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Les régimes totalitaires

Quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires et comment transforment-ils l’ordre
européen ?

A. Aux origines des régimes totalitaires

1. Le stalinisme en URSS

De la Révolution bolchévique à l’URSS

➤ La révolution dʼOctobre. En février 1917, une révolution met fin au pouvoir du tsar. Sous
lʼimpulsion de Lénine et de Léon Trotski, les bolcheviks prennent le pouvoir dans la nuit du
24 au 25 octobre 1917. Lénine instaure alors un régime autoritaire dʼinspiration
communiste, reposant sur un parti unique.

➤ La fondation de l’URSS. En décembre 1922, Lénine crée l’URSS, Union des républiques
socialistes soviétiques, comprenant alors la Russie, la Transcaucasie (Arménie, Géorgie,
Azerbaïdjan), lʼUkraine et la Biélorussie.

Staline succède à Lénine

➤ La succession de Lénine. À la mort de Lénine en janvier 1924, Joseph Staline et Léon


Trotski se font face. Leur conception de la nature du Parti communiste diverge : Trotski
souhaite la reconstruction de tendances plurielles au sein du Parti, tandis que Staline préfère
un Parti discipliné et monolithique.

➤ Le « socialisme dans un seul pays ». Se présentant comme l’héritier de Lénine, Staline


élimine ses opposants par une série de « purges ». Contrairement à Trotski qui voulait la
révolution mondiale, Staline prône la construction du « socialisme dans un seul pays », et
étend la bureaucratisation du Parti et de l’État.

A. L’émergence du fascisme en Italie

➤ Des revendications territoriales insatisfaites. Après la Première Guerre mondiale, de


nombreux Italiens considèrent que l’Italie n’a pas obtenu assez de territoires. L’impression
d’une « victoire mutilée » contribue à fragiliser une démocratie encore balbutiante.

➤ L’Italie en crise. Par ailleurs, le pays connaît de profonds troubles économiques et sociaux
liés aux plaies du conflit. Dans les campagnes du sud du pays et dans la plaine du Pô, les
paysans réclament des salaires, des contrats et des meilleures conditions de vie. Avec 600
000 chômeurs en 1921, les villes industrielles sont également touchées par l’agitation.
➤ La naissance du fascisme. Benito Mussolini fonde en mars 1919 les Fasci italiani di
combattimento, les Faisceaux de combat, mouvement qui se transforme en Parti national
fasciste en novembre 1921. Les squadre (escouades) de « Chemises noires », soutenues par
les milieux industriels, se chargent de réprimer les manifestations socialistes et
communistes. La violence de la guerrre sʼintroduit dans les luttes politiques : on parle de «
brutalisation des sociétés européennes » (un concept forgé plus tard par lʼhistorien George
L. Mosse).

Mussolini au pouvoir

➤ L’essor du fascisme. Les élections de mai 1921 n’amènent à la Chambre des députés que
32 fascistes. Après de nombreuses hésitations, Mussolini mise sur l’action directe pour
s’emparer du pouvoir.

➤ La marche sur Rome. Le 28 octobre 1922, Mussolini fait pression sur le pouvoir en place
en organisant une marche paramilitaire sur Rome. Il est alors nommé légalement à la tête du
gouvernement. Lors des premiers mois du régime, il maintient un certain pluralisme
politique mais, entre 1925 et 1926, une série de lois dites « fascistissimes » fait basculer
l’Italie du côté de la dictature en supprimant toute forme d’opposition.

B. L’Allemagne nazie

La fragile République de Weimar

➤ Un État affaibli. La République de Weimar, fondée après la guerre, est affaiblie par les
violences commises par des groupes paramilitaires, les corps francs. Ces derniers rejettent
notamment le traité de Versailles, vu comme une humiliation. De plus, la crise de 1929
frappe de plein fouet une économie déjà très fragile.

➤ Les débuts du nazisme. Adolf Hitler s’illustre d’abord par un coup d’État raté en
novembre 1923, qui lʼenvoie en prison pendant neuf mois. Cʼest là quʼil écrit Mein Kampf («
mon combat »), un ouvrage dans lequel il expose la doctrine nazie : une vision du monde
raciste et antisémite, mêlée à un programme politique ultra-nationaliste et belliqueux. En
sortant de prison, Hitler décide de conquérir légalement le pouvoir : selon lui, les nazis
doivent parvenir au pouvoir par la force des urnes et non par la force des armes (▶ doc 1).
En réalité, les nazis nʼont utilisé le système démocratique de la République de Weimar que
pour mieux le détruire.

