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Joseph KAMA

Louis-Marie SENE
Cours secondaire
Sacré-Cœur
Dakar

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AVANT-PROPOS

Voici un nouveau fascicule d’histoire. Il doit vous permettre non seulement d’avoir votre
cours, mais de vous entraîner aux devoirs et à l’examen.

C’est dans cet esprit que nous l’avons divisé en trois parties :

La première est intitulée « Documents ». Son rôle est de vous permettre, de manière
méthodique, de découvrir la leçon. Pour cela, nous avons proposons des supports variés :
textes, images, cartes et même des tableaux.

La seconde est le Résumé qui condense l’essentiel de ce que vous devez retenir.

La troisième partie appelée « Exercices d’entraînement » est destinée à vous donner des
occasions d’apprendre à travailler à partir de diverses propositions : commentaires et
dissertations notamment. Certains sujets sont extraits des épreuves d’examen, de
composition, d’autres sont réalisés par nous-mêmes.

Ce fascicule n’aurait pas pu se faire sans le soutien du Directeur du Collège Sacré-Cœur, le


Frère Luc Brunet qui nous en a donné les moyens. Nous le remercions sincèrement.

Nous espérons que vous en ferez bon usage et vous souhaitons une bonne préparation du
baccalauréat.

Joseph KAMA et Louis-Marie SENE

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Le monde contemporain
Première partie : le monde au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale (1945-1990)

1. Les conséquences de la guerre et les règlements du conflit --------------


2. Les relations Est-Ouest de la guerre froide à la chute du mur de
Berlin ---
3. La Chine de 1945 aux années 1990 ----------------------------------------------

Deuxième partie : décolonisation et affirmation du Tiers-Monde

4. Les causes générales de la décolonisation -------------------------------------


5. Les formes de décolonisation ------------------------------------------------------
6. La décolonisation en Asie : Inde et Indochine --------------------------------
7. La décolonisation au Proche-Orient : La question palestinienne et
les relations israélo-arabes ---------------------------------------------------------
8. La décolonisation au Maghreb : l’Algérie --------------------------------------
9. La décolonisation en Afrique noire ----------------------------------------------

Etude des civilisations


Première partie : les civilisations négro-africaines

10. Introduction à l’étude des civilisation : le concept de civilisation ------


11. Le cadre géographique et étude historique -----------------------------------
12. L’organisation sociale, politique et économique -----------------------------
13. Les religions traditionnelles -------------------------------------------------------
14. L’évolution du monde négro-africain : l’influence de l’islam, du
christianisme et de la décolonisation -------------------------------------------

Deuxième partie : la civilisation musulmane

15. La naissance de l’islam --------------------------------------------------------------


16. Le Coran et les fondements de l’islam ------------------------------------------
17. La constitution du monde musulman : expansion et organisation -----
18. La culture musulmane : pensée, vie intellectuelle et artistique --------
19. Unité et diversité du monde musulman ----------------------------------------

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(La chute du mur de Berlin)

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Leçon 1

1. Les modifications territoriales en Europe en 1945

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2. Les trois Grands à la conférence de Yalta

De gauche à droite : sir Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt, Joseph


Djougachvili dit Staline

3. Les décisions de Yalta

D’après les plans sur lesquels nous nous sommes mis d’accord, les forces des trois
puissances occuperont chacune des zones différentes de l’Allemagne. Il a été décidé que
la France, si elle le désire, sera invitée par les trois puissances à occuper une des zones
et à participer, en tant que quatrième membre, à la Commission de contrôle.

Nous sommes résolus à établir aussitôt que possible, avec nos alliés, une organisation
générale internationale en vue de maintenir la paix et la sécurité. Nous croyons que cela
est essentiel, à la fois pour prévenir les agressions et pour écarter par une collaboration
intime et permanente tous les peuples pacifiques, les causes politiques, économiques et
sociales d’une guerre.

L’établissement de l’ordre en Europe et la reconstruction des économies nationales


doivent être réalisés par des procédés qui permettent aux peuples libérés de détruire les
derniers vestiges du nazisme et du fascisme et d’établir des institutions démocratiques
de leur choix. Ce sont là les principes de la Charte de l’Atlantique.

Extrait du communiqué final de la conférence de Yalta.

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4. Les grandes puissances à la conférence de Potsdam

De gauche à droite : Attlee, Truman, Staline

5. Les décisions de la conférence de Potsdam (17 juillet - 2 août 1945)

À Potsdam, les débats sont plus rudes qu'à Téhéran et à Yalta. Ils portent
essentiellement sur l'Allemagne et sur les pays « libérés » par l'URSS. Pour l'Allemagne,
les diplomates ont préparé un programme assez général et essentiellement négatif
(démilitariser, dénazifier et, enfin, démocratiser). Dans les pays de l'Est, les motifs de
récrimination ne font pas défaut. Mais on évoquera bien d'autres sujets : l'entrée de
l'URSS dans la guerre contre le Japon, l'explosion atomique d'Alamogordo,
l'internationalisation du Rhin et du Danube proposée par le président Truman sans le
moindre succès, tandis que les Soviétiques exposeront leurs vues sur la Turquie, les
Détroits, le Proche-Orient et demanderont une tutelle sur la Tripolitaine ainsi qu'un
contrôle à quatre sur la Ruhr.

Anglais et Américains contestent (et refusent de reconnaître) les gouvernements installés


au pouvoir en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et même en Autriche. L'Union
soviétique réplique par des mémorandums sur la situation en Grèce. Son principal effort
vise l'Allemagne et, en Allemagne, le problème des réparations en suspens depuis Yalta.
Au centre du débat, la Pologne : non seulement la liberté y est précaire mais, par un acte
unilatéral de l'URSS, elle a reçu près de 20 % de la superficie de l'Allemagne d'avant-
guerre... Au lieu d'une paix fondée sur la stabilité, le retour à la normale, on voit se
dessiner un programme dynamique, pour ne pas dire expansionniste. Rejetant à plus
tard la solution de ces difficultés, James Byrnes, secrétaire d'État de Truman, propose
pour en finir un compromis comme on les fait au Congrès entre majorité et minorité…

Compromis quand même, qui est adopté et permet de clore la conférence le 1er août.
Qui a gagné ? Staline confirme son emprise sur l'Europe du Centre et de l'Est. Pouvait-on
l'en déloger autrement que par la force qu'on ne pouvait employer ? Les alliés de l'Ouest
n'ont pas cédé sur les revendications soviétiques concernant la Turquie, les Détroits, la
Tripolitaine, le contrôle de la Ruhr. Dans l'ensemble, l'avantage est à l'URSS qui a fait
accepter beaucoup de « faits accompli ».

Le Monde, 1999

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6. Le tribunal de Nuremberg

7. L’organigramme de l’ONU

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I. LES REGLEMENTS DU CONFLIT

1. Les conférences tripartites

a. La conférence de YALTA

La conférence de Yalta se déroule du 4 février au 11 février 1945. Elle rassemble les


représentants de l’URSS, du Royaume-Uni, des Etats-Unis.

Elle a été précédée par la conférence de Téhéran de 1943 où les mêmes puissances
avaient décidé d’opérer un vaste débarquement à l’ouest en liaison avec la grande
offensive soviétique à l’est. C’est dans cet esprit que l’Armée rouge dès juin 1944 lance
une vaste offensive avec 400 divisions, puis installe dans les pays libérée des régimes
communistes. En février 1945, il bénéficie d’une meilleure position militaire, grâce à son
armée de terre qui est la plus nombreuse de la terre.

A Yalta, Staline obtient la conservation les parties de la Pologne et les Pays baltes
annexés en 1940, contrôle des territoires asiatiques (chemin de fer de Mandchourie, base
de Port-Arthur, sud de Sakhaline, îles Kouriles). Il s’engage à déclarer la guerre 3 mois
après la défaite allemande. La Corée est partagée en deux zones d’influence. La
conférence proclame pour les peuples libérés le droit d’établir des positions
démocratiques de leur choix. Le sort de l’Allemagne est prévue : démilitarisation,
dénazification, démembrement, paiement des réparations de guerre. La France serait
associée à l’occupation de l’Allemagne. La création de l’ONU est décidée ; Staline exige la
création d’un conseil de sécurité où les puissances victorieuses de la guerre disposeraient
d’un droit de veto.

b. La conférence de POTSDAM

La conférence de Potsdam s’est déroulée du 17 juillet au 2 août 1945, réunissant les


représentants des Etats-Unis, de l’URSS, et du Royaume-Uni. Elle a pour objet de
préciser les décisions de Yalta sur l’Allemagne et la préparation de la paix avec cette
dernière. Les principes de la politique alliée à l’égard de l’Allemagne sont posés :
dénazification, démilitarisation et désarmement, jugement des condamnations de guerre,
élimination des grandes firmes et des syndicats, répartition de la marine de guerre et de
la marine marchande entre les trois puissances alliées. Le tracé définitif de la frontière
germano-polonaise étant ajourné, les régions à l’est de l’Oder et de la Neisse occidentale
sont placées provisoirement sous l’autorité polonaise. Les populations allemandes en
Pologne, Tchécoslovaquie, et Hongrie seront rapatriées. L’URSS va annexer la Prusse
orientale et Königsberg. Un conseil est institué pour préparer les traités de paix avec les
satellites de l’Allemagne.

2. Le procès de Nuremberg

Les atrocités commises dans la guerre vont être évoquées à Yalta et les alliés
manifestent leur volonté de châtier à travers un procès les coupables. Les modalités sont
fixées à la conférence de Potsdam. Un tribunal interallié va siéger à Nuremberg à cet
effet. Il juge les plus hauts dignitaires nazis. Parmi les 21 inculpés, 12 sont condamnés à
mort.

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3. Les remaniements territoriaux

La carte du monde est peu bouleversée. Seules 13 nouvelles frontières sont dessinées.
L’URSS obtient des gains territoriaux en Eurasie. Elle reçoit l’enclave de
Königsberg en Prusse orientale et augmente sa superficie sur l’Ukraine et la Biélorussie.
Les Etats baltes et la moitié de la Moldavie sont incorporés à l’URSS. Celle-ci obtient le
couloir slovaque pour accéder à l’ouest des Carpates. Mais pour sa participation à la
guerre contre le Japon elle n’obtient que l’archipel des Kouriles et Sakhaline
La Pologne se voit attribuer le reste. Ses frontières sont reculées de 150 km à
l’ouest. Sa frontière occidentale est fixée sur la ligne Oder-Neisse. Elle administre
d’anciennes provinces allemandes : la Silésie et la Poméranie.
Les Etats-Unis, à l’exception de quelques îles du pacifique ne gagnent pas de
nouveaux territoires.
Le Japon se retire de la Chine qui récupère ainsi la Mandchourie et Formose. Il
doit abandonner les îles Carolines, Mariannes, Marshall et Palau placées par l’ONU sous
administration américaine. La Corée retrouve son indépendance.

4. La création de l’ONU

L’idée de la création d’une organisation intergouvernementale à vocation mondiale se


développe au cours de la seconde guerre mondiale. Ses fondations sont posées par la
charte de l’atlantique de 1941, la déclaration des Nations Unies de 1942.Les modalités de
la future organisation sont fixés par la conférence de Dumbarton Oaks de 1944
regroupant les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’URSS et la Chine La conférence de Yalta
règle la question du veto au sein du Conseil de Sécurité et la représentation des
républiques soviétiques à l’assemblée générale ; la qualité de membres sera ainsi
accordée à l’URSS, à l’Ukraine et à la Biélorussie. De la conférence de San Francisco qui
réunit d’avril à juin 1945 51 pays, naîtra la Charte de l’Onu qui signée le 26 juin 1945, va
entrer en vigueur le 24 octobre suivant. Cette charte n’est pas un simple document
juridique, mais aussi une affirmation des droits de l’homme et des nations. Son objectif
premier est le maintien de la paix et de la sécurité internationales. La charte bannit
expressément la guerre

Pour préserver la souveraineté des états membres, elle proclame le principe de non-
ingérence dans les affaires relevant de la compétence d’un autre état. Favoriser le
progrès social par la coopération internationale.

Les principaux organes de l’ONU sont l’assemblée générale, le conseil de sécurité, le


secrétariat général

 L’Assemblée générale nomme le secrétaire de sécurité. Chaque Etat dispose


d’une voix. Elle discute du maintien de la paix et de la sécurité internationale,
mais ne peut que formuler des recommandations aux Etats et au conseil de
sécurité. Elle a surtout une autorité morale

 Le Conseil de sécurité est l’institution la plus puissante de l’ONU. Il est


responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il prend des
sanctions obligatoires pour la préservation de la paix et de la sécurité. Il est
habilité à faire usage de sanctions politiques ou économiques ainsi que de la force
armée. Il a un pouvoir de décision sur les questions fondamentales.

Le conseil de sécurité comprend 15 membres dont cinq permanents (la Chine, la


France, le Royaume-Uni, l'Union soviétique et les États-Unis). Les 10 autres sont
élus pour une période de deux ans par l’Assemblée générale.

 Le secrétaire général est nommé par l'Assemblée générale sur recommandation


du Conseil de sécurité.

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II. LES CONSÉQUENCES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

1. Le bilan de la guerre

La Seconde Guerre mondiale s’achève sur un lourd bilan humain. Les pertes humaines
sont évaluées à plus de 60 millions de morts, parmi lesquels la part des victimes civiles
est plus importante que celle des militaires. Les blessés sont innombrables.

Les pertes matérielles sont très importantes au Japon et en Europe. Les


bombardements ont eu des effets dévastateurs. La destruction des infrastructures
paralyse l’économie et les échanges. Les réserves monétaires sont consommées.
L’inflation s’installe. Les pays en guerre sont fortement endettés. L’Europe perd sa
puissance financière.

Le bilan moral : Les bombardements massifs, la bombe atomique, la torture, les prises
d’otages, les exécutions sommaires, les camps de concentration et les politiques
d’extermination (mise en œuvre contre les Juifs, les tziganes, les Slaves par les
allemands) frappent les consciences. L’émotion suscitée par ces crimes donne lieu au
tribunal de Nuremberg, de novembre 1945 à octobre 1946.

2. De nouveaux rapports de force

La guerre transforme les rapports de force entre les Etats. L’Europe perd sa puissance
financière. L’Allemagne est divisée en quatre zones d’occupation et son potentiel
industriel et militaire est sévèrement contrôlé.

Les États-Unis renforcent leur puissance économique, commerciale et financière. Leur


puissance militaire est considérable grâce au monopole qu’ils exercent sur la bombe
atomique.

L’URSS devient la seconde grande puissance. Sa force réside moins dans son économie
que dans son armée, l’Armée rouge qui domine le centre le centre de l’Europe. La victoire
sur l’Allemagne lui donne un grand prestige.

Prisonniers dans un camp de concentration nazi à l’annonce de leur libération

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Dissertation

Sujet 1: L’Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1945-1948)

Sujet 2 : De Yalta à Potsdam : quelles sont les évolutions dans l’attitude des grandes
puissances ? Quelles sont les décisions de la conférence de Yalta concernant les pays
vaincus ?

Sujet 3 : Les conséquences humaines et morales de la Seconde Guerre mondiale et le


procès de Nuremberg.

Commentaire

Survint un événement qui changea l’état d’esprit des américains, et les poussa à conclure la
conférence aussi vite que possible : la bombe atomique. Truman avait souhaité qu’un essai
concluant soit tenté avant la fin de la conférence. Il eut lieu à Alamogordo, Nouveau-
Mexique, le 16 juillet…

Le 21 juillet, Truman apprit que l’arme était plus destructrice qu’on ne s’y attendait et qu’on
pourrait l’utiliser très prochainement. « C’est un autre homme, nota Churchill à l’issue de la
session plénière qui se tint ce jour-là. Il a dit aux Russes leurs quatre vérités et a dominé
toute la séance ». S.1, comme on l’appela la bombe, rendit Truman encore plus impatient.
Le 22 juillet, il donna l’ordre par écrit de lancer la bombe, mais seulement lorqu’il aurait quitté
Potsdam et les Russes.

D. Vergin, La Paix saccagée. Les origines de la guerre froide, Balland, 1980

Questions :
1. Présentez le document
2. Indiquez la situation des Etats-Unis lors de la conférence de Potsdam
3. Quelles sont les décisions concernant l’Europe de l’Est ?
4. Montrez que ces décisions et l’attitude des Etats-Unis modifient les rapports entre les
deux super-puissances.

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Leçon 2

1. Le discours de Fulton

Une ombre est descendue sur les scènes si récemment éclairées par la victoire alliée. Nul
ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation internationale communiste
entendent faire dans l'immédiat et quelles sont les limites, s'il y en a, à leur mouvement
d'expansion et de prosélytisme. J'ai beaucoup d'admiration et de respect pour le vaillant
peuple russe et pour mon camarade de guerre, le Maréchal Staline [...]. Il est de mon
devoir, cependant, de vous exposer certains faits concernant la situation actuelle en
Europe. De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer est
tombé sur le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens
États d'Europe centrale et de l'Est [...] et toutes sont soumises, d'une manière ou d'une
autre, non seulement à l'influence soviétique mais à un contrôle étroit et, dans certains
cas, croissant de Moscou [...]. Les partis communistes, qui étaient très faibles dans ces
États de l'Est de l'Europe, ont obtenu une prééminence et un pouvoir qui dépassent de
beaucoup leur importance et ils cherchent partout à exercer un contrôle totalitaire. Des
gouvernements policiers s'installent à peu près partout, au point qu'à l'exception de la
Tchécoslovaquie, il n'y a pas de vraie démocratie [...]. Quelles que soient les conclusions
qu'on puisse tirer de ces faits, cette Europe n'est certainement pas l'Europe libérée pour
laquelle nous avons combattu. Ni une Europe qui offrirait les éléments essentiels d'une
paix permanente.

Discours de Winston Churchill à l'université de Fulton (Missouri), 5 mars 1946

2. La doctrine Truman

Les Etats-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives
d’asservissement par des minorités armées, ou des pressions venues de l’extérieur…
Notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier… Chaque
nation se trouve désormais en face d’un choix à faire d’un choix à faire entre deux modes
de vie opposés. L’un d’entre eux repose sur la volonté de la majorité et il est caractérisé
par des institutions libres, un gouvernement représentatif, des élections libres, des
garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion et l’absence de
toute oppression politique. Quant à l’autre il repose sur la volonté d’une minorité imposée
par la force à la majorité. Il s’appuie sur la terreur et l’oppression, une presse et une
radio contrôlée et la suppression des libertés personnelles… Les semences des régimes
totalitaires sont nourries par le dénuement … Elles atteignent leur développement
maximum lorsque l’espoir d’un peuple en une vie meilleure est mort. Cet espoir il faut
que nous le maintenions en vie.

Harry S. Truman, Mémoires, 1955

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Le président Harry Swinomish Truman

3. Le rideau de fer coupant l’Europe en 2 parties

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4. L'histoire du plan Marshall - 5 juin 1947

Il ne pouvait mieux tomber, comme une manne de crédits sur une Europe encore
meurtrie par les « horreurs de la guerre ». L'hiver 1946-1947, particulièrement
rigoureux, met à nu les besoins les plus criants d'aliments, de charbon, d'acier, etc. Seuls
les États-Unis peuvent y répondre, mais l'Europe n'a rien pour payer : ni marchandises ni
dollars. Avant même que le général Marshall ne lance son fameux appel, l'aide
américaine avait joué en faveur de l'Europe. Directement ou non, de 1945 à 1947, les
États-Unis avaient prêté quelque 12 milliards de dollars à l'Europe, dont 2 milliards à la
France. Ces prêts permirent aux pays européens de garder la tête hors de l'eau, mais,
distribués séparément, ils risquaient d'être mal utilisés et étaient en tout cas insuffisants
au regard des besoins. Les Américains comme les Européens en avaient conscience, et ils
s'accordaient finalement sur ce thème : l'aide doit permettre aux pays bénéficiaires, par
une action concertée, de se rendre indépendants de tout concours extérieur. Seize pays
seulement répondirent à l'appel : l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, la
Grande-Bretagne, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les
Pays-Bas, le Portugal, la Suède, la Suisse et la Turquie. L'URSS refusa l'offre américaine,
Staline ne voulant pas d'une entreprise collective susceptible de remettre en cause
l'influence de son pays sur l'Europe de l'Est. Prague et Varsovie, qui, dans un premier
temps, avaient répondu favorablement, durent revenir sur leurs décisions, du fait de la
prise de position soviétique.

Pierre Drouin Le Monde du 4-5 juin 1967

5. Le rapport Jdanov

Plus nous nous éloignons de la fin de la guerre et plus nettement apparaissent les
deux directions principales de la politique internationale de l'après-guerre : le camp anti-
impérialiste et démocratique et le camp impérialiste.
Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste. L'Angleterre et
la France sont unies aux États-Unis.
Les forces anti-impérialistes et antifascistes forment l'autre camp. L'URSS et les pays
de la démocratie nouvelle en sont le fondement. Le camp anti-impérialiste s'appuie sur le
mouvement ouvrier et démocratique, les partis communistes frères, sur les combattants
des mouvements de libération nationale dans les pays coloniaux.

6. Andreï Jdanov, représentant l’URSS à la conférence des partis


communistes européens

Jdanov à gauche avec Maxime Gorki

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7. Le blocus de Berlin

« À la suite d'un incident technique sur la voie ferrée, l'office des transports de
l'administration militaire soviétique en Allemagne a été contrainte de suspendre dans la
nuit du 24 juin 1948 le trafic voyageurs et marchandises dans les deux sens sur le
parcours Berlin-Helmstedt. » C'est par une dépêche de l'agence de presse ADN que le
monde, saisi de peur, apprend l'instauration du blocus de Berlin par l'URSS. Personne
n'imagine alors que ce blocus va durer presque un an. Jusqu'en mai 1949, l'ancienne
capitale du Reich est isolée au milieu de la zone d'occupation soviétique en Allemagne :
les routes, les voies ferrées et les canaux reliant les trois secteurs occidentaux de Berlin
aux trois zones occidentales d'Allemagne sont coupés et impraticables. En même temps,
l'URSS suspend les livraisons de courant électrique à Berlin-Ouest, ce qui entraîne une
réduction draconienne du trafic des transports en commun. Mais, pour aussi sévère qu'il
soit, le blocus n'est pas hermétique. Il reste en effet la voie des airs, qui va sauver Berlin
d'une asphyxie certaine. Contrairement aux accès terrestres et fluviaux, les liaisons
aériennes entre Berlin et l'Ouest sont garanties par des accords interalliés conclus en
1945 et 1946. Ceux-ci vont rendre possible l'établissement d'un pont aérien unique dans
l'histoire de l'aéronautique.

Cyril Buffet, Le Monde du 19-20 juin 1988

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8. Ravitaillement de Berlin-Ouest par avion durant le blocus

9. La guerre de Corée

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10.Le mur de Berlin

11.Khrouchtchev définit sa conception de la coexistence pacifique dans un


discours devant le Soviet suprême en 1959

"Il y a peu de temps encore le feu des passions suscitées par la " guerre froide " était si
grand qu'une simple étincelle aurait pu provoquer une conflagration mondiale. La
politique étrangère de certaines puissances occidentales était basée sur des calculs
nettement agressifs, sur une politique des " positions de force "(...)

Actuellement, une évaluation plus sobre de la situation, une compréhension plus


raisonnable de l'équilibre des forces sur la scène internationale se manifestent de plus en
plus en Occident. Et une telle compréhension des choses conduit inévitablement à la
conclusion que les plans prévoyant l'emploi de la force contre le monde socialiste
devraient être relégués dans les archives. La vie elle-même exige que les pays ayant des
systèmes sociaux différents doivent apprendre à vivre ensemble sur notre planète, à
coexister pacifiquement (...)

Le principe même de coexistence pacifique entre États aux systèmes sociaux différents
implique des éléments de concessions mutuelles, la prise en considération des intérêts
réciproques car on ne saurait, autrement, édifier les relations normales entre États.
Quant aux questions idéologiques, nous nous en sommes tenus et nous nous en
tiendrons, inébranlables tel un roc, aux principes du marxisme-léninisme. Les problèmes
idéologiques ne peuvent être réglés par la force et on ne peut imposer à un État
l'idéologie qui règne dans un autre État... Mais, il nous faut vivre en paix et régler les
problèmes internationaux qui se présentent par des moyens pacifiques seulement. De là
découle la nécessité de faire des concessions mutuelles."

Extrait de "Les mémoires de l'Europe", tome VI, L'Europe moderne, sous la direction de
Jean-Pierre Vivet, édition Robert Laffont, Paris, 1973

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12. Les hommes de la coexistence pacifique : Khrouchtchev et Eisenhower

Nikita Khrouchtchev, Dwight Eisenhower et leurs dames

13.La position de Cuba en Amérique

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14. Crise de Cuba

15.La signature des accords SALT : assis à droite, le président américain


Richard Nixon

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16. Crise des Euromissiles


Un missile SS 20

Un missile SS 20

17.La chute du mur de Berlin

Un morceau du mur de Berlin est tombé cette nuit. Des milliers de Berlinois et
d'Allemands de l'Est ont franchi, aux premières heures du vendredi 10 novembre, les
divers points de passage entre les deux parties de la ville pour se rendre quelques heures
à Berlin-Ouest, où leur arrivée a suscité une gigantesque fête dans le centre-ville et aux
abords du mur. Le conseil des ministres est-allemand avait annoncé, jeudi soir, que tout
citoyen de RDA pourrait dorénavant emprunter les points de passage le long de la
frontière interallemande et, à Berlin, sur simple présentation d'un visa délivré à la
demande dans les commissariats de police. En attendant l'ouverture des bureaux, le
10 novembre à 8 heures du matin, la police avait reçu l'ordre de laisser passer à partir de
minuit toutes les personnes munies d'une carte d'identité à tous les points de passage
entre les deux Berlin. Annoncée en début de soirée, presque en incidente, à l'issue d'une
conférence de presse sur les travaux en cours du comité central du Parti communiste
est-allemand, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre des deux côtés
du mur. Vers 23 heures, des petits groupes, beaucoup de jeunes surtout, ont commencé,
côté Est, à converger vers les points de passage, histoire de tâter le terrain. Les grilles
étaient encore fermées, mais les policiers de faction, avec une bonhomie qu'on ne leur
connaissait pas, confirmaient que la frontière serait ouverte après minuit... À l'heure
prescrite, sur simple présentation du livret d'identité bleu, chacun pouvait franchir sans
plus de formalité la ligne de démarcation.

Henri de Bresson, Le Monde du 11 novembre 1989

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18.L’ouverture d’un nouveau point de passage dans le mur de Berlin par les
gardes frontières est-allemands le 11 novembre 1989

19.Mikhaïl Gorbatchev

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I. LA GUERRE FROIDE

1. Naissance de la guerre froide

Entre 1945 et 1947, les anciens alliés de la Seconde Guerre mondiale deviennent des
adversaires. Dès 1946, dans un discours prononcé à l’université de Fulton, l’ex-Premier
ministre britannique, Winston Churchill, dénonce le « rideau de fer » qui coupe l’Europe
en deux : l’ouest qui s’organise autour des Etats-Unis et l’Est derrière l’URSS. On entre
alors dans la guerre froide.

La guerre froide est causée par la méfiance réciproque qui anime les grandes
puissances :

 L’URSS est inquiète de l’engagement mondial des Etats-Unis et de la mauvaise


volonté des Occidentaux dans l’application des accords de Potsdam. Pour elle c’est
une preuve de leur intention de la conserver dans une position de faiblesse.

 Les USA craignent un déferlement communiste à l’Est de l’Europe. La menace


vient de l’URSS dont l’armée dispose d’une puissance terrestre en Europe
supérieure à celle des Etats-Unis et protège les gouvernements communistes
installés en Europe de l’est. Elle est accentuée par les progrès des partis
communistes nationaux.

2. La rupture

En 1947, l’Europe se trouve dans la crise économique. Staline viole ouvertement les
accords de Yalta en Pologne en favorisant la prise du pouvoir par les communistes à
l’issue d’élections dirigées. Voyant l’Europe orientale échapper à leur contrôle, les Etats-
Unis reportent leur attention sur l’Ouest et le Sud.

Ainsi, en mars 1947, le président Truman formule une nouvelle doctrine : celle de
l’endiguement. Elle se traduit par une aide militaire et financière aux pays décidés à
s’opposer aux pressions communistes. Dans l’immédiat, 400 millions de dollars sont
proposés à la Turquie et à la Grèce. 3 mois plus tard, le plan Marshall propose 13
milliards de dollars de dons et prêts à l’ensemble des pays Européens y compris l’URSS
pour assurer leur reconstruction. Sous prétexte de gérer les fonds issus de ce plan, les
USA subordonnent leur aide à l’adhésion à l’OECE (organisation européenne de
coopération économique). L’URSS rejette ce plan et fait renoncer la Tchécoslovaquie et la
Pologne alors tentées de l’accepter. Et pour éloigner ce risque en Europe orientale, elle
met en place le Kominform. L’idéologue du PCUS, Jdanov choisit cette occasion pour
confirmer la division du monde en 2 camps et inciter les communistes à prendre le
pouvoir dans leurs pays respectifs (Rapport Jdanov). La rupture est ainsi consommée.

3. L’organisation des blocs

A l’Ouest, plusieurs alliances diplomatiques et militaires voient le jour. Ainsi, après


l’OECE, l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) est formée en 1949 ; elle
regroupe les Etats-Unis, le Canada et 9 pays d’Europe Occidentale. Ils seront rejoints par
d’autres pays. L’OTAN se prolonge par un système d’alliances recouvrant la majeure
partie du monde : l’ANZUS, le CENTO, le Pacte de Rio

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
25

A l’Est, l’équivalent de l’OECE est le COMECON ou CAEM (Conseil d’Assistance


économique mutuel). Il sert de cadre aux échanges commerciaux entre les pays de l’Est.
Il a été créé en 1949. La réplique de l’OTAN est le Pacte de Varsovie formé en 1955. Le
contrôle politique est assuré par le Kominform.

Ces 2 camps sont en mobilisation permanente. Ils se lancent dans la course aux
armements.

4. Les crises de la guerre froide

a. La première crise de Berlin

Le contrôle de l’Allemagne est au centre du dispositif politique en Europe. En 1947, les


forces d’occupation occidentales unifient leurs 3 zones créant ainsi la bizone. Celle-ci
peut alors bénéficier pleinement des effets du plan Marshall. Réagissant à cette violation
des accords de Yalta, Staline décrète de juin 1948 à mai 1949, le blocus de Berlin-Ouest.
Celle-ci échappe à l’asphyxie grâce au pont aérien mis en place par les Américains. La
conséquence de cette crise est la division de l’Allemagne en 2 Etats distincts : la RFA
(République Fédérale Allemande) à l’ouest, et la RDA (République Démocratique
Allemande) à l’est.

b. La guerre de Corée

Pour réunifier la Corée, le leader de la Corée du Nord Kim Il Sung envahit la Corée du
Sud en 1950. L’ONU condamne l’agression. Elle envoie des troupes américaines appuyées
par des troupes de 15 autres pays. La situation est vite rétablie. Les troupes américaines
se rapprochent de la Mandchourie menaçant la Chine. Celle-ci encouragée par Staline
décide d’envoyer 500 000 volontaires pour aider la Corée du Nord. Les troupes
américaines reculent, mais leur chef Mac Arthur propose de bombarder la Chine. Le front
se stabilise vers le 38ème parallèle.

II. LA COEXISTENCE PACIFIQUE

La coexistence pacifique est une doctrine encourageant la limitation de la course aux


armements et les perspectives de conflit militaire entre les grandes puissances tout en
maintenant la rivalité économique, culturelle, scientifique et idéologique. Elle a été lancée
en 1956 par Khrouchtchev au 20ème congrès du PCUS qui marque une rupture. A cette
occasion, en effet, il lance la déstalinisation, rompt avec la doctrine bipolaire de Jdanov
et met fin au Kominform. Il reconnaît qu’il y a plusieurs voies dans la construction du
socialisme.

La coexistence pacifique est causée par divers facteurs : la mort de Staline en 1953,
l’émergence du Tiers-Monde et du mouvement des non-alignés et surtout la fin du
monopole atomique américain avec la possession par l’URSS des bombes A (en 1949) et
H (en 1953). L’équivalence du niveau technologique pousse les 2 Grands à éviter un
affrontement nucléaire général. La rupture sino-soviétique entamée en 1950 renforce
cette tendance, car la Chine dispose de puis 1964 de la bombe atomique et à défaut de
s’entendre avec elle, l’URSS préfère traiter avec les USA. Le président américain
Eisenhower bien que partisan d’un « refoulement » (roll- back) du communisme est
favorable à ce changement.

C’est dans ce contexte que des conflits impliquant les 2 grandes puissances se
terminent : la guerre de Corée en 1953, la guerre d’Indochine en 1954. Les troupes
d’occupation quittent l’Autriche.

Profitant de cette ouverture certains pays communistes tentent des mutations. Ainsi, en
Pologne, un communiste libéral, Gomulka, revient au pouvoir. La Hongrie sous la

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26

direction de Imre Nagy tente de se retirer du pacte de Varsovie et d’instaurer un régime


libéral. Cette déstalinisation est refusée par les Soviétiques qui font intervenir leur
armée.

Plusieurs rencontres des présidents soviétique et américain témoignent de l’engagement


des grandes puissances dans la coexistence pacifique, notamment en 1959, en 1961.

Malgré la volonté de respecter la coexistence pacifique, des crises surgissent encore.


Elles auront pour cadre Berlin et Cuba.

