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Introduction
L’année 1945 marque la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire de la guerre la plus
terrible qu’ait connue l’humanité en termes de dégâts humains. Après les capitulations des
Allemands et des Japonais, pourtant, les scènes de joie cèdent vite la place à un choc brutal, et à la
prise de conscience qu’un seuil a été franchi en termes de violence. La découverte des chambres à
gaz et des preuves irréfutables d’un génocide de masse, notamment, incitent les forces Alliées à se
concerter pour organiser la paix et la reconstruction, afin d’éviter qu’une telle horreur ne puisse
survenir à nouveau.
Les puissances victorieuses de la Grande Alliance espèrent donc faire de l’année 1945
l’année zéro d’une nouvelle ère fondée sur la paix mondiale et la prospérité des peuples.
L’Organisation des Nations unies, fondée en juin 1945, devait être un outil permettant d’atteindre
cet objectif, en favorisant la coopération internationale. Un nouvel ordre mondial se met en place,
mais les rivalités entre États viennent rapidement le remettre en cause.
L’alliance entre les États-Unis et l’Union soviétique se fissure en effet très rapidement, en
raison de leurs rivalités idéologiques mais aussi du contexte tendu qu’engendre la remise en cause
des systèmes coloniaux. La période extrêmement courte que nous étudions dans ce chapitre (1945-
1948) est qualifiée par l’historien Maurice Vaïsse de « césure capitale dans l’histoire de l’humanité »,
car elle aboutit à la bipolarisation du monde et à l’entrée dans ce qu’on a appelé « l’ère des
superpuissances ».
Quelles sont les bases du nouvel ordre mondial instauré par les vainqueurs immédiatement après la guerre ?
Quelles en sont les limites ?
Le caractère industriel de la guerre a aussi engendré des dégâts matériels immenses. Certains
pays, comme l’Allemagne, le Japon ou encore la Pologne, sont entièrement dévastés. En 1945,
l’Allemagne compte par exemple 45 villes détruite à plus de 50%. Les voies de communication sont
partout abîmées, voire totalement hors service. Puisque l’économie entière était mise au service de
la guerre (infrastructures comme main d’œuvre), la production industrielle et agricole s’est
effondrée, favorisant les famines et les difficultés d’accès aux ressources de base. La France a été
particulièrement ravagée par les bombardements intensifs de 1944, qui visaient à préparer le
débarquement. Les villes du Havre, de Caen, de Brest et de Marseille sont méconnaissables.
Mais le choc de l’après-guerre n’est pas seulement matériel, il est aussi psychologique. Des
milliers de soldats rentrent chez eux après des années d’horreur, traumatisés et incapables de se
reconstruire humainement. Par ailleurs, le monde entier est abasourdi par la découverte du génocide
perpétré par les Allemands. La libération d’Auschwitz, le 27 janvier 1945, témoigne de l’ampleur
du crime et du degré de violence qui a été à l’œuvre : un État a cherché à exterminer une population
à une échelle industrielle. Enfin, un autre traumatisme est celui des bombes nucléaires, larguées par
les Américains sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Armes de destruction massive, elles témoignent
de la capacité de l’homme à détruire des pays entiers, voire l’humanité elle-même.
B) Organiser la paix
Avant même la fin officielle de la guerre, les Alliés, conscients de leur victoire prochaine,
se réunissent et tentent de se mettre d’accord sur les conditions de la paix à venir :
* A Yalta, tout d’abord, en février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline – respectivement à la tête
des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union soviétique – s’entendent sur la mise en place
d’élections libres dans les pays libérés et sur le tracé des nouvelles frontières européennes.
* A Postdam, durant l’été 1945, les Alliés discutent cette fois du sort de l’Allemagne et décident de
son occupation quadripartite, ainsi que de sa capitale Berlin. Ils prévoient aussi la dénazification de
la société allemande, c’est-à-dire l’éradication du nazisme de la vie publique.
Le plus grand gagnant de ces discussions est finalement Staline, car l’URSS s’étend à l’Ouest
sur de nombreux territoires (Biélorussie, pays baltes…). En Asie, le Japon doit quant à lui renoncer
à toutes ses conquêtes depuis 1931.
Mais les Alliés souhaitent aussi que les coupables des atrocités perpétrées soient jugés et
punis. Le statut d’un « tribunal militaire international » est fixé par les accords de Londres en août
1945 et la notion nouvelle de « crime contre l’humanité » apparaît parmi les chefs d’inculpation.
Ainsi, les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo sont instaurés, afin de juger les criminels de guerre
allemands et japonais. Le procès de Nuremberg qui s’ouvre en novembre 1945 étudie ainsi les cas
de 22 chefs militaires et dirigeants nazis, accusés de crimes de guerre, crimes contre la paix et de
crimes contre l’Humanité. La justice internationale demeure toutefois réservée aux vaincus : le
massacre des troupes polonaises de Katyn, perpétré en 1940 par les Soviétiques, est ainsi attribué
aux Allemands lors du procès de Nuremberg. Par ailleurs, le sentiment de vengeance tourne parfois
au chaos, comme en France où les divisions entre résistants et collaborateurs mènent à une
épuration difficilement contrôlée.
Conclusion
L’année 1945 marque donc un tournant majeur. Par le choc moral, humain et économique
immense qu’elle a engendrée, la Seconde Guerre mondiale a aussi fait naître la volonté d’un monde
nouveau, basé sur la coopération et le droit international. Mais, les rivalités entre les deux
superpuissances américaines et soviétiques rendent ce nouvel ordre mondial extrêmement fragile.
Les tensions et la peur d’un nouveau conflit mondial ressurgissent très vite, tandis que la guerre en
Palestine met déjà à l’épreuve la capacité des États à trouver des solutions diplomatiques aux
conflits, dans le cadre du droit international.