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La fin de la 2GM voit les pays vainqueurs établir un nouvel ordre international pacifique en même temps
qu’ils posent les bases de l’Etat-providence.
Toutefois, les tensions entre les deux superpuissances, Etats-Unis et URSS, conduisent à la bipolarisation
du monde et à l’avènement de la guerre froide.
Dans le même temps, la décolonisation affaiblit les anciennes puissances, comme la France, et favorise
l’affirmation sur la scène internationale de nouveaux acteurs internationaux.
Chapitre 1 – La fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d’un nouvel ordre mondial
Chapitre 2 – Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers-monde
Chapitre 1 – La fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d’un nouvel ordre mondial
En 1945, le plus meurtrier des conflits prend fin mais laisse un monde en ruines.
L’opinion découvre l’ampleur des crimes nazis, mais aussi la capacité terrible de destruction de l’arme nucléaire.
Avec les capitulations allemande et japonaise, la guerre prend fin et les Alliés cherchent à fixer des règles
économiques, politiques et juridiques pour fonder un nouvel ordre mondial plus sûr. La reconstruction de l’ordre
international repose ainsi sur la réaffirmation des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis (première puissance économique et militaire) et l’URSS
(auréolée de sa victoire sur le nazisme) sont les deux grandes superpuissances et étendent leur influence sur des
territoires importants. Les anciennes puissances européennes sont affaiblies par les pertes de la guerre, la défaite de
1940 et l’occupation pour certaines (la France notamment). Leur influence dans le monde s’en trouve amoindrie.
Le nouvel ordre ainsi constitué se heurte toutefois d’emblée à des tensions, à la dégradation rapide des relations
entre Etats-Unis et URSS, et débouche sur un nouveau type de conflit : la guerre froide.
Guerre froide
Conflit idéologie et géopolitique entre les deux grandes puissances, Etats-Unis et URSS, de 1947 à 1991.
Entre volonté de reconstruction pacifique et tensions nouvelles, comment les années d’immédiat
après-guerre annoncent-elles la mise en place d’un nouvel ordre mondial ?
Plan
I. Construire un nouveau monde après 1945
A. Un monde meurtri par le conflit : un bilan matériel, humain et moral catastrophique
B. Reconstruire le monde autour de nouvelles institutions internationales
C. Un Etat plus présent
II. De nouvelles tensions qui débouchent sur la constitution d’un monde bipolaire
A. Etats-Unis et URSS à la tête du monde
B. De l’alliance de circonstance durant la 2GM à la montée des tensions entre les deux superpuissances
C. La fin de la Grande alliance
D. La bipolarisation du monde et le début de la guerre froide
I. Construire un nouveau monde après 1945
Economies moribondes
Au lendemain de la guerre, toutes les économies sont moribondes et dépendent grandement du soutien des
Etats-Unis. Etats-Unis sont un des rares pays qui n’a pas subi de guerre sur son territoire, donc pas de
destruction (exception faite de Pearl Harbour, à Hawaï). Ont vu leur production industrielle doubler pour
soutenir l’effort de guerre.
Rationnement se développe et perdure de nombreuses années après la fin de la guerre, à cause des
difficultés d’approvisionnement, et de la lente relance de l’agriculture.
1945 : Pays-Bas, famine : 20 000 morts alors que la guerre est terminée.
Ce bilan pousse les nations victorieuses à envisager de façon radicalement différente les relations
internationales après la guerre.
Le pacifisme (= refus de la guerre et engagement politique actif en faveur de la paix) gagne du terrain,
l’opinion refusant de voir de semblables violences se reproduire.
B. Reconstruire et refonder un monde autour de nouvelles institutions internationales
Alliés créent un cadre international pour la reconstruction des pays dévastés par la guerre
Pour les Américains, c’est la crise éco des années 1930 qui a entrainé la montée du nazisme, et donc la guerre.
Ils veulent donc garantir le développement économique pour préserver une paix durable.
Et d’abord, aider les pays en difficulté économique :
Juillet 1944 : conférence de Bretton Woods (Etats-Unis) réunie les nations alliées pour mettre en place un
nouveau système monétaire international. Leur but est d’éviter les désordres monétaires et commerciaux des
années 1930 qui ont contribué la montée des tensions et à la 2GM. Le dollar, convertible en or, est choisi
comme monnaie d’échange international et étalon pour les autres monnaies (cours des monnaies fixé par
rapport au dollar). Le SMI (système monétaire international) doit ainsi faciliter les échanges commerciaux. Ces
accords créent le Fonds monétaire international (FMI).
FMI : Fonds monétaire international : créé en 1945 afin d’assurer la stabilité économique et financière du
monde et venir en aide aux Etats en difficulté
Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (= Banque mondiale), principalement
chargée, à ses débuts, d’aider à la reconstruction de l’Europe et du Japon.
