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FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 1

THEME A : LE MONDE CONTEMPORAIN


PREMIERE PARTIE : LE MONDE AU LENDEMAIN DE LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE DE 1945 A 1990
LECON N°1 : LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE ET LES REGLEMENTS DU CONFLIT
Objectifs :
OG : Analyser l’impact de la seconde guerre mondiale et les enjeux des règlements du conflit
OS1 : Evaluer l’impact de la seconde guerre mondiale au plan humain, matériel, économique, politique et moral
OS2 : Analyser les étapes et les résultats des règlements du conflit.
INTRODUCTION
La Seconde Guerre mondiale a entrainé un bouleversement majeur dans l’histoire de l’humanité par son ampleur mais
également par l’importance de ses conséquences. Elle représente aussi un tournant dans l’histoire des relations
internationales avec l’émergence des Etats-Unis et de l’URSS qui sont les deux nouvelles puissances qui entendent
mettre en place de nouvelles valeurs et de nouvelles institutions destinées à résoudre les conflits.
I- LES CONSEQUENCES DE LA GUERRE
1- LE BILAN HUMAIN, FINANCIER ET MATERIEL
a- LE BILAN HUMAIN : UNE HECATOMBE DEMOGRAPHIQUE
Avec un bilan humain tournant autour de 50 millions de morts, la deuxième Guerre mondiale apparaît comme le
conflit le plus sanglant de toute l’histoire de l'humanité. Les pertes civiles sont énormes. Aux pertes directes, il faut
ajouter les pertes indirectes liées à la diminution des naissances (séparation des couples avec la mobilité des hommes),
à l’augmentation de la mortalité due aux famines, aux épidémies et aux mauvaises conditions de vie.
b- DE LOURDES PERTES FINANCIERES ET MATERIELLES
Le bilan matériel et financier de la Seconde Guerre mondiale est amer. On a qualifié le second conflit mondial de
guerre totale dans la mesure où les ressources et le matériel de production ont été utilisés jusqu’à l’extrême limite
de l’usure. Les dépenses militaires ont été considérables (plus de 1 000 milliards de dollars). Par exemple les Etats-
Unis ont dépensé 32 milliards de dollars lors de la Grande Guerre contre 340 milliards lors de la Seconde Guerre
mondiale. Les destructions matérielles ont été énormes. En 1945, l’Europe est un amoncellement de ruines : l’URSS
à la suite de la tactique de la « terre brûlée », l’Allemagne, la France et les Pays-Bas sont les plus touchés. En URSS par
exemple, 1 700 villes, 70 000 villages et 6 millions de maisons sont endommagés ou détruits. La Pologne et la
Yougoslavie ont perdu 38 % de leur potentiel industriel. Des villes entières sont à reconstruire après les
bombardements : Varsovie, Hambourg, Caen, Coventry, Hiroshima, Nagasaki, etc. Les communications sont
désorganisées : les chemins de fer sont particulièrement atteints ainsi que les ponts et les routes.
Le financement de l’effort de guerre considérable a pris plusieurs formes : privations, généralisation de l’impôt,
recours à l’emprunt extérieur… Tout cela eut comme conséquence un endettement massif de certains pays
belligérants, en particulier ceux de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. D’ailleurs, les Etats-Unis et, dans une moindre
mesure, l’URSS, le Brésil, l’Argentine, l’Australie ont profité de la guerre pour développer leurs économies. Par contre,
pour les pays appauvris et ruines par le conflit, c’est immense effort de reconstruction qui s’impose.
2. LE BILAN MORAL ET POLITIQUE
a- LE BILAN MORAL
C’est sans doute le bilan le plus difficile à apprécier. Les bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, la découverte
macabre des camps de concentration (Auschwitz, Treblinka en Pologne) ont fini de provoquer des bouleversements
psychologiques qui ont conduit les pays vainqueurs à ouvrir un tribunal (Procès de Nuremberg du 20 Novembre 1945
au 1er Octobre 1946) pour juger les criminels de guerre au nom de la conscience universelle.
b- LE BILAN POLITIQUE
La fin de la guerre débouche sur l’avènement d’une ère nouvelle marquée par :
- La primauté américaine : Economiquement et politiquement, les Etats-Unis sortent considérablement renforcés de
la guerre. Leur puissance économique est sans égale.
- Le positionnement de l’URSS comme 2ème puissance mondiale : Le rôle de l’Armée rouge dans la défaite hitlérienne
lui a donné un prestige sans précédent. Son influence est prépondérante dans les pays est- européens.
- Le déclin de l’Europe : Ruinée et dévastée, l’Europe est incapable de jouer le même rôle qu’autrefois. Le processus
de décadence amorcé au lendemain de la Première Guerre mondiale s’accentue.
- La remise en question de l’ordre colonial : La Seconde Guerre mondiale a signé la fin des empires coloniaux. Elle a
précipité les revendications indépendantistes dans ces empires où l’affaiblissement des puissances européennes a
stimulé les mouvements nationalistes qui réclament l’indépendance (décolonisation).
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II- LES REGLEMENTS DU CONFLIT
Il s’agit d’un ensemble d’accords et de traités préparés par les alliés au cours ou après la guerre. Ils portent sur les
offensives à engager pour la libération des pays occupés, sur les sanctions infligées aux vaincus et sur la création de
l’ONU.
1- LES CONFERENCES POUR ORGANISER LE MONDE DE L’APRES-GUERRE
a- LA CONFERENCE DE TEHERAN (IRAN)
Du 28 Novembre au 1er Décembre 1943, cette conférence réunit Roosevelt (USA), Winston Churchill (Royaume Uni)
et Staline (URSS). A l’issue de cette rencontre, 3 décisions ont été arrêtées : L’ouverture d’un front à l’Ouest, la
balkanisation de l’Allemagne pour l’affaiblir et le rétablissement des frontières de la Pologne.
b- LA CONFERENCE DE YALTA
Après la Conférence de Téhéran, les trois grandes puissances alliées (Etats-Unis, URSS et Angleterre) se retrouvent à
Yalta, une station balnéaire soviétique sur les bords de la mer Noire, en Crimée (dans l’actuelle Ukraine). Cette
conférence qui s’est déroulée du 4 au 11 février 1945, a réuni Franklin D. Roosevelt, Joseph Staline et Winston
Churchill. Ces trois dirigeants traduisaient ainsi leur volonté de continuer leur collaboration pour résoudre ensemble
les problèmes de l’après-guerre.
La Conférence de Yalta a adopté trois résolutions majeures : l’occupation et le contrôle de l’Allemagne, la déclaration
sur l’Europe libérée portant sur le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et le principe de la création de
l’Organisation des Nations (ONU).
En ce qui concerne l’Allemagne, les trois puissances conviennent que ce pays sera démilitarisé et divisé en quatre
zones d’occupation américaine, britannique, soviétique et française. La ville de Berlin sera elle aussi divisée en quatre
secteurs d’occupation.
c- LA CONFERENCE DE POSTDAM (ALLEMAGNE)
Elle s’est tenue du 17 Juillet au 02 Août 1945 avec Henry Truman, Clément Attlee, et joseph Staline. Cependant cette
rencontre se déroule dans un climat de tension. Truman se sent le plus fort car disposant de la bombe atomique
depuis le mois d’Août 1945. Quoi qu’il en soit, les grands tombent d’accord sur un certain nombre de principes comme
le jugement des criminels de guerre, la démocratisation, la dénazification, le montant de réparation de guerre que
doit verser l’Allemagne (20 milliards de dollars).
2- D’AUTRES RENCONTRES POUR ACHEVER LA GUERRE ET GERER LA PAIX
a- LA CONFERENCE DE SAN FRANCISCO ET LA NAISSANCE DE L’ONU (AVRIL-JUIN 1945)
Plusieurs rencontres ont abouti le 26 Juin 1945 à l’adoption (par 51 Etats) de la Charte des Nations Unies qui met en
place l’ONU (Organisation des Nations Unies). L’organisation est entrée en vigueur le 24 octobre 1945 après la
ratification de la Charte par les principaux membres fondateurs. L’ONU a comme objectifs d’assurer la paix et la
sécurité dans le monde, renforcer la solidarité et la coopération entre les pays en résolvant les problèmes d’ordre
économique, social, culturel ou humanitaire. L’ONU développe aussi les relatons amicales dans le respect de la non-
violence, de l’égalité des Etats et des droits de l’Homme.
b- LA CONFERENCE DE PARIS (29 JUILLET 1946 - 10 FEVRIER 1947)
Les traités de paix signés avec les Alliés de l’Allemagne (Italie, Birmanie, Bulgarie, Hongrie…) ont été discutés à Paris
de Juillet à Octobre 1946 et signés le 10 Février 1947. Ils portaient sur les frontières respectives de l’URSS, du Japon,
de l’Allemagne et de la Pologne.
c- LA CONFERENCE DE BRETTON WOODS
C’est une conférence monétaire et financière qui s’est tenue du 1er au 22 juillet 1944 aux Etats Unis avec la présence
de 44 nations. L’objectif fondamental était de poser les bases d’un système monétaire international plus stable afin
d’éviter une crise économique. Cette rencontre sera à l’origine de la mise en place du FMI et de la banque mondiale
qui ont pour objectif d'assurer la reconstruction et le développement économiques du monde après la guerre.

CONCLUSION
La Deuxième Guerre mondiale, avec ses conséquences dévastatrices, a été un véritable désastre de l’humanité. Les
règlements du conflit sur la base de la force constituent une source de futurs problèmes. Le rôle international de
l’Europe diminue considérablement devant l’hégémonie américaine et soviétique. Mais les intérêts contradictoires
des Etats-Unis et de l’URSS s’acheminent vers une division du monde qui se dessine sous la forme d’une bipolarisation
: la guerre froide.
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DOSSIER sur l’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)
INTRODUCTION
L’Organisation des Nations Unies (ONU) est une association internationale d’Etats nations, fondée en 1945 dans le but de
« maintenir la paix et la sécurité internationales », de « développer entre les nations des relations amicales fondées sur le
principe du respect de l’égalité de droit des peuples et de leur droit de disposer d’eux- mêmes », de « réaliser la coopération
internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordres économique, social, intellectuel ou humanitaire » et
d’inciter au « respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». La nouvelle organisation mise sur pied a son
siège à New York et entre officiellement en fonction le 24 octobre 1946, avec comme premier secrétaire le Norvégien
Trygve Lie (1946-1962).

I- HISTORIQUE ET FONCTIONNEMENT DE L’ONU


1- LES ORIGINES DE L’ONU
Les Etats-Unis ont été avec Wilson, puis Roosevelt les initiateurs de l’ONU. En effet, l’échec de la SDN a conduit les alliés à
envisager la création d’une organisation internationale capable de garantir la paix et la sécurité dans le monde.
Dès 1941, dans la charte de l’Atlantique signée à Terre-Neuve, Roosevelt et Churchill proposent qu’après la destruction de
la tyrannie nazie, soit établi un nouveau système garantissant la paix mondiale. En janvier 1942, les Etats engagés dans le
cadre de la grande alliance (proclamée « nations unies »), avaient signé à Washington la « déclaration des Nations Unies »,
dans laquelle ils s’engageaient à mettre en œuvre un système de paix et de sécurité.
Les travaux de la conférence de Dumbarton Oaks (septembre-octobre 1944), et de Yalta de février 1945 ont fini de
convaincre le dirigeant soviétique qui accepte la proposition anglo-américaine.
Le 25 avril 1945, les délégués de 51 nations, toutes en guerre contre l’Axe, se réunissent à San Francisco pour mettre au
point de manière définitive les principes devant régir l’Organisation.
La Charte des Nations Unies est élaborée et signée le 26 juin 1945 par les pays fondateurs, le siège de l'ONU est établi à
New York.
2- ORGANES ET FONCTIONNEMENT DE L’ONU
L’O.N.U. fonctionne grâce à six organes principaux :
- L’Assemblée générale : c’est l’organe de délibération de l’ONU. Tous les États membres y sont. Chacun d’entre eux (petit
ou grand) dispose d’une voix de vote.
- Le conseil de Sécurité : C'est le principal organe « aristocratique » de l’ONU. Il comprend 15 membres dont cinq
permanents : ce sont les grandes puissances (Etats- Unis, l’URSS, le Royaume-Uni, la France et la Chine). Les autres sont
élus par l’Assemblée pour deux ans. Les 5 membres permanents possèdent un droit de veto suspensif (Un seul veto peut
empêcher le Conseil d'appliquer ses décisions). On l’appelle « véto des grandes puissances ».
- Le Secrétariat général : Le Secrétariat est l’organe administratif des Nations-Unies. Il est présidé par un secrétaire général,
nommé par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité, pour un mandat de 05 ans renouvelable.
- Le Conseil économique et social : coordonne les activités économiques, sociales, culturelles et relatives aux droits de
l’homme des Nations unies et de ses agences spécialisées.
- Le Conseil de tutelle : est l’organe principal chargé de contrôler l’administration et la surveillance des territoires placés
après la 2eme guerre mondiale sous la tutelle de l’ONU. Cet organe a aujourd’hui presque achevé sa mission.
- La Cour internationale de justice : elle a son siège à La Haye. La cour est l’organe judiciaire de l’ONU composée de quinze
juges qui siègent comme membres, élus pour un mandat de neuf ans par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.
L’organisation dispose également des agences spécialisées qui sont chargées de la coopération intergouvernementale en
dehors du domaine politique. Les plus importantes sont l’OMS créée en 1946 et dont le siège est à Genève ; la FAO entrée
en fonction en 1945, elle est basée à Rome ; l’ OIT dont l’existence remonte à la SDN, a été rattachée à l’ONU en 1946 ;
l’UNESCO également créée en 1946 à Paris ; le HCR, organisme international créé en 1950 afin de coordonner l'action
internationale pour la protection des réfugiés ; l’UNICEF créée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1946 ou
encore du FMI, de la BIRD ou Banque mondiale etc.

II- BILAN DE L’ONU A MI-CHEMIN


a- LES REALISATIONS COMME PREUVE DE SON UTILITE
Dès sa création, l’ONU s’est fixée comme objectifs fondamentaux : garantir la paix et la sécurité, protéger les droits de
l’homme, régler les conflits internationaux par la voie pacifique… Ses réalisations sont visibles dans plusieurs domaines :

- Au plan politique : l’ONU a mené de nombreuses actions de paix dans le monde. En effet, les « casques bleus » de l’ONU
s’interposent souvent entre les belligérants (ONUCI, MINURSO, FUNIL…). Ils peuvent aussi repousser les agresseurs comme
ce fut le cas en Corée en 1950, au Koweït en 1990. Ainsi, pour leur contribution au maintien de la paix dans le monde, les
« casques bleus » ont obtenu en 1988 le Prix Nobel de la paix.
Par la médiation, le secrétaire de l’organisation réussit parfois à dénouer des crises : U Thant a préservé le monde d’une
guerre nucléaire lors de la « crise des fusées » en 1962, Javier Pérez de Cuellar est à l’origine de la fin de guerre entre l’Iran
et l’Irak (1980-1988).
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En 2001, l’ONU et son secrétaire général, qui a officiellement reconnu et admis l’échec « honteux » de l’ONU lors des
conflits yougoslaves et rwandais, se voient décerner conjointement le prix « Nobel de la paix « pour leur travail en faveur
d’un monde mieux organisé et plus pacifique ». Ainsi que pour leur mission au Kossovo et au Timor Oriental.
L’ONU a également contribué à la décolonisation en Afrique. En effet, elle constitue une tribune où toutes les nations
grandes ou petites peuvent se faire entendre. En 1957, elle s’est penchée sur le problème algérien malgré les protestations
de la France qui fit valoir que les « départements algériens » ne relevaient que des « affaires intérieures françaises ». Par
sa déclaration anticolonialiste de 1960, la majorité de l’Assemblée générale réclame l’indépendance immédiate de tous les
pays encore sous domination conformément au « droit des peuples à disposer d’eux- mêmes ».

- Au plan socio- économique : avec le concours de ses institutions spécialisées, l’ONU a réalisé plusieurs actions allant dans
le sens d’améliorer les conditions d’existence des populations. C’est ainsi que l’OMS participe à l’éradication des maladies
et à la découverte de nouveaux médicaments ; l’UNESCO permet l’accès à l’éducation à de nombreux analphabètes ; la FAO
apporte une assistance technique aux pays en voie de développement (notamment dans le domaine agricole en vue
d’atteindre l’autosuffisance alimentaire), le PAM vient en aide aux populations victimes de la famine, le HCR protège et
assiste plus de 12 millions de réfugiés dans le monde, l’UNICEF mène des actions contre le travail des enfants, l’esclavage,
les arrestations arbitraires, le trafic de la drogue…Parallèlement, le FMI et la BM participent à la réalisation de projets de
développent notamment dans les pays du tiers- monde. L’ONU a également recommandé aux pays riches d’accorder 1%
de leur PIB à l’aide aux pays en difficulté.
Malgré ces réalisations, l’Organisation est confrontée à de graves problèmes d’efficacité.

b- LES LIMITES COMME PREUVE DE SON INEFFICACITE


- Au plan politique l’ONU a été tournée en dérision depuis sa création notamment par les dirigeants des grandes puissances
du « nid d’agents de l’impérialisme » de Staline, à la « maison des morts » de Reagan en passant par le « machin » du
général De Gaulle (Claire Tréan, le Renouveau des Nations Unies in Le Monde, janvier 1989). Pendant la guerre froide,
l’action de l’ONU a souvent été paralysée par l’utilisation abusive du droit de veto par les puissances rivales. Et Daniel Colard
(dans : les 50 ans de l’ONU, un bilan contrasté, Paris 1994.) de souligner que « de 1945 à 1985, les Etats- Unis ont recouru
au véto 42 fois, la Grande- Bretagne 23 fois, la France 15 fois, la Chine 4 fois, l’URSS détient le record avec 116 veto ».
L’ONU a également montré son incapacité à remplir la première de ses missions c'est-à-dire la résolution des conflits. Et
Claire Tréan de constater avec regret que : « l’Assemblée générale n’avait cessé d’adopter des résolutions, de dépêcher des
médiateurs mais ici le sang continuait de couler ». Même si la fin de la guerre froide a permis de lever le blocage du système,
l’ONU est toutefois affaiblie par la disparition du contrepoids que constituait l’URSS. Aujourd’hui, les Etats- Unis, unique
superpuissance agissent souvent de manière unilatérale. Leur intervention en Irak en 2003 sans aval du conseil de sécurité
en est une parfaite illustration. Par ailleurs, la composition du conseil de sécurité ne reflète plus les rapports de forces
internationaux actuels. Aussi certains pays réclament- t-ils avec insistance et à juste raison le statut de membres
permanents : c’est le cas du Japon (2econtributeur de l’ONU), de l’Allemagne (3e bailleur), de l’Union Africaine (qui réclame
au moins deux membres permanents) ou encore du Brésil (14e bailleur).

- Sur le plan socio- économique : l’ONU est confrontée à des difficultés financières. Ses charges de fonctionnement sont
lourdes alors que de nombreux pays ne sont pas à jour de leurs cotisations. Les Etats- Unis sont les plus importants bailleurs
de fonds de l’ONU avec 24,48% du budget de l’organisation. Ce poids économique permet à ce pays d’imposer sa volonté.
Par ailleurs l’organisation n’a pas réussi à éviter le lourd endettement des pays sous-développés qui s’enfoncent de plus en
plus dans la pauvreté et la misère. Sur 6,5 milliards d’individus, 1,2 milliards vivent avec moins de 1 dollar par Jour ; plus
d’un milliard n’ont pas accès à l’eau potable ; 13 millions d’enfants ne sont pas scolarisés…Et faudrait-il le rappeler que la
pauvreté constitue un des terreaux sur lesquels se développent la violence et le terrorisme international.

CONCLUSION
Après plus de 60 ans d’existence, l’ONU présente un bilan mitigé. Certaines critiques sont fondées mais il faut reconnaître
que l’organisation a fait des efforts considérables (aides, subventions, soutien aux mouvements de décolonisations, solution
de certains conflits, etc.). Face aux nombreuses difficultés de l’organisation, il est nécessaire de prendre des mesures
susceptibles d’insuffler une nouvelle dynamique aux Nations Unies car, comme l’affirme Samantha Power (dans Le Monde
diplomatique, septembre 2005) « même si l’ONU a échoué à bannir la guerre, elle demeure indispensable à la recherche
de la paix ». Aujourd’hui une réforme de fond s’impose.
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SUPPORTS ET EXERCICES
Document 1 : Le bilan de la seconde guerre mondiale
Encore que les historiens ne soient pas d’accord sur leur chiffre exact, il est vraisemblable que le conflit avait entraîné
la mort de 45 millions d’hommes en Europe et d’une dizaine de millions en Asie. Les populations civiles des nations à
plus forte densité avaient été beaucoup plus éprouvées que les troupes des principaux belligérants. Les massacres
perpétrés par les Allemands en Europe occidentale et par les japonais en Asie du Sud-est d’une part, les
bombardements stratégiques d’autre part, avaient entraîné des conséquences beaucoup plus meurtrières que les
chocs des corps de bataille au combat. Si les pertes en vies humaines des Anglo-saxons avaient été relativement faibles
- moins de 800 000 au total dont 500 000 dans le camp britannique - la Pologne avait perdu 25 % de sa population, la
Russie, l’Allemagne et la Yougoslavie 10 %, la Grèce 7,5 %, le Japon près de 3 % et la Chine 1,5 à 2 %.
Les destructions étaient considérables et tous les anciens belligérants, à l’exception des Etats-Unis d’Amérique étaient
fortement endettés… Si la guerre avait enrichi les Etats-Unis et, en dépit des pertes en vies humaines et des
destructions, relancé l’industrie soviétique, elle avait par contre ruiné la Grande-Bretagne et la France. Deux ans après
la capitulation des forces de l’Axe, les économies de la plupart des Etats, vainqueurs ou vaincus, étaient toujours en
crise et Washington redoutait que la persistance d’un tel désordre devienne à long terme le plus efficace fourrier du
communisme.
J. Bloch-Morhange, Vint années d’histoire contemporaine, Paris, 1960
CONSIGNE
1. Présenter le texte puis préciser le contexte historique des évènements qui y sont relatés.
2. Identifier puis analyser les principales idées évoquées dans le texte.
3. Dégager la portée historique du texte.

Document 2 : Les Grandes rencontres interalliées


Dates et lieux Participants Décisions prises
Terre-neuve, sur le Winston Churchill, Charte de l’Atlantique : « tout peuple a le droit de choisir sa
Potomac 9 et le 12 aout Franklin Roosevelt propre forme de gouvernement et que l’on ne peut imposer
1941. Le texte publié le des changements de frontière. »
14 aout.
Téhéran F. Roosevelt (USA) Promesse d’ouverture du front occidental à Staline ; Staline
28 nov.- 2 déc. 1943 W. Churchill (GB) accepte le principe du démembrement de l’Allemagne.
J. Staline (URSS)
L’URSS s’engage à entrer en guerre contre le Japon ;
Yalta Acceptation de l’annexion des Etats Baltes par l’URSS en
4 - 11 fév. 1945 J. Staline 1941 et de l’Est de la Pologne ; Fixation provisoire des
W. Churchill frontières polonaises à la ligne Oder-Neisse ; Occupation
F. Roosevelt quadripartite de l’Allemagne et Berlin ; Engagement
d’établissement de régimes démocratiques dans les
territoires libérés sous contrôle des 4 Grands === La France
est hissée au rang de vainqueur.
San Francisco Délégués de 51 pays
25 avril - 26 juin 1945 tous en guerre contre Charte de l’ONU.
l’Axe
Potsdam Harry Truman (USA) Fixation des réparations allemandes ; Principe d’application
17juil. - 2 aout 1945 W. Churchill puis des 3D pour contrôler l’Allemagne ; dénazification +
Clément Attlee (GB) démantèlement de l’industrie lourde allemande +
Joseph Staline (URSS) démilitarisation ; Principe retenu du procès de
Nuremberg=== désaccord EU/URSS sur la Grèce,
Yougoslavie, Hongrie, Roumanie.

Document 3 : La Charte des Nations-Unies


La Charte contient 19 chapitres et 111 articles. Elle définit d’abord les principes et les buts de l’Organisation, puis elle
décrit les différents organes et leur fonctionnement.
Le but essentiel de l’Organisation des nations unies est évidemment de « maintenir la paix et la sécurité
internationale » par des mesures collectives efficaces. Il faut « préserver les générations futures du fléau de la guerre
qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ».
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Pour y parvenir, les membres de l’Organisation placés sur un pied d’égalité, s’engagent à remplir les obligations que
leur impose la Charte, « à régler leurs différends internationaux par des voies pacifiques », sans « recourir à la menace
ou à l’emploi de la force ». Ils donnent à l’Organisation leur assistance la plus loyale chaque fois que l’Organisation a
besoin d’eux. Sûre de sa puissance, elle est en mesure d’obliger les Etats non membres à agir selon ses propres
principes.
Mais la paix n’est pas le seul objectif des Nations unies. Les signataires de la Charte se déclarent aussi résolus à
proclamer leur foi dans les droits fondamentaux de l’Homme, dans la l’égalité des droits des hommes et des femmes,
ainsi que des nations grandes et petites. Ils sont partisans des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de
race, de sexe, de langue ou de religion. Ils affirment le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’organisation des
Nations unies évitera « d’intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un
Etat.
J.B. Duroselle et A. Kaspi, Histoire des relations internationales de 1945 à nos jours, tome 2,
Paris Armand Colin, 2004.
Document 4 : Un bilan d’étape pour l’ONU
« L’ONU fête aujourd’hui son cinquantième anniversaire. En un demi-siècle, elle a profondément modifié toute
l’histoire de l’humanité. Et, en dépit des difficultés, des troubles et des turbulences de notre histoire immédiate, l’ONU
a pu rester fidèle aux idéaux de paix et de progrès que lui avaient assignes, à San Francisco, les pères fondateurs de la
charte.
En érigeant l’impératif de paix comme objectif suprême, l’ONU a réalisé l’un des plus vieux rêves de l’humanité. En
œuvrant pour le développement économique, elle a porté aide et assistance aux plus pauvres de la planète. En luttant
pour la promotion de la démocratie, elle a rendu l’espoir à tous ceux qui souffrent des inégalités et des injustices.
En affirmant, dès son préambule, l’égalité des Droits des Hommes et des Femmes, ainsi que des Nations grandes et
petites, elle a placé l’impératif de démocratisation au centre de ses préoccupations ».
Source : Message du Secrétaire général Boutros Ghali à l’occasion de la journée des Nations Unis,
le 24 octobre 1995.
CONSIGNE :
1. Présenter le texte et son auteur.
2. Retracer sommairement les grandes étapes de la création de l’ONU.
3. Commenter le passage souligné du texte en insistant sur les réalisations de l’ONU.
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LEÇON 2 : LES RELATIONS EST/OUEST : DE LA GUERRE FROIDE A LA CHUTE DU MUR DE BERLIN.