 La seconde crise de Berlin : l’exode des habitants de Berlin-Est est l’origine de


la seconde crise de Berlin. En effet, entre 1949 et 1961, 3 millions de citoyens de
la RDA sont passés à Berlin Ouest. En novembre 1958, Khrouchtchev par un
ultimatum demande aux occidentaux l’érection de Berlin-Ouest en ville libre dans
un délai de 6 mois

En août 1961, la RDA ferme les points de passage routier vers Berlin Ouest, puis
construit un mur fortifié séparant les 2 parties de Berlin sur 45 km et les secteurs
occidentaux de la RDA sur 120 km. Ce projet poursuit un double objectif : d’une
part stopper l’émigration des Allemands de l’Est vers l’ouest, d’autre part
asphyxier économiquement et démographiquement Berlin-Ouest. Le mur de Berlin
est le symbole de la coupure de l’Europe et de l’Allemagne en deux blocs.

 La crise de Cuba : Celle-ci a failli plonger le monde dans une guerre nucléaire.
En octobre 1962, des avions espions américains donnent la preuve de l’installation
de rampes de lancement de missiles soviétique à moyenne portée à Cuba, située
à 150 km seulement des Etats-Unis. Le président des USA, John Kennedy lance un
ultimatum à l’URSS et met Cuba en quarantaine. Il menace l’URSS de représailles
en cas de lancement de missiles sur un pays du bloc de l’Ouest. Le 29 octobre,
l’URSS s’incline : elle donne ordre aux navires soviétiques chargés du transport de
missiles de rebrousser chemin et fait démonter les installations en cours à Cuba.3
semaines plus tard les USA lèvent le blocus.

III.LE RAPPROCHEMENT

1. La Détente

La crise de Cuba déclenche une peur qui favorise un esprit de détente. Ainsi, dès juin
1963, un télétype, le « Téléphone rouge » est installé pour favoriser un dialogue direct
entre le Kremlin et la Maison Blanche. Les présidents américain et soviétique conviennent
d’interdire les essais nucléaires dans l’atmosphère et en 1968 ils signent le traité de non
prolifération nucléaire. Les négociations SALT (Strategic Arms Limitations Talks)
destinées à limiter les stocks de fusées stratégiques et d’origine nucléaire aboutissent au
traité SALT 1 de 1972.

Les visites réciproques des chefs d’Etat, en 1972 et 1973, consolident ce climat. Elles
consacrent le condominium des 2 Grands qui acceptent de ne pas intervenir dans la
sphère d’influence de l’autre. Dans le même temps les échanges commerciaux se
développent. Les points de friction diminuent à l’issue de d’accords politiques. C’est le cas
en Allemagne où la RFA reconnaît la ligne Oder-Neisse. En 1975 sont signés les accords
d’Helsinki qui garantissent les frontières européennes, la libre circulation des biens et des
personnes ainsi que les doits de l’homme.

L’instauration de la Détente est favorisée par certains facteurs :


 Le lourd coût de la rivalité Est-Ouest
 Les difficultés américaines au Vietnam
 Le besoin d’aide de l’Union soviétique

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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 La rupture sino-soviétique
 La contestation de l’autorité de Moscou en Europe de l’Est (en Roumanie,
en Tchécoslovaquie)

2. La guerre fraîche

Dans les années 1970, les rapports entre les 2 super-puissances se dégradent de
nouveau. La guerre froide revient entre 1976 et 1985.

La rivalité se déplace à la périphérie où les progrès de l’influence soviétique raniment les


tensions. En effet, l’URSS profite du retrait américain au Vietnam pour se déployer en
Afghanistan. Elle étend son influence en Afrique (en Angola, en Ethiopie, au Mozambique)
ce qui inquiète les Occidentaux. Le même mouvement est observé en Amérique
centrale.

Quant aux USA, ils apparaissent comme une puissance affaiblie dans les années 1970.
Mais c’est surtout à partir de 1979 que les rapports américano-soviétiques se dégradent,
du fait de l'installation de missiles soviétiques en Europe, et, surtout, de l'invasion de
l'Afghanistan par les Soviétiques. C’est la fin de la détente et le retour de la guerre
froide. La politique pacifiste de Jimmy Carter est un échec.

Son successeur Ronald Reagan reste convaincu que le respect des USA dépend de leurs
force. Revenant à la politique eu Gros bâton, il relance la course aux armements. De
nombreux projets sont réalisés dans ce domaine : les missiles MX, le bombardier B1, etc.
Reagan, pour contrebalancer les SS 20 soviétiques installés en RDA, déploie à partir de
1983, les fusées Pershing 2 en Europe Occidentale. Il lance le programme IDS (Initiative
de Défense Stratégique) aussi appelé « Guerre de étoiles » pour doter les Etats-Unis d’un
potentiel de destruction de missiles ennemis dans l’espace. Malgré ces initiatives, les
négociations sur le désarmement se poursuivent.

3. La fin de la guerre froide (1985-1989)

En 1985, Mikhaïl Gorbatchev est porté à la tête de l’URSS. Il souhaite relancer l’économie
soviétique qui tourne au ralenti. Il reste convaincu que pour réaliser la perestroïka (la
restructuration), il faut réorganise l’appareil industriel. Cette réforme se fera dans la
transparence (glasnost). Il met fin la guerre idéologique et renforce la coopération
internationale. La situation internationale favorise le désarmement surtout avec l’accident
nucléaire de Tchernobyl de 1986. Il signe ainsi avec Washington un traité éliminant les
armes nucléaires de courte et moyenne portée, première étape du désarmement
nucléaire. L’URSS retire son soutien aux mouvements du Tiers-Monde. En 1988, il retire
ses troupes de l’Afghanistan.

1989 marque un tournant historique. L’Europe de l’Est se trouve dans la turbulence. En


effet, en Pologne, le général Jaruzelski signe un accord avec le syndicat non communiste
Solidarité. Des élections libres permettent la nomination d’un chef de gouvernement non
communiste. La Hongrie ouvre le « Rideau de fer ». En effet, après avoir abandonné le
marxisme-léninisme elle ouvre ses frontières. Cela permet à 720 000 Allemands de RDA
de passer en Autriche puis en RFA. Le mur de Berlin perd sa raison d’être. Dès lors,
l’opposition est-allemande se trouve encouragée et organise des manifestations de
masse. Son président Honecker lâché par Moscou démissionne. Le mur de Berlin est
ouvert le 9 novembre 1989. Le régime est-allemand se disloque.

Ces mutations se font sans opposition de l’URSS. Prenant exemple sur les pays
précédents, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la Roumanie abandonnent à leur tour le
communisme. Les démocraties populaires s’engagent dans la démocratie. Ainsi, le
modèle soviétique est balayé en Europe centrale.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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La crise des euromissiles

Les années 1970 ne se terminent pas de la même façon


qu'elles ont commencé pour l'Allemagne. La détente, voulue
par les superpuissances, et consolidée par l'Ostpolitik de la
RFA, n'est plus à l'ordre du jour. Le regel diplomatique en Europe doit beaucoup
aux Euromissiles. En 1977, l'Etat-major soviétique décide de moderniser ses
lanceurs de missiles à moyenne portée. L'installation des SS20, plus précis et
d'un très grand rayon d'action, laisse entrevoir la possibilité d'une première
frappe décisive désarmant le potentiel militaire de l'OTAN. Le "bouclier"
nucléaire américain est mis en doute devant le risque d'escalade. L'Alliance
Atlantique, et en premier lieu les américains, décide alors de rééquilibrer
l'arsenal en implantant des missiles dans ses bases en Europe, en Allemagne, en
Italie, en Grande- Bretagne et aux Pays-Bas. Cette crise des euromissiles
marque profondément l'Allemagne. Outre le fait majeur que ce territoire risque
de devenir un champ de bataille nucléaire, il marque un certain divorce entre les
dirigeants, qui acceptent, voire réclament l'installation des Pershing et des
missiles de croisière et une grande partie de l'opinion publique se lance dans une
contestation pacifiste très active.
Les deux Allemagnes sont touchées, par une réelle vague de fond, et on a tort
de ne voir dans les manifestations de masse en RDA que des émanations d'un
Mouvement de la Paix téléguidé par les communistes. Il s'organise, notamment
autour de certains pasteurs protestants, une expression du pacifisme qui servira
de point d'appui pour une contestation ultérieure du régime.
La RFA connaît alors une période sombre où elle est sujette à des manifestations
impressionnantes, à un terrorisme violent soutenu par l'Est et aux doutes
suscités par la mise en chantier des recherches américaines devant mener à la
mise au point d'une bombe à neutron dont elle sait qu'elle en serait l'un des
premier théâtre d'expérimentation. Cependant, la course aux armements reprise
par les américains essouffle une économie des pays de l'Est qui n'arrivait pas à
subvenir aux besoins de sa population. L'arrivée au pouvoir de M.GORBATCHEV
en 1985 ne se traduit pas immédiatement par des changements, mais à partir de
1987, une certaine détente est de retour et l'on commence à détruire, des deux
côtés, les missiles qui menaçaient la paix en Europe.

www.ac.versailles.fr

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Dissertation

Sujet 1 : Les relations internationales entre l’est et l’Ouest de 1945 à 1962.

Sujet 2 : Les rapports internationaux de 1975 à 1989 : reprise et fin de la guerre froide

Sujet 3 : La formation des blocs et la guerre froide : 1945-1953.

Sujet 4 : Les conséquences de la crise de Cuba

Sujet 5 : Le face-à-face des deux blocs, de la détente à la fin de la guerre froide

Commentaire

Exercice 1

La guerre froide est née de l'affaiblissement dramatique de l'Europe. Elle est la fille de la
Deuxième guerre mondiale. C'est qu'en 1945, à l'exception des Etats-Unis et de l'Union
soviétique qui ont souffert inégalement du conflit, il n'y a que des vaincus. L'Allemagne et
l'Italie, d'un côté, la Grande-Bretagne et la France, de l'autre, ont perdu l'essentiel de leur
influence. (...) Les deux supergrands sont face à face. L'Europe, principal champ clos des
rivalités entre les Etats-Unis et l'Union soviétique, est entrée dans la bipolarisation.

Les Etats-Unis et l'Union soviétique sont deux puissances messianiques, encore que leurs
messianismes soient contradictoires. Chacune des sociétés propose un modèle, non point
seulement un modèle politique ou économique, mais un modèle de civilisation, un choix
fondamental. Chacune considère qu'il est de son devoir, de sa mission, voire de son
essence de se faire le champion de cette civilisation, de se porter à la tête d'un camp. (...)

De toute évidence, chacun des supergrands perçoit mal les intentions de l'autre. Ou bien les
exagère. Les Américains ont tendance à imaginer le pire, qu'il s'agisse de la Roumanie, de la

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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Pologne, de la Hongrie, qu'il s'agisse de la Grèce et de la Turquie, qu'il s'agisse de l'Europe


occidentale. Ils constatent que, partout où elle est présente, l'Armée rouge donne à l'Union
soviétique l'occasion de grignoter l'influence des Occidentaux, qu'un empire se crée à l'est
de l'Elbe, qu'il pourrait bien s'étendre à l'ouest, voire au sud, que les Soviétiques ont des
intentions expansionnistes qui ne laissent pas d'inquiéter.

KASPI André. Débat sur la guerre froide.

Exercice 2

Discours télévisé du président Kennedy, le 22 octobre 1962.

Au cours de la dernière semaine, nous avons eu des preuves incontestables de la


construction de plusieurs bases de fusées dans cette île opprimée. Ces sites de lancement
ne peuvent avoir qu'un but : la constitution d'un potentiel nucléaire dirigé contre l'hémisphère
occidental. (...)

Les caractéristiques de ces nouvelles rampes de lancement pour missiles se rapportent à


deux types d'installations distincts. Plusieurs de ces bases sont dotées de missiles
balistiques de portée moyenne, capables de transporter une tête atomique à quelque deux
mille kilomètres. Ce qui signifie que chacune de ces fusées peut atteindre Washington, le
canal de Panama, cap Canaveral, Mexico ou tout autre ville située dans le sud-est des Etats-
Unis, en Amérique centrale ou dans la région des Caraïbes.

D'autres bases en cours d'achèvement paraissent destinées à recevoir des missiles à portée
dite intermédiaire capables de parcourir largement le double de cette distance, donc
d'atteindre la plupart de nos grandes villes de l'hémisphère occidental, du nord de la baie
d'Hudson au Canada jusqu'à une ville aussi méridionale que Lima, au Pérou. En outre, des
bombardiers à réaction, qui peuvent transporter des armes nucléaires, sont en voie
d'assemblage à Cuba, tandis que l'on y prépare des bases aériennes adéquates.

Cette transformation précipitée de Cuba en importante base stratégique, par suite de la


présence de ces puissantes armes offensives à long rayon d'action et qui ont des effets de
destruction massive, constitue une menace précise à la paix et à la sécurité de toutes les
Amériques…

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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Durant plusieurs années, l'Union soviétique, de même que les Etats-Unis - conscients de ce
fait - ont installé leurs armements nucléaires stratégiques avec grand soin, de façon à ne
jamais mettre en danger le statu quo précaire qui garantissait que ces armements ne
seraient pas utilisés autrement qu'en cas de provocation mettant notre vie en jeu. Nos
propres missiles stratégiques n'ont jamais été transférés sur le sol d'aucune autre nation
sous un voile de mystère et de tromperie, et notre histoire - contrairement à celle des
Soviétiques depuis la Deuxième guerre mondiale - a bien prouvé que nous n'avons aucun
désir de dominer ou de conquérir aucune autre nation ou d'imposer un système à son
peuple…

Les années 30 nous ont enseigné une leçon claire : les menées agressives, si on leur
permet de s'intensifier sans contrôle et sans contestation, mènent finalement à la guerre...

Premièrement : Pour empêcher la mise en place d'un dispositif offensif, une


stricte"quarantaine" sera appliquée sur tout équipement militaire offensif à destination de
Cuba. Tous les bateaux à destination de Cuba, quels que soient leur pavillon ou leur
provenance seront interceptés et seront obligés de faire demi-tour s'ils transportent des
armes offensives…
Deuxièmement : J'ai donné des ordres pour que l'on établisse une surveillance étroite,
permanente et plus étroite de Cuba et la mise en place d'un dispositif militaire. (...)
Troisièmement : Toute fusée nucléaire lancée à partir de Cuba, contre l'une quelconque des
nations de l'hémisphère occidental, sera considérée comme l'équivalent d'une attaque
soviétique contre les Etats-Unis, attaque qui entraînerait des représailles massives contre
l'Union soviétique.

John Kennedy et Nikita Khrouchtchev en 1961

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Leçon 2

1. Tableau chronologique

1931 Le Japon occupe la Mandchourie


1937 Le Japon occupe les principales villes et la côte.
1945 Défaite du Japon.
1946 Reprise de la guerre civile
1949 Défaite du Guomindang qui se réfugie à Taïwan (Chine nationaliste)
1949 Proclamation de la République populaire de Chine
1er octobre Mao président du PCC, président de l'Etat, président de la commission des affaires
militaires du Comité Central
1950 Traité d'amitié, d'alliance et d'assistance mutuelle sino-soviétique
1953-1957 Premier plan quinquennal, priorité à l'industrie lourde
1953 Début de la collectivisation agraire
1956 Campagne des Cent fleurs
1958 Lancement du Grand bond en avant, apparition des communes populaires
1959 Lui Shaoqi devient président de la République
1960 Catastrophe alimentaire due au Grand bond
URSS suspend tous les accords de coopération
1962 Lui Shaoqi critique le Grand bond
1965 Début de la Révolution culturelle
1968 Fin de la Révolution culturelle ; l’armée réprime les Gardes rouges
Lui Shaoqi exclu du PCC (meurt en 1969), Deng Xiaoping écarté du C. central
1971 Mort de Lin Biao
1973 Deng Xiaoping revient au Comité central pour aider Zhou Enlai contre Jiang Qing et la
« Bande des quatre »
1975 Zhou Enlai lance les 4 Modernisations (armée, science, agriculture, industrie)
1976 janv Mort de Zhou Enlai
1976 sept Mort de Mao Zedong
1976 oct. Arrestation de Jiang Qing et de la Bande des quatre
1977 juill Retour de Deng Xiaoping
1978 déc. Deng l'emporte sur Hua Guofeng (Hua sera exclu du Comité central en 1982
1979 juill Création de 4 zones économiques spéciales
1979-1984 Décollectivisation de la terre ; ouverture au commerce mondial
1984 Réintroduction des lois du marché et libéralisation des prix,
Grand boom dans l'industrie légère, suppression des communes populaires
1986 Campagne "Double cent" contre corruption encouragée par Deng
1987 Deng sort du Bureau politique mais reste à la tête de la commission des affaires
militaires du Comité central ; Li Peng devient Premier ministre
1989 Crise de Tian Anmen
1993 Jiang Zemin cumule les 3 pouvoirs (armée, parti et état)
1997 Retour de Hong-Kong à la Chine ; mort de Deng Xiaoping
1998 Zhu Rongji devient premier ministre
1999 Retour de Macao à la Chine
Opposition du Falunjong

2. Joseph Staline et Mao Zedong en 1950

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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3. L’échec du Grand Bond en Avant

"L'Anhui, depuis toujours une des provinces les plus pauvres de Chine, était durement
touchée par la famine. Zeng Xisheng, secrétaire du parti pour l'Anhui, avait été l'un des
plus fervents partisans du Grand Bond en avant -c'était lui qui avait fait découvrir les
hauts fourneaux de poche à Mao. Au début de 1961, quelque dix millions de paysans de
l'Anhui étaient menacés par la famine; au cours des mois suivants, des millions
moururent de faim. (...) Ayant perdu tout enthousiasme pour le Grand Bond en avant,
Zeng Xisheng s'efforçait désespérément de faire redémarrer la production agricole. Il
avait commencé à distribuer des petits lopins de terre aux paysans, qui devaient
s'engager à les cultiver et à remettre un certain pourcentage de leur récolte à la
commune. (...)

L'agriculture était l'activité la plus vitale du pays. Des millions de paysans mouraient de
faim. Il fallait leur donner à manger. La majorité des dirigeants du pays avaient
embrassé le socialisme parce qu'ils étaient convaincus que seul celui-ci pouvait venir à
bout de la pauvreté, augmenter le niveau de vie de la majorité des Chinois, et faire de la
Chine un pays riche et puissant. Confrontés à une grave crise agricole, de nombreux
cadres du parti estimaient que l'unique solution consistait à rendre de nouveau les
paysans responsables de leur production. Lorsque la production augmenta effectivement,
le nombre de partisans de cette innovation s'accrut également.

Li Zhisui, La vie privée du Président Mao, Librairie Plon, Paris, 1994

4. La Révolution culturelle

a) Le véritable sens de la révolution culturelle selon un observateur

La "Révolution culturelle" qui n'eut de révolutionnaire que le nom, et de culturel que le


prétexte tactique initial, fut une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une
poignée d'individus, derrière le rideau de fumée d'un fictif mouvement de masse (...).

Simon Leys, Les habits neufs du président Mao, Champ libre, 1971

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b) Les buts cachés de la révolution culturelle selon un ancien Garde


Rouge

"Je me mis à réfléchir aux raisons qui m'avaient poussé à accorder un soutien aussi
inconditionnel au président Mao…
Je comprends maintenant pourquoi le président Mao avait déclenché la Révolution
culturelle. Il voulait mettre en place des mesures qui lui semblaient nécessaires mais qui
allaient à l'encontre de la volonté de la population.
Pour les faire appliquer, il lui fallait donc détenir le pouvoir absolu. C'est là que
nous intervenions. Il nous avait ainsi utilisés et lancés contre les organisations de base
du Parti. Et pour s'attirer notre soutien, il nous avait offert les principes de la Révolution
culturelle. C'était une immense supercherie.
Ces principes, il n'avait jamais envisagé de les appliquer. Il avait simplement
prétendu que, pour que de telles idées soient mises en oeuvre, nous devions avoir
recours à la violence et détruire les lois et les institutions existantes. Nous avions alors
proclamé une règle terrible : "Tous ceux qui s'opposent au président Mao, nous les
écrasons ".

Hua Linshan, Les Années Rouges, Paris, Le Seuil

c) Les erreurs de Mao selon Deng Xiaoping

Je vais vous expliquer tout de suite, et clairement, la différence entre les erreurs
commises par le président Mao et les crimes commis par la "bande des quatre". Le
président Mao, vous le savez, a consacré la majeure partie de sa vie à la Chine, il a
sauvé le Parti et la révolution dans les moments les plus critiques. Il a joué un rôle si
important que sans lui le peuple chinois aurait sans doute mis beaucoup plus de temps
pour trouver son chemin dans les ténèbres…
Malheureusement, vers la fin de sa vie, il a commis de graves erreurs. Et, d'abord
la Révolution culturelle, dont le Parti, le pays et le peuple ont beaucoup souffert. (...)
Sur l'objectif aussi, il s'est trompé. Il voulait atteindre les partisans du capitalisme
et les compagnons de route des capitalistes, qui étaient au Parti. Ce qui permit
d'attaquer un grand nombre de vétérans de très haut niveau : des hommes qui avaient
remarquablement servi la révolution et avaient une profonde expérience. Parmi eux, le
président Lui Shaoqi, qui fut arrêté et expulsé du Parti. Résultat : les cadres
révolutionnaires ont été décimés. (...) Et comme les vieux révolutionnaires avaient
disparu, seuls ceux qui se disaient "rebelles" réussirent à émerger : Lin Biao et la "bande
des quatre". (...) Il y a eu assez de morts pour que nous affirmions aujourd'hui que la
Révolution culturelle n'aurait jamais dû se faire."

Interview de Deng Xiaoping, paru dans "Le Nouvel Observateur", le 15 septembre 1980

5. Deng Xiaoping sur une affiche de propagande

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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6. Hua Guofeng en juin 1976

7. La Chine dans les années 1980

a) Le recul de la peur

Entre 1983 et 1989, je [Jung Chang] suis retournée en Chine chaque année pour voir ma
mère. Ce qui m'a sans doute le plus frappée, c'est l'extraordinaire amoindrissement d'un
élément qui caractérisait sans doute le mieux l'époque de Mao : la peur.

Au cours du printemps 1989, j'ai voyagé en Chine afin de faire des recherches pour ce
livre. J'ai assisté aux prémices des manifestations, de Chengdu (la ville où vit sa mère) à
la place Tienanmen. Je me suis rendu compte que les Chinois avaient oublié la peur au
point que, parmi les millions de manifestants, rares étaient ceux qui percevaient le
moindre danger. La plupart d'entre eux furent pris au dépourvu quand l'armée ouvrit le
feu sur eux. De retour à Londres, j'arrivai à peine à croire au massacre qui se déroulait
sous mes yeux, sur l'écran de ma télévision. Etait-il possible que ce carnage eût été
ordonné par l'homme que moi-même et bien d'autres considérions comme notre
libérateur ?
La peur ressurgit alors mais sans l'intensité et la force paralysante qui la caractérisaient
du temps de Mao. De nos jours, dans les réunions politiques, les gens critiquent
ouvertement les leaders du parti en citant leurs noms. Le courant de libéralisation est
irréversible.

Jung Chang, Les cygnes sauvages, éd. Plon, 1992

b) La Chine est-elle encore communiste ?

"Après l'établissement du régime communiste en 1949, la voie chinoise a affirmé son


originalité : nationalisme, émancipation vis-à-vis de l'encombrant modèle soviétique,
compromis avec le capitalisme. Au point qu'aujourd'hui le question se pose : la Chine
est-elle encore communiste ?"

Jean-Luc Domenach, "La longue marche du communisme chinois", in L'Histoire No 223

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8. Manifestations sur la place Tien An Men (6 juin 1989)

9. La zone économique spéciale de Shenzen

10.La loi sur le mariage

 Les droits des maris et des femmes sont égaux


 Les mariages arrangés sont interdits
 Il en est de même pour le concubinage, la polygamie, les fiançailles d’enfants
 Les veuves sont autorisées à se remarier
 Les enfants naturels ou légitimes ont les mêmes droits

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I. LA FIN DE LA GUERRE CIVILE

Depuis 1927, les 2 grandes forces politiques de la Chine, le Parti communiste et le Guo
Min Dang sont en guerre. Mais l’invasion japonaise à partir de 1931, et surtout à partir
de 1937, contraint les Chinois à surseoir à leur conflit interne pour concentrer leurs
efforts dans la libération du pays. Mais au départ des Japonais en 1945, les communistes
conduits par Mao Zedong contrôlent une vaste région. Les mesures des grandes
puissances n’empêcheront pas la reprise de la guerre civile en 1946. En effet, alors que
les USA imposent un cessez-le feu, l’URSS apporte son aide aux communistes chinois qui
peu à peu font perdre au Guomindang perd le contrôle du territoire. Les communistes
sont vainqueurs. Ainsi, le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame à Pékin, la République
populaire de Chine. Les nationalistes du Guomindang se réfugient à Taiwan.

II. LA CHINE A L’ERE MAOÏSTE (1949-1976)

1. La Chine en 1949

En 1949, la Chine est dans une situation désastreuse : famine, misère dans les villes,
résistance d’une partie des troupes du Guo Min Dang, graves dégâts causés par la
guerre, démontage par les Soviétiques des usines installées en Mandchourie, inflation
démesurée.
2. La Chine à l’école soviétique (1950 - 1955)

Dans ses premières années la république populaire de Chine ne peut compter que
sur l’aide soviétique qui se manifeste de diverses manières : un crédit de 300 milliards de
dollars en 1950, grands projets d’industrie lourde. Cette assistance amène la Chine à
adopter le modèle soviétique : lancement du premier plan quinquennal en 1955, priorité
à l’industrie lourde, système d’enseignement soviétique, nationalisation des entreprises
privées, du commerce de gros. Les circuits monétaires sont rétablis. Les échanges
s’effectuent en priorité avec l’URSS.
Une réforme agraire en 1950 confisque les terres des riches propriétaires fonciers
au profit des paysans. L’agriculture est collectivisée en 1954. Ce mouvement est accéléré
en 1956.
La surveillance du parti devient plus massive et importante. Des campagnes de
masse renforcent le contrôle du parti. Une loi sur le mariage abolit le système
matrimonial ancien par des mesures variées. (cf. Documents p.)

3. La rupture avec l’URSS

En 1955, Mao lance un mouvement pour mettre en place la « coopération agricole ». Le


résultat est négatif : récoltes médiocres. L’année suivante, le 20 ème congrès de PCUS
(Parti communiste de l’Union soviétique) en critiquant Staline, amène mao à prendre ses
distances avec l’URSS. Dans les années suivantes, le refus de l’URSS de fournir
l’armement nucléaire à la Chine tend davantage les rapports. L'aide soviétique cesse en
1960.
4. Les grandes campagnes de Mao

a. La campagne des Cent fleurs (1956-1957)

Elle est lancée en 1956 pour officiellement, libéraliser la vie politique et intellectuelle. Les
raisons sont autres. La politique de Mao est remise en cause lors du 8ème congrès du PCC
en 1956, suite à des difficultés économiques. Le rapport politique présenté par Liu Shaoqi
plaide en faveur d’un retour à une construction «pas à pas» du socialisme. Mao

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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transforme alors les Cent Fleurs en campagne de rectification invitant les masses à
critiquer le parti, à exprimer leurs doléances afin de démasquer ses adversaires. Mais
devant la violence des critiques Mao oriente la campagne contre la droite. Cela lui permet
d’envoyer 400 000 personnes en camp de rééducation par le travail, et d’éliminer
300 000 cadres du parti.

b. Le Grand bond en avant (1958-1960)

La campagne du Grand bond en avant marque la rupture définitive avec le modèle


soviétique. Elle vise à abolir les oppositions entre la ville et la campagne, l’industrie et
l’agriculture, les intellectuels et les ouvriers. Le pouvoir souhaite dans de brefs délais
rattraper l’Angleterre et les Etats-Unis, grâce à des objectifs de production souvent
exagérés. Les communes populaires rurales sont créées en 1958. Elles doivent participer
aux grands travaux collectifs. La collectivisation s’accélère. Le contrôle du parti est
renforcé. De nombreux cadres du parti sont expulsés.

Le Grand bond en avant a été un échec surtout dans l’agriculture. Trois années de famine
causent 15 à 30 millions de victimes. Mao doit quitter la présidence de la république au
profit de Liu Shaoqi. Le Grand bond en avant se terminera en 1962. Les dirigeants
ordonnent une retraite politique pour remettre de l’ordre dans le système productif.

c. La révolution culturelle (1965-1969)

Dès 1963, Mao reprend l'offensive accusant les deux principaux dirigeants chinois (Liu
Shaoqi et Deng Xiaoping) d’engager le pays dans la voie révisionniste. Lin Biao, chef de
l’armée organise un véritable culte à la personne de Mao. Ce dernier lance de 1965 à
1969 la Révolution culturelle en vue d’éliminer ses adversaires. La violence s’installe dans
les collèges et les universités. Liu et Deng sont rétrogradés dans la hiérarchie du parti.
A partir de 1966 des millions de jeunes (les gardes rouges) sont mobilisés. Ils seront
eux-mêmes déchirés par des rivalités internes. Manipulés par les dirigeants chinois, ils
s’attaquent aux cadres et aux intellectuels. Le Petit Livre rouge devient l’ouvrage de
référence. En 1967, devant les débordements incontrôlés, Mao reprend le pouvoir en
s’appuyant sur l’armée. A partir de 1968 les gardes rouges sont envoyés en rééducation
à la campagne. Liu est exclu du parti alors que Deng est ----. La révolution culturelle
prend fin en 1969.

5. La remise en ordre (1969-1971) et les dernières années de


Mao (1971-1976)

En 1969, le 9ème congrès du Parti communiste chinois désigne Lin Biao comme
successeur de Mao. Il obtient que plus de la moitié des membres du Comité central
soient des militaires, s’attirant des ennemis parmi les dirigeants. Il propose la
restauration du poste de président de la république en faveur de Mao. Mais cette
manœuvre est interprétée comme une volonté d’écarter ce dernier pour s’attribuer ce
poste. Pour cette raison il est éliminé en 1971.

Cependant depuis 1973 Mao abandonne peu à peu la direction du pays au Premier
ministre Zhou Enlai, n’arbitrant plus les luttes des tendances au sein du parti. Celui-ci
lance contre la gauche du parti une nouvelle campagne, le « pilin pikong ». Mais la
gauche la détourne les « droitiers ». En 1974, la manœuvre échoue. Certains cadres,
victimes de la révolution culturelle sont réhabilités, parmi eux Deng Xiaoping.

Zhou, déjà contraint à une semi-retraite dès 1974, laisse Deng Xiaoping prendre la
défense de sa politique : les Quatre Modernisations (armée, agriculture, industrie,
sciences). Il meurt en janvier 1976. Sur l'injonction de Mao, Hua Guofeng devient
Premier ministre. Deng est cependant rapidement éliminé. Le 9 septembre 1976, Mao
meurt.

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III. LA CHINE POST MAOÏSTE (1976-1999)

1. La fin du maoïsme

Un mois seulement après son décès, la fraction de gauche du PCC est éliminée. Hua
Guofeng fait arrêter la Bande des Quatre (Jiang Qing, Wang Hongwen, Zhang Chunqiao
et Yao Wenyuan). En 1978, la contestation à travers les journaux muraux (les dazibaos)
fait penser que le peuple est favorable aux Quatre modernisations. Mais la demande
d’une 5ème Modernisation, la démocratie, provoque la répression en 1979. Deng interdit
ainsi les dazibao et écarte Hua du pouvoir définitivement en 1980. Vice-Premier ministre
et président de la commission militaire du PCC, il dirigea de fait la Chine au cours des
années 1980, à travers ses protégés Hu Yaobang et Zhao Ziyang. Il quitte le Bureau
politique du Comité central en 1987, et abandonna la présidence de la Commission
militaire en 1989 —, Deng Xiaoping demeura le numéro un de la République populaire de
Chine.

2. La politique d'ouverture (1981-1987)

Deng est favorable à un assouplissement de la doctrine économique de la Chine. Il


permet la création de zones économiques spéciales où sont autorisées les implantations
d'entreprises étrangères à capitaux mixtes en 1980. En 1982, la sélection est réintroduite
dans le système éducatif ; les intellectuels sont réhabilités ; les activités privées sont
autorisées ; la petite entreprise et les marchés libres sont encouragés.

Les entreprises publiques deviennent responsables de leur gestion. Le parti maintient


cependant sa politique autoritaire illustrée notamment par une campagne contre la
criminalité et contre la «pollution spirituelle» venue de l'Occident en 1983 ; la relance
une politique nataliste. En 1984, un accord avec la Grande-Bretagne est signé sur la
rétrocession de Hong Kong à la Chine. L’année suivante, le monopole de l'État pour
l'achat et la vente des principaux produits agricoles est aboli

3. La démocratisation en suspens (1987-1991)

En 1989, les obsèques d’un dirigeant progressiste, Hu Yaobang limogé 1987, déclenchent
de grandes manifestations sur la place Tien Anmen. C’est le printemps de Pékin qui est
un mouvement revendiquant la démocratie. Le gouvernement proclame la loi martiale et
réprime la manifestation du 3 au 5 juin 1989. Cette répression violente ternit l’image de
la Chine. Deng installe au secrétariat général du parti Jiang Zemin et nomme Li Peng
premier ministre. Les réformes se ralentissent pendant deux ans. A partir de 1990, Deng
relance la lutte sur le terrain politique. Il lance la Chine sur la voie de l'«économie de
marché socialiste». Les investissements étrangers gagnent l'intérieur du pays

Le 1er juillet 1997, Hong Kong redevient chinoise ; le 20 décembre 1999, c'est au tour
de Macao.

