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THEME 2 – LA FRANCE DANS L’EUROPE DES NATIONALITES :

POLITIQUE ET SOCIETE (1848-1870)

Introduction :

[Rappel] nationalités = nations privées d’Etat, peuples qui aspirent à leur reconnaissance en tant que
nations souveraines.
Le thème invite à s’interroger sur la place de la France dans l’Europe des nationalités → questionnements
sur la construction de l’Etat moderne et sur les réponses apportées par la société française aux
bouleversements économiques, politiques et sociaux que connaît l’Europe depuis la fin du XVIIIe
siècle : industrialisation, prise en compte de la question sociale, politique étrangère dans l’Europe des
nationalités.

Contexte général :
22 février – 24 février 1848 : [rappel] émeutes parisiennes qui entraînent le renversement de la monarchie
de Juillet et la proclamation de la IIe République.
1er septembre 1870 : défaite de Louis Napoléon Bonaparte qui est fait prisonnier à Sedan, fin du Second
Empire français.
 Deux régimes politiques se succèdent sur cette période, apportant chacun des réponses
différentes aux évolutions de la société.

Problématique : En quoi la Deuxième République et le Second Empire, bien qu’ayant échoué à construire
un ordre politique stable recherché depuis la Révolution, ont marqué une étape dans la construction d’une
nation démocratique au sein d’une Europe des nations ?

I. La difficile entrée dans l’âge démocratique : la Deuxième République et le Second Empire


A) « L’esprit de 1848 » : un grand espoir républicain, le retour aux idéaux de la Révolution
française

Dès l’abdication de Louis-Philippe, le 24 février 1848, un Gouvernement provisoire est installé, dirigé par
Lamartine. Il proclame le jour même la République à l’Hôtel de Ville de Paris. Alphonse de Lamartine y
rejette le drapeau rouge au profit du drapeau tricolore. Il prononce alors l’apostrophe célèbre : « Citoyens,
vous demandez le Drapeau rouge à la place du Drapeau Tricolore. Pour ma part, je ne l’adopterai pas. Je
vais vous dire pourquoi je m’y opposerai de toutes les forces de mon patriotisme, c’est que le Drapeau
Tricolore, Citoyen, a fait le tour du monde avec la République et l’Empire, avec vos libertés et vos gloires,
et que le drapeau rouge n’a fait que le tour du Champ de Mars, traîné dans le sang du peuple. »
→ présence de divisions au sein du mouvement républicain.

Alphonse de Lamartine : poète romantique français. Député sous la monarchie de Juillet, il se range
ensuite du côté des républicains et participe à la révolution de 1848, proclame la Deuxième République et
siège au gouvernement provisoire qu’il dirige et dans lequel il devient ministre des Affaires Etrangères.
Après son élection, il deviendra député à l’Assemblée.

Deux grandes tendances sont présentes dans ce gouvernement provisoire : les républicains modérés,
avec Lamartine, et les démocrates-socialistes, comme Louis Blanc.
Libéralisme = idéologie issue de la philosophie des Lumières, qui veut fonder la société sur la liberté
individuelle. L’Etat garantit les libertés fondamentales. L’Etat limite ses interventions dans l’économie,
fondée sur les libertés de propriété et d’entreprise, sur la libre concurrence entre les entreprises et le libre-
échange entre les nations.
D’autres forces politique sont également importantes sous la Deuxième République : les monarchistes
légitimistes, les monarchistes orléanistes et les bonapartistes, mais elles ne participent pas à ce
gouvernement provisoire.

Après la proclamation de la République, France connaît un véritable élan d'optimisme. L'armée se rallie
au nouveau régime, des arbres de la liberté sont plantés et parfois même bénis par le clergé. Les clubs
politiques se multiplient.
Ce grand espoir est visible dans les textes et chansons de l’époque → extrait de Georges Sand. Lettre à
Charles Poncy, poète ouvrier, le 9 mars 1848.
George Sand : de son vrai nom Aurore Dupin, femme de lettres (romancière, dramatique, ) engagée en
politique. Elle défend notamment les droits des femmes et lutte contre les préjugés d’une société
conservatrice. Elle dénote avec sa vie amoureuse agitée, sa tenue masculine, son pseudonyme masculin.
Elle participe au lancement de plusieurs journaux sous la Seconde République.

