Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
Au mois de février 1848, une nouvelle révolution parisienne entraîne la chute de la
monarchie de Juillet. Au pouvoir depuis 1830, le roi des Français, Louis-Philippe,
abdique le 24 février 1848. Les républicains sont en position de force car, avec le peuple
de Paris, ils sont les principaux acteurs de la révolution de 1848. La république est
proclamée et un gouvernement provisoire est mis en place pour assurer la transition
démocratique. Les premières mesures poussent le peuple français à l'enthousiasme :
c'est l'euphorie républicaine. Des symboles républicains sont mis en place.
Le 24 février 1848, dès l'abdication du roi, la république est proclamée. Les Parisiens
symbolisent leur prise de pouvoir en envahissant la Chambre des députés. Même si la
république a été proclamée, les républicains restent divisés.
Les mesures prises dans les deux premiers mois sont révolutionnaires. Entre fin février et fin
avril 1848, ce gouvernement bouleverse les visages politiques, économiques et sociaux de la
France par une série de décrets.
2
Ces mesures du gouvernement provisoire suscitent un enthousiasme populaire qualifiée
« d'euphorie républicaine ».
Le 22 juin 1848, les ouvriers dressent des barricades et une nouvelle insurrection commence.
Pour la stopper, le gouvernement donne les pleins pouvoirs au ministre de la Guerre, le
général Cavaignac, qui prend en main la répression. Pendant trois jours, du 23 au 25 juin
1848, les ouvriers résistent à 50 000 soldats. Le 26 juin, l'ordre est rétabli, mais la répression
fait 5 000 morts, dont 1 500 fusillés sans jugement, et 12 000 prisonniers. Les républicains
radicaux et les ouvriers se sentent trahis et tournent le dos à cette république bourgeoise. La
république perd aussi le soutien des paysans.
4
pouvoirs. Le président est très encadré. Pour la première fois, le 11 décembre 1848, les
Français élisent leur président de la République.
La souveraineté nationale est appliquée : le président et les députés de l'Assemblée nationale
sont élus au suffrage universel, c'est-à-dire par tous les hommes de plus de 21 ans sans
condition de richesse. La séparation des pouvoirs permet de différencier le pouvoir législatif
et le pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est confié à une seule chambre, « l'Assemblée
nationale », réunie au palais Bourbon, qui compte 750 députés âgés d'au moins 25 ans et élus
pour 3 ans.
L'Assemblée nationale est l'institution centrale. Elle discute et vote les lois, le budget et la
guerre. Elle est également protégée puisque le président de la République, malgré son titre
de « chef de l'État », ne peut ni s'opposer à une loi qu'elle a votée ni la dissoudre.
Le pouvoir exécutif est confié à un « président de la République » d'au moins 30 ans élu pour
4 ans qui s'installe au palais de l'Élysée. Il est très encadré. Les ministres du gouvernement
sont contrôlés par le « Conseil d'État » nommé par l'Assemblée nationale. Le président de la
République ne peut se succéder à lui-même puisque la Constitution lui interdit de se
représenter à la fin de son mandat de 4 ans.
5
Comme le prévoit la Constitution, Louis-Napoléon Bonaparte nomme un gouvernement
dominé par les conservateurs et dirigé par le monarchiste Odilon Barrot. Le
gouvernement est donc dirigé par un homme qui s'oppose aux idées démocratiques.
Au début, Louis-Napoléon Bonaparte est populaire Il reste discret pour ne pas laisser penser
qu'il soutient les mesures conservatrices dont il laisse l'entière responsabilité au
gouvernement et à l'Assemblée. En réalité, il fait du président le centre du régime. En
juillet 1851, Louis-Napoléon Bonaparte annonce qu'il souhaite briguer un second mandat.
Mais puisque la Constitution le lui interdit, il demande à l'Assemblée nationale l'autorisation
de modifier cette règle. Devant le refus catégorique des députés, il décide de passer en force
par un coup d'État.
3-Le coup d’Etat de Louis-Napoléon :
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte organise un coup d'État. Tous les
membres de l'opposition sont réduits au silence ou à l'exil. Les mouvements de
résistance sont rapidement réprimés dans la violence. Une nouvelle constitution est
mise en place. La république prend l'aspect d'une dictature : on parle de
« bonapartisme ».