Après le décès de Deng Xiaoping, en février 1997, Jiang Zemin s'impose comme le
principal dirigeant chinois. Jiang Zemin, qui domine désormais la scène politique, se
prononce, lors du XVe congrès du PCC, pour la mise en place d'un système d'actionnariat
privé dans les entreprises d'État. Le nouveau Premier ministre Zhu Rongji doit faire face
à plusieurs problèmes majeurs : la corruption, la criminalité ( la renaissance des mafias
chinoises ou de la délinquance), la dissidence politique ou syndicale, les prêtres
catholiques ou les pasteurs protestants clandestins, les écologistes, la restructuration des
entreprises d'État

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Dissertation

Sujet 1 : La Chine de Deng Xiaoping : ouverture et permanence

Sujet 2 : De 1949 à 1976, Mao conduit la Chine d’une main de maître. Dégagez les
conditions de naissance et les débuts de la république populaire, puis montrez les
circonstances et les conséquences de l’adoption d’une voie chinoise dans les années
1950.

Sujet 3 : Mao Zedong et Deng Xiaoping : deux personnages, deux ères. Comparez les
orientations politiques et économiques de ces deux grandes figures chinoises.

Commentaire

Commentaire 1

Les réformes économiques lancées par Deng Xiaoping après la mort de Mao Zedong ont
profondément changé la société chinoise. Elles ont également largement entamé
l'isolement de l'ancien Empire du Milieu. Mais ont-elles favorisé l'évolution des institutions
politiques et administratives de ce pays ? Rien n'est moins sûr. Pourtant ce processus de
réformes imposait au parti communiste, et à l'ensemble d'un système où le politique,
l'administratif et l'économique avaient constamment été imbriqués, une profonde
réorganisation. A la mort de Mao (1976), l'administration chinoise était à la fois trop
centralisée, pléthorique, divisée et inefficace. C'est pourquoi l'adaptation de la
bureaucratie communiste aux réformes économiques et à la nouvelle orientation du
régime a dès 1979 constitué une des priorités de la coalition anti-maoïste dirigée par
Deng Xiaoping. Cependant, obéissant à la tradition politique de l'Empire, Deng a
beaucoup plus mis l'accent sur la refonte des équipes dirigeantes que sur la
rationalisation de l'administration et la mise en place d'un " Etat de droit ". Et surtout, le
rôle dirigeant du parti communiste à chaque échelon, pierre angulaire du système
politique chinois, n'a pu que contrarier la mise en place d'une administration impartiale,
honnête, décentralisée, obéissant à des règles juridiques et susceptible de favoriser le
règlement des conflits entre le pouvoir et la société. Bien que le plan de réformes des
structures politiques présenté par Zhao Ziyang en 1987 ait pu laisser espérer une
certaine modernisation, sinon démocratisation de l'administration, il n'aurait pas
fondamentalement remis en cause les fondements du système. De toute façon, les
événements de juin 1989 ont momentanément suspendu ce processus. Et l'effondrement
du communisme en Europe de l'Est puis en Union soviétique a conduit la direction du PC
chinois à accroître son emprise totalisante sur l'administration et les secteurs clés de
l'économie. Mais l'urgence des problèmes économiques, politiques et sociaux auxquels la
Chine doit faire face, obligera probablement les successeurs de Deng Xiaoping à mettre
en chantier une réforme politique de l'administration qui n'a jusqu'à maintenant pas
même été esquissée.

Jean Pierre Cabestan, L'administration chinoise après Mao : Les réformes de l'ère de
Deng Xiaoping et leurs limites, Paris, éditions du CNRS, 1998

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Commentaire 2

L’année 1957 a inauguré une nouvelle phase radicale de la marche vers le communisme
par une expérience sans exemple dans l’histoire mondiale. « La campagne des cents
fleurs » est remplacée par une campagne de « rectification » contre le « révisionnisme »
et de « dogmatisme » de certains opposants. L’action gouvernementale qui, jusqu’ici,
s’était toujours caractérisée par une réelle modération et beaucoup de prudence, cède
brusquement à la démesure : il s’agit de brûler les étapes vers le communisme en
réduisant la durée de la période de transition par la mobilisation des masses, par
l’utilisation intensive de ce capital humain que sont les 600 millions de Chinois. Il faut
« marcher sur deux jambes », c’est-à-dire assurer une meilleure harmonie entre le
développement agricole et le développement industriel. Pourquoi ce changement ? Sans
doute l’accroissement rapide de la population, dont le taux de mortalité est tombé,
depuis 1952‰, de 17% à 12‰, exige-t-il l’accroissement rapide de la production, mais
surtout ces décisions coïncide avec le début du refroidissement des relations, si amicales
jusqu’ici, avec l’URSS. C’est le moment où cette puissance diminue ses fournitures de
matériel à la Chine, accroît ses livraisons à l’Inde et se refuse à tenir la promesse faite en
1955, de communiquer à son allié le modèle de la bombe atomique. La Chine cesse dès
lors de paraître le disciple docile suivant en tout point l’exemple soviétique : elle se plaît
à souligner l’originalité de ses solutions, tandis que l’URSS de son côté critique le rythme
hâtif donné à l’industrialisation et à l’institution des communes rurales.

Le grand bond en avant est fondé – sans considération de productivité – sur l’application
systématique à des grands travaux d’intérêt général de la principale richesse dont
regorge la Chine actuelle : la puissance de travail d’une main-d’œuvre qui sous-employée
dans les campagnes... L’entreprise qui paraît avoir été improvisée a abouti en trois ans à
un grave échec.

Dès l’automne de 1960 commence le recul progressif (…) C’est surtout l’inertie et le
ralentissement de l’effort qui sont à l’origine de l’échec ; il faut y ajouter que l’expérience
a été faussée par trois années de calamités naturelles sans précédent : sécheresse et
inondations qui ont provoqué une crise alimentaire sérieuse et exigé un rationnement
rigoureux, par la pénurie de cadres expérimentés, par l’incompétence de ceux qui furent
improvisés et qui se trouvèrent rapidement débordés

Maurice Crouzet, tome 7, « L’époque contemporaine », collection Histoire générale des


civilisations, Paris éditions P.U.F., 1966

Les Britanniques quittant Hong Kong en 1997


(Dans le cadre la reine Elisabeth II)

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Nasser, Tito et Nehru

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Leçon 4

1. L’influence des grandes puissances : la position soviétique

La crise du système colonial accentuée par l’issue de la Seconde Guerre mondiale, se


manifeste par le puissant essor du mouvement de libération nationale dans les colonies
et les pays dépendants. Par là même les arrières du système capitaliste se trouvent
menacés.

Les peuples des colonies ne veulent plus vivre comme par le passé. Les classes
dominantes des métropoles ne peuvent plus gouverner les colonies comme auparavant.
Les tentatives d’écrasement du mouvement de libération nationale par la force militaire
se heurtent maintenant à la résistance armée croissante des peuples des colonies et
conduisent à des guerres coloniales de longue durée.

Jdanov, Rapport sur la situation internationale, 25 septembre 1947

2. L’anticolonialisme de l’URSS

En Afrique noire, la France paie… Elle fait les fris de la météorologie, du service
géographique, des stations de radio, de l’infrastructure aérienne et des principaux
aéroports… Elle couvre le déficit des devises, étanche les déficits budgétaires,
subventionne dans des proportions croissantes la plupart des produits coloniaux… Il est
impossible de ne pas se demander s’il n’eût pas mieux valu construire à Nevers l’hôpital
de Lomé, à Tarbes le lycée de Bobo-Dioulasso…

Raymond Cartier, Paris-Match, 18 août 1956

3. L’anticolonialisme américain

« On ne pouvait pas lutter contre la servitude fasciste et en même temps ne pas libérer
sur toute la surface sur toute la surface du globe les peuples soumis à une politique
coloniale rétrograde». Le secrétaire d’Etat Cordell Hull précise le 20 novembre 1942 :
« J’ai dit que le Président et moi, et tout le gouvernement souhaitions instamment la
liberté pour tous les peuples dépendants à une date aussi proche que possible. »

H. Grimal, La Décolonisation 1919-1963, Armand Colin

4. L’ONU et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

Les Etats membres de l’Organisation doivent reconnaître et favoriser la réalisation, en ce


qui concerne les populations des territoires sous tutelle placés sous leur administration ;
du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et doivent faciliter l’exercice de ce droit aux
peuples de ces territoires compte tenu des principes et de l’esprit de la charte des

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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nations unies en ce qui concerne chaque territoire et de la volonté librement exprimée


des populations intéressées, la volonté de la population étant déterminée par voie de
plébiscite ou d’autres moyens démocratiques.

Résolution adoptée par l’ONU le 16 décembre 1952

C'est à la conférence des Non-alignés à Alger que sont nées les revendications pour le
Nouvel ordre économique international (NOEI).

5. La volonté de liberté des populations

Les idées d’autonomie pénètrent dans la société nègre. Dans un congrès national qui se
réunit à Accra, au début de 1920, on put entendre les revendications des indigènes de
l’Afrique occidentale anglaise : ils ont trouvé des porte-parole parmi une classe très
curieuse de nègres appelés The Educated Natives. Ces indigènes assimilés presque
complètement par la civilisation anglaise, (…) habitant les villes , s’emploient comme
fonctionnaires et comme agents commerciaux (…). Mais ils n’ont pas perdu le sentiment
de race et ils soutiennent la cause de leurs frères ; ils réclament depuis longtemps des
libertés politiques ; ils en propagent la notion dans toute l’Afrique occidentale. En 1920,
ils réussissent à réunir les délégués de tous les pays en congrès qui demanda
l’établissement du self government dans l’Afrique occidentale et protesta contre
l’inégalité des races.

Albert Demangeon, L’Empire britannique, 1931

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6. La portée de la conférence de Bandung

Que s’est-il passé de mémorable à Bandung ? Ceci : qu’un milliard cinq cents millions
d’hommes se sont réunis dans une ville d’Asie pour proclamer solennellement que
l’Europe n’avait plus vocation pour diriger unilatéralement le monde. (…)

Et Bandung n’a pas été, comme on pourrait le croire, une banale manifestation de la
xénophobie asiatique ou africaine. Ça n’a pas été une dénonciation haineuse et aveugle
de l’Europe. Au contraire, pas un des hommes réunis à Bandung qui ne fût conscient de
l’immense importance de l’Europe dans l’histoire de l’humanité et de la richesse de sa
contribution aux progrès de la civilisation. Ce qui a été condamné à Bandung ça n’a pas
été la civilisation européenne, ça été la façon intolérable qu’au nom de l’Europe certains
hommes ont cru devoir donner aux relations qui devaient normalement s’instaurer entre
l’Europe et les peuples non européens.

Eh bien, si un événement mérite le nom d’historique, c’est bien celui-là… Pour bien en
comprendre la portée, je vous demande de réfléchir à ces deux dates : en 1885, l’Europe
se réunissait à Berlin pour se partager le monde ; en 1855, soixante-dix ans plus tard, le
monde s’est réuni à Bandung pour signifier à l’Europe pour le temps de l’empire
européen est fini…

Aimé Césaire, Les Temps modernes, n° 123, mars-avril 1956

Gamal Abdel Nasser (Egypte) et Jawaharlal Nehru (Inde)

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I. LES CAUSES EXTERNES

1. L’influence des deux guerres mondiales

Les pays coloniaux ont exercé un rôle actif dans le premier conflit mondial. En effet,ils
ont fourni à l’Europe des combattants, des travailleurs et ont participé à son
approvisionnement. La guerre leur permet de voir les limites des Blancs. Ces derniers ont
plusieurs fois proclamé les principes libéraux et les colonies en attendant la réalisation

Cependant, c’est surtout la seconde Guerre mondiale qui influence le développement du


nationalisme. Les mouvements nationalistes fondés depuis la première guerre mondiale
en Asie en sortent renforcés. En Afrique, ces mouvements apparaissent tardivement mais
effectuent de rapides progrès. Cette évolution est favorisée par les défaites européennes
en Asie face au Japon qui détruisent le mythe de la supériorité de l’homme blanc. Les
victoires allemandes en Afrique du nord et au Moyen-Orient ont le même effet. Les
anciens combattants cherchent à mettre un terme à l’exploitation coloniale. Ils sont
revigorés par la Charte de l’atlantique qui promet le droit à l’autodétermination. Le
président Wilson se montre favorable l’application de cette charte dans tous les pays

2. La crise du système colonial

Les puissances coloniales affaiblies par le conflit, ne peuvent rétablir par la force leur
autorité après la Seconde Guerre mondiale. Les peuples coloniaux sont solidaires dans
leur combat. Ils bénéficient du soutien d’une partie de l’opinion occidentale.

La mise en valeur économique produit des centres économiques, des moyens de


transport. Même si les contraintes économiques demeurent, on note une élévation du
niveau de vie. On assiste à l’ascension des groupes sur les populations dominées.

3. L’évolution dans les métropoles

Si à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les puissances occidentales ne sont pas prêtes
à envisager une décolonisation en Afrique, elles assouplissent leurs positions pour
plusieurs facteurs : la pression américaine, la crainte de l’influence soviétique sur les
mouvements de libération, le désir d’avoir de bonnes relations avec les futurs Etats. De
plus l’opinion publique européenne se déclare favorable à la décolonisation. En effet, elle
souhaite la concentration de l’effort national sur la métropole et un désintéressement des
colonies. Elle s’oppose du même coup aux dépenses au profit des colonies.

4. Les différentes formes de pressions

Plusieurs courants soutiennent la volonté d’émancipation des pays colonisés :

 l’anticolonialisme des grandes puissances


Pour des raisons différentes les deux Grands s’opposent au colonialisme.. L’URSS, au
nom du communisme qui s’érige contre toute forme de domination capitaliste soutient les
peuples colonisés pour des raisons tout à la fois idéologiques que politiques.

o Les États-Unis, ancienne colonie, sont solidaires des peuples dominés.


Pour les USA, la colonisation constitue une sorte d’entrave au libre
échangisme car participe à créer des monopoles pour les puissances

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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capitalistes européennes. Les combattre équivaut à affaiblir leurs


influences sur ces potentiels marchés économiques.

o L’Union soviétique considère l’impérialisme colonial comme le stade


suprême du capitalisme. Au nom du communisme, elle s’érige contre
toute forme de domination capitaliste, soutient les peuples colonisés pour
des raisons tout à la fois idéologiques que politiques.

 La pression des grands mouvements religieux

Les Eglises prennent conscience de la contradiction entre le message évangélique et la


domination coloniale. L’islam appelle à la solidarité avec les musulmans des colonies.

II. LES CAUSES INTERNES

1. Les nouvelles solidarités

Divers mouvements apparaissent pour renforcer le nationalisme en Afrique et en Asie :


l’afro-asiatisme, le panafricanisme, le mouvement de la négritude

Les migration vers la métropole sensibilisent davantage les travailleurs et les élites aux
idées et pratiques contestataires, politiques et syndicales. Le concours décisif des
colonies à la victoire, leur donne l’espoir de nouvelles relations avec le colonisateur

Les déclarations des alliés sont favorables à l’émancipation des colonies (charte de
l’Atlantique, charte des Nations Unies). Iles insistent sur le droit des peuples à
l’autodétermination.

2. La montée du nationalisme

Durant la guerre, les espoirs nationalistes grandissent dans les colonies. L’Afrique espère
que sa participation au conflit serait payée par un assouplissement du régime colonial.
Déçue, elle développe la résistance. Des syndicats et partis politiques se forment. Le
nationalisme s’exprime aussi par des journaux et des livres. De nouvelles formes de
luttes telles que les grèves, les émeutes urbaines apparaissent.

De nouveaux courants se développent. C’est le cas de la négritude, terme forgé en 1934


par Aimé Césaire, et qui désigne l’ensemble des valeurs culturelles et spirituelles des
civilisations d’Afrique Noire. Ce mouvement littéraire devient une prise de position
politique et jouera un rôle important dans la lutte contre le colonialisme.

3. Le développement de l’intelligentsia

Les étudiants de plus en plus nombreux sont gagnés à un nationalisme radical et même
au communisme. Ils constituent des organisations telles que la FEANF (Fédération des
étudiants d’Afrique Noire francophone). Ils vont jouer un rôle d’avant-garde. Ils exigent
l’indépendance.

Ils retournent contre leurs métropoles les grandes idées telles que la liberté, l’égalité et
la fraternité des peuples et affichent par la même occasion leur volonté à participer à la
gestion politique de leurs terroirs. C’est le cas de Léopold Sédar Senghor en Afrique
Noire. D’autres comme Hô Chi Minh en Asie, empruntent aux Européens le marxisme,
souvent teinté de nationalisme, pour en tirer un message révolutionnaire.

Parallèlement, l’élite commerçante s’érige cotre l’exploitation économique imposée par la


puissance économique.

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Dissertation

Sujet 1 : Kwame Nkrumah affirme en 1957 : « La liberté, on ne l’avait jamais accordé à


un aucun pays colonial sur un plateau d’argent ; on ne l’avait gagné qu’après d’amères
luttes. »
Dégagez les origines de cette volonté d’émancipation au sein même des pays colonisés.

Sujet 2 : Après le Seconde Guerre mondiale, plusieurs facteurs militent à l’encontre de


l’impérialisme colonial. Evoquez ces facteurs liés à la guerre ou au contexte international.

Sujet 2 : Nationalismes et indépendances de 1945 à la fin des années soixante.

Vous étudierez brièvement les origines de ces nationalismes face aux dominations
coloniales et comparerez à l’aide de quelques exemples les différentes voies d’accès à
l’indépendance

Chronologie indicative

1944 - Conférences de Brazzaville


1945 - 17 août Sukarno proclame l'indépendance de l'Indonésie
- 2 septembre Hô Chi Minh proclame l'indépendance du Viet-nam
1946 - Guerre d'Indochine
- L'Union française remplace l'Empire français
1947 - 15 août Indépendance de l'Inde et du Pakistan
1949 - Indépendance effective de l'Indonésie
1951 - Indépendance de la Libye
1954 - juillet Accords de Genève
1er novembre Début de l'insurrection algérienne
1955 - 24 avril Fin de la conférence de Bandoeng
- Indépendance du Maroc et de la Tunisie
1958 - septembre Création de la Communauté française
1962 - Indépendance de l'Algérie

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Leçon 5

1. L’éveil de la conscience nationale

Depuis la fin de la guerre, nous avons vu l’éveil de la conscience nationale dans des
peuples qui avaient vécu jusque-là dans la dépendance d’autres puissances. Il y a quinze
ans que le mouvement se propagea à travers l’Asie. De nombreux pays de races et de
civilisations différentes exprimèrent leur désir d’une existence nationale indépendante.
Aujourd’hui, la même chose se produit en Afrique. Ce sentiment national africain prend
des formes différentes selon les endroits, mais il se manifeste partout. Le vent du
changement souffle partout à travers ce continent.

Harold Macmillan, Discours devant le parlement sud-africain, le 3 février 1960, Capetown

2. La violence en Algérie en 1945

Le printemps de 1945 correspond à un moment de crise très grave pour l’économie


algérienne… Dans la première semaine de mai, les manifestations se succèdent (…) à
Cherchell, Oran, Alger, pour demander la libération de Messali. A Sétif, Guelma, les
manifestants et la police se heurtent. Les bagarres se transforment en émeutes et
provoquent plusieurs dizaines de morts. Le pays est alors parcouru de « bandes » qui se
ruent sur les dépôts d’alimentation, les bâtiments publics, les fermes (…) L’administration
va répondre à ces violences par d’autres violences plus grandes

A. Nouschi, La Naissance du nationalisme algérien, Editions de Minuit, 1962

3. Bilan de la guérilla en Guinée Bissau

L’armée révolutionnaire se développe secondée par les milices villageoises. La moitié du


pays est libérée, et les villages y sont politiquement structurés. (..) Le Parti a tout en
menant la guerre fait quadrupler le nombre des enfants scolarisés par rapport au temps
des Portugais…

Les fantassins portugais ne sortent pratiquement plus de leurs casernes dans les régions
libérées. Depuis l’été 1966, le Parti a entrepris avec succès de détruire les postes isolés,
d’empêcher toute circulation fluviale, de libérer la région centrale de Boé afin de relier les
deux régions déjà entre ses mains – tout en encadrant politiquement les populations.

Depuis un quart de siècle, trois guérillas seulement : la chinoise, la vietnamienne et la


cubaine sont parvenues à un tel résultat.

G. Chaliand, Lutte armée en Afrique, Maspéro, 1967

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I. LA DECOLONISATION PACIFIQUE

1. Les indépendances négociées

Dans certains pays, l’indépendance résulte d’une évolution des institutions qui,
progressivement, s’assouplissent donnant aux territoires une autonomie plus grande.
Une grande activité politique est déployée au sein des partis locaux et des syndicats pour
revendiquer le droit à l’autonomie et à l’émancipation totale. Dans ces pays, les leaders
politiques réussissent à négocier l’indépendance sans s’installer dans un conflit avec la
métropole. Ce type de décolonisation caractérise en particulier les colonies anglaises et
l’A.O.F.

Dans l’Afrique française en effet, après avoir longtemps rejeté l’idée d’émancipation, la
France change d’attitude au milieu des années 1950. Avec la loi-cadre de 1956, la France
se détache progressivement de ses colonies. Cette évolution se confirme avec la création
de la communauté française en 1958 dans laquelle les territoires coloniaux deviennent
des républiques autonomes. A partir de 1960, la plupart de ces Etats obtiennent leur
pleine souveraineté à l’issue d’accords bilatéraux avec la France.

Dans les colonies britanniques ouest-africaines, les revendications pour l’indépendance


ont été plus précoces. Dès les années 1920, les Africains sont associés aux affaires
publiques. Leur nombre augmente après la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs
territoires accèdent à l’autonomie interne, puis à l’indépendance sans conflit notable avec
l’autorité anglaise. Ainsi, la Gold Coast, sous l’impulsion du parti de Kwame Nkrumah,
passe de l’autonomie à l’indépendance en 1957.

2. Les indépendances mixtes

On appelle ainsi des décolonisations qui sont dominées par la négociation, mais qui
connaissent à un moment donné des manifestations de violences soit entre les
communautés locales pour le contrôle du pouvoir, soit avec les Européens qui tentent
d’étouffer les revendications en faveur de l’émancipation par une forte répression.

Par exemple, au Congo, la Belgique jusque vers les années 1950, reste opposée à toute
remise en question de sa souveraineté, allant jusqu’à mettre sur pied un plan
d’émancipation étalé sur 30 ans. Les nationalistes congolais radicalisent leur action. Ils
organisent de violentes émeutes qui contraignent la Belgique à accorder l’indépendance
en 1960. Cette indépendance précipitée provoque de grands troubles dans le pays.

En Inde, Gandhi organise la lutte nationaliste en s’appuyant sur le principe de la non


violence. Il utilise comme moyen d’action la grève, le boycott, la désobéissance civile.
Les Anglais répondent par la répression. L’indépendance est proclamée en 1947, elle a
été accélérée par la guerre fratricide dans laquelle les Hindous et les musulmans
s’affrontent.

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II. LA DECOLONISATION VIOLENTE

On a une décolonisation violente lorsque l’indépendance est conquise par la lutte armée.
Celle-ci intervient quand la métropole refuse la négociation et les réformes. Opposés aux
exigences d’indépendance de leurs colonies, les métropoles dont les colons y sont
fortement implantés s’enlisent dans des guerres coloniales longues et coûteuses. Cet
immobilisme colonial dont elles font montre entraîne une décolonisation violente.

En effet, les mouvements indigènes s’insurgent contre la colonisation en imposant la lutte


armée. C’est le cas en Indochine, en Algérie pour la France, dans toutes les
colonies portugaises à partir de 1960 (Angola, Guinée Bissau…).

Ces pays ont à leur actif des guerres de libération qui les opposent à la puissance
coloniale. Souvent ces guerres sont soutenues par les pays africains indépendants, des
puissances étrangères. Par exemple : les Vietminh sont aidés par la Chine et l’URSS, le
FLN Algérien par la Tunisie, le Maroc et surtout l’Egypte de Gamal Abdel NASSER.

Elles peuvent se compliquer de divisions internes pouvant conduire à la guerre civile.


C’est l’exemple typique de l’Angola. En dehors de l’Algérie, ces décolonisations ont été
tardives : la Guinée Bissau obtient l’indépendance en 1974, l’Angola en 1975, le
Zimbabwe en 1980, Mozambique en 1975.

La bataille de Dien Bien Phû

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Dissertation

« La décolonisation opérée après la Seconde Guerre mondiale a revêtu le plus souvent


les aspects d'un affrontement entre les nationalismes indigènes et les impérialismes
blancs ». Présentez l’impact de la Guerre sur la naissance du processus de décolonisation
et montrez comment l’« affrontement entre les nationalismes indigènes et les
impérialismes blancs » atteint son point culminant dans des conflits armés.

Commentaire

Si la mobilisation contre le système colonial prend souvent la forme d’une résistance


armée, elle emprunte également bien d’autres voies : boycott, grèves, syndicalisme,
campagnes de presse, création de multiples associations, clubs et groupes à vocation
politique culturelle ou sociale… Ces formes d’action sont considérées comme plus
« modernes » que les révoltes ou insurrections. Elles correspondent effectivement à des
innovations et à de profonds changements structurels dans les sociétés africaines. Mais
elles soulignent surtout un fait : si la lutte contre la colonisation n’a pas été générale ni
permanente, elle est en revanche plurielle. (…)

La période de l’entre-deux guerres se caractérise par une critique de spires abus de la


colonisation. Dans les années 1920 et 1930, les luttes s’organisent autour d’une réforme,
d’une « amélioration » du régime colonial, dont il s’agirait essentiellement de supprimer
les aspects les plus scandaleux (travail forcé, assujettissement). Après la Seconde Guerre
mondiale, ces demandes étant souvent restées lettre morte, on assiste à une remise en
cause du système lui-même. Les plus radicaux demandent l’autonomie, voire
l’indépendance, rejetant les réformistes dans la sphère d’un passé révolu.

Anne Hugon, Introduction à l’histoire de l’Afrique contemporaine, Paris Armand Colin,


1998

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Leçon 6

A L’INDE

1. La résolution Quit India (Parti du Congrès, août 1942)

« [Le Parti du Congrès] pense que de récents évènements viennent de démontrer


clairement que la domination anglaise en Inde doit cesser aussi vite que possible. (...) La
puissance de cette domination est avilissante, affaiblit l'Inde et la rend de moins en
moins capable de se défendre d'abord et de défendre ensuite la cause de la liberté. (...)
L'Inde, cette victime type de l'impérialisme moderne, est devenue le nœud de
l'affaire, car c'est de la libération de l'Inde que l'on jugera l'Angleterre et les Nations
Unies et que les peuples d'Asie et d'Afrique trouveront source d'enthousiasme et d'espoir.
La fin de la domination britannique sur ce pays est donc une question vitale et
primordiale ; de son dénouement proche dépendront l'avenir de la guerre et le triomphe
de la liberté et de la démocratie. (...)
Dès la déclaration de l'indépendance de l'Inde, un gouvernement provisoire sera
formé et l'Inde libre deviendra l'alliée des Nations unies, partageant avec elles ses
entreprises et ses épreuves, dans le combat commun pour la liberté. »

2. La signature de l’acte d’indépendance

Nehru, Lord Mountbatten et Ali Jinnah

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3. L’Inde à l’heure de l’indépendance : Le partage de la péninsule

4. La partition de l’Inde

Cette partition s’inscrit dans le prolongement des tendances qui sont aussi apparues au
sein de la communauté musulmane à partir de la fin du XIXème siècle.

Cibles privilégiées des Britanniques en tant que détenteurs du trône de Delhi, les
musulmans se sont vite trouvés marginalisés dans le cadre colonial alors que les hindous
y prospéraient, notamment grâce à leur entrée massive dans le nouveau système
éducatif anglophone. Devant cette situation les musulmans vont s’organiser au sein d’une
Ligue musulmane, qui parvient peu à peu à convaincre les Britanniques de la nécessité
de protéger leur minorité. Cela coïncide avec la volonté de Londres de diviser pour mieux
régner. En 1909, la Ligue obtient un électorat séparé pour les musulmans. C’est le
premier pas en direction d’une forme de séparatisme qui se cristallisera dans l’entre-
deux-guerres pour donner naissance à la « théorie des deux nations » de Muhammad Ali
Jinnah : selon lui, les hindous et les musulmans forment chacun une nation à laquelle il
faut un territoire. En 1940, la ligue musulmane dirigée par Muhammad Ali Jinnah
revendique un Etat séparé, le Pakistan, qui en 1949, regroupe les provinces à majorité
musulmane à l’ouest de l’Inde britannique et le Bengale oriental.

Christophe Jaffrelot, Dictionnaire du XXème siècle, Paris, La Découverte, 2000

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B L’INDOCHINE

5. L’Indochine française

6. Déclaration d'indépendance de la république démocratique du Vietnam

Tous les hommes ont été créés égaux. (...) Leur Créateur leur a conféré certains
droits inaliénables. Parmi ceux-ci, il y a la vie, la liberté, et la recherche du bonheur."
Ces paroles immortelles sont tirées de la Déclaration d'Indépendance des Etats-
Unis d'Amérique en 1776. Prises au sens large, ces phrases signifient : tous les peuples

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sur terre sont nés égaux ; tous les peuples ont le droit de vivre, d'être libres, d'être
heureux.
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de la Révolution Française
(1791) a également proclamé : "Les hommes sont nés et demeurent libres et égaux en
droits."
Il y a là d'indéniables vérités.
Cependant, pendant plus de 80 ans, les impérialistes français, reniant leurs
principes "liberté, égalité, fraternité", ont violé la Terre de nos ancêtres et opprimé nos
compatriotes. Leurs actions sont contraires à l'idéal d'humanité et de justice. (...)
La vérité est que nous avons saisi notre indépendance des mains des Japonais et
non des mains des Français. Avec la fuite des Français, la capitulation des Japonais et
l'abdication de l'empereur Bao-Dai, notre peuple a brisé les chaînes qui avaient pesé sur
nous pendant près de cent ans et a fait de notre Vietnam un pays indépendant. Notre
peuple a en même temps renversé le régime monarchique établi depuis des dizaines de
siècles et il a fondé la République.
Pour ces raisons, Nous, Membres du Gouvernement Provisoire, représentant la
population entière du Vietnam, déclarons que nous n'aurons désormais aucune relation
avec la France impérialiste, que nous abolirons tous les traités signés par la France au
sujet du Vietnam, que nous abolirons tous les privilèges que se sont arrogés les Français
sur notre territoire. Tout le peuple du Vietnam, inspiré par la même volonté, est
déterminé à combattre jusqu'au bout contre toute tentative d'agression de la part des
impérialistes français.
Nous sommes convaincus que les Alliés, qui ont reconnu le principe de l'égalité
entre les peuples aux conférences de Téhéran et de San Francisco, ne peuvent que
reconnaître l'indépendance du Vietnam."

Hanoi, le 2 septembre 1945.

7. Ho Chi Minh, le chef du Vietminh

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8. Un nationalisme combattant : le Vietminh

Défilé du Vietminh à Hanoi


9. La guerre d’Indochine

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10.Patrouille française en 1951 sur un pont provisoire

11.L’amiral Thierry d’Argenlieu : soldat et moine

A gauche en tenue militaire, à droite en tenue de moine

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12.Le général Giap (de face) et ses hommes

13.L’empereur Bao Daï (en costume blanc) passant en revue les troupes

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I. LA DECOLONISATION DE L’INDE

Le nationalisme indien est ancien. En effet, les principaux partis nationalistes


apparaissent tôt : le parti du Congrès en 1885, la Ligue musulmane en 1905.

Le parti du Congrès joue un rôle majeur. Il dirige le mouvement nationaliste en 1914.


Gandhi en devient le chef en 1920. Pour lui, le moyen d’obtenir l’autonomie (ou Swaraj)
est la résistance active (Satyagraha), dénuée de toute violence. C’est pourquoi, le
mouvement lancé en 1919 (le hartal) est arrêté du fait des actes de violence de ses
partisans. La Première Guerre mondiale alourdit cependant la pression sur le peuple. De
1920 à 1925, l’Inde vit dans un régime de dyarchie caractérisé par 2 catégories de
pouvoirs :

D’un côté, le gouvernement central qui dispose des affaires réservées (douanes,
armée, police, finances) et de l’autre, les gouvernements généraux installés au niveau
des 20 provinces du pays et qui ont en charge les questions transférées (santé,
agriculture, éducation …). L’opposition indienne multiplie les grèves.

Inquiétés par le caractère révolutionnaire du mouvement, Gandhi adopte le plan de


« non coopération non violente), rejetant toutes les marques de la domination anglaise.
Il est condamné à 6 ans de prison. Son parti commence alors à perdre ses membres et
les Anglais reviennent sur toutes les concessions accordées antérieurement.

En 1929, les négociations commencent. Le parti du Congrès offre sa coopération en


échange du statut de dominion. Face au refus des Anglais, il réclame alors
l’indépendance. En 1930, il organise la marche du sel pour demander l’abolition de
l’impôt sur le sel. L’emprisonnement de Gandhi n’arrête pas la lutte ; en son absence, la
conférence de la Table Ronde tenue en 1930-1931 ne donne pas de résultats tangibles.

