa puissance coloniale. Le
gigantisme du palais des machines (doc 2) permet d’exposer les différentes
nouveautés en matière de technologie industrielle et les zoos humains permettent
de montrer l’étendue de son empire colonial (le 2 e après l’Angleterre).
5. Synthèse : Justifiez l’affirmation suivante à l’aide des documents (citations, descriptions) :
« La République utilise les Expositions universelles pour affirmer la grandeur de la
France. »
o La grandeur de la France est patente lors des expositions de 1889 puis 1900. Celle-
ci est tout d’abord de nature économique. Si la France est entrée après la Grande-
Bretagne dans la révolution industrielle, elle a su rattraper son retard. La puissance
française relève aussi de la sphère politique. L’empire colonial français, second au
monde derrière celui du Royaume-Uni, s’expose notamment avec les zoos
humains. En 1889, un village sénégalais de trente habitants met ainsi en valeur
l’AOF, une belle « race [...] non à la manière des nègres dégénérés de l’Amérique
» selon un numéro de mai 1889 du journal Le Constitutionnel.
Pourtant, cette grandeur est contestée par le flanc politique gauche que représente
l’anarchiste Georges Darien, estimant que « le goût français agonise ».
CM : Les contemporains font l’éloge de la science et de l’industrie, censées apporter le bonheur au
monde. On loue la vitesse, on célèbre la « fée électricité ». Le positivisme développe une véritable
religion du progrès. Les Expositions universelles servent de vitrines aux inventions technologiques,
elles mettent en scène une marche vers le progrès, dans le contexte d’une compétition économique
entre les nations européennes.
La science est à la mode : de nombreuses revues scientifiques, des conférences, des musées
participent à la diffusion des connaissances. Les romans de Jules Verne font l’éloge des sciences et des
inventeurs.
On assiste à une poussée technologique :
 Inventions et découvertes : lampe à incandescence d’Edison en 1879, premiers plastiques
synthétiques, première centrale hydroélectrique (1884), etc. À la fin du siècle, la
découverte de phénomènes physiques inconnus (rayons X, radioactivité) ouvre de
nouveaux terrains de recherche.
 Médecine : Louis Pasteur confirme la théorie microbienne et met au point un vaccin contre
la rage en 1885.
 Transports : le métro (installé à Paris en 1900), le vélo, l’automobile, l’autobus, les
dirigeables et, juste avant la guerre, les premiers avions.
 Loisirs : le cinéma (près de 200 cinémas sont créés à Paris entre 1900 et 1914). Le
développement du train, rapide et peu coûteux, est à l’origine de l’apparition d’un premier
tourisme balnéaire, encore largement réservé aux élites sociales.
 Communication : Après le télégraphe dans les années 1850, les années 1870-1890 sont
marquées par l’apparition simultanée du phonographe, du téléphone, de la radio. Les
progrès de la photographie et l’invention de la presse rotative bouleversent également la
diffusion de l’information.
2 – … et entraîne l’apparition d’une société industrielle
CM : La crise économique à la fin du XIXe siècle (la « Grande Dépression ») accroît le phénomène
de l’exode rural. Il reste cependant assez limité et la France reste très rurale : les paysans forment
encore 40 % des actifs en 1914. Ils possèdent de petites exploitations, fondées sur la polyculture.
Certains paysans doivent chercher un revenu de complément dans de petits ateliers : ce sont les
paysans ouvriers.
Les gouvernements républicains cherchent à protéger les paysans, notamment en adoptant des
mesures protectionnistes.
Une modernisation s’opère : entre 1882 et 1892, on constate une forte augmentation du nombre de
faucheuses mécaniques et de moissonneuses, surtout dans le Bassin parisien et le Nord-Est. Les
engrais sont de plus en plus utilisés et les progrès de la génétique permettent de créer des races plus
performantes. L’exode rural s’accélère : la population rurale passe de 75 % en 1870 à 60 % en 1911.
 Point de passage : le Creusot
Activité : Dossier sur le Creusot p. 194-195, réalisation d’une carte mentale.
Le Creusot et les Schneider
 La puissance et la politique de la famille Schneider… : ils sont à la fois principaux
employeurs, sources de richesse pour la cité, mais aussi représentants de la ville, sous la
fonction de maire ou de député. Schneider défend l’idée de la concentration des capitaux et
signifie ses réticences sur la limitation de la journée à 8 heures. Ses positions sont
caractéristiques d’une partie du patronat français (mais pas de la totalité).