Les mesures adoptées accordent en effet de nombreux droits et libertés à la population : il y a un retour
des idéaux démocratiques diffusés par la Révolution française (souveraineté nationale, égalité devant la loi,
garantie des libertés fondamentales).
 Rétablissement des libertés de la presse et de réunion ;
 Mise en place du suffrage universel masculin : le corps électoral passe de 250 000 électeurs à
10 millions (hommes de plus de 21 ans) ;
 Abolition de l’esclavage à l’initiative du ministre des colonies Victor Schoelcher
 Suppression de la peine de mort pour délits politiques.
 Création des « ateliers nationaux » pour donner du travail aux chômeurs dans un contexte de
crise économique, dans lesquels ils perçoivent un revenu en échange d’un travail symbolique. Cette
mesure est financée par une hausse des impôts directs de 45 %, ce qui mécontente notamment les
paysans. Il y a également une proclamation du « droit au travail », limitation de la journée de travail
à 10h à Paris et à 11h en province.

B) Une République de plus en plus conservatrice, précipitant sa chute

Avril : élection de l’Assemblée constituante, qui donne la majorité à des républicains modérés, proches
du gouvernement provisoire parmi lesquels on retrouve notamment Lamartine, et des orléanistes ralliés à
la république. Cela engendre une frustration du peuple parisien et une déception de la part des
républicains radicaux et des socialistes, face à cette Assemblé conservatrice (également contexte du
printemps des peuples, soutien aux révolutionnaires polonais que le gouvernement républicain refuse
d’aider ; et refus d’une proposition de Louis Blanc, démocrate-socialiste, de constituer un Ministère du
Travail pour améliorer la situation des classes ouvrières).

15 mai 1848 : manifestation. Des dizaines de milliers de manifestants révolutionnaires pénètrent dans le
palais Bourbon pour renverser l’Assemblée et mener une insurrection révolutionnaire. Elle échoue
cependant et se conclue par l’arrestation des meneurs.

En réaction, et par peur des ateliers nationaux considérés comme des foyers d’agitation, les députés en
décident la fermeture le 22 juin 1848, ce qui provoque la révolte des quartiers populaires de Paris
 « journées de juin ». La répression organisée par le général de Cavaignac, qui obtient les pleins
pouvoirs, est sanglante : bombardement du faubourg Saint-Antoine, plusieurs milliers de morts,
11 000 condamnés à la prison ou à la déportation (notamment en Algérie).
La limitation du temps de travail est également éphémère et repasse à 12h partout en France. La liberté
d’expression se trouve imitée → La république devient de moins en moins démocratique et sociale,
par peur du prolétariat.

Novembre 1848 : adoption d’une nouvelle Constitution, rédigée par l’Assemblée constituante élue en
avril. Elle prévoit l’élection d’un président de la République au suffrage universel masculin pour un
mandat de 4 ans et non rééligible, disposant ainsi pour la première fois de la même légitimité populaire que
l’assemblée. Il dispose du pouvoir exécutif, nomme et révoque les ministres. L’Assemblée, élue au
suffrage universel masculin pour 3 ans, dispose elle du pouvoir législatif.

Elections présidentielles du 10/11 décembre 1848 : six candidats (voir affiches de campagne
présidentielles)
 Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, candidat du parti de l’Ordre (parti de la droite
royaliste créé après les journées de juin 1848, conduit par Adolphe Thiers). Opposant à la
monarchie de Juillet, tentative de coup d’Etat en 1836 et 1840 (à Strasbourg et à Boulogne sur Mer)
qui lui valent un exil en Amérique et un emprisonnement au fort de Ham (Somme) où il écrit deux
livres largement diffusés qui le présentent comme un défenseur de la classe ouvrière (Extinction du
paupérisme, 1844 : « Aujourd'hui, le règne des castes est fini, on ne peut gouverner qu'avec les
masses ».).
 Le général Eugène Cavaignac, républicain modéré, qui avait maté les journées de juin.
 Alexandre Ledru-Rollin, démocrate-socialiste qui avait participé à la campagne des banquets pour
faire face à l’interdiction des réunions politiques sous la Monarchie de Juillet, ministre de l’Intérieur
du gouvernement provisoire. Représenté en paon (caricature) : incapacité du gouvernement
provisoire.
 François-Vincent Raspail, républicain d’extrême gauche, incarcéré depuis le 15 mai pour
l’organisation de la manifestation et la tentative de coup de force réalisée à l’Assemblée.
 Alphonse de Lamartine, républicain modéré. A rédigé Vie de César (caricature).
 Le général Nicolas Changarnier, gouverneur d’Algérie. Candidat monarchiste légitimiste
(uniforme et exploits militaires).