Quand commence la Seconde Guerre mondiale, l’Inde apparaît comme un pays


mécontent, hostile à la nouvelle constitution fédérale de 1935. Cela est illustré par la
victoire éclatante du parti du Congrès aux élections de 1937. Ainsi, l’Inde participe au
conflit sans l’avis de ses représentants. Malgré ses défaites, l’Angleterre refuse de
promettre l’indépendance et réprime toute opposition. Elle envoie une commission dirigée
par Sir Stafford Cripps pour préparer une future Inde qui bénéficierait d’un statut de
« dominion à gouvernement autonome » ; cette commission offre aux provinces et aux
Etats princiers (au nombre de 600) qui le souhaitent de faire sécession, une fois la guerre
terminée. Ce serait l’éclatement de l’Inde. Le projet est rejeté par Gandhi et Nehru

En 1942, le parti du Congrès lance la résolution « Quittez l’Inde », mouvement qui dure
jusqu’en 1945. Les Anglais procèdent à de nombreuses arrestations. Pendant ce temps,
l’adversaire de Gandhi dans le Congrès Chandra Subhas Bose, fonde le mouvement
« Inde libre » qui appelle à la révolte contre les Britanniques. Une violence incontrôlée
s’installe. Mais, les Anglais sont débordés par les difficultés financières au Proche Orient,
en Malaisie, et en Inde. De plus la résistance des fonctionnaires indiens leur enlève tout
moyen d’imposer leur autorité. Ils envisagent alors à partir de 1945 de quitter l’Inde,
poussée dans cette voie par les Etats-Unis. Le parti du Congrès et la Ligue musulmane se
rapprochent.

Le nouveau gouvernement de Londres dirigé par Clement Attlee se montre plus favorable
au désengagement de l’Inde. Au début de 1946, la mission est envoyée en Inde par
Londres dans le but de trouver un accord entre la Ligue musulmane et le Congrès. Mais

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elle échoue à cause de l'impossibilité de s'entendre sur la composition d'un


gouvernement de transition. La Ligue musulmane lance alors une journée de
protestation, le 16 août 1946 qui débouche sur une tuerie à Calcutta. Le fossé se creuse
entre les musulmans partisans d’une partition et les hindouistes nationalistes qui
réclament un Etat hindou. On ne peut éviter le compromis : les Anglais cherchent à se
retirer au moindre coût. Du côté indien, le parti du Congrès se rallie finalement à l’idée
de la partition du pays.

Dès février 1947, l’Angleterre annonce le transfert du pouvoir à une autorité indienne au
plus tard le 30 juin 1948. En ce temps-là, la situation est particulièrement critique au
Pendjab où les musulmans à l’ouest d’une part, et les communautés hindous et sikhs
d’autre part s’affrontent. Mais face à la persistance des troubles, le nouveau vice-roi Lord
Mountbatten accélère le processus d’indépendance. Il propose un plan de partage de
l’Inde en deux Etats : le Pakistan (occidental et oriental) qui comprend les provinces
majoritairement musulmanes et l’Union indienne. Le 15 août 1947, l’Angleterre accorde
l’indépendance à ces deux dominions. La proclamation de l’indépendance s’accompagne
de transferts meurtriers et massifs de population qui feront 14 millions de réfugiés (8
millions d’hindous et de sikhs, 6 millions de musulmans)

II. LA DECOLONISATION EN INDOCHINE FRANÇAISE

1. L’évolution de l’Indochine française jusqu’en 1945

L’Indochine française est composée de plusieurs territoires :

 une colonie : la Cochinchine


 4 protectorats : Annam, Tonkin, Cambodge et Laos. Depuis 1887, ils sont
regroupés dans l’Union indochinoise.

La vie des populations autochtones est marquée par le mécontentement et les


frustrations. De ce fait les sociétés secrètes renaissent et des partis nationalistes se
créent. Parmi eux se distingue le parti ouvrier dirigé par Nguyen Ai Quoc, qui plus tard
sera désigné par le nom de Ho Chi Minh. Ce parti forme ses cadres en URSS qui est
également la base de diffusion de la presse appelant à la résistance contre les Français.

En 1940, alors que la France subit la défaite devant l’Allemagne, son armée s’effondre
devant les Japonais au Siam. Cette situation attise les convoitises japonaises sur
l’Indochine. L’administration de Vichy choisit alors la collaboration devant l’occupant
japonais. Le Japon de son côté encourage le nationalisme dans l’Annam, soutient des
mouvements anti-français comme le caodaïsme. D’une manière générale, la présence
japonaise réduit fortement le prestige des Français.

Depuis 1941, des groupes nationalistes de diverses tendances se sont regroupés dans
une Ligue des organisations révolutionnaires du Vietnam qui oriente sa lutte contre les
Français et les Japonais. Le plus important de ces formations est le Vietminh, un parti
communiste, dirigé par Ho Chi Minh.

Le 9 mars 1945, les Japonais capturent les troupes françaises. Ils mettent leur
administration sous leur contrôle. Ils réinstallent l’empereur de l’Annam, Bao Daï sur le
trône. Ils l’incitent de même que le roi du Cambodge à proclamer l’indépendance le 11
mars 1945. Les groupes nationalistes continuent à lutter contre les forces étrangères et
étendent leur emprise sur le pays.

Mais le 15 août, le Japon capitule. Le gouvernement de Bao Daï n’a alors aucune force
réelle. Le Vietminh appelle à la réunion des forces nationalistes pour empêcher le retour
de l’ordre colonial et lance dès le 14 août l’insurrection qui débouche sur l’abdication de
Bao Daï.

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Le Vietminh profite de cette situation et de l’incapacité des Français à reprendre le


pouvoir, pour former un gouvernement provisoire le 28 août. Son président Ho Chi Minh
proclame l’indépendance de la république démocratique du Vietnam le 2 septembre
1945.
2. La guerre d’indépendance.

La France cherche à rétablir sa souveraineté dans le cadre d’une Fédération indochinoise.


L’amiral Thierry d’Argenlieu est chargé de cette mission. En 1945, elle ne dispose que de
forces réduites sur le terrain. Ces dernières conduites par le général Leclerc se heurtent à
une violente résistance au Tonkin et à la présence du gouvernement de Ho Chi Minh. Les
représentants de la France cherchent à conclure un accord avec le Vietminh. Sainteny
signe au nom de la France un accord avec Ho Chi Minh le 6 mars 1946 : la France
reconnaît le Vietnam comme un Etat libre membre de l’Union française et de la
Fédération indochinoise, et s’engage à ramener les 3 Ky1 (Nord, Centre, et Sud)
regroupés dans la Cochinchine dans le Vietnam. Mais la France refuse d’accorder au
Vietnam une véritable indépendance. Cela ajouté au rejet de l’idéologie communiste
affichée par le Vietminh conduit à l’échec d’une série de conférences, dont celle de
Fontainebleau.

Le bombardement de Haiphong par l’armée française en novembre 1946 suivi de


l’attaque du Vietminh sur Hanoi déclenche les hostilités. Le 19 décembre le Vietminh
lance une attaque généralisée contre l’ensemble des postes français. La guerre est
engagée.

Face à une armée française disposant d’un matériel moderne mais peu adapté, le
Vietminh développe une guérilla largement inspirée des idées de Mao Zedong. La guerre
qui commence est, à ses débuts, une guerre sans front. Puis au fur et à mesure de ses
succès, le Vietminh passe à une guerre de mouvement sur l’ensemble du territoire grâce
à des moyens humains et matériels plus importants, à partir de 1949.

La France s’enlise face au Vietminh dont la stratégie est fondée sur la guérilla et l’action
psychologique. L’armée du Vietminh dirigée par le général Giap est réorganisée et
équipée grâce au soutien soviétique. Tentant d’affaiblir politiquement le Vietminh, la
France veut faire de Bao Daï, exilé à Hong Kong son interlocuteur. Elle signe avec lui les
accords de la baie d’Along (1948) par lesquels elle lui accorde ce qu’elle avait refusé à Ho
Chi Minh : un Etat vietnamien uni associé à l’Union française. Cette tentative est un
échec.

A partir de 1949, la guerre prend une dimension internationale : les Chinois aident le
Vietminh, alors que la France obtient le soutien des Etats-Unis.

En 1952, le général Giap lance une offensive au Tonkin, en Annam et au Laos. En 1953,
la France occupe le site de Dien Bien Phû pour gêner les communications du Vietminh et
pouvoir aborder de futures négociations en position de force : c’est l’opération Atlante.
Mais ses troupes seront encerclées et dépendront entièrement des parachutages pour
leur ravitaillement. Les postes avancés français tombent l’une après l’autre. L’assaut final
est donné le 6 mai 1954. La France vaincue, se rend le 7 mai. Le lendemain, s’ouvre la
Conférence de Genève réunissant les pays de la péninsule indochinoise, la France, les
Etats-Unis et l’URSS. Les accords signés le 20 Juillet divisent le Vietnam en 2 Etats à
partir du 17ème parallèle. L’indépendance du Laos, du Cambodge est reconnue.

1
Les 3 Ky : Bac ky (le Tonkin) ; Trung ky (l’Annam) ; Nam ky (la Cochinchine)

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Dissertation

Sujet 1 : La décolonisation de l’Inde : le combat contre l’autorité anglaise ; les divergences


des Indiens.

Sujet 2 : la décolonisation de l’Indochine : l’influence japonaise, les manœuvres françaises,


l’issue de la guerre de libération.

Commentaire

Commentaire 1

L’effondrement militaire de la métropole en 1940 fut suivi par celui de l’Indochine car l’armée
française était adaptée à des fonctions de police pour le maintien de l’ordre, et non à une
guerre contre le japon ou le Siam. En face de l’occupation japonaise et de ses exigences, le
régime de Vichy pratiqua une politique de collaboration pour la « défense commune de
l’Indochine » s’efforçant de conserver aux yeux des indigènes la façade de l’autorité
française, de s’interposer entre les Japonais et les autochtones…

Les Japonais à l’inverse de ce qu’ils faisaient partout ailleurs dans les territoires qu’ils
occupaient, n’attaquent pas directement et officiellement l’impérialisme occidental », mais
encouragent le nationalisme annamite, ils soutiennent, en particulier, certains mouvements
antifrançais, anticommunistes et conservateurs, comme le caodaïsme 1. La présence des
troupes japonaise ruine peu à peu le prestige français. Finalement, le 9 mars 1945, les
Japonais, rompant avec cette politique d’attente, capturent les troupes françaises,
substituent leur administration directe à celle de l’amiral Decoux, obtiennent de l’empereur
Bao-Daï et du roi du Cambodge qu’ils proclament leur indépendance.

Cependant, depuis 1941, des groupes de nationalistes vietnamiens de tendances fort


variées, s’étaient réunis en territoire chinois et avaient formé la Ligue des organisations
révolutionnaires du Vietnam, dont l’activité était dirigée contre les Japonais et l’autorité
française ; le principal de ces groupes, le seul qui possédât dans tout le pays un réseau

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sérieux d’information et d’éléments actifs, était le Vietminh, héritier du parti communiste,


dirigé par Nguyen Ai Quoc (le futur Ho Chi-Minh). Après le 9 mars, ces groupes résistants
continuent la lutte et étendent leur emprise sur le pays. L’effondrement japonais, suivi de
l’abdication de Bao-Daï, leur permet d’établir un gouvernement provisoire dirigé par Ho-Chi-
Minh qui proclame l’indépendance au moment même où en Birmanie, en Indonésie, aux
Philippines, les mouvements nationaux et les guérillas anti-japonaises prennent également
position contre la puissance dominante.

Maurice Crouzet, Histoire générale des civilisations, tome 7, l’époque contemporaine, Paris,
P.U.F., 1966

1Caodaïsme : Doctrine et mouvement religieux vietnamien de base syncrétique.

Commentaire 2

Plus grave encore, en août 1942, alors que la guerre fait rage et que son issue est
incertaine, Gandhi, voulant profiter de l'affaiblissement de l'Angleterre, lance le mouvement
d'agitation nationale anti-britannique « Quit India » (Quittez l'Inde !) qui sonne comme une
véritable déclaration de guerre. D'autre part, bravant le gouvernement colonial, Gandhi
revendique le droit de négocier directement avec le pouvoir nippon dont il veut combattre les
forces par des moyens non-violents. La répression des autorités britanniques est
impitoyable. Les principaux leaders du Congrès, dont Gandhi et Nehru, sont emprisonnés, et
ils ne seront libérés qu'à la fin de la guerre.

Aussi, dans les années d'après-guerre, les Britanniques, qui tiennent à garder un
contrôle, même partiel, sur le continent indien afin de préserver leurs intérêts
géostratégiques, sans pour autant appuyer dans un premier temps le projet de création du
Pakistan, favoriseront toutefois les revendications de la Ligue musulmane, fidèle dans
l'adversité, par rapport à celles d'un Congrès hostile dont ils se méfieront…

En 1945, la Grande-Bretagne, bien que victorieuse, sort de la guerre très affaiblie, non
seulement économiquement et militairement, son prestige a aussi perdu de sa superbe
après les revers subis en Asie du Sud-Est1. Elle n'apparaît plus comme la nation invincible
qui avait établi le plus grand Empire du Monde. Aussi, elle n'est plus en mesure de contenir
une éventuelle révolte du peuple indien, et ce, d'autant que militairement elle ne peut plus
compter sur ses régiments de cipayes tant la popularité de l'INA 2 de Subash Chandra Bose y

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est répandue. En effet, pour la plupart des Indiens, les soldats de l'INA sont des héros ayant
combattu pour la libération de la Mère patrie. En outre, l'Empire des Indes est
économiquement ruiné par l'effort de guerre. Déjà en 1943, la grande famine du Bengale a
emporté quatre millions de vies – quatre millions ! L'Angleterre n'a donc plus les moyens
d'entretenir et de conserver le « joyau de la Couronne ». D'aucuns diraient qu'elle n'a plus
rien à en tirer.(…)

La lutte pour une Inde indépendante ne va plus maintenant se jouer entre les Indiens et le
colonisateur britannique, mais entre hindous et musulmans représentés réciproquement par
le Congrès et la Ligue musulmane qui sont devenus les deux partis dominant la scène
politique indienne.

1Pertes britanniques à Singapour et en Birmanie.


2 INA :

Laurent Baldo, La partition de l’Inde et la question irrésolue du Cachemire

Engagement des troupes françaises à Dien Bien Phû

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
66
Leçon 7

1. La déclaration Balfour (2 novembre 1917)

Cher Lord Rothschild,

J'ai le grand plaisir de vous adresser de la part de Sa Majesté la déclaration suivante,


sympathisant avec les aspirations juives sionistes, déclaration qui, soumise au cabinet, a
été approuvée par lui.
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine
d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la
réalisation de cet objectif, étant entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte
soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux
droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays.

2. Le plan de partage de l'ONU de 1947 (résolution 181)

1) Le Mandat pour la Palestine prendra fin aussitôt que possible, et en tout cas le
1er août 1948 au plus tard.
2) Les forces armées de la Puissance mandataire évacueront progressivement la
Palestine ; cette évacuation devra être achevée aussitôt que possible, et en
tout cas le 1er août 1948 au plus tard.
3) La Puissance mandataire fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer, à
une date aussi rapprochée que possible, et en tout cas le 1er février 1948 au
plus tard, l'évacuation d'une zone située sur le territoire de l'Etat juif et
possédant un port maritime et un arrière-pays suffisants pour donner les
facilités nécessaires en vue d'une immigration importante.
4) Les Etats indépendants arabe et juif ainsi que le Régime international
particulier prévu pour la ville de Jérusalem dans la troisième partie de ce plan,
commenceront d'exister en Palestine deux mois après que l'évacuation des
forces armées de la Puissance mandataire aura été achevée et, en tout cas, le
1er octobre 1948 au plus tard. (...)

3. Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël (14 mai 1948)

"Le pays d'Israël a été le berceau du peuple juif. C'est là que s'est formée son identité
spirituelle, religieuse et nationale…
Exilé du sol de Palestine, le peuple juif y est resté fidèle en tous les pays où il a
été dispersé et n'a jamais cessé de faire des voeux et de prier pour son retour en
Palestine et pour la restauration de sa liberté nationale.
Dominés par cette tradition, les Juifs se sont efforcés, à travers les siècles, de
retourner au pays de leurs pères et d'y reconstituer un État…

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
67

En l'année 1897, le 1er Congrès sioniste, inspiré par la vision d'un État juif conçue par
Théodore Herzl, proclama le droit du peuple juif à ressusciter en tant que nation dans son
propre pays.
Ce droit fut reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 et réaffirmé
par le mandat de la Société des Nations…
L'holocauste nazi, qui anéantit des millions de Juifs d’Europe, démontre à nouveau
l'urgence de reconstituer l'État juif et d'apporter ainsi une solution à la situation des Juifs
déracinés…
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une
résolution en faveur de la création d'un État juif indépendant en Palestine…
La reconnaissance par les Nations Unies du droit du peuple juif à se constituer un
État indépendant ne saurait être révoquée. C'est au surplus le droit évident du peuple juif
d'être une nation comme toutes les autres dans son propre État souverain.
En conséquence, nous, membres du Conseil national, représentant le peuple juif
de Palestine et le mouvement sioniste mondial (…) Proclamons l'établissement de l'État
juif de Palestine qui se nommera Israël.

4. Les modifications territoriales

a. La Palestine de 1947 à 1949

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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b. La Palestine après la guerre des Six Jours en 1967

Beyrouth pendant l’opération « Paix en Galilée » en 1982

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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c. La Palestine en 1973

5. Prisonniers arabes en Cisjordanie durant la Guerre des 6 Jours

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
70

6. La Charte nationale palestinienne

"Cette charte s'appellera : la Charte nationale palestinienne.


Article premier : la Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien ; elle constitue une
partie inséparable de la patrie arabe, et le peuple palestinien fait partie intégrante de la
nation arabe.
Article 2 : La Palestine, dans les frontières du mandat britannique, constitue une unité
territoriale indivisible.
Article 3 : Le peuple arabe palestinien détient le droit légal sur sa patrie et déterminera
son destin après avoir réussi à libérer son pays en accord avec ses voeux, de son gré et
selon sa seule volonté.
Article 15 : La libération de la Palestine est un devoir national afin de refouler l'invasion
sioniste et impérialiste du sol de la patrie arabe et dans le but de purifier la Palestine de
l'existence sioniste

7. La Résolution 242 (22 novembre 1967)

Le Conseil de sécurité,

Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix
juste et durable au Moyen-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes
suivants :

1. retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit

2. cessation de toutes les assertions de belligérance ou de tous les états de


belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité
territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région et de leur
droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de
menaces ou d'actes de force (...).

Résolution du Conseil de sécurité de l'ONU numéro 242

8. La signature des Accords de Washington

De gauche à droite : Itzhak Rabin (Israël), Bill Clinton (USA), Yasser Arafat (Palestine)

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9. L’actuel président palestinien : Mahmoud Abbas

10.La Palestine en 2000

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72

Depuis la première Guerre mondiale, la Palestine est au cœur de relations politiques


tendues au Proche-Orient. La création de l’Etat d’Israël et surtout son extension sont
contestées par les Arabes. D’où la succession de plusieurs guerres israélo-arabes et de
multiples démarches diplomatiques pour parvenir à un règlement diplomatiques. Les
progrès et les échecs se succèdent dans ces différentes initiatives.

I. DU MANDAT BRITANNIQUE A LA CREATION DE L’ETAT D’ISRAËL

Au début du XXème siècle, la Palestine est une dépendance de l’empire ottoman. Celui-ci
autorise depuis le siècle précédent l’immigration juive. Ce mouvement s’amplifie dans la
seconde moitié du XIXème siècle, grâce au soutien des Juifs de l’Europe de l’Est et du
mouvement sioniste fondé par Theodor Herzl revendiquant la création d’un foyer national
juif, tout en ignorant la population arabe existante. En 1914, plus de 100 000 Juifs sont
installés en Palestine. Dans le même temps, un mouvement nationaliste arabe se forme
encouragé par des sociétés secrètes. La rivalité paraît dès lors inévitable.

Durant la Première Guerre mondiale, l’empire ottoman se range du côté des Empire
centraux. Les Alliés multiplient des maladresses.
 Ainsi, les Anglais s’engagent à soutenir l’indépendance de certains
territoires arabes, promesse, qui pour le chérif de la Mecque inclut la
Palestine.
 En 1916, un accord secret franco-britannique - l’accord Sykes-Picot –
prévoit un partage du Croissant fertile dans lequel les Anglais disposerait
de la Palestine.
 En 1917, les Anglais après avoir envahi la Palestine, proposent et
déclarent soutenir l’établissement d’un foyer national juif en Palestine,
choquant profondément les Arabes

A l’issue de la guerre, la Palestine est placée sous mandat britannique. Avec l’approbation
de la SDN, les Anglais font de la Palestine un royaume semi-autonome. Mais la
construction d’un foyer national juif se heurte à l’hostilité des Arabes qui multiplient les
émeutes. L’Angleterre arrête alors l’immigration juive.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les organisations juives intensifient leur action. En
1942, le chef du mouvement sioniste, sur ordre de David Ben Gourion demande
officiellement pour la première fois la création d’un Etat juif en Palestine comme l’un des
enjeux de la guerre. Deux organisations juives – l’Irgoun et le groupe Stern- lancent des
campagnes de violences alors qu’une armée secrète, la Haganah se forme.

A la fin de la Guerre, incapables de trouver une solution acceptable par les Arabes et les
Juifs, les Anglais décident de porter l’affaire devant l’ONU. Cette dernière propose en
1947 la partition du pays assortie d’un statut spécial pour Jérusalem. Les Arabes
rejettent ce plan. Les Anglais décident alors de mettre fin à leur mandat et de quitter la
Palestine avant le 15 mai 1945.

La veille du départ des Anglais, David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël
dans le cadre des frontières délimitées par les Nations Unies. Le nouvel Etat est reconnue
par plusieurs Etats parmi lesquels la France, Les Etats-Unis et l’URSS.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
73

II. DES RELATIONS ISRAELO-ARABES TENDUES

1. La succession des guerres israélo-arabes

Les Etats arabes refusent de reconnaître Israël. Cinq grandes guerres les opposent :

a. La guerre de 1948-1949 :

La fin du mandat britannique et la proclamation de l’Etat d’Israël marquent le début de la


première guerre israélo-arabe. Cinq armées (Égypte, Liban, Syrie, Iraq et Transjordanie)
envahissent le territoire israélien dès le lendemain. Elles sont vaincues par Israël qui
devient bénéficiaire d’un territoire plus grand que celui attribué par l’ONU en 1947. Plus
de 700 000 Arabes se réfugient dans des camps en Syrie, au Liban et en Transjordanie.

b. La guerre de 1956 : la crise de Suez

En 1956, le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez aux dépens d'un
consortium franco‑britannique menaçant ainsi Israël (notamment à propos de la
circulation maritime dans le golfe d'Aqaba et par le blocage du port israélien d'Eilat, sur
la mer Rouge). Ce dernier attaque l'Égypte. Paris et Londres adressent alors un
ultimatum à Tel‑Aviv et au Caire exigeant le retrait de leurs troupes d'une zone de 16 km
située de part et d'autre du canal de Suez. L’Egypte refuse et lance une action militaire
pour contrôler le canal. Un corps expéditionnaire franco‑anglais à Suez est envoyé à
Port‑Saïd et Port‑Fouad. Cette intervention est conjointe à un accord tacite avec Israël
qui prend position sur la bande de Gaza et le Sinaï, provoquant les protestations de
Moscou et de Washington qui obligent les assaillants à retirer leurs troupes.

c. La guerre des Six Jours (1967)

Le 19 mai 1967, les casques bleus onusiens installés le long du canal de Suez depuis la
fin deuxième guerre israélo‑arabe, se retirent à la demande de l’Egypte qui devenue
l’alliée de l'URSS réoccupe le port de Charm el-cheikh. Israel intervient militairement
contre tous ses voisins, entre le 5 et le 9 juin 1967. C’est la « Guerre des Six jours ».
Après la déroute des armées arabes (égyptiennes, syriennes et jordaniennes) Tsahal
(l’armée israélienne) prend le Sinaï, la bande de Gaza, le plateau du Golan, la Cisjordanie
et la vieille ville de Jérusalem. L'ONU impose un cessez‑le‑feu puis adopte la résolution
242, qui prévoit le retrait des troupes israéliennes des territoires qu'elles occupent,
proclame l'intégrité d'Israël et celle des États arabes dans les frontières dessinées
en 1948, la libre circulation des navires sur le canal de Suez et le règlement du problème
palestinien. Le gouvernement israélien refuse cette résolution, et conserve ses
conquêtes.

d. La 4ème guerre (1973)

Les partisans palestiniens, les fedayin, mènent la guérilla et organisent des actions
terroristes contre l'État hébreu. Le 6 octobre 1973, pendant la fête juive de Yom Kippour,
l'Égypte et la Syrie attaquent par surprise Israël pour récupérer les territoires occupés.
La contre-offensive israélienne lancée 2 jours plus tard donne la victoire sur l’Egypte. Les
pays arabes du golfe décident alors une majoration des prix du pétrole brut, tandis
qu’Israël poursuit sa progression en Egypte. Sur le plan diplomatique une conférence de
la paix au Proche-Orient a lieu à Genève, mais débouche sur un échec.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
74

e. La 5ème guerre (1982)

En 1982, Israël lance l’opération « Paix en Galilée ». Elle est dirigée contre les activistes
palestiniens installés au sud-Liban et qui menacent le nord d’Israël. Les camps de
réfugiés de Sabra et Chattila sont détruits. Les représailles israéliennes amènent les
dirigeants de l’OLP à quitter le pays. Des dissensions internes paralysent par ailleurs
l’OLP pendant plusieurs années. Elle refait surface en 1987 avec l’Intifada. L’année
suivante, le Conseil national palestinien est proclamé à Alger. Il annonce l’établissement
d’un Etat palestinien. L’OLP sera absente des négociations de paix entamées à Madrid.

2. Les tentatives de solutions à partir des années 1990

A l’issue de toutes ces guerres successives, la question des réfugiés va se trouver au


centre des préoccupations politiques. L’OLP demande pour ces derniers le droit de
regagner leur terre natale et la constitution d’un Etat palestinien.

En 1993, des négociations secrètes sont menées en Norvège. Elles aboutissent aux
accords d’Oslo, première étape dans la normalisation des relations israélo-
palestiniennes. En effet l’OLP et Israël signent dès le 10 septembre suivant des lettres de
reconnaissance mutuelle.

En 1995, à l’issue des accords de Taba et Washington, Israël évacue la Cisjordanie à


l’exception de Hébron et Jérusalem Est. L’OLP adoucit sa position à l’égard de l’Etat
hébreux en supprimant de sa charte les articles prévoyant la destruction d’Israël.

L’espoir de règlement prochain du conflit israélo-palestinien si bien engagé est vite déçu.
En effet plusieurs événements remettent en question les progrès enregistrés :
l’assassinat du Premier ministre israélien par un fanatique juif, son remplacement par
Benjamin Netannyahou qui reprend les implantations juives à Jérusalem-Est en 1996, la
multiplication des attentats islamistes du Hamas en 1997. L’intransigeance de
Netannyahou fait échouer les négociations tentées en 1998 sous l’égide des Etats-Unis.

En 1999, à l’issue des pourparlers reprennent de Charm el-Cheikh (Egypte) la Palestine


obtient la restitution de 11 % de territoires supplémentaires avant le 20 janvier 2000,
l’autorisation de construire le port de Gaza. En 2000, le Vatican apporte son soutien à la
Palestine qui signe avec elle un accord historique de coopération dans lequel il s’oppose
à toute action unilatérale d’Israël sur Jérusalem.

En 2001, les nouvelles tentatives de paix échouent. L’année suivante, l’ONU adopte une
résolution envisageant la création d’un espace où vivraient côte à côte Israéliens et
Palestinien.

La seconde Intifada commence en mars et l’insécurité favorise l’élection d’Ariel Sharon à


la tête du gouvernement. Ce dernier exige l’arrêt des attentats avant la reprise des
négociations.

En 2004, Yasser Arafat décède. Des élections libres et démocratiques conduisent


Mahmoud Abbas à la présidence de l’Autorité palestinienne. Il s’engage à mettre un
terme à la terreur et à négocier la paix sur base du retrait israélien de toute la Rive
occidentale du Jourdain et de Gaza, d’une capitale à Jérusalem et du retour des réfugiés
palestiniens.

Le Quartet est formé entre les USA, l’Union Européenne, la Russie et l’ONU. Il élabore
une « Feuille de route pour la paix » ayant pour but de conduire à un Etat palestinien
avant 2005 Mais des groupes extrémistes tels que le Hamas et certaines organisations
sionistes s’opposent aux accords d’Oslo et à la Feuille de route.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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Pour prévenir les attaques terroristes, Israël construit une barrière de sécurité coupant
les Palestiniens de leurs terres et villes. Le tracé a été modifié plusieurs fois sous la
pression internationale. Ce projet est condamné par la communauté internationale.

En 2005, le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas obtient l’arrêt des actions
violentes des groupes armés palestiniens contre Israël. Israël lance le processus
d’évacuation de la bande de Gaza allant jusqu’aux expulsions forcées. Des points de
passages sont ouverts pour permettre faciliter la circulation des palestiniens en
Cisjordanie d’une part, entre Gaza, Israël et l’Egypte d’autre part.

En 2006, le Hamas ayant gagné les élections législatives en Palestine, est chargé par le
président Mahmoud Abbas de former le gouvernement. Le Quartet réuni à Londres
conditionne son aide à l’engagement du futur gouvernement du Hamas à renoncer à la
violence et à reconnaître Israël. La participation du Hamas au gouvernement pousse
Israël à suspendre le transfert mensuel issu du remboursement des droits de douane et
de TVA en faveur des Territoires palestiniens et représentant 30 % du budget. De même
l’UE décide de suspendre pour un mois l’aide directe à l’autorité palestinienne.

En 2007, les ministres des affaires étrangères du Quartet réunissent aux Nations Unies
pour un règlement permanent du conflit ; ils signent un accord sur la nécessité
d’accélérer la création d’un Etat palestinien

Le 19ème sommet ordinaire de la Ligue arabe relance l’initiative arabe de paix, le "plan
Abdallah". Mais en juin, le Hamas profitant de l’anarchie qui règne à Gaza prend le
contrôle de la Bande de Gaza, après avoir expulsé le Fatah. Le président palestinien
décrète l’état d’urgence et limoge le premier ministre membre du hamas. Israël lui
affirme son soutien. Depuis juin 2007, la Palestine se trouve ainsi avec 2 gouvernements
séparés, l’un en Cisjordanie, l’autre à Gaza.

Il tente de convaincre les groupes de résistance palestinienne à marquer une trêve avec
Israël, mais il ne sera pas entendu. Les palestiniens continuent leurs tirs de roquettes
depuis gaza.

Char israélien vers les hauteurs du Golan, dépassé par une Jeep des Nations Unies
pendant la guerre du Kippour.

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Dissertation

Sujet 1 : Le problème israélo-palestinien : genèse et extension de 1947 à 1982.

Sujet 2 : La question palestinienne, enjeu de la lutte entre les pays arabes et Israël.

Commentaire

Commentaire 1

« Les Égyptiens attaquent Israël. » C'est avec cette manchette s'étalant sur toute la largeur
de la première page que, à Paris, France-Soir annonce, le 5 juin 1967 vers 10 heures, dans
une édition spéciale, le début de la troisième guerre israélo-arabe, celle qui sera bientôt
connue sous l'appellation de « guerre de six jours ». En fait, au moment même où paraît ce
numéro, les Israéliens, dont l'aviation a lancé à l'aube une attaque éclair contre tous les
aérodromes civils et militaires égyptiens, ont déjà gagné la guerre. En l'espace de trois
heures, les Mirage israéliens ont réussi à détruire au sol la quasi-totalité de l'aviation de
guerre égyptienne et poursuivent leur mission sur les aéroports jordaniens et syriens avec la
redoutable efficacité qu'on leur connaît… La maîtrise du ciel acquise par Tsahal au cours
des premières heures du conflit lui assurera un avantage décisif au cours des combats
terrestres qui font déjà rage dans la bande de Gaza et dans le Sinaï. Le roi Hussein de
Jordanie qui, une semaine auparavant, a conclu avec Nasser un traité d'alliance militaire, et
qu'Israël a vainement tenté de tenir à l'écart des combats, entre à son tour vers midi dans la
bataille… Le 7 juin, le roi Hussein accepte l'ordre de cessez-le-feu. Mais il est déjà trop tard :
Tsahal a occupé la vieille ville de Jérusalem et a atteint les bords du Jourdain, occupant ainsi
complètement la Cisjordanie. Mais la guerre de six jours n'est pas encore achevée. En ayant
terminé avec la Jordanie et l'Égypte, les Israéliens se retournent vers la Syrie, dont l'armée
n'a presque pas souffert des hostilités. Malgré l'acceptation par Damas du cessez-le-feu de
l'ONU, ils partent à l'assaut du plateau du Golan, qu'ils emportent de haute lutte le samedi
10 juin avant le coucher du soleil, ignorant délibérément un nouvel ordre du Conseil de
sécurité de cesser les combats…

Le président Nasser, après avoir invité l'ONU à retirer les « casques bleus » stationnés

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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depuis la crise de Suez en territoire égyptien, annonce le 22 mai la fermeture du détroit de


Tiran aux navires israéliens et aux matériaux stratégiques destinés à Israël. Une mesure qui
est interprétée en Israël comme un casus belli. « Toute entrave à la libre circulation des
navires dans le golfe d'Akaba constitue un acte d'agression contre Israël », réplique aussitôt
Lévi Eshkol.

Jean Gueyras, Le Monde du 8 juin 1992

Commentaire 2

Il y a sur le même territoire la Palestine, deux nationalismes contemporains antagonistes.