 … qui fait du Creusot une ville-usine en pleine croissance… : La grande industrie
participe au développement économique de la ville : Schneider a fait d’énormes
investissements pour le développement des usines. Mais les riches industriels ont aussi un
rôle important dans la vie de leurs ouvriers (paternalisme). Ainsi, ils décident de la mise en
place ou non d’une politique sociale, telle que des indemnités de maladie ou des caisses de
retraite.
 … mais qui suscite des oppositions : il existe une forme d’hostilité envers le rôle très
important des Schneider dans la ville. Les ouvriers réclament une redistribution des
richesses et surtout de meilleures conditions de travail. Les femmes jouent par ailleurs un
rôle très important dans les manifestations, de même que les enfants qui battent le tambour.
Sur le doc 3, Adler veut donner une image de la grève avant tout pacifiste, et la femme qui
brandit le drapeau au premier plan peut être assimilée à une forme de Marianne
revendiquant l’égalité.
CM : Des concentrations industrielles font leur apparition, dirigées par de grands patrons
paternalistes, comme les Schneider au Creusot, qui ont pour but de stabiliser la main d’œuvre (de
plus en plus nombreuse) et de la contrôler. Ces usines s’installent à proximité des matières premières
(nord et est de la France, pour les mines de charbon), et dans les villes.
Les coutumes et le mode de vie changent peu à peu, même si les outils et techniques traditionnels
prédominent encore. Les ouvriers sont de plus en plus nombreux, en particulier dans la métallurgie.
Les salaires et les conditions de vie s’améliorent grâce aux luttes ouvrières.
Paternalisme : Système mis en place par la direction d’une entreprise pour prendre en charge un
grand nombre d’aspects de la vie du quotidien (logement, soins, éducation…), dans le but de fidéliser
et contrôler la main d’œuvre (tel un père de famille avec ses ouvriers).
3 – Les transformations du monde ouvrier
 Point de passage : la fusillade des Fourmies
Contexte : La fusillade de Fourmies est un événement hautement symbolique du mouvement
ouvrier français. Le 1er mai 1891, journée internationale des travailleurs depuis 1890, une
manifestation est prévue à Fourmies pour réclamer la journée de huit heures et de meilleures
conditions de travail, suivie de festivités. Cependant, la réponse du patronat est de déclarer cette
journée travaillée et de demander le soutien du sous-préfet d’Avesnes. Ainsi, vers 18 heures, 150 à
200 manifestants font face à des soldats équipés de fusils. Devant la pression de la foule, les soldats
reçoivent l’ordre de tirer sur les manifestants. Le bilan fait état de 9 morts et de 35 blessés en une
seule charge. Cet événement eut un fort retentissement dans la presse de l’époque. Il fut l’objet d’un
travail de mémoire quasiment immédiat, car le 1er mai 1903 est inauguré à Fourmies un monument
à la mémoire des victimes.
Activité : Dossier p. 197 sur la fusillade des Fourmies, entraînement à l’analyse de documents
type bac (plan détaillé).
/!\ Les documents sont intéressants, mais la démarche qui consiste à les étudier séparément est
assez peu formatrice pour les élèves…
Introduction : Le 1er mai 1891, la deuxième journée internationale des travailleurs, est organisée à
Fourmies par le Parti ouvrier. C’est alors une journée de manifestation nouvelle qui vise à défendre les
intérêts des travailleurs, et notamment la journée de huit heures. À Fourmies, les ouvriers publient un
programme de la journée et leurs revendications. La réponse du patronat local est immédiate. Ils
dénoncent cette journée et annoncent qu’ils entendent se défendre. Pour comprendre la fusillade de
Fourmies, il faut donc tout d’abord comprendre les revendications des travailleurs, pour ensuite
étudier la réponse du patronat local, avant de voir quelle est la réaction du patronat face à la
manifestation.
1. Les revendications des travailleurs et comment ils les défendent
 des transformations profondes de leurs conditions de travail
 la mise en place de la journée de huit heures, la création d’une bourse du Travail, la
fixation de la paie tous les huit jours, l’amélioration des conditions de travail et la création
d’une caisse de retraite.
 ils veulent manifester le jour du 1er mai pour défendre ces revendications.
2. Le patronat des Fourmies face aux demandes et sa réaction
 dénonciation de ces revendications, estimant que « nulle part les ouvriers n’ont été ni
mieux traités, ni mieux rétribués que dans la région de Fourmies  » (lignes 10-11 du doc
2)
 dénonciation des « meneurs étrangers » chargés de déstabiliser l’industrie
 appel à la défense collective (ligne 14) et demande de soutien au sous-préfet.