Louis-Adolphe Thiers : monarchiste, il a contribué aux Trois Glorieuses et joué un rôle important dans la
mise en place de la monarchie de Juillet. Après la révolution de 1848, il se rallie à la République dans le
parti de l’Ordre. Il ne se rallie pas au Second Empire, s’oppose à la guerre franco-allemande. Après la
chute de l’Empire, il devient chef du pouvoir exécutif de la République française, il négocie le traité de paix
avec Bismarck et réprime l’insurrection de la Commune. Il sera le premier président de la Troisième
République française en 1871 (par la loi Rivet, une des lois qui crée les institutions provisoires de la
République).

Le peuple vote en masse pour Louis-Napoléon Bonaparte, qui est élu président avec 74% des voix
(5,5 millions de voix) et devient par là le premier président français. Ce raz de marée électoral surprend
ses contemporains, qui l’attribuent à l’ignorance des campagnes. Les paysans, analphabètes, auraient été
manipulés par la propagande bonapartiste et le souvenir glorieux de Napoléon Ier. Exemples : George
Sand parle du « caprice » d’un « enfant souverain », Karl Marx du « coup d’Etat des paysans et une
réaction de la campagne contre la ville ».

Réelles causes de son élection : Napoléon associé à l’autorité et à la gloire nationale (liée à son nom),
déception liée au régime de la Seconde République et divisions entre républicains, absence d’un candidat
monarchiste crédible.

Aux élections législatives de mai 1849, le parti de l'Ordre obtient la majorité.

En 1849-1850, il adopte des lois réactionnaires, restreignant la liberté de la presse et le droit de vote.
Il faut désormais pour voter pouvoir justifier de trois années de résidence au même endroit. Un tiers des
électeurs (3 millions de personnes) sont désormais exclus du droit de vote, notamment des ouvriers,
souvent contraints de changer d'emploi et de domicile régulièrement.

Face au refus d’une modification de la Constitution qui permettrait à Louis-Napoléon Bonaparte de se


représenter alors que son mandat de quatre ans prend fin, il s’appuie sur cette restriction du suffrage
universel qui l’avait mené au pouvoir pour s’attirer les sympathies du peuple. Après le refus de l’abrogation
de cette loi demandée en novembre, le 2 décembre 1851, il organise avec la complicité des chefs militaires
un coup d’État durant lequel il dissout l’Assemblée.

Peu de résistance est opposée au gouvernement à Paris, les ouvriers ne voulant pas défendre un régime
qui les a réprimés, mais elle est plus forte dans les campagnes (sud-est, centre). Elle est réprimée dans la
violence et le sang par l’armée (27 000 personnes sont arrêtées et inculpées) ; certains opposants
s’exilent, comme Victor Hugo.

C) Louis-Napoléon Bonaparte, de prince-président à empereur : l’avènement d’un régime


autoritaire

A la suite de son coup d’Etat, Louis-Napoléon Bonaparte dissout l’Assemblée et rétablit le suffrage
universel masculin, et convoque les Français par un plébiscite (= vote direct des électeurs sur un
projet présenté par le pouvoir) les 20 et 21 décembre pour faire approuver son action et les réformes
annoncées. Les électeurs lui réaffirment leur confiance à plus de 90% des suffrages exprimés → il y a une
légitimation du coup d’Etat par le peuple.

Une commission est alors réunie pour rédiger une nouvelle Constitution, mettant toutes les caractéristiques
d’un régime autoritaire. Un mandat de dix ans confié au prince-président, qui n’est responsables que
devant le peuple car il est élu par suffrage universel. Ses pouvoirs sont étendus, il concentre l’essentiel des
pouvoirs exécutifs et législatifs (seul à l’initiative des lois, nomme les ministres). Deux Assemblées (Corps
législatif et Sénat) sont créées, mais elles ne disposent que de pouvoirs réduits. Les députés du Corps
législatif prêtent un serment personnel à l’empereur, le Sénat est en partie composé de membres nommés
par l’empereur et peut annuler les votes du corps législatif.
Cette constitution s’inspire largement de la constitution de l’an VIII créée sous le Consulat → proclamation
de Louis-Napoléon Bonaparte en janvier 1852 : « J'ai pris comme modèle les institutions qui, au lieu de
disparaître au premier souffle des agitations populaires, n'ont été renversées que par l'Europe entière
coalisée contre nous. ». Elle affirme également s’inscrire dans la continuité de la Révolution française :
titre I « reconnaît, confirme et garantit les grands principes proclamés en 1789 ».
La Constitution est modifiée pour rétablir la dignité impériale en faveur de Louis-Napoléon, décision
approuvée par plébiscite. Le 2 décembre 1852, jour anniversaire du sacre de l’Empereur Napoléon I er et
de sa victoire à Austerlitz, l’Empire est proclamé.