Objectifs :
OG : Analyser les enjeux de la confrontation Est-Ouest ; expliquer l’impact de la guerre froide et des tensions
idéologiques dans les relations internationales de 1945 aux années 90.
OS1 : Analyser les causes et les enjeux de la confrontation Est-Ouest
OS2 : Analyser l’impact de cette confrontation dans les relations internationales
OS3 : Analyser les perspectives ouvertes par la fin de la guerre froide.
INTRODUCTION :
La capitulation allemande et celle japonaise respectivement le 8 mai et le 02 septembre 1945 mettent fin à la seconde
guerre mondiale. Toutefois, cette guerre, de par son dénouement, a engendré un conflit de type nouveau : la Guerre
froide. Cette dernière, de travers ses manifestions, a dominé les relations internationales de 1945 à 1991.
I. LES ORIGINES DE LA GUERRE FROIDE OU DES CONFRONTATIONS EST-OUEST (1945-1947).
Chronologiquement, la guerre froide a débuté en 1947. Il s’agit d’une opposition indirecte, idéologique, stratégique,
diplomatique entre les Etats-Unis et l’URSS. Ce conflit est né de la combinaison de plusieurs facteurs. Parmi ces causes,
nous avons :
1. LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LA RUPTURE DE LA GRANDE ALLIANCE.
Au cours de la 2nde Guerre Mondiale (1941), une grande alliance est scellée autour des Etats-Unis et de l’URSS dans le
but de combattre les puissances de l’Axe et d’organiser le monde de l’après-guerre. La fin de la 2nde Guerre Mondiale
consacre la chute de l’Europe et l’émergence de deux superpuissances : les Etats-Unis et l’URSS. Cependant, ces deux
géants, aux visions du monde opposées, vont s’accuser mutuellement de ne pas respecter certains accords signés à
Yalta et à Potsdam. Les Etats-Unis dénoncent la soviétisation de l’Europe centrale et orientale par l'URSS à travers
l’organisation d’élections non transparentes. L'URSS, de son côté, accuse les Américains de vouloir remettre sur pied
la grande Allemagne avec leur volonté d’unifier les 3 zones occidentales. Du fait de ces accusations mutuelles, un
climat de méfiance s’installe entre les 2 superpuissances. Et en 1947, la rupture est consommée entre les Etats-Unis
et l’URSS.
2. LA NAISSANCE ET LE RENFORCEMENT DES BLOCS.
Bien avant même la rupture de la Grande Alliance, les Etats-Unis et l’URSS ont cherché à établir des ententes avec des
Etats à travers des programmes. Ainsi, deux blocs se constituent et se renforcent l’un autour des Etats-Unis et l’autre
autour de l’URSS. Au plan idéologique, la doctrine de Truman établie le 12 Mars 1947 par les américains s’oppose à
la doctrine de Jdanov mise en place par les soviétiques le 22 septembre de la même année. Au plan politico-
économique, le capitalisme, le libéralisme et le plan Marshall (proposé le 5 juin 1947) défendus par les Etats-Unis font
face au socialisme, au communisme et CAEM (créé le 5 Janvier 1949) portés par l’URSS. Au plan militaire, le pacte de
Varsovie établi le 14 Mai 1955 autour de l’URSS se dresse contre l’OTAN créé le 4 Avril 1949 autour des Etats-Unis.
Avec ces blocs qui se sont dressés, le monde devient bipolaire de 1947 à 1991. Entre ces blocs, un « rideau de fer »
s’est abattu sur l'Europe selon Winston Churchill.
II. LES BALBUTIEMENTS DES TENSIONS EST-OUEST (1947-1953)
A la suite de la rupture en 1947, les Etats-Unis et l’URSS s’engagent dans une période de confrontations indirectes, de
tensions vives jusqu’en 1953. Les 1ères crises majeures entre les Etats-Unis et l’URSS ont été visibles en Europe et en
Asie.
1. EN EUROPE : AVEC LE CAS DE LA 1ERE CRISE DE BERLIN (1948-1949).
La guerre froide s’est très vite manifestée en Europe. D’abord, la guerre civile en Grèce qui a opposé le Royaume de
Grèce (soutenu par les EU et le RU) et le Parti Communiste de Grèce (soutenu par l’URSS, la Yougoslavie, ...) de février
1946 à octobre 1949. Elle est le 1er exemple d’insurrection communiste après la 2nde GM. Ensuite, le coup de Prague
en février 1948 où l'URSS est intervenue pour installer son homme à la tête du pays : Klement Gottwald. Enfin, en
réponse au coup de Prague, les occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis, mettent sur pied une nouvelle monnaie
et fusionnent leurs trois zones. Les Soviétiques ripostent en décrétant le blocus de Berlin en vue d’asphyxier les
populations de Berlin occidentale et de chasser les occidentaux, le 24 Juin 1948. Les Etats-Unis forment alors un
impressionnant pont aérien pour ravitailler Berlin-Ouest. L'URSS lève le blocus, le 12 Mai 1948. Berlin-Ouest reste un
bastion des occidentaux. Cette crise a occasionné la naissance de deux Etats autonomes : la République Fédérale
Allemande (RFA) pro-américain et la République Démocratique Allemande (RDA) favorable à l’URSS, la rupture totale
entre les Allemagnes.
2. EN ASIE AVEC LE CAS DE LA GUERRE DE COREE (1950-1953)
Après l’Europe, la Guerre froide se déplace en Asie avec la 2ème guerre civile en Chine (entre les Nationalistes soutenus
par les EU et les Communistes soutenus par l’URSS), la guerre d’Indochine (entre la France soutenue par les EU/GB et
le Vietminh soutenu par l’URSS/RPC) et la guerre de Corée.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 8
Avec le retrait nippon de la Corée, le 2 septembre 1945, les Etats-Unis et l’URSS s’emparent de la péninsule. La Corée
fut scindée en deux de part et d’autre du 38ème parallèle.
En 1948, les Américains et les soviétiques quittent leurs zones d'occupation en érigeant deux Etats hostiles : la Corée
du Nord avec KIM IL SUNG pro-soviétique et la Corée du Sud avec SYNGMAN RHEE soutenue par les Etats-Unis. Avec
la victoire des communistes en Chine (en octobre 1949), Staline encourage la Corée du Nord à aller à la conquête du
Sud (25 Juin 1950). Mais, les Etats-Unis vont habilement profiter d’une absence de l'URSS au conseil de sécurité de
l'ONU pour condamner l’agression et demander une intervention internationale dont ils prennent la tête (avec Mac
Arthur). Quasi victorieux, les américains et leurs alliés vont cependant devoir reculer quand la Chine s'implique dans
le conflit par l'envoi de « 500.000 volontaires ». Le conflit dure trois ans et fait 1 million de morts pour aboutir à un
statu quo avec les accords de Pam Mun Jom, le 27 juillet 1953. Un "rideau de bambou" sépare dès lors les deux pays
qui vont évoluer chacun dans leur camp respectif et sont restés sur le pied de guerre jusqu'à nos jours.
III. LE DEGEL DANS LES RELATIONS SOVIETO-AMERICAINES (1953-1975)
1. LA COEXISTENCE PACIFIQUE (1953-1962)
L’année 1953 marque un tournant décisif dans les relations Est/Ouest. Avec le retrait politique d’Harry Truman en
Janvier 1953 et la mort de Joseph Staline, le 5 Mars de la même année s’ouvrent une période d’apaisement des
tensions soviéto-américaines : la coexistence pacifique. Cette décrispation viendra avec l’avènement de nouveaux
dirigeants en URSS et aux Etats-Unis. En effet, Eisenhower succède à Truman, supprime le containment et établit le
Rollback ; Nikita Khrouchtchev remplace Staline et entame une politique de déstalinisation, théorise et applique la
coexistence pacifique avec les Etats-Unis. Cet apaisement est aussi le résultat d’un équilibre de la terreur du fait de la
parité nucléaire et la fondation du Tiers-monde, un groupe de Non alignés suite à la conférence de Bandung (18-24
avril 1955).
Ce dégel s’est traduit par une reprise du dialogue entre les Etats-Unis et l’URSS. Ces contacts ont abouti aux accords
de Pan Mun Jom (Juillet 1953) et de Genève (Juillet 1954), aux rencontres entre Eisenhower et Khrouchtchev puis
Khrouchtchev et Kennedy, la suppression du Kominform… Toutefois, ce dégel va provoquer la rupture sino-soviétique
de 1960.
Cependant, la coexistence pacifique n’est pas parfaite. Des tensions ont éclaté au cours de cette période. Tout
d’abord, nous avons les crises de Suez et Hongroise (l’insurrection de Budapest) d’octobre 1956. Ensuite, la 2ème crise
de Berlin qui a abouti à la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 Août 1961, afin de freiner l’exode de
la RDA vers la RFA via Berlin, et de contester le refus des occidentaux d’ériger Berlin en ville internationale. Enfin, la
crise des missiles de Cuba, d’octobre 1962, a failli plonger le monde dans une guerre nucléaire. Au début des années
60, les Etats-Unis et URSS se sont engagés dans une course à la puissance des armements atomiques et à la diversité
des vecteurs (moyens d’envoi), ils sont parvenus à une quasi parité de l'armement nucléaire (A et H, air, terre, mer).
Les Soviétiques n'ont cependant pas de base de missiles proche des Etats-Unis. La "révolution Cubaine" va leur fourni
un allié inattendu. A Cuba un mouvement de guérilla conduit par Fidel Castro a renversé en 1959 un dictateur pro
américain. Les Etats-Unis vont être si méfiants puis hostiles vis à vis du nouveau gouvernement, dont ils craignent les
réformes de « type communiste », qu’ils vont assurer la logistique d'un débarquement de cubains anticastristes en
1961 (Débarquement de la baie des cochons, qui échouera lamentablement). Alors Castro va se tourner vers l'URSS
et prêter son territoire pour le déploiement de missiles nucléaires (oct.1962). Avertis par un avion espion, Kennedy
met Cuba sous blocus et menace d'intercepter les navires soviétiques. Khrouchtchev, après avoir haussé le ton préfère
ne pas se mesurer aux Etats-Unis et retire ses installations avec le concours de l’ONU (U Thant).
2. LA DETENTE (1962-1975).
La détente est une période de dégel relative longue dans les relations soviéto-américaines avec l’établissement de
relations amicales, la signature de nombreux accords et des visites réciproques entre les Chefs d’Etats deux
superpuissances. Cette longue période d’accalmie est entre autres liée aux difficultés internes des blocs (rupture sino-
soviétique en 1960, retrait de la France de l’OTAN en Mars 1966…), la déprime économique occasionnée par la course
aux armements, la naissance du mouvement des Non-alignés à Belgrade en septembre 1961 sous l’initiative du
Maréchal Tito, les enseignements tirés de la crise de Cuba, … La détente se traduit par l’établissement du téléphone
rouge, le 30 Août 1963, l’adhésion de la Chine populaire à l’ONU et la récupération de son statut de membre
permanent au Conseil de Sécurité, le 26 octobre 1971, la signature de SALT 1 en 1972, la visite du président Nixon à
Pékin (21 au 28 février 1972) et à Moscou (22 mai 1972), la visite de Léonid Brejnev à Washington, l’adhésion des
deux Allemagnes à l’ONU (RFA et RDA le 18 septembre 1973). À ces derniers s’ajoute l’ostpolitik ou politique de
rapprochement entre la RFA et la RDA développée par le président WILLY BRANDT de la RDA entre 1969 et 1974. Et
enfin la tenue de la conférence d’Helsinki en 1975 pour la coopération et la sécurité en Europe.
Toutefois la détente tout comme la coexistence pacifique n’est pas parfaite car elle fut aussi ponctuée par des
tensions.
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Parmi les limites de la détente, on peut distinguer le printemps de Prague de 1968, le scandale Watergate aux Etats-
Unis (affaire d’espionnage ayant abouti à la démission du président NIXON, en 1974), la persistance du problème
Israélo-palestinien auquel les deux superpuissances peinent à trouver une solution, la guerre civile au Vietnam entre
le Nord et le Sud (1955-1975).

IV. DE LA DEGRADATION DE LA DETENTE A LA FIN DE LA GUERRE FROIDE (1975-1991)


1. LE REGAIN DE TENSIONS OU LA GUERRE FRAICHE (1975-1985)
La période 1975-1985 reste marquée par un retour des tensions américano-soviétiques avec des affrontements
d’intensité limitée d'où le qualificatif de « Guerre Fraîche ». En effet, cette période est caractérisée par le
rayonnement du communisme. En Afrique les ex-colonies portugaises comme l'Angola et le Mozambique optent pour
le communisme. En Amérique latine le Nicaragua soutenu par Cuba choisit le camp socialiste et nargue les Etats-Unis.
Ces derniers connaissent un recul de leur influence après leur défaite au Vietnam et la révolution iranienne de
Khomeiny, en 1979. Ce regain de tensions se traduit aussi par la crise des euromissiles qui est une période des relations
internationales très tendues entre l’URSS et les États-Unis. En 1977, les Soviétiques profitent de failles contenues dans
les accords SALT I de 1972 pour installer des missiles SS-20 à moyenne portée sur leur territoire, ce qui leur permet
d’atteindre l’Europe de l'Ouest, Moyen-Orient, Chine, Japon. En réponse, les États-Unis firent mettre en place,
essentiellement en RFA, des missiles Pershing II. Chacun des blocs pointait vers l'autre une armada de missiles d'une
puissance jusque-là inégalée sur une si faible surface de la terre. Ronald Reagan, arrivée au pouvoir en 1980, relance
la course aux armements avec son projet de la Guerre des Étoiles (programme IDS) et qualifie l'URSS d'axe du mal.
Ainsi, la compétition militaire va animer de nouveaux foyers de tension comme l’Afghanistan envahi par l'URSS, en
1979 et va mobiliser d'énormes moyens financiers. En réaction, les Etats-Unis vont s’allier avec des mouvements
islamistes pour combattre la présence de l’armée rouge. Cette invasion va pousser même les Etats-Unis à boycotter
les jeux olympiques de Moscou de 1980.
2. LE RAPPROCHEMENT AMERICANO-SOVIETIQUES OU 2EME DETENTE (1985-1991)
En URSS, la compétition commence à alourdir les charges de l’État, ce qui poussera le président Michael Gorbatchev,
arrivée en 1985 à la suite des règnes éphémères de Andropov et Tchernenko (1982-1985), à initier la Perestroïka
(démocratisation) et le Glasnost (transparence). Aux Etats-Unis, le déficit budgétaire devient préoccupant. Les
difficultés économiques et le poids énorme des dépenses militaires vont favoriser un rapprochement entre les deux
superpuissances. Cette nouvelle détente favorise la reprise du dialogue Est/Ouest avec les accords mettant fin à la
bataille des euromissiles, la reprise des négociations sur le désarmement et la résolution de plusieurs conflits
(Nicaragua, Afghanistan, Namibie, Cambodge). Ces difficultés ont provoqué des soulèvements populaires dans les
pays communistes. L’effondrement des démocraties populaires entre 1989 et 1991 (Pologne, Hongrie,
Tchécoslovaquie), la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, la signature de l’accord 4+2 ou traité de Moscou du
12 septembre 1990 et la réunification de l’Allemagne le 3 octobre 1990, la suppression du CAEM le 28 Juin1991, la
dissolution du Pacte de Varsovie le 1er Juillet 1991, l’implosion de l’URSS le 26 décembre 1991 entraînent la disparition
du bloc de l’Est et la fin de la bipolarisation du monde.

SUPPORTS ET EXERCICES
TEXTE 1 : La guerre froide
La « guerre froide » est un conflit dans lequel les parties s’abstiennent de recourir aux armes l’une contre l’autre. […]
Les belligérants cherchent à marquer le maximum de points en employant toutes les ressources de l’intimidation, de
la propagande, de la subversion, voire de la guerre locale, mais en étant bien déterminés à éviter de se trouver
impliqués dans des opérations armées les mettant directement aux prises.
André Fontaine, « Guerre froide », Encyclopédie universalis, vol. VIII
CONSIGNE : A partir de ce texte ci-dessus, formuler une définition de la guerre froide.

TEXTE 2
La guerre froide a été déclenchée par l'Union soviétique qui s'est emparée de l'Europe de l'Est contrairement à ses
engagements de Yalta, a créé le Kominform en 1947, encouragé partout dans le monde la subversion des régimes
démocratiques et soufflé peu à peu que la Grande Alliance avait vécu. Ils ont alors réagi en plusieurs étapes. (...) Puis
l'école révisionniste occupa le devant de la scène. Sa thèse principale se résume en une phrase : les Etats-Unis sont à
l'origine de la guerre froide. Soit pour des raisons économiques : la recherche des marchés et des matières premières,
les besoins d'un capitalisme qui aspire à une expansion continue et se caractérise par la politique de la "porte ouverte"
(aux idées, aux investissements, aux produits américains).
A. Kaspi, Les Américains, tome 2, Le Seuil, Points Histoire, 1986.
CONSIGNE : En vous appuyant sur le texte et vos connaissances, expliquer les causes de la guerre froide.
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TEXTE 3
Une réforme monétaire séparée a été annoncée dans les zones d'occupation occidentales d'Allemagne. Sur l'ordre
des autorités d'occupation américaine, britannique et française, le Reichsmark, la monnaie en cours dans toute
l'Allemagne, est en train d'être retirée de la circulation et remplacée par une monnaie séparée. Désormais,
l'Allemagne n'aura plus d'unité monétaire uniforme ni de circulation monétaire uniforme. C'est un défi à la volonté et
aux intérêts du peuple allemand. La réforme monétaire séparée est effectuée dans l'intérêt des monopoles
américains, britanniques et français qui sont en train de démembrer l'Allemagne et visent à l'affaiblir en soumettant
son économie à leur domination.
En vue de protéger les intérêts de la population de la zone d'occupation soviétique en Allemagne et du Grand Berlin
[toutes les zones d'occupation à Berlin], et afin d'empêcher la désorganisation de la vie économique découlant
d'actions séparées des puissances occidentales, l'administration militaire soviétique prendra d'autres mesures
rendues nécessaires par la situation ainsi créée.
Proclamation du Maréchal Sokolovsky*, 19 juin, 1948
*Le Maréchal Sokolovsky était le commandant en chef de force d’occupation soviétique en Allemagne

TEXTE 4
« …Fortement traumatisés par le Coup de Prague de 1948, qui porte au pouvoir dans des conditions dramatiques, les
communistes en Tchécoslovaquie, les Etats occidentaux décident d’accélérer dans leur zone d’occupation, la
reconstitution d’un Etat allemand autonome… Reste le problème de Berlin découpée en quatre secteurs dont trois
forment une enclave occidentale au cœur de la zone soviétique. Pour tenter d’en chasser les Occidentaux, les
Soviétiques décident en juin 1948, de bloquer tous les accès routiers et ferroviaires de Berlin, condamnant la ville à
l’asphyxie… Washington saisit cette opportunité pour montrer jusqu’où il est prêt à aller dans sa politique
d’endiguement… »
S. BERNSTEIN et P. MILZA, « Le monde entre guerre et paix » in Histoire du XXe siècle,
Tome 2 : 1945-1973, Hatier, collection Initial, Paris, 1996.
CONSIGNES
1. Faire la présentation de chaque texte.
2. En partant des textes 3 et 4, montrer les causes de la 1ère crise de Berlin.
3. A travers les textes 3 et 4, décrire les manifestations de cette crise.
4. A la lumière de ces deux textes, dégager la portée historique de ce blocus.

TEXTE 5
"En Corée les forces gouvernementales qui étaient armées pour empêcher des attaques de frontière et pour préserver
la sécurité intérieure furent attaquées par une force d'envahisseurs venant de la Corée du Nord. Le Conseil de sécurité
des Nations unies a demandé aux troupes de l'envahisseur d'interrompre les hostilités, de se retirer derrière la 38 e
parallèle. Cela n'a pas été fait, mais au contraire les troupes de la Corée du Nord ont poursuivi leur attaque. Le Conseil
de sécurité a demandé à tous les membres des Nations unies de l'aider à faire appliquer cette résolution. Dans ces
circonstances, j'ai donné l'ordre aux forces de l'air et de mer des Etats-Unis d'apporter soutien et appui au
gouvernement coréen.
L'attaque contre la Corée indique clairement, au-delà de tout doute, que le communisme a dépassé le stade de
l'emploi de mesures subversives pour conquérir des nations indépendantes, et emploiera maintenant l'invasion armée
et la guerre. Le communisme a défié les ordres du Conseil de sécurité des Nations unies, qui ont été proclamés pour
préserver la paix internationale et la sécurité. Dans ces circonstances l'occupation de Formose par les forces
communistes serait une menace directe à la sécurité de la région du Pacifique et aux forces des Etats-Unis, qui
accomplissent leur œuvre nécessaire et légale dans cette région.
Déclaration du président Truman sur la Corée et l'Extrême-Orient, publiée le mardi 27 juin 1950 à Washington, publiée
dans "Le Monde", le 29 juin 1950

CONSIGNES
1. Présenter l’auteur de cette déclaration en indiquant sa nationalité, sa fonction et son rôle dans la guerre de
Corée. Au-delà de Truman, présenter deux autres acteurs clés de la guerre de Corée en précisant leur
nationalité, leur fonction et deux événements auxquels ils se sont illustrés.
2. Dégager le contexte dans lequel la guerre de Corée a éclaté en analysant deux facteurs à l’origine de ce conflit.
3. Montrer l’intérêt historique du texte.
4. Dégager la portée historique de cette déclaration dans l’évolution des Corées.
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TEXTE 6 : La coexistence pacifique
L’établissement de relations d’amitié durables entre les plus grandes puissances du monde, l’Union Soviétique et les
États-Unis d’Amérique aurait une importance majeure pour le renforcement de la paix dans le monde entier. Si l’on
faisait reposer les relations entre l’URSS et les États-Unis sur les cinq principes majeurs de la coexistence pacifique :
respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, non-agression, non-ingérence dans les affaires
intérieures, égalités et avantages réciproques, coexistence pacifique et coopération économique, cela aurait une
portée vraiment exceptionnelle pour toute l’humanité. Le principe léniniste de la coexistence pacifique des États aux
régimes sociaux différents a été et demeure la ligne générale de la politique extérieure de notre pays. […]
Rapport de Khrouchtchev au XXe congrès du PCUS, février 1956
CONSIGNES
1. Présenter Khrouchtchev en indiquant sa nationalité, sa fonction et deux événements auxquels son nom est
associé directement.
2. Dégager le contexte de la période évoquée par le texte en citant quatre événements majeurs survenus juste
avant cette période. Analyser deux au choix.
3. Citer trois manifestations de la coexistence pacifique.

TEXTE 7 :
Khrouchtchev et Castro étaient vraiment persuadés qu'après le débarquement anticastriste manqué de la baie des
Cochons quelques mois plus tôt, les Etats-Unis étaient déterminés à envahir l'île. C'est pour tenter de les empêcher
que l'U.R.S.S. y avait envoyé 40 000 hommes - et non pas 10 000 comme le croyait la C.I.A. - et des missiles à moyenne
portée, avec une vingtaine d'ogives nucléaires nécessaires à les armer. Quant aux Etats-Unis, qui n'avaient aucune
intention au départ d'intervenir à Cuba, ils s'étaient préparés à le faire au cas où les Soviétiques auraient refusé de
retirer ces fusées qui menaçaient directement le territoire américain. D'où il ressort que : a) contrairement à ce que
l'opinion, notamment en France, a pu croire, on a été vraiment à un cheveu de la guerre nucléaire ; b) c'est
précisément parce que Kennedy et Khrouchtchev ont éprouvé à cette occasion la frousse de leur vie qu'ils se sont
jurés de tout faire pour ne plus jamais se mettre en situation de n'avoir le choix qu'entre la capitulation et l'apocalypse.
A. Fontaine, Le Monde, 9 février 1989.
CONSIGNES
1. Présenter Fidel Castro en indiquant sa nationalité, sa fonction et deux événements auxquels il s’est illustré.
Au-delà de Castro, présenter un acteur américain et un acteur onusien qui se sont illustrés lors de cette crise
(nationalité, sa fonction et deux événements auxquels il s’est illustré).
2. Dégager le contexte de la crise évoquée par le texte en analysant deux événements majeurs survenus à
l’origine de cette tension.
3. Dégager la portée historique du texte en analysant deux conséquences de cette crise.

TEXTE 8 : L'Ostpolitik (Politique de l'Est)


En 1969, le nouveau chancelier allemand social-démocrate, Willy Brandt (maire de Berlin ouest de 1957 à 1966) met
fin à la politique très rigide menée par son prédécesseur, Konrad Adenauer envers la RDA. Avec son Ostpolitik, Brandt
inaugure la détente avec les pays de l'Est. Cette détente sera suivie par une série de Traités
- 1970 : Traité germano-soviétique reconnaissant l'inviolabilité des frontières européennes et le statut quadripartite
de Berlin.
- 1970 : Traité germano-polonais où la RFA reconnaît la ligne Oder-Neisse.
- 1971 : Accord quadripartite sur Berlin où Moscou s'engage à ne plus entraver la libre circulation entre la RFA et
Berlin ouest, et à améliorer la situation résultant de la présence du mur de Berlin.
- 1972 : « Grundlagenvertrag (Traité fondamental) » dans lequel les deux États reconnaissent que la souveraineté de
chacun se limite à leur propre territoire ; ce qui met fin à l'idée que seule la RFA représentait l'Allemagne (politique
des prédécesseurs de Brandt). Les deux pays échangent non des ambassadeurs mais des « représentants permanents
». De nombreux États reconnaissent alors la RDA et les deux pays sont admis à l'ONU en 1973.
guerrefroide.net/minidoc
CONSIGNES
1. Présenter les deux personnalités mis en gras dans le texte.
2. Dégager le contexte international dans lequel cette politique a été lancée.
3. Dégager la portée historique de cette politique sur l’évolution des rapports Est/Ouest.
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TEXTE 9 : Brejnev justifie la présence militaire soviétique en Afghanistan
M. Carter et son entourage savent parfaitement qu’il n’y a pas eu et qu’il n’y a aucune « intervention » des Russes en
Afghanistan. L’URSS a agi en vertu du traité d’amitié soviéto-afghan. La demande instante d’accorder une aide pour
défendre le pays contre l’incursion du dehors des forces de la contre-révolution nous a été adressée par trois
gouvernements afghans qui se sont succédé. Washington connaît l’intervention qui a eu lieu contre l’Afghanistan à
partir du territoire pakistanais. Ce sont, en effet, les Américains eux-mêmes avec les Chinois et d’autres encore qui
dirigent cette intervention génératrice d’une grave menace contre la révolution afghane comme pour, d’ailleurs, la
sécurité de notre frontière méridionale. Enfin, la Maison Blanche sait de même que l’URSS retirera ses contingents
militaires de l’Afghanistan dès que les causes qui ont amené leur présence en ce pays auront disparu et dès que le
gouvernement afghan aura jugé que cette présence n’est plus nécessaire.
Leonid Brejnev, discours aux électeurs de la circonscription de Baoumanski, 22 février 1980

CONSIGNES
1. Présenter Brejnev et Carter en donnant leurs nationalités, fonctions et deux événements auxquels ils se sont
illustrés. Identifier les deux successeurs immédiats Brejnev au Kremlin et les deux prédécesseurs de Carter à
la Maison Blanche.
2. Replacer ce discours dans son contexte en citant deux faits majeurs survenus tout juste avant sa prononciation.
3. Commenter le passage souligné dans le texte.
4. Dégager la portée historique de ce discours en indiquant deux conséquences de la présence de l’armée rouge
en Afghanistan.