L’ascension fulgurante du nazisme

➤ La conquête du pouvoir. Aux élections législatives de 1930, le NSDAP obtient 107 sièges
et six millions et demi de voix, avant de devenir le premier parti d’Allemagne en 1932. Hitler
est alors nommé chancelier par le président Hindenburg le 30 janvier 1933.

➤ L’effondrement de la démocratie. L’opposition est rapidement démantelée par Hitler. Le


Reichstag est dissous le 1er février et de nouvelles élections sont organisées. Le 27 février
1933, le palais du Reichstag est incendié par les nazis, qui accusent les communistes, un
prétexte permettant de pourchasser ces derniers et d’interdire le Parti communiste. Le 24
mars, les pleins pouvoirs sont confiés à Hitler et, dès juillet 1933, le NSDAP devient le seul
parti officiel.

B. Le fonctionnement du pouvoir totalitaire :

1. Les idéologies :

Une direction autoritaire de l’économie

➤ Communisme et socialisation de l’économie. L’économie de l’Union soviétique se


caractérise par la collectivisation des terres agricoles et des moyens de production
industriels. Dès 1928, Staline met un terme à la nouvelle politique économique et
entreprend une vaste planification de l’économie. De grandes fermes d’État, les
sovkhozes, et de grandes exploitations collectives, les kolkhozes, sont instituées.

➤ Un État corporatif en Italie. L’Italie fasciste maintient des liens étroits avec les
intérêts privés et les riches industriels. L’État organise les relations entre les salariés
et les employeurs et devient le régulateur de la vie économique, en particulier après
l’institution de la charte du travail en 1927.

➤ L’interventionnisme d’État en Allemagne. Adolf Hitler mène une politique de


grands travaux, développe le secteur industriel allemand et prône une économie
autarcique pour résorber le chômage de masse.

Le chef et l’homme nouveau

➤ Le culte de la personnalité. Dans les sociétés allemande, italienne et soviétique, le


chef, investi d’une autorité absolue, fait l’objet d’un véritable culte. Hitler fédère
ainsi le peuple allemand autour de la devise « Ein Volk, ein Reich, ein Führer » (un
peuple, un empire, un chef).

➤ Créer un homme nouveau. Les régimes totalitaires entendent façonner un homme


nouveau dans une société nouvelle et régénérée. Cela passe par la discipline
physique et sportive, l’hygiène, l’exaltation des valeurs militaires ainsi que le culte du
travail.

La spécificité du nazisme

➤ La biologie comme loi de l’histoire. Les nazis estiment que les lois de la nature
conditionnent les sociétés humaines. Persuadés dʼappartenir à une race aryenne
supérieure, ils mettent en place des politiques d’eugénisme visant à éliminer les
races considérées comme « inférieures », les homosexuels et les handicapés.

➤ Un antisémitisme virulent. Aux yeux des nazis, les Juifs sont situés en bas de
l’échelle des races. Dès 1933, le boycott de leurs commerces est mis en place. Le 15
septembre 1935, les lois de Nuremberg excluent les Juifs de la société allemande. Les
violences envers eux se multiplient. Les 9 et 10 novembre 1938, sous l’impulsion des
autorités nazies, les populations du Reich s’en prennent aux synagogues et aux
commerces des Juifs, tandis que des assassinats sont commis en toute impunité.
Après cette date, environ 30 000 Juifs sont envoyés en camp de concentration, tandis
que des milliers de Juifs allemands préfèrent fuir le pays.

➤ La conquête d’un espace vital. Selon Hitler, la race allemande ne peut se maintenir
et s’étendre que si les populations de sang allemand sont réunies sous la tutelle d’un
seul et même empire. L’idée selon laquelle le Reich doit conquérir en Europe de lʼEst
un « espace vital », le Lebensraum, s’impose avec force dès les années 1920.