On parle de césarisme démocratique = régime politique qui associe un pouvoir autoritaire et


personnel à des élections régulières au suffrage universel.
 Les nombreux plébiscites témoignent de la popularité du chef de l’Etat, qu’il entretient par la
propagande (mise en scène du régime, diffusion de son portrait officiel) et par des voyages officiels
dans le pays. Exemple : Les inondés de Tarascon : inondations Rhône / Loire (1856) après des
pluies terribles, peinture qui loue les actions du souverain.
 Un régime autoritaire : absence de liberté de la presse, répression de l’opposition (arrestations,
bagne à Cayenne ou en Algérie pour les opposants politiques) et contrôle de la vie politique en
soutenant les candidats du régime lors des élections (candidature officielle).

II. L’industrialisation et l’accélération des transformations économiques et sociales en


France
A) Industrialisation et modernisation de l’économie

Contexte : industrialisation = passage d’un stade de production majoritairement artisanal et agricole


à un stade de production industriel. Initiée au Royaume-Uni à la fin du XVIIIe siècle, l’industrialisation
s’observe en France à partir des années 1830 même si elle reste limitée, puis s’affirme sous le Second
Empire.
 « Première industrialisation », caractérisée par le début des grandes industries (concentration
de la production notamment dans des manufactures = réunion dans un même espace d’artisans de
métiers différents qui réalisent chacun une étape dans la réalisation d’un produit fini ou d’ouvriers
fabricant le même produit ; ou des usines = réunion des hommes et des machines dans un même
lieu pour faire baisser les coûts de production et contrôler la main-d’œuvre) et de la mécanisation.
Elle est associée au charbon, au fer et à des inventions comme la machine à vapeur.
L’industrie textile est alors dominante mais le secteur industriel se diversifie  forte croissance
de la sidérurgie (travail de l’acier, du fer, de la fonte). Exemple : marteau pilon mis en service en
1877 au Creusot par l’entreprise Schneider (entreprise sidérurgique qui s’impose dans le transport
ferroviaire, dans la production mécanique et dans l’armement) et qui devient alors le plus puissant
du monde avec son marteau de 100 tonnes. Il est mû par la vapeur qui soulève le marteau et sert à
forger de grosses pièces d’acier, pour les transports ou l’armement. C’est un symbole de la ville
industrielle du Creusot et de sa suprématie.
[en opposition à la « Seconde industrialisation », à partir des années 1880, liée à l’apparition de
nouvelles énergies comme l’électricité ou le moteur à explosion à base de pétrole et ainsi de
nouveaux secteurs comme l’industrie chimique ou automobile).]

Cette première industrialisation a un impact sur le paysage français : le paysage industriel s’affirme dans le
paysage rural et agricole traditionnel. Exemple de la peinture de Bonhommé : travail d’extraction du
charbon depuis les mines. Fumée dégagée par les machines à vapeur. En bas à gauche, forage indique
que l’on recherche des prolongements du gisement.

Si l’industrialisation s’affirme sous le Second Empire, c’est notamment grâce à l’interventionnisme


étatique (= intervention de l’Etat dans l’économie). Napoléon veut favoriser la croissance
économique pour assurer la paix sociale et pour que la France s’impose comme un acteur
économique majeur de la scène européenne.

Mesures impériales qui favorisent l’industrialisation et la modernisation de l’économie :


 Organisation d’expositions universelles (1855 et 1867) qui promeuvent la puissance française et
exaltent le progrès industriel. Les expositions universelles permettent aux Etats d’exposer leur
savoir-faire dans les domaines industriel, agricole et artistique.
 Politique de libre-échange = qui favorise le commerce entre les Etats en supprimant les
entraves par exemple douanières aux échanges, en particulier avec le Royaume-Uni : traité de
1860 qui oblige donc les industriels français à moderniser leurs méthodes de production pour être
compétitifs face aux produits britanniques. Des ports comme Marseille, Saint-Nazaire ou Le Havre
connaissent un regain d’activité à partir de ce traité et sont modernisés.
 Encouragement de l’essor des banques pour financer le développement industriel et les grands
travaux (distribution d’autorisations pour leur création par le Conseil d’Etat). Naissance de grandes
banques de crédit (Société générale).