TEXTE 10 :
« En analysant la situation nous découvrîmes en premier lieu un ralentissement économique. Au cours des quinze
années qui avaient précédé, le taux de croissance du revenu nationale avait décliné de plus de cinquante pour cent
pour tomber au bout des années quatre-vingts à un niveau proche de la stagnation. De plus le fossé, en efficacité de
production, qualité des produits, production et utilisation des techniques de pointe par rapport aux nations les plus
avancées ne cessait de se creuser à notre désavantage. […]
Perestroïka, cela signifie surmonter le processus de stagnation, rompre le mécanisme de freinage, créer des systèmes
fiables et efficaces…Perestroïka, cela signifie aussi initiative de masse. C’est le développement complet de la
démocratie, l’autonomie socialiste, l’encouragement de l’initiative et des attitudes créatives, c’est aussi davantage
d’ordre et de discipline, davantage de transparence, la critique et l’autocritique dans tous les domaines de notre
société. […]
Perestroïka, cela signifie le développement prioritaire du domaine social, avec pour objectif de satisfaire les
aspirations du peuple à de meilleures conditions d’existence. […] Les relations de la communauté socialiste sont déjà
en réadaptation aux exigences de l’époque […]. Avant tout, le cadre entier des relations politiques entre pays
socialistes doit être strictement fondé sur l’indépendance absolue.
M Gorbatchev, Perestroïka, Flammarion, 1987
CONSIGNES
1. Présenter Gorbatchev en indiquant sa nationalité, sa fonction et deux événements auxquels il s’est illustré.
2. A travers le texte, monter les raisons ayant motivé l’instauration de la Perestroïka en URSS.
3. Dégager la portée historique de cette réforme dans l’évolution de l’URSS, du bloc Est et des relations
Est/Ouest.
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LECON 3 : LA CHINE DE 1945 AUX ANNEES 1990
Objectifs :
OG : Analyser les luttes de pouvoir en Chine de 1945 aux années 70. Evaluer l’action de Mao Zedong. Analyser la
gouvernance de la Chine sous les réformistes.
OS1 : Expliquer l’évolution de la Chine de 1945 à 1977
OS2 : Analyser l’évolution de la Chine sous le règne des réformistes.
INTRODUCTION :
Ayant longtemps vécue sous un régime monarchique dirigé par la dynastie des mandchous, la Chine connut, au
cours du XX° siècle un tournant décisif. En effet, après une première révolution nationaliste en 1911, la nouvelle
période est marquée par une première instabilité politique caractérisée par la première guerre civile de 1927 à 1937,
l’occupation japonaise et la deuxième guerre et de 1946 à 1949 qui aboutit à la victoire des communistes dirigés par
Mao Tsé Toung.
Ce régime communiste sera caractérisé par une lutte idéologique au sein du parti communiste chinois (PCC) et
consacre le triomphe du maoïsme entre 1949 et 1976. A partir de 1976 avec la disparition de Mao, l’aspiration aux
libertés et au bien-être économique se révèle par des manifestations en faveur des réformistes avec à leur tête Deng
Xiao Ping qui amorce un virage vers une plus grande ouverture sur l’extérieur et un pragmatisme qui finit par faire
de la Chine aujourd’hui un acteur majeur sur la scène économique et politique internationale.
I- LA PRISE DU POUVOIR PAR LES COMMUNISTES
Décimés par la longue Marche, les communistes tentent de refaire leurs forces dans le Nord de la Chine. Mais
l’agression japonaise de 1937 conduit les nationalistes et les communistes à un rapprochement pour combattre
l’ennemi commun le japon. Après la capitulation japonaise du 2 septembre 1945, la guerre civile reprend entre les
nationalistes de Tchang Kaï Chek soutenus par les Etats-Unis et les communistes de Mao Zedong soutenus par l’Union
soviétique. Ce conflit qui entre dans le cadre de la guerre froide dévaste la Chine de 1945 à 1949.
Finalement les troupes communistes victorieuses s’emparent du pouvoir et proclament la naissance de la République
Populaire de Chine le 1er octobre 1949. Les nationalistes se réfugient dans l’île de Formose pour y créer la République
de Chine nationaliste (Chine Taiwan).
II- L’EVOLUTION DE LA CHINE DE 1949 à 1976
1- LES DEBUTS DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE (1949-1953)
Les débuts de la nouvelle république sont extrêmement difficiles pour plusieurs raisons :
- Jiang Jieshi s’est enfui avec les réserves d’or ;
- Des millions d’hectares de terres sont inutilisables ;
- La Mandchourie, principale zone industrielle, a été démantelée par les Soviétiques, après y avoir délogé les
Japonais :
- Les dirigeants communistes ont une expérience solide pour la gestion du milieu rural mais ils ont d’énormes
difficultés en ce qui concerne la gestion des villes et celle de l’économie d’un immense Etat.
Toutefois la reconstruction est vite entamée :
- Dans le domaine agricole, la loi agraire de 1950 permet de confisquer 70 millions d’hectares de terres aux grands
propriétaires pour les redistribuer à 300 millions de paysans sans terres ;
- Dans le domaine industriel, on se limite à la nationalisation des entreprises étrangères et celles de l’aristocratie ;
- Sur le plan social, un énorme effort est consenti en matière de scolarisation pour l’émancipation des femmes
(loi du 30 Avril 1950 sur le mariage) ; une loi est engagée contre la corruption, le gaspillage, le bureaucratisme
et les religions étrangères.
Circonstances aggravantes et tragique, la jeune république populaire est d’emblée plongée dans la guerre froide. En
Juin 1950, commence la guerre de Corée où la Chine se trouve impliquée dès l’hiver suivant, avec pour résultat
l’obligation d’un effort militaire extrêmement coûteux. A partir de 1953, le premier plan quinquennal inspiré du
modèle soviétique, engage la Chine dans la voie du socialisme.
2- LA MISE EN PLACE DU REGIME SOCIALISTE SUR LE MODELE SOVIETIQUE : PREMIER PLAN QUINQUENNAL (1953-1957)
L’industrie lourde est développée avec l’aide soviétique. L’URSS fournit 11 000 spécialistes pour encadrer et appuyer
l’effort chinois. Le premier plan accorde donc une grande priorité à l’industrie qui reçoit 58.2% des investissements
contre 7.6% à l’agriculture. L’accent est mis sur l’industrie lourde et les projets comme les barrages. Les résultats
officiels sont satisfaisants dans l’industrie mais les progrès dans l’agriculture sont faibles. Trois produits de
consommation courante sont rationalisés : les céréales, les huiles alimentaires et les tissus de coton.
Dans la même période, les entreprises sont collectivisées. En 1956, la propriété privée disparaît dans l’industrie. La
tâche a été plus rude en ce qui concerne l’agriculture mais dès la fin de l’année 1956, la quasi-totalité des 120 millions
de familles paysannes sont regroupées dans les coopératives.
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Le premier recensement fait état de 600 millions d’habitants avec une croissance annuelle absolue de 14 millions
d’individus. Une grande campagne antinataliste est alors préconisée contre l’avis de MAO.
Sur le plan politique, une nouvelle constitution est adoptée en 1954 et affirme le rôle dirigeant du Parti communiste.
MAO lance la campagne des « cent fleurs » pour tempérer les divergences au sein de la classe dirigeante et dissiper
les ressentiments générés par les difficultés économiques. La société chinoise impose à ses dirigeants de rechercher
un modèle de développement qui lui soit propre. C’est alors que se met en place de 1958 à 1961, « le grand bond en
avant » qui est à la fois un échec économique et un désastre écologique et l’accélérateur de la rupture entre la Chine
et l’URSS.
3- LE « GRAND BOND EN AVANT », DEUXIEME PLAN QUINQUENNAL (1958-1961)
En Mai 1958, la Chine décide d’abandonner le modèle soviétique en économie. A l’initiative de MAO, est lancée une
nouvelle stratégie avec des objectifs ambitieux « rattraper l’Angleterre en 15 ans. ». Pour cela, il faut une mobilisation
totale des masses rurales sous-employées. Ainsi, les coopératives agricoles sont regroupées en 26000 communes
populaires intégrant toutes les activités économiques et administratives : l’agriculture, l’industrie, la santé et
l’organisation militaire.
Pour pallier le sous équipement, la Chine renoue avec une politique nataliste. Mais dès 1959, le « Grand Bond en
Avant » connaît un échec sous la combinaison de plusieurs facteurs :
- Les calamités naturelles (typhons, inondations, sécheresse…) ;
- Les erreurs techniques : les défrichements abusifs et les labours profonds détruisent les sols ;
- Les défaillances humaines : incompétence des cadres, mauvaise utilisation de la main d’œuvre ;
- La rupture avec l’URSS : en 1960, 10 000 techniciens soviétiques abandonnent chantiers et laboratoires en
emportant leurs plans.
Cette situation catastrophique se traduit par la famine et la réapparition de la corruption. Cette situation affaiblit la
position de MAO et des dirigeants plus pragmatiques (LIU SHAO QI, DENG XIAO PING, ZHU EN LAI) mettent en place
un programme de réajustement en 1961. La priorité est donnée à l’agriculture, l’industrie devant la soutenir. La Chine
redevient antinataliste. Les communes populaires sont réorganisées. Leur taille est réduite de même qu’on y
réintroduit une propriété privée. L’économie se redresse difficilement à partir de 1962 et la Chine peut même étrenner
sa première bombe atomique en 1964. Malgré ses progrès, de vives tensions éclatent au sein du PCC ; MAO dénonce
les tendances capitalistes qui renaissent dans le pays. Mais il est isolé et doit abandonner le pouvoir à LIU SHAO QI.
La rupture avec l’URSS est également idéologique. La Chine qui n’adopte pas les conclusions du XX° Congrès du PCUS,
refuse la déstalinisation et la coexistence pacifique. En plus, elle conteste la frontière avec l’URSS au Nord Est. Les
rapports se tendent à partir de 1957 et aboutissent à une rupture définitive en 1960. Face à l’URSS, accusée de rétablir
le capitalisme et de s’allier l’impérialisme, le communisme chinois veut proposer au Tiers Monde, un nouveau modèle
révolutionnaire. Cette nouvelle ligne politique s’accompagne de luttes entre les différentes factions du Parti. Pour
reprendre le pouvoir, MAO déclenche en 1965, la dramatique aventure de la révolution culturelle.

4- LA REVOLUTION CULTURELLE (1966-1976) ET SES CONSEQUENCES


La révolution culturelle a pour objectif officiel de combattre le révisionnisme. En réalité, à travers la "Grande
révolution culturelle prolétarienne", Mao cherche à éliminer ses principaux adversaires dont Liu Shaoqi et Deng
Xiaoping et à récupérer le pouvoir perdu. Elle commence à l’automne 1965 et s’attaque aux milieux littéraires, à
l’individualisme et l’embourgeoisement qui guette les dirigeants du pays.
La révolution culturelle est le point culminant de la lutte qui oppose depuis 1949, deux tendances au sein du P.C.C ;
les idéologues et les gestionnaires
La révolution culturelle est une véritable catastrophe nationale. Certaines sources estiment à 2 000 000 de morts
sans compter les déportations massives, les lourdes peines de prisons et l’humiliation publique de nombreuses
personnalités. LIU SHAO QI meurt en résidence surveillée en 1969. La période 1970-1973 est calme et marquée par la
lutte pour la succession de MAO ZEDONG. LIN BIAO, chef de l’armée paraît bien placé mais devant les excès de la
révolution culturelle, MAO le lâche au profit de ZHU EN LAI.
De 1974 à1976, la révolution culturelle son paroxysme sous l’impulsion du groupe de Shanghai baptisé plus tard « la
bande des quatre » animé entre autres autres par l’épouse de MAO. Celui-ci très malade ne contrôle plus la situation.
Le Parti se regroupe autour de DENG XIAO PING et de ZHU EN LAI. Ce dernier meurt le 08 Janvier 1976. MAO s’éteint
le 09 Septembre de la même année, laissant derrière lui une Chine exsangue mais respectée sur l’échiquier
international avec son adhésion au conseil de sécurité de l’ONU comme membre permanent en 1971
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III- LA CHINE DE 1976 AUX « ANNEES 90 » OU L’ERE DE L’OUVERTURE SUR L’EXTERIEUR
1- L’EVOLUTION DU MODELE CHINOIS.
Après la mort de MAO en 1976, le pouvoir passe aux mains des dirigeants « réalistes » comme DENG XIAO PING qui
avaient été mis à l’écart lors de la révolution culturelle. Ils sont partisans d’un retour partiel au capitalisme. L’aile
gauche du PCC est écartée, les membres de la « bande des quatre » sont arrêtés.
La priorité est ainsi donnée aux « quatre modernisations » : l’agriculture, l’industrie, l’armée et les techniques. Les
communes populaires sont supprimées ; les paysans qui peuvent posséder un lopin de terre et vendre leurs produits
sur un marché libre, reçoivent des primes. La planification est assouplie, la Chine connaît un développement industriel
important avec la création de zones économiques spéciales (ZES) et zones franches industrielles sur le littoral chinois.
Sur le plan extérieur, la fin du maoïsme amène également des changements. Si la Chine réaffirme son rôle de chef
d’un troisième monde entre les Etats-Unis et l’URSS, elle soutient le Cambodge et n’hésite pas à attaquer le Vietnam,
allié de l’Union Soviétique, en 1979. Les « années 80 et 90 » voient le rétablissement des relations avec le Japon, l’Inde
et l’URSS. Des accords sont conclus avec le Royaume Uni pour la restitution de Hong Kong en 1997 et avec le Portugal
pour celle de Macao ; en 1999.
2- LES LIMITES DU MODELE CHINOIS
Les nouvelles orientations économiques n’entraînent pas pour autant l’abandon des principes socialistes. En 1982,
DENG XIAO PING réaffirme les grands principes du régime (dictature du prolétariat, rôle dirigeant du PCC, référence
au marxisme-léninisme). Les transformations les plus radicales concernent l’agriculture : les petites exploitations
populaires connaissent un essor prodigieux : 100 000 en 1987, 17 millions en 1995.La Chine fait appel aux capitaux
étrangers et le commerce extérieur jusque-là inexistant se développe fortement.
Cependant, cette ouverture économique ne s’accompagne pas d’une ouverture politique. La constitution de 1982
réaffirme la séparation du PCC et de l’Etat, mais la démocratie n’est pas encore à l’ordre du jour. En Juin 1989, le
mouvement des étudiants de Pékin est réprimé sur la place Tian’anmen (3-4 juin 1989, « Printemps de Pékin »).
A l’extérieur, le modèle chinois appliqué au Cambodge s’est achevé par un gigantesque massacre. De 1975 à 1979, ce
pays connaît la dictature des Khmers Rouges commandée par POL POT et soutenue par la Chine.
CONCLUSION
Dans l’édification du socialisme, la Chine a expérimenté plusieurs modèles. Avec Mao, elle s’est engagée dans la voie
de l’autarcie et du collectivisme, avant d’emprunter avec Deng Xiao Ping la voie de l’ouverture et des réformes
économiques vers une économie socialistes de marché. Au total, les réformes économiques ont réussi à lancer le pays
le plus peuplé au monde dans la compétition économique mondiale et à augmenter sa puissance politique. La Chine
est devenue un pays émergent qui rêvent de retrouver sa place historique de centre politique et économique de l’Asie
Orientale ce qui lui vaut des tensions avec ses voisins et son grand rival les Etats Unis.

SUPPORTS ET EXERCICES
I- DISSERTATION
CONTEXTE :
Jean Luc Domenech dans un article intitulé, « la longue marche du communisme chinois » disait : « Après l’établissement
du régime communiste en 1949, la voie chinoise a affirmé son originalité : nationalisme, émancipation vis-à-vis de
l’encombrant modèle soviétique, compromis avec le capitalisme. Au point qu’aujourd’hui la question se pose : la Chine est-
elle encore communiste ? »
CONSIGNE :
Après avoir analysé les difficultés de la reconstruction de la Chine sous Mao, montrer que la période qui s’ouvre après la
mort de ce dernier se caractérise par une rupture et en même temps une continuité dans la gestion du pays par les
nouveaux dirigeants

II. COMMENTAIRE DE DOCUMENTS


Document 1 : Le Grand Bond en Avant
La période du « Grand Bond en Avant » prend comme terme initial l’échec du mouvement des « cent fleurs ». L’année 1957
avait été marquée par une gigantesque campagne de sensibilisation et d’expression de l’opinion. Le gouvernement souhaite
« l’éclosion de cent fleurs » qui expriment les suggestions et les critiques de l’opinion pour améliorer le système. Les
intellectuels comme les paysans utilisent les voix officielles (radio, presse) pour faire montre de leurs mécontentements.
Jusqu’à ce que Mao Zedong décide l’arrêt du mouvement qui a fait éclore « plus de cent fleurs empoisonnées » que de
« fleurs parfumées ». La censure et l’épuration suivent cette vague de libéralisation massive.
En 1958 est décidée, à l’occasion du second plan quinquennal, la « mobilisation de toutes les forces productives du pays »
pour permettre à la Chine d’égaler rapidement la production industrielle de la Grande-Bretagne : telle est la signification
de ce Grand Bond à accomplir.
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Comment y parvenir ? En orientant le travail de la collectivité vers les besoins les plus urgents et la maîtrise de l’espace
chinois : la période du Grand Bond est marquée par une frénésie de travaux collectifs pour lutter contre les calamités
naturelles, domestiquer les éléments (endiguement, déboisement, lutte contre les insectes, les moineaux…) pour concourir
à la croissance sidérurgique, on décide de disperser les unités de production : le slogan de « l’acier populaire » conduit à la
création de petits hauts fourneaux dans les campagnes et chaque commune en est responsable.
Source : Pierre Milza « Le monde depuis 1945 », in, Histoire universelle Tome III, Paris,
Larousse-Bordas, 1998, pp.771-772.
Document 2 : La révolution culturelle
• Selon le Parti
La grande Révolution culturelle prolétarienne en cours – révolution dont la pensée de Mao Zedong est le prestigieux
drapeau et dont les Gardes rouges constituent l’avant-garde – non seulement transformera radicalement la
physionomie morale de toute notre société, mais améliorera et consolidera notre dictature du prolétariat, créera du
neuf à la place de ce qui subsiste encore chez nous des nombreux vestiges de la vieille société et de la force de
l’habitude, incompatible avec la dictature du prolétariat.
Extrait de la Résolution en 16 points adoptée par le Comité central du PCC le 8 août 1966.

• Selon un sinologue occidental


(Les intellectuels occidentaux ont été longtemps fascinés par la révolution chinoise ; Simon Leys a été l’un des tout
premiers spécialistes à porter un jugement très critique sur le régime de Mao Zedong)
La « Révolution culturelle » qui n’eut de révolutionnaire que le nom, et de culturel que le prétexte tactique initial, fut
une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une poignée d’individus, derrière le rideau de fumée d’un fictif
mouvement de masses. Dans la suite de l’événement, à la faveur du désordre engendré par cette lutte, un courant de
masse authentiquement révolutionnaire se développa spontanément à la base, se traduisant par des mutineries
militaires et par de vastes mouvements de grèves ouvrières ; celles-ci, qui n’avaient pas été prévues au programme,
furent impitoyablement écrasées…
Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao, Champ libre, 1971.

Document 3 : Une nouvelle politique économique


« Le Quotidien du Peuple assure sans complexe que « la lutte pour la production prend le pas sur la lutte des classes
» (12 décembre 1977). Quant à la répartition des revenus, le journal du P.C. chinois ne craint pas d‘affirmer que «
l‘égalité n‘est pas l‘objectif pour lequel nous luttons ». « Tout système de répartition qui peut promouvoir la
production est bon : tout système qui entrave la production socialiste est mauvais » (21 décembre 1977). De là le
rétablissement des primes et autres stimulants matériels pour les travailleurs de l‘industrie comme de l‘agriculture.
Et de l‘égalitarisme abstrait et condamné avec la même rigueur en matière d‘éducation car, dans la dialectique du
développement, « les écarts entre le travail manuel et intellectuel doivent être reconnus comme objectif et la division
du travail pousse la production et contribue au progrès de la société » (février 1978).
Source : Alain Jacob, Le Monde, 18 mai 1978.

Document 4 : L’ouverture sur l’Occident


La Chine est fournisseur de matières premières, de pétrole d‘abord – la moitié de ses ventes au Japon – de charbon,
de minerais, de textiles. Mais elle est aussi acheteur d‘acier, de tôles, de tubes et de machines et de biens de
consommation – voitures, téléviseurs, etc. Pourtant, si le Japon entend bien défendre sa première place, il sait qu’il y
a une limite à son succès.
« Les Etats -Unis, déclare un haut fonctionnaire japonais, nous leur avons fait la guerre dans le Pacifique pour la
maîtrise du marché chinois. Il ne faudrait pas recommencer ». Aujourd‘hui, c’est aux compagnies américaines que
Pékin a consenti 80 % des permis d’exploration pétrolière en mer. Aux Japonais, l’extension coûteuse du champ de
Daqing, trois plates-formes dans le golfe de Bohai.
Source : L’Express, du 17 au 23 décembre 1982.
CONSIGNES :
1- Faire la présentation des documents 1, 2 et 3
2- Dégager le contexte du document 2 en montrant les différentes tendances en lutte au sein du PCC. Présentez
un acteur dans chaque tendance.
3- Faire un bilan des actions de Mao pour redresser la Chine et l’imposer sut le plan international
4- Faire une étude comparative entre les actions de Mao et celles de Deng Xiao Ping. Quelles conclusions en tirez-
vous
5- Dégager la portée historique des textes 3, en citant deux faits historiques majeurs de nature différentes
survenus après la mort de Mao.
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DEUXIEME PARTIE : DECOLONISATION ET AFFIRMATION DU TIERS-MONDE
LECON 4 : LES CAUSES GENERALES DE LA DECOLONISATION
Objectifs :
OG : Analyser l’impact des facteurs internes et externes dans le processus d’émancipation des colonies d’Afrique
et d’Asie.
OS1 : Expliquer les causes internes de la décolonisation
OS2 : Expliquer les causes externes de la décolonisation
INTRODUCTION
Le XIX siècle a été fortement marqué en Asie et en Afrique par le triomphe de l’impérialisme européen. Mais après la
deuxième guerre mondiale, déferle la grande vague de décolonisation. L’Asie d’abord puis l’Afrique s’émancipent de
la tutelle des puissances impérialistes européennes. Le processus de décolonisation devient alors une composante
majeure des relations internationales au moment où les deux blocs s’affrontent dans la guerre froide. Il a été rendu
possible par la combinaison de facteurs internes et externes aux colonies.
I- LES CAUSES INTERNES DE LA DECOLONISATION
1- LES CONTRADICTIONS ET DIFFICULTES DU SYSTEME COLONIAL
L’exploitation économique des colonies qui s’est particulièrement intensifiée entre les deux guerres a grandement
contribué à l’éveil du nationalisme. La mise en valeur des colonies avec la construction des routes, ponts, voies ferrées,
mines, hôpitaux, écoles, se réalise à travers les travaux forcés. Les peuples indigènes sont mobilisés pour ces travaux,
sans nourriture, sans salaire, sans repos, sous la surveillance des gardes-cercle. Ils ne sont pas soignés en cas de
blessure ou de morsure de serpent.
Aux travaux forcés nous pouvons ajouter l’impôt obligatoire, le portage, qui sont souvent des occasions de violence
physique ou morale, d’humiliation, d’emprisonnement.
Dans certaines colonies comme l’Algérie et l’Indochine, les colons ont occupé les terres fertiles et laissant stériles aux
indigènes.
Pendant la deuxième guerre mondiale, au moment où certains indigènes se battent aux côtés de leurs métropoles
pour les aider à se libérer, l’ordre colonial mobilise de redoutables forces de répression afin réprimer les populations
locales contestataires. C’est le cas Congo belge.
2- LE ROLE DE ELITES INTELLECTUELLES
Avec la colonisation, les métropoles ont formé des cadres indigènes destinés à les aider dans l’administration et la
gestion des colonies. Ces élites intellectuelles africaines et asiatiques qui servaient comme médecins infirmiers,
instituteurs, interprètes, secrétaires, agents commerciaux, avocat et autres fonctionnaires ont joué un rôle important
dans l’éveil des consciences des peuples colonisés. Souvent exclus des grandes responsabilités administratives et
politiques, ces intellectuels, utilisent les idées de liberté, d’égalité, de démocratie, de droit de l’homme pour les
retourner contre leurs maîtres, les colons.
Les intellectuels menaient des campagnes de sensibilisation des populations indigènes et de dénonciation du système
colonial à travers des conférences, des journaux comme Evening News de Kwame Nkrumah, Légitime défense de
Césaire, Senghor et Rabemananjara.
Les intellectuels africains et asiatiques matérialisent leurs idées par la création de partis politiques et de syndicats
dont le combat est un vaste mouvement de rejet global de la colonisation.
II- LES CAUSES EXTERNES DE LA DECOLONISATION
1- L’IMPACT DES DEUX GUERRES MONDIALES
L’influence de la première guerre mondiale, dans le processus de décolonisation a été moins déterminante que celle
de la deuxième guerre mondiale. Elle ne remet pas en cause les fondements de la domination coloniale mais marque
le début de l’affirmation du principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». En effet, à Versailles le 5e des
14 points du président américain Wilson évoquait le sort des colonies.
Cependant, la deuxième guerre mondiale a été déterminante dans la prise de conscience des peuples
colonisés. La défaite de la France, de la Belgique et de la Hollande en 1940 porte un coup au prestige de ces métropoles
impérialistes qui pour leur libération font appel à un effort de guerre exceptionnel de leurs colonies. Les colonies
participent militairement, économiquement et stratégiquement à cette guerre.
-Au plan militaire, les colonies ont donné des soldats (tirailleurs) à leurs métropoles.
-Au plan économique, les colonies donnent leurs ressources financières, agricoles, forestières pour permettre à leurs
métropoles de se libérer.
-Au plan stratégique, certaines colonies comme le Congo, les colonies de l’Afrique du Nord et de l’Est étaient des
bases ou des points de passage des troupes alliées.
La participation des peuples colonisés à la Deuxième guerre mondiale entraîne la démystification du blanc et leur prise
de conscience qui se manifeste par la naissance des mouvements de libération nationale.
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2- UN CONTEXTE INTERNATIONAL FAVORABLE A LA DECOLONISATION
L’après-guerre est marquée par l’apparition des deux nouvelles superpuissances (les Etats-Unis, l’URSS) et de l’ONU.
Ces trois entités vont soutenir les colonies dans leur quête de l’indépendance.
*Les Etats-Unis étaient des colonies qui ont obtenu leur indépendance en 1776, après une guerre de libération
contre les Anglais. Lors de la signature de la charte de l’Atlantique en Août 1941, les Etats-Unis proclament (article3)
« le droit qu’ont tous les peuples de choisir la forme de gouvernance sous laquelle ils veulent vivre ».
*L’Anticolonialisme de l’URSS est plutôt idéologique. Les communistes préconisent une action globale contre
le système capitaliste qui se nourrit de la colonisation.
Mais le soutien des Etats-Unis et de l’URSS à la décolonisation n’est pas gratuit. Derrière ce soutien se cachent des
intérêts économiques, politiques et stratégiques. Une colonie soutenue devient, une fois indépendante, un partenaire
politique, économique et stratégique.
*Enfin, l’ONU soutient la décolonisation en réaffirmant dans sa résolution de 1952, « le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes » et devient une tribune pour l’anticolonialisme.
3- LES MOUVEMENTS DE SOLIDARITE EN FAVEUR DU 1/3 MONDE
Ils vont contribuer à la prise de conscience des peuples colonisés.
Il y a d’abord l’asiatisme né au début du XXe siècle et qui se présente comme une volonté des peuples
asiatiques de s’opposer à la domination des européens. Le mouvement s’est développé sous l’influence du Japon
vainqueur de la Russie en 1905 et des puissances européennes pendant la deuxième guerre mondiale. L’asiatisme a
exercé une influence remarquable sur les mouvements de libération en Afrique noire avec la tenue de la conférence
de Bandoeng en 1955, au cours de laquelle les pays participants ont décidé d’aider les colonies, surtout de l’Afrique à
retrouver leur indépendance.
Ensuite il y a le panarabisme qui réclame un retour aux valeurs arabes à travers la recherche d’une unité
d’action face au colonialisme. Ce mouvement a donné naissance à la Ligue Arabe et 1945.
Enfin il y a le panafricanisme dont l’objectif est de regrouper les noirs d’Amérique et d’Afrique dans un vaste
mouvement idéologique et politique pour lutter contre la colonisation et restaurer la dignité de l’homme noir.
Plusieurs conférences ont permis de créer et de consolider ce mouvement : Paris en 1919, Bruxelles en 1921, Londres
en 1923, New York en 1927 et surtout Manchester en 1945. Les principaux animateurs de ce courant sont : W.
Dubois, Marcus Garvey, Kwame Nkrumah, Jomo Kenyatta, L.S. Senghor, Garang Kouyaté, Cheikh Anta Diop.
Ajoutons le soutien venant de la métropole dont ont bénéficié certains mouvements de libération.
CONCLUSION
La décolonisation est un processus qui a permis aux peuples dominés d’Afrique et d’Asie d’accéder à l’indépendance.
La combinaison de facteurs internes et externes a provoqué l’éclatement des empires coloniaux malgré la volonté de
certaines puissances de les conserver.

SUPPORTS ET EXERCICES
e
Document 1 : Déclaration du V Congrès Panafricaine, Manchester 1945
[...] Nous croyons au droit de tous les peuples à se gouverner eux-mêmes. Nous affirmons le droit de tous les peuples
coloniaux à contrôler leur propre destinée. Toutes les colonies doivent être libérées du contrôle impérialiste étranger
qu’il soit politique ou économique. Les peuples des colonies doivent avoir le droit de choisir leur propre
gouvernement, un gouvernement sans limitation d’aucune puissance étrangère. Nous appelons tous les peuples des
colonies à lutter pour ces fins par tous les moyens à leur disposition. Le but des puissances impérialistes est d’exploiter
[...]. En octroyant aux peuples coloniaux le droit de se gouverner eux-mêmes, ils feraient échec à leurs propres visées.
C’est pourquoi la lutte des peuples coloniaux pour le pouvoir politique est le premier pas en avant et la condition
nécessaire à l’émancipation complète sociale, économique et politique. [...]
Source : Ve Congrès Panafricain de Manchester, Manifeste aux travailleurs coloniaux,
aux paysans et aux intellectuels de l’Afrique

Document 2 : Le rôle de la deuxième guerre dans la décolonisation


« Comme toujours, la guerre elle-même précipite l’évolution. D’abord par le fait qu’elle fut, jusqu’à ce jour pour une
bonne part une guerre africaine et que, du même coup l’importance, l’importance des ressources, des
communications, des contingents d’Afrique est apparue dans la lumière crue des théâtres d’opération.
Mais ensuite et surtout parce que cette guerre a eu pour enjeu ni plus ni moins que la condition de l’homme et que
sous l’action des forces psychiques qu’elle a partout déclenchées, chaque individu lève la tête et s’interroge sur son
destin [...] ».
Source : Discours De Gaulle, le 30 janvier 1944 à Brazzaville
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Document 3 : Le Rôle de l’ONU dans la décolonisation
1°) À Travers la Résolution 637 du 16 Décembre 1952
Les États membres de l’organisation doivent reconnaître et favoriser la réalisation, en ce qui concerne les populations
des territoires sous tutelle placés sous leur administration, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et doivent
faciliter l’exercice de ce droit aux peuples de ces territoires, compte tenu des principes et de l’esprit de la charte des
Nations-unies en ce qui concerne chaque territoire et de la volonté librement exprimée des populations intéressées,
la volonté de la population était déterminée par voie de plébiscite ou par d’autres moyens démocratiques reconnus,
de référence sous l’égide des Nations-unies.
2°) Puis la Déclaration 1514 du 14 décembre 1960
Dans les considérants préalables, l’assemblée générale rappelle les principes de la charte des Nations-unies, reconnaît
le « désir passionné » de liberté des peuples dépendant, affirme-le « rôle important » de l’ONU en faveur de
l’indépendance, se dit persuadée « que le processus de libération est irrésistible et irréversible » et « proclame
solennellement la nécessité de mettre fin rapidement et inconditionnellement au colonialisme sous toutes ses formes
et dans toutes ses manifestations. »
À cette fin, déclare ce qui suit :
1- La soumission des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangère constitue un déni
des droits fondamentaux de l’homme, est contraire à la charte des Nations unies et compromet la cause de la paix et
de la coopération mondiale.
2- Tous les peuples ont le droit de libre détermination ; en vertu de ce droit de libre détermination, ils déterminent
librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.
3- Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l’enseignement ne
doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l’indépendance.
4- Il sera mis fin à toute action armée contre les peuples dépendants, pour permettre à ces peuples d’exercer
pacifiquement et librement leur droit à l’indépendance complète, et l’intégrité de leur territoire national sera
respectée [...]
Source : Extrait de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et
aux peuples coloniaux, 14 décembre 1960
Document 4 :
L’épuisement et l’appauvrissement de l’Europe occidentale après cette guerre fratricide, ont eu pour effet de détruire
le mythe de l’invincibilité européenne aux yeux des peuples colonisés. La guerre ramena les Blancs à leurs véritables
dimensions humaines aux yeux des Africains qui combattirent à leurs côtés. (…) La seconde guerre mondiale eut aussi
un effet libérateur pour l’Afrique du fait qu’à l’issu de cette guerre, la toute puissance mondiale ne se trouvait plus en
Europe occidentale, mais était divisée entre Moscou et Washington. Les deux superpuissances se prévalaient l’une et
l’autre d’une tradition anti-impérialiste. (…) Ce qui est certain, c’est que la montée de l’Union soviétique et la
prééminence des Etats-Unis après la seconde guerre mondiale ont poussé les puissances européennes à faire des
concessions aux nationalistes africains qui luttaient pour l’indépendance. Si elle a toutefois retardé le processus de
libération, la crainte qu’éprouvait l’Occident face à l’Union soviétique l’a finalement facilité en convainquant les
Occidentaux qu’il valait mieux accorder l’indépendance à des pays modérés, alors qu’il était encore temps, que de les
acculer à des positions plus dures et de les pousser ainsi dans les bras de l’Union soviétique.
Source : Ali A. MAZRUI, « l’Afrique et la seconde guerre mondiale », communiqué, Colloque de Benghazi, 1980.