CM : Les partis politique qui se réclament du prolétariat se multiplient et dans les années 1890 sont
élus les premiers représentants des travailleurs, qui soutiennent les luttes et critiquent le
gouvernement. Les mouvements ouvriers sont également représentés dans la presse, avec des journaux
comme L’Humanité, créé en 1904 par Jean Jaurès.
Les mobilisations collectives sont de plus en plus nombreuses : les grèves se multiplient, tout
comme le nombre de syndicats, autorisés depuis 1884. Des fédérations de syndicats apparaissent à la
fin du XIXe siècle, comme la Confédération Générale du Travail (CGT), créée en 1895. Cependant,
certains journaux contribuent à forger l’image d’un prolétariat dangereux en dramatisant certains
événements. Le gouvernement n’hésite pas à réprimer sévèrement les grèves et les manifestations
(fusillade de Fourmies le 1er mai 1891).
Il n’en reste pas moins que les ouvriers représentent des millions d’électeurs, le gouvernement a
donc tout intérêt à se les concilier, ce qui passe par des lois sociales :
 protection contre les accidents du travail en 1898 ;
 limitation de la journée de travail en 1900 ;
 repos hebdomadaire en 1906, etc.
Ces lois ne suppriment cependant ni les catastrophes (plus de mille morts lors de la catastrophe
de Courrières en 1906, la plus importante catastrophe minière de tous les temps en Europe et la
deuxième au monde après celle de Benxi en Chine en 1942 (1 549 morts) ; cette catastrophe provoque
une crise politique et un mouvement social qui débouchent sur l’instauration du repos hebdomadaire)
ni la misère.
Prolétariat : cf. Karl Marx, il s’agit de la classe sociale des travailleurs, qui s’oppose à la classe
des patrons, qui utilisent leur travail pour faire du profit.
Syndicat : Association qui défend les intérêts professionnels et les droits des travailleurs.

B – Les populations marginalisées : monde rural, immigration et place des femmes


1 – Les transformations démographiques : entre migrations intérieures et
immigration
Activité : Documents sur l’exode rural, développement construit (« Montrer et expliquer
pourquoi les campagnes se vident progressivement d’une grande partie de leur population au
profit des villes »).
 Montrer : La population rurale diminue lentement et de façon régulière entre 1881 et 1911
tant en valeur absolue qu’en pourcentage de la population totale (elle passe de 25 M soit 65
% de la population en 1881 à 22 M soit 56 % en 1911). Ce sont essentiellement des jeunes
qui partent.
 Expliquer : Ils recherchent une situation sociale plus aisée. La scolarisation, devenue
obligatoire, rend possible la perspective du départ comme la recherche d’une autre
situation sociale. Les meilleurs élèves ont la possibilité de devenir instituteurs en passant
par l’École normale toute proche géographiquement (doc 1). Ces jeunes ont en commun
d’être originaires de milieux plutôt modestes ou de familles nombreuses mais viennent
d’horizons professionnels différents (fils de gendarme, fils de cultivateur). Il faut évoquer
le développement des voies de chemin de fer, qui, à la même époque, favorise les
déplacements et donc le départ vers un ailleurs (doc 2).
CM : Entre 1870 et 1914, la population rurale diminue tandis que la population urbaine augmente
(demande de main d’œuvre dans les villes industrielles, dans les services en plein développement). Les
campagnes sont donc marquées par un puissant exode rural, dû à la modernisation du travail agricole.
Cependant, une grande partie de la France rurale reste peu développée.
Cet exode rural entraîne l’apparition des faubourgs en périphérie des villes, où logent les ouvriers.
Les logements sont modestes, mais proches des usines.
Activité : Dossier sur les étrangers en France p. 204-205.
Vidéo (extrait du documentaire Deux siècles d’histoire de l’immigration en France, partie « 1820-
1914 » de 3:17 à 10:15) : https://youtu.be/uEbdQQ-6_wk?t=197
La vidéo évoque la xénophobie, et rappelle le contexte historique en Europe au cours de la
période, avec les révolutions, etc.
1. Doc 1 : Détaillez l’évolution du nombre d’étrangers en France entre 1851 et 1911.
o Ce graphique montre bien l’évolution de l’immigration en France et distingue deux
phases : tout d’abord une phase de développement entre 1851 et 1881, puis une
phase de stagnation autour du seuil d’un million d’étranger sur sol français.
2. Précisez quelles sont les principales communautés étrangères en France durant ces
différentes périodes.
o Les principales communautés étrangères présentes en France entre 1851 et 1911
sont les Belges et les Italiens. Les Belges sont la communauté étrangère la plus
importante en France dans la première partie de la période. À partir de 1886, leur
nombre baisse du fait des progressives naturalisations. Ce sont alors les Italiens qui
deviennent la communauté la plus représentée en France avec plus de 400 000
ressortissants en 1911.