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte procède à la dissolution de l'Assemblée
nationale et à l'arrestation des chefs de l'opposition. Il instaure le suffrage universel pour
obtenir le soutien du peuple. Cela fonctionne, car ce coup d'État ne déclenche pas de
révolution :
À Paris, les ouvriers ne font rien pour défendre la république bourgeoise conservatrice
et les quelques foyers de résistance au nord de Paris sont rapidement réprimés par
l'armée.
Dans les campagnes, la résistance est plus forte. Elle est néanmoins réduite au silence
par l'armée qui réprime et arrête massivement, grâce à l'état de siège proclamé par le
président.
Tous ceux qui refusent le coup d'État sont condamnés à l'exil, à l'expulsion.
Quatre-vingts députés
refusent le coup d'État de Louis-Napoléon et se voient expulsés.
C'est le cas de Victor Hugo qui s'installe à Bruxelles puis dans les îles Anglo-
Normandes.
Environ 20 000 opposants politiques sont expulsés, dont la moitié en Algérie.
7
Ila une large partie du pouvoir législatif : il a seul l'initiative des lois et nomme les
membres de deux assemblées sur trois, le Sénat et le Conseil d'État.
De plus, il peut consulter directement les Français par plébiscite.
Le corps législatif est la seule assemblée élue. Elle vote les lois mais ne peut ni les
proposer ni les discuter. Le Second Empire remplace la séparation des pouvoirs par la
concentration des pouvoirs entre les mains de l'empereur. Il remplace aussi la souveraineté
nationale par la souveraineté impériale. Même si le peuple élit ses représentants au suffrage
universel, ils n'ont aucun pouvoir.
Comme sous le Premier Empire, la fête nationale est fixée au 15 août, jour de la Saint-
Napoléon.
Le drapeau tricolore est conservé mais modifié puisque l'aigle impérial y est ajouté.
Marianne est remplacée par l'effigie de « Son Altesse impériale Napoléon III » qui
circule grâce aux pièces de monnaie et aux timbres.
Sur son portrait officiel visible dans tous les bâtiments publics, Napoléon se fait représenter
debout, vêtu d'un costume militaire recouvert d'un manteau qui rappelle celui du sacre de son
oncle. Arborant la Légion d'honneur, il tient d'une main une épée et de l'autre le sceptre.
À ses côtés, on trouve la couronne, la main de justice et le trône.
Au quotidien, Napoléon III fait surveiller tous les Français par un État policier. Composé de
700 000 fonctionnaires, qui prêtent tous un serment de loyauté envers l'empereur, l'État
policier est dirigé sur le terrain par les préfets et les maires qui doivent leur poste à
l'empereur. Le Second Empire se dote d'un arsenal dissuasif et répressif : des bagnes
sont ouverts dans les colonies de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.
Il est soutenu par les bourgeois qui bénéficient de la prospérité économique permise
par l'industrialisation et la modernisation du pays.
Il est apprécié des paysans qui voient en lui l'homme qui protège leur propriété,
maintient l'ordre et fait barrage au retour de la révolution ouvrière.
Dans les années 1850, les seules voix qui s'élèvent pour dénoncer la « dictature de
l'usurpateur de Napoléon le Petit » sont celles des résistants de l'extérieur, à l'image des
républicains Edgar Quinet et Victor Hugo, que le régime accuse d'être des « ennemis
d'État ».
9
Couverture des Châtiments, Daumier
III-La fin du Second Empire et la proclamation de la IIIe République :
À partir de 1859, le Second Empire entre dans une phase d'assouplissement et de
libéralisation du régime. Cette libéralisation a des impacts sur la vie politique et sur les
institutions du régime. Finalement, le Second Empire s'effondre et la III e République
est proclamée en septembre 1870.
A-La libéralisation du régime :
Napoléon III relâche la pression en redonnant aux Français une partie des libertés dont
il les avait privés. Ce virage libéral s'explique par un changement de contexte. À la fin
des années 1850, le régime impérial est de plus en plus contesté. Les critiques viennent
désormais de l'intérieur et des soutiens de l'empereur, des monarchistes et des
bourgeois. Pour se maintenir, le régime n'a pas d'autre choix que de se montrer plus
libéral.