CONSIGNE :
1- Présenter le texte puis dégager le contexte historique des faits relatés.
2- Analyser l’impact de la seconde guerre mondiale sur le processus de décolonisation.
3- Dégager la portée historique du soutien des deux supergrands aux peuples colonisés.

Document 5 :
On ne saurait comprendre les décolonisations sans prendre en compte les bouleversements engendrés par les
colonisations. Un des résultats majeurs de celles-ci fut, d’avoir déterminé l’apparition de catégories sociales nouvelles,
qui, le temps venu, se retournèrent vers les colonisateurs. (…)
Le poids de la Seconde Guerre mondiale fut tout autre. A cet égard, nul doute que l’onde de choc de l’offensive du
Japon, en se propageant à travers tout le Pacifique, joue un rôle déterminant ; déjà la victoire de l’Allemagne avait
ébranlé l’Afrique et le Moyen-Orient. Le conflit transforma ainsi les empires coloniaux en enjeux majeurs et sanctionna
l’abaissement des puissances coloniales. (…)
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 20
Les puissances coloniales européennes ne pouvaient ignorer les contestations grandissantes dans leurs possessions
coloniales, d’autant plus que ces dernières s’inspirent des principes de liberté et de droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes invoqués par les Alliés, et rencontrèrent la sympathie et le soutien effectif du président Roosevelt et des Etats-
Unis. A la fin de la guerre, il n’était plus possible aux puissances coloniales européennes de ne pas tenir compte de
l’opinion internationale. (…) Plusieurs paramètres contribuèrent à rendre complexe l’évolution de la question
coloniale à l’époque de la guerre froide : l’anticolonialisme « onusien » soutenu par l’Union soviétique, la conduite
américaine, les réponses des puissances coloniales et l’extension de la guerre froide en Asie.
Source : Marc Michel, Décolonisation et émergence du Tiers-Monde, Edition Hachette, 1993 pp 26, 70, 86 et 136.

CONSIGNE :
1- Présenter Roosevelt en citant deux de ses actions ou projets en phase avec l’émancipation des peuples sous
domination.
2- Commenter le passage souligné du texte en insistant sur les contradictions des systèmes coloniaux comme
cause du réveil nationaliste.
3- Analyser la position anticolonialiste de l’ONU en rappelant ses fondements et actions entreprises.

Document 6 :
Derrière la guerre froide, c’est la décolonisation qui caractérise l’immédiat après-guerre. Etats-Unis et URSS
tiennent tous deux un discours anticolonial, promettant un même soutien au principe d’autodétermination.
Mais la décolonisation est d’abord le résultat de la lutte des peuples et de l’affaiblissement des grands empires
coloniaux britannique et français en 1939-1945. Londres et Paris ont même dû promettre à nombre de pays soumis à
leur joug de les affranchir une fois le conflit terminé, pour éviter qu’ils ne se soulèvent.
Aussi la fin de la guerre verra-t-elle l’avènement de nombreuses indépendances, dont la plus importante est celle
de l’Inde, qui connaît simultanément une partition douloureuse, en 1947, avec la naissance du Pakistan. Les deux
empires britannique et français programment l’indépendance de certaines de leurs colonies sous la supervision de
l’Organisation des Nations Unies (ONU), … La France essaiera cependant de s’accrocher à une partie de son empire
colonial au prix de deux guerres majeures, en Indochine et en Algérie, qui finiront par convaincre Paris d’affranchir
ses colonies africaines au début des années 1960.
Source : Gilbert Achcar et Catherine Samary, « La décolonisation à l’heure de la guerre froide »
in L’Atlas du Monde Diplomatique, Hors-Série 2012, pp.92-93.
CONSIGNE
1- Dégager le contexte historique des faits relatés en montrant les interférences (interactions) entre la guerre
froide et la décolonisation.
2- Préciser pour chacun des exemples cités du texte, la forme revêtue de la décolonisation puis expliquer
l’attitude d’une part de la métropole et d’autre part des leaders nationalistes.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 21
LEÇON 5 : LES FORMES DE LA DECOLONISATION
Objectifs :
OG : Appréhender la spécificité et la diversité des processus d’émancipation des colonies
OS1 : Analyser les causes spécifiques et les caractères de la décolonisation violente
OS2 : Analyser les causes spécifiques et les caractères de la décolonisation pacifique
INTRODUCTION :
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, toutes les conditions d’une émancipation des colonies sont réunies. Les
colonies d’Asie, d’Afrique du Nord et d’Afrique noire les unes après les autres vont accéder à la souveraineté
internationale. Certaines l’ont obtenu par la voie pacifique, d’autres par la voie violente.
I. LA DECOLONISATION DITE PACIFIQUE
La décolonisation est dite pacifique si l’indépendance est obtenue ou acquise sans faire recours à la lutte armée
entre la colonie et la puissance coloniale. Toutefois, cette forme ne signifie pas passivité ou docilité généralisée des
mouvements nationalistes. Dans certains cas, la revendication de l’indépendance est très vigoureuse même s’il n’y a
pas de guerre de libération. Cette forme dite pacifique a été rendue possible grâce à trois conditions :
➢ Le réalisme politique de la puissance coloniale :
Il est en grande partie lié à la politique coloniale adoptée par la métropole. La Grande Bretagne, par exemple par son
« indirect Rule » ou administration indirecte qui accorde une plus ou moins grande responsabilité aux élites locales, a
toujours accepté dans ses principes l’émancipation des colonies. C’est pourquoi, elle a globalement su se retirer à
temps et éviter en conséquence les guerres d’indépendance. La France bien qu’ayant accepté difficilement
l’irréversibilité de la décolonisation est tout de même parvenue à réussir une décolonisation pacifique en Afrique
Noire et dans une certaine mesure au Maroc et en Tunisie. Cependant ce réalisme n’a pas, pour autant, empêché la
puissance coloniale de faire recours à la force pour réprimer le mouvement nationaliste : emprisonnement de leaders
(Gandhi, Nehru, Bourguiba…), exiles, émeutes (répressions de marches en Gold Coast) par exemple.
➢ L’existence d’une élite disposée au compromis :
Le dialogue avec le pouvoir colonial est beaucoup facilité par une élite politique modérée pour qui l’indépendance ne
se pose pas en objectif premier, immédiat et compte prolonger la collaboration en acceptant par conséquent toutes
les réformes qui lui sont proposées.
Exemple le cas de la France en Afrique Noire.
➢ L’impact de la Guerre Froide :
La menace communiste a des fois contraint la puissance coloniale à lâcher du lest en laissant le pouvoir à des
nationaux. D’ailleurs l’une des conditions de la politique de décolonisation de l’occident c’est de ne pas permettre
l’avènement d’un régime communiste. En Asie, les hollandais ont préféré donner le pouvoir à SOEKARNO pour éviter
l’affirmation du parti communiste indonésien. En Indochine, la France a tout fait pour imposer BAO DAÏ.
La décolonisation dite pacifique à comme principale conséquence le maintien des intérêts de l’ancien colonisateur
dans l’ex-colonie, germe du néocolonialisme.
II. LA DECOLONISATION DITE VIOLENTE
C’est une forme de décolonisation où l’indépendance est obtenue à la suite d’une lutte armée entre la colonie et la
métropole. Elle éclate dans les circonstances suivantes :
➢ L’entêtement du colonisateur : Il est lié le plus souvent à trois types de pression
• Le poids économique et stratégique de la colonie pour la métropole. Exemple : l’Indochine dont la
production en riz pour son système colonial, ensuite c’est la seule colonie française d’extrême orient.
• L’existence de groupes de pression sur la métropole : c’est une importante minorité de colons qui
détient une bonne partie des richesses du pays et qui a peur de les perdre avec l’indépendance. C’est le cas des
colonies portugaises, de l’Indochine et surtout de l’Algérie.
• Le rôle des forces conservatrices dans la métropole. Exemple : pour le cas de l’Indochine, une violente
campagne de presse est déclenchée en 1946 contre « la politique de l’abandon » de la France. Toutes ces pressions
ont contribué à engager la France dans les guerres coloniales en Indochine et en Algérie. Mais l’exemple typique
d’entêtement est le cas du Portugal. Son immobilisme dans ses colonies pousse les nationalistes à adopter le langage
des armes pour se libérer de la tutelle.
➢ L’existence de mouvement de libération radicaux et organisés :
C’est le cas où le mouvement de libération national est suffisamment mûr pour revendiquer l’indépendance
immédiate sans compromis ni condition. Dès lors, cela suppose que le mouvement nationaliste soit assez bien
organisé pour pouvoir gérer son attitude radicale. D’une manière générale, cette attitude est surtout notée dans les
mouvements de libération marxistes-léninistes (Vietminh en Indochine et ceux des colonies portugaises) ou bien
nationaliste comme le FLN en Algérie.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 22
➢ L’existence de soutien extérieur :
L’entêtement du colonisateur et la radicalisation du mouvement nationaliste ont suffi pour déclencher les guerres
d’indépendance. Celles-ci doivent, maintenant leur durée et leur ampleur au soutien extérieur aux mouvements
nationalistes. Très souvent ce soutien obéit à des préoccupations idéologiques et stratégiques comme c’est le cas du
soutien des pays socialistes au Vietminh et aux colonies portugaises. Ce soutien peut aussi traduire une solidarité
culturelle comme l’action du monde arabe en Algérie.
D’une manière générale, la décolonisation violente a entrainé la rupture brutale et totale entre l’ancienne colonie
et la métropole. Comme le redoutait l’Occident, ces nouveaux Etats renforcent le camp socialiste d’où des
tentatives de déstabilisation menées par les occidentaux qui soutiennent des mouvements de guérillas comme
l’UNITA en Angola et la RENAMO au Mozambique.

CONCLUSION :
Le mouvement de décolonisation a connu des formes diverses liées aux réalités particulières de chaque colonie. Il est
cependant difficile de dégager une frontière nette entre ces différentes formes car « toute décolonisation a eu son
tribut de sang ». Mais dans tous les cas, les nouveaux Etats indépendants subissent le poids des relations
internationales par le biais du néocolonialisme ou par celui de la Guerre Froide.

SUPPORTS ET EXERCICES
Document 1 :
« Il y’avait deux manières d’acquérir l’autonomie, l’une par la révolution armée et l’autre par des méthodes non
violentes constitutionnelles et légitimes. Nous préconisons la seconde méthode. La liberté, on ne l’avait cependant
jamais accordée à aucun pays colonial sur un plateau d’argent. On ne l’avait gagnée qu’après d’amères et de
vigoureuses luttes. A cause du retard des colonies en matière d’instruction, la majorité des gens était illettrée et il
y’avait qu’une seule chose qu’ils pussent comprendre, à savoir l’action. (…). Les armes étaient l’agitation politique,
des campagnes de presse et d’enseignement, les grèves, les boycotts et la non-coopération basée sur le principe de
non-violence absolue, tel que Gandhi en Inde. »
Kwame Nkrumah, « La naissance de mon parti et son programme d’action
positive », Présence Africaine, revue culturelle du monde noir, février-mars 1957.
CONSIGNE
1. Présenter Kwame Nkrumah et Gandhi en donnant leurs nationalités, leurs fonctions tout en analysant deux
évènements datés auxquels ils se sont illustrés dans le processus d’émancipation des colonies.
2. Analyser la forme de lutte d’indépendance défendue par Nkrumah puis dégager sa portée ou ses répercussions
dans les relations entre la métropole et la colonie.
3. Citer l’autre forme de lutte évoquée dans le document puis donner deux exemples de pays où elle a été appliquée
en insistant sur les causes

Document 2 :
« L’entêtement du salazarisme à ne pas décoloniser a entrainé des guerres de libération assez longue, qui ont
provoqué des phénomènes de radicalisation. Cependant, sur la durée, quels en sont les effets ?
Il y a eu la captation des élites anticoloniales radicales par un certain marxisme, et le concept fabriqué par Moscou
pour l’exprimer fut la ‘’ révolution nationale démocrate ‘’ (RND), Pékin, ainsi que Samora Machel, rajoutant
‘’populaire’’. La RND(P) encadra ainsi conceptuellement de nombreux courants africains, de Sékou Touré à Modibo
Keita, en passant par Kwame Nkrumah et Patrice Lumumba. Mais il vaut la peine de réfléchir un peu au sens
international de l’expression. En effet, pour Moscou, même dans le cas de l’Angola et du Mozambique indépendants,
officiellement « marxistes-léninistes », il a toujours été clair que le MPLA et le Frelimo n’étaient pas communistes, ne
faisaient pas partie du camp socialiste. Ils entraient dans la catégorie des mouvements en faveur du « développement
non capitaliste ».
Michel Cahen, Lutte d’émancipation anticoloniale ou
mouvement de libération nationale ? Processus historique et discours idéologique,
Dans revue historique 2006/1 (n° 637) Pages 113-138
CONSIGNE
1. Présenter au choix deux acteurs du mouvement nationaliste africain cités dans ce texte, l’un d’une colonie française
et l’autre portugaise, en donnant leurs nationalités et en analysant le rôle joué dans l’émancipation de leurs pays.
2. En analysant les faits relatés dans le texte, comparer l’attitude soviétique à contrecarrer l’expansion du libéralisme
occidentale dans les colonies asiatique et africaine à celle américaine qui consiste à endiguer le communisme par
tous les moyens. Qu’en déduisez-vous ?
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 23
Document 3 : La décolonisation : causes et formes
La guerre a renforcé les revendications des peuples colonisés pour l’indépendance nationale (…) Les peuples
dominés ne veulent plus être dirigés par des étrangers et veulent retrouver leur dignité d’hommes libres. Les élites
indigènes fondent des mouvements de libération qui vont rallier une partie de la population qui aspire à sortir de la
misère. Le contexte est favorable à la décolonisation après 1945 : les Etats européens colonisateurs sortent affaiblis
de la guerre ; d’autre part les deux grandes puissances encouragent l’indépendance des colonies car elles y voient un
moyen d’élargir leur influence.
La décolonisation commence en Asie du Sud et de l’Est puis elle se propage en Afrique (…)
La décolonisation fut souvent pacifique. Les Anglais réussirent le plus souvent à décoloniser « en douceur » en
transmettant le pouvoir à des dirigeants qu’ils ont pour une part formée. Cela permettant de maintenir ensuite de
bonnes relations dans le cadre du Commonwealth. De la même façon la France réussira la décolonisation de l’Afrique
noire entre 1958 et 1960. Mais la décolonisation fut parfois violente. Devant le refus de l’indépendance par les
métropoles, des peuples se sont engagés dans des guerres de libération pour l’obtenir. Les partisans utilisant contre
les armées modernes des métropoles, les méthodes de la guerre de guérilla.
Source : Marc Michel, décolonisation et émergence du tiers-monde, édition Hachette, 2000.

CONSIGNE :
1- Faire l’analyse du texte puis donner son plan.
2- Identifier les formes de décolonisation évoquées dans ce texte puis donner leurs conditions respectives.
3- Dégager l’impact des formes de décolonisation sur les relations post indépendances entre l’ex-métropole
et son ex-colonie.

TABLEAU DE SYNTHESE

Continents Territoires Forme de Métropoles Nationalistes


Colonisés Décolonisations Puissance Attitude Mouvements Leaders Attitude
INDE

INDOCHINE
ASIE

PALESTINE

ALGERIE

GOLD COAST

SENEGAL
AFRIQUE

ANGOLA

GUINEE
BISSAU
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LEÇON 6 : LA DECOLONISATION EN INDE ET EN INDOCHINE
Objectifs :
OG : Appréhender les enjeux de la décolonisation de l’Asie
OS1 : Analyser le processus et les résultats de la décolonisation de l’Inde
OS2 : Analyser le processus et les résultats de la décolonisation de l’Indochine
INTRODUCTION
La première vague de décolonisation a eu lieu en Asie dans cette région où le nationalisme est plus ancien et mieux
organisé. En effet, depuis la victoire du Japon sur la Russie en 1905 les peuples colonisés d’Asie se sont agités contre
la domination européenne. L’Inde anglaise et l’Indochine française ont connu des formes d’émancipation différentes.

A- LA DECOLONISATION EN INDE : UNE FORME D’EMANCIPATION DITE PACIFIQUE


1- LE REVEIL DU NATIONALISME INDIEN
Depuis 1857, l’Inde est devenue une colonie de la couronne dirigée par un Gouverneur général anglais appelé vice-
roi. L’Inde était également considérée comme la « Perle de l’empire britannique » en raison de ses nombreuses
richesses (riz, thé, coton, ivoire…). Le nationalisme indien est né des contradictions du système colonial anglais fait
d’économie d’exploitation, de marginalisation politique, d’inégalités, d’injustice sociale et d’un refus catégorique de
toute forme de culture ou civilisation pour le peuple indien. Ce nationalisme se traduit par la création de partis
politiques chargés des revendications. Ainsi, dès le début du XXe siècle, une bourgeoisie industrielle et commerçante
s’associe aux intellectuels formés dans les écoles anglaises pour mettre sur pied deux grands partis : l’INC (Indian
National Congress) fondé en 1885 et la Ligue Musulmane en 1906 pour préserver l’identité culturelle des populations
islamisées. Malgré la précocité du nationalisme, l’Inde tarde à bénéficier d’une quelconque évolution de son statut
politique car la Grande Bretagne souhaitait la garder à cause de ses immenses potentialités économiques.
2- L’EVOLUTION DE L’INDE ENTRE LES DEUX GUERRES
L’évolution politique de l’Inde est entamée au cours de la première guerre mondiale suite à l’effort de guerre fourni
par les indiens. La Grande Bretagne promet une participation plus large des indiens aux affaires de l’Etat. Cependant,
l’adoption du statut de « l’Indian Act 1 » introduit en 1919 fut une déception pour les indiens car l’essentiel du pouvoir
est entre les mains du vice-roi. Les soulèvements des indiens furent sévèrement réprimés par la Grande Bretagne
surtout dans les provinces de Pendjab et d’Amritsar en avril 1919. Ces évènements conduisent à la radicalisation du
nationalisme indien. Gandhi (1869-1948), leader nationaliste indien lance une campagne de désobéissance civile, de
non coopération basée sur la non-violence en aout 1920. Son action est si efficace qu’il est condamné et emprisonné
pour 6ans en mars 1922, mais libéré au bout de 2ans. Avec lui le mouvement nationaliste se radicalise davantage en
réclamant l’autonomie interne ou le self government. L’intensification de la campagne de désobéissance civile pousse
la Grande Bretagne à engager des négociations vouées à l’échec à cause du refus des musulmans de l’Indian act 2 de
1935.
II- LA MARCHE VERS UNE INDEPENDANCE DANS LA PARTITION
Pour obtenir le soutien de l’Inde à l’effort de guerre, la Grande Bretagne promet l’indépendance à la fin de la seconde
guerre mondiale. Le refus du parti du congrès entraine un durcissement du mouvement qui réclame l’indépendance
immédiate en lançant en aout 1942 « le Quit India ». Gandhi appelle à une insurrection qui sera sévèrement réprimée
et suivie d’arrestation et d’emprisonnement des hommes influents du parti comme Nehru. De ces évènements, les
relations entre la Grande Bretagne et le Parti du Congrès sont définitivement gâtées. A la fin de la seconde guerre
mondiale un changement politique intervient en Grande Bretagne, le travailliste Clément Attlee remplace le
conservateur Churchill. Il est favorable à l’indépendance de l’Inde. Mais au moment où les négociations entre le vice-
roi Lord Mountbatten et les représentants de l’Inde reprennent on note une opposition entre le parti du congrès qui
souhaite la formation d’un Etat unitaire et la Ligue Musulmane favorable à l’indépendance dans le cadre de deux Etats.
Le 15 aout 1947 l’indépendance est votée dans la partition : un Etat majoritairement hindous dirigé par le Premier
Ministre Nehru et un autre le Pakistan dirigé par Liaqat Ali Khan. Le transfert de musulmans vers le Pakistan et celui
d’hindous vers l’union indienne entraine de violentes troubles. C’est une décolonisation ratée, Gandhi l’apôtre de la
non-violence est assassiné en 1948 par un fanatique hindou. Les deux Pakistan se séparent aussi à l’issu d’une guerre
de sécession sévèrement réprimée en 1971.
B- INDOCHINE : UNE DECOLONISATION DITE VIOLENTE
1- EMERGENCE ET ORGANISATION DU NATIONALISME INDOCHINOIS
L’Indochine est une possession française de l’Asie du sud-est riche en hévéa. Depuis 1893, elle devint une
confédération comprenant une colonie la Cochinchine et 4 protectorats (Annam, Tonkin, Cambodge et Laos. Durant
tout le XIXe siècle la France mène un colonialisme de pillage en drainant toutes les richesses vers la métropole. Cette
situation engendre la frustration et la montée de la ferveur nationaliste. Dans cette région l’essentiel des
revendications nationalistes vont avoir pour cadre le Vietnam qui englobe l’Annam, le Tonkin et la Cochinchine.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 25
Ainsi en 1930, le parti communiste indochinois (PCI) fondé par Ho chi Minh ou Nguyen Ai Qoc va s’imposer comme
principal parti nationaliste. En 1941 lorsque le Japon envahit le Vietnam, les nationalistes indochinois se rassemblent
pour fonder le vietminh (Front pour l’indépendance du Vietnam) dont les objectifs étaient de lutter à la fois contre les
japonais et les français. Ainsi, dès l’annonce de la capitulation du Japon, Ho chi Minh et ses lieutenants déclenchent
l’insurrection générale qui conduit à l’abdication de l’empereur d’Annam le Bao Dai, proclament l’indépendance du
Vietnam le 2 septembre 1945 et refusent toute relation avec la France.
2- LE RETOUR DE LA FRANCE ET LA GUERRE D’INDEPENDANCE DE L’INDOCHINE
a- LE RETOUR DE LA FRANCE
Pour reprendre le contrôle de la situation, le Général français Leclerc recommande à la France de négocier. Il débarque
en Cochinchine le 12 septembre 1945. Les négociations aboutissent aux accords du 6 mars 1946 entre (Sainteny et Ho
chi Minh) qui reconnaissent le Vietnam comme Etat libre faisant partie de la confédération indochinoise et de l’Union
française. Ces accords qui prévoyaient un référendum pour l’indépendance totale et la réunification de l’Annam, du
Tonkin et de la Cochinchine (3ky) sont violés par la France qui accorde l’indépendance à la Cochinchine en juin 1946.
L’échec de la conférence de Fontainebleau en juillet-aout 1946 entraine une rupture définitive entre les deux parties.
C’est le début des différents entre le vietminh et la France.
b- LA GUERRE D’INDEPENDANCE
La tension monte avec l’attaque commise contre la base du vietminh à Haiphong le 23 novembre 1946 (6000 morts).
Le vietminh commandé par le Général Giap riposte sur Hanoi en tuant 200 européens le 19 décembre 1946 : c’est le
début de la guerre. Cette guerre qui a duré 8 ans peut être scindée en 2 étapes :
-1946-1949 : la France mène une guerre coloniale en imposant sa supériorité militaire au moment où le vietminh
adopte la guérilla (les troupes du vietminh se retirent dans les campagnes pour encercler les villes). Cette stratégie
contraint la France à rechercher en vain des appuis internes à travers la solution politique. Ce sont les accords de la
Baie d’Along en juin 1948 qui promettent l’indépendance à l’Annam, au Cambodge et au Laos dès 1949 mais dans le
cadre de l’Union Française.
-1949-1954 : la guerre devient un conflit de la guerre froide. En effet l’aide apportée par l’URSS et les communistes
chinois nouvelles installés permet aux troupes vietminh du général Nguyen Vo Giap de prendre le dessus sur les
français pourtant aidés par les Etats-Unis. Finalement, le 7 mai 1954, les français sont battus à Dien Bien Phu. Le
Président du Conseil français et partisan de la paix en Indochine, Pierre Mendes France conclut les accords de Genève
le 20 juillet 1954 qui mettent fin à la phase française du conflit. Le Laos et le Cambodge sont indépendants alors que
le Vietnam est divisé par une ligne d’armistice fixée au 17e parallèle, avec le Nord sous contrôle du vietminh et le Sud
par les nationalistes non communistes. Le refus du Sud de procéder au référendum de réunification prévu 2 ans après
en 1956 par les accords de Genève entraine une seconde guerre dite du Vietnam dans laquelle les Etats-Unis s’activent
pour endiguer le communisme.
CONCLUSION
La décolonisation en Asie, particulièrement celle de l’Inde et de l’Indochine, a généralement divisé ces pays et séparés
leurs peuples. Cette décolonisation est marquée aussi par la guerre froide. Cependant, l’Asie a joué un rôle de premier
plan dans la décolonisation des autres peuples notamment africains.

SUPPORTS ET EXERCICES
COMMENTAIRE DE TEXTES
Texte 1 : Acte d’indépendance de l’Inde
1. A dater du 15 aout 1947, deux dominions indépendants seront établis dans l’Inde, connus sous l’appellation
respective d’Inde et Pakistan. Dans le présent acte, lesdits dominions seront appelés « nouveaux dominions » et ledit
quinze août sera appelé « le jour désigné ».
2. Le territoire de l’Inde sera formé des territoires placés sous la souveraineté de Sa Majesté, qui immédiatement
avant le « jour désigné », étaient inclus dans l’Inde britannique, à l’exception des territoires qui, d’après l’alinéa
suivant, doivent former le Pakistan.
Les territoires du Pakistan seront : la partie orientale de la province du Bengale ; la partie occidentale de la province
de Pendjab, dans les limites fixées ci-après. (…)
C. Fohlen et J. R. Suratten, « Texte d’histoire contemporaine », Paris, SEDES, 1967.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 26
Texte 2 : Discours de Ho chi Minh sur la fin de la guerre entre la France et le Vietnam du Nord dirigé par les
nationalistes-communistes
Aux compatriotes, combattants et cadres du pays tout entier, la conférence de Genève a pris fin. Notre diplomatie
vient de remporter une grande victoire. (…). Nos grandes victoires sont également dues au soutien apporté à notre
lutte politique par les peuples amis, le peuple de France et les peuples épris de paix du monde.
Ces victoires et les efforts soutenus des délégués de l’URSS à la France, la lutte de notre délégation à Genève, appuyée
par les délégations soviétique et chinoise, a été couronnée d’un grand succès : la reconnaissance par le gouvernement
Français de notre indépendance et souveraineté nationale de notre unité et intégrité territoriale, et son engagement
à retirer ses troupes hors de notre pays, etc. (…) Vive le Vietnam pacifique, uni, indépendant et démocratique !
Département de la presse et de l’information du ministère des affaires étrangères de la RDV, Hanoi, 1956.

CONSIGNES
1- Présenter Ho chi Minh en indiquant sa nationalité, sa fonction et deux évènements datés auxquels son nom
est collé. (6pts)
2- Dégager le contexte historique des faits relatés dans les textes en analysant deux évènements pertinents
survenus respectivement en Asie, notamment au cours de la période 1946-1956. (7pts)
3- Dégager la portée historique des textes en montrant que la décolonisation britannique en Inde et celle
française en Indochine se sont soldées par des échecs. (7pts)

EXERCICE 2 : Epreuve du 2éme groupe Bac 2017


Commentaire :
« La situation du Parti du « Congrès » peut être résumée ainsi : le gouvernement britannique doit d’abord accorder
l’indépendance et transmettre l’appareil civil et militaire de l’Etat aux hommes du « Congrès » qui mettront en place
un gouvernement national selon leurs propres conceptions. […]
Au contraire, la Ligue Musulmane se fonde sur la réalité. J’ai expliqué en détail les différences fondamentales entre
Hindous et Musulmans. Il n’y a jamais eu, pendants tous ces siècles, d’unité sociale et politique entre ces deux
principales nations. L’unité indienne dont on parle aujourd’hui ne relève que de l’administration britannique qui n’a
maintenu la paix, la loi, l’ordre dans ce pays que par le recours ultime à la police et l’armée. La revendication du
« Congrès » est fondée sur une nationalité qui n’existe pas, sauf dans l’esprit de doux rêveurs. Notre solution se fonde
sur la partition de territoire de ce sous-continent en deux Etats souverains : l’Hindoustan et le Pakistan. »
Déclaration d’Ali Jinnah devant la convention législative de la Ligue Musulmane, 7 avril 1946.
CONSIGNE
1- Présenter le contexte historique du texte en citant deux facteurs qui ont accéléré le processus de décolonisation
de l’Inde. Analyser un des facteurs cités, au choix, en dix lignes au maximum. (7pts)
2- Identifier dans le document ci-dessus les deux protagonistes (les mouvements et leurs leaders respectifs) puis
expliquer leurs positions respectives sur l’indépendance de l’Inde. (7pts)
3- Analyser les conséquences de cette déclaration sur l’évolution politique de la péninsule indienne jusqu’en 1971.
(6pts)
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 27
LECON 7 : LA DECOLONISATION AU PROCHE ORIENT : LA QUESTION PALESTINIENNE ET LES RELATIONS ISRAELO-
ARABES
Objectifs :
OG : Appréhender les enjeux de la décolonisation de la Palestine
OS1 : Evaluer l’action de la Grande Bretagne et de l’ONU dans la décolonisation de la Palestine
OS2 : Expliquer les principaux conflits israélo-arabes
OS3 : Apprécier le processus de paix en Palestine
INTRODUCTION
Le proche Orient correspond à la partie occidentale de l’Asie et d’Afrique du Nord. Il s’étend entre l’Egypte et la
Turquie. Il a toujours été objet de convoitise des puissances occidentales à cause de ses ressources pétrolières, de sa
position de carrefour et de son statut de berceau des religions révélées (le judaïsme, le christianisme et l’Islam). A la
suite du retrait britannique et la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, le proche Orient plonge dans une spirale de
crises sans issues malgré des séries d’accords de paix.
I- ORIGINE DE LA QUESTION PALESTINIENNE
Terre de rencontre des Hébreux, des Arabes, des Assyriens et des Romains, la Palestine est le foyer des trois religions
révélées : le judaïsme, le christianisme et l’Islam. Depuis longtemps, le Proche Orient était sous la domination de
l’empire Turc Ottoman. Cependant, au lendemain de la première guerre mondiale, la SDN, suite à la conférence de
San Rémo de 1920, place la Palestine sous administration britannique ainsi que la Cisjordanie en 1923. L’idée de la
création de l’Etat israélien remonte en 1897 avec la naissance du mouvement sioniste sous la direction de Théodor
Herzl qui considère la Palestine comme « la terre promise » aux juifs. La déclaration de Lord Balfour du 2 Novembre
1917 accélère la colonisation des terres palestiniennes par les juifs (8 % en 1919, 30 % en 1939). Le mouvement des
juifs en terre palestinienne attise les tensions entre Israéliens et Arabes. Dés-lors l’ONU intervient à travers la
résolution 181 du 29 Novembre 1947 en adoptant un plan de partage de la Palestine en deux Etats : un Etat juif et un
Etat Arabe et une zone internationale Jérusalem. Ce plan fut accepté par les juifs mais rejeté par les Arabes. Le 14 Mai
1948, à la veille du retrait des britanniques de la Palestine, David Ben Gourion proclame la naissance d’un Etat Israélien
qui sera immédiatement reconnu par les Etats Unis et l’Urss mais contesté par la coalition Arabes : c’est le début des
guerres israélo-palestiniennes.