BIRD : Banque internationale pour la reconstruction et le développement fondée en décembre 1945 pour aider
à la reconstruction d’après-guerre et venir en aide aux pays les moins développés
Afin de développer les relations commerciales : création du GATT : General Agreement on Tariffs and Trade :
Accords signés en 1947 par 23 pays représentant 80 % du commerce international, qui vise à harmoniser les
politiques douanières entre les Etats. Concrètement en abaissant les barrières douanières pour favoriser les
échanges commerciaux.
Un des aspects novateurs du nouvel ordre mondial : mettre en place une justice internationale
(= justice qui, à l’aide d’une législation internationale, vise à régler les différends entre Etats ou entre des
particuliers et des Etats).
Vainqueurs sont convaincus de la nécessité d’instaurer un droit international.
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A la suite des capitulations des puissances de l’Axe, les procès de Nuremberg (Allemagne, 20 nov. 1945 – 1
oct. 1946) et de Tokyo (19 janvier 1946 – 12 nov. 1948) vont permettre de juger les principaux responsables
des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Notion de « crime contre l’humanité » est définie dans la charte du Tribunal militaire international de
Nuremberg, chargé de juger les hauts dirigeants du régime nazi (1945-1946)
Japon : Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient juge à Tokyo les dignitaires japonais
responsables des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Tribunaux de Nuremberg et de Tokyo jugeant les cadres nazis et ultranationalistes, dont plusieurs d’entre eux
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sont donc pour la 1 fois accusés de crime contre l’humanité, ce qui souligne le caractère exceptionnel des
massacres commis. C’est une première expérience de mise en place d’une justice pénale internationale.
Crime contre l’humanité : notion élaborée par le tribunal de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946), et
depuis intégrée au droit international. Imprescriptible, le crime contre l’humanité couvre l’assassinat,
l’extermination, le génocide, la réduction en esclavage de populations entières, la déportation et tout acte
inhumain commis contre les populations civiles ainsi que les persécutions pour des motifs politiques, raciaux
ou religieux.
Crime de guerre : violation du droit de la guerre. Cette notion ne concerne que les militaires ou les autorités
qui les commandent, dans le cadre d’une guerre.
Enfin, la déclaration des droits de l’Homme, adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des
Nations unies est une réponse à la barbarie nazie.
Etat-providence
Etats alliés sont conscients de la responsabilité de la crise économique et sociale dans le déclenchement de
la guerre. Et au cours de la guerre, plusieurs gouvernements ont senti la nécessité de répondre aux besoins
sociaux de populations très mobilisées et durement éprouvées.
Donc dans de nombreux pays, dirigeants souhaitent mise en place d’un Etat-providence. Les Etats veulent
prendre en charge le bien-être de leur population. S’impose l’idée que l’Etat doit assurer les besoins
essentiels de la population : santé, éducation, assistance en cas de chômage, etc.
Etat-providence : Etat qui garantit à ses citoyens des droits sociaux et une certaine redistribution des
richesses économiques du pays
o Royaume-Uni
Rapport de William Beveridge, 1942, pour le Parlement : montre la nécessité d’un Etat plus protecteur et qui
redistribue davantage : l’Etat doit assurer une protection sociale universelle, à tous les citoyens contre les
risques sociaux (maladie, vieillesse, chômage) et doit effectuer une redistribution des revenus dans un objectif
de justice sociale. Royaume-Uni met ainsi en place des allocations familiales en 1945 et un système
d’assurance maladie en 1946.
o France
Cette protection sociale est fondée sur les principes de solidarité et de redistribution, qui est publiée dans le
programme du Conseil national de la résistance (CNR) le 15 mars 1944.
CNR : Conseil national de la résistance : organisation créée en 1943 et chargée de coordonner les actions
des différents groupes de la résistance intérieure
Programme comporte un « plan d’action immédiat », c’est-à-dire des actions sur les actions de résistance à
mener, mais aussi des réformes politiques, sociales et économiques à appliquer à la fin de la guerre.
Cette volonté de protection sociale se traduit par la mise en place d’une Sécurité sociale qui assure à chacun
la protection en cas de maladie. Elle voit le jour en octobre1945.
Mais aussi autoriser le vote des femmes (21 avril 1944) (premières femmes élues maires aux élections
municipales de 1945), reconnaitre les syndicats.
Fonctionnement Sécurité sociale : les caisses de la sécurité sociales sont remplies par les cotisations
patronales et celles des salariés, qui permettent en retour le remboursement des soins de santé, des
indemnités en cas d’accident du travail, le financement des retraites et les prestations sociales.
Relancer la production
Rationnement maintenu en Europe dans les années qui suivent fin guerre. En France, prod° industrielle a
chuté de 38 % par rapport à avant début guerre. Ne peut redémarrer immédiatement.
1946 : un commissariat général au Plan (dirigé par Jean Monnet) est créé. Donne priorité aux secteurs
indispensables pour relancer économie : énergie, ciment, transport.
Plan : document établi par l’Etat qui fixe les grandes orientations de l’éco et les objectifs à atteindre.
Etat jour rôle moteur dans reconstruction par le biais des entreprises nationalisées en 1945.