Les monarchistes accusent l'empereur de ne pas être assez ferme avec les ouvriers, les
catholiques lui reprochent de fragiliser le pape en soutenant militairement le
mouvement national italien.
La bourgeoisie industrielle et financière l'estime responsable du ralentissement
économique qu'ils imputent au traité de libre-échange signé avec l'Angleterre en
1860 et permettant la vente de produits bon marchés britanniques qui concurrencent
la production française.
Napoléon III cherche à obtenir le soutien de ses adversaires libéraux. Pour cela, il doit faire
des concessions, c'est-à-dire assouplir le régime en accordant aux Français plus de droits et
de libertés.
B-Les impacts de la libéralisation sur la vie politique :
Le virage libéral du Second Empire a d'abord des conséquences sur la vie politique. Les
exilés politiques sont invités à revenir, Napoléon III leur accorde l'amnistie. Ce
nouveau contexte politique favorise le réveil de l'opposition.
10
En 1859, une loi accorde l'amnistie à tous les opposants politiques. Napoléon III autorise les
exilés à rentrer en France sans risquer d'être poursuivis. Si de nombreux opposants
républicains regagnent l'Hexagone, certains exilés, qui doutent de la sincérité de l'empereur,
refusent de rentrer. C'est notamment le cas de Victor Hugo. Refusant tout compromis avec le
régime, il préfère rester libre de résister de loin et affirme qu'il « ne rentrera en France que
quand la liberté y sera elle-même rentrée ».
Malgré tout, l'amnistie est perçue par l'opposition républicaine comme une autorisation de
critiquer le régime impérial sans risque de répression. La libération de la parole est d'ailleurs
accentuée par le vote d'une loi sur la presse qui supprime l'autorisation préalable et les
avertissements. Ce nouveau contexte réveille l'opposition :
En 1864, les libéraux modérés, par la voix de leur député Adolphe Thiers, réclament à
l'empereur les « cinq libertés nécessaires » parmi lesquelles la liberté individuelle et
les élections libres.
Dans les villes, notamment Paris, ainsi que les régions du Centre et du Sud-Est,
l'opposition républicaine, orchestrée par Léon Gambetta, gagne du terrain.
Aux élections de 1863, 17 députés républicains entrent à l'Assemblée puis 30 y entrent
en 1869.
En 1861, les députés se voient confier la gestion des finances publiques en obtenant le
droit de voter le budget de façon plus détaillée qu'auparavant.
En 1867, les députés acquièrent le droit d'interpeller les ministres, c'est-à-dire de leur
poser des questions sur la politique qu'ils mènent et de leur faire part de leur soutien
ou de leur mécontentement.
À partir de septembre 1869, les députés ont désormais la charge des lois et peuvent
amender, c'est-à-dire modifier, les projets de lois du gouvernement.
11
En janvier 1870, le Second Empire devient même un régime parlementaire. La Constitution
est modifiée pour que le gouvernement soit responsable devant l'empereur mais aussi devant
les députés de la nation. Moins omniprésent, Napoléon III se replie sur son domaine réservé,
la politique étrangère.
Le 8 mai 1870, Napoléon III sonde la popularité de ses réformes en organisant un plébiscite.
Avec 80 % de voix favorables, les Français approuvent l'évolution libérale du régime.
Le 14 juillet 1870, au sommet de sa popularité, Napoléon III déclare la guerre au royaume de
Prusse gouverné par le roi Guillaume Ier et son chancelier Otto von Bismarck. Mal préparée,
sous-équipée et en nette infériorité numérique, l'armée française est rapidement mise en
déroute. Les troupes prussiennes envahissent l'Alsace puis la Lorraine. Le 2 septembre,
l'armée capitule. Le 3 septembre, l'empereur est fait prisonnier à Sedan. À Paris, l'annonce de
la débâcle impériale enclenche un processus de transition politique. Le 4 septembre 1870,
alors que les troupes prussiennes font le siège de la capitale, les Parisiens décrètent la
déchéance de l'Empire et proclament la République.
12