L’industrialisation et la modernisation économique reposent également sur des acteurs privés, comme les
frères Pereire. Entrés dans le monde de la finance parisienne par le biais du chemin de fer (réalisation de
la ligne Paris-Saint-Germain, 1837), leur activité s'étend à des secteurs variés, principalement les travaux
publics, les mines, les transports (chemin de fer et transports maritimes) et les banques. Ils sont
notamment les créateurs du Crédit mobilier, en 1852, une banque chargée de financer les entreprises.
Députés de 1863 à 1869, ils sont également proches de Napoléon III.

L’industrialisation a également des conséquences sociales importantes :


 Essor de la bourgeoisie, une nouvelle élite économique et politique (Schneider, Pereire…). Ce
sont des entrepreneurs et des financiers, qui appartiennent souvent déjà à des familles aisées,
mais qui s’intègrent peu à peu à la classe dirigeante traditionnelle. On distingue traditionnellement
« bonne bourgeoisie » (rentiers, industriels et banquiers qui ont fait fortune), « moyenne
bourgeoisie » (professions libérales) et « petite bourgeoisie » (commerçants, fonctionnaires,
employés). Elle se distingue par un mode de vie et une culture spécifique. Exemple :
développement du tourisme balnéaire pour une bourgeoisie urbaine en quête de loisirs.
Aménagement des stations balnéaires sur le littoral (ex : Arcachon, après avoir été créée par décret
impérial en 1857, est développée par les Pereire qui y assurent l’accès par le train en prolongeant
la ligne entre Bordeaux et La Teste jusqu’à Arcachon et participent au développement de la ville
avec la construction du quartier de la Ville d’Hiver).
 Naissance de la classe ouvrière = classe sociale qui partage des conditions de travail et un mode
de vie / une culture commune. Les quartiers ouvriers se développent, liés à l’afflux de la main-
d’œuvre dans les grandes villes ainsi que les centres industriels et miniers, souvent précaires.
Intérêt nouveau pour la « question sociale » qui questionne notamment les conséquences de
l’industrialisation (intérêt pour la misère, l’hygiène publique, le paupérisme). Des enquêtes sont
réalisées pour connaître les conditions de travail et de vie des ouvriers (exemple : Frédéric Le Play,
précurseur de la sociologie et des enquêtes empiriques).

B) Une politique d’aménagement volontariste : les grands travaux

L’Etat intervient également directement dans les transformations économiques et sociales de


l’époque, par la mise en œuvre de différents aménagements et travaux :
 Extension du réseau ferré, ce qui favorise l’approvisionnement quotidien des grandes villes, les
déplacements des populations et l’industrialisation (acheminement des matières premières ou des
produits finis). Le tracé passe de 3800 km en 1852 à 17000 km en 1870 (multiplié par presque
cinq), les temps de trajet diminuent (Paris-Marseille, de 8 jours à 14h de trajet).
 Aménagement du territoire. Exemple : Landes, terres sablonneuses, marécageuses et peu fertiles.
Loi relative à l'assainissement et à la mise en culture des landes de Gascogne (1857) : un grand
nombre de terres sont mises aux enchères et une forêt de pins maritimes est plantée. Volonté de
drainer les sols, d’arrêter l’avancée des dunes vers l’intérieur du territoire, de repeupler cet espace
et de disposer d’une ressource en bois et en résine (ce qu’on appelle le gemmage) importante. Les
Pereire ont par exemple acheté des terres dans les Landes pour les boiser. Aujourd’hui, c’est la
plus grande forêt artificielle d’Europe.
 Rénovation de Paris, menée par le baron George Eugène Haussmann , préfet de Paris, dans un
contexte d’urbanisation exacerbée de Paris alimentée par l’exode rural. Urbanisation =
hausse de la population urbaine et extension des villes. Sous l’impulsion de Napoléon III, Paris
devient le symbole de l’urbanisme moderne, en phase avec les exigences de la société industrielle.
(voir étude de documents)

C) Des changements politiques et sociaux : une libéralisation du régime (années 1860-1870)

Au début des années 1860, la politique de l’Empire suscite des critiques de plus en plus nombreuses
parmi les soutiens de Napoléon III. Les conservateurs contestent la politique de libre-échange, les
mesures sociales prises en faveur des ouvriers ou le coût de la politique extérieure ; les catholiques
critique sa politique favorable à l’Italie, ce qui nuit aux intérêts du pape.