II. De nouvelles tensions qui débouchent sur la constitution d’un monde bipolaire
B. De l’alliance de circonstance durant la 2GM à la montée des tensions entre les deux superpuissances
Multilatéralisme
Alors que 2GM fait encore rage, puissances alliées se réunissent régulièrement pour envisager l’après-guerre
et la mise en place d’un nouvel ordre international, fondé sur le multilatéralisme et la résolution pacifique des
différends.
Multilatéralisme : attitude qui privilégie le règlement des problèmes mondiaux de façon collective.
1941, suite à l’invasion de l’URSS par l’armée nazie, URSS et Etats-Unis se rapprochent : à partir de cette
date, avec Royaume-Uni, réunions entre les trois grandes puissances alliées se multiplient. Dans le but
d’envisager la défaite de l’Axe.
Conférences de Téhéran (1943), de Yalta (février 1945), de Potsdam (juillet 1945) : les trois pays préparent la
construction d’un nouvel ordre international.
Ambigüités
Mais Conférence de Yalta de fév. 1945 (réunit Roosevelt, Churchill, Staline) en particulier est pleine
d’ambiguïtés : URSS confirme son accord à la création de l’ONU (Roosevelt parvient à convaincre Staline
d’adhérer au principe des Nations unies, à condition que ce dernier obtienne un droit de veto au Conseil de
sécurité) mais les trois dirigeants ne trouvent pas de terrain d’entente concernant le sort de l’All.
Aussi : principe d’organisation d’élections libres en Europe est adopté, mais Soviétiques imposent que l’acte
finale de la conférence ne fixe ni calendrier ni conditions précises.
« rideau de fer »
5 mars 1946 : Winston Churchill (ancien premier ministre britannique de mai 1940 à juillet 1945) prononce à
Fulton (Etats-Unis) un discours resté célèbre : il dénonce l’instauration d’un « rideau de fer » qui s’est abaissé
en Europe, la divisant en deux (Est et Ouest) : frontière entre l’Europe occidentale et les démocraties
populaires.
Souhaite, par ce discours, attirer l’attention des puissances occidentales sur la menace que représente selon
lui l’URSS en Europe.
L’URSS impose désormais de manière totale son pouvoir sur les démocraties populaires européennes.
Pour Churchill, cette coupure en Europe menace la paix sur le continent.
Bipolarisation du monde
C’est à partir de 1947 que l’on peut parler d’entrée dans la guerre froide et de bipolarisation du monde.
Guerre froide : période pendant laquelle les Etats-Unis et l’URSS s’opposent de façon idéologique, politique,
économique et militaire, sans réel affrontement direct
Bipolarisation : processus de structuration des relations internationales autour des Etats-Unis et de l’URSS, à
partir de 1947, deux puissances opposées idéologiquement
« Coup de Prague »
Au lendemain de la 2GM, la Tchécoslovaquie (pays démocratique) est un des rares pays d’Europe de l’Est où
les communistes sont minoritaires : aux élections de 1946, ils n’obtiennent que 38 % des voies. Mais
communistes, soutenus par URSS, cherchent à renforcer leur influence dans le pays.
« Coup de Prague » va faire entrer la Tchécoslovaquie dans l’aire d’influence soviétique : cela montre la
volonté de l’URSS d’imposer des régimes communistes dans tous les pays de l’Europe de l’Est.
En effet, la Tchécoslovaquie connaît en février 1948 un coup de force : suite à la nomination exclusive de
communistes comme commissaires de police à Prague, les ministres non-communistes démissionnent. Le
premier ministre communiste Klement Gottwald prend le pouvoir. Il impose au président la nomination
exclusive de communistes au gouvernement. Adoption d’une nouvelle constitution communiste en mai.
Gottwald devient président en juin (après démission de Benes car celui-ci ne voulait pas signer la nouvelle
constitution).
Ce coup de force montre la radicalisation politique dans le bloc soviétique.
Allemagne
Après « coup de Prague », tension est immense à Berlin. All. est le théâtre de la première grande crise grave
entre les deux camps.
En réaction au « coup de Prague », les Occidentaux annoncent en juin 1948 la fusion de leurs zones
d’occupation en Allemagne. Décident la création d’une nouvelle monnaie : le Deutsch Mark (une seule
monnaie).
URSS refuse reconstruction politique et économique que Occ. engagent dans la partie ouest. URSS réplique
donc en bloquant toutes les voies terrestres d’accès à Berlin-Ouest (blocus).
Durant près d’un an (24 juin 1948-12 mai 1949), cette partie de la ville est coupée du reste de l’Allemagne et
ravitaillée par avion.
Après la levée du blocus de Berlin par l’URSS en mai 1949, All. est divisée en deux Etats (création de deux
Etats) :
- RFA (pro-occidentale) à l’Ouest : République fédérale d’Allemagne, formée à partir des trois zones
occidentales
- RDA (pro-soviétique) à l’Est : République démocratique d’Allemagne, formée à partir de la zone
soviétique