II- LES GUERRES ISRAELO-ARABES


Au lendemain de la proclamation de la naissance de l’Etat d’Israël, cinq pays arabes (Egypte, Syrie, Liban, Irak et
Jordanie) attaquent Israël. Cette guerre d’indépendance fut gagnée par Israël qui annexe de nouveaux territoires et
fut reconnu par l’ONU le 11 Mai 1949.
La crise du canal de suez (29 Octobre au 06 Novembre 1956) est à la suite de la décision de Nasser de nationaliser le
Canal. Cette guerre fut gagnée militairement par la coalition composée par Israël, Grande Bretagne et France mais
diplomatiquement par Nasser suite à l’intervention des Etats-Unis et de l’Urss qui imposent un cessez-le-feu le 6
Novembre 1956.
La guerre des six jours (du 5 au 10 juin 1967) déclenchée par les Arabes fut gagnée par Israël. Ainsi Israël annexe Gaza,
Sinaï, Jérusalem Est, Cisjordanie et le plateau du Golan. La résolution 242 de l’ONU du 22 Novembre 1967 exige la
restitution des territoires annexés par Israël à la suite de la guerre des six jours.
La guerre de Kippour (6-24 octobre 1975) fut déclenchée par l’Egypte, la Syrie et l’Irak contre Israël le jour de la fête
juive. Elle fut gagnée par Israël. Les pays Arabes producteurs de pétrole décident d’augmenter les prix du baril le 17
Octobre 1973 : c’est le premier choc pétrolier. Les deux super puissances interviennent pour obtenir un cessez-le-feu.
Les négociations entamées entre l’Egypte et l’Israël, sur proposition de Nixon et Brejnev, aboutissent aux accords de
Camp David (1) du 17 septembre 1978 entre Sadate, Menahem Begin et Jimmy Carter. Le Sinaï sera finalement
évacué et les relations entre les deux Etats rétablies.
La guerre civile libanaise opposait les phalangistes chrétiens soutenus par Israël aux musulmans du Hezbollah
soutenus par l’OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine) créée le 28 juin 1964. Pour mettre fin aux hostilités
des commandos de l’OLP, l’armée israélienne décrète en 1982 l’opération « Paix en Galilée ». Elle envahit le Liban et
contraint les dirigeants de l’OLP se réfugier en Tunisie. Dans la poursuite des hostilités de Tsahal, les résistants
palestiniens déclenchent en 1987 la première Intifada (la guerre des pierres) jusqu’en 1993 entraina la mort de 2000
palestiniens.
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II- LES NEGOCIATIONS DE PAIX
Le successeur de Nasser à la tête de l’Egypte Anouar El Sadate décide de mener une nouvelle politique à l’égard
d’Israël. En 1977, il effectue une visite officielle à Jérusalem. La puissance militaire de la ligue Arabe se rapproche
d’Israël. En 1978, sous l’impulsion des Etats Unis les accords de Camp David furent signés entre Jimmy Carter, Sadate
et Menahem Bégin. Ces accords ont permis à la Palestine de récupérer le Sinaï. On assiste aussi à la naissance dans les
territoires palestiniens d’un « front du refus » hostile aux négociations. Les rapprochements israélo-égyptiens
continuent avec la signature d’un traité de paix en Mars 1979.
La conférence de Madrid du 30 Octobre au 4 novembre 1991 qui a regroupe en Espagne les Etats Unis, l’URSS, l’ONU,
la CEE, le Conseil de Coopération du Golf et plusieurs pays Arabes, marque un point important dans la recherche de
solutions au problème israélo palestinien.
Le 13 Septembre 1993 on assiste à la signature des Accords d’Oslo I (Accords de Washington) sous la direction de Bill
Clinton entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. En septembre 1995 les Accords d’Oslo II sont signés. Ces accords seront
suivis par ceux de Wye Plantation River (octobre 1998) et ceux de Cham El Cheikh (septembre 1999)
A partir de 2002, les négociations de paix étaient dirigées par le Quartet (ONU, UE, Etats-Unis et Russie) qui propose
« une feuille de route » qui ne sera jamais respectée à cause de la politique belliqueuse de Sharon.
Du 26 au 28 Novembre 2007 s’est tenue sous l’égide des Etats unis, une conférence internationale à Annapolis. A l’issu
de cette conférence Ehud Olmert et Mahmoud Abbas qui a remplacé Yasser Arafat s’engagent à signer un traité de
paix avant fin 2008. Cependant ce projet sera compromis par les offensives militaires israéliennes sur la Bande de
Gaza et la montée en puissance du Hamas dans les territoires palestiniens. En juillet 2013 on assiste à la reprise des
négociations directes entre Israël et la Palestine sous l’égide des Etats Unis, plombées depuis 2010.
Le 28 janvier 2020, le président des Etats Unis, Donald Trump présente son plan de paix. Il propose un financement
de 50 milliards de dollars pour le développement économique de la Palestine et l’Israël. Ce dernier garderait Jérusalem
comme capitale indivisible et la Palestine aurait comme capitale une portion de Jérusalem-EST. Ce plan est
naturellement rejeté par la Palestine.
IV- LES OBSTACLES A LA PAIX
La recherche de solutions au problème Israélo palestinien se heurte à un certain nombre d’obstacles : les opérations
militaires lancées périodiquement par Israël (paix sur la Galilée 1982 ou Raisins de la colère de 1994) ; les limites de
l’ONU, la partialité des Etats Unis ; l’impuissance et désunion des Arabes ; l’obstination des Israéliens ainsi que
l’aveuglement des extrémistes palestiniens
CONCLUSION
L’évolution des relations israélo- arabes est marquée par des séries de guerres et de négociations qui n’ont pas permis
d’aboutir à une paix. La cohabitation des deux peuples sur un même territoire avec des religions antagonistes ne
favorise pas une cohabitation pacifique. De 1897 à 2020 le conflit israélien demeure sans solution. Le conflit israélo-
palestinien est un conflit éternel ?

SYNTHESE DE LA COVID 19
L7 : LA DECOLONISATION AU PROCHE-ORIENT : LA QUESTION PALESTINIENNE ET LES RELATIONS ISRAELO-ARABES
❖ LA DECOLONISATION AU PROCHE-ORIENT
➢ Le Proche Orient renvoie à l’ensemble des pays ou territoires riverains de la Méditerranée orientale et du Nord-
Ouest de l’Océan indien (Liban, Turquie, Syrie, Israël, Territoires autonomes arabes, Jordanie, Arabie Saoudite, Yémen,
Oman, Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Koweït, Irak, Iran, …).
➢ Du fait de ses particularités religieuses, économiques et stratégiques, le Proche Orient fut occupé par les romains
(70 avant JC). Cet espace passera sous la domination de l’empire turc ottoman à partir de 1516. Il y restera jusqu’à la fin
de la 1ère Guerre Mondiale. Avec la défaite (1918) et la disparition de l’empire Turc, le Proche-Orient sera placé sous mandat
à la suite des accords Sykes-Picot (Grande Bretagne et France), du traité de Sèvres (10 Aout 1920) et la conférence de San
Remo (1922).
➢ Ainsi, la Syrie, le Liban furent confiées à la France, l’Irak, la Transjordanie et la Palestine furent placées sous
mandat britannique. Ces territoires placés sous mandant vont tous accéder l’indépendance de manière pacifique. Exemple
: le mandat britannique prend fin en Irak le 30 Juin 1930 dans la douceur ; la France met fin à son mandat au Liban, le 22
novembre 1943. Le mandat britannique en Palestine a pris fin le 15 mai 1948.
➢ Cependant, ce processus fut inachevé en Palestine du fait des spécificités de ce territoire.
❖ LA PALESTINE, UNE TERRE CONVOITEE OU MAUDITE
➢ La Palestine est une région géographique et historique du Proche-Orient. Elle est devenue dans la seconde moitié
du XXe siècle, l’une des principales zones de tension de la planète en raison des affrontements entre Arabes et Hébreux ou
les Juifs et les musulmans ou Israéliens et Palestiniens.
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➢ Ces tensions découlent de plusieurs facteurs principaux: les particularités de la Palestine (les richesses, la position
géographique favorable, les sites religieux de Jérusalem), l’immigration juive en Palestine (inspirée, encouragée, financée,
soutenue, accompagnée et accélérée par plusieurs éléments), la double promesse de la Grande-Bretagne et le partage de
la Palestine ou la résolution 181 de l’ONU du 29 Novembre 1947 qui divise la Palestine en 3 (45% aux arabes, 55% aux Juifs
et Jérusalem sous contrôle international).
➢ Ce partage très favorable aux juifs pourtant minoritaires fut naturellement rejeté par les arabes. C’est le début des
relations conflictuelles entre les juifs et les arabes dans cette région.
❖ LES RELATIONS ISRAELO-ARABES
Depuis presque trois quart de siècle, les relations israélo-arabes sont tendues, heurtées, conflictuelles. On peut distinguer
deux périodes dans ces relations :
➢ De 1948 à 1973, c’est la période des guerres entre les Etats arabes et l’Etat Hébreux (crée le 14 Mai 1948 à la veille
de la fin du mandat britannique) ; il s’agit de la guerre d’indépendance (1948-1949), guerre de Suez (1956), guerre des 6
jours (5-10 Juin 1967), guerre de Kippour (1973). Le bilan de ces quatre conflits est, du point de vue des palestiniens,
négatif. Ils ont perdu l’essentiel de leurs terres issues du plan de partage ; des milliers d’arabes palestiniens ont été exilés
vers les Etats voisins ; leur accès aux lieux de cultes de Jérusalem est contrôlé par Israël.
➢ De 1982 à 2020, c’est la période de la résistance palestinienne : déçus par l’inefficacité des Etats arabes face à
Israël, des signatures des accords de Camp David 1 et du Traité de paix Israélo-égyptien, les Arabes Palestiniens décident
de prendre leur destin en main ou d’organiser leur propre résistance sous la direction de l’OLP créée en 1964, dirigée par
Yasser Arafat, du Hamas crée en 1987 par Cheikh Ahmed Yassin. Ces mouvements ont comme objectifs la récupération de
la totalité de la Palestine, la destruction de l’Etat d’Israël. L’opération « Paix en Galilée » de 1982, les Intifada de 1987 et
2000, les multiples guerres ou sièges de Gaza en sont des preuves de la résistance palestinienne.
❖ LE PROCESSUS DE PAIX ISRAELO-ARABE ET SES OBSTACLES
En dépit des multiples guerres, des nombreuses tensions, plusieurs acteurs cherchent à trouver la paix à travers le «
Processus de paix israélo-arabe ».
➢ Le processus de paix israélo-arabe désigne l’ensemble des efforts ou négociations entrepris, des démarches
effectuées par les deux parties (Arabes et Israéliens), la communauté internationale (ONU, Etats-Unis, Russie, UE, Ligue
Arabe…) pour trouver une solution durable au conflit israélo-arabe.
➢ Ces efforts ont abouti à l’adoption de multiples résolutions par l’ONU (194, 242, 338, 465, …), à la signature de
nombreux accords (Camps David de 1978, Oslo de 1993, Wye Plantation aux Etats-Unis de 1998, Charm el-Cheikh en 1999,),
traités (traité de paix israélo-égyptien de 1979), protocoles (celui de Paris de 1994).
Ces démarches ont permis la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP, la mise place du QUARTET (ONU, EU, RUSSIE,
UE) en 2002 qui publie le 30 Avril 2003 la feuille de route qui devait conduire à la création d’un Etat arabe en Palestine.
➢ Malgré tous ces efforts, la question palestinienne est toujours dans l’impasse car les négociations ou accords entre
les parties bloquent toujours sur les points suivants : le retrait des terres palestiniennes conquises par Israël; le refus
israélien du retour des réfugiés palestiniens; le statut de Jérusalem car Israël considère la vieille ville comme sa capitale
éternelle et les Palestiniens veulent aussi un Etat avec Jérusalem comme capitale; le silence des Etats arabes; la
répartition des eaux du Jourdain; l’ambigüité de la position américaine ; la question des frontières, etc.

LES PRINCIPAUX ACTEURS :


 David Ben Gourion, Menahem Bégin, Yitzhak Rabin, Ariel Sharon (Homme d’Etat israélien, Premier Ministre)
 Gamal Abdel Nasser, Anouar Al Sadate (Homme d’Etat Egyptien, Président de l’Egypte)
 Yasser Arafat, Mahmoud Abbas (Leader Palestinien, Président de l’Autorité palestinienne et de l’OLP)

SUPPORTS ET EXERCICES
Document 1 : Sionisme et création de l’État d’Israël
[...] La volonté de rassembler la communauté juive en Palestine n’est pas nouvelle. En effet, le mouvement sioniste
s’appuie sur l’attachement du peuple juif à la Terre Sainte et à Jérusalem qui est au cœur du judaïsme. Le mot sionisme
vient de Sion, une colline de Jérusalem. Le rêve d’un retour à Sion, et donc à Jérusalem, après la dispersion du peuple
juif chassé par Rome en 135 après JC est sans cesse rappelé dans la religion juive. Chaque fête rappelle la nostalgie de
Sion et le rêve d’un retour en Terre Sainte, en Palestine. La formule « l’an prochain à Jérusalem » est répétée par
exemple lors des fêtes de Pâques et du Nouvel An. Les Juifs pratiquants attendent alors la venue d’un messie libérateur
qui est décrit dans les Écritures et qui ramènera le peuple juif en Terre Promise. [...] Cependant, c’est véritablement
sous l’impulsion du journaliste et écrivain juif d’origine hongroise Théodore Herzl (1860-1904) que le sionisme national
se constitue et se développe. Alors qu’il est envoyé à Paris comme correspondant pour le grand journal autrichien «
Neue Freie Presse » à partir de 1894, Herzl prend pleinement conscience avec l’Affaire Dreyfus de l’ampleur de
l’antisémitisme en Europe et de l’impossibilité de l’assimilation. Il devient alors clair pour lui que la seule perspective
d’avenir pour le peuple juif réside dans la création d’un État juif indépendant. Il expose ses théories dans son ouvrage
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« L’État juif » paru en 1896. Il y reprend les thèses sionistes et affirme que la formation d’un État juif est le seul moyen
de permettre aux Juifs de vivre en sécurité et d’améliorer l’image du Juif en Europe.
[...] Herzl met rapidement tout en œuvre pour favoriser la création de l’État juif. Il organise, du 29 au 31 août 1897, le
premier congrès sioniste mondial à Bâle où est créée l’Organisation sioniste mondiale dont il prend la tête. L’objectif
du mouvement est clairement défini : il s’agit d’établir en Palestine un « foyer » légitimé par le droit international,
puis, dans un second temps, d’organiser l’immigration libre des Juifs en Palestine. Le programme du sionisme ne fait
alors aucune référence religieuse et insiste plus sur l’histoire commune des Juifs. [...] Par ailleurs, Herzl se lance dans
une importante activité diplomatique et multiplie les contacts avec les puissances européennes pour obtenir des
concessions territoriales.
Il tente de trouver des appuis auprès des souverains européens tels que le sultan ottoman Abdul Hamid II, l’empereur
d’Allemagne Guillaume II et le roi d’Italie, sans grand succès. Herzl parvient cependant à sensibiliser les différents
souverains au projet sioniste en leur démontrant que la mise en place d’un foyer juif ne peut qu’aller dans le sens de
leurs intérêts. Cette action diplomatique favorise le succès et le développement du sionisme dans le monde. À partir
de 1902, il arrive à obtenir le soutien du ministre britannique des colonies, Joseph Chamberlain qui propose aux
sionistes l’établissement d’un foyer juif dans une de leurs colonies telle que l’Ouganda. [...] Au sein même du sionisme,
on peut cependant noter différentes tendances qui s’opposent au sionisme politique de Herzl. [...] Malgré ses
divergences internes, le sionisme connait un développement certain et s’organise parallèlement à la montée du
nationalisme arabe dans la région. En 1917, la déclaration Balfour apporte à l’Organisation une première grande
victoire avec une garantie juridique de portée internationale pour l’établissement d’un Foyer national juif en
Palestine. Les persécutions et le génocide nazi des années 1930-1940 contre la communauté juive légitiment toujours
plus son besoin de constituer un État. En 1948, le sionisme aboutit finalement à la création d’Israël, État juif en
Palestine. [...]
Source : Lisa Romeo, Les clefs du Moyen-Orient, 4 octobre 2010
CONSIGNE :
1- Présenter Théodore Herzl en indiquant sa nationalité et son apport dans la création de l’Etat hébreux.
2- En partant du document de vos connaissances, retracer de genèse de l’État d’Israël.
3- Commenter le passage souligné en insistant sur le rôle de la Grande-Bretagne dans la création de l’Etat
hébreux.
4- Dégager l’intérêt historique du texte.

Document 2 : La proclamation de l’Etat d’Israël


La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que s’est formée son identité spirituelle, religieuse et
nationale. […] C’est là qu’elle a écrit la Bible et l’a offerte au monde. En 1857, le premier congrès sioniste, inspiré par
la vision de l’Etat juif de Théodore Herzl, a proclamé le droit du peuple juif au renouveau national dans son propre
pays. Ce droit a été reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 […] Le récent holocauste, qui a anéanti
des millions de Juifs en Europe, a de nouveau montré le besoin de résoudre le problème dû au manque de patrie et
d’indépendance du peuple juif, par le rétablissement de l’Etat juif en Palestine. […] le 29 novembre 1947, l’Assemblée
générale des Nations Unies a adopté une résolution recommandant la création d’un Etat juif en Palestine. […] En
conséquence, nous, membres du Conseil national, représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement
sioniste mondial, sommes réunis en assemblée solennelle aujourd’hui, jour de la cessation du mandat britannique en
Palestine. […] Nous proclamons la création de l’Etat juif en Palestine, qui portera le nom d’Etat d’Israël. L’Etat d’Israël
sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays où ils sont dispersés : il veillera au développement du pays au
bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix ; il assurera la protection
des lieux saints de toutes les religions […]
Proclamation du Conseil provisoire de l’Etat, lue par David Ben Gourion, au musée de Tel Aviv, le 14 mai 1948.

CONSIGNE :
1- Présenter David Ben Gourion en précisant sa nationalité, ses fonctions et deux événements datés auxquels il
s’est illustré.
2- Dégager le contexte dans lequel cette déclaration a été faite en analysant deux facteurs qui ont accéléré le
processus de création de l’Etat d’Israël.
3- Dégager la portée historique du texte en citant trois de ses conséquences sur l’évolution des relations Israélo-
arabes.
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Document 3
Le bilan des quatre conflits est, du point de vue des palestinien, négatif. La guerre de 1948, entreprise pour
contrecarrer le partage du territoire, a conduit à le réunir sous la domination adverse. Celle de 1956, centrée sur l’allié
principal de la résistance, le met en si mauvaise posture qu’il n’entreprend plus d’attaques pendant une décennie.
Celle de 1967, où l’alliance arabe est la plus large et le front le plus étendu, a abouti à la mainmise israélienne sur le
reste de la terre palestinienne. Celle de 1973, enfin, où les alliés portent à l’adversaire les coups les plus rudes en
conservant quelques temps l’initiative, rend possible la défection du plus puissant d’entre eux.
Vingt-cinq années d’espérance mise en la solution militaire ne font en réalité, que détériorer les positions
palestiniennes.
Source : Nadia Benjelloun-Olivier, la Palestine : un enjeu, des stratégies, un destin,
Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1984
CONSIGNE
1- Présenter le texte.
2- Citer trois conséquences de ces guerres du côté des palestinien et trois conséquences du côté des israéliens.
Analyser une conséquence pour chaque partie.
3- Dégager la portée historique du document en insistant sur l’évolution des rapports entre les juifs et les arabes
depuis la signature des accords de Camp David 1 en 1978.

Document 4 : Les dispositions de la « Feuille de route » *


(…) Ce document se fonde sur les résolutions des Nations unies, la conférence de Madrid (1991), les accords d'Oslo (1993)
ainsi que les avancées diplomatiques qui suivirent. Mais il s'inspire tout particulièrement des négociations de Camp David
(juillet 2000) et de Taba (janvier 2001) pour définir les bases sur lesquelles un Etat palestinien indépendant sera créé aux
côtés de l'Etat d'Israël :
Statut : l'Etat de Palestine sera démilitarisé. Il disposera néanmoins de forces de sécurité pour maintenir l'ordre, prévenir
le terrorisme et surveiller les frontières.
Territoire : l'Etat palestinien sera créé à l'intérieur des frontières du 4 juin 1967. Il s'étendra sur la totalité de la bande de
Gaza et sur 97,5 % de la Cisjordanie. Les 2,5 % restants seront annexés par Israël pour regrouper les plus grosses colonies
juives de la région de Jérusalem, y compris, plus au sud, celles de Goush Etzion mais les colonies d'Ariel, d'Efrat et de Har
Homa feront partie de l'Etat palestinien. L'Etat d'Israël compensera ces annexions en cédant à l'Etat palestinien des
territoires équivalents afin d'élargir la bande de Gaza. En outre, un passage routier, placé sous souveraineté israélienne et
sous contrôle palestinien, reliera la bande de Gaza à la Cisjordanie.
Capitale : l'Etat palestinien aura sa capitale à Jérusalem-Est. Les quartiers juifs implantés à l'est de la ville (y compris Givat
Zeev et une partie de Maale Adoumim) demeureront sous souveraineté israélienne. La Vieille Ville passera, elle, sous
souveraineté palestinienne, aux seules exceptions du mur des Lamentations et du quartier juif. Le libre accès de tous les
fidèles aux lieux de prière sera garanti par une force internationale.
Mais l'esplanade des Mosquées sera interdite aux prières juives comme à toutes les fouilles archéologiques. Quant au mont
des Oliviers, à la Ville de David et à la vallée de Kivron, ils seront placés sous supervision internationale. Les deux
municipalités formeront un comité de coordination, et les trois religions un comité consultatif.
Colonies : à l'exception des habitants des colonies se trouvant sur les territoires annexés par l'Etat d'Israël, ce dernier
s'engage à rapatrier l'ensemble des colons se trouvant en Cisjordanie et sur la bande de Gaza. Les propriétés comme les
infrastructures seront cédées à l'Autorité palestinienne, selon un calendrier à déterminer d'un commun accord.
Retrait israélien : l'Etat d'Israël s'engage à retirer son armée de l'ensemble de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en trois
phases de 9, 21 et 30 mois. Tsahal restera néanmoins présent dans la vallée du Jourdain (pour 36 mois), et conservera des
stations d'alerte au nord et au centre de la Cisjordanie.
Réfugiés : conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies (1948) et à la résolution 242 du
Conseil de sécurité (1967), les réfugiés palestiniens pourront être indemnisés de même que les Etats les ayant accueillis.
Tous ceux qui le souhaiteront pourront s'installer dans le nouvel Etat de Palestine. En revanche, leur retour en Israël sera
soumis à la décision des autorités du pays.
Contrôle : le Quartet (Nations unies, Etats-Unis, Union européenne, Russie) et les autres forces qui souhaiteront s'y joindre
nommeront un représentant spécial et créeront une force multinationale destinée à surveiller la mise en œuvre des
accords. Source : « Pourquoi Ariel Sharon a peur », Le Monde diplomatique, décembre 2003.
* La « Feuille de route » a été élaborée depuis 2003 pour permettre la création d’un Etat palestinien indépendant aux côtés de l'Etat d'Israël. Depuis 17 ans, rien de
significative n’a été faite.
CONSIGNE
1- Présenter le cadre qui a élaboré ces dispositions en précisant ses membres, sa date de création et son rôle dans
le processus de paix israélo-arabe.
2- Dégager le contexte dans lequel ces dispositions ont été prises en insistant sur deux facteurs ayant contribué
à leur élaboration.
3- Citer quatre éléments ayant bloqué l’application des dispositions de la feuille de route. Analyser deux au choix.
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LECON 8 : LA DECOLONISATION AU MAGRHEB : LE CAS DE L’ALGERIE
Objectifs :
OG : Appréhender les enjeux de la décolonisation de l’Algérie
OS1 : Déterminer les sources de la décolonisation de l’Algérie
OS2 : Analyser l’évolution et le résultat du processus d’émancipation de l’Algérie
INTRODUCTION
Occupée depuis 1830, l’Algérie était une colonie de peuplement où était présente près d’un million d’européens. Elle
était organisée en trois départements : Alger, Constantine et Oran. Sa décolonisation fut violente car la libération eut
lieu à la suite d’une longue et mouvementée guerre résultant d’une part des maladresses gouvernementales et de
l’égoïsme des colons européens (les pieds noirs), opposés à toute idée d’autonomie des arabes et d’autre part des
brutalités sans scrupules des indépendantistes musulmans.
I- GENESE ET EVOLUTION DU NATIONALISME ALGERIEN
A- L’échec de la politique d’intégration française à l’origine du nationalisme algérien
Il s’est traduit par :
- Des inégalités économiques et sociales énormes entre population européenne minoritaire et privilégiée (pieds
noirs) et populations autochtones arabes et marginalisés. Ces derniers, malgré l’effort de guerre, n’ont pas pu
bénéficier d’amélioration de leur statut civique et économique.
- L’absence de réformes politiques en faveur des musulmans car la réalité du pouvoir appartenait au gouverneur
général et à l’administration française malgré l’existence depuis 1947 d’une Assemblée algérienne de 120 membres
(60 élus par les français et 60 par les musulmans). Ils étaient également confrontés à la volonté ferme de l’opinion
publique française à l’idée de la puissance coloniale de la France et de l’‘’Algérie française’’.
B- Le nationalisme algérien
- Né précocement des contradictions du système colonial français, le nationalisme algérien se présente à ses débuts
en trois tendances. Il s’agit :
* du mouvement populaire appelé l’Etoile nord-africaine ou PPA (Parti Populaire algérien) – créé en 1926 et dirigée
par Messali Hadj (1898-1974), réclame l’indépendance ;
* du mouvement des élites intellectuelles ou de la fédération des Elus indigènes fondé en 1927 et dirigé par Ferhat
Abbas et Ben Jelloul réclame l’extension de la citoyenneté française et l’assimilation.
* du mouvement religieux des oulémas créé en 1931 par Ben Badis (1889-1940) rejette l’assimilation et aspire à une
Algérie musulmane et arabe.
- Sa division fut un facteur de blocage de l’évolution politique de la colonie et d’autonomie des arabes musulmans
confrontés à la volonté ferme des colons français à empêcher toute forme d’émancipation de l’arabe (échec du projet
Blum-Violette de 1936).
- L’union des nationalistes algériens, scellée au cours de la Seconde Guerre Mondiale (présence des forces Alliées et
de la France libre), s’est traduite par la publication en février 1943 du Manifeste du peuple algérien par Ferhat Abbas
qui dénonce le colonialisme et réclame la constitution d’une Algérie démocratique, autonome et fédérée à la France.
- Face à son rejet par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) [crée le 03 juin 1943 et dirigé par De Gaulle]
qui propose en décembre 1943 des réformes jugées trop insuffisantes par les nationalistes, éclatent des révoltes à
Sétif, à Guelma en Kabylie le 8 mai 1945, sévèrement réprimées par la France (plusieurs milliers de victimes).
- Le blocage systématique de toute tentative de réforme par les « pieds noirs » et la défaite française de Dien bien
Phu (Indochine) le 7 mai 1954 conduisent inéluctablement à l’insurrection puis à la guerre d’indépendance.
II- LA GUERRE D’ALGERIE
A- Une guerre « sans nom » : de l’insurrection à l’enlisement
- Face à la passivité de l’UDMA et du MTLD, un groupe de dissidents du second mouvement menés par Ahmed
Ben Bella et Mohammed Boudiaf décident de passer à l’action : création du Comité Révolutionnaire pour l’Unité et
l’Action (CRUA), éclatement d’une série d’attentats (insurrection du 1e novembre 1954) et annonce simultanée de la
formation d’un FLN (Front de Libération National) dont le but est l’indépendance immédiate.
- La France réagit avec fermeté en refusant toute négociation : [Pierre Mendes France] envoi de renforts de
police, organisation de la répression contre l’Armée de Libération nationale (ALN) en 1954 ; [Guy Mollet] volonté de
rétablissement de l’ordre en Algérie : début des « opérations de maintien de l’ordre » pour soi-disant mettre fin aux
« évènements » d’Algérie ; [François Mitterrand] déclaration politique que « l’Algérie c’est la France ».
- L’armée française se révèle incapable à faire face à la guérilla urbaine et rurale menée par le FLN qui bénéficie
d’un soutien de taille en 1956 (sympathie de l’URSS et des Etats-Unis) au moment où la France perd du terrain sur
l’internationale car critiquée pour ses méthodes de ripostes de plus en plus coercitives (torture, assassinat politique
des « fellaghas », bombardement du village tunisien de Sakhiet (1958).
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- En réponse, l’ALN multiplie les embuscades et les attentats à la bombe dans les lieux publics. Elle réussit à
bénéficier en métropole du soutien des « porteurs de valises » et de certains intellectuels français comme le
philosophe Francis Jeanson et de Albert Camus qui souhaite la réconciliation entre Français et Arabes.
- De peur d’être abandonné par une métropole mise en difficulté, les colons français expriment leur crainte et
angoisse à Alger le 13 mai 1958 (journée des barricades) : mise en place du Comité du Salut Public dirigé par le général
Massu qui défie Paris et exige « l’Algérie française », la chute de la IVe République et le retour du général De Gaulle
considéré comme l’homme de la situation.