Napoléon doit chercher de nouveaux appuis, ce qui entraîne une libéralisation du régime.
L’objectif est de donner un second souffle au régime impérial, de limiter la contestation sociale et de
réconcilier les Français. Le régime reste cependant autoritaire et césariste.
■ 1864, accord de droits sociaux : droit de coalition (de se réunir, de s’associer) et dépénalisation
du droit de grève (loi Ollivier, uniquement si la grève n’empêche pas le travail des non-grévistes et
sans que des actes de violence soient commis, alors que la grève était considérée comme un délit
pénal depuis 1791).
■ 1868 : liberté de la presse (suppression des autorisations préalables et des avertissements,
système qui prévoyait la fermeture complète d’un journal après trois avertissements) et de réunion
(à condition que celles-ci ne portent pas sur des sujets politiques ou religieux).
■ Renforcement progressif des droits du Parlement :
■ 1867 : droit des députés du Corps législatif d’adresser officiellement des critiques sur la
politique du gouvernement ; 1869 : partage de l’initiative des lois entre l’empereur et le
Corps législatif (après des élections législatives marquant une forte progression des
républicains).
■ 1870 : plébiscite sur l’évolution parlementaire du régime (approuvée à 83% des voix,
triomphe de Napoléon III tant la participation a été forte). Les ministres sont responsables
devant les députés → on parle d’« Empire libéral ».

III. La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre et par la diplomatie


A) Redonner un rôle prépondérant à la France et défendre le principe des nationalités
1. L’expansion coloniale

L’expansion coloniale française s’accélère sous le Second Empire, car elle devient un enjeu politique
et économique important. Avec la révolution industrielle, les rivalités entre les empires coloniaux sont en
effet de plus en plus importantes, les matières premières présentes dans les colonies permettant de
soutenir le développement de l’industrie de la métropole.

Durant le règne de Napoléon III, l’empire colonial est multiplié par cinq. Il a ainsi tracé les grandes
lignes de la politique qui serait poursuivie par la IIIe République.
 Afrique : premières étapes de la colonisation de l’Afrique noire (rattachement du Gabon, expansion
au Sénégal par Faidherbe), extension de la présence française en Algérie, installation à
Madagascar (traité de commerce).
 Moyen Orient : installation près de Djibouti (Obock), obtention du percement du canal de Suez.
 Conquête de la Nouvelle Calédonie.
 Bases de l’Indochine française jetées : conquête de la Cochinchine (sud du Vietnam actuel) entre
1862 et 1867, Cambodge devient un protectorat français, guerre avec la Chine (pillage de Pékin en
1860).
 Amérique Latine : 1862-1867 : expédition au Mexique, échec. Napoléon III cherche à établir une
monarchie puissante en Amérique, en profitant des désordres politiques du Mexique et de la guerre
de Sécession américaine, en prétextant le refus du dictateur Juarez de payer les dettes de son
pays (notamment les fonds avancés par un banquier franco-suisse du nom de Jecker). Après la
prise de Mexico, en 1863, il place au pouvoir Maximilien d’Autriche (frère de François-Joseph,
empereur autrichien). Après le départ des troupes française, Maximilien est cependant vaincu par
les insurgés mexicains, fait prisonnier et fusillé.

2. La participation à la guerre de Crimée aux côtés de l’Angleterre, ancien ennemi de Napoléon Ier

 Guerre de Crimée (1853-1856)

Alliance victorieuse de l’Empire ottoman, de la France, de l’Angleterre et du royaume de Sardaigne contre


la Russie qui veut profiter de l’affaiblissement de l’Empire ottoman pour accroître son influence vers les
Balkans, à la suite de l’occupation de la Valachie et de la Moldavie et de l’attaque de l’Empire ottoman à
Sinope. La France défend par cette intervention le principe des nationalités et veut effacer les
conséquences du congrès de Vienne de 1815. La Russie est défaite par la coalition à la suite du siège de
Sébastopol qui a duré un an, marqué notamment par de nombreux bombardements des civils.
Le Congrès de Paris (1856) permet le retour de la France dans le concert européen et marque son
influence en Europe orientale. Il permet l’autonomie et l’union des principautés roumaines de Moldavie et
de Valachie, l’intégrité territoriale de l’Empire ottoman, la liberté de navigation sur le Danube et la
neutralisation de la mer Noire et des détroits (interdiction d’accès à tout navire de guerre et de la
construction de fortifications).

