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Chapitre 4 :

La multiplication des acteurs internationaux dans un monde


bipolaire (de 1945 au début des années 1970)

De la grande alliance qui cherche à établir un nouvel ordre mondial, au début de la


Guerre froide ?

1. Le bilan de la Seconde Guerre mondiale : une catastrophe d'ampleur


planétaire qui rebat les cartes

1. le monde en 1945: un lourd bilan humain, matériel et moral

De nombreuses régions du monde ont subi les ravages de la guerre : par ex.
certaines villes bombardées (Hiroshima, Berlin, Londres...), des régions entières
dévastées (Est de l'URSS). Les infrastructures de transports sont particulièrendent
touchées.Les états belligérants sont surendettes.

L'impact démographique du conflit est durable : au moins 60 millions de


morts, dont plus de la moitié sont des civils.Les états les plus durement touchés
sont l'URSS, la Chine, la Pologne et l'Allemagne.

Le traumatisme moral est majeur : outre le nombre de morts, le monde


découvre la réalité du système concentrationnaire nazi tandis que l'usage de la
bombe atomique en 1945 fait peser de nouvelles angoisses.

2. Des modifications territoriales d'ampleur:

L'URSS s'agrandit en maintenant ses annexions de 1940 et de 1945. La


Pologne "se déplace" vers l'Ouest. L'Allemagne, séparée de l'Autriche, est occupée
par 4 armées (américaine, britannique, française et soviétique) et perd de
nombreux territoires (en particulier ses annexions de 1938-1942).

En Asie, le Japon doit abandonner toutes ses conquêtes, y compris ses


colonies d'avant 1939 (par ex. la Corée ou Taiwan).

Ces modifications entrainent les déplacement de millions de personnes en


Europe et en Asie entre 1945 et 1949.
3. deux superpuissances s'affirment : États-Unis et URSS

Les États-Unis sont les créanciers des Alliés. Leur puissance économique et
financière s'est développée. Les États-Unis n'ont pas de destruction sur leur
territoire. L'armée américaine a libéré ou occupé l'Europe occidentale (dont une
partie du Reich) et le Japon. Les États-Unis sont la seule puissance nucléaire.

Au contraire,L’URSS a connu des destructions et des pertes humaines


massives. Mais les régions orientales ont été développées très vite (Oural, Sibérie,
Asie Centrale) et l'Armée Rouge occupe l'Europe de l'Est. Surtout, le communisme
apparaît comme le grand vainqueur du nazisme et la popularité internationale de
Staline est à son comble.

Il. Les bases d'un nouvel ordre international sont posées

1. Les conférences interalliées de 1945 préparent la fin du conflit et la paix :

• Yalta (URSS/Crimée) en février 1945. Les 3 grandes puissances alliées


(Royaume-Uni, URSS, Etats-Unis) élaborent les stratégies de sortie du conflit,
évoquent le sort de l'Allemagne et de la Pologne, adoptent le principe
d'élections libres dans les pays libérés et règlent de fonctionnement de la
future ONU.
• Potsdam (Allemagne) en août 1945. Le sort des 3 puissances de l'Axe et de
certains territoires occupés est fixe.

2. Le développement de l'Etat-providence, en particulier en France:

Le victoire a été obtenue par les alliées à travers une forte intervention de
l'Etat dans l'économie afin d'optimiser l'effort de querre. Aux Etats-Unis cette
situation a permis de corriger les effets de la crise de 1929 et de jeter les bases d'une
croissance durable. L'exemple du New Deal de Roosevelt, de la planification
incitative et de la mobilisation économique mises en place aux Etats-Unis en
guerre ainsi que la popularité des travaux de l'économiste britannique J. M. Keynes
forment un modèle.

Celui-ci est retenu par la plupart des puissances occidentales au sortir de la


guerre (Royaume-Uni, France, Italie, future
RFA...) car il permet d'organiser une reconstruction rapide et efficace tout en
satisfaisant l'aspiration des populations au progrès social. C'est le programme des
travaillistes (Labour Party) qui remportent les législatives britanniques d'août 1945
par ex.
En France, selon le programme établi sous l'occupation par le CNR (Conseil
National de la Résistance), le GPRF puis la Quatrième République actent
l'interventionnisme et renforcent l'Etat Providence dès 1945-46, prolongeant ainsi
les mesures héritées du Front Populaire en 1936 :
• des entreprises sont nationalisées, pour que l'Etat dispose d'un levier économique
(énergie, banques...), ou pour punir certains patrons collaborateurs (Renault devient
ainsi la RNUR)
•le commissariat au plan est créé pour coordonner les efforts de reconstruction et
de modernisation (planification incitative). L'ENA est fondée (essor de la
technocratie).
La France met en place l'Etat Providence (voir le Préambule de la
Constitution de 1946) avec la création dès octobre 1945 de la Sécurité Sociale
(maladie + retraite) et le développement des CAF (Caisses d'Allocations Familiales).

3. L'espoir d'un nouvel ordre mondial

a. Les accords de Bretton Woods établissent un nouveau système monétaire

En juillet 1944, 44 états alliés (sauf l'URSS) signent les accords de Bretton
Woods pour réorganiser le système financier et monétaire international mis à mal
dans les années 1930.

• Le système monétaire international est refondé sur le dollar us, dont la parité fixe
avec l'or est consacrés (35Sus = une once d'or, soient 28,35g). « Dollar is as good as
gold » (Gold Exchange Standard). Les taux de change entre les monnaies ne peuvent
varier que dans une fourchette de +1%/-1%.