B- La solution gaullienne : de la solution d’ « Algérie française » à la solution d’ « Algérie algérienne »


- Investi des pleins pouvoirs le 1e juin 1958, De Gaulle pense, dans un premier temps, pouvoir conserver l’Algérie
dans l’empire français : célèbre discours du « Je vous ai compris » du 4 juin à Alger adressé aux pieds noirs,
proposition aux « rebelles » de « la paix des braves » rejetée en octobre 1958, intensification de la lutte militaire
assortie d’une aide au développement (plan Constantine du 23 octobre 1958).
- Mais le FLN répond par l’intensification de la lutte armée et la création du Gouvernement Provisoire de la
République Algérienne (GPRA) au Caire le 19 septembre 1958 et présidé par Ferhat Abbas.
- Face à la pression de l’ONU, du groupe afro-asiatique et des Etats-Unis, hostiles à̀ la poursuite de la guerre, De
Gaulle affirme, le 16 septembre 1959, qu’il est partisan de l’autodétermination en proposant trois solutions
(sécession – francisation – association).
- Ce projet se heurte à la résistance des « pieds-noirs » et de certains gradés de l’armée qui vont organiser un coup
d’Etat manqué le 22 avril 1961 « Putsch des généraux ». L’Organisation de l’Armée secrète (OAS, créée en février
1961) multiplie les actions de violence en Algérie et en France, laissant planer la menace d’une guerre civile.
- Des pourparlers assez longs (18 mai 1961 - 19 mars 1962) débouchent sur les accords d’Evian du 18 mars 1962 qui
prévoient l’indépendance de l’Algérie mais également une coopération avec la France (l’ex-métropole).
- Par référendum, 90 % des Français approuvent, le 8 avril 1962, ces accords sur l’indépendance de l’Algérie. Les
Algériens, avec 99,7 %, font de même le 1er juillet 1962. L’indépendance est proclamée le 3 juillet avec Ahmed Ben
Bella (1962-1965) comme premier président du Conseil de l’Algérie indépendante – il en sera le premier Président.
C- Les violences d’après-guerre
La fin de la guerre n’arrête pas les violences : l’OAS lance une « politique de la terre brulée » et organise meurtres et
attentats contre des algériens et des français favorables à l’indépendance au moment où le FLN assassine des milliers
de harkis (militaires, anciens supplétifs de l'armée française) et règle ses comptes avec les ultras de la communauté
pied noire : massacres d’Oran du 5 juillet 1962 – jour de l’indépendance – où plusieurs centaines d’européens et de
musulmans accusés d’avoir collaborés avec les français sont massacrés par le FLN.
Terrorisés, la plupart des pieds noirs environ 800 000 auxquels s’ajoutent 15 000 à 20 000 harkis et leurs familles fuient
en France d’où la popularisation du slogan des nationalistes : « La valise ou le cercueil ».
CONCLUSION
L’indépendance d’Algérie est arrachée en 1962 au bout de 8 ans de lutte armée d’une rare violence dont le bilan est
difficile à évaluer tant il varie selon les sources. La décolonisation en Algérie a marqué durablement les esprits
algériens et français, tant par les drames humains qu’elle provoqua que par ses conséquences politiques : chute de la
IVe République et extrême difficulté de la Ve République ; climat explosif – représailles contre les algériens favorables
au maintien des français (les Harkis) et contre les pieds noirs, les luttes internes du FLN. Elle a conféré également au
peuple algérien et à ses dirigeants un prestige considérable dans le monde arabo-musulman et, plus largement, dans
le tiers-monde.
BIOGRAPHIE SOMMAIRE
- Abbas, Ferhat, né le 24 août 1899 à Taher et mort le 24 décembre 1985 à Alger, est un homme d'État et leader nationaliste algérien. Fondateur de l'Union Populaire
Algérienne en 1938, il publie, le 10 février 1943, un Manifeste demandant un nouveau statut pour l'Algérie : le « Manifeste du peuple algérien ». Il fonde en 1946 l’Union
Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA). Il devient membre du Front de Libération Nationale (FLN) durant la guerre d'indépendance de l'Algérie et premier président
du Gouvernement Provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1961, il est élu à l'indépendance du pays, président de l'Assemblée nationale constituante
devenant ainsi le premier chef d'État de la République algérienne démocratique et populaire.
- Messali Hadj est un homme politique algérien, l’un des premiers militants nationalistes à avoir formulé la revendication de l’indépendance de l’Algérie. Il est né le 16
mai 1898 à Tlemcen et meurt en exil à Paris le 3 juin 1974. Il est le fondateur du Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1936 en revendiquant l’indépendance immédiate, puis
du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MLTD) en 1946, de l’Organisation Secrète (OS) dès 1947 dirigée par Hocine Ait Ahmed puis par Ben Bella
à partir de 1949.
- Gaulle, Charles de est un homme politique français et président de la république de 1958 à 1969. Il est né le 22 novembre 1890 mort le 09 novembre 1970.
Le général de Gaulle incarna la France pendant de nombreuses années. Il est à la fois le symbole de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale (refus de la défaite
en 1940), l’« homme de la situation » pendant la Guerre d’Algérie (d’abord pour une solution d’Algérie française et finalement pour l’autonomie de l’Algérie) et acteur
principal de la construction de la Cinquième République. Dans une France en pleine croissance, il achève la décolonisation et défend l’indépendance nationale. Affaibli
par la crise de mai 1968, désavoué lors du referendum d’avril 1969, il démissionne et meurt l’année suivante.
Sur le plan international, de Gaulle impose sa vision de la France qu’il veut émanciper de ses anciens Alliés. L’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis est un de ses thèmes
privilégiés. Cela le conduit à faire sortir la France de l’OTAN en 1966, d’opter pour l’armement nucléaire.
- Ben Bella, Ahmed, homme politique algérien, né le 25 décembre 1916. Représentant du FLN (Front de Libération National), il est arrêté avec cinq autres représentants
à Alger en 1956 par la police française et emprisonné jusqu’en mars 1962. A la suite des accords d'Evian (18 mars 1962), il est élu premier président du Conseil par la
nouvelle Assemblée nationale algérienne. Il accédera à la présidence en 1963, mais sera renversé par le coup d'Etat de Houari Boumediene en 1965 et emprisonné
jusqu'en 1980.
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SUPPORTS ET EXERCICES
• Naissance et expression du nationalisme algérien
Texte n°1 : Les deux malaises
" La poussée démographique, dans un pays essentiellement agraire, au sol pauvre et au climat ingrat, a pour résultat
le sous-emploi chronique, la désertion des campagnes au profit des bidonvilles, la misère et le désespoir d'une foule
croissante d'individus et de familles. Tandis que ce sous-prolétariat s'accroît et s'aigrit chaque jour davantage, une
petite bourgeoisie musulmane, instruite à notre contact, cherche vainement un débouché non seulement
économique, mais encore et surtout administratif et politique. Or, elle ne le trouve pas. La proportion de musulmans
dans l'administration reste infime ; toutes les réformes depuis le projet de Blum-Violette jusqu'au statut de l'Algérie
en 1947 ont été systématiquement repoussées ou sabotées. Il faut avoir le courage de reconnaître que la plupart de
nos promesses n'ont pas été tenues. (...) D'où un double mécontentement : le malaise social de la masse, le malaise
politique de l'élite. En se rejoignant, ces deux malaises constituent une force explosive énorme. ".
Source : Jacques Soustelle, rapport du ler, juin 1955 au gouvernement Edgar Faure.
Cité dans Les origines de la guerre d'Algérie, op. cit.
CONSIGNE
1-Dégager le contexte historique des faits relatés puis identifier et expliquer les malaises à l’origine du nationalisme
algérien.
2-A partir du texte et de vos connaissances, énumérer les différentes tendances du nationalisme algérien et préciser
pour chacune la date de création, les leaders et leurs buts poursuivis.
3-Dégager l’impact de la divergence du mouvement nationaliste algérien sur son évolution et celle du statut de la
colonie.

• Impact de la seconde guerre mondiale et radicalisation du mouvement nationaliste


Texte n°2 :
« Le peuple algérien est essentiellement racial et religieux, et l’exclusive qui frappe l’élément autochtone s’étend à
toutes les classes de la société… La colonie française n’admet l'égalité avec l’Algérie musulmane que sur un seul plan :
les sacrifices sur les champs de bataille… Le monde civilisé assiste à ce spectacle anachronique : une colonisation
s’exerçant sur une race blanche au passé prestigieux… perfectible et ayant manifesté un sincère désir de progrès…
L’identification et la formation d’un seul peuple, “sous le même gouvernement paternel” a fait faillite…
Le bloc européen et le bloc musulman restent distincts, l’un de l’autre, sans âme commune. Le refus systématique
ou déguisé de donner accès dans la cité française aux algériens musulmans a découragé tous les artisans de la
politique d’assimilation qui apparait aujourd’hui aux yeux de tous comme une chimère inaccessible, une machine
dangereuse mise au service de la colonisation… Désormais, un musulman algérien ne demandera pas autre chose
que d’être un algérien musulman… la nationalité et la citoyenneté algérienne… apportent une plus claire et plus
logique solution au problème de son émancipation et de son évolution… Fort de cette déclaration, le peuple algérien
demande dès aujourd’hui, pour éviter tout malentendu de barrer la route aux visées et aux convoitises :
a) La condamnation et l’abolition de la colonisation (…)
b) L’application par tous les pays, petits et grands, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
c) La dotation de l’Algérie d’une Constitution propre, garantissant : la liberté et l’égalité absolue de tous ses habitants
sans distinction de race, ni de religion ; la suppression de la propriété féodale par une réforme agraire (…) ; la
reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle au même titre que la langue française ; la liberté de presse
et d’association ; l’instruction gratuite et obligatoire pour tous les enfants des deux sexes ; la liberté de culte pour
tous les habitants et l’application à toutes les religions du principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
d) La participation immédiate et effective des musulmans algériens au gouvernement de leur pays (…) ;
e) La libération de tous les condamnés et internés politiques (…). »
Source : Extrait du Manifeste du peuple algérien adressé aux Français par Ferhat Abbas,
le 10 février 1943.
CONSIGNE
1- Présenter Ferhat Abbas en précisant sa nationalité, sa fonction et son action en faveur de l’émancipation de
l’Algérie puis rappeler le contexte politico-militaire de la publication du présent Manifeste.
2- Relever dans le texte, les torts faits aux arabes et les revendications nouvelles formulées par l’élite nationaliste
3- Dégager la portée historique du texte en montrant en quoi ce Manifeste constitue-t-il une véritable rupture dans
la lutte jusque-là engagée par les nationalistes.
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• De la solution « d’Algérie française » à celle « d’Algérie algérienne »


Texte n°3 :
Nous combattons en Algérie une rébellion qui dure depuis plus de cinq ans. La France poursuit courageusement
l’effort nécessaire pour la vaincre. Mais elle veut aboutir à une paix qui soit la paix… agir de manière à ne pas perdre,
en fin de compte, l’Algérie […]. Le monde, en proie aux vastes crises et mouvements que l’on sait, assiste à cette lutte
qui trouble et dont cherchent à se mêler les divers camps opposés. Il est clair que l’unité, le progrès, le prestige du
peuple français sont en cause et que son devoir est bouché tant que le problème algérien ne sera pas résolu. Compte
tenu de tout cela, j’ai pris, au nom de la France, la décision que voici : les algériens auront le libre choix de leur destin.
Quand d’une manière ou d’une autre (conclusion d’un cessez-le-feu ou écrasement total des rebelles), nous aurons
mis un terme aux combats […] alors ce sont les algériens qui diront ce qu’ils veulent être […]. C’est la seule issue
possible. C’est celle qui est définie par le Président de la République, décidée par le gouvernement, approuvée par le
Parlement, adoptée par la Nation française.
Or, deux catégories de gens ne veulent pas de ce libre choix. D’abord l’organisation rebelle, qui prétend ne cesser le
feu que si, auparavant, je traite avec elle, par privilège, du destin politique de l’Algérie, ce qui reviendrait à la bâtir
elle-même comme la seule représentation valable et à l’ériger, par avance en gouvernement du pays. D’autre part,
certains français de souche exigent que je renonce à l’autodétermination, que je dise que tout est fait et que le sort
des algériens est d’ores et déjà décidé. Cela, non plus, je ne le ferais pas.
Source : Général De Gaulle, Allocution du 29 janvier 1960
In «Exposition de Gaulle et l’Afrique», Presses Universitaires de Dakar, 1990, page 306.
CONSIGNE
1- Dégager le contexte historique du texte en citant deux évènements datés ayant conduits à cette allocution.
2- A partir du passage souligné du texte, préciser les deux catégories de gens auxquels le Général fait allusion puis
donner leur position et deux de leurs actions allant dans ce sens.
3- Donner l’intérêt historique du texte.

Texte n°4 :
Extrait 1
"À la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse, car elle est sans injustice
(...). Les départements d'Algérie font partie de la République, ils sont français depuis longtemps ; leur population, qui
jouit de la citoyenneté française et est représentée au Parlement, a donné assez de preuves de son attachement à la
France pour que la France ne laisse pas mettre en cause son unité (...). Jamais la France, jamais aucun Parlement,
jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental."
Source : Déclaration de Pierre Mendès-France, 12 novembre 1954.
Extrait 2
Considérant que l’émancipation des peuples est conforme à la fois au génie de notre peuple et au but que nos grands
colonisateurs (…) avaient en vue de leur œuvre colonisatrice, conforme au mouvement irrésistible qui s’est déclenché
dans le monde à l’occasion de la guerre mondiale et de ce qui s’en est suivi, j’ai engagé dans cette voie de
l’émancipation des peuples, la politique de la France. Ce n’est pas, bien entendu, que je renie en quoi que ce soit
l’œuvre colonisatrice qui a été suivie par l’occident européen, et en particulier par la France.
Source : Charles de Gaulle, conférence de presse du 05 septembre 1960.
CONSIGNE
1- Présenter Pierre Mendes-France et Charles de Gaulle en précisant leur nationalité, leur fonction et le contexte
de leur déclaration.
2- Comparer la position des deux hommes sur la question algérienne puis expliquer l'évolution de la position du
gouvernement français sur la question.
3- Dégager la portée historique de ce texte.
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SYNTHESE DE LA COVID 19
L8 : LA DECOLONISATION AU MAGHREB : LE CAS DE L’ALGERIE
L’Algérie fut une colonie d’assimilation française située au Maghreb entre le Maroc et la Tunisie (Protectorats français,
autonomes en 1954 et indépendants en 1956). Elle était aussi une colonie de peuplement car l’Algérie accueillait une forte
proportion de français appelés les Pieds noirs. Du fait de son statut au sein de l’empire colonial français, l’Algérie a connu
une décolonisation douloureuse car l’indépendance est acquise à la suite d’une lutte armée qui a duré 8 ans.
❖ LES FONDEMENTS DE CETTE DECOLONISATION DOULOUREUSE
➢ Le caractère violent de cette décolonisation résulte d’une part à l’entêtement de la France lié au statut de l’Algérie
(département français, « l’Algérie c’est la France » François Mitterrand), aux importantes ressources énergétiques de
l’Algérie, à la pression des pieds noirs (Français qui vivaient en Algérie), etc. Et d’autre part à la radicalisation du
nationalisme qui au départ était dispersé avec le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques [MTLD] de
Messali Hadj (Pionnier de l’idée d’indépendance, père du nationalisme algérien), l’Union Démocratique du Manifeste
Algérien [UDMA] de Abbas Ferhat (Chef nationaliste, homme d’Etat algérien, Président du GPRA), l’Association des
Oulémas de Abdelhamid Ben Badis (Figure emblématique du mouvement réformiste musulman), etc.
➢ Ces mouvements vont finir par se regrouper autour du Front de Libération Nationale [FLN] sous l’initiative du CRUA
(Comité Révolutionnaire pour l’Unité d’Action) appelant à l’union de toutes les forces politiques nationalistes en octobre
1954) incarné par, Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Rabah Bitat, etc.
➢ Cette radicalisation et cette unité du nationalisme sont liés aux inégalités économiques, politiques et sociales
frappantes entre les pieds-noirs (minoritaires, seulement 1 millions mais qui détenaient l’essentiel des pouvoirs politiques,
contrôlaient une grande partie de l’économie) et les arabo-berbères (majoritaires environs 8 millions vivant dans la misère,
la précarité), à l’absence de réformes majeures promises par la France à la suite des participations algériennes aux deux
guerres mondiales, etc.
❖ LE PROCESSUS DE LIBERATION DE L’ALGERIE
➢ La guerre de libération algérienne a été déclenchée le 1er Novembre 1954 (Toussaint rouge) par l’Armée de
Libération Nationale [ALN] à travers une série d’attentats sur des symboles de la présence française en Algérie.
➢ Ce conflit a éclaté dans un contexte international dominé par la guerre froide, l’intensification du processus
d’émancipation au sein de l’empire colonial français à la suite de la défaite française à Dien Bien Phu, l’autonomie interne
du Maroc et la Tunisie, etc.
➢ Au départ, minimisée par la France ou par Pierre Mendes France (qui parlait d’opération de police ou de maintien
de l’ordre en Algérie) puis Guy Mollet, cette guerre va prendre des tournures inquiétantes dans son évolution
(multiplication des émeutes, l’enlisement de l’armée française, …). Ces inquiétudes (accentuées par les souvenirs de Dien
Bien Phu) vont pousser l’armée française à faire appel au Général De Gaulle pour un dénouement.
➢ De Gaulle, investie des pleins pouvoirs, propose aux Algériens lors de sa visite à Alger le 4 Juin 1958 : l’indépendance
totale, association véritable avec la France, autonomie + association avec la France ; la « paix des braves », etc. En dépit de
ces propositions, les affrontements se poursuivent, le nationalisme algérien met en place un Gouvernement Provisoire de
la République Algérienne (GPRA) en septembre 1958, certains généraux de l’armée française en relation avec les pieds
noirs créent une Organisation Armée Secrète (OAS), le 11 Février 1961, qui a tenté un putsch manqué, le 21 Avril 1961.
➢ Face à ce retour tumultueux, De Gaulle va organiser un référendum en France sur l’autodétermination en Algérie,
8 Janvier 1961 avec 74,99% des français favorables à l’indépendance de l’Algérie. Avec cette approbation, il ouvre des
négociations qui vont aboutir à la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962. Ces accords installent un cessez-le-feu
entre l’ALN et l’armée française et proposent un référendum en Algérie sur leur autodétermination, le 1 er Juillet 1962. Les
Algériens à 99,72% se sont prononcés pour l’indépendance. Ainsi, l’Algérie accède à la souveraineté nationale, le 3 ou le 5
Juillet 1962.
➢ Cette décolonisation, très douloureuse, a provoqué des milliers de pertes en vies humaines des deux côtés, a
précipité la chute de la IVème République française et l’avènement de la Vème République, a favorisé de nombreuses
représailles du FLN contre les Harkis, a occasionné de nombreuses tensions ou violences l’OAS contre les Algériens et les
Français favorables à l’indépendance de l’Algérie, a contribué au départ vers la France de près de 800 000 pieds noirs et
200.000 Harkis, à l’origine de la rupture entre la France et l’Algérie, la fin de l’empire colonial français en Afrique, etc.
Les principaux acteurs physiques de cette décolonisation :
 Messali Hadj, Abbas Ferhat, Abdelhamid Ben Badis, Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Rabah
Bitat, (Algérien, leader nationaliste)
 Pierre Mendes France, Guy Mollet (Homme d’Etat français, Président du Conseil de gouvernement sous la 4 ème
République), Charles De Gaulle (Homme d’Etat français, Président de la République sous la 5ème République)
Les principaux acteurs institutionnels de cette décolonisation :
 MTLD, UDMA, AO, CRUA, FLN, ALN, OAS,
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LEÇON 9 : LA DÉCOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE : Cas de la GOLD COAST


Objectifs :
OG : Appréhender les enjeux de la décolonisation de l’Afrique noire
OS1 : Analyser le processus d’émancipation en Gold Coast et au Sénégal
OS2 : Analyser le processus d’émancipation en Guinée Bissau et en Angola.
INTRODUCTION
L’Afrique noire connaît deux formes de décolonisation. La décolonisation violente qui se développe généralement
dans les colonies Portugaises alors que dans les colonies Françaises et Britanniques se développe la décolonisation
pacifique. La GOLD COAST est une colonie Britannique constituée par quatre régions : le Nord, le Sud, l’Ashanti et le
Togo sous tutelle britannique. Très tôt la Gold Coast connaît le développement d’un nationalisme ardent. L’évolution
de ce nationalisme permet d’accéder à l’indépendance sans grande difficulté.
I- EVOLUTION DU NATIONALISME DE 1925 A 1948
Au début des années 20 se développe en Gold Coast un nationalisme à la fois aristocratique bourgeois et populaire.
La pression de ce nationalisme aboutit à la mise sur pied d’une Constitution en 1925. Celle-ci permet la participation
des chefs traditionnels au Conseil législatif. Au lendemain de la 2nde guerre mondiale, une nouvelle Constitution
permet l’installation d’une majorité africaine au conseil législatif et l’entrée de trois africains au Conseil Exécutif.
Cependant, le pouvoir est réellement entre les mains des anglais et la représentation africaine ne privilégie que les
chefs traditionnels. Les élites intellectuelles mécontentes créent le 1er Parti nationaliste en Août 1947 : c’est l’UNITED
GOLD COAST CONVENTION (U.G.C.C.) fondé par l’avocat John Danquah et ayant pour secrétaire général le docteur
Kwame N’KRUMAH.
La Gold Coast connaît alors un mécontentement plus ou moins généralisé, politiquement formulé par Kwame
N’krumah qui s’appuie sur les paysans, les jeunes et les travailleurs des villes. La colonie sera fortement secouée par
la crise du cacao, ainsi que le problème des anciens combattants et des jeunes instruits. En février 1948 à la suite
d’une manifestation pacifique des anciens combattants réclamant une réduction du coût de la vie et le paiement de
leurs pensions, se développent des troubles à Acra. Ces troubles se propagent à l’intérieur du pays à Koumassi. Ils se
soldent par 29 morts, 237 blessés et l’arrestation puis la déportation dans le nord du pays de N’KRUMAH et 5 autres
membres de l’U.G.C.C. pour atteinte à la sûreté de l’état.
II- LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
Les événements de février 1948 sont à l’origine de divergences au sein de l’U.G.C.C. Nkrumah, après sa libération par
la commission d’enquête Watson, crée le 12 juin 1949 son propre Parti, la CONVENTION PEOPLE’S PARTY (C.P.P.). Par
une propagande au niveau de toutes les couches sociales, une collaboration avec les organisations syndicales
féminines de jeunes, par sa popularité, son programme basé sur la disparition de l’oppression et l’amélioration des
conditions socio-économiques, la démocratisation, l’autonomie totale dans l’unité et le panafricanisme en Afrique
occidentale, N’krumah fait de la C.P.P. un parti populaire de masse.
La commission Coussey totalement constituée d’africains devant préparer certaines réformes ne précise pas de date
pour le self-government, N’krumah lance alors en 1950 une « campagne d’action positive » non violente soutenue par
les syndicats qui déclarent une grève générale dans toute la colonie. L’Angleterre réagit par l’état d’urgence et
l’arrestation de N’krumah. Une nouvelle constitution promulguée en Décembre 1950 transforme le conseil législatif
en Assemblée Nationale et le conseil exécutif en Cabinet Ministériel dont 8 des 11 membres sont des africains. Les
élections de février 1951 sont remportées par la C.P.P. N’krumah libéré par le gouverneur Charles Arden Clarke est
nommé leader of government business, titre qui deviendra en 1952 celui de premier ministre. Pour la première fois
en Afrique un Noir assure la direction politique dans son propre pays. N’krumah s’engage à collaborer avec les
autorités britanniques tout en demandant l’africanisation complète du gouvernement, l’institution d’une assemblée
unique élue au suffrage universel. En Avril 1954, la Grande-Bretagne promet une constitution garantissant
l’autonomie interne complète. A l’idée de N’krumah d’une indépendance dans l’unité, s’opposent les chefs
traditionnels du nord et de l’Ashanti et certains bourgeois et intellectuels. La Grande-Bretagne essaye de concilier les
positions. Dans ce contexte, les élections de1956 donnent 72 des 104 sièges au C.P.P. La Grande-Bretagne ne pouvait
plus reculer et accorde, le 6 mars1957, l’indépendance à la Gold-Coast sous l’appellation de République de du Ghana.
CONCLUSION
Suite à une évolution politique lente et pacifique, la Gold-Coast sous l’impulsion de N’krumah accède à
l’indépendance sous le nom historique de Ghana. Cette indépendance va fortement influencer la décolonisation en
Afrique occidentale.
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SUPPORTS ET EXERCICES
Document 1 : Extrait du "Programme d'action" de NKRUMAH
Je signalai qu'il y avait deux manières d'acquérir l'autonomie, l'une par la révolution armée et l'autre par des
méthodes non-violentes constitutionnelles et légitimes. [...] Nous préconisions la seconde méthode. La liberté, on ne
l'avait cependant jamais accordée à aucun pays colonial sur un plateau d’argent ; on ne l'avait gagnée qu'après
d'amères et de vigoureuses luttes. A cause du retard des colonies en matière d'instruction, la majorité des gens était
illettrée et il y avait une seule chose qu'ils pussent comprendre, à savoir l'action. [...]
Les armes étaient l'agitation politique, des campagnes de presse et d'enseignement et, comme dernière ressource,
l'application constitutionnelle de grèves, de boycottages et de non-coopération basés sur le principe de non-violence
absolue, tel que Gandhi en a usé dans l'lnde.
Source : K. Nkrumah "La naissance de mon parti et son programme d'action positive" dans Présence africaine,
revue culturelle du monde noir, num.12, février-mars 1957.

CONSIGNE
1- Présenter l’auteur du texte en précisant sa nationalité, sa fonction puis son rôle à travers l’étude de deux
évènements dans lesquels il s’est illustré (Ghana et Afrique)
2- Donner le contexte historique en analysant deux évènements majeurs à l’origine des faits relates dans le document
3- En vous appuyant sur le dernier paragraphe, ressortir les similitudes dans la lutte entre le Ghana et l’Inde
4- Dégager la portée historique du document

Document 2 : « L’aube d’une ère nouvelle », discours de Kwame Nkrumah devant l’Assemblée générale des Nations
Unies à New York, le 23 septembre 1960.
L’impact monumental sur le monde moderne du réveil de l’Afrique est un fait majeur de notre
époque. La grande vague du nationalisme africain balaie tout sur son passage et se présente comme un
défi lancé aux puissances coloniales, afin qu’elles procèdent à une juste restitution, après des années
d’injustices et de crimes commis contre notre continent. (…)
Des années durant, l’Afrique a été la victime du colonialisme et de l’impérialisme, de
l’exploitation et de la dégradation. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, ses enfants ont enduré les chaînes de l’esclavage
et de l’humiliation. Pendant ce temps, les exploiteurs et les décideurs autoproclamés de notre destin souillaient nos
terres, avec une incroyable sauvagerie, sans pitié, sans honte, sans respect.
Ces jours sont révolus et à jamais révolus. Et en ce jour, dans cette auguste Assemblée des Nations
Unies, m’adressant à vous, moi, un Africain, porteur d’un message de paix et de liberté, annonce au
monde l’aube d’une ère nouvelle. (…)
J’estime que les Nations Unies représentent la seule organisation capable de combler nos espoirs
pour le futur de l’humanité (…) Les Nations Unies doivent, par conséquent, être à la hauteur de leurs
responsabilités en demandant à ceux, qui à l’instar de l’autruche proverbiale, enfouissent leur tête dans
le sable impérialiste, de la relever afin d’admirer le soleil flamboyant qui parcourt le ciel de la
rédemption de l’Afrique. Les Nations Unies doivent inviter toutes les nations possédant des colonies en
Afrique à leur accorder une indépendance totale (…). Aujourd’hui est un jour nouveau pour l’Afrique et, cette année,
au moment où je vous parle, treize pays africains ont pris leur place dans cette auguste
assemblée en tant qu’Etats indépendants et souverains (…) Nous sommes désormais vingt-deux dans
cette Assemblée et beaucoup d’autres s’apprêtent à nous rejoindre.
Source : Afrique Renouveau, « D’hier à aujourd’hui, regards croisés sur l’indépendance ».