3. Le soutien de l’unification italienne (1859-1870)

Contexte : En 1814, le congrès de Vienne a laissé l’Italie divisée en plusieurs Etats : le royaume de
Piémont-Sardaigne, le royaume de Lombardie-Vénétie (sous domination autrichienne), le grand-duché de
Toscane, le duché de Parme, le duché de Modèle, les Etats pontificaux autour de Rome (incluant la
Bologne), le royaume de Naples, le royaume de Sicile.
En 1848-1849, la tentative d’une première unification italienne contre l’empire d’Autriche, dans le contexte
du printemps des peuples, échoue et est réprimée.

Le deuxième et réel mouvement d’unification italienne est réalisé sous l’égide du Royaume de Piémont-
Sardaigne, dirigé par le roi Victor Emmanuel et son ministre Camillo Cavour.

• La campagne d’Italie, le Piémont-Sardaigne (et la France) contre l’Autriche (1859)

Cette campagne est marquée par la diplomatie secrète et personnelle de Napoléon III : en 1858, il reçoit
secrètement Cavour et définissent ensemble le cadre d’une intervention française en Italie, en échange de
laquelle la France recevrait Nice et la Savoie. Un traité d’alliance est signé en janvier 1859.

Avril 1859 : après un ultimatum adressé par l’Autriche au Piémont-Sardaigne qui lui impose un
désarmement, l’Autriche lui déclare la guerre ; la France entre en guerre dès le mois de mai 1859. Les
batailles victorieuses de Magenta (4 juin) et Solférino (24 juin) permettent au Piémont-Sardaigne d’obtenir
la Lombardie.
Après l’obtention de la Lombardie, les populations des duchés de Toscane, de Parme, de Modène et de
Bologne, votent par référendum leur rattachement au Piémont-Sardaigne.

Après ces premières victoires, Napoléon III fait cependant marche arrière. Il est en effet marqué par la vue
du sang versé à cause de sa politique extérieure, craint des tensions avec l’Angleterre qui redoute les
velléités d’expansion de Napoléon et veut apaiser l’opinion catholique française qui s’impatiente de cette
guerre menaçant la papauté.
Napoléon signe des préliminaires de paix avec l’Autriche qui prévoient la création d’une confédération
italienne de sept États, dont certains dirigés par l’Autriche, ce qui entraîne la démission de Cavour et la
déception de Victor-Emmanuel.

• L’expédition des Mille (1860)

L’unification italienne est poursuivie, notamment par Giuseppe Garibaldi, général italien. Le royaume des
Deux-Siciles, au sud de la péninsule, est conquis par la mobilisation de volontaires appelés les chemises
rouges.

• La proclamation du royaume d’Italie (1861). Victor-Emmanuel II en devient le roi.

• La guerre prusso-autrichienne (1866)

Le royaume d’Italie s’agrandit avec l’obtention de la Vénétie, gagnée grâce à sa participation à la guerre
aux côtés de la Prusse ayant défait l’Autriche.

• L’acquisition de Rome, la fin de l’unification italienne (1870)

Une position de Napoléon III ambigüe après la campagne d’Italie : l’empereur continue d’encourager en
sous-main l’unité italienne et reconnaît le royaume d’Italie proclamé en 1861, ce qui lui permet d’obtenir
Nice et la Savoie comme cela avait été défini dans le traité d’alliance. Cependant, en 1867, poussé par les
catholiques français, il envoie une division française défendre Rome contre les armées de Garibaldi. Lors
de la guerre franco-prussienne qui sera déclarée en 1870, Victor-Emmanuel refusera ainsi son soutien à la
France, n’envoyant que quelques partisans (dont Garibaldi) et profitant du départ de la division française
pour occuper Rome (qui était jusque-là toujours gouvernée par le Pape), qui deviendra la capitale du
nouvel Etat l’année suivante.
B) La chute de l’Empire face à l’unification allemande