3. Doc 2 : Quelles sont les régions françaises qui connaissent la plus forte proportion
d’étrangers ?
o Les régions qui accueillent le plus d’étrangers sont les régions du nord et de l’est
de la France, mais aussi le sud de la France, des Pyrénées à la frontière italienne.
4. À l’aide de la carte en repères p. 192, expliquez quelles sont les principales activités
économiques de ces régions.
o Ces régions sont frontalières mais elles sont aussi des pôles industriels, organisés
autour des bassins houillers et des régions orientées autour de la sidérurgie.
5. Doc 5 : Comment l’historienne explique-t-elle la nécessité de l’immigration en France ?
o En France, la nécessité de l’immigration est liée à une forte demande de main-
d’œuvre dans les secteurs industriels, mais aussi au fait que les Français ruraux,
souvent propriétaires de leurs terres, y sont attachés et ne souhaitent pas venir
travailler dans les usines urbaines.
6. Docs 3 et 5 : Quelles sont les principales activités économiques dans lesquelles travaillent
les étrangers ?
o Les étrangers travaillent principalement dans les métiers de l’industrie ou de
l’exploitation minière.
7. Quelles sont les conséquences culturelles de l’immigration en France ?
o Les conséquences de l’immigration sont qu’une culture se greffe au sein de la
culture française, ici la culture italienne. On peut également évoquer la xénophobie
dont les immigrés sont victimes (présente dans la vidéo, pas dans les documents).
CM : Depuis le milieu du XIX e siècle, les migrations européennes s’accélèrent. En France, les
Belges représentent 40 % des immigrés en 1870. À la fin du XIXe siècle, les Italiens deviennent
majoritaires : en 1911, ils sont 420 000. Allemands et Espagnols, moins nombreux, vivent surtout dans
les régions frontalières.
Les différences linguistique et religieuses ne sont pas des obstacles définitifs à l’intégration, ex : la
comtesse de Ségur, originaire de Russie, la scientifique Marie Curie, polonaise, ou encore le
philosophe Émile Meyerson, polonais également. On assiste cependant à une forme d’entre-soi : à
partir de la fin du XIXe siècle, des quartiers spécifiques émergent dans les villes. Les Belges
investissent par exemple le quartier de Wazemmes à Lille, les Napolitains celui du Vieux-Port à
Marseille.
Les immigrés font l’objet de méfiance et de violences. En 1895, on recense tous les «  nomades,
bohémiens et vagabonds ». La loi de 1912 impose finalement aux nomades le port d’un carnet
anthropométrique afin de contrôler leur circulation (contenant empreintes digitales, photos sous tous
les profils, et devant être signés par les agents locaux dans chaque lieu d’arrêt des nomades). Les
violences interviennent surtout à partir de la fin du XIX e siècle, par exemple lors du massacre
d’Aigues-Mortes*.
Les immigrés sont rejetés par peur de la concurrence, nationalisme et racisme s’imbriquent. Le
racisme est très présent dans les milieux ouvriers, l’appellation « rital », surnom péjoratif des Italiens,
montre l’évolution de ces mentalités. Dans les mines et les usines de l’Est, on exalte la « race
lorraine ».
*Massacre d’Aigues-Mortes (Gard) : 16 et 17 août 1893, massacre de travailleurs italiens de la
Compagnie des Salins du Midi par des villageois et des ouvriers français. Les estimations vont d’une
dizaine de morts (officiellement 8) à 150 morts (selon la presse italienne de l’époque), ainsi que de
nombreux blessés, victimes de lynchages, coups de bâton, noyade et coups de fusils. Cet événement
est aussi l’un des plus grands scandales judiciaires de l’époque, puisqu’un acquittement général fut
prononcé… On a longtemps cru qu’il s’agissait d’un accès soudain de racisme ; mais en réalité les
ouvriers français utilisent l’argument de la nationalité pour justifier leur violence, qui répond surtout à
des motifs économiques et politiques.