2. Le pouvoir :

La terreur de masse

➤ Surveiller et réprimer. Les opposants politiques font l’objet d’une étroite


surveillance et d’une répression féroce. Des polices politiques sont créées dans
chacun des États totalitaires : le NKVD en URSS, la SS et la Gestapo en Allemagne,
l’OVRA en Italie.

➤ Déporter et enfermer. En Allemagne, les premiers camps de concentration sont


créés en 1933 à Dachau et Oranienburg. En URSS, les violences staliniennes revêtent
de multiples formes : les opposants politiques peuvent être enfermés dans les camps
du Goulag, exilés ou exécutés.

C. Les bouleversements européens :

❯ Comment les régimes totalitaires modifient-ils la carte et la géopolitique de l’Europe ?

La montée des périls

1935-1936 : le basculement des équilibres géopolitiques

1933-1935 : la montée des tensions


➤ Le réarmement de l’Allemagne. Après avoir quitté la conférence sur le désarmement,
Hitler se retire le 19 octobre 1933 de la SDN, refusant tout arbitrage international. Dès 1934,
souhaitant panser les plaies de l’humiliation du traité de Versailles, il réarme le Reich en
secret. Une année plus tard, il décide de rétablir le service militaire obligatoire et porte à 36
divisions les effectifs de l’armée allemande.

➤ Neutraliser lʼAllemagne. Les démocraties européennes, en particulier la France,


cherchent à encercler lʼAllemagne hitlérienne. Le 18 septembre 1934, lʼURSS intègre la SDN.
Pierre Laval, ministre français des Affaires étrangères, et lʼambassadeur soviétique Potemkin
signent en mai 1935 un traité dʼassistance mutuelle : on appelle ce rapprochement la «
politique de la main tendue ». En France, cette alliance franco-soviétique sʼillustre par le
rapprochement des socialistes (SFIO) avec les communistes (PCF), notamment dans le cadre
du Front populaire, vainqueur des élections en mai 1936.

➤ Faire front commun. La France signe également un accord de collaboration avec lʼItalie de
Mussolini en 1935. Les diplomates français, italiens et britanniques se réunissent dans la ville
de Stresa, en Italie, pour promouvoir une politique commune face au réarmement allemand.

➤ La rupture du front de Stresa. Cet esprit dʼunité face à la menace hitlérienne sʼestompe
rapidement. En effet, lʼItalie envahit et conquiert lʼÉthiopie en 1935-1936. Mussolini rejette
les arbitrages proposés par la France et le Royaume-Uni, puis par la SDN ; cette dernière finit
par imposer des sanctions économiques à lʼItalie en 1935 (▶ doc 1). La crise éthiopienne
conduit donc lʼItalie à se rapprocher de lʼAllemagne ; en octobre 1936, les deux États
concluent une alliance, lʼaxe Rome-Berlin. Un an plus tard, lʼItalie quitte à son tour la SDN.

➤ La remilitarisation de la Rhénanie. Hitler profite des divisions internes aux démocraties


occidentales et de la vigueur du pacifisme dans l’opinion européenne. Il envoie 30 000
soldats allemands de la Wehrmacht dans la zone démilitarisée de la Rhénanie le 7 mars
1936. Résolues à ne pas employer la force, les puissances européennes refusent une riposte
militaire.

➤ La guerre dʼEspagne. La guerre civile qui oppose les nationalistes du général Franco aux
républicains et aux anarchistes divise lʼEspagne dès 1936. Très vite, ce conflit
sʼinternationalise. Les nationalistes cherchent de lʼaide auprès de lʼItalie et de lʼAllemagne,
qui envoient des troupes armées, responsables notamment du bombardement de Guernica.
Les républicains, eux, font appel aux démocraties occidentales, qui nʼinterviennent pas
directement, et à lʼURSS qui envoie des armes et des conseillers militaires. Enfin, plusieurs
milliers de personnes, venues de 53 pays différents, sʼengagent volontairement dans les
Brigades internationales pour lutter contre les fascistes. Cʼest néanmoins Franco qui finit par
triompher, imposant un régime autoritaire en Espagne.
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Auteur : pierre-francois grond
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Date de création : 14/09/2021 18:46:00
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Dernier enregistr. le : 14/09/2021 18:46:00
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