Les Palestiniens arabes ont la hantise, exprimée nettement et publiquement dès 1891, de
garder leur identité et leurs terres. Le sionisme politique, clairement exposé dans le livre de
Théodore Herzl, L’Etat juif (1897), revendique des terres et l’installation d’un peuplement juif
immigré croissant. Face à la puissance mandataire britannique (1918-1948), les deux
mouvements mènent chacun une lutte d’indépendance propre. Ils ne peuvent pas davantage
de nos jours se rejoindre dans une lutte unique, car les Palestiniens, et les Arabes en
général, estiment que l’Etat d’Israël reste un Etat colonial cautionné et soutenu par ce que
certains nomment l’impérialisme mondial dirigé par les Etats-Unis et aidé par le sionisme
international, mouvement et doctrine déclarés racistes au sein même d’une Assemblée
générale de l’ONU en 1975. La seule solution vraisemblable consistera pourtant en une
coexistence des deux peuples sur le même territoire. Ce conflit persistant se manifeste de
manière critique et meurtrière par trois guerres importantes entre Israël et la coalition des
Etats arabes : en 1948, en 1967, en 1973. Chacune des guerres est suivi à terme, de conflits
armés bilatéraux forts importants : la guerre israélo-égyptienne du canal de Suez en 1956,
avec la participation franco britannique ; la « guerre d’usure entre l’Egypte et Israël en 1968-
1970 ; la guerre entre Israël et la résistance palestinienne au Liban en 1982-1985 ; enfin la
« guerre des pierres » ou Intifada (soulèvement) à Gaza et en Cisjordanie depuis décembre
1987. Si bien que l’on peut parler de sept conflits armés israélo-arabes.

Olivier Carré, Le conflit israélo-arabe, in Les Enjeux, éditions Encyclopaedia universalis,


Paris, 1990

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Leçon 8

1. Le Manifeste du Peuple algérien

« Le problème algérien (..) est essentiellement d'ordre racial et religieux (..). Le bloc
européen et le bloc musulman restent distincts l'un de l'autre, sans âme commune. L'un,
fort de ses privilèges et de sa position sociale, l'autre menaçant par le problème
démographique qu'il crée et par la place au soleil qu'il revendique et qui lui est refusée…

Politiquement et moralement, cette colonisation ne peut avoir d'autre concept que celui
de deux sociétés étrangères l'une à l'autre. Son refus systématique ou déguisé de donner
accès dans la cité française aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de
la politique d'assimilation étendue aux autochtones. (...)

Economiquement, cette colonisation s'est révélée incapable d'améliorer et de résoudre


les grands problèmes qu'elle a elle-même posés. (…)

Emprisonnée dans le cadre colonial, [l'Algérie] n'est en mesure ni de nourrir, ni de loger,


ni de soigner la moitié de sa population actuelle. »

Ferhat Abbas, fait à Alger, le 10 février 1943.

2. Proclamation du Front de Libération Nationale (1er novembre 1954)

"Une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d'elle la


majorité des éléments encore sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le
mouvement national de l'impasse où l'ont acculé les luttes de personnes et d'influence
pour le lancer aux côtés des frères Marocains et Tunisiens dans la véritable lutte
révolutionnaire. (...) Notre mouvement de rénovation se présente, sous l'étiquette de :
FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions
possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches
sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens de s'intégrer dans la lutte
de libération sans aucune autre considération."

M. Harbi, Les archives de la révolution algérienne, Ed. Jeune Afrique, 1981.

3. Les deux malaises

" La poussée démographique, dans un pays essentiellement agraire, au sol pauvre et au


climat ingrat, a pour résultat le sous-emploi chronique, la désertion des campagnes au
profit des bidonvilles, la misère et le désespoir d'une foule croissante d'individus et de
familles. Tandis que ce sous-prolétariat s'accroît et s'aigrit chaque jour davantage, une
petite bourgeoisie musulmane, instruite à notre contact, cherche vainement un débouché
non seulement économique, mais encore et surtout administratif et politique. Or, elle ne
le trouve pas. La proportion de musulmans dans l'administration reste infime ; toutes les

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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réformes depuis le projet de Blum-Viollette jusqu'au statut de l'Algérie en 1947 ont été
systématiquement repoussées ou sabotées. Il faut avoir le courage de reconnaître que la
plupart de nos promesses n'ont pas été tenues. (...) D'où un double mécontentement : le
malaise social de la masse, le malaise politique de l'élite. En se rejoignant, ces deux
malaises constituent une force explosive énorme. "

Jacques Soustelle, rapport du 1er juin 1955 au gouvernement Edgar Faure

4. Scène de la guerre d’Algérie.

5. L'intégration

- " L'Algérie, c'est la France, les départements de l'Algérie sont des départements de la
République française. (...) tous ceux qui essayeront, d'une manière ou d'une autre, de
créer le désordre et qui tendront à la sécession seront frappés par tous les moyens mis à
notre disposition par la loi. (...)

- Si l'intégration consiste à étendre autant qu'il est possible et raisonnable, dans les trois
départements algériens, les institutions de la métropole, s'il est également juste et
raisonnable de réserver des institutions spécialisées, si l'on peut admettre que, ici et là,
les traditions, les habitudes, les façons de penser obligent à constater les différences
d'évolution, il n'est pas possible, il n'est pas admissible, il ne sera jamais retenu par le
gouvernement qu'à l'intérieur de chacune de ces institutions il y ait des citoyens inégaux.
(...) La politique d'intégration du gouvernement ne serait pas comprise s'il ne s'y ajoutait
la volonté ferme et entière, dans le domaine économique et social comme dans le
domaine politique et dans le domaine administratif, d'offrir des chances égales à tous
ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol algérien."

Interventions de François Mitterrand, ministre de l'Intérieur devant l'Assemblée


nationale, 12 nov. 1954 et 4 février 1955.

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6. Discours du général de Gaulle (4 juin 1958)

Je vous ai compris !

Je sais ce qui s'est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route
que vous avez ouverte en Algérie, c'est celle de la rénovation et de la fraternité.

Je dis la rénovation à tous égards. Mais très justement vous avez voulu que celle-ci
commence par le commencement, c'est-à-dire par nos institutions, et c'est pourquoi me
voilà. Et je dis la fraternité parce que vous offrez ce spectacle magnifique d'hommes qui,
d'un bout à l'autre, quelles que soient leurs communautés, communient dans la même
ardeur et se tiennent par la main.

Eh bien ! De tout cela je prends acte au nom de la France et je déclare qu'à partir
d'aujourd'hui la France considère que, dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie
d'habitants : il n'y a que des Français à part entière -- des Français à part entière avec
les mêmes droits et les mêmes devoirs…

Pour ces 10 millions de Français, leurs suffrages compteront autant que les suffrages de
tous les autres.

Ils auront à désigner, à élire, je le répète, en un seul collège, leurs représentants pour
les pouvoirs publics, comme le feront tous les autres Français.

Avec ces représentants élus, nous verrons comment faire le reste.

Charles de Gaulle, Discours et messages, t. III

7. La délégation extérieure du FLN

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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8. Barricades à Alger en 1960

9. Discours du général de Gaulle au lendemain du putsch des généraux


(avril 1961)

"Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamiento militaire.

Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités
spécialisées, l'adhésion enflammée d'une partie de la population de souche européenne
qu'égarent les craintes et les mythes, l'impuissance des responsables submergés par la
conjuration militaire.

Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un


groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron
possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la
nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout
droit à un désastre national.

Car l'immense effort de redressement de la France, entamé depuis le fond de l'abîme, le


18 juin 1940, mené ensuite jusqu'à ce qu'en dépit de tout la victoire fût remportée,
l'indépendance assurée, la République restaurée ; repris depuis trois ans, afin de refaire
l'Etat, de maintenir l'unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre
rang au-dehors, de poursuivre notre oeuvre outre-mer à travers une nécessaire
décolonisation, tout cela risque d'être rendu vain, à la veille même de la réussite, par
l'aventure odieuse et stupide des insurgés en Algérie. Voici l'Etat bafoué, la nation défiée,
notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle
en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir,
l'honneur, la raison d'être, de servir et d'obéir.

Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient
employés pour barrer partout la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire.
J'interdis à tout Français et, d'abord, à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres.

Discours et messages, t. III

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
82

10. Les 4 généraux (Challe, Salan, Zeller, Jouhaud) du coup d’Etat de 1961 à Alger

11. Les accords d'Évian

1 - L'Etat algérien exercera sa souveraineté pleine et entière à l'intérieur et à l'extérieur.


Cette souveraineté s'exercera dans tous les domaines, notamment la défense nationale
et les affaires étrangères. L'État algérien se donnera librement ses propres institutions et
choisira le régime politique et social qu'il jugera le plus conforme à ses intérêts. Sur le
plan international, il définira et appliquera en toute souveraineté la politique de son
choix…

L'État algérien souscrira sans réserve à la Déclaration universelle des droits de l'homme
et fondera ses institutions sur les principes démocratiques et sur l'égalité des droits
politiques entre tous les citoyens sans discrimination de race, d'origine ou de religion. Il
appliquera, notamment, les garanties reconnues aux citoyens de statut civil français.

3 - De la coopération entre la France et l'Algérie.

Les relations entre les deux pays seront fondées, dans le respect mutuel de leur
indépendance, sur la réciprocité des avantages et l'intérêt des deux parties.

L'Algérie garantit les intérêts de la France et les droits acquis des personnes physiques et
morales dans les conditions fixées par les présentes déclarations. En contrepartie, la
France accordera à l'Algérie son assistance technique et culturelle et apportera à son
développement économique et social une aide financière privilégiée."

Extrait de Jacques Dalloz, "Textes sur la décolonisation", PUF, Paris, 1989

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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I. L’ORGANISATION POLITIQUE DU NATIONALISME ALGERIEN (1925-1954)

1. L’Algérie sous le régime colonial

L’Algérie est une colonie au statut particulier. Elle est considérée comme partie
intégrante du territoire français en tant que colonie de peuplement. Son gouverneur
général relève non pas du ministère des colonies, mais du ministre de l’intérieur. Il est
assisté d’un Conseil de gouvernement formé par de hauts fonctionnaires et d’un Conseil
supérieur. Le territoire est divisé en 3 départements : Alger, Oran et Constantine.

La population autochtone est majoritairement arabo-berbère et musulmane. Cependant,


sa participation à la vie politique et administrative est très limitée. Elle est soumise au
code juridique de l’indigénat.
Par contre la population de souche française jouit de droits étendus. Elle forme les Pieds
Noirs. Ces colons s’enrichissent grâce à une agriculture moderne développée sur plus de
2 millions d’hectares. Ils fournissent la majeure partie des cadres supérieurs, techniciens
et fonctionnaires. Les Pieds noirs demeurent jaloux de leurs privilèges et s’opposent à
toute évolution politique de l’Algérie.

2. Naissance et affirmation du nationalisme algérien

a. Naissance du nationalisme algérien

Ces disparités de toutes sortes entre la majorité arabo-berbère – les Musulmans – et les
Pieds Noirs accroissent le mécontentement parmi les Musulmans parmi lesquels une
conscience nationale s’éveille. Malgré des nuances dans leurs revendications, ils
réclament tous l’égalité et la liberté. Trois tendances apparaissent dans le nationalisme
algérien à partir des années 1920 :

 Les oulémas, qui se réclament de l'islam et de la langue arabe. Leur association


est fondée en 1931 par Abd El Hamid Ben Badis. Ils exercent leur action par la
prédication dans les mosquées, la presse et l’enseignement.

 Les élites francophones, qui souhaitent une démocratie libérale : Le premier


regroupement nationaliste algérien était le fait d’intellectuels sous le vocable des
« Jeunes Algériens » : Leurs revendications au départ se limitent à l’assimilation
totale à la citoyenneté française. Ils se regroupent dans la « La Fédération des
Elus Indigènes » en 1927 du Dr. Ben Djelloul et Fehrat Abbas.

 Le mouvement populiste. Il est incarné par Messali Hadj qui dirige à partir de
1927 l’Etoile Nord Africaine formé un an plutôt parmi les travailleurs immigrés à
Paris. Dissous 10 ans plus tard, elle devient en 1937, le Parti du Peuple Algérien
(PPA) réclamant l’indépendance du pays avec le concours de la France.

b. L’évolution du nationalisme algérien

La seconde Guerre mondiale favorise l’évolution du nationalisme algérien. En 1943,


Ferhat Abbas réclame l’autonomie à travers « Le Manifeste du peuple algérien ». Ce
projet, rejeté par la France sera quelque peu atténué par le Général De Gaulle qui octroie
en décembre la nationalité française à des milliers d’algériens musulmans. Cela ne
satisfait guère les nationalistes qui fondent avec Ferhat Abbas en 1944, l’Association des

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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amis du manifeste et de la liberté. Dans le même temps l’audience du PPA grandit.


L’arrestation de son chef, Messali Hadj provoque de graves troubles le 1 er mai 1945 et
surtout le 08 mai 1945 lors des émeutes sanglantes à Sétif. Ces émeutes gagnent les
régions voisines tandis que la France applique une violente répression.

Entre 1945 et 1954, les mouvements se raidissent davantage face à la répression des
autorités françaises dont ils étaient victimes. Ils se regroupent en 2 tendances :

 L’U.D.M.A. (Union démocratique du manifeste algérien) créé en 1946 par Ferhat


Abbas qui réclame la constitution d’une république algérienne autonome associée
à l’Union française. Ce mouvement est peu puissant, ne touchant que la minorité
occidentalisée ;
 Le M.T.L.D. (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) fondé par
Messali Hadj. Il est bien structuré et compte davantage d’adhérents. Elle dispose
d’une organisation secrète paramilitaire, l’O.S. (L’Organisation Secrète) chargée
de préparer la résistance armée. Son chef, Ben Bella est arrêté, l’organisation
dissoute par la police française en 1950. Messali Hadj est lui_même emprisonné
en 1952. Le MTLD est affaibli par les rivalités internes. L’une de ses tendances
crée en 1954 le Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action (C.R.U.A.) allié aux
maquisards de Belkacêm Krim et qui fixe la date de l’insurrection au 1er novembre
de 1954.

II. LA GUERRE D’ALGERIE (1954-1962)

1. De l’insurrection à la guerre (1954-1958)

Le 1er novembre 1954, comme prévu, des attentats sont perpétrés sur l’ensemble du
territoire simultanément. C’est la « Toussaint rouge ». Le même jour est formé au Caire
le Front de Libération Nationale (F.L.N.). La France s’accroche à l’idée de l’Algérie partie
intégrante de la république. Elle échoue dans sa tentative d’écraser l’insurrection qui
gagne l’est et le nord. Les nationalistes algériens entrent dans une vive rivalité,
notamment entre FLN et le MNA de Messali Hadj. Le 20 août 1955, les insurgés de Wilaya
du Nord Constantinois avec l’aide de la population musulmane lancent une attaque de
grande. Les Français répondent par le massacre de musulmans. C’est la rupture.

En janvier 1956, le gouvernement du nouveau président Guy Mollet opte pour l’envoie
d’un corps expéditionnaire. Mais sur le terrain, il n’y a ni vainqueurs, ni vaincus malgré
les exactions commises par les parachutistes du général Massu à l’endroit des
populations civiles. Des pourparlers amorcés en septembre 1956 échouent à cause de la
crise de Suez d’une part, et la capture d’un avion transportant des négociateurs algériens
d’autre part. La terreur s’installe.

L’incident diplomatique avec la Tunisie en 1958 isole définitivement le gouvernement de


la IVème République sur la scène internationale. A Alger, les pieds noirs, soupçonnant la
France de vouloir « brader » l’Algérie, tentent de renverser la République le 13 mai par
un coup d’Etat permettant un retour inattendu du général De Gaulle aux affaires
publiques le 1er juin 1958.

2. Le problème algérien sous la Vème République Française (1958-


1962)

Avec de Gaulle commence la 5ème République. Le 4 juin 1958, il se rend à Alger et y


prononce un discours ambigu (« je vous ai compris ») qui laisse planer le doute sur ses
intentions. Il commence par annoncer des réformes économiques (le Plan de
Constantine) tout en appelant à la « paix des braves », c’est-à-dire l’arrêt des combats
sans négociations.

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Le FLN intensifie la lutte et forme à Tunis, en septembre 1958, le G.P.R.A.


(gouvernement provisoire de la république algérienne) dirigé par Ferhat Abbas.

En 1959, De Gaulle évoque le principe de l’autodétermination, ouvrant la voie d’une


solution politique au problème algérien. Il propose 3 solutions aux Algériens :
l’indépendance, l’autonomie, l’intégration complète. S’estimant trahis, les Pieds-Noirs
s’insurgent ; ils organisent la « semaine des barricades » à Alger en janvier 1960 pour
obtenir le départ du général De Gaulle. Toutefois, un référendum à la fin de l’année
confirme l’adhésion de l’opinion métropolitaine à l’option de De Gaulle. Dès lors, une
partie de l’armée française et des Pieds Noirs durcissent leur action. Une organisation
terroriste, l’O.A.S. (Organisation de l’armée secrète) est créée. Son action n’empêche pas
les premières négociations en 1960.

En 1961, une frange de l’armée française conduite par 4 généraux, prend le pouvoir à
Alger pour 3 jours (22 au 25 avril). Le putsch échoue et De Gaulle poursuit les
négociations avec le F.L.N. Dans le même temps la guerre se poursuit.

Les négociations reprises en mai 1961 aboutissent aux accords d’Evian qui accordent
l’indépendance le 7 mars 1962. Ils sont approuvés en France par un référendum dès le
mois suivant, puis en Algérie le 1er juillet.

Manifestation pour l’indépendance en mars 1962

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Dissertation

Le problème algérien : déroulement et conséquences en France.

Commentaire

Pendant sept ans et demi d'une guerre cruelle le peuple algérien a tenu tête à l'une des
plus fortes puissances coloniales du siècle: plus d'un million de soldats français ont été
mobilisés à cet effet avec tout leur armement moderne: aviation, artillerie, blindés,
marine.

La France est arrivée à dépenser jusqu'à trois milliards de francs par jour. Elle a bénéficié
de l'appui massif de l'OTAN dans tous les domaines: militaire, financier, diplomatique,
moral.

Elle a tenté avec l'aide d'une grande partie du peuplement européen en Algérie, de lutter
désespérément pour le maintien de l'Algérie française.

Face à cette puissance qu'avait à opposer le Peuple algérien ?

D'abord sa foi en la justesse de sa cause, la confiance en lui-même et en ses destinées et


la volonté inébranlable de briser les chaînes du colonialisme; ensuite, et surtout, son
unanimité dans la lutte. Les Algériens - hommes et femmes, jeunes et vieux, d'Alger à
Tamanrasset et de Tebessa à Mamia - se sont dressés dans leur totalité dans la guerre
de libération. Ni les tentatives de division, ni la présence de contre-révolutionnaires et de
provocateurs dans leurs rangs n'ont pu altérer leur foi et leur unité. Les Algériens se sont
sentis comme les organes d'un même corps dans cette lutte gigantesque. Le F.L.N. et
l'A.L.N. ont été des instruments de combat efficaces au service du Peuple, et par leur
action continue ont porté des coups sérieux au colonialisme.

La Révolution algérienne a forcé l'admiration de tous. Elle jouit actuellement d'un


prestige universel qui lui vaut de nombreux appuis.

A nos frères Maghrébins et Arabes, au pays socialistes, aux peuples du tiers monde, aux
démocrates de France et d'Europe qui nous ont aidés, nous devons aujourd'hui
d'exprimer notre reconnaissance pour leur soutien et leur solidarité.

Cette lutte a été d'un précieux enseignement pour les peuples subjugués encore par
l'impérialisme. Elle a détruit le mythe de l'invincibilité de l'impérialisme. Tout en
conduisant à la libération de l'Afrique, elle a démontré qu'un peuple aussi petit soit-il, et
avec des moyens réduits, peut tenir tête à un impérialisme même très puissant et
arracher sa liberté."

Extraits de l' Appel au peuple algérien par le président du GPRA, Benkhedda, in "Le
Moujahid" , édition spéciale du 19 mars 1962

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Leçon 9

1. Amilcar Cabral

2. Senghor (Sénégal) et Modibo Kéita (Mali)

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3. La guerre d’indépendance en Angola

L'Angola voit naître des mouvements nationalistes dès 1929, très vite étouffés. Ils ne
vont réellement prendre de l'ampleur qu'à partir des années 1950, au moment où un
vent d'indépendance souffle sur l'Afrique. Mais c'est surtout la décision du gouvernement
portugais d'intégrer l'Angola comme «province portugaise d'outre‑mer», en 1955, qui
déclenche les hostilités.

La résistance s'organise avec la fondation du Mouvement populaire de libération de


l'Angola (MPLA) en décembre 1956 par Agostinho Neto. Elle aboutit, en janvier 1961, au
soulèvement de Luanda, qui contraint les Portugais à envoyer 60 000 hommes sur le
territoire. L'année 1961 marque le début d'une longue lutte pour l'indépendance, où le
Portugal engloutit, au plus fort de la guerre, les deux tiers de son budget, et où l'Angola
connaît une répression très dure. En 1962 est créé le Front national de libération de
l'Angola (FNLA) par Holden Roberto, à partir de l'Union des populations de l'Angola
(fondée en 1954); en 1966, Jonas Savimbi crée l'Union nationale pour l'indépendance
totale de l'Angola (UNITA), mouvement dissident du FNLA. À la suite de la révolution des
œillets intervenue au Portugal en avril 1974, Lisbonne tente de mettre sur pied un
gouvernement angolais englobant les trois partis majoritaires (MPLA, FNLA, UNITA).
L'Angola détient son indépendance en novembre 1975. Mais les trois partis,
profondément antagonistes, s'opposent violemment. Le MPLA prend le contrôle de
Luanda en juillet 1975, tandis que le FNLA occupe le nord du pays. Toutefois, le MPLA,
soutenu par l'URSS et Cuba, finit par triompher, et son dirigeant Agostinho Neto devient
le premier président angolais. Le FNLA et l'UNITA forment aussitôt un gouvernement
opposé, dont Neto triomphe, en février 1976, grâce à l'aide militaire cubaine. Le FNLA
disparaît de la scène politique au profit de l'UNITA, qui a trouvé de l'aide auprès de
l'Afrique du Sud, peu favorable à l'installation d'un régime marxiste à ses portes, et des
États‑Unis.

Hachette multimédia

4. Kwamé Nkrumah

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I. LA DECOLONISATION DE LA GOLD COAST

1. Une évolution politique amorcée depuis l’entre deux guerres

Dès 1925, les Britanniques appliquent une nouvelle constitution qui fait participer les
chefs traditionnels au conseil législatif ; celui-ci est sans réel pouvoir car la métropole
détenait la primeur des décisions. A cet effet, les élites noires ne se reconnaissent guère
dans ces nouvelles dispositions anglaises.

En 1947, par une nouvelle constitution, le gouverneur autorise l’entrée d’une majorité
d’Africains dans le Conseil législatif et de 3 élus indigènes au Conseil exécutif. Toutefois,
l’essentiel du pouvoir reste concentré entre les mains des Anglais. Le nationalisme de
Gold Coast considérant ces mesures insignifiantes, s’organise autour du premier
regroupement politique noir de la contrée : la United Gold Coast Convention (U.G.C.C.)
du Dr. Danquah qui fait appel à Nkrumah de Londres pour devenir le secrétaire général
du nouveau parti nationaliste.

Cette période d’après-guerre est caractérisée par de grandes difficultés économiques. Les
revendications statutaires des anciens combattants viennent compliquer une situation
déjà précaire.

En février 1948, une manifestation pacifique est sévèrement réprimée ; un bilan officiel
parle de 29 morts et 237 blessés. Les leaders nationalistes sont arrêtés puis déportés
dans le Nord. Londres envoie la commission Watson pour enquêter sur les causes de ces
troubles. Elle recommande des réformes politiques.

Après sa sortie de prison, Nkrumah se sépare de l’U.G.C.C. pour fonder son Parti, « plus
proches des aspirations du peuple » : le Convention People’s Party (C.P.P.) le 12 juin
1949. Il tire sa force dans la représentativité de toutes les couches de la société ;
notamment les masses les plus défavorisées lui donnant une réelle obédience. Le CPP
consolide sa position grâce à son organisation et à sa propagande.

Les anglais suivant les recommandations de la commission Watson, charge une


commission de 39 africains présidée par le juge africain Coussey de préparer des
proposition. Son rapport ne donne pas une échéance précise du self-government. Le CPP
lance alors une campagne « d’action positive » non violente, poussant les Anglais à
décréter l’état d’urgence et à arrêter Nkrumah.

2. La marche vers l’autonomie (1950-1956)

C’est la nouvelle constitution de décembre 1950 qui donne le coup d’envoi de l’ascension
du C.P.P. :
- L Conseil législatif est transformé en une Assemblée Nationale où siégeront les
députés de l’ensemble du territoire ;
- Le Conseil exécutif en un cabinet ministériel dont 8 des 11 membres seront des
africains choisis par les députés.

Les élections de février 1951 sont un triomphe pour le Party de Nkrumah qui obtient la
majorité des sièges. Le gouverneur britannique le libère et le nomme « leader of
government business », titre qui est transformé en 1952, en celui de Premier Ministre.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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En avril 1954, la Grande Bretagne accorde l’autonomie interne. Mais face à la
détermination de Nkrumah d’instaurer un Etat unitaire, l’idée sécessionniste fit son
apparition dans les groupuscules conservateurs faisant prévaloir des préoccupations
ethniques et religieuses.

Malgré cette opposition, aux élections de 1956, le C.P.P. rafle 72 sièges sur les 104 à
pourvoir. Désormais la Grande Bretagne ne trouve plus aucun prétexte pour que le pays
accède à l’indépendance. Le 6 mars 1957, la Gold Coast obtient l’autonomie complète et
prend le nom de Ghana auquel est incorporé le Togo britannique.

II. LA DECOLONISATION DU SENEGAL

1. L’évolution politique du Sénégal de l’Union française à la Loi cadre


(1944-1956)

Lorsqu’ à Brazzaville (30 janvier – 8 février 1944) les autorités françaises instauraient le
maintien de l’Empire, elles ne pouvaient soupçonner qu’un vent de liberté soufflait déjà
dans l’esprit des peuples colonisés.

L'Union française voit le jour en 1946 modifiant ainsi le statut des colonies. Les colonies
deviennent des territoires d'outre-mer (T.O.M.) ou des département d'outre-mer
(D.O.M.). La même année, l'indigénat et le travail forcé sont abolis par les lois Lamine
Guèye et Houphouët-Boigny.

En 10 ans, des élections régulières seront organisées au Sénégal en vue de désigner des
représentants élus dans les différentes institutions de l'Union française. Le 10 novembre
1946, Lamine Guèye et Leopold Sédar Senghor sont élus députés sur la liste de la S.F.I.O
(Section Française de l'Internationale Ouvrière) qui remportera également les élections
aux conseils généraux de janvier 1947. La même année Lamine Guèye est élu président
du Grand Conseil de l'A.O.F.

Le 28 septembre 1948, Senghor quitte la S.F.I.O pour fonder avec son ami Mamadou
Dia, le B.D.S (Bloc Démocratique Sénégalais) qui remportera les élections législatives de
1951 et les élections de renouvellement des conseils généraux de 1952. Le premier
obtient que des villes comme Kaolack, Thiès et Diourbel soient érigées en communes de
plein exercice.

Le 23 juin 1956, la Loi-cadre de Gaston Deferre inaugure la décentralisation. En


réalité, tout en instituant des assemblées territoriales sur toutes les colonies, elle
supprime par la même occasion les cadres fédératifs existants, d’où l’expression de
« balkanisation » utilisée par Senghor pour qualifier l’acte posé par la France. D’ailleurs,
il fonde en 1956, un nouveau parti né de la fusion du B.D.S. et de l'U.D.S. (Union
Démocratique Sénégalaise) de Thierno Bâ et Abdoulaye Guèye : le B.P.S. (Bloc Populaire
Sénégalais). Le gouvernement du Sénégal est constitué.

2. Les voies de l’émancipation sous la Vème République Française.

Le 15 mars 1957 des élections au suffrage universel sont organisées au Sénégal. Ces
dernières sont remportées par le B.P.S. face au P.S.A.S. (Parti Socialiste d'Action
Sénégalaise) de Lamine Guèye. Elu vice-président du Conseil du Gouvernement,
Mamadou Dia décide de transférer la capitale du Sénégal à Dakar. Des radicaux comme
Majmouth Diop font leur apparition politique en fondant le P.A.I. (Parti Africain de
l'Indépendance) d’obédience communiste.

En juin 1958, la classe politique sénégalaise sera profondément déchirée lorsque le


Général De Gaulle propose comme nouveau cadre évolutif la communauté française par
voie référendaire. Pour contrecarrer les partisans du « non », Senghor se rallie au PSAS
qui devient l'U.P.S. (Union Progressiste Sénégalaise). Mais au sein de cette formation,
des radicaux surgissent qui se retirent pour former le PRA/Sénégal (Parti du

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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Rassemblement Africain) qui, comme tous les responsables du PAI, certains étudiants et
syndicalistes, réclament l'indépendance immédiate pour le Sénégal.

Mais la communauté française sera approuvée le 28 septembre 1958, par 92,7% des
électeurs sénégalais. Le 25 novembre 1958, la République du Sénégal est proclamée et
Mamadou Dia élu président du Conseil du Gouvernement. C’est la période de l’autonomie
interne.

Le 17 janvier 1959, le Sénégal et le Soudan français fondent la Fédération du Mali.


Cette dernière demande l’indépendance dans un cadre unitaire, tout en demeurant dans
la Communauté. L’indépendance est accordée à la fédération le 4 avril 1960. Mais les
rivalités entre les chefs politiques des 2 Etats provoquent l’éclatement de la fédération du
Mali le 2O août 196O. La république du Sénégal proclame son 'indépendance.

III. LA DECOLONISATION DE LA GUINEE BISSAU

1. La naissance du mouvement nationaliste Bissau guinéen.

En 1952, la Guinée-Bissau obtient le statut de «territoire portugais d'outre-mer». Sa


population comprend d’un côté « la population non civilisée » et de l’autre les
« assimilados » (0,39% de la population). Le gouverneur général était nommé par le
Conseil des ministres du Portugal; il disposait des pouvoirs exécutif et législatif, mais il
était assisté par un Conseil de gouvernement et un Conseil législatif.

L’opposition à la domination portugaise commence en Guinée-Bissau dans les années


1950. Quelques leaders émergents tels que Amilcar Cabral, né au Cap-Vert, qui fit ses
études à Lisbonne. Il fonde en 1956, un mouvement nationaliste africain : Parti africain
pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert (PAIGC). L’implantation
en Guinée Bissau de la police secrète portugaise,la PIDE, en 1957 et surtout la répression
brutale en 1959 d’une grève des dockers et marins de Bissau (50 morts) sont
déterminantes pour l’évolution du PAIGC vers la lutte armée.

2. La lutte armée pour l’indépendance (1963 – 1974)

En janvier 1963, le PAIGC déclenche une guerre d'indépendance d’une redoutable


efficacité ; les pertes portugaises sont si lourdes que la Guinée-Bissau est baptisée le
«Vietnam du Portugal». En quelques années, la guérilla prend le contrôle d'importantes
portions du territoire.

En avril 1972, une délégation de l’ONU qui a séjourné sur le territoire rend compte à
l’organe international des réalisations sociales, éducatives et sanitaires dans les zones
libérées par le PAIGC. L’ONU reconnaît alors le « PAIGC comme seul et authentique
représentant des populations du territoire » de Guinée Bissau tout en réaffirmant son
droit inaliénable à l’indépendance.

Le 20 janvier 1973, Cabral est assassiné à Conakry et son frère, Luís de Almeida Cabral,
lui succède à la tête du PAIGC qui proclame. Le 24 septembre 1973, l’Assemblée
Nationale Populaire proclame l’indépendance qui est reconnue par l’OUA le 20 novembre
de la même année.

En avril 1974, le coup d’Etat des jeunes officiers qui renverse la dictature de Salazar
change les rapports avec le Portugal. La junte propose un cessez-le-feu et la libération
des détenus politiques. Des négociations sont ouvertes à Londres. Elles se poursuivent à
Alger en juillet. Le 10 septembre 1974, est signé à Lisbonne l’acte de reconnaissance
officielle de l’indépendance de la Guinée-Bissau
IV. LA DECOLONISATION DE L’ANGOLA

1. La naissance des mouvements nationalistes angolais

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Contrairement à la Guinée Bissau, les nationalistes angolais se regroupent très tôt à


travers la couverture ethnique, idéologique et politique ; semant sans nul doute les
germes mêmes de leurs divisions futures.

- Le M.P.L.A. (Mouvement Populaire de libération de l’Angola) a été fondé par


Mario do Andrade à Luanda en 1956 parmi les intellectuels. D’idéologie marxiste, il
sera surtout implanté dans les milieux ouvrier et intellectuel de l’époque. Agostinho
Neto ; médecin et romancier en deviendra le chef de file dès 1957.

- L’U.P.N.A. (L’Union des Peuples du Nord de l’Angola) devenue le F.N.L.A.


(Front National pour la Libération de l’Angola) en 1954, existe copié sous le modèle
de l’Abako ; mouvement ethnique pour la défense des intérêts Bakongo en Angola. Son
président est Holden Roberto, tandis que sa coloration politique ressemble au
capitalisme.

- A ces 2 mouvements s’ajoute l’U.N.I.T.A. (L’Union Nationale Pour l’indépendance


Totale de l’Angola) fondée en 1966 par un dissident du FN.L.A., Jonas Savimbi
appartenant à l’ethnie majoritaire de l’Angola : les Ovimbundu.

La faiblesse de ce nationalisme angolais réside effectivement sur ces clivages ethnique et


politique rendant leur action de lutte contre le Portugal inefficace à tous les égards.

2. De la guerre de libération coloniale à celle civile (1961 – 2004)

C’est en février 1961 que le M.P.L.A. en lançant son attaque contre la prison de Luanda,
inaugure la guerre coloniale qui va ravager le pays pendant 14 ans. Chez les Bakongo,
l’insurrection de novembre vient parachever les débuts de cette lutte des nationalistes
angolais pour l’indépendance. En effet, consécutivement à l’immobilisme colonial
portugais révélé dans sa déclaration officielle de novembre 1960, les colonisés de
l’Empire comprirent qu’il était temps d’engager la lutte armée pour se défaire du joug
colonial.

