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Introduction

L’entre-deux guerre voit apparaître des types de régimes nouveaux en Italie, en URSS et en
Allemagne. Leurs origines se trouvent dans l’humiliation et le choc subi lors de la Première
Guerre mondiale (poids de la défaite lourd pour l’Allemagne : traité de Versailles = diktat),
dans l’apparition de la violence dans la vie politique (troupes paramilitaires en Allemagne,
les SA, et en Italie, les chemises noires) qui permet ainsi d’accéder au pouvoir. L’historien
G. Mosse parle de brutalisation de la société à la suite de la première guerre mondiale. La
crise économique a aussi fortement ébranlé les bases libérales des gouvernements
démocratiques européens. Enfin, de nombreux Etats-nation nouvellement formés ont des
cultures éloignées des pratiques démocratiques.

Dans ces trois États, les régimes qui se mettent en place ont des caractéristiques
communes même si leurs idéologies sont différentes. Cela a permis de les regrouper sous le
terme de « RÉGIMES TOTALITAIRES » (= dictature, qui, par un ensemble de moyen
cherche à obtenir l’obéissance totale de la société et à créer un « homme nouveau »).

Problématique : quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires et leurs


conséquences sur la géopolitique de l’Europe ?

I. La mise en place des régimes totalitaires

A. Origines et arrivée des hommes providentiels

Le pouvoir Russe, déjà fragile avant la Première Guerre mondiale, ne parvient pas à
contenir la montée des idées communistes. Il faudra deux révolutions en 1917 pour
renverser le pouvoir et y installer les communistes révolutionnaires (les Bolchevik) emmenés
par Lénine qui a promis la paix et la redistribution des richesses en faveur des petits
paysans et des ouvriers (les prolétaires). Après la mort de Lénine, une lutte d’influence se
met en place pour trouver son successeur et c’est finalement Joseph Staline qui s’impose
comme le chef du pays à partir de 1929.

En Italie, c’est Benito Mussolini qui s’impose en s’appuyant sur des idées nationalistes suite
à la « victoire mutilée » de la Première Guerre mondiale (officiellement dans le camp des
vainqueurs, l’Italie n’obtient pas les territoires qui lui avaient été promis). Il crée des milices
paramilitaires, les « chemises noires » qui sèment la terreur en Italie. Il crée le parti national
fasciste (PNF) en 1921. Il obtient le pouvoir suite à une « marche sur Rome » à la tête de sa
milice en 1922. Ce sont les “Lois fascistissimes” de 1926 qui vont mettre en place un régime
totalitaire : parti unique, police politique, culte de la personnalité, contrôle de la presse et du
pouvoir législatif.

Le fascisme italien a grandement inspiré Adolf Hitler qui n’a pas supporté la défaite de la
Première Guerre mondiale. Il s’est fait le porte-parole d’un ultranationalisme allemand
opposé aux idées démocratiques. Il devient le chef du NSDAP (parti national-socialiste des
travailleurs allemands) ou « parti nazi » et fonde une milice, les SA. Il tente un coup d'État
en 1923 mais son échec l’amène en prison pour quelques mois. En 1933, il obtient
légalement le pouvoir en Allemagne.

B. Des idéologies différentes

L'URSS, créée en 1921, est un régime totalitaire communiste dont le but est d’établir
l’égalité sociale par une révolution. S’inspirant des écrits de Karl Marx (Le Capital), l’objectif
des bolcheviques est de supprimer les classes sociales en mettant fin à la domination des
possédants (les bourgeois capitalistes) au profit d’une société sans classe sociale. Staline
met en place la COLLECTIVISATION (= mise en commun des terres agricoles) des
campagnes et la PLANIFICATION (= encadrement de l’économie par des plans d’une durée
quinquennaux fixant des objectifs de production) de la production industrielle. Le modèle
soviétique est celui de l’ouvrier travailleur dévoué à son travail. Cette politique va provoquer
une grande famine en Ukraine (plus de 8 millions de morts en 1933, l'Holodomor).

Le fascisme de Mussolini veut rétablir la grandeur de l’Italie en prenant comme inspiration et


modèle l’Empire romain. Mussolini veut créer un peuple guerrier et fier capable de retrouver
une grandeur passée. Le nazisme d’Hitler s’est inspiré du fascisme mais en y ajoutant l’idée
de race. Le peuple allemand (Volk) est de la race aryenne qui est supérieure aux autres par
sa pureté. Tout ce qui peut la corrompre est donc rejeté ce qui amène à l’antisémitisme
d’Etat de l’Allemagne nazie. Hitler souhaite aussi donner aux Allemand un espace vital
(Lebensraum) pour lui assurer sa prospérité.