 La guerre prusso-autrichienne (1866)

Les petits Etats d’Allemagne se sont regroupés autour du roi de Prusse, Guillaume Ier, et de son nouveau
chancelier Otto von Bismarck, contre l’Autriche. Ils sont notamment aidés par le royaume d’Italie
nouvellement unifié (qui obtiendra la Vénétie après la défaite de l’Autriche).
En trois semaines de campagne, l’armée de Guillaume Ier écrase celle de l’empereur François-Joseph
d’Autriche, notamment lors de la bataille de Sadowa. Elle permet la création d’une confédération de
l’Allemagne du Nord dominée par la Prusse, qui remplace alors la Confédération germanique dominée
par l’Autriche qui avait été créée par le congrès de Vienne.

Les ambitions du chancelier allemand Bismarck ne n’arrêtent cependant pas là. Il veut constituer un État
allemand unifié et puissant, tout en affaiblissant la France ; pour y parvenir, rien de tel qu’un conflit armé,
d’autant que le succès du plébiscite de 1870 a renforcé le régime napoléonien. Pour Bismarck, l’unification
allemande ne peut se faire que « par le fer et par le sang ».
La France est alors surveillée par ses ennemis comme par ses alliés potentiels, qui craignent une
résurgence de la politique d’agrandissement territorial du Premier Empire notamment face à la diplomatie
secrète active de Napoléon III. L’empereur est alors âgé de 62 ans et est rongé par la maladie de la pierre.
Il souffre de calculs qui lui causent d’atroces souffrances, qu’il soigne à l’opium.

 La guerre franco-prussienne entre l’Empire français, la Prusse et ses alliés les Etats
allemands du Sud (1870-1871)

Contexte : trône espagnol vacant (la reine Isabelle II a été chassée du pouvoir lors de la révolution de
1868. Elle permettra l’arrivée sur le trône d’Amédée de Savoie, fils du roi Victor-Emmanuel II).

Juillet 1870 : un lointain cousin du roi de Prusse, Léopold de Hohenzollern, pose sa candidature à la
couronne d’Espagne, ce qui provoque la crainte de l’opinion française d’un encerclement de l’Empire par la
puissance germanique.
Cette candidature est finalement retirée, mais Bismarck refuse de donner une garantie supplémentaire à la
France, la déclaration solennelle du roi de Prusse assurant le renoncement définitif des Hohenzollern. Un
communiqué de presse, la « dépêche d’Ems », explique à l’opinion internationale ce refus du chancelier
prussien. Il est interprété à Paris et par l’opinion comme une insoutenable provocation, et était en réalité un
piège pour provoquer une déclaration de guerre de la part de la France, ce qui fonctionnera (Bismarck
parle dans ses mémoires d’« exciter le taureau gaulois »).

Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse, une déclaration qui est vue comme une
agression de la part de la France par le reste de l’Europe. Napoléon III ne voulait pas la guerre, il avait
conscience de la puissance de l’armée prussienne mais s’est laissé convaincre par son entourage et
l’opinion publique. Mal préparée (peu modernisée, malgré des tentatives de réformes de l’empereur en
1868) et moins nombreuse que l’armée allemande face à l’absence de soutiens, l’armée française subit
rapidement plusieurs défaites en Alsace et en Lorraine.
Le 1er septembre 1870, l’armée française se retrouve encerclée à Sedan. Après plusieurs tentatives
infructueuses, Napoléon III décide d’arrêter l’effusion de sang et se rend aux Prussiens, avec 84 000
hommes. Il est fait prisonnier et s’exilera plus tard à Londres, où il mourra en 1873 de la maladie de la
pierre.

Le 3 septembre, la capitulation de Sedan est connue à Paris. Le Palais-Bourbon est envahi par la foule le
lendemain. Gambetta, à l’hôtel de ville, proclame la République. Le gouvernement provisoire poursuit la
guerre, mais Paris est encerclée.
Le 18 janvier 1871, les Etats allemands s’unissent, c’est la proclamation du IIe Reich par Bismarck à
Versailles dans la Galerie des Glaces. Guillaume Ier de Prusse devient empereur.
Le 10 mai 1871, le traité de Francfort est signé : la France doit céder l’Alsace et la Moselle, payer une
forte indemnité, et accepter l’occupation allemande de Paris et d’une grande partie du nord de la France
jusqu’au paiement de celle-ci.

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