Cependant, sur le terrain, les mouvements angolais, victimes de leurs divisions internes
n aucune victoire significative ; au contraire, ils sont tellement malmenés que lorsque la
révolution des œillets (avril 1974) s’opéra contre le régime dictatorial des l’Estado Novo,
ceci parut comme une bouffée d’oxygène.

Mais, au lieu de se ressaisir, ils se lancèrent plutôt dans des querelles intestines aux
conséquences désastreuses pour le pays le plus grand de l’ancien empire portugais.
En effet, les accords d’Alvor du 10 janvier 1975 qui prévoyait l’indépendance pour le
11 novembre n’avaient pas finis d’étaler les déceptions des mouvements plus que jamais
divisés. En mars, la guerre civile prend forme et ne quittera l’Angola définitivement qu’en
2004 avec la mort de Jonas Savimbi.

Devenue rapidement enjeu de la guerre froide, elle oppose désormais le M.P.L.A.


soutenues par Cuba, l’URSS à la coalition F.N.L.A.- U.N.I.T.A. sous la houlette de la
République Sud Africaine et les USA. La lutte se poursuit et s’achève en février 1976 par
la victoire du M.P.L.A. après que les Etats Unis aient décidé, en décembre 1975 ; de
retirer leur appui à la coalition angolaise. Le 10 février 1976, le M.P.L.A. est admis
comme membre de l’OUA et il est reconnu à partir du 17 février par les pays de la
CEE.

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Dissertation

En vous appuyant sur des exemples précis, analysez les forces et faiblesses des
mouvements de luttes pour l’indépendance en Afrique.

Commentaire

Ce n’est que dans la seconde moitié des années 1950 que se forment des groupes
indépendantistes…Oeuvrant d’abord chacun pour son propre compte face à la puissance
coloniale, puis se trouvant en rivalité dans les temps situés autour de l’indépendance – qui
donne lieu à une guerre civile et internationale -, les trois mouvements font l’histoire du pays
à partir de leurs faits d’armes. Ils parviennent, au début des années 1970, à fixer en Angola
50000 soldats portugais dans la plus importante possession africaine de lisbonne. Mais ils
ne sont jamais dans les faits près de défaire l’armée coloniale

Le 25 avril 1974, la révolution des Œillets ouvre la voie à l’indépendance. Signés en janvier
1975, les accords d’Alvor consacrent les modalités d’une transition… Cependant, faute de
s’entendre au sein d’un gouvernement intérimaire, les mouvements de libération se
combattent, le FLNA marchant sur Luanda, bastion du MPLA, pendant que l’UNITA
s’empare du chemin de fer de Benguela et du port de Lobito, avec l’aide de l’armée sud-
africaine

Stephen Smith, L’Angola, in Le Dictionnaire historique et géopolitique du 20 ème siècle, Paris,


Editions La Découverte, 2000

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Leçon 10

1. Définition de la civilisation

Le mot « civilisation » est employé en des sens très variés et souvent fort imprécis.
D’une manière générale, on peut classer sous trois rubriques les significations qui lui sont
attribuées explicitement ou implicitement. Premièrement, dans le langage le plus
courant, le terme civilisation est associé à un jugement de valeur et qualifie
favorablement les sociétés à propos desquelles on l’emploie. Il suppose alors qu’il y ait,
inversement, des peuples non civilisés ou sauvages. Le verbe « civiliser » en est la
preuve, et de ce verbe, dérive aussi un sens particulier du substantif qui désigne certains
aspects de la vie sociale. La civilisation est, en deuxième lieu, un certain aspect de la vie
sociale. Il y a des manifestations de l’existence collective qui peuvent être appelées
phénomènes de civilisation ou qui, si elles se concrétisent dans des institutions et des
productions, sont nommées œuvres de civilisation, alors que certaines autres ne méritent
évidemment pas d’entrer dans cette catégorie. Enfin, le mot « civilisation » s’applique à
un ensemble de peuples ou de sociétés. Ainsi, à côté de civilisation qui est degré élevé
d’évolution ou un ensemble de traits caractéristiques, il y a les diverses civilisations qui
possèdent ces caractères et en tirent une personnalité propre qui leur donne une place
déterminée dans l’histoire ou dans l’ensemble des populations à un moment donné. Cette
troisième signification du mot est donc liée à l’une ou l’autre des deux premières et en
est l’objectivation, ou si l’on préfère, c’est elle qui rend le concept opératoire dans
l’analyse de la réalité sociale.

Jean Czeneuve, in Encyclopédie Universelle, tome 7

2. la notion de civilisation

La notion de civilisation repose sur les spécificités de la vie culturelle et des valeurs
morales d’une société. Les pratiques culturelles et artistiques font la richesse de l’espèce
humaine et la distinguent des objets, des plantes et des animaux. Aucun pays, aucun
état religieux ou laïc ne détient le monopole du respect du droit d’accès à la culture.
Chaque civilisation est barbare au regard d’une autre

André Fertier

3. La Civilisation

Ensemble des traits artistiques, techniques, socioculturels, politiques, religieux et


matériels qui caractérisent une société humaine. Le mot de civilisation apparut en
français au XVIIIe siècle, et fut adopté ensuite par les autres langues européennes.

Il dérivait du mot civil, lui-même emprunté au latin civilis (« qui concerne les citoyens ou
l’État »), et désignait l’ensemble des caractères communs aux sociétés évoluées, par
opposition aux sociétés rurales et non policées.

Le mot introduisait donc un jugement de valeur, le « civilisé » s’opposant au « primitif ».


L’époque de l’apparition de la notion, celle du siècle des Lumières, explique la

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signification exclusive que les Européens, alors au faîte de leur rayonnement culturel et
économique, lui attribuèrent.

Ainsi le philosophe Friedrich Hegel écrivit-il à propos de l’Afrique noire : « Ce continent


n’est pas intéressant du point de vue de sa propre histoire, mais par le fait que nous
voyons l’homme dans un état de barbarie et de sauvagerie qui l’empêche encore de faire
partie intégrante de la civilisation » (La Raison dans l’histoire, 1822).

4. Délimitation des civilisations

Le terme de civilisation recouvre actuellement de multiples réalités qui peuvent être


historique, sociologique ou psychologique. Aussi, selon la fonction de la caractéristique
dominante choisie, parle-t-on par exemple de la civilisation industrielles, fondée sur le
développement du machinisme, ou de la civilisation chrétienne, ou encore de la
civilisation de l’image.

L’historien distingue les civilisations préhistoriques, se définissant par des critères


exclusivement technologiques, des civilisations « historiques », caractérisées par
l’écriture et le développement urbain, qui cumulent les critères technologiques et
spatiaux.

En effet, seuls le paléolithique et le néolithique se caractérisèrent dans une certaine


mesure par la diffusion universelle de leurs innovations. Lorsque le rythme des
innovations devint plus rapide que celui de leur diffusion, des divergences entre les
différents groupes humains apparurent, et certains, marginalisés, s’immobilisèrent.

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I. DEFINITION

1. Evolution de la notion de civilisation

Le mot civilisation a été différemment utilisé au cours de l’histoire. C’est vers la fin du
XVIIIème siècle que le terme civilisation devient d’un usage courant. Il fait alors la
distinction entre le mode de vie des citadins et celui des campagnards, réputé plus
proches de la nature. L’étymologie du mot suggère aussi une relation entre le
développement urbain et la division sociale du travail. Sous l’ère des Lumières, la
civilisation équivaut à un idéal que doivent viser tous les peuples.

Les voyages et explorations élargissent la portée de la civilisation. Ils mettent en


évidence, sur tous les continents, la présence de sociétés dont les modes de vie sont
distincts de ceux de l’Europe. Ce qui signifie que l’histoire des sociétés loin de suivre un
cours uniforme, est marquée par la diversité. De ce fait, depuis le XIX ème siècle, on parle
de civilisations au pluriel. Ainsi, contrairement au XVIIIème siècle où l’on distingue 3
phases d’évolution (sauvagerie, barbarie, civilisation), au XIX ème siècle, les sociologues et
les ethnologues estiment qu’il existe entre les sociétés des différences d’organisation
interne, qui n’incluent pas forcément des différences de valeurs.

2. Essai de définition

L’approche comparative et historique permet de dégager la signification de la notion de


civilisation. Elle désigne des valeurs morales et matérielles. L’ethnologue Edward B. Tylor
soutient ainsi que la civilisation englobe «les connaissances, les croyances, art, morale,
droit, coutumes et toutes les autres aptitudes propres à l'Homme en tant que membre de
la société».

La civilisation est composée d’ensembles très complexes qui intègrent tous les aspects de
l’activité sociale : les activités de production, les croyances religieuses, les institutions
politiques et les règles morales. La manière dont sont combinés ces différents facteurs
fait l’originalité de la civilisation.

II. CARACTERISTIQUES DES CIVILISATIONS

Les civilisations ont des traits structurels et des caractères communs.

a. Les civilisations sont des espaces

Chaque civilisation relève d’une aire géographique où les conditions naturelles


déterminent les conditions d’existence.

b. Les civilisations sont des sociétés

Les civilisations n’existent pas sans des sociétés pour les porter. Ce qui implique la
présence populations humaines. Leur densité détermine les types d’habitat et les
rapports de la collectivité avec la nature.

c. Les civilisations sont des économies

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La civilisation dépend de la production économique qui s’appuie sur une organisation, des
techniques, des outils. Son développement modifie profondément la structure de la
société : classes sociales, séparation des dirigeants et des dirigés …

d. Les Etats

Ils se constituent avec l’administration et l’armée.


Aire culturelle

Chaque civilisation appartient à une aire culturelle précise. Les croyances religieuses
constituent l’axe principal. S’y ajoute tous les éléments qui participent d’une vision
commune du monde (idéologie politique, tradition littéraire et artistique …)

e. La langue

Elle donne à la civilisation sa cohésion. Souvent, la civilisation a un noyau originel qui est
une communauté linguistique. Progressivement, en s’étendant, elle intègre des langues
diverses.

III. L’EVOLUTION DES CIVILISATIONS

Les civilisations évoluent dans le temps et dans l’espace.

Dans le temps les civilisations évoluent en trois phases : elles naissent, se développent
et meurent. Leur durée, recouvrant en général plusieurs siècles est variable.

L’aire d’une civilisation dépasse les frontières politiques et même naturelles. Ses limites
sont perméables, ce qui permet l’exportation et la réception de biens culturels. Dans cet
espace, la nature impose ses lois mais l’homme peut améliorer ses aptitudes. Dans
chaque aire se dessinent des unités culturelles plus restreintes.

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Leçon 11
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Un cadre géographique original

Comme toute histoire, celle de l’Afrique ne peut être


disjointe d’une géographie qui lui a servi de cadre et
de support. Une géographie, c’est-à-dire un espace
doté en chaque point d’un contenu concret, et
marqué d’autre part par des discontinuités. Le
premier caractère débouche sur la notion
d’environnement, ou de milieu naturel. Le second
introduit, dans le devenir des sociétés humaines, des
paramètres de limites, de formes et d’étendue
spatiales. Et ceci à différents niveaux, dont le plus
élevé se confond avec le continent lui-même, encadré
par les deux Océans.

Or il se trouve que cette géographie africaine, dans


ses traits d’architecture aussi bien que dans les
milieux qui la composent, offrent des caractères
particulièrement vigoureux et nets.

Hubert Deschamps, Histoire générale de l’Afrique


noire, de Madagascar et des archipels, tome 1, Paris,
PUF, 1973

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I. PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DU MONDE NEGRO-AFRICAIN

L’Afrique noire s’étend au sud du Sahara, depuis les régions sahéliennes jusqu’à
l’extrémité méridionale du continent.

Cette région est formée de vastes plaines et bassins ainsi que de plateaux plus ou moins
élevés. Ces surfaces tabulaires sont limitées par des escarpements, notamment en
Afrique orientale et méridionale. Des plaines côtières étroites bordent le continent.

Le climat est davantage rythmé par les précipitations que par les températures :
 L'Afrique occidentale est à un climat tropical. Elle est soumise au vent sec et
chaud du Sahara, l'harmattan, qui souffle au nord, et à l’influence de l’alizé
maritime issu de l'anticyclone de Sainte‑Hélène. Au nord domine un climat
tropical sec, au sud un climat tropical humide.
 La zone équatoriale, au centre du continent, est constamment humide ; la saison
sèche est brève ou inexistante.
 L'est est une région aride, notamment dans la Corne de l’Afrique en raison du
détournement des alizés issus de l'océan Indien.
 Le climat désertique caractérise le Sahara et le Kalahari.
 L’extrême sud du continent, la région du Cap a un climat de type méditerranéen.

La population africaine est diversifiée. Le groupe mélano‑africain est le plus nombreux. Il


occupe les régions allant du Sahara à l’Afrique du Sud et se compose d’un grand nombre
d’ethnies. Le groupe paléo-africain se compose des plus anciens occupant du continent :
 les Pygmées de la forêt équatoriale
 les Bochimans et les Hottentots en Afrique australe.

Le groupe blanc est représenté par les Berbères et peuples sémitiques qui ont imposé
leur langue à au Nord et aux régions voisines du Sahara. La population malgache est
d’origine austronésienne ; elle a reçu des apports africains, arabes et européens. Les
Éthiopiens connaissent d’importants brassages entre population de l'Afrique noire , du
Sahara et de l'Afrique blanche, au nord.

Les religions sont variées : religions traditionnelles, islam, christianisme.

II. APERÇU DE L’HISTOIRE AFRICAINE

D’après les anthropologues, l’Afrique est le berceau de l’humanité. Elle est également
considérée comme l’un des berceaux de l’évolution de l’Homme moderne.

L’Egypte a développé une brillante civilisation, également l’une des plus anciennes. Ses
prêtres sont les précurseurs de nombreuses sciences : l’astronomie, la philosophie, les
mathématiques etc.

Des royaumes et empires puissants se sont succédé depuis le VI ème siècle en Afrique
occidentale : Ghana, Mali, Kanem Oyo, Ashanti, Sonrhay etc. On note aussi l’apparition
de fédération de cités-Etats comme celle des Yorouba et des Haoussa.

L’islam pénètre l’Afrique dès le VII ème siècle à partir de l’Afrique du Nord. Il s’étend
progressivement vers le sud.

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La période des grands empires s’achève au XVIème siècle. La traite négrière commence
alors et se termine au XIXème après avoir affaibli le continent au plan économique et
humain.

Au XIXème siècle, les Européens colonisent le continent à l’exception de l’Ethiopie. A partir


de 1910 et surtout après la seconde Guerre mondiale, les Africains luttent pour leur
indépendance obtenue dans la plupart des pays vers 1960 et pour les derniers entre
1970 et 1980.

Le site de Méroé ancienne capitale du royaume de Koush

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Leçon 12

1. La société traditionnelle au Sénégal

Au sommet de l’échelle sociale, la noblesse se composait de vieilles familles détentrices


du pouvoir politique qu’elles avaient durant les siècles précédents ardemment disputés
aux marabouts religieux, grâce à leur classe de guerriers ou tyedo composée à l’origine
d’esclaves de la couronne. Quant au commun des paysans libres ou jambur, ils
revendiquaient leur participation aux décisions politiques comme gens libres donc
supérieurs au tyedo, ce qu’ils étaient par le nombre mais non par le pouvoir. Au-dessous
se trouvaient les artisans et griots castés qui, comme dans le reste de l’ouest africain
jouaient un grand rôle comme dépendants des grandes familles, et les esclaves qui
servaient à la plupart des tâches.

Catherine Coquery-Vidrovitch, L’Afrique et les Africains au XIXème siècle, Paris, éditions


Armand Colin, 2005

2. Un griot

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3. Le droit d’aînesse

Dans son acception commune, le droit d’aînesse est un privilège accordé par la loi ou la
communauté à l’aîné dans la succession du père et dans la gestion des affaires familiales.
L’aîné n’est pas seulement le futur premier héritier, mais il s’inscrit dès sa naissance dans
un schéma social où il est le garant des valeurs et des biens familiaux. Il participera non
seulement à l’éducation de ses frères et sœurs, mais également à celle de leurs enfants.
Plus que le droit à l’héritage, le droit d’aînesse africain concerne donc la sauvegarde et la
transmission de valeurs traditionnelles ainsi que la mémoire collective. Ce statut de ―sage
en devenir‖ confère à l’aîné une position sacrée qui détermine les rapports de solidarité
au sein de la fratrie. La parole de l’aîné ne peut être contestée ouvertement et toute
décision familiale importante ne peut être prise sans son accord…

Dans la société africaine traditionnelle, on n’est pas seulement l’aîné chez soi ou l’aîné
d’une famille, mais l’on fait également partie du groupe des aînés de la communauté. Le
droit d’aînesse s’étend donc à tous les domaines sociaux. Par exemple, l’éducation des
enfants est souvent collective et procède des aînés aux moins âgés, lesquels à leur tour
la transmettent aux plus jeunes. Il est évident qu’un tel système, aussi efficace soit-il,
qui concentre autant de pouvoir dans les mains des aînés permet nombre de dérapages
et perpétue des archaïsmes qui sont difficiles à concilier avec la vie moderne. Mais les
choses changent. Les aînés ont perdu le monopole du savoir et le pouvoir économique.
Ils conservent, cependant, un statut moral qui, par le truchement des tabous qui lui sont
associés, permet d’organiser des relations solidaires entre les membres de la
communauté. Le droit d’aînesse dans la société africaine moderne semble évoluer
lentement vers une forme de solidarité fondée sur le respect de l’autre: celui-là même
qui nous a précédés sur terre ou qui a une expérience de la vie autre que la nôtre.

Enoch et Anne Aboh, article paru dans Vie protestante Genève, du 15 novembre 2000

4. Groupe de circoncis : la circoncision est généralement la première étape


vers l’initiation dans de nombreuses ethnies

5. Lat Dior, roi du Cayor

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6. Structures des économies traditionnelles

On a généralement l’habitude de définir négativement les économies africaines


traditionnelles comme étant essentiellement des économies de subsistance ne reposant
pas sur l’échange ou comme des économies non-monétaires. Mais cette définition comme
toute définition négative, ne permet pas de saisir de l’intérieur la réalité des économies
africaines traditionnelles et de plus elle trahit dans une très large mesure la réalité
puisqu’elle méconnaît l’existence dans ces économies d’un véritable réseau de
transactions et donc d’échanges portant sur le travail, la terre et les produits.
Positivement, et en première approximation, ces économies traditionnelles se
caractérisent par le fait que la production la distribution et la possession sont régies par
des considérations sociales, par une éthique sociale. Cette éthique sociale se traduit
entre autres par ce qu’on a coutume d’appeler l’esprit communautaire Africaine que
Marx, dans son analyse des « économies primitives » appelait « le communisme
primitif ». Cet esprit communautaire, cette solidarité familiale tribale et clanique n’étaient
pas la manifestation d’une harmonie pré-établie, mais la résultante d’une dialectique
permanente entre les forces supérieures (fondateurs de clans défunts, etc...), les
hommes vivants et les forces inférieures (animaux, plantes, minéraux etc...).

Dans ces économies, le travail est le fait de l’homme et de la femme. Il n’y a pas de
problème, comme on en connaît dans certaines sociétés contemporaines, du travail de la
femme !

Cette division du travail englobant toutes les forces vives de la société, remplissait une
fonction capitale, celle de l’intégration des individus, de tous les individus de la société,
en assignant à chacun d’eux une place fonctionnelle, mieux, un rôle capital et
irremplaçable. Ainsi l’activité économique de chacun apparaissait essentiellement comme
l’activité des membres d’un groupe homogène et non pas comme celle d’individus isolés
poursuivant chacun son destin séparé de celui des autres.

Georges Ngango, L’Afrique noire entre la tradition et la modernité, in Revue


Ethiopiques, Numéro Spécial

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I. L’ORGANISATION POLITIQUE

1. Le pouvoir politique traditionnel

Le pouvoir se transmet dans une famille donnée. Cependant, l'héritier naturel et direct du
chef défunt n’étant pas forcément son successeur.

Le roi est issu d’une famille, mais ses intronisateurs et électeurs proviennent le plus
souvent de deux autres familles. Ces derniers détiennent la faculté de faire et de défaire
les rois. Le roi délègue une partie de son pouvoir à des ministres. Il ne peut pas les
nommer ou les révoquer à sa guise, chaque charge ministérielle appartenant à une
famille déterminée. Les ministres aident le souverain en des matières déterminées. Ils
tiennent périodiquement avec lui des conseils. Le roi n’est maître absolu que dans le
cadre des mœurs et des traditions. Ses décisions sont prises après consultation des
notables et de l’assemblée des délégués des villages et des différentes couches sociales.
C’est un chef politico-religieux. Il est souvent l’intermédiaire entre le monde des vivants
et les ancêtres. Il concentre en lui la force magique du pays. De lui dépend la fertilité du
sol, l’abondance et la bonne répartition des pluies.

Des conseils sont institués et les décisions sont prises à l’unanimité. Le contrôle politique
est assuré par de individus ou d’organes provenant du peuple ou éventuellement des
esclaves. Exemple : les Farba chez les serer, chef des esclaves de la couronne et de
l’armée qui joue un rôle important dans la nomination roi.

2. Les différents systèmes politiques

 Certaines sociétés sont caractérisées par une absence


d’organisation étatique : on les appelle pour cette raison
« sociétés anarchiques ». A la place d’une organisation politique
étendue, on a plutôt des groupements sociaux ayant pour base
les lignages, la religion, les associations.

 Lorsque la société est placée sous l’autorité d’un chef, qui est soit
un personnage religieux ou un membre de la famille la plus
anciennement établie dans le pays, on a une chefferie. On peut
aussi définir la chefferie comme une association de familles
étendues, organisées autour d'une famille prédominante ou d'une
société initiatique. Le pouvoir du chef est limité par des lignages
et les associations. L’espace recouvert par la chefferie est
généralement peu étendu.

 On a un Etat le chef a pris le dessus sur les groupements


familiaux et les associations. Le chef dirige les institutions. On lui
attribue des pouvoirs religieux. Sa famille, sa cour, ses
fonctionnaires constituent les agents de l'Etat.

Dans l’Etat, le territoire est plus vaste. Les royaumes


appartiennent à cette catégorie d’organisation politique

II. L’ORGANISATION SOCIALE

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Les sociétés précoloniales sont variées. On les classe en trois catégories selon les niveaux
d’organisation : la horde patrilinéaire ou matrilinéaire, les sociétés hautement
différenciées.

1. Les sociétés segmentaires

Ce sont des sociétés où la grande famille patriarcale constitue le principal moteur socio-
économique. L’autorité est détenue par les aînés. La détermination du droit d’aînesse est
facilitée par l’initiation, stage périodique d’initiation sociale et d’éducation sexuelle. Les
membres d’une même promotion forment une classe d’âge. Au terme de l’initiation ils
deviennent adultes. Les sociétés segmentaires sont essentiellement rurales. La terre est
propriété collective.

2. Les sociétés hautement différenciées

On y rencontre des catégories sociales spécialisées dans certaines tâches.


Des sociétés étatiques se sont formées dans lesquelles les castes au-delà de la fonction
technique détiennent une grande valeur sociale. Exemple les griots.

3. Les rapports sociaux

La société est organisée en castes. On les divise en catégorie supérieure et en catégorie


inférieure. La caste supérieure réunit les agriculteurs et le souverain. La seconde
catégorie est celle des autres professions et corps de métiers : forgerons, cordonniers,
orfèvres, tisserands... ces professions sont héréditaires.

Le système de caste est assorti de règles et principes moraux destinées à assurer la


stabilité de la structure sociale. Ainsi, les ressortissants de toutes les castes sont associés
au pouvoir, y compris les représentants des esclaves. Les membres d’une caste
supérieure ne doivent pas exploiter matériellement ceux d’une caste inférieure et ont
l’obligation de leur prêter assistance.

Les paysans supportent l’essentiel des charges fiscales.

La société africaine repose également sur des catégories de sexe et d’âge.

 La répartition des fonctions est déterminée suivant les sexes. Cette division
est plus sensible au niveau de l’initiation. Les jeunes gens reçoivent une
initiation séparée. Celle-ci qui marque le passage à l’âge adulte implique
souvent une mutilation corporelle (excision, circoncision, scarification,
tatouage).
 L’âge joue aussi un rôle important dans les rapports sociaux. Il crée des
relations d’aîné à cadet. Les aînés ont une préséance sur les jeunes. Les
membres d’une même communauté se partagent en classes d’âge
déterminées par le moment de l’initiation

La parenté constitue une assise importante dans la société africaine. Elle est très
étendue. Elle comprend la famille nucléaire (ou polynucléaire en cas de polygamie) et la
famille étendue (parenté au second degré et plus). La parenté est déterminée par la
descendance et la référence à un ancêtre commun. La descendance est considérée selon
la lignée maternelle ou paternelle (patrilignage).

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III. L’ORGANISATION ECONOMIQUE

1. Le système économique négro-africain

Dans le système économique négro-africain l’isolement et l’individualisme sont exclus.


Une division du travail est pratiquée. Elle s’exerce par les castes. Leur objet est de
tempérer la concurrence et de garantir à chacun les moyens de sa subsistance. Les
castes comprennent des sous-groupes correspondant aux diverses professions :
forgerons, cordonniers, orfèvres, tisserands...Ces professions sont héréditaires et
recouvrent un sens mystiques conditionnant l’efficacité de la pratique à la famille. Cette
division sociale du travail impose à chaque individu de ne produire que ce qui ressort du
domaine de sa caste et échanger avec les autres. Ainsi, le système économique est un
système économique d’échange et de marché, impliquant l’existence de la monnaie.

2. Les activités de production

L’élevage est pratiqué dans la savane et les hauts plateaux d’Afrique orientale. C’est
l’activité de peuples spécialisés : les Peuls, les Nilotiques, les Massaï etc

L’agriculture est l’activité principale. Elle fournit des céréales et des tubercules. Elle est
considérée comme une activité sacrée. La terre identifiée à la Mère de l’humanité ne peut
être l’objet d’une propriété privée ; elle n’est ni vendue, ni troquée. Elle demeure une
propriété sociale collective.

3. Les échanges

L’Afrique a toujours été une terre d’échanges. Les échanges concernent les denrées
indispensables (sel, céréales, poisson séchés etc.), les tissus, les produits de l’artisanat…
Le commerce est dominé par des peuples spécialisés tels que les Haoussa, les Maures,
les Dioula, les Swahili.

Les échanges ont donné lieu à différentes formes de monnaies :

 métallique (or en poudre ou pépites, métaux en lingots ou de formes spécifiques


comme les croisettes en Afrique centrale ou les fils de cuivre en Afrique
occidentale, les objets métalliques utilitaires ou d’ornement
 les cauris
 les perles
 les étoffes en raphia ou libongo
 le sel

L’étalon or sert de base de convertibilité entre ces monnaie ; il s’agit du mitkal.

Caravane au Niger

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Commentaire

En Afrique, les sociétés traditionnelles se construisent d’abord sur les catégories de sexe
et d’âge, les structures de la parenté et le réseau des alliances. Les divisions fondées sur
l’opposition et la complémentarité hommes/femmes sont souvent instituées à un tel
degré qu’elles donnent l’impression qu’une société féminine s’articule à une société
« masculine ». Dans les régions où l’islam prédomine, cette coupure affecte
l’aménagement de la vie quotidienne (la femme étant liée à la vie d’intérieur, l’homme à
la vie de relations) ; dans les cultures où il recouvre un fond religieux antérieur, il peut
s’établir une division par sexe du « travail religieux » (…). D’une manière générale,
indépendamment du critère religieux, la répartition des fonctions et des tâches se
détermine selon le sexe…

Dans de nombreuses sociétés négro-africaines, garçons et filles reçoivent une initiation


séparée, impliquant souvent une mutilation corporelle (circoncision, excision,
scarifications, tatouages) ; devenus adultes, ils s’inscrivent dans des associations
distinctes.

Hubert Deschamps, Histoire générale de l’Afrique, des îles, et des archipels

Questions

1°) Présentez le document


2°) Comment définissez vous la parenté dans la société africaine ?
3°) En quoi la distinction des sexes intervient-elle dans la vie socio-économique ?
4°) Quel rôle l’initiation dans l’évolution sociale de l’Homme africain ?

Dissertation

Avant l’intervention coloniale l’Afrique présente une activité économique variée. Montrez
comment est organisée la vie économique précoloniale et mettez la en relation avec
l’organisation sociale.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
111
Leçon 13

1. Le Dieu suprême des Africains

Une des rares généralisations valables que l’on peut exprimer à propos de l’ensemble de
l’Afrique Noire est que l’on y croit en un être plus puissant que les nombreux êtres du
monde –esprits des ancêtres, forces naturelles personnalisées – qui est à l’origine du
monde et le maintient dans l’existence. (…)

Le dieu suprême des Africains semble avoir été conçu à partir de cette expérience
profonde que, chaque génération a, pendant des millénaires, revécue ; de toute façon, ce
dieu est revêtu des mêmes attributs : puissance, bienveillance et indifférence.

Il est rare q’un culte lui soit rendu : à quoi bon le prier puisqu’il est si lointain et
immuable ? et, sans rituel, pas de statues ou de représentations symboliques, pas de
temples et pas d’autels. Dans les arts visuels africains il n’y a pas de trace du dieu
suprême.

Hubert Deschamps, Histoire générale de l’Afrique, des archipels et des îles

2. Les ancêtres

Un individu décédé n'accède pas automatiquement au statut d'ancêtre. Dans la plupart


des sociétés qui pratiquent ce culte, c'est au cours d'une cérémonie ritualisée que se fait
la transformation du défunt en ancêtre, cérémonie qui peut se dérouler en deux temps.
On parle alors de «doubles obsèques» : les premières ayant pour objet le traitement
rituel du cadavre et la purification de l'âme ou de l'esprit du mort (pendant cette période
l'esprit du mort peut être très dangereux), alors que les secondes assurent l'accession
définitive du mort au statut d'ancêtre.

Dans les sociétés qui pratiquent ce culte, les défunts, devenus ancêtres, veillent sur la
conduite des hommes ; ils sont des figures incontournables de l'autorité et peuvent être
bienveillants ou malveillants selon que les vivants transgressent ou non l'ordre du
cosmos. C'est ainsi que la transformation du mort en ancêtre, pour les sociétés d'Afrique
noire, de la Chine et du Japon, assure les fondements et la reproduction de l'ordre social.
L'ancêtre garantit la transmission des droits, des privilèges et des biens quand les vivants
le consultent. Il est à la fois la mémoire d'un groupe et le garant du maintien de règles
ancestrales.

Des rituels appropriés honorent les ancêtres, aussi bien pour les faire intervenir dans les
affaires humaines (assurer une bonne récolte, se gagner la bienveillance des forces
surnaturelles, garantir la cohésion et la survie du groupe) que pour maintenir ces êtres
potentiellement dangereux à l'écart des vivants. À ce titre, il y a une complémentarité

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
112
entre le monde des vivants et le monde des morts, ces derniers servant souvent de
médiateurs entre les vivants et les divinités, et ayant besoin des vivants pour pouvoir
exister dans l'au‑delà.

D’après Encyclopédie Hachette

3. Les esprits ancestraux chez les Sereer : Les Pangool:

Dès sa mort mystérieuse, l’ancêtre fondateur devient lui-même une sorte du grand Tout
de la Transcendance… Il devient Fangool (pluriel : pangool) pour son groupe,
transcendance pour sa descendance. Cette représentation, qui existe dans tout l’ouest-
africain et culmine au Bénin avec le Système du Vaudou, ne semble pas exister au centre
de l’Afrique en pays Bantu. Sa permanence dans les pays sereer et lébu est le trait
caractéristique de ces deux religions traditionnelles.(…)

Les membres d’un groupe donné, lignage, village, région, sont les destinataires et les
bénéficiaires de cette relation de la transcendance avec eux par l’intermédiaires de leur
ancêtre Fangool, qui est leur parent, et par l’intermédiaire des personnalités connues et
rassurantes qu sont les Jaraaf, les saltigi et autres correspondants du monde invisible.

Henry Gravrand, La civilisation sereer, Dakar NEA, 1983

4. Le roi-prêtre diola

Le boekin clanique était desservi par un grand prêtre ou roi. Cette fonction était
dangereuse et apportait à son titulaire de graves inconvénients. Les Diola les rendaient
responsables de tous les résultats défavorables de leurs prières auprès du boekin… Aussi
les candidats à cette fonction étaient rares et l’élu des anciens était souvent intronisé à
son corps défendant.

Christian Roche, Histoire de la Casamance, Paris, éditions Karthala, 1985

5. Scène de divination

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
113

Les différentes populations africaines ont développé des religions spécifiques à leur
culture. D’où la diversité des religions africaines. La religion règle tous les aspects de la
vie sociale.
Les religions africaines n’ont pas de textes écrits. La tradition religieuse dépend en
général des anciens de la communauté ; elle se transmet la plupart du temps par les
contes et les proverbes.

On appelle religion traditionnelle les religions africaines pour les distinguer des religions
d’origine étrangère. Elle n’a pas de textes religieux écrits. Sa tradition se transmet
oralement par l’intermédiaire des anciens. En dehors du golfe de Guinée, la vie religieuse
africaine n’est contrôlée par aucun clergé.

I. LES CROYANCES RELIGIEUSES AFRICAINES

En dépit de leur diversité, on peut distinguer quelques éléments communs aux


différentes traditions religieuses africaines :

 Les religions africaines admettent la croyance en un seul Dieu, Être suprême


créateur du monde. Toutefois, après avoir créé le monde, il se tient à distance des
affaires des hommes dans lesquelles il intervient rarement. De ce fait, aucun
culte ou vénération ne lui est généralement rendu. Les hommes se tournent vers
les esprits pour formuler leurs demandes.