• Le FMI est crée pour aider les états en difficultés financières et la BIRD doit aider à
la reconstruction et au développement
b. Vers un monde pacifié sous l'égide l'ONU et de la justice pénale internationale ?

Après la faillite de la SDN, les Alliés ont projeté un nouvel organisme chargé de
maintenir la paix (dès la Conférence de TAtiantique en 1941). La charte fondatrice
de l'ONU est signée à San Francisco en 1945. Le siège est situé à New-York. Les
membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU sont les grands vainqueurs
de 1945 : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'URSS (la Russie depuis 1991)
et la Chine. L'ONU doit :

• maintenir la paix
• développer les droits de l'homme
• faire respecter les accords internationaux
• favoriser le développement humain

De nombreux organismes internationaux dépendent de l'ONU : le FMI, POMC,


LUNESCO, LUNICEF...
L'ONU adopte en 1948 une Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Il faut aussi juger les criminels nazis et japonais : une justice internationale s'affirme
(futur TPI). Les grands procès de Nuremberg et de Tokyo (1946-48) sont menés par
les alliés. Le crime contre l'humanité est retenu.

III. De nouvelle tensions amènent de nouveaux conflits

1. Les tensions Est-Ouest rompent la grande alliance et déclenchent la Guerre


froide :

Entre 1946 et 1948, dans l'Europe de l'Est ou est présente l'Armée Rouge,
des régimes communistes alliés à l'URSS se mettent en place : les communistes
locaux participent à des gouvernements d'union nationale mais accaparent les
postes-clefs avant d'évincer les autres partis. En février 1948, c'est par la force que
le PC tchécoslovaque s'empare du pouvoir (« coup de Prague »). Dès 1946 Churchill
dénonce le «rideau de fer» qui s'est abattu sur l'Est. Les états d'Europe de l'Est
deviennent ainsi des « démocraties populaires » sur le modèle de l'URSS: Staline
constitue ainsi un glacis protecteur de pays satellites en cas de confrontation armée
avec les occidentaux.
Ailleurs des insurrections communistes ont éclaté, comme au Vietnam en
1946 contre le retour de l'Indochine sous souveraineté française (Vietminh). En
Grèce une guerre civile oppose entre 1946 et 1949 les communistes aux royalistes.
La guerre civile chinoise qui oppose les nationalistes de Chang Kai Chek, soutenus
par les États-Unis, aux communistes de Mao Zedong reprend en 1945 juste après la
victoire sur la Japon. Une Corée du Sud soutenue par les États-Unis voit le jour en
1948 face à la Corée du Nord soutenue par l'URSS.
En 1947, le président américain Truman veut endiguer le communisme
(containment) et propose une aide financière importante à ses alliés (dons et prêts
à 0%), le plan Marshall (versé en 1948).

L'URSS de Staline le refuse et impose à ses états-satellites de préférer l'aide


soviétique (« doctrine Jdanov », création du
Kominform).

Un monde bipolaire se met ainsi en place des 1947-48. En France, le PCF


quitte le gouvernement en 1947 et entre dans une opposition durable.
2. La naissance d'Israël et le premier conflit israélo arabe : un foyer de conflits
majeur au Proche Orient depuis 1945

• 1881 : installations des premiers Juifs européens en Palestine ottomane, les «


Amants de Sion ». Des mécènes achètent les terres nécessaires (par ex. le baron de
Rothschild)
• 1894 : Théodore Herzi, journaliste austro-hongrois, choqué par l'affaire Dreyfus
en France, théorise le sionisme dans Der Judenstaat (l'Etat des Juifs). Il s'agit
d'établir un « foyer national juif en Palestine » afin, à terme, de refonder Israël.
• 1897-1914 : première vague d'immigration de Juifs, européens surtout, en
Palestine avec l'accord de l'Empire ottoman.
• 1917 : Déclaration Balfour. Le Royaume-Uni promet d'établir un « foyer national
juif » après la victoire sur l'Empire Ottoman.
• 1919-1947, mandat britannique. En vertu des accords franco-britanniques, le
Royaume-Uni hérite de la Palestine. Il s'appuie sur l'Agence juive (sioniste), mais doit
aussi tenir compte du Haut Comité arabe, né de la révolte palestinienne de
1936. Pour calmer les tensions grandissantes entre Juifs et Arabes, le Royaume-Uni
restreint les possibilités d'immigration juives dans les années 1930, jusqu'en 1947.
• 1945-1947 : malgré l'interdiction d'immigrer, de nombreux Juifs européens,
souvent rescapés de la Shoah, s'installent en Palestine. Le terrorisme entre Juifs et
Arabes palestinien se développe.
• 1947 : 'ONU adopte un plan de partage de la Palestine entre un état juif et un
état arabe. Refus arabe.
• 1948-49 : proclamation d'Israël (= Etat hébreu) et Première Guerre israélo-arabe
contre la Syrie, L'Egypte, l'Irak et la Jordanie. Malgré son manque de moyens et
son infériorité numérique, l'armée israélienne (Tsahal) bat les armées arabes et
conquiert une partie des territoires promis par l'ONU aux Palestiniens arabes, ainsi
que Jérusalem-Est. Cela provoque la première vague de réfugiés palestiniens («
Nakba ») : l'Egypte administre la bande Gaza, la Jordanie contrôle la Cisjordanie, où
s'implantent de nombreux réfugiés palestiniens. Ceux qui restent dans les frontières
d'Israël donnent naissance à la communauté des Arabes israéliens.
• 1949 : reprise d'une immigration juive massive vers Israël en provenance
d'Europe, mais aussi du monde arabe et musulman, car les opinions publiques
arabes prennent souvent fait et cause pour les Palestiniens contre Israël.

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