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La Seconde Guerre mondiale est une rupture majeure dans l’histoire du monde ; en effet, elle constitue un
traumatisme moral qui amène les vainqueurs à forger des institutions qui empêcheront qu’une telle horreur se
répète.
Pourtant, dès les lendemains de la guerre, la rivalité entre les deux grands vainqueurs, les Etats-Unis et
l’Union soviétique, débouche sur un conflit d’un type nouveau, auquel s’ajoutent bientôt d’autres tensions,
selon un ordre international bien différent de celui que rêvaient les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.
Quel ordre international émerge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ?
* S’y ajoutent des millions de blessés et 50 millions de gens sur les routes à la fin de la guerre : déportés
libérés et soldats démobilisés qui tentent de rentrer chez eux, déplacés qui fuient les combats ou les
changements de frontières (parmi eux, 12 millions d’Allemands).
La violence et la mort se prolongent après la libération : aux Pays-Bas, 25 000 personnes meurent de faim au
printemps 1945 ; guerre civile en Grèce entre monarchistes et communistes ; pogroms antisémites en Pologne.
* La libération des camps (début 1945) provoque un choc moral, les images prises par les armées atteignent
rapidement les opinions publiques horrifiées.
Les bombardements nucléaires sur le Japon font surgir la peur d’une apocalypse nucléaire.
* Les destructions matérielles sont immenses : la Pologne, le Japon, l’Allemagne sont des champs de ruines.
L’approvisionnement est difficile, ce qui prolonge les pénuries jusqu’à la fin des années 1940 dans de
nombreux pays (tickets de rationnement en France jusqu’en 1949).
Seuls les USA sortent enrichis matériellement : ils détiennent en 1945 50% de la production industrielle
mondiale.
* Vis-à-vis du reste de la population allemande, les Alliés s’engagent à dénazifier (NSDAP interdit),
démocratiser (rééducation politique), et démilitariser. Les membres du NSDAP sont classés en fonction de
leur implication (coupables principaux jusqu’à « suiveur ») et traités de manière inégale ; beaucoup d’anciens
nazis sont rapidement amnistiés et s’intègrent dans les sociétés des deux parties de l’Allemagne (en particulier
à l’Ouest).
* La défaite de l’Allemagne entraîne des modifications territoriales, l’Allemagne perd ses territoires à l’est de
la ligne Oder-Neisse, attribués à l’URSS et à la Pologne, qui elle cède ses territoires de l’est à l’URSS. Ces
modifications de frontières entraînent le déplacement de millions de personnes.
* En France, la libération permet la mise en œuvre, au moins partielle, du projet de refondation républicaine,
énoncé dans le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) le 15 mars 1944, alors que le pays
est toujours dirigé par Vichy et occupé :
- restauration de la République et création d’un Gouvernement provisoire de la République française
(GPRF), présidé par De Gaulle, qui restaure l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire libéré (fin de
l’année 1944) ; le régime de Vichy est dissous, ses principaux dirigeants sont jugés (Pétain condamné à mort
mais gracié par De Gaulle ; Pierre Laval condamné à mort et exécuté) ; la justice mène une épuration légale
(élimination des collaborateurs de la vie politique et sociale), après les débordements de l’épuration sauvage
des débuts
- extension du droit de vote aux femmes, pour approfondir le caractère démocratique de la République ;
l’Union française se substitue à l’Empire colonial, sans grand changements (sauf pour les DOM)
- dans le domaine économique, le programme du CNR (inspiré par les socialistes et les communistes, mais
avec l’appui d’hommes de droite, dont De Gaulle) veut détruire les puissances capitalistes dans des secteurs-
clés, pour les punir d’avoir collaboré avec l’Allemagne (Renault est nationalisée) ou pour donner à l’Etat les
moyens de la reconstruction : nationalisation des mines, de l’énergie (EDF), des banques et assurances, des
transports (Air France ; SNCF, depuis le Front Populaire)
- dans le domaine social, le programme du CNR annonce la mise en place d’un Etat-providence (Etat qui
couvre les besoins sociaux et les risques individuels), sous la forme de la Sécurité sociale (1945) : allocations
familiales, invalidité, maladie, vieillesse.
* Dans l’entre-deux guerres, la Palestine, où vivaient jusque là essentiellement des Arabes musulmans (les
Palestiniens), devient un mandat britannique (une colonie temporaire que le pays mandataire doit
accompagner vers l’indépendance) et voit un afflux de juifs européens qui appliquent le sionisme, idéologie
qui les incite à quitter l’Europe, où la montée de l’antisémitisme les met en danger, et à établir en Palestine
un Foyer national juif, où ils seront en sécurité.
La Shoah confirme cette sombre prédiction et entraîne un nouvel afflux de rescapés. Les tensions entre juifs et
Arabes (qui les voient comme des Européens venant coloniser leur terre) s’accroissent ; le Royaume-Uni
renonce à son mandat et le confie à l’ONU.
En novembre 1947, les Nations-Unies proposent un plan de partage de la Palestine :
- deux états, l’un juif, l’autre arabe, cohabiteront en Palestine
- Jérusalem, ville sainte pour les deux peuples, sera sous administration internationale
Le plan de partage est accepté par les autorités juives, mais refusé par les Palestiniens et les états arabes
voisins, en particulier l’Egypte.
Le 14 mai 1948, les juifs proclament la naissance de l’Etat d’Israël ; le lendemain, les états arabes voisins
les attaquent. Cette première guerre israélo-arabe tourne à l’avantage d’Israël, qui étend par la conquête son
territoire.
Pour les Palestiniens, c’est la Nakba (catastrophe) : des centaines de milliers d’entre eux sont chassés de
leurs terres, et les parties de leur territoire non conquises par Israël sont occupées par les pays arabes voisins
(Egypte et Transjordanie), il n’y a donc pas d’état palestinien.
Conclusion
L’effroyable bilan de la Seconde Guerre mondiale amène les vainqueurs à mettre en place des institutions qui
doivent garantir la paix et la naissance d’un monde nouveau.
Mais la rivalité croissante entre les deux Grands débouche sur un affrontement planétaire, la Guerre froide,
cadre des relations internationales pendant 40 ans.