 Les esprits sont classés en deux catégories : les esprits d’origine non humaine et
ceux qui sont d’origine humaine.

Les esprits d’origine non humaine n’ont pas une personnalité bien définie. Ils
sont souvent en rapport avec les lieux naturels : la mer, le tonnerre, la pluie …
Leurs caractères sont variés : ils peuvent se déplacer, ou rester sédentaires, bons
ou mauvais, êtres toujours présents ou se manifester rarement. Ils peuvent entrer
en contact avec les hommes à l’occasion de transe ou de possession.

Les esprits d’origine humaine sont d’anciens hommes devenus des esprits
ancestraux. Cette mutation se fait à la suite de rites précis, lors des funérailles en
particulier. Ils sont entretenus par des sacrifices et des offrandes. Ces esprits
vivent au séjour des morts et au village où ils ont été enterrés et où ils surveillent
les vivants.

Les ancêtres représentent le lien le plus immédiat entre les vivants et le monde
spirituel, ils sont en mesure de garantir la prospérité, la santé et la fécondité de
leurs descendants.

 Le bonheur des hommes dépend de la force vitale de chacun. La force vitale est
présente en plusieurs endroits : les vivants, la nature, les ancêtres. Elle circule tel
un fluide qui peut se concentrer chez certaines personnes et certains objets de
culte. Cette force présente dans le corps de l’homme. Parmi les divers éléments
qui se dissocient à la mort, une garde sa personnalité pour une nouvelle
existence : celle d’ancêtre.

II. LE CULTE TRADITIONNEL

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
114

A l’exception du golfe de Guinée la vie religieuse traditionnelle n’est pas réglée par un
clergé. La plupart des cultes se pratiquent dans les maisons familiales ou les villages.
Quelques peuples les pratiques dans des temples ou sanctuaires. Le chef de clan ou de
famille est l’officiant qui offre les sacrifices sur l’autel familial sauf dans les grands
sanctuaires servis par des prêtres professionnels, souvent à la fois phytothérapeutes et
guérisseurs. Le patriarche familial dispose de forces vitales et naturelles ; il accomplit les
rites envers la nature et les ancêtres.

Les vivants ont des obligations à l’égard des ancêtres : funérailles pour assurer le
passage de ce monde à l’autre, sacrifices pour éviter leur colère ou leur dépérissement,
ou pour entretenir leur force vitale. Les ancêtres en retour veillent sur le village

Huttes de prière dans un village africain

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
115

Commentaire

Commentaire 1

Il y a lieu de dire ici que l’essence de ces religions est dans le souci et l’exigence de
respecter des liens vitaux fondamentaux : les liens avec Dieu, les liens avec les morts,
les liens avec la terre et les liens avec les générations futures. Le monde étant une
hiérarchie des forces dont Dieu est le garant, c’est dans la mesure où les vivants fondent
les liens qui les unissent sur l’énergie divine qui traverse toute la réalité qu’ils protègent,
conservent, renforcent, développent et enrichissent leur force vitale. La vie spirituelle,
c’est le souci de cette force qui est fécondité des liens. C’est l’énergie grâce à laquelle on
place la vie comme la valeur suprême qu’il faut sauvegarder face aux puissances de la
mort sous toutes leurs formes. La dialectique de la vie et de la mort constitue ainsi
l’enjeu du destin, avec pour exigence la victoire des forces de la vie sur les puissances de
la mort, comme aurait dit Engelberg Mveng.

Dans cette théologie, il n’y a place ni pour le prosélytisme, ni pour des conflits des
religions, ni pour la guerre entre les visions que l’on se fait de Dieu. Sur cette base, on a
pu affirmer que les peuples d’Afrique n’ont pas une vision guerrière de la religion et qu’il
leur est impossible de voir dans les relations avec Dieu une source de conflits.

Le Potentiel, « Religions africaines et conflits sociaux », Extrait de « Désarmer Dieu et les


religions : un impératif éthique », Info théologique AOTA, n° 8, 2005

Commentaire 2

Dieu dans la religion africaine

Il est assez remarquable de constater qu’en Afrique noire, dans les pratiques religieuses,
Dieu est rarement interpellé à intervenir. Du moins s’adresse-t-on très rarement à Lui.

Dans leurs habitudes en effet, les Négro-africains préfèrent invoquer des divinités, des
fétiches, ou tout au plus leurs ancêtres ! Les autres hommes, notamment les
Occidentaux et les Orientaux, ont tôt fait d’assimiler cette manière de faire, à du
polythéisme, du fétichisme, du satanisme, de l’animisme et que sais-je encore ?

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
116
L’aliénation aidant, les Africains en sont alors arrivés à avoir honte de leur religion
traditionnelle vouée aux gémonies !

Mais on remarque pourtant, paradoxalement, que les Africains sont peut-être ceux qui
ont le plus le mot " Dieu " dans la bouche : " Dieu te voit, avec l’aide de Dieu, que Dieu
te garde, Dieu est grand, grâce à Dieu, ... " La litanie est sans fin. Les expressions dans
les langues africaines faisant allusion à Dieu sont très nombreuses et très variées. De
plus, il est de notoriété publique, que l’Africain est l’homme le plus religieux du monde,
et cela depuis nos ancêtres les plus lointains ! Alors, comment expliquer cette
étrangeté ? Les Africains sont-ils contradictoirement inconscients ou tout simplement
illogiques ?

Pour comprendre la pratique africaine vers Dieu, le Créateur de toute chose, il faut se
placer dans la dialectique mentale du négro-africain : sa conception cosmogonique, sa
compréhension du rôle de l’humain dans le plan divin, le destin de l’humanité, le
pourquoi de la création diversifiée des êtres et des choses, etc…

Qu’il y a-t-il de plus normal que de solliciter de son ancêtre une aide ? Et si tant est qu’il
existe quelque part, qu’il puisse vous satisfaire, n’est-ce pas là son rôle, pour perpétuer
sa lignée, faire progresser sa famille, améliorer son sang ? …

Doumby FAKOLY : Introduction à la prière négro-africaine, Editions MENAIBUC. 2005

Questions

1°) Présentez le document


2°) Résumez brièvement les propos de l’auteur
3°) Quelle est l’attitude des africains face à Dieu ?
4°) L’auteur souligne qu’il y a un dilemme dans la foi des Africains. Pourquoi ?
5°) « Il est de notoriété publique, que l’Africain est l’homme le plus religieux du
monde, et cela depuis nos ancêtres les plus lointains » dit T. Mende. Sur quelle
réalité fonde-t-il sa pensée ?

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
Leçon 14 117

1. Point de vue sur la décolonisation

Les colonies, en général, ne souhaitent pas la rupture des liens économiques avec la
métropole. L'indépendance politique et l'espoir de restaurer ou de créer des cultures
nationales leur suffiraient. Alors que l'économie réalisée par la décolonisation pallierait
aux yeux des opinions publiques métropolitaines la perte de prestige due à l'accession à
l'indépendance des colonies, celles-ci cherchent un moyen qui leur donne l'indépendance
sans les priver de l'assistance. Elles sont alors plus souvent proches des "colonialistes"
que des "anticolonialistes" européens. Et le terme "décolonisation" devient une
dénomination très générale, comme celui de colonisation, pour désigner des rapports
nouveaux qu'il n'est pas encore possible de définir avec précision. Ainsi union,
intégration, fédération, Commonwealth. Le seul point commun entre ces néologismes
réside dans une démission politique plus ou moins complète de l'ancienne métropole.
L'indépendance complète n'existe plus aujourd'hui. Elle n'a été possible qu'au temps où
l'isolement l'était. La marche de l'Histoire s'est traduite par la constante multiplication
des hommes, par l'occupation des espaces déserts, par la disparition progressive du
nomadisme. Aujourd'hui, tous les peuples sont en contacts les uns avec les autres.
L'indépendance devient, comme le nationalisme, un leurre d'esprits attardés. La seule
réalité est l'interdépendance qui exige des abandons de souveraineté.

Henri Brunschwig (1904-1989) Cahiers d'études africaines, n° 1, éd. Mouton & Co, 1960

2. Islam et christianisme : véhicules de nouvelles cultures

L’islam et le christianisme présentent un visage fascinant de modernité, avec une


nourriture nouvelle (adoption du riz et du maïs au détriment du mil et du sorgho),
l’appartenance à une communauté universelle avec des lieux de culte impressionnants
(mosquées, églises) et des croyances diffusées par des moyens modernes (radio,
télévision). Le fonds animiste n’en n’est pas éliminé pour autant. Il se manifeste à
travers cette étonnante capacité des populations à exprimer leur foi au sein des
confréries et même dans le maraboutisme.

Bernard Nantet, Dictionnaire d’histoire et civilisations africaines, Paris, Larousse, 1999

3. Le marabout, figure emblématique de l’islam en Afrique occidentale

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
118

4. L’influence chrétienne visible à travers le développement de


l’enseignement : le collège Sacré-Cœur de Dakar

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
119

I. INFLUENCE DE LA DECOLONISATION

Dès l’indépendance, les gouvernements africains ont manifesté leur volonté d’élever leur
niveau de vie par un accroissement des revenus, des services sociaux et des
infrastructures. Ils présentent des plans conçus pour répondre aux besoins. Mais souvent
ces plans sont conçus par des étrangers. Les économies africaines resteront prisonnières
du cadre hérité du colonialisme

La plupart des Etats ont été créés sur un régime colonial. Ils luttent pour devenir des
nations plus cohérentes. Des problèmes de modification des institutions se posent aux
Etats qui résultent du passé colonial. Les structures coloniales et même précoloniales
persistent, rendant parfois difficiles le processus d’édification de l’Etat. Les structures
héritées de l’époque coloniale tombent en décrépitude. En Afrique francophone, la
politique d’assimilation, le mode centralisé d’administration imposent de manière presque
uniforme les valeurs culturelles et politiques françaises.

Beaucoup de régimes issus de l’indépendance ne sont pas été démocratiques. Ils ne


parviennent pas à développer leur pays. Ils demeurent instrumentalisés par les
puissances de la guerre froide.

Après l’indépendance, l’Afrique est soumise à une nouvelle forme de domination : le néo-
colonialisme. Il s’agit d’une politique que les anciennes puissances coloniales
entretiennent vis-à-vis de leurs anciennes colonies. Il porte sur des opérations
économiques au niveau international qui se rapproche du colonialisme. Il permet ainsi
aux anciennes métropoles d’exercer un contrôle indirect sur les nouveaux Etats en
utilisant des politiques commerciales, économiques et financières. Cette situation
renforce la pauvreté et la dépendance sous toutes ses formes : politique, économique,
culturelle. Cette dernière forme, le néocolonialisme culturel permet aux nations riches de
contrôler les valeurs et les perceptions des nations africaines par divers moyens : les
médias, la langue, l’éducation, la religion.

De nombreux conflits ont leur origine dans la décolonisation, notamment par maintien
des frontières coloniales dont le tracé n’a pas tenu compte de l’histoire, l’organisation
sociale et des composantes culturelles du continent.

II. INFLUENCE DU CHRISTIANISME

Le christianisme a pénétré l’Afrique par l’Egypte et l’Ethiopie dés le début de l’ère


chrétienne. La poussée islamique a provoqué la destruction des royaumes chrétiens en
Ethiopie et en Nubie. Après une nouvelle phase de pénétration au XVème siècle, le
christianisme se répand à la faveur de la colonisation. Une bonne partie de la population
africaine, notamment dans le golfe de Guinée, en Afrique centrale et australe s’est
convertie au christianisme.

Les missions chrétiennes annoncé l’évangile dans les formes de la culture occidentale.
L'émancipation politique africaine modifie les données. Depuis les années 1950, les pays
non occidentaux revendiquent la reconnaissance de leur propre sensibilité dans la
pratique du christianisme.

Le christianisme participe eu développement de l’Afrique. Il a joué un rôle primordial


dans la promotion de l’éducation occidentale. Les missionnaires assurent les tâches

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
120
d’éducation. Par l’apprentissage des langues, l’élaboration d’alphabets, la traduction de la
Bible et autres ouvrages religieux, ils créent une nouvelle tradition littéraire en langues
africaines. Ils ont dominé le commerce des livres, l’impression et l’édition. Ils ont été les
premiers à introduire les soins de santé à l’occidentale par la fondation d’hôpitaux et de
cliniques.

III. INFLUENCE DE L’ISLAM

L’islam a pénétré l’Afrique du Nord dès le VII ème siècle. Son expansion en Afrique Noire a
été favorisée par les relations avec l’Afrique méditerranéenne d’une part et les conquêtes
d’autre part. En dépit du climat de méfiance et d’épisodes d’hostilités, l’islam a bénéficié
de la présence coloniale, profitant de l’urbanisation et du surcroît de mobilité (chemin de
fer, routes). Les autorités coloniales collaborent avec les communautés musulmanes et
ont encouragé l’enseignement de l’islam.

L’islam a introduit des éléments culturels déterminants : la langue et l’écriture arabe. Il


accepte le système des castes sans en être dépendant. On assiste à un mimétisme
culturel à l’égard du monde arabe. Cela se traduit par un renoncement aux traditions
culturelles africaines et à un ralliement total aux valeurs du monde arabe. La langue
arabe, langue du culte, pénètre le vocabulaire des langues nationales, l’habillement et les
usages arabes prennent le pas sur les pratiques africaines. L’islam a donné de nouveaux
moyens d’organisation sociale : règles de succession, mariage, etc.

L’islam a développé le culte des saints marabouts considérés comme les porteurs de
bénédiction. On leur attribue des pouvoirs surnaturels. Ce culte va parfois jusqu’à
abroger l’obligation du pèlerinage à la Mecque.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
121

Commentaire

Commentaire 1 (juin 2005)

La décolonisation a ménagé le passage de la période coloniale de l’Afrique à celle de son


indépendance, de ses indépendances. Qu’elle se soit déroulée dans le consensus ou dans
les incompréhensions et les combats, elle n’a été qu’une transition, assurée plus ou
moins heureusement. Elle relève désormais, elle aussi, du passé. Le présent et l’avenir
sont ceux de l’indépendance des Etats africains et de sa nature, se leur souveraineté et
de ses degrés. Leurs problèmes se posent dans un monde dont la décolonisation n’a pas
modifié les contours. La place des continents les uns par rapport aux autres n’a pas
changé. Alger et Marseille sont toujours face à face de part et d’autre du grand lac
méditerranéen. L’indépendance est de plue en plus marquée dans un univers où
les grands ensembles imposent leur loi.

Jean Clauzel, La décolonisation de l’Afrique, Hatier, Optiques histoire

Questions

1°) Présentez le document


2°) Résumez la pensée de Jean Clauzel
3°) Expliquez le passage en gras

Commentaire 2

Au sortir d’une période coloniale, les pays récemment promus à l’indépendance se


trouvent engagés pour la plupart dans une double entreprise. Ils se voient contraints de
démanteler ce qui leur a été laissé, et qui n’avait pas été édifié dans l’intention de
répondre à leurs besoins propres. Et ils doivent en même temps structurer de nouveau
ce qu’ils décident de garder, afin de l’harmoniser à leur caractère particulier en tant que
peuple. (…)

Mais qui dit changement de structure dit nouvelles institutions politiques. Quelles sont
celles qui conviennent le mieux à l’héritage reçu, et qui permettraient d’obtenir les
meilleurs résultats ?

Derrière une façade parlementaire plus ou moins fantomatique, l’immense majorité des
anciens pays coloniaux est dirigée, en fait, par l’une des deux sortes de gouvernements
autoritaires. Ou ils sont autoritaires pour maintenir les privilèges existants, ou ils le sont
pour être en mesure de les abolir…

T. Mende, Un monde impossible, Le Seuil, 1963

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(Mosquée à Agra en Inde)

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123
Leçon 15

1. L’Arabie avant l’islam

Déserts

Régions fertiles

Routes commerciales

2. L’Arabie antéislamique : une péninsule politiquement morcelée

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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Cette Arabie préislamique, politiquement morcelée, polythéiste, avait un centre commun,


La Mecque, capitale du Hedjaz et importante ville caravanière, où l'on venait en
pèlerinage au sanctuaire païen de la Kaaba. C'est là que naquit Mahomet (vers 570), qui
devait réaliser l'unification spirituelle de la péninsule en obtenant la conversion à l'islam
de toutes les tribus arabes. Il commença également l'unification politique qui fut achevée
par le calife Abou Bakr après la mort du Prophète, survenue en 632.

Encyclopédie Hachette

3. Le polythéisme des Bédouins

La principale religion des habitants de l’Arabie septentrionale était au VIIème siècle après
Jésus-Christ, une sorte de polydémonisme. On croyait à l’apparition d’êtres surnaturels
aux personnalités indéfinies surgissant dans des lieux particuliers : forêts, sources,
grottes… et à ces êtres s’ajoutait un grand nombre d’esprits : lutins, djinns, bons et
mauvais, présents partout. Le plus craint était la perfide ghul, un ogre féminin, habitant
dans des lieux déserts qui, sous des aspects variés, détournait les voyageurs de leur
chemin pour les dévorer. Chaque tribu ou groupe tribal avait en général ses divinités, et
leurs lieux de culte étaient des sortes de sanctuaires, où un édifice grossier était
généralement entouré d’une zone sacrée protégée par des interdictions et des tabous.
Parmi ces sanctuaires, celui de la Mecque avait acquis une importance particulière et
chaque année, pendant une période de trêve sacrée, des tribus éloignées venaient en
pèlerinage. Là, avaient lieu des rites déambulatoires, tout autour de l’édifice cubique, au
centre de l’aire sacrée. A l’intérieur, d’autres rites étaient accomplis, des rites apôtro-
païens et des rites d’adoration solaire.

Le Proche-Orient, éditions Atlas, Paris, 1980

Caravansérail sur la route de la Mecque

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I. L’ARABIE PREISLAMIQUE

1. Le milieu naturel

L’Arabie est une vaste péninsule désertique dont le seul le sud-ouest reçoit des pluies.
Cette partie constitue « l’Arabie heureuse », où s’élèvent 2 petites villes : La Mecque et
Yathrib.
2. Les hommes

Aux environs du VIIème siècle, l’Arabie est habitée par des pasteurs nomades, les
Bédouins. Ils ne forment pas un Etat, mais vivent en de multiples tribus qui se font la
guerre, ou qui pillent les oasis et les caravanes.

La forme de religion prédominante est le polythéisme. Les Bédouins croient à l’existence


d’êtres surnaturels surgissant dans des lieux particuliers : forêts, sources, grottes. Ils
croient aussi à un grand nombre d’esprits, bons ou mauvais, présents partout.

Chaque tribu a en général ses divinités. Les lieux de culte sont des sanctuaires protégés
par des interdictions et des tabous. Parmi eux, celui de la Mecque est le plus important,
les idoles de certaines divinités s’y trouvant dans un sanctuaire ancien, la Kaaba. Chaque
année, pendant une trêve sacrée, des tribus y viennent en pèlerinage. Des rites
ambulatoires y sont effectués autour de l’édifice cubique de la Kaaba. Cependant, la
notion de l’existence d’un être supérieur semble assez bien répandue : il s’agit d’Allah.

Le Hedjaz se situe alors au carrefour d'un mouvement commercial important entre le


Yémen (océan Indien) et la Syrie (Méditerranée), mais aussi entre l'Arabie et l'Abyssinie
chrétienne (l'actuelle Éthiopie). La Mecque est alors une grande étape caravanière,
environnée de tribus qui élèvent notamment des chameaux pour le transport des
hommes et des marchandises. Sur le plan politique, cette région forme la marge de
l'influence des deux puissances du moment: Byzance la chrétienne, et la Perse sassanide,
qui pratique la religion manichéenne de Zarathoustra. Du point de vue religieux encore,
la proximité du Sinaï de Moïse et de la Jérusalem de Jésus se concrétise par la présence,
en Arabie, de chrétiens nestoriens ou coptes et de tribus juives. Les éleveurs arabes,
quant à eux, pratiquent une sorte de polythéisme à base tribale. L'un de leurs
sanctuaires les plus réputés se trouve précisément à La Mecque. Il y a donc place, dans
ce contexte, pour un message monothéiste, qui serait spécifiquement adressé aux
populations de culture arabe.

II. LE PROPHETE MOHAMED

Muhammad, ou Mahomet, est né à La Mecque dans le Hedjaz, à l’ouest de l'Arabie, vers


570 après Jésus-Christ dans le clan des Bani Hachem, qui constitue elle-même une
fraction de la puissante tribu des Quraychites. Très tôt orphelin, il est élevé par son
grand‑père paternel et chef de clan, Abd al‑Muttalib, puis, à la mort de celui-ci, par son
oncle, Abu Talib, riche marchand mecquois. Mohamed accompagne ce dernier lors de ses
voyages à travers le désert ; il lui fait découvrir la Syrie. Plus tard, il devient caravanier
puis entre au service de Khadidja, riche veuve qui possède les caravanes les plus
importantes de La Mecque. Il l’épouse vers 595.

Khadija, sa première épouse est plus âgée que lui d'une quinzaine d'années. De cette
union naîtront plusieurs enfants : seules ses quatre filles survivront. Il adopte son cousin
Ali, qui sera l’époux de l’une de ses filles, Fatima.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
126
Mohamed se retire régulièrement dans une grotte, non loin de La Mecque, sur le mont
Hira, pour méditer et prier. C'est là qu'il reçoit la première révélation, de la voix de l’ange
Gabriel, vers l'an 610. Il finit par dicter son message à ses proches, donnant ainsi
naissance au Coran.

L'un des parents de Khadidja reconnaît en Mahomet un prophète. Mais ses concitoyens
restent sceptiques et même hostiles. Ses proches, notamment Khadija, Abou Bakr se
convertissent à la nouvelle religion, mais Mohamed est de plus en plus menacé par les
gens de sa propre tribu. En 615, il conseille à certains de ses compagnons de traverser la
mer Rouge pour se réfugier en Ethiopie. En 619, sa femme Khadidja, âgée de 65 ans, et
son oncle Abu Talib meurent. Mahomed épouse alors avec Sauda. Privé de tout soutien
dans le clan des hachim par la mort de son oncle, Mohamed quitte la Mecque et sera
accueilli par des partisans à Yathrib, la future Médine. C’est l'hégire (de l'arabe hidjra,
«émigration») qui marque les débuts de l'ère islamique, 622.

Progressivement les fidèles se regroupent autour de Mohamed à Yathrib devenue


médine. La communauté musulmane s’organise : la mosquée est le lieu de prière, Abou
Bakr, père de Aïcha, la troisième épouse du prophète est l’imam, et un Noir affranchi,
Bilal, le premier muezzin.

La Mecque est conquise sans effusion de sang en 630. Après la destruction des idoles, le
sanctuaire de la Kaaba est récupéré et voué au culte musulman. Le pèlerinage païen
annuel à La Mecque est réformé et, en 632, Mahomet accomplit le pèlerinage dit «de
l'adieu». Deux mois plus tard Mohamed meurt à Médine, où il est enterré.

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127
Leçon 16

1. Manuscrit arabe du Coran

2. Les dogmes islamiques

Souvent enseignés au moyen d'un «catéchisme», par le biais de questions et de


réponses, les dogmes islamiques sont généralement traités selon six grandes catégories:
Dieu, les anges, les Écritures, les prophètes, le Jugement dernier et la prédestination. La
conception musulmane de Dieu est déterminante pour tous les autres éléments de la foi.
Parmi les anges (qui sont tous serviteurs d'Allah et soumis à son pouvoir), certains sont
censés jouer un rôle particulièrement important dans la vie quotidienne des musulmans:
notamment les anges gardiens, qui notent les actes des hommes et dont ces derniers
auront à répondre le jour du Jugement dernier, ainsi que l'ange de la mort et ceux qui
interrogent les morts dans leurs tombeaux. Djibril (Gabriel), dont le nom est mentionné
dans le Coran, est celui qui transmit la révélation divine au Prophète.

Promesse ou menace, le Jugement dernier occupe une place importante dans le Coran,
dans la pensée et la piété musulmanes. Le jour du Jugement dernier Yom al‑Dinn que
seul Dieu peut connaître, chaque âme devra répondre de ses actes. L'une des questions
fondamentales qui se situent au cœur des discussions théologiques sur le Jugement
dernier, et plus généralement sur le concept de Dieu, est de savoir si les descriptions que
donne le Coran du paradis et de l'enfer comme des apparitions de Dieu doivent être
interprétées de façon littérale ou allégorique. La conception dominante adopte le principe
de l'interprétation littérale (Dieu est assis sur le trône, il possède des mains), mais elle
introduit des nuances en affirmant que les hommes n'ont pas la faculté de juger et qu'ils

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
128
doivent éviter de s'interroger sur Allah, car Dieu est incomparable.

La question de la prédestination témoigne du même théocentrisme. Se référant à la


toute‑puissance divine qui seule peut guider les hommes vers la foi («Si Dieu ne nous
avait guidés, nous n'aurions sûrement jamais été guidés»), nombreux furent ceux qui en
conclurent que Dieu décide également de ne pas guider certains hommes, les laissant
s'égarer ou même les égarant délibérément. Dans les débats théologiques ultérieurs, les
détracteurs de la prédestination se préoccupaient moins de la liberté et des dignités
humaines que de la défense de l'honneur de Dieu.

Encyclopédie Hachette multimédia, 2003

Grande prière à Qom en Iran

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
129

I. LE CORAN

À la mort du Prophète, certaines parties du Coran oralement transmises sont notées par
les proches de Mohamed sur des branches de palmier, des pierres plates, des feuilles de
papyrus, des omoplates de chameau. C’est vers les années 650-655 que la version
définitive est établie sous Othman, le troisième calife.

Le Coran comprend 114 chapitres ou sourates présentées dans un ordre de longueur


sensiblement décroissante, sauf la toute première, appelée «l'Ouvrante» qui est très
courte. Elles sont datées à la Mecque pour les premières, et à Médine pour les autres. Un
mot extrait de la sourate sert de titre. Le coran représentant la parole directe d’Allah
étant révélé en arabe, celui-ci est la seule langue du texte sacré. Même été enregistré
dans des langues africaines sans écriture.

Après la mort du Prophète cherchant à bien comprendre le sens exact du Coran font
appel aux témoignages de sa famille, de ses proches et de ses successeurs : de là
découle le recueil des traditions (hadith), éclairant tel ou tel fait coranique. La
reproduction écrite du Coran a ainsi donné naissance à un art typique de la civilisation
islamique, la calligraphie.

Certaines sourates sont récitées quotidiennement par les croyants à l'occasion des cinq
prières obligatoires.

Le Coran est à la base de l'islam, avec les hadiths. Ces deux sources ont permis d’établir
les fondements du droit musulman. L'élaboration du culte musulman s'est appuyée sur
les prescriptions coraniques devenues pratiques obligatoires (les cinq piliers).

II. LES CINQ PILIERS

Les rituels de la foi musulmane s'organisent autour de cinq «piliers» :

– la profession de foi en un Dieu unique et en son Prophète Mahomet (du mot


chahadah qui désigne un témoignage): «Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est
son Envoyé».
– la prière quotidienne (salah): elle doit être précédée par des ablutions et
prononcée en direction de La Mecque, cinq fois par jour, à l'aube, à midi, l'après-
midi, au coucher du soleil et le soir. Le vendredi, les musulmans sont invités à la
prononcer à la mosquée, lieu de rassemblement attitré des fidèles.
– le jeûne du mois de Ramadan : les musulmans se doivent de jeûner du lever au
coucher du soleil chaque jour du mois de Ramadan, neuvième mois du calendrier
lunaire des Arabes, parce que le Prophète aurait reçu ce mois-là la première
révélation divine.
– l'impôt islamique (zakat) : il se monte à un dixième environ des revenus et il s'y
ajoute l'aumône charitable, au bon vouloir de chacun.
– le pèlerinage à la Mecque (hadj) : il est recommandé à tous les musulmans au
moins une fois dans leur vie et se déroule chaque année, du 7 au 13 du dernier
mois de l'Hégire.

A l'époque du pèlerinage se déroule la fête du sacrifice ou Grande Fête (Aïd el Kébir). En


souvenir du sacrifice d’Abraham, père du monothéisme, chaque famille sacrifie un
mouton.

III. LE CORAN, LA FOI ET LA SOCIETE

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
130

Comme la plupart des grands textes religieux ou philosophiques, le Coran est un texte.
Les musulmans formalistes (aussi appelés intégristes ou islamistes) prétendent que la
piété commande une lecture littérale des textes sacrés et en particulier du Coran.
Les musulmans libéraux revendiquent une adaptation des pratiques religieuses à notre
époque.

La charia est le code de conduite détaillé. Ses prescriptions sont expliquées et codifiées
par le Fikh. Deux sources complémentaires lui ont été adjointes : le raisonnement par
analogie et le consensus d’éminents docteurs de la loi.

La mosquée des Omeyyades à Damas

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
Leçon 17 131

1. L’expansion arabo-musulmane

2. Les raisons du succès de la conquête


L’une des raisons des succès éclair remportés par les musulmans fut l’Etat d’épuisement
financier et militaire dans lequel se trouvaient les deux empires après de longs conflits
successifs. En outre, les Byzantins étaient des haïs de leurs sujets coptes et sémites
parce qu’ils les pressuraient d’impôts et poursuivaient de leurs persécutions les églises
« hérétiques » monophysites. La situation étaient sensiblement identique dans l’empire
sassanide : les provinces les plus fertiles de l’Iraq étaient peuplées de chrétiens de
langue araméenne qui s’opposaient à la classe dirigeante zoroastrienne. Juste avant
l’assaut des Arabes, l’empire avait été déchiré par des guerres de succession qui avaient
affaibli sa structure politique et militaire. En général, dans la plupart des pays conquis,
les autochtones n’opposèrent pas de résistance aux envahisseurs arabes car ils n’avaient
rien ou pas grand-chose à perdre au changement de maîtres ; dans certains cas, les
musulmans furent même bien accueillis.

M. el Fasi et I. Hrbek, L’avènement de l’islam et l’essor de l’empire musulman, in Histoire générale


de l’Afrique, tome 3, UNESCO, 1990

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
132

I. L’EXPANSION DE L’ISLAM

Jusqu’en 628, Mahomet mène à côté de la prédication un combat à caractère défensif


contre les Juifs de Médine et les Quraychites de la Mecque.

De 628 à 632, son combat contre ces derniers conduit à la conquête de la Mecque. Il
obtient le ralliement de nombreuses tribus bédouines païennes et des communautés
chrétiennes d’Arabie.

Après la mort du Mahomet, des sécessions se produisent parmi les tribus bédouines. Mais
son successeur, Abou Bakr, refait l’unité de l’Arabie. Sous son règne, et celui d’Omar, les
musulmans s’attaquent aux Byzantins et aux Sassanides, épuisés par des luttes
sanglantes. En 12 ans (633-645), la Mésopotamie, la Palestine, la Syrie et l’Egypte
passent aux mains des Arabes.

L’empire musulman naissant connaît ensuite une période troublée. Les Omeyyades
dirigés par Moawiya, lancent de 660 à 715, une 2 ème vague d’expansion. Les conquêtes
sont dirigées dans trois directions : l’Asie mineure, l’Afrique du Nord et l’Espagne, l’Asie
centrale et l’Inde.

En 750, les Omeyyades sont renversés par une nouvelle dynastie : les Abbassides.
Bagdad devient la capitale de l’empire. Cette dynastie n’est pas caractérisée par
l’expansion territoriale, mais plutôt commerciale et intellectuelle, ce qui permet la
consécration de l’islam comme langue de gouvernement et de culture.
Au Xème siècle on assiste à un fractionnement de l’empire.

- en Afrique du Nord apparaît la dynastie fatimide ; le pouvoir passera ensuite aux


Berbères après le départ des Fatimides vers l’Egypte au XI ème siècle. Exemple : les
Zirides.

- en Espagne, les Omeyyades forment un brillant Etat ; à son déclin en 1030, de


petits Etats locaux dirigés par des Berbères apparaissent dans le sud, par des
Slaves à l’est, par des Andalous ailleurs.

- à l’est, les gouverneurs abbassides et les émirs font appel à des mercenaires
turcs, chassés des hautes terres d’Asie par les Chinois et les Mongols. Ces
mercenaires finissent y par prendre le pouvoir et créent des dynasties souveraines
comme celles des Ghaznévides, au Xème siècle, des Seldjoukides au XIème siècle

Au Moyen Âge, une vague d’expansion moins spectaculaire a cours. Elle a pour auteur
des non Arabes : Turcs, Mongols, Berbères. Ils vont porter l’islam dans des contrées
lointaines : en Afrique Noire (ex : les Almoravides, les Almohades qui développent le
commerce qui permet à l’islam de s’insinuer en Afrique Noire), en Asie mineure.

Dans la seconde moitié du XIVème siècle, une puissance nouvelle apparaît : la dynastie
ottomane, d’origine turque. Elle contrôle à la fin du XIV ème siècle, un vaste territoire. Les
Ottomans provoquent la chute de l’empire byzantin. Au XVI ème siècle, après l’effacement
des Mongols et des Mamelouks d’Egypte leur permet de s’emparer de l’Anatolie orientale,
la Syrie, la Palestine, et l’Egypte, l’Iraq, Aden, une partie de l’Afrique du Nord, l’Europe
balkanique. Parallèlement, l’empire des Grands Moghols se fonde en Inde au milieu du
XVIème siècle. Les marchands arabes et Indiens ont une influence grandissante en
Indonésie. L’expansion se poursuit en Afrique.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
133

II. ORGANISATION DU MONDE MUSULMAN

Les califes ont pour rôle de garder l'unité de l'Islam et tout musulman leur doit
obéissance. Les premiers califes étaient les chefs spirituels et temporels de l'islam. Avec
le temps, le rôle est devenu strictement temporel.