CONSIGNE :
1- Présenter l’auteur du texte en indiquant sa fonction, et deux évènements datés auxquels son nom
est attaché dans son pays et en Afrique.
2- Dégager le contexte historique du texte en citant, à la date de ce discours le nom de trois
puissances coloniales encore présentes en Afrique et les territoires sous leur domination respective.
3- Présenter brièvement l’ONU (date de création et trois objectifs) puis analyser son rôle dans la
décolonisation à travers deux exemples précis.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 39

LECON 9 : LA DECOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE : EXEMPLE DU SENEGAL


INTRODUCTION
En Afrique française, l’éveil nationaliste a été plus lent que dans l’empire britannique à cause de la politique
d’administration directe centralisatrice qui s’oppose à la naissance d’une vie politique dans les colonies. Après la
seconde guerre mondiale, le mouvement d’émancipation s’accélère et les premières revendications porteront non
pas sur l’indépendance mais plutôt sur l’égalité entre citoyens français et sujets français. L’émancipation de la colonie
du Sénégal s’inscrit dans le contexte de la décolonisation pacifique en AOF dont Dakar était la capitale. Les germes de
cette évolution semés à Brazzaville en 1944 aboutissent à l’indépendance en 1960.
I- ORIGINES ET EVOLUTION DU NATIONALISME
1- L’injustice coloniale
La société sénégalaise d’époque coloniale comprend deux communautés distinctes : les assimilés et les indigènes. Les
premiers, habitaient les quatre communes (Saint-Louis, Rufisque, Gorée et Dakar), avaient la citoyenneté française,
les seconds étaient des sujets, donc soumis aux injustices du système (travail forcé, humiliations, exploitation etc.)
Des quatre communes viendront les premiers leaders politiques tels que Blaise Diagne, Ngalandou Diouf et Lamine
Guèye, députés à l’assemblée nationale française, ils ont joué un rôle important dans les réformes du système colonial
mais en tant que citoyens français, ils n’ont jamais réclamé l’indépendance (car ce serait une contradiction). C’est
l’issue de la deuxième guerre mondiale qui fera évoluer la situation.
2- LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LA MONTEE DU NATIONALISME
a- De la conférence de Brazzaville à la création de l’Union Française.
Tenant compte de la contribution de l’Afrique à l’effort de guerre, la conférence de Brazzaville du 30 janvier au 8
février 1944 amorçait une prise de conscience des problèmes coloniaux et ouvrait des perspectives de réformes en
réfléchissant à réaménager les liens entre la France et ses colonies. Mais écartait toute idée d’autonomie.
Le 27 octobre 1946, l’Union française voit le jour. Elle reprend les thèses de Brazzaville modifie, le statut des colonies
qui deviennent des territoires d’outre-mer (T.O.M.) ou des départements d’outre-mer (D.O.M.) mais peu de
changements sont notés car la métropole maintient pour l’essentiel sa tutelle. Néanmoins elle reconnait la qualité de
citoyen à tous les africains avec l’abolition de l’indigénat et du travail forcé par les lois Lamine Gueye et Houphouët
Boigny et permettait la création de partis politiques africains, l’organisation périodique d’élections, l’animation de la
propagande nationaliste, l’intensification de la vie politique et le développement des activités syndicales notamment
au Sénégal.
b- L’intensification de la vie politique
L’évolution des partis politiques est notable à partir de 1946. Au Sénégal, Lamine Guèye et Senghor membre de la
section locale de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) sont élus députés à l’assemblée nationale
française dès 1946. Mais cette entente sera de courte durée car Senghor dénonce le manque de rigueur au sein de ce
parti et le culte de la personnalité (« laminisme ») et démissionne.
Il crée avec Mamadou Dia le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) en octobre 1948 et s’appuient sur la masse rurale
qui leur permettra de remporter les élections législatives de 1951 et défendent les intérêts des africains à Bourbon.
Aussi, vont voir le jour des partis purement africains avec la naissance à Bamako du parti supranational le
Rassemblement Démocratique Africain (RDA) auquel va adhérer l’Union Démocratique Sénégalaise (UDS) de Doudou
Gueye qui souhaite une union libre des colonies et l’égalité des droits et des devoirs avec la métropole. En 1947, 20
mille cheminots du Dakar-Niger déclenchent une grève de 5 mois contre leur exploitation économique.
II- LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
Elle va s’accélérer à partir de 1956 sous l’influence d’un ensemble de facteurs extérieurs. L’AOF et l’AEF vont bénéficier
du contexte international et des retombés de la situation algérienne. La France étant incapable de se battre sur tous
les fronts, va se montrer plus conciliante avec ses territoires.
1- La loi-cadre et ses conséquences
En 1956, Gaston Deferre, ministre de la France d’Outre-mer, propose une loi pour calmer les revendications des
colonies. « Il fallait soulever le couvercle de la marmite avant qu’elle n’explose ». C’est la loi-cadre qui accorde une
assez large autonomie aux territoires africains, qui peuvent désormais élire chacun une Assemblée locale appelée elle-
même à désigner un Conseil de gouvernement dont le vice-président doit être obligatoirement un Africain.
La loi-cadre instaura donc une semi-autonomie dans les colonies mais entraine la dissolution de l’AOF et l’AEF, d’où
l’expression de « Balkanisation » utilisée par Senghor pour qualifier l’acte posé par la France : diviser les nationalistes
africains pour les affaiblir. C’est là l’objectif inavoué d’ailleurs de la loi-cadre. Ainsi les africains se divisent entre
Fédéralistes et Nationalistes.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 40
2- La communauté française
De Gaulle revenu au pouvoir en mai 1958 entend régler la question coloniale qui avait terni la réputation de la France
à l’étranger. Il propose une nouvelle constitution aux dans laquelle il leur demande de choisir entre une communauté
fédérale sous la direction du président de la république et l’indépendance des Etats africains qui le désirent. Cette
constitution doit être approuvée par référendum le 28 septembre 1958. De Gaulle entreprend une tournée de
propagande qui le conduira à Madagascar, Brazzaville, Abidjan, Conakry et Dakar.
Au Sénégal, le BDS de Senghor, l’UDS (Union Démocratique Sénégalais) de Thierno Ba et Abdoulaye Gueye fusionne
pour donner le BPS (Bloc Populaire Sénégalais) qui ensuite fusionne en 1958 avec le PSAS (Parti Sénégalais d’Action
Socialiste) de Lamine Gueye pour donner l’UPS qui fait campagne pour un vote positif (OUI à la communauté
française). Ce qui provoque le départ de ce parti de quelques éléments dont les professeurs Abdoulaye Ly, Assane
Seck, Moctar Mbow qui fondent la section sénégalaise du Parti du Regroupement Africain (PRA-Sénégal) et qui avec
le PAI de Majmouth Diop choisissent de voter non à la communauté.
Après le retentissant NON de Sékou Touré en Guinée (« Nous préférons la pauvreté dans la dignité, à la richesse dans
l’esclavage »), De Gaulle est reçu le 26 août 1958 à Dakar à la place Protêt (actuelle place de l’indépendance) par une
grande foule de manifestants avec des porteurs de pancartes sur lesquelles on lisait : « Nous voulons l’indépendance
immédiatement ». Senghor et Mamadou Dia sont absents à cette rencontre et c’est maître Valdiodio Ndiaye qui
accueille De Gaulle.
Finalement, seule la Guinée vote NON à 94% et pris son indépendance en 1958. Au Sénégal, le OUI l’emporte à 97%.
Le Sénégal devient une République autonome avec Mamadou Dia comme président du conseil du gouvernement
(équivalent du premier ministre).
3- De la fédération du Mali à l’indépendance
Senghor mène une campagne pour reconstituer l’AOF mais ce projet avorte à cause de l’opposition de H. Boigny qui
refusait que son pays (Côte d’Ivoire) devienne la « vache laitière de l’Afrique de l’Ouest ». Le projet de fédération ne
concernait plus alors que le Soudan français, le Sénégal, la Haute Volta et le Dahomey, mais ces deux derniers vont la
quitter prématurément sous l’influence de H. Boigny. Finalement il ne restait que le Sénégal et le Soudan pour
constituer la fédération du Mali, du nom de l’ancien empire du Mali qui couvrait presque toute l’Afrique de l’Ouest
entre le XIVème et le XVèmesiècles.
La fédération est officiellement créée le 14 janvier 1959 à Dakar. A partir de décembre 1959, la fédération réclame
l’indépendance et les négociations qui ont suivi aboutissent aux accords du 4 avril 1960. L’indépendance de la
fédération est proclamée à Dakar le 20 juin. Mais la fédération éclate deux mois après, dans la nuit du 19 au 20 août,
à cause de divergences apparues entre Senghor et Modibo Keita. Le Sénégal retient le 4 avril comme date de son
indépendance tandis que le Mali proclame la sienne le 22 septembre 1960.
CONCLUSION
Revendiquée tardivement, l’indépendance du Sénégal est presque octroyée par la métropole malgré l’inéluctabilité
de la fin du système colonial et l’exploitation à laquelle cette colonie était soumise. C’est ainsi que pour l’essentiel de
l’AOF et du continent en général, les indépendances portent déjà en elles-mêmes les germes du néocolonialisme.

SUPPORTS ET EXERCICES
Document n°1 : La conférence de Brazzaville
Au début de 1944, (…) s’était tenue la « Conférence africaine française » de Brazzaville. Le comité français de
libération nationale s’était constitué à Alger en juin 1943 sous l’autorité du général de Gaulle. Il avait enregistré le
ralliement de toutes les terres de l’empire français à la résistance. Il décida donc de rassembler en Afrique équatoriale
tous les gouverneurs d’Afrique et de nombreux hauts fonctionnaires, afin de confronter leurs idées, sous la présidence
du Commissaire aux colonies, au sujet de l’avenir des territoires, après la grande secousse de la guerre. Ce faisant, le
Comité reconnaissait la contribution spéciale de l’Afrique à l’effort de guerre ; il réaffirmait l’emprise de la France sur
les prolongements d’outre-mer, tout en répondant pour les canaliser aux aspirations qu’on sentait monter dans les
couches éclairées des populations coloniales. (…) Aucun africain ne participait à la conférence. Il s’agissait donc
d’une rencontre exploratoire, à caractère unilatéral, et visant à préparer un réaménagement des liens entre la France
et son empire (…).
On jugea indispensable la suppression progressive des peines ordinaires de l’indigénat dès la fin des hostilités.
Pour les territoires, on désire les voir s’acheminer par étapes de la décentralisation administrative à la personnalité
politique. On préconisa la création d’assemblées représentatives composées en partie d’Européens et en partie
d’indigènes. Mais à côté de ces élans, la France écarte toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du
bloc et de l’empire français.
Source : Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l’Afrique noire, Paris, Hatier, 1978
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CONSIGNE :
1- Dégager le contexte dans lequel s’est tenue la conférence de Brazzaville en analysant la situation dans laquelle
se trouvaient les colonies françaises d’Afrique noire.
2- Analyser les répercussions des différentes décisions prises lors de cette conférence sur les colonies françaises
d’Afrique

Document 2 : L’évolution des Etats d’Afrique noire française vers l’indépendance.


Extrait 1 : L’Union Française
Le terme « Union Française » est encore peu familier au grand public des cinq parties du monde et les réalités qu’il
recouvre le sont moins encore. (…) On saisira le sens de ce vocable nouveau, ainsi que le concept politique,
économique et humain qu’il traduit, en se reportant au préambule de la Constitution qui depuis 1946 est la loi
fondamentale de la France. Ce préambule proclame ce qui suit : « La France forme avec les pays d’outre-mer une
Union fondée sur l’égalité des droits et des devoirs sans distinction de races ni de religions. L’Union Française est
composée de nations et de peuples qui mettent en commun et coordonnent leurs ressources et leurs efforts pour
développer leurs civilisations respectives, accroitre leur bien-être et assurer leur sécurité. »
Ainsi, constitutionnellement et donc juridiquement, le terme « Union Française » désigne l’ensemble territorial réparti
sur les deux hémisphères et englobant avec la France proprement dite ses dépendances extérieures antérieurement
connues sous les noms de colonies. (…) Elle (U.F.) abolit en effet les discriminations qui, à des degrés divers,
déterminaient jusque-là leurs statuts. D’une façon générale on peut dire qu’elle met fin à l’« ère coloniale ».
Source : Général CATROUX, « L’Union Française, son concept, son état, ses perspectives. »,
Politique étrangère, 1953, numéro spéciale 4, pp. 233-266.
Extrait 2 :
En 1956, une « loi-cadre pour les territoires d’outre-mer » prévoyait une africanisation progressive des cadres, mais
maintenait l’autorité centralisatrice des gouverneurs : les partis africains la jugèrent insuffisante. […] La crise
intérieure française de mai 1958 et la prise du pouvoir par le général de Gaulle précipitèrent l’évolution. La
Constitution de 1958 prévoyait pour les territoires africains plusieurs options : soit l’indépendance immédiate, soit
l’autonomie au sein d’une « communauté » ; les Etats entrant dans la Communauté pourraient ultérieurement la
quitter à leur gré par un simple processus juridique. Au referendum de septembre 1958, seule la Guinée, sous
l’impulsion de Sékou Touré, choisit l’indépendance immédiate. Mais la Communauté ne tarda pas à se désagréger.
En décembre 1959, la Fédération du Mali (Sénégal et Soudan) demanda l’indépendance ; Madagascar, puis les autres
Etats de la Communauté suivirent son exemple. En 1960, tous les Etats de l’ancienne Afrique noire française étaient
devenus des républiques indépendantes et membres de l’ONU.
Source : Le monde contemporain : histoire et civilisations, PUF
CONSIGNE
1- A partir des deux extraits identifiez les différentes étapes qui ont marqué l’évolution des Etats d’Afrique noire
française vers l’indépendance.
2- Analyser ces différentes étapes de l’évolution des Etats d’Afrique Noire française en montrant pour chacune
d’elle les motivations de la métropole et le comportement des nationalistes ayant favorisé leur réalisation.
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SYNTHESE DE LA COVID 19
L9B : LA DECOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE : LE CAS DU SENEGAL
Le Sénégal était une colonie française. Il faisait partie des huit puis neuf colonies de l’AOF (Sénégal, Soudan, Guinée,
Mauritanie, Niger, Haute-Volta, Côte-d’Ivoire, Dahomey puis Togo) créée en 1895 dont Dakar était la Capitale. A l’image
des autres colonies de l’AOF, celles de l’AEF (créée en 1910 avec comme Capitale Brazzaville) et celles de Madagascar (créée
en 1895, capitale Antananarivo), le Sénégal a connu une décolonisation pacifique.

❖ LES FONDEMENTS DE CETTE DECOLONISATION PACIFIQUE


➢ Le Sénégal a acquis son indépendance de manière pacifique. Si ce processus s’est effectué dans la douceur, cela
est liée au réalisme de la France (affaiblie par la 2ème Guerre Mondiale, humiliée à Dien Bien Phu, engagée dans une sale
guerre en Algérie, etc.) et au caractère modéré des leaders nationalistes tels que Lamine Gueye, Léopold Sédar Senghor,
Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye, etc.
➢ Ces derniers ont joué le jeu des réformes proposées par la France.

❖ LE PROCESSUS DE LIBERATION DU SENEGAL


Dans ce processus, la France avait proposé de nombreuses réformes au lendemain de la conférence de Brazzaville du
30 janvier au 8 Février 1944.
➢ Cette Conférence, convoquée sur l’initiative du CFLN (Comité Français de Libération Nationale crée par le Général
De Gaulle le 3 Juin 1943 avec un siège à Alger), s’est tenue sans la participation des africains. Elle réaffirme l’emprise de la
France sur ses colonies en écartant toute idée d’autonomie mais des réformes économiques et sociales sont entamées avec
le FIDES (Fond d’Investissement pour le Développement Economique et Social).
➢ Parmi ces réformes, nous avons celles du 27 Octobre 1946 avec l’Union Française qui a aboli le code de l’indigénat
avec la loi Félix Houphouët-Boigny et instauré la citoyenneté universelle avec la loi Lamine Gueye. Avec cette loi, le poids
électoral des communes est transféré vers les campagnes. En plus le vocabulaire a évolué. Le mot colonie est remplacé par
Territoire Outre-Mer (TOM), le mot indigène cède son usage à l’expression à Population Outre-Mer (POM). Elle crée
l’assemblée de l’Union française ou le Sénégal avait 3 sièges. Avec l’Union française les libertés individuelles et collectives
ont été élargies. Ces libertés ont participé à la scission de la SFIO de Lamine Gueye avec la naissance du BDS de Léopold
Sédar Senghor, le déclenchement de la grève des Cheminots Dakar-Niger d’octobre 1947 à Mars 1948, etc.
➢ Au-delà, des changements apportés par l’Union, la France va introduire une nouvelle réforme, le 23 juin 1956,
appelée loi cadre ou loi Gaston Deferre. Cette loi fut promulguée dans un contexte marqué par la défaite française à Dien
Bien Phu du 7 mai 1954, Indépendance du Maroc le 2 Mars 1956 et de la Tunisie le 20 Mars 1956, la guerre d’Algérie
déclenchée depuis le 1er Novembre 1954, etc.
➢ Avec la loi cadre ou Gaston Deferre, la France supprime les grands ensembles tels que L’AOF, l’AEF (c’est la
balkanisation), offre une semi-autonomie à chaque territoire avec la création des conseils de gouvernements territoriaux.
Cependant, cette réforme va semer la division entre les leaders nationalistes africains. Ainsi, Senghor et Modibo étaient
contre la balkanisation et prônent une fédération, par contre Houphouët Boigny et Léon M’Ba eux étaient pour dont des
territorialistes. Avec la loi cadre, la République du Sénégal est proclamée le 25 novembre 1956 : c’est la période de
l’autonomie interne. Du fait de ce self-government, le Sénégal se dote de son 1er conseil de gouvernement dirigé par
Mamadou Dia qui en 1957 va transférer la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar. Elle a occasionné aussi des mutations
politiques profondes avec des alliances. Ainsi le BDS, dans une dynamique d’élargir les bases du parti, procède à une série
de fusions : avec l’UDS de Thierno Bâ et Abdoulaye Gueye pour devenir BPS et avec le PSAS de Lamine Gueye pour donner
l’UPS. Mais aussi de rupture avec la création du PAI par Majhemout Diop en septembre 1957 sur les flancs de l’UDS.
➢ En 1958, la France propose une autre réforme à travers un référendum. Cette réforme propose une communauté
entre la France et ses TOM d’Afrique Noire ou l’indépendance. Cette communauté a été proposée dans un contexte
marqué par le retour du Général De Gaulle en Juin, la tournée qu’il a effectué en Afrique en Août, l’enlisement de la France
en Algérie et l’éblouissement dans l’empire colonial. Cette communauté proposée par voie référendaire a été acceptée
presque par tous les TOM français d’Afrique Noire à travers un vote massif du OUI. Seule la Guinée de Cheikhou TOURE a
rejeté (NON) cette communauté c’est pourquoi elle a eu son indépendance en 1958.
➢ Le Sénégal, bien qu’ayant accepté la communauté avec plus 97% (OUI) lors du référendum du 28 septembre 1958,
développe un projet d’union avec le Soudan dans le cadre de la Fédération du Mali (créée en janvier 1959 à la suite de la
défection de la Haute-Volta et du Dahomey). La Fédération du Mali avait comme Président Modibo Keïta, Vice-président
Mamadou Dia, Président de l’Assemblée fédérale Léopold Sédar Senghor. Elle a profité de la réunion du Conseil exécutif de
la Communauté en décembre 1959 pour exprimer sa volonté d’obtenir l’indépendance. La France cède à cette demande et
les accords sont signés le 4 avril 1960 entre les autorités françaises et celles de la fédération.
➢ Cependant, les divergences politiques entre les leaders finissent par entraîner l’implosion de la Fédération dans la
nuit du 19 au 20 août 1960. Le Sénégal proclame son indépendance le 20 août 1960 avec comme Président de la République
Senghor et comme Président du Conseil Mamadou Dia. Il va former son 1 er gouvernement avec un régime bicéphale qui
éclatera le 17 Décembre 1962.
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LECON 9c : LA DECOLONISATION EN AFRIQUE NOIRE : LA GUINEE BISSAU ET L’ANGOLA
INTRODUCTION
Le Portugal est la première puissance coloniale européenne à s’installer en Afrique. Il va être le dernier à quitter ses colonies
notamment en Guinée Bissau et en Angola après de longues guerres de libération nationale fortement marquées par la
confrontation idéologique entre l’est et l’ouest.
I- LA POLITIQUE COLONIALE PORTUGAISE
En Guinée Bissau comme en Angola, le Portugal entendait y mener une politique d’assimilation très discriminatoire.
Jusqu’en 1960, la majorité des autochtones n’avait pas tous les droits des citoyens de la métropole. La loi de 1933 avait
accordé à ces populations le statut d’indigénat sur la base de conditions extrêmement rigoureuses. Devant la volonté
manifeste du Portugal de ne rien changer sur sa politique coloniale, les nationalistes en Guinée Bissau et en Angola avaient
décidé de réagir.
II- LA DECOLONISATION DE LA GUINEE BISSAU
La présence portugaise sur les côtes bissau-guinéennes remonte au XVe siècle. Plus petite colonie portugaise d’Afrique de
l’ouest avec 36 125 km2, la Guinée Bissau accède à l’indépendance après plus d’une décennie de guerre de libération
nationale. Le leader de cette lutte pour l’indépendance est Amilcar Cabral, ingénieur agronome ayant fait ses études au
Portugal. Deux étapes principales marquent cette lutte pour l’indépendance de la Guinée Bissau.
➢ De 1963 à 1974 : La guerre de libération
En Mars 1956 Amilcar Cabral crée le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et des Iles du Cap Vert (PAIGC) qui prend au
départ la forme d’un mouvement clandestin dont le siège est basé hors de la Guinée Bissau. Le pouvoir colonial portugais réagit
vivement par la violence à travers la PIDE en 1957 et la répression de la grève des dockers le 3 Août 1959 sous la direction du
dictateur Salazar. Cette attitude précipite le PAIGC vers la lutte armée dès 1963. Ce dernier parvient ainsi à libérer en 1970 les
zones rurales avec l’appui de la Guinée de Sékou Touré. C’est dans ce contexte que le PAIGC acquiert une audience internationale
et par conséquent du 2 au 8 Avril une mission spéciale des Nations Unies le reconnait comme étant « seul et authentique
représentant des populations du territoire de Guinée et réaffirme le droit inaliénable de ces populations à l’indépendance ». Mais
le 20 Janvier 1973 Amilcar Cabral est assassiné à Conakry. Cependant cela n’empêchera pas l’assemblée populaire de proclamer
le 24 Septembre 1973 l’indépendance de la Guinée Bissau qui devient membre de l’OUA le 20 Septembre 1973.
➢ De 1974 à 1975 : la « révolution des Œillets » et ses conséquences
Le 25 Avril 1974, le coup d’Etat du mouvement des forces armées (qui est le fait de jeunes officiers) renverse le gouvernement
de Marcelo Caetano c’est la « révolution des Œillets » et ceci met fin au régime dictatorial du Portugal. Dès lors le mot d’ordre
est : « Démocratie chez nous, décolonisation en Afrique ». Le PAIGC accepte d’aller négocier à Londres à partir du 25 Mai 1974.
Après l’échec de la rencontre de Londres, un nouveau gouvernement s’installe au Portugal le 13 Juillet 1974.Les négociations
reprennent à Alger avec Kurt Waldheim, secrétaire général de l’ONU qui effectue le déplacement au Portugal le 29 Juillet.
Finalement, le 1O Septembre 1974 à Lisbonne l’acte reconnaissant formellement l’indépendance de la Guinée Bissau a été signé.
III- LA DECOLONISATION DE L’ANGOLA
L’Angola est la plus vaste (1 246 700 km 2) et la plus riche des colonies portugaises. Occupée depuis 1880 par le Portugal,
cette colonie a été pendant longtemps considérée comme une zone d’exploitation de matières premières. L’exploitation
coloniale fait émerger le mouvement nationaliste à travers une lutte de libération qui s’est déroulée en plusieurs phases.
➢ 1961 à 1975 : L’attitude des mouvements nationalistes et la guerre de libération
Les débuts de la lutte des nationalistes pour l’indépendance datent de Février 1961. Cependant la particularité de cette lutte
armée demeure essentiellement dans la division des nationalistes angolais. Ainsi trois mouvements de libération qui luttent non
seulement contre la colonisation portugaise mais aussi entre eux. Il s’agit du
- Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), fondé 1956 et dirigé par Agostino Neto ;
- Front National de Libération de l’Angola (FNLA), fondé en 1962 et dirigé par Roberto Holden ;
- Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA), née d’une scission du FLNA en 1966 et dirigé par Jonas Savimbi.
➢ 1975 à 2002 : L’indépendance et la guerre civile
Après plus de quatorze années de guérillas, les résultats militaires ne sont pas favorables aux nationalistes angolais en raison des
guerres internes entre eux. Le coup d’Etat survenu au Portugal le 25 Avril 1974 permet l’ouverture des négociations entre les
mouvements de libération nationale. Le 6 Mai 1974 un cessez-le-feu est annoncé et des accords sont conclus avec l’UNITA, en
Juin et en Octobre avec les deux autres mouvements. Le 10 Janvier 1975 à ALVOR au Portugal sont signés les accords
d’indépendance de l’Angola mais prévue pour le 11 Novembre 1975.
Mais très tôt l’unité des nationalistes vole en éclat et vire rapidement vers une confrontation est / ouest. Ainsi le 26 Mars 1975
les combattants du FNLA appuyés par les USA et le ZAIRE et ceux du MPLA soutenus par l’URSS et CUBA s’affrontent à Luanda.
Le 10 Novembre 1975, Silva Cardoso proclame l’indépendance de l’Angola comme prévu mais en pleine guerre civile et lorsque
le Portugal quitte le pays, chaque mouvement proclame sa propre république. La guerre s’achève en Février 1976 par la victoire
du MPLA. L’Etat crée par le MPLA devient membre de l’OUA le 10 Février 1976 et le 17 Février, il est reconnu par la CEE et le
Sénégal.
CONCLUSION
Fatigué par près de quatorze années de guerres coloniales le Portugal évacue la Guinée Bissau, fragilisée par les divisions
internes et où tout est à reconstruire et lâche l’Angola en pleine guerre civile qui se termine effectivement avec la mort de
Jonas Savimbi le 22 Février 2002. C’est d’ailleurs cette situation qui fait que ces deux Etats nouvellement indépendants sont
toujours secoués par des crises internes.
FASCICULE D’HISTOIRE TERMINALE – CELLULE HG DU LYCEE ABABACAR SY - TIVAOUANE / 2020 - 2021 44
SUPPORTS ET EXERCICES
Texte 1 : La décolonisation portugaise en Afrique noire.
Les Portugais avaient développé très tôt en Afrique le mythe selon lequel leurs colonies étaient soit des provinces d'outre-mer
(ainsi les dix îles du Cap-Vert ou la Guinée-Bissau), soit des nations portugaises constituées par les colons et une minorité
d'Africains « assimilés ». Mais la réalité, en Angola et au Mozambique, était celle d'un colonialisme économique sous-développé
et d'une domination coloniale archaïque. Subsistaient par exemple le régime du travail forcé et l'envoi de travailleurs du
Mozambique dans les mines sud-africaines. En Guinée fut fondé, dès 1956, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et
du Cap Vert, le PAIGCV. Son chef, Amilcar Cabral, lança, en 1963, la lutte armée qui réussit à contrôler, en 1969, les deux tiers du
pays. En Angola, ce fut après l’indépendance du Congo belge que certaines organisations politiques, comme le Mouvement
populaire de libération de l’Angola (MPLA), puis l’union des peuples angolais (UPA), déclenchèrent en 1961, des soulèvements
indépendantistes. Au Mozambique, le Front de libération (Frelimo), constitué en 1962, entama dès 1964 une lutte armée qui se
généralise après 1972. Le poids de ces conflits coloniaux, ou combattirent quelques 200.000 soldats portugais, convainquit,
finalement le Portugal qu’il devrait lui aussi céder face à des Africains soutenus par la Chine de l’URSS. Mais la décolonisation ne
peut être admise qu’après la chute du régime de dictorial de Salazar, la révolution des œillets » du 25 avril 1974. L’indépendance
de la Guinée-Bissau fut négociée de mai à septembre 1974. Le mouvement se poursuivit, non sans difficultés, avec l'indépendance
du Mozambique reconnue le 25 juin 1975, celle des îles du Cap-Vert le 5 juillet et de São Tomé le 12 juillet, enfin celle de l'Angola
le 11 novembre 1975. Ces décolonisations en chaîne étaient en réalité le résultat de longues années de guérilla : quatorze ans en
Angola, dix ans en Guinée et au Mozambique.
Source : Encyclopédie Universalis
CONSIGNE :
1- Présenter deux mouvements cités dans le texte en identifiant pour chacun un de ses dirigeants et en évaluant leurs rôles
dans le processus de libération des colonies portugaises en Afrique Noire
2- Dégager le contexte historique du texte en analysant deux facteurs liés à la politique coloniale portugaise et qui sont à
l’origine de la réaction des nationalistes
3- Identifier à partir du texte deux ressemblances puis deux divergences au sein de ces décolonisations portugaises puis
expliquer une ressemblance et une divergence au choix.