II. Les pratiques du pouvoir dans les régimes totalitaires

A. Une population embrigadée

L’installation des régimes totalitaires s’est accompagnée d’un effacement de la démocratie


avec la présence d’un seul et unique parti politique : le PCUS en URSS, le parti nazi en
Allemagne et le PNF en Italie. Les autres partis politiques sont interdits, il n’y a donc pas de
voix portant l’opposition. Chaque parti est dirigé par un chef possédant tous les pouvoirs et
présenté par la PROPAGANDE (=ensemble d'actions effectuées par une institution ou une
organisation pour faire agir et penser la population d’une certaine manière) comme infaillible
et dévoué à son peuple qui lui doit en retour obéissance. Ils sont tous appelés « guides »
par leurs surnoms (Führer pour Hitler, Duce pour Mussolini et Vodj pour Staline). C’est ce
que l’on appelle le CULTE DE LA PERSONNALITÉ.

La population est encadrée à tout âge afin de forger un homme nouveau, fondé sur les
valeurs ouvrières (URSS) ou conquérantes (Italie et Allemagne). Les régimes totalitaires se
créent des organisations pour « former la jeunesse » : l’ONB en Italie et la Jeunesse
Hitlérienne pour défendre la patrie, les Komsomols en URSS dont le but est d’inciter à
travailler d’avantage (stakhanovisme). Le but est de modeler la jeunesse selon l’idéologie
des régimes. A ce titre, la propagande est omniprésente et la censure bat à son plein afin de
diffuser les idées du régime et de glorifier le chef. Le sport (JO de 1936 en All) ou encore le
cinéma en sont de parfaits exemples tout comme les grands rassemblements comme ceux
de Nuremberg en All qui regroupent des milliers de nazis dans un cérémonial très
spectaculaire.

A chaque fois, l’objectif n’est pas de convaincre par la raison mais par le sentiment. Mais
toute la population n’adhère pas à ces idéologies comme en URSS par exemple où les
paysans s’opposent à la collectivisation.

B. Une population terrorisée

Les régimes totalitaires ont un dénominateur commun à savoir le recours à la violence et à


la terreur de masse. Pour cela, les États totalitaires mettent en place des polices politiques
(Guépéou puis NKVD en 1934 en URSS, la Gestapo en Allemagne et l’OVRA en Italie).
L’objectif est d’éradiquer toute forme d’opposition ainsi que les personnes perçues comme «
nuisibles ». En URSS, les KOULAKS (désigne à l’origine un paysan propriétaire puis tous
les opposants à la collectivisation des terres) sont déportés dans les camps du GOULAG et
lors de la GRANDE TERREUR de 1937-1938, Staline fait arrêter, emprisonner ou tuer tout
ennemis supposés de la société communiste (environ 750 000 morts).

En Allemagne, les lois de Nuremberg en 1935 excluent les juifs de la société allemande, le
but est de faire fuir la population juive. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la « Nuit de
Cristal » l’Allemagne (200 synagogues brulées, 7 500 commerces détruits, 30 000
déportations) est le premier POGROM (= émeute antisémite tolérée ou encouragée par les
autorités) organisé à l’échelle de et qui marque le début d’une nouvelle étape dans la
persécution des juifs.

III. Des régimes qui désirent s’imposer au monde

A. La guerre civile espagnole (1936-1939) : une répétition générale ?

En Espagne en 1936, une coalition de gauche (Frente Popular) remporte les élections
législatives. Mais la droite nationaliste et catholique conteste ce résultat et refuse son échec.
Le 17 juillet 1936, un coup d’Etat militaire est organisé par le général Franco. Ce dernier
mène une guerre civile contre le gouvernement du Frente Popular, ce sont les franquistes
contre les républicains. Les régimes fascistes et nazis s’engagent au côté du général Franco
afin d’obtenir un allié supplémentaire. L'URSS soutient les républicains espagnols en
envoyant des armes et en organisant les BRIGADES INTERNATIONALES (= groupes de
volontaires étrangers encadrés par Moscou pour combattre en Espagne contre les
franquistes).

Les troupes allemandes et italiennes gagnent en expérience durant les combats et ils
expérimentent leurs armes. A Guernica, le 26 avril 1937, l’aviation allemande fait plus de 2
000 morts civils. A la fin du conflit (1939), Franco s’installe à la tête d’une dictature
nationaliste et catholique.

B. La marche vers la guerre

Fascistes et nazis cherchent à étendre leur territoire, Hitler revendique le droit de la « race
supérieure » à conquérir un « espace vital » (Lebensraum) comprenant tous les allemands
(pangermanisme) et n’admettent pas les clauses du traité de Versailles, considéré comme
injuste et humiliant. Pour Mussolini, l’Italie a été lésée par les traités d’après-guerre et
cherche à dominer la Méditerranée. Les deux pays quittent la SDN qui se montre incapable
d’empêcher leur expansion. La conférence de Munich en septembre 1938 est l’ultime
tentative d’apaisement en Europe, Français et Anglais tentent d’apaiser la situation en
acceptant l’Anchluss (= « réunion » en allemand, désigne le rattachement de l’Autriche à
l’Allemagne en 1938), mais ils montrent surtout à Hitler leur pacifisme et leur attentisme.
Quant à Staline, conformément à l’idéologie communiste, il souhaite propager la révolution
bolchevique.

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