Avec l’expansion de l’islam, l’espace conquis devenu empire est divisé en provinces ayant
à leur tête un gouverneur militaire et politique – le Wali – assisté de fonctionnaires
recrutés parmi l’ancienne administration byzantine ou sassanide. L’implantation de villes
permet de mieux tenir en main les territoires.

L’armée joue un rôle important dans l’empire. Elle est placée sous le commandement des
gouverneurs de province.

A partir de la domination des Omeyyades, le califat devient héréditaire. La capitale est


fixée à Damas. Les arabes sont placés au premier rang.

Sous les Abbasides, le calife redevient l’imam. La capitale est installée à Bagdad. Le calife
exerce un pouvoir fort en s’appuyant sur une administration dirigée par un premier
ministre, le vizir ; il est soutenu par une puissante garde turque.

Le palais Azem à Damas

Il a été construit en 1749 pour Assad pacha al‑Azem, gouverneur de Damas.

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134

Commentaire

En quelques années, les arabes vont devenir maîtres d’une grande partie de l’Empire
d’Orient et de l’ancien Empire perse. Cette rapidité a stupéfié les contemporains et elle
étonne encore les historiens. On s’est d’abord demandé pourquoi les Arabes étaient sortis
de leurs pays et étaient partis à la conquête d’autres empires. Le fanatisme religieux, ou du
moins le désir de convertir les autres populations au monothéisme arabe, sont certainement
à l’origine de la conquête. Le goût du gaspillage et le désir de trouver des conditions de vie
plus favorables ont d’autre part amené les Arabes à multiplier les razzias. Enfin, la relative
facilitée avec laquelle ils ont pu pénétrer dans les territoires étrangers, les a encouragés à
continuer plus loin leurs fructueuses conquêtes. Enfin, il faut bien dire que les populations
des provinces orientales de l’Empire n’ont opposé aucune résistance aux conquérants. Les
Juifs et les monophysites se virent ainsi débarrassés de la « tyrannie des Romains ». Enfin
la perse se remettait difficilement de la défaite que lui avait infligée Héraclius…

Si les premières conquêtes arabes, réalisées au gré des circonstances, et avec des troupes
peu nombreuses ont pu permettre l’établissement permanent de la domination musulmane,
c’est que les vainqueurs n’ont pas fait figure de destructeurs. Ils ont respecté partout les
civilisations et l’organisation administrative des empires vaincus.

Pierre Riché, Grandes invasions et empires, Coll. Histoire universelle, éditions Larousse,
Paris, 1968

Questions

1°) Présentez le document

2°) Donnez un titre au texte

3°) Quels sont les facteurs qui ont favorisé la conquête musulmane ?

4°) « En quelques années, les arabes vont devenir maîtres d’une grande partie de
l’Empire d’Orient et de l’ancien Empire perse ». Commentez ce passage.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
135
Leçon 18

1. Les Arabes héritiers de la civilisation grecque

L’héritage de la civilisation grecque n’aura été transmis à l’Europe occidentale que par
l’intermédiaire des Arabes, traducteurs et continuateurs. En médecine, en astronomie, en
chimie, en géographie, en mathématiques, en architecture, les Franj ont tiré leurs
connaissances des livres arabes qu’ils ont assimilés, imités, puis dépassés. Que de mots
en portent encore le témoignage : zénith, nadir, azimut, algèbre, algorithme, ou plus
simplement « chiffre ». S’agissant de l’industrie, les Européens ont repris, avant de les
améliorer, les procédés utilisés par les Arabes pour la fabrication du papier, le travail du
cuir le textile, la distillation de l’alcool et du sucre – encore deux mots empruntés à
l’arabe. On ne peut non plus oublier à quel point l’agriculture européenne s’est elle aussi
enrichie au contact de l’Orient : abricots, aubergines, échalotes, oranges, pastèques... La
liste des mots « arabes » est interminable."

Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, Jean-Claude Lattès, 1983

2. Calligraphie sur un édifice de Meknès

3. La bibliothèque du Caire

Le samedi du mois de jumada II de l’année 395, on ouvrit au Caire la « maison de la


Science » ; on y installa des jurisconsultes et l’on y transporta des livres tirés des
bibliothèques du palais. Chacun avait la liberté d’entrer et de lire, ou de copier tout ce
qu’il voulait. Cette Maison fut ornée avec soin, décorée de tapis et de rideaux, et l’on y
attacha des intendants et des valets pour en faire le service. On y établit des lecteurs,
des astronomes, des grammairiens et des médecins. La bibliothèque que Hakim avait fait
porter renfermait des ouvrages sur toutes sortes de matières, des livres copiés de la

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
136
main des plus célèbres calligraphes. (...) On y trouvait l’encre, le papier et les plumes
dont on pouvait avoir besoin.

Al-Maqrisi (1364-1442), historien arabe

4. Un médecin de Cordoue

"Une fois la trachéotomie décidée, il faut inciser au-dessous du troisième ou quatrième


anneau de la trachée, peu largement et en travers, entre deux anneaux, de manière à ne
point intéresser les cartilages, mais seulement la membrane [inter cartilagineuse] (...).
Laissez quelque temps la plaie ouverte. Quand vous jugerez qu’il n’y a plus danger de
suffocation, vous réunirez les deux lèvres de la plaie, mais en ne comprenant dans la
ligature que la peau et non les cartilages. Vous panserez ensuite avec des médicaments
qui excitent les chairs jusqu’à la guérison (...)."

Al-Zahrawi Abulqasim (930-1013)

5. Averroès et Porphyre

6. La ville de Cordoue

"La ville de Cordoue est la capitale et la métropole d’al-Andalus, c’est le siège du califat
musulman. Les qualités des habitants de Cordoue sont trop célèbres pour qu’il soit
nécessaire d’en faire mention et leurs vertus trop évidentes pour qu’on puisse les taire.
Ils conjuguent splendeur et beauté. Ce sont les plus grands savants de cette contrée et
des modèles de piété. Ils sont renommés pour la pureté de leur doctrine, la probité de
leurs gains, la beauté de leur apparence qu’il s’agisse d’habits ou de monture, l’élévation
de leur intérêt pour les assemblées et les rangs, et leur maîtrise des mets et boissons. Ils
sont, de plus, doués du caractère le plus aimable et des manières les plus dignes
d’éloges. Cordoue ne manqua jamais de savants illustres ni de personnages distingués.
Ses marchands sont riches et possèdent des biens abondants, ils vivent dans l’aisance et
ont des montures somptueuses. Ils sont mus par une noble ambition."

Al-Idrîsî, Nuzhat al-mushtaq fî ikhtirâq al-âfâq, encore appelé Livre de Roger, Sicile, 1154

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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I. DES PROGRES SCIENTIFIQUES HERITES DE L’ANTIQUITE

La situation géographique de l’empire met les musulmans à la portée des découvertes


scientifiques gréco-romaines, indiennes et chinoises. Ils y ajoutent leurs propres
recherches. Ainsi :
 En mathématique, ils étudient l’algèbre et adoptent le zéro et les chiffres indiens
 En médecine, ils réussissent plusieurs opérations chirurgicales. Le médecin et
philosophe Averroès est considéré comme le fondateur de la médecine moderne
 En géographie, Al Idrissi publie un important traité faisant la synthèse des
connaissances en cours.
 En astronomie, ils observent les astres et effectuent des mesures grâce à
l’astrolabe. Des observatoires sont construits à Samarkand, Bagdad, Le Caire,
Cordoue
 Les Arabes reprennent à la Chine la boussole, le papier
 En chimie, les arabes distillent les alcools, fabriquent des sirops et des élixirs.

II. UNE BRILLANTE LITTERATURE

Les musulmans étudient et traduisent les textes grecs de l’antiquité. La littérature et la


poésie dans les cours des califes et les villes. Les œuvres sont variées : poèmes, textes
historiques, géographiques, philosophiques, dictionnaires, fables, contes …Les écrits sont
non seulement en arabe, mais aussi en persan et en turc.

L’étude du Coran représente la plus haute science. Le doit en découle.

Les califes fondent de grandes bibliothèques. Parmi les plus importantes celles du Caire,
de Cordoue, de Bagdad. Les riches pratiquent le mécénat, entretenant poètes et savants,
construisant des médersas (universités musulmanes)

III. UN ART AU SERVICE DE LA RELIGION

L’art musulman refuse, par crainte de l’idolâtrie la représentation des êtres animés. Il
s’exprime le mieux dans la calligraphie des versets coraniques considérée comme la
forme d’art la plus élevée. L’architecture et la décoration des mosquées et des médersas.
Les Arabes empruntent les techniques des peuples soumis : la coupole des byzantins, les
briques émaillées et les arcades persanes, les colonnes grecques …

L’art est aussi au service des hommes. Les riches édifient de somptueux palais. Pour les
besoins militaires et économiques, des citadelles, des ponts, des caravansérails sont
bâtis. Diverses formes d’art sont mis en valeur : orfèvrerie, céramique, tapisserie,
enluminures sur les livres …

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
138

Commentaire

Non seulement les musulmans redécouvrirent les philosophes grecs et traduisirent leurs
œuvres en arabe, mais ils s’adonnèrent aux études scientifiques, en partant des ouvrages
d’Hippocrate, de Galien, d’Euclide et de Ptolémée… D’autre part, la science hindoue
contribua à l’enrichissement de la pensée musulmane…

Tout l’empire musulman a subi l’influence de la culture orientale qui s’est développée à
Bagdad et dans l’ancien Empire perse. La diffusion des idées a été rendue possible par
l’instrument remarquable qu’était la langue arabe. Tous les lettrés, qu’ils soient théologiens,
savants ou poètes, qu’ils soient d’origine syriaque, iranienne, ou juive, ont utilisé l’arabe
littéraire qui a joué en Orient le rôle que la latin pouvait avoir dans l’Occident chrétien. Les
voyageurs, les pèlerins pouvaient trouver dans toutes les bibliothèques des mosquées et des
écoles musulmanes de quoi parfaire leur culture, et étaient partout chez eux.

Pierre Riché, Grandes invasions et Empires, coll. Histoire Universelle, paris, éditions
Larousse, 1968

Questions

1°) Rédigez une introduction complète à partir de ce texte


2°) Donnez un titre au texte
3°) Comment la culture arabe s’est enrichie des autres cultures ? Citez un passage
illustrant vos propos.
4°) Quels sont les apports des Arabes à la civilisation en général ?

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
139
Leçon 19

1. La Kaaba à la Mecque

2. L’islam : une unité

Il existe une communauté d’attitudes et de sentiments à travers le monde musulman.


Dans presque tous les pays musulmans, ou pays ayant une population musulmane
importante, on rencontre par exemple, les mêmes grandes confréries sunnites ; et de
plus, les populations chiites en Iran essentiellement, rejoignent aisément les objectifs de
ces confréries, objectifs religieux, spirituels, mystiques ainsi que de bienfaisance. Ces
objectifs sont parfois politiques, soit indirectement lorsqu’il ne reste que les confréries –
ou, dans le chiisme, les mosquées, - pour s’exprimer, pour manifester, voire pour
comploter (ainsi en Iran en 1978-1979), soit directement et explicitement quand une
confrérie devient un parti politico-religieux (les Frères musulmans en Egypte, dans le
monde arabe et au-delà).

Mais il y a en premier lieu une solidarité internationale de ce que l’on peut appeler
l’appareil de l’islam. Certes, il n’y a pas de clergé en islam au sens d’une hiérarchie
disposant de pouvoirs sacramentels qui découlent de la croyance, il existe un personnel
spécialisé dans les tâches du culte et de la doctrine, qui constitue dans le monde
musulman un réseau de savants « ulama », de juristes, fuqahà, de chefs de la prière,
imam, dans les innombrables mosquées ou sanctuaires de prédicateurs du vendredi, des
juges qadi pour les questions musulmanes.

Encyclopédie universelle, tome 12


3. Le chiisme

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
140

La division, perçue aujourd’hui comme fondamentale, entre chiites et sunnites prend sa


source dans les querelles politiques qui, lors de la première expansion de l'islam,
éclatèrent notamment autour de la question de la succession du Prophète.

Les chiites se définissent comme le «parti (chi’at) d'Ali», gendre de Mahomet et époux de
Fatima, qui fut le quatrième calife, de 656 à 661, après Abou Bakr, Omar et Othman. Ils
lui attribuent une sainteté éminente et un rôle presque égal à celui du Prophète, lui
conférant un droit absolu à la direction spirituelle de la communauté, ainsi qu'à ses
descendants en ligne directe: les imams, choisis selon un principe héréditaire.
L'accession au califat est l'un des points de discorde entre les chiites et les sunnites,
ceux-ci considérant Abou Bakr, Omar et Othman comme les trois premiers califes légaux
(élus dans la tribu des Quraychites), et Ali comme un calife parmi les autres, sans
prééminence. La seule fonction que les sunnites accordent aux imams est la direction de
la prière. Les chiites, quant à eux, n'admettent pas les trois premiers califes reconnus par
les sunnites, et considèrent que le califat ne pouvait légitimement revenir qu'à Ali,
gendre du Prophète. Deux événements allaient ensuite consacrer la rupture définitive
entre chiites et sunnites : la déposition de Hasan, fils d'Ali, par Moawiyya Ier (fondateur
de la dynastie des Omeyyades), et que les chiites considèrent comme le deuxième imam
légitime après Ali ; puis le meurtre de Husayn, autre fils d'Ali et troisième imam selon les
chiites, assassiné en 680 par les Omeyyades à Karbala (devenue de ce fait une des villes
saintes du chiisme). Lors de la fête annuelle d'Achoura qui commémore ces événements,
les chiites revivent, en se flagellant jusqu'au sang, les souffrances de Hasan et de
Husayn.

La majorité des chiites sont dits «duodécimains» ou «imamites», car ils reconnaissent
l'autorité de douze imams (Ali et ses onze successeurs) comme celle de véritables guides
inspirés par un décret d'origine divine rendu en faveur de la descendance d'Ali. Le
douzième et dernier imam ne serait pas mort mais aurait été «occulté» (c’est‑à‑dire qu'il
aurait mystérieusement disparu) au IXe-Xe siècle. Vivant dans un monde invisible,
l'«imam caché» (mahdi) doit revenir un jour définitivement parmi les hommes pour faire
régner la justice. Cette dimension messianique du chiisme, avec sa mystique de la
souffrance salvatrice, a été entretenue par le nombre important d'imams assassinés, ce
qui a donné naissance à une martyrologie impressionnante avec ses lieux saints
(al‑Nadjaf, Karbala...). Le chiisme duodécimain est majoritaire et est religion d'État en
Iran. D'importantes communautés chiites vivent également en Iraq et au Liban.

Encyclopédie Hachette

4. L’ayatollah Khomeiny

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
141

I. L’UNITÉ DE L'ISLAM

1. La pratique religieuse

Plusieurs signes illustrent l'unité de l'islam :


 prière rituelle orientée vers la Mecque
 la langue arabe, langue liturgique des musulmans
 le pèlerinage à la Mecque

2. Le Coran et la foi

Le Coran est le livre par excellence des musulmans. C’est aussi la base incontestée de la foi
musulmane qui s'articule autour du Dieu unique, transcendant, miséricordieux et du
jugement dernier.

3. La communauté musulmane

C’est la Umma à laquelle les musulmans ont profondément conscience d'appartenir


quelque soi leur pays.

II. DIVERSITÉ DE L'ISLAM

1. Les tendances historiques

Ni spirituellement ni juridiquement, l'islam n'est un bloc monolithique. Très tôt,


apparaissent des courants : les kharidjites, les Chiites, les Sunnites.

 Les kharidjites (1 %) sont les rigoristes de l'islam, adeptes d'un calife élu et
d'une stricte application de la loi. Contestataires, souvent violents, ils survivent
aujourd'hui au Maghreb.

 Les chiites (9 %) sont les partisans d'Ali, cousin de Mohammed et époux de sa


fille Fatima, ainsi que leurs descendants, honorés sous le titre d'imam.
Régulièrement écartés du califat, les chii tes ont développé leur propre
hiérarchie religieuse. Ils nient la prééminence d’une dynastie ou d’un
individu. Ils sont divisés en plusieurs branches : les Zaydites au Yémen,
Imâmites en Iran, Iraq et Liban, et Ismaéliens en Afrique du Nord, les Druzes
en Syrie et au Liban, les Alaouites en Syrie.

 Les sunnites (90 %) représentent la majorité satisfaite du pouvoir en place et du


califat héréditaire, supprimé en 1924. Attachés à la tradition (sunna) du
Prophète, ils se répartissent en quatre écoles juridiques aux divergences
mineures : hanafite, malékite, shafiite et hanbalite. Plus rigoriste, cette
dernière école est à l'origine du wahhabisme en Arabie Séoudite et du
renouveau musulman contemporain.

Parallèlement à l'islam officiel, sunnite ou chiite, s'est développé un courant à la


fois mystique et populaire, l'islam des soufis et des confréries dont l'import an ce
n uméri qu e et spi rit ue ll e n 'est pas à sou s -estimer. Sous la direction d'un
maître (sheikh), il s'agit de parvenir, grâce è des exercices spirituels, à la vérité, c'est-
à-dire Dieu.

Joseph KAMA et Louis Marie SENE Collège Sacré-Cœur Dakar Juin 2008
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2. Les nouveaux courants

Le mouvement réformiste lancé par l'Iranien Jamal al-Dinal-Afghani (1833-1897) a


cherché à concilier les apports scientifiques, techniques et culturels de l'Occident
avec un islam restauré dans sa pureté originelle.

À l'heure actuelle, la faveur de nombreux musul mans va au courant islamiste —


appelé aussi intégriste ou fondamentaliste — représenté par Abdul A'la Maududi
(1903-1979) au Pakistan, par les « frères musulmans » en Égypte et par la révolution
islamique de l'ayatollah Khomeiny (1902-1989) en Iran. En cherchant à rompre avec
toute influence occidentale, les islamistes visent à une application intégrale de la loi
islamique (sharia) dans la vie politique, sociale et privée des musulmans.

Manifestations islamistes en Iran

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Commentaire

Réunissant près des neuf dixièmes des musulmans du monde, le sunnisme se considère
comme orthodoxe par rapport au chiisme, qui s'en sépara au Ier siècle de l'hégire (VIIe s.
apr. J‑C) pour des raisons plus politiques que religieuses, et portant sur le mode de
désignation des califes. Il se répartit en quatre rites, ou écoles juridiques (hanafites, chafiites,
malikites et hanbalites) se distinguant par certaines variantes dans l'interprétation de la loi
traditionnelle (charia).

Les sunnites constituent l'une des trois grandes divisions de l'islam dogmatique et
théologique, à côté des chiites et des kharidjites. Se définissant négativement par rapport
aux deux autres groupes, entre lesquels ils s'essaient à une voie moyenne, les sunnites
sont, par définition, les hommes du Coran et plus encore de la sunna, c’est‑à‑dire de la
tradition de tout l'enseignement du prophète Mahomet transmis par les hadith.

Les sunnites diffèrent de l'école théologique musulmane chiite par la non‑reconnaissance du


principe de la liberté d'opinion lorsque les textes font défaut, préférant, face à ce problème, la
déduction par analogie ou l'utilisation d'un principe de consensus. De plus, les sunnites
reconnaissent la légitimité des quatre premiers califes (Abou Bakr, Omar, Othman et Ali),
continuateurs orthodoxes du Prophète à la tête de la communauté; ils se veulent les
successeurs de Mahomet et les mainteneurs de l'islam primitif, tandis que les chiites ne
reconnaissent pour successeur de Mahomet que le calife Ali. De même, un nombre
important de propos (hadith) attribués au Prophète par les sunnites ne sont pas reconnus
comme authentiques par les chiites, qui se bornent à n'enseigner que les propos rapportés
par Ali, propos que les sunnites ne reconnaissent pas dans leur ensemble.

Encyclopédie Hachette Multimédia, 2003

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Franklin Delano ROOSEVELT: Homme


d'État américain, candidat démocrate à
la vice-présidence en 1920, ses
ambitions sont provisoirement anéanties
par une attaque de poliomyélite, qui le
laisse infirme. Il est élu à la présidence
des États-Unis en 1932. Il fut réélu
en 1936, en 1940 et en 1944. Miné par
la maladie, il se laisse arracher par
Staline à Yalta (février 1945) de larges
concessions qui devaient peser lourd sur
le destin du monde.

Joseph Staline : (né Iossif


Vissarionovitch Djougachvili, il adopta, à
partir de 1912, le pseudonyme de Joseph
Staline, «l'homme d'acier»). Chef d'État
soviétique, maître incontesté de l'Union
soviétique, de 1929 à sa mort en 1953.

quitter le gouvernement. Churchill lui


succède et devient Premier ministre le
10 mai 1940. Il va devenir sans conteste
un des principaux artisans de la victoire
alliée. À la fin de la guerre, Churchill
tente d'amener Roosevelt à une attitude
plus ferme envers l'URSS, mais il ne
peut empêcher, à la conférence de Yalta,
le partage de l'Europe entre Soviétiques
et Américains. En 1945, le parti
travailliste l'emporte aux élections.
Churchill, qui anime l'opposition au
gouvernement d'Attlee, n'en demeure
pas moins une personnalité
Sir Winston Churchill : En septembre internationale de premier plan. De retour
1939, après la déclaration de guerre, au poste de Premier ministre en 1951, il
Chamberlain rappelle Churchill à son va s'efforcer de réaliser ce plan avant de
ancien poste de Premier lord de se retirer définitivement de la vie
l'Amirauté. La défaite militaire alliée, en publique en 1955.
juin 1940, contraint Chamberlain à

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Clement Attlee

Homme d'État britannique. Chef du parti


travailliste, il fut Premier ministre de
1945 à 1951. Son gouvernement mit en
œuvre une politique d'assistance sociale,
de nationalisations, d'émancipation de
l'Empire colonial britannique d'où sont
nés l'Inde, le Pakistan (aujourd’hui
Pakistan et Bangladesh), Ceylan
(aujourd’hui Sri Lanka), et la Birmanie.

Harry Truman

(Harry Swinomish Truman). Chef d'État


américain. Vice-président de Franklin
Delano Roosevelt ; il lui succéda à sa
mort, en avril 1945. Réélu à la
présidence en 1948, il devint ainsi le
trente-troisième président des États-Unis
d'Amérique.

Dwight David Eisenhower

se vit confier le commandement des


forces terrestres, navales et aériennes
tactiques alliées, chargées de libérer
l'Europe occidentale de l'occupation
allemande: c'est à ce titre qu'il dirigea le
débarquement en Normandie (opération
Overlord), en juin 1944. Nommé, en
septembre, commandant en chef des
forces alliées dans l'ouest de l'Europe, il
reçut la capitulation allemande à Reims
Promu commandant des armées alliées le 7 mai 1945.
en Afrique du Nord, Eisenhower dirigea
la campagne de Tunisie et les opérations Président des USA de 1952, il est
de débarquement en Sicile et en Italie. aisément réélu en 1956.
Rappelé à Londres en décembre 1943, il

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Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev

«Monsieur K» cumula la direction du


gouvernement et celle du parti. En
février 1956, au XXe Congrès du parti, il
dénonça «les erreurs et les crimes» de
Staline ainsi que le culte de la
personnalité. À l'extérieur, Khrouchtchev
devait inaugurer avec Kennedy la
coexistence pacifique. En octobre 1964,
il fut relevé de ses fonctions. Brejnev le
remplaça comme premier secrétaire du
En 1953, à la mort de Staline, il obtint le parti et Kossyguine lui succéda à la tête
poste capital de premier secrétaire du du gouvernement.
parti. Il À partir de mars 1958,

John Fitzgerald Kennedy

Elu président des États-Unis en


novembre 1960.
Le 22 novembre 1963, au cours d'une
visite dans la très conservatrice ville de
Dallas, capitale de l'État du Texas,
Kennedy est assassiné dans des
circonstances restées en grande partie
obscures.

Richard Milhous Nixon

Président des Etats-Unis en 1968.


L'aspect le plus spectaculaire de sa
politique étrangère fut le rapprochement
avec la Chine, concrétisé par son voyage
à Pékin en février 1972. Les rapports
avec l'URSS, placés sous le signe de la
détente, prirent également un tour
nouveau, et Nixon se rendit deux fois à
Moscou (Il fut triomphalement réélu en
1972, mais le scandale politique du
Watergate mit un terme prématuré à sa
présidence. Il démissionna le 8 août
1974

Leonid Ilitch Brejnev


Secrétaire général du parti communiste de
l'Union soviétique de 1966 à 1982. Lorsqu'il
meurt le 10 novembre 1982, il peut inscrire à
son actif le renforcement de son pays en tant
que puissance militaire. Il a engagé son
armée dans une guerre coûteuse en
Afghanistan. À l'intérieur, il n'a pas su
redresser l'économie. C'est finalement sous
Leonid Brejnev que l'image de l'URSS s'est
dégradée (dissidents, militarisme, échec
économique) et que la période de la détente
entre l'Est et l'Ouest a connu son terme.

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Fidel Castro

Compagnon de Ernesto Che Guevara, il


renverse la dictature en janvier 1959. Il
se rapproche de l’URSS et instaure le
socialisme à Cuba. Il quitte le pouvoir en
2008

Ronald Reagan

Acteur de cinéma, élu gouverneur de


Californie (1967-1975), quarantième
président des Etats-Unis en 1980Réélu
en 1984, il maintint sa politique de
fermeté à l'égard de l'URSS et de ses
alliés, encouragea le programme
d'armements de la «guerre des étoiles»,
mais signa en 1987 avec Mikhaïl
Gorbatchev un accord visant l'élimination
des missiles à moyenne portée.

Gorbatchev

Secrétaire général du PCUS le


11 mars 1985, il engage l'Union
soviétique dans une série de réformes
radicales. Élu en 1990 président de
l'URSS, il subit la rivalité du président de
la république de Russie, Boris Eltsine. Il
démissionne en 1991

Mao zedong (1893-1976) Zedong est l’un des fondateurs du parti


communiste chinois en 1921. Après
l’échec des soulèvements de 1927, il
organise dans la région du Jiangxi une
première République soviétique chinoise.
Combattu par les nationalistes, il se
replie vers le nord au cours de la
« longue marche » (1934-1935)
4Linvasion japonaise de 1937 l’amène à
une alliance avec les nationalistes, puis
la guerre civile reprend de 1945 à 1949.
Président du comité central mais écarté
du pouvoir pendant un moment, Mao
lance la « Révolution culturelle » en
Fils d’un propriétaire aide bibliothécaire à 1965 et rétablit sa dictature jusqu’a sa
l’université de Pékin en 1919, Mao mort en 1976.

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de mesures déjà proposées en 1964 et


Deng Xiaoping 1975, mais appliquées seulement à
partir de 1978 pour moderniser les
principaux secteurs de l’économie
chinoise. Il s’agit d’une nouvelle ligne qui
vise à faire disparaître la priorité au
politique sur l’économie. Sur le plan
politique, Deng reste attaché aux
principes communistes traditionnels. Il
relance cependant les réformes en 1992
en adoptant l’économie de marché. Il se
retire du pouvoir en 1993. il avait alors
89 ans.
Sa devise : « Peu importe que le chat
soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape
Deng Xiaoping est né en 1904 et mort en les souris
1997. Revenu au pouvoir après la mort
de Mao, il propose « les Quatre
Modernisation ». Il s’agit d’un ensemble

Gandhi

Avocat de formation, il lutte contre les


Anglais à partir de 1915, en appliquant
les méthodes de non-violence. Son
action conduit l’Inde à l’indépendance,
mais il assassiné en 1948 par un
extrémiste hindou

Thierry d'Argenlieu, (en religion TRP négociés entre Jean Sainteny et Hô Chi
Louis de la Trinité). Minh, il ordonne le bombardement du
port d'Haïphong. Il reprend la vie
Arès ses études à l'École navale, il prit monastique en 1948, conservant
dans l'ordre des Carmes le nom de frère cependant jusqu'en 1958 sa fonction de
Louis de la Trinité. Il sera mobilisé 1940. grand chancelier de l'ordre de la
En 1945, il est nommé amiral et haut- Libération.
commissaire en Indochine. Ouvertement
opposé au général Leclerc et aux accords

Maréchal Leclerc
Philippe Marie, comte de Hauteclocque,
dit Philippe Marie Leclerc. Maréchal de
France. Il participa en 1943 aux
campagnes de Tripolitaine et de Tunisie.
En 1944, il débarqua en Normandie à la
tête de la 2e division blindée, qui entra à
Paris le 24 août. Envoyé en Indochine en
août 1945 comme commandant
supérieur des troupes françaises, il
dégagea Saigon et occupa Hanoi (mars
1946). Il trouva la mort dans un accident
d'avion et reçut le bâton de maréchal à
titre posthume en 1952.

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Hô Chi Minh Sud-est aux réunions du Kominterm, où
il condamna la politique coloniale du
Parti communiste français. En 1925, il
partit pour la Chine, puis voyagea en
Asie du Sud-est pendant plusieurs
années.

En 1930, il créa le parti communiste


indochinois, au sein duquel il imposa
rapidement son leadership : Le Vietminh.

Dès décembre 1946, Hô Chi Minh reprit


la lutte. La guerre dura jusqu'à la défaite
(Dit aussi Nguyên That Thanhou Nguyên des Français à Diên Biên Phu, en mai
Ai Quôc). 1954 ; le 20 juillet 1954, par les accords
de la conférence de Genève, Hô Chi Minh
Fondateur du parti communiste accepta le partage du Viêtnam. Il devint
indochinois le premier président de la République
démocratique du Viêtnam.
Journaliste, il fonda le Paria, organe de
l'Union intercoloniale. En 1924, à
Moscou, il fut le représentant de l'Asie du

Bao Dai Vietminh (août 1945), dont il devint le


«conseiller suprême». À partir de 1949,
Empereur d'Annam (1925) sous le il s'efforça, avec l'aide de la France,
protectorat français, il proclama d'imposer son autorité au Viêt‑ nam en
l'indépendance du Viêtnam (11 mars guerre. Il fut déposé en 1955.
1945), mais il dut abdiquer quelques
mois plus tard sous la pression du

Nehru non alignement. Dans l'Inde des années


1930-1940, il représenta la voie laïque
face aux conceptions plus religieuses de
Gandhi ou de Patel, et chercha une
entente avec la Ligue musulmane. Il
incarna la modernisation de son pays, et
combattit sans trêve les tendances
traditionalistes qui s'exprimaient au sein
de son propre parti.
Lorsque l'indépendance fut acquise, en
août 1947, Nehru resta Premier ministre
— il conserva ce poste jusqu'à sa mort.
Jawaharlal Nehru fut celui qui donna ses
fondements théoriques au concept de

David Ben Gourion

Il joua un rôle déterminant dans la


création d'Israël et la politique de cet
État.

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Yitzhak Rabin scandale ayant impliqué notamment son


épouse. Ministre de la Défense (1984-
1990), il occupe de nouveau le poste de
Premier ministre en juin 1992, à la suite
de la victoire des travaillistes aux
élections législatives. Cet homme
politique, qui connut et fit la guerre
avant de tendre la main à Yasser Arafat
et de promouvoir la paix, avait obtenu
avec ce dernier et Shimon Peres le prix
Général et homme politique compris Nobel de la paix en 1994. Il disparaît,
Jérusalem Est. assassiné par un extrémiste israélien, un
peu plus d'un mois après la signature, le
Élu à la Knesset, il est nommé ministre 28 septembre 1995, des accords de Taba
du Travail dans le gouvernement de (Égypte) entre Israël et l'OLP.
Golda Meir. Prenant la tête du parti
travailliste et du gouvernement en
avril 1974, il démissionne de son poste
de Premier ministre, en 1977, après un

Yasser Arafat quitter le Liban à la suite de l'opération


«Paix en Galilée» organisée
conjointement par l'armée israélienne et
les milices chrétiennes libanaises. Le
nouveau siège du mouvement
palestinien est installé à Tunis. L'OLP
connaîtra une scission de 1983 à 1987.
En 1988, le Conseil national de la
Palestine, instance dirigeante de l'OLP,
proclame l'existence d'un État palestinien
et nomme en 1989 Yasser Arafat chef de
En février 1969, Yasser Arafat devient cet État.
président de l'OLP. En 1982, l'OLP, Il est mort en 2004.
installée à Beyrouth, est contrainte de

Léopold Sédar Senghor Enseignant à l'École française d'outre-


mer, de 1948 à 1958, il commence en
outre, dès cette époque, une brillante
carrière d'homme politique et d'écrivain.
Léopold Senghor crée, en 1958, avec
Mamadou Dia l'Union progressiste
sénégalaise; député du Sénégal à
l'Assemblée nationale française de 1946
à 1959, puis sous‑ secrétaire d'État
(1955-1956), il devient président de
l'Assemblée fédérale du Mali, en
avril 1959; lors de la dissolution de cette
Il effectua à Paris de brillantes études fédération il est nommé président de la
(École normale supérieure, agrégation de République du Sénégal
lettres).

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Amilcar Cabral assassiné en 1973 deux mois avant la
formation de la Guinée Bissau.
Il lutta pour l'indépendance de la Guinée
portugaise et des îles du Cap-Vert et fut

Kwamé Nkrumah

Homme d'État ghanéen Principal artisan de l'indépendance du Ghana (ex Gold Coast),
acquise en 1957, il fut d’abord Premier ministre, puis président de la République (1960).
Il se para du titre de « Rédempteur » et instaura un régime autocratique placé sous le
signe du socialisme marxiste. Un coup d'État

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