Le naufrage du Titanic : Lors du naufrage du Titanic le 15 avril 1912, l’Olympic, qui vient de
New York, se trouve à 500 miles de son sister-ship. Leurs puissantes radios leur permettent de rester
en contact, et Herbert James Haddock, capitaine de l’Olympic, se trouvant trop loin du lieu du désastre
ne peut que relayer les informations aux autres navires. Ceci ne l'empêche pas de filer à 25 nœuds en
direction de son jumeau. Dans la journée qui suit, tous les concerts à bord sont annulés, et une collecte
de fonds est organisée par les passagers, parvenant à réunir 1 400 livres pour les rescapés. Le même
jour, Arthur Rostron, capitaine du Carpathia, le navire qui a recueilli les survivants du naufrage dans
la matinée, refuse la proposition d'Haddock, qui comptait embarquer les rescapés à son bord pour
permettre au Carpathia de poursuivre sa route. Les survivants risqueraient en effet un grave
traumatisme en embarquant sur le jumeau du paquebot qui vient de disparaître sous leurs yeux. La
portée de la radio du Carpathia étant faible, c’est de l’Olympic qu'arrivent les premières listes de
survivants, souvent erronées. Le navire reprend finalement sa route pour Southampton où il arrive le
22 avril.
Immigration : entrée temporaire ou définitive dans un pays de personnes d’origine étrangère
venues y travailler ou s’y installer.
Xénophobie : Haine de l’étranger.

2 – Les femmes face aux discriminations persistantes


Activité : Dossier sur les femmes dans le monde du travail p. 206-207, « Montrer que la place
des femmes dans le monde du travail sous la IIIe République est à la fois en pleine progression et
marginalisée ».
La place des femmes dans le monde du travail sous la III e République est à la fois en pleine
progression et marginalisée.
Les femmes ont toujours travaillé dans l’industrie ou l’agriculture. Leur part dans l’industrie ne
cesse de progresser sous la IIIe République, et notamment dans des secteurs traditionnellement
dévolus aux hommes : la métallurgie, la chimie ou la construction de machines. Les femmes voient
leur taux d’activité augmenter lentement entre 1871 et 1911. Celui-ci était de 42 % au début de la
période, il atteint 47 % à la veille de la Première Guerre mondiale. Près d’une femme sur deux est
donc active dans la société française en 1911. Le secteur de l’agriculture est de moins en moins
représenté au profit de l’industrie et des services (doc 2). L’emploi féminin dans l’industrie,
notamment, connaît une progression spectaculaire. Les plus gros effectifs se trouvent dans le textile et
la métallurgie, mais l’augmentation est très importante dans le cuir et papier (les effectifs doublent),
dans la chimie ou la construction de machines (doc 3).
Toutefois, leur place reste extrêmement marginalisée, car elles ne bénéficient pas d’une égalité de
traitement face aux hommes : elles sont moins payées, ce qui pousse d’ailleurs le patronat à les
embaucher. Les femmes sont perçues comme étant soumises aux hommes, leur salaire est inférieur à
celui des hommes, et elles se concentrent dans le prolétariat ouvrier (doc 1). Une femme comme
Hubertine Auclert fait de l’égalité de traitement la base de son combat (doc 5). On constate également
une hiérarchie au sein des domaines d’activité des femmes (doc 4) : les femmes sont souvent confinées
dans des métiers liés à une dimension sociale, comme religieuse, sage-femme ou institutrice, ou dans
des activités de production, comme l’ouvrière ou la paysanne. Dans le domaine des services, l’image
de la femme active reste celle de la servante. À la tête de la hiérarchie se place la marchande. Nul
n’envisage une femme comme chef d’entreprise…
CM : Le travail des femmes des catégories populaires est indispensable dans les champs et les
usines, ainsi qu’à domicile. De plus en plus de femmes, souvent issues de milieux favorisés, accèdent
à des carrières traditionnellement réservées aux hommes (ex : Louis Victoire Daubié, 1re femme à
obtenir le bac en 1861 ; Jeanne Chauvin, 1re femme avocate en 1900).
La société est patriarcale, et considère que le domaine d’action des femmes est avant tout
domestique (les enfants, la maison…). Jusqu’en 1907, le salaire des femmes qui travaillent est
directement versé à l’homme de la maison. Les femmes ne peuvent ni voter ni être élues. De plus, bien
que la IIIe République ait rendu obligatoire la scolarisation des filles, de nombreuses formations et
orientations professionnelles restent réservées aux hommes.
Inspiré par les suffragettes britanniques et américaines, le féminisme français se développe, grâce à
certains droits nouveaux, comme la liberté d’association, de manifestation, de publication. Il devient
militant et collectif. Néanmoins, les femmes impliquées dans ces mouvements radicaux restent
minoritaires, et peu de femmes participent réellement à ces luttes (peur des représailles, de se faire
renvoyer, d’être arrêtées…).
Société patriarcale (de pater, « père » en latin) : société où le pouvoir (politique, social,
économique, etc.) est principalement, voire exclusivement, détenu par les hommes.
Suffragettes : militantes luttant pour obtenir le droit de vote pour les femmes.

III – MÉTROPOLE ET COLONIES

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