Texte 2 : Naissance du PAIGC et début de la guerre d’indépendance


L’opposition à la domination portugaise avait commencé dans les années 1950. Le PAIGC est fondé en 1956 par Amilcar Cabral,
Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abilio Duarte (futur ministre et président de l’Assemblée
nationale du Cap-Vert), Luis Cabral, demi-frère d'Amilcar, Fernando Fortes et Elisée Turpin.
C'est à l'origine un mouvement pacifique, dont la stratégie première est de demander aux Portugais de se retirer paisiblement
de leurs colonies de Guinée et du Cap-Vert. Le Portugal ayant attaqué des militants indépendantistes en Guinée-Conakry où ils
avaient établi leur base, les militants du PAIGC décident d'entrer dans la lutte révolutionnaire armée. La PIDE, police politique
portugaise, réprime dans le sang des manifestations et des réseaux du PAIGC jusqu’en Guinée voisine où des camps
d’entraînement et des écoles formaient les cadres et les combattants de l’indépendance, avec l’accord du président guinéen
Ahmed Sékou Touré.
Le PAIGC déclenche la guerre de libération nationale. Les attaques, d’une redoutable efficacité, deviennent un piège pour les
Portugais tant sur le plan humain que financier (au plus fort de la guerre le Portugal dépense plus de 50 % de son budget pour
mater la « rébellion ». Des Casamançais traversent la frontière pour soutenir les Bissau-guinéens du pays et déclare le PAIGC
soutenu par l’URSS et CUBA contrôle deux tiers l’indépendance le 24 Septembre 1973…
Source : www. guinee-bissau.net/histoire
CONSIGNE :
1- A travers les passages soulignés (texte 1 et texte 2), analyser le rôle joué par l’opposition Est / Ouest dans la décolonisation
des colonies portugaises
2- Dégager la portée historique de cette lutte en analysant ses répercussions sur l’évolution politique de la Guinée Bissau post
indépendante.

Texte 3 : La montée des clivages en Angola


L’action gouvernementale fit de l’Angola une colonie blanche productive où l’implantation de la culture du café et l’essor de
petites industries locales, favorisés par le développement des transports, contribuèrent au développement de la colonie. La
population blanche s’installa volontiers dans les villes. Luanda, modernisée, dépassait les 200 000 habitants vers 1960, et abritait
32 % de la population blanche de l’Angola. La relative expansion économique avait entraîné un besoin croissant de main-d’œuvre
à bon marché. Les immigrants récents, paysans ou travailleurs salariés portugais, étaient généralement pauvres et parfois
illettrés. Ils virent dans les Angolais des rivaux pour les emplois qualifiés, semi-qualifiés voire sans qualification. Après 1950, les
Africains furent progressivement repoussés vers les catégories socio-économiques les plus basses. Les Blancs tendent à se
réserver les meilleures positions. Aussi, malgré les déclarations officielles présentant l’Angola comme un paradis « multiracial »,
le racisme s’accrut.
Source : Hélène d’Almeida- Topor, « L’Afrique au XXe siècle », Armand Colin, Collection U, 2003, p. 201
CONSIGNE :
1- Donner la nature et la source du texte puis préciser un événement ayant produit les faits relatés
2- Dégager la portée historique en insistant sur une des conséquences de la guerre civile en Angola
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THEME B : ETUDE DES CIVILISATIONS
INTRODUCTION A L’ETUDE DES CIVILISATIONS
Objectifs :
OG : Appréhender le concept de civilisation
OS1 : Expliquer la genèse du concept de civilisation
OS2 : Analyser les principaux caractères de la civilisation

LECON 10 : LES CIVILISATIONS NEGRO-AFRICAINES


Objectifs :
OG : Appréhender les caractères et transformations des civilisations négro-africaines à travers l’influence de l’islam,
du christianisme et de la colonisation.
OS1 : Décrire l’organisation socio-politique dans les civilisations négro-africaines
OS2 : Décrire la vie économique dans les civilisations négro-africaines
OS3 : Expliquer les mutations opérées dans les civilisations négro-africaines par l’influence de l’islam, du christianisme
et de la colonisation.
INTRODUCTION
La civilisation négro-africaine désigne l’ensemble des caractères sociaux, économiques, politiques, religieux, etc.
communs, propres aux individus vivant en Afrique subsaharienne. Il s’agit de la manière de vie des personnes évoluant
en Afrique au Sud du Sahara. Depuis l’Antiquité, les Négro-Africains avaient adoptées des modes de vie assez originaux
voire spécifiques au plan social, politique, économique, culturel etc. Cette civilisation s’est épanouie dans cadre
géographique particulier marqué par un climat tropical, une végétation contrastée (steppe, savane, forêt équatoriale),
un relief globalement plat avec quelques altitudes telles que le Kilimandjaro, ...
Cependant depuis quelques décennies, ce mode de vie authentique ou spécifique des africains vivant au du Sahara a
connu de nombreuses mutations du fait des facteurs historiques, religieux et actuels.
I- LES ASPECTS DE LA CIVILISATION NEGRO-AFRICAINE.
- Au plan social, les négro-africains vivaient en communauté mais de manière hiérarchisée.
En plus, ils vivaient généralement dans des familles élargies avec les grands parents, les parents, les oncles, les tantes,
les frères, les sœurs, les belles-sœurs, les neveux, les nièces. Et chaque membre avait une place bien définie. La société
négro-africaine était aussi organisée selon les activités socioprofessionnelles. Ainsi nous avions les Non Castés ou Ger
et les Castés ou Ñeño.
- Au plan économique, les Négro-africains pratiquaient diverses activités. Ils étaient agriculteurs, éleveurs, artisans,
commerçants…
L’essentiel de ces activités étaient généralement de subsistance car destinées à la consommation. Le commerce était
basé sur le troc.
- Au plan politique, dans l’univers Négro-africains, les Hommes évoluaient au sein des clans, de tributs, de royaume,
d'empires … A la tête de chaque structure, nous avions un chef (Patriarche, roi, empereur, ...) et le plus souvent
entouré d’un conseil. La succession était patrilinéaire dans certaines structures, matrilinéaire dans d'autres.
- Au plan religieux, les Négro-africains étaient des animistes, des polythéistes. Ils vénéraient plusieurs Dieux, le plus
souvent des forces de la nature, des statues, etc.
II- LES MUTATIONS EN COURS DANS LE MODE DE VIE DES NÉGRO-AFRICAINS ET LEURS CAUSES.
Depuis quelques décennies voire siècles, la civilisation Négro-africaine a connu de multiples changements.
Aujourd'hui, les Négro-africains vivent de plus en plus dans des familles restreintes, nucléaires, etc. Ils pratiquent des
activités génératrices de revenus ou mercantiles ou extraverties. Ils évoluent dans des Républiques, des Démocraties.
En plus, les Négro-africaine sont devenus pour la majorité des monothéistes (Juifs, Chrétiens, Musulmans…).
Ces changements notés dans tous les domaines de la vie des Négro-africains sont liés à des facteurs de nature
différente. Il s'agit de l’introduction du judaïsme, du christianisme, de l’islam (ces religions ont fait des Négro-africains
des monothéistes), de la colonisation (elle a introduit l’individualisme, une économie orientée vers la recherche de
revenus, une nouvelle forme d'organisation sociale et politique), de la mondialisation (qui a mis en contact la
civilisation Négro-africaine aux autres civilisations du monde), de l’avènement des TIC.
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SUPPORTS ET EXERCICES
Dissertation
SUJET 1 : Contexte : Sur le plan social, politique et économique, la civilisation africaine est distincte des autres
notamment celle occidentale.
Consigne : Caractériser les fondements de la civilisation négro-africaine et puis montrer ses différences avec celle de
l’occident.
SUJET 2 : (BAC 2009)
A partir d’exemples précis, expliquez les grands aspects de la civilisation négro africaine et les mutations liées aux
influences extérieures.

SUJET 3 :
Contexte : « La culture de l’Afrique noire est distincte des autres cultures. L’Afrique a inventé une civilisation qu’on
ne trouve nulle part ailleurs ».
Consigne : En vous inspirant de ces propos, dégager les originalités de la civilisation négro-africaine.

COMMENTAIRE HISTORIQUE
SUJET 1 :
La culture de l’Afrique Noire est distincte des autres cultures et qu’elle doit être comprise et respectée… Tous les
ethnologues sont d’accord aujourd’hui pour reconnaître que l’Afrique a inventé une civilisation qu’on ne trouve nulle
part ailleurs, parfaitement valable et intéressante ; qu’il ne faut pas déduire de son retard technique, son infériorité
dans les autres domaines politiques…
La civilisation européenne a déjà, par la force, pris pied sur le continent africain, troublé les esprits et crée de
nombreux besoins … A l’école des blancs on enseigne, une philosophie, non seulement la puissance technique et
scientifique, mais aussi une morale, une religion, une philosophie, qui les séparent de la civilisation africaine… Les
intellectuels africains revendiquent la liberté créatrice de l’homme en dehors de toute imitation occidentale. Ils
manifestent valablement les valeurs africaines d’aujourd’hui. « Ce qu’ils ont gagné vaut-il ce qu’ils ont perdu ? » se
demandent-ils ? Certains d’entre-deux préconisent une réconciliation des valeurs africaines avec celles du Monde
occidental, une synthèse de deux cultures antagonistes et de civilisations différentes mais complémentaires. Le nègre
devient un homme pareil aux autres en liquidant ces anciens complexes tant d’infériorité que d’agressivité
compensatoire … Mais il faut reconnaître que l’assimilation totale dans la culture occidentale n’est pas possible.
L’africain se sent noir avant de se sentir homme …
Source : Lilyan Kesteloot, Anthologie négro-africaine ,1967
Lilyan Kesteloot : Née à Bruxelles en 1931 et décédée à Paris le 28 février 2018, est une chercheuse belge spécialiste
des littératures négro-africaines francophones, un domaine dans lequel elle peut être considérée comme une
pionnière.

CONSIGNE :
1- Donner un titre au texte puis présenter-le.
2- Commenter les passages soulignés du texte.
3- En dehors des valeurs occidentales, quelles sont les autres « agressions culturelles » subies par le monde
négro-africain.
4- Montrer l'intérêt historique du texte.
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LECON 11 : LA CIVILISATION MUSULMANE
Objectifs :
OS1 : Analyser les facteurs d’unité et la diversité du monde musulman
OS2 : Analyser les tendances historiques et actuelles dans le monde musulman
OS3 : Analyser le rôle des tendances dans l’évolution du monde musulman et l’impact des mutations du monde

INTRODUCTION
Né dans la péninsule arabique au VIIe siècle, l’islam est l’une des trois grandes religions révélées. Il compte
actuellement une large communauté d’environ un milliard d’adeptes. Cette religion, avec son dogme et son culte qui
en sont les fondements, propose à l’homme un véritable code de conduites socio-politico-économiques faisant
partager aux musulmans une même civilisation.
I- NAISSANCE ET PRECEPTES DE L’ISLAM
A- La naissance de l’islam
L’Islam est né au Proche-Orient, précisément en Arabie qui est une péninsule désertique située entre la mer Rouge et
le golfe Persique, peuplée d’éleveurs nomades, guerriers et pillards. Dans l’Arabie préislamique, les activités
économiques reposaient sur l’élevage nomade, sur l’agriculture d’oasis et sur le commerce avec la Syrie et la Palestine.
La cohabitation de différentes tribus dont celle des Quraysh, à laquelle appartient le prophète était très difficile. Les
peuples, victimes de la tyrannie, de l’arbitraire, de l’intolérance des chefs, attendaient impatiemment le libérateur.
Ce libérateur est Mohamed, né vers 570 à la Mecque1. Fils d’Abdallah et d’Amina, il appartient au clan des Banou
Hachim, de la tribu des Quraysh.
B- Le coran et les fondements de l’islam
Le coran est le livre saint de la révélation. Il est la base de la loi, de la morale et du droit de l’acceptation du dogme et
de la pratique du culte. Il compte 114 sourates et 6 211 versets. Il est descendu en fragments en 23 ans (de 610 à 632).
Ce texte a été rassemblé par le Calife Ousmane en 653. La tradition prophétique, appelé la sunna est un ensemble de
hadiths qui constituent un précieux appoint du Coran.
Essentiellement dogmatique, la religion islamique s’articule autour de cinq principes fondamentaux qui sont la
croyance en un Dieu unique, la croyance aux anges, la croyance à tous les prophètes, la croyance aux livres révélés,
la croyance au jour de la résurrection. La pratique cultuelle repose sur 5 piliers fondamentaux. Ce sont la profession
de foi (Chahada) ; la prière rituelle (Salat) ; le Jeûn du mois de ramadan ; l’aumône légale (Zakat) et le pèlerinage à
la Mecque (Hadj).
En dehors de toutes ses obligations canoniques, le musulman doit se conformer à certaine interdiction comme :
l’alcool, la viande de porc, les jeux de hasard, l’usure, le vol, la fornication, l’idolâtrie, entre autres. Ces obligations et
interdits sont d’ailleurs à la base de l’unité de tous les musulmans.

II- LA CONSTITUTION ET CIVILISATION DU MONDE MUSULMAN


A- La constitution du monde musulman
Le monde musulman s’est constitué par la diffusion des enseignements prophétiques soit par la conquête soit par la
voie pacifique.
Déjà en cours d’expansion en Arabie peu avant la mort du Prophète, l’islam s’est largement diffusé surtout sous les
règnes des quatre (04) Califes orthodoxes, Abu Bakr (632-634), Omar (634-644), Ousmane (644-656) et Ali (656-661).
La conquête sera d’abord orientée vers le Nord où la Syrie et la Palestine sont conquises entre 635 et 640 ; ensuite
vers l’Ouest où l’Egypte est conquise en 639 puis la Cyrénaïque (Libye) et enfin vers l’Est où la Mésopotamie et la
Babylonie (en Irak et en Perse) sont conquises entre 637-642
A la mort du dernier Calife en 661, la dynastie Omeyyade est instaurée par Muhawiyya qui devint calife. En 750, celle
des Abbassides prend le relais avant d’être renversée en 1258 par les Mongols. Un siècle après la mort du prophète,
l’islam, par la voie d’une conquête militaire ou Djihad, s’était taillé un vaste empire s’étendant de l’Espagne à l’Ouest
jusqu’en Chine à l’Est et de l’Atlantique en Afrique et en Asie.
Parallèlement à la conquête militaire, l’islam s’est diffusé par voie pacifique. Ainsi, certains pays d’Asie, d’Afrique, se
sont convertis à l’islam grâce aux contacts avec les marchands musulmans particulièrement en Afrique par le biais du
commerce transsaharien du XIe au XVIe siècle et plupart au XIXe siècle, mais il y avait aussi le concours du rôle actif des
grands érudits ou marabouts dans le cadre des confréries.

1
Métropole à la fois commerciale et religieuse qui, chaque année, abritait une grande foire où étaient échangés les produits matériels et immatériels.
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B- La civilisation musulmane
Sur le plan politique, la prise du pouvoir est soumise à l’approbation populaire (Ijma), fondement de la démocratie. Le Calife
est le guide religieux et politique. Il est assisté des Emirs et des Imams. Les lois sont discutées par les Oulémas interprétées
par les Muftis et appliquées par les Cadis (juges).
Sur le plan social, l’islam prône le renforcement des liens familiaux et de solidarité communautaire. En tolérant des
pratiques comme la polygamie, l’affranchissement des esclaves, il accorde à la femme plus de droits (héritage, suppression
de l’infanticide, se prononcer sur le mariage, participation à la vie économique et religieuse).
La vie intellectuelle et artistique a connu une vulgarisation grâce aux écoles coraniques et aux universités. La principale
langue littéraire est l’arabe, à côté du persan et du turc. Les genres littéraires dominants sont la poésie et les contes dont
le recueil le plus populaire est celui des « Mille et une nuit ».
Dans le domaine de la science, les musulmans fondent l’algèbre, les astronomes par l’observation des étoiles, émettent
l’idée que la terre tourne autour du soleil, leurs médecins parviennent à ligaturer (serrer avec un lien) les artères, à
anesthésier et à opérer des yeux ; enfin leurs géographes comme Ibn Battuta ou Al Moqqadasi faisaient des descriptions
précises sur l’Afrique et l’Asie et confectionnent de nombreuses cartes.
L’art musulman est beaucoup influencé par la Perse, Byzance et l’Egypte. C’est un art iconoclaste car l’islam interdit
la représentation des êtres vivants. L’architecture s’est plus illustrée dans les mosquées et les palais qui en sont les
principaux témoins. Le décor est assuré par des figures géométriques, des phrases du coran ou des arabesques (dessins
stylés de végétaux).
C- L’évolution du monde musulman
Environ un milliard d’individus forme aujourd’hui la communauté musulmane (Umma Islamique). Les ¾ vivent en Asie, en
Afrique et de plus en plus en Europe et en Amérique. Le monde musulman est caractérisé par sa diversité où se dégagent
deux tendances : celles historiques et celles actuelles.
➢ Les tendances historiques sont les Sunnites orthodoxes, les Kharijites et les Chiites laissant apparaître une pluralité
résultant des différentes interprétations du Fiqh.
• Les Sunnites orthodoxes constituent 90 % des musulmans et sont soumis aux règles de la Sunna contenus dans les
hadiths. Ils sont divisés en quatre écoles à cause des interprétations différentes du fiqh. Ainsi on distingue : l’école
malékite fondée par l’imam Malick Ibn Anas qui admet comme source de Coran, la Sunna et la coutume médinoise ; l’école
hanéfite fondée par Abu Hahifa en 767 qui admet l’analogie et l’opinion personnelle ; l’école chaféite, fondée par Al Chafi
(767-820) qui limite la Sunna aux seules traditions formellement attribués au prophétie ; l’école hanabite fondée par
Ahmad Ibn Hanbal (780-855) dont la doctrine repose sur le Coran et la Sunna et rejette toute innovation (bidda).
• Les Kharijites sont considérés comme les puritains de l’Islam à cause de leur intransigeance. Ils refusent l’hérédité
du Califat car, pour eux, il doit être électif et toutes les composantes de la Umma sont égales. Ils sont divisés en 4 groupes :
les Azraqites, les Najadat, les Sufrites et les Ibadites.
• Les chiites sont les partisans d’Ali (9% des musulmans). Leur doctrine est fondée sur l’imam et le culte des imams.
Ceux-ci doivent être les descendants d’Ali. Parmi les chiites on distingue : les imamites, les zaydites partisans du 5éme imam,
les ismaïliens partisans du 7éme imam.
Malgré les nombreuses disparités, les musulmans adoptent la même foi fondée sur la révélation divine à Mohamed. Ils font
du Coran leur référence et la Sunna leur 2éme source. Les 5 piliers de l’islam sont acceptés de tous et la langue arabe
reconnue. La création de l’Umma dirigée par un Calife est aussi un facteur d’unité. La création des organisations comme la
Ligue arabe (22 mars 1945), l’Union du Maghreb arabe (UMA) le 17 février 1989 et l’organisation de la conférence
islamique (OCI), cette dernière étant la plus large, a comme principal objectif la libération de Jérusalem et développer la
tolérance, l’unité et la coopération entre les pays musulmans et la promotion de l’islam dans le monde.
➢ Les tendances actuelles résultent des influences surtout de la modernité. On note par conséquent deux principaux
courants résultant des réactions : l’un est réformiste et veut composer avec la modernité alors que l’autre radical s’en
démarque.
• Le courant réformiste veut composer avec la modernité. C'est-à-dire essayer d’en bénéficier. Il propose de
s’approprier des succès de l’Europe à travers la science et la technique. Parmi ses fervents défenseurs, on peut citer :
l’afghan Jamak al DIN al Afghani, l’indien Mohamad Iqbal, le turc Mustapha Kemal et l’iranien Mohamad Khatami.
• Le courant radical se fixe comme objectif de résoudre les problèmes de la société par la religion et aussi de restaurer
l’intégralité des dogmes de la religion : c’est le fondamentalisme. On parle aussi d’intégrisme. Les fondamentalistes font
une interprétation rigoureuse et intransigeante du Coran, mettent l’accent sur la guerre sainte, ils sont hostiles à la science,
au progrès, à l’émancipation des femmes et rejettent la laïcité (c’est le cas des Ayatollahs d’Iran).
CONCLUSION
L’islam a apporté à la terre archaïque et païenne d’Arabie une civilisation. Prophète de cette région, Mohamed,
grâce à ses innombrables qualités et son inspiration divine, a pu substituer au désordre établi un ordre nouveau qui s’est
propagé sur une bonne partie du monde. En déclin depuis l’expansion européenne, l’islam amorce aujourd’hui une
renaissance dont les manifestations ne sont pas toujours comprises des occidentaux.
QUESTION PROBLEMATIQUE A DEBATTRE EN CLASSE : 1- Unité et diversité de la Umma Islamique ; 2- L’Islam est-elle
une religion violente ? 3- L’Islam : entre fondamentalisme et réformisme ?
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SYNTHESE DE LA COVID 19
LA CIVILISATION MUSULMANE ENTRE TRADITIONS ET INFLUENCES EXTERIEURES
La civilisation musulmane est fondée sur une religion révélée au prophète Mohamed au début du 7ème siècle, l’Islam. Cette
religion définit une communauté de croyants. Ainsi se développe une civilisation qui réunit des Hommes autour d’un Dieu,
Allah et à d’un Prophète. Cependant, avec le temps, l’élargissement de la communauté (umma), les multiples influences,
les divergences ou ruptures sévissent dans le monde musulman, le mode de vie des adeptes de l’islam a connu des
mutations.

❖ L’UNITE AU SEIN DE LA UMMA ISLAMIQUE


En 2015, les musulmans, représentés 24 % de la population mondiale. Malgré ce nombre qui ne cesse de croitre, tous les
musulmans du monde entier vivent à peu près de la même manière car ils sont unis autour de plusieurs éléments. Ils
adoptent la même foi fondée sur la révélation divine à Mohamed. Ils font tous du Coran leur référence première et de la
sunna leur deuxième source. Les cinq piliers de l’islam sont acceptés de tous et la langue arabe est reconnue comme la
langue par laquelle Allah s’est exprimé. Tous les musulmans s’accordent sur la même Khibla (la Kabba), sur les interdits
(Haram), les autorisés (Dagane).

❖ LES DIFFERENCES OU MUTATIONS AU SEIN DU MONDE MUSULMAN


Entre le 7ème siècle et aujourd’hui, de nombreuses dissidences ont divisé l’islam. Ainsi, nous avons les courants historiques
et les tendances actuelles.
➢ Les courants historiques sont :
o Les sunnites qui prétendent être les seuls dans la vérité. Le sunnisme comprend quatre rites orthodoxes que tout
croyant choisit librement : malékite (fondée par l’imam Malick Ibn Anas), hanbalite (fondée par Ahmad Ibn Hanbal),
hanéfite (fondée par Abu Hanifa) et chaféite (fondée par Al Chafi).
o Les kharijites sont issus des oppositions entre Ali et Muawiya. Ali ayant accepté un compromis avec Muawiya, une
partie de ses amis le quittèrent. Les kharijites sont les puritains de l’islam : ils choisissent leur khalife parmi les plus
dignes.
o Les chiites : Ce sont les partisans de Ali. Leur doctrine est fondée sur l’imam et le culte des imams. Ceux-ci doivent
être les descendants d’Ali.
➢ Les tendances actuelles : Comme toutes les religions, l’islam a été secoué par la modernité, la mondialisation. Ainsi,
par rapport à ces mutations mondiales, se dessinent deux courants principaux :
o l’un réformiste qui veut un islam moderne, ouvert à l’occident, adapté au monde actuel, etc.
o l’autre radical qui cherche à résoudre les problèmes sociaux, économiques, politiques par un respect de
l’intégralité des dogmes. Il se subdivise en différentes écoles notamment le courant traditionnaliste
(Wahhabisme et le confrérisme), le fondamentalisme ou intégrisme (retour aux fondements de l’islam), le
courant politique (Fis en Algérie et les frères musulmans en Egypte) et les mouvements néo-fondamentalistes,
véritables mouvements transnationaux comme Al Qaeda, l’Etat islamique E.I d’idéologie salafiste djihadiste).

SUPPORTS ET EXERCICES
DISSERTATION
CONTEXTE
« Pour les musulmans, le prophète Mohammed est l’homme qui a reçu une parole divine. (…) Le fait est que les
musulmans vivent leur religion. (…) De toute façon, la question n’est pas de savoir si l’on peut donner une image du
Prophète. Le Coran n’interdit pas les images du Prophète, même si des millions de musulmans les proscrivent. Le problème
est que ces caricatures ont donné de Mohammed une image de violence à la Ben Laden. Elles ont donné de l’islam l’image
d’une religion violente. A moins que nous le souhaitions ? »
Robert Fisk, The Independent, cité par Jeune Afrique/L’Intelligent, n° 2353, du 12 au 18 février 2006, page 25.

CONSIGNE
En vous inspirant de cette citation, montrer est une religion de paix selon certains et comme une religion de violence
selon d’autres.
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COMMENTAIRE HISTORIQUE
Document 1 : Opposition Sunnite-Chiite.
Le conflit sunnisme-chiisme est avant tout lié à un différend doctrinal originaire des premiers temps de l’Islam qu’il convient
d’expliquer. Après la mort de Mohamed en 632, trois califes prennent tour à tour la succession du Prophète : Abou Bakr,
Umar et Uthman. Une fois ce dernier mort, en 656, c’est au tour d’Ali, gendre du prophète par sa fille Fatima, de revêtir la
charge califale. Son pouvoir est néanmoins contesté par le gouverneur de Damas, Muawiya, qui l’accuse d’avoir participé à
l’assassinat d’Uthman. Soucieux d’affirmer sa propre légitimité, il se proclame alors lui-même calife et, ce faisant, fonde le
califat omeyade de Damas. Les fils respectifs de Muawiya et d’Ali, Yazid et Hussein, poursuivent le conflit. Vers 680,
l’affrontement tourne à la faveur des omeyyades : Hussein est capturé et décapité à Karbala, dans l’actuel Irak, où sa tombe
continue de faire l’objet d’un culte chiite, notamment lors des fêtes de l’Achoura.
A ce conflit d’ordre proprement politique, s’est rapidement greffé une divergence religieuse et doctrinale fondamentale.
Pour les Chiites, l’institution de l’Imamat-équivalente au califat sunnite-ne peut être prise en charge que par un membre
de la maison du Prophète, ce qui justifie la légitimité d’Ali face aux précédents califes et à Muawiya. En effet, l’Imam n’est
pas seulement le gardien de la Umma et de l’islam : il manifeste la volonté de Dieu sur Terre et est réputé infaillible. Une
qualité que les sunnites refusent de reconnaitre au calife...
Article publié le 17 octobre 2014 par Nicolas HAUTEMANIERE dans les clés du Moyen-Orient.

CONSIGNE
1- Présenter Mohamed (Maximum 5 lignes).
2- Dégager le contexte historique du texte en citant deux causes de la divergence entre Sunnite-Chiite.
3- Relever dans le texte les éléments illustratifs de la différence entre sunnisme et chiisme. Compléter-ces éléments
par d’autres non évoqués dans le texte.
4- L’opposition entre sunnisme-chiisme est-elle pertinente pour comprendre les conflits au Moyen-Orient
contemporain ?
5- Rédiger une conclusion.

Document 2 :
Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde de dehors et de loin- de ce pays de France où tant de
tes enfants vivent aujourd’hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le
taçawwuf (Soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d’isthme entre
les deux mers de l’Orient et de l’Occident !
Et qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que je vois mieux que d’autre, sans doute parce que justement je te regarde de loin,
avec le recul de la distance ? je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui
rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d’enfanter un monstre qui prétend se nommer
Etat islamique et auquel certains préfère donner un nom de démon : Daesh. Mais le pire est que je te vois te perdre-perdre
ton temps et ton honneur-dans le refus de reconnaitre que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions,
de ton écartement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.
Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries : « ce n’est pas moi ! », « ce n’est pas l’islam !» Tu refuses que les crimes de
ce monstre soient commis en ton nom. Tu t’insurges que le montre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire.
Il est indispensable qu’à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l’islam dénonce la barbarie. Mais c’est tout
à fait insuffisant ! Car tu te refugies dans le réflexe de l’autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de
l’autocritique...
« Arrêtez, vous, les Occidentaux, et vous, tous les ennemis de l’islam, de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme, ce n’est
pas l’islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ! »
Source : Abdenour BIDAR, Lettre ouverte au monde musulman, le 13 Octobre 2014
NB : Abdenour BIDAR est un philosophe et écrivain français.

CONSIGNE
1- Présenter le texte et son auteur.
2- Résumer le texte au quart de sa longueur avec une marge de tolérance de + ou – 10%.
3- Identifier les principaux thèmes évoqués dans ce texte.
4- En vous basant sur le texte et vos connaissances, analyser les différentes tendances au sein de la Umma.
5- Commenter le passage souligné en discutant la problématique de la corrélation entre l’islam et la violence.

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