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Résumé
La rencontre entre la réalité économique de la société et la réalité juridique de la personnalité morale peut conduire à une
paralysie. La fiction de la personnalité juridique est un instrument au service du juge et du législateur permettant d’atténuer les
rigueurs de la personnalité morale. Si la fiction juridique a été l’objet de nombreuses études, peu s ’intéressent à son utilisation
en droit des sociétés II s’agit pourtant d’un outil particulièrement vivant et efficace. En témoignent les utilisations
jurisprudentielles et légales récentes sur lesquelles cette étude se propose de revenir.
Arrighi Anne-Claire. Les fictions de la personnalité juridique en droit des sociétés. In: Revue juridique de l'Ouest, 2016-4. pp.
19-30;
doi : https://doi.org/10.3406/juro.2016.4884
https://www.persee.fr/doc/juro_0990-1027_2016_num_29_4_4884
i
par |
à laDocteur
Facultéen
dedroit,
Droit,enseignant-chercheur
de Anne-Claire
Science politique
Arrighi
et
contractuel
de Gestionendedroit
La Rochelle
privé |îj!
Cet adage signifiant que « le droit est né du fait », souligne le rapport que la règle
de droit entretient avec les faits. Si, souvent la règle de droit se contente d’accueillir sur
la scène juridique une situation de faits en la consacrant, dans certaines situations, le
droit altère la réalité pour en déduire des conséquences juridiques précises. Ce procédé
s’appelle la fiction juridique.
2.
droit
1. Pour
G.pénal
Cornu,
un»,développement
Droit
Vocabulaire
pénal, janvier
juridique,
plus long
2009,Association
surétude
la distinction
1. Henrivoir
Capitant
: C. Hardouin
: Puf, coll.
LeQuadrige,
Goff, « Les
2005.
fictions légales en
20 DOCTRINE
pas utiliser la fiction juridique pour atténuer les rigueurs de la personnalité juridique
soit en la faisant rétroagir, soit au contraire, en la faisant survivre.
3. Cette
note G. Plaire.
règle a été érigé en principe général du droit : Cass. lre civ. 10 décembre 1985, D. 1987, p. 449
4. C’est l’existence de cette règle qui permet à la chambre criminelle de refuser d’appliquer la qualification
d’homicide involontaire à l’enfant à naître. Pour une étude approfondie de cette jurisprudence voir notre
thèse, « La protection pénale de l ’être humain avant sa naissance, de la non reconnaissance à la protection ,
La Rochelle, 2015.
5. Cass. 2e civ., 10 juillet 2008, D. 2010, pan., 728, obs. J. Lemouland et D. Vigneau, Dr.fam. 2008. Comm.
n° 137, note V. Larribau-Temeyre.
6. Voir notamment, H. Guitard, Lafiction et le droit privé, Thèse, Toulouse, 1 948 ; Les présomptions et les
DOCTRINE 21
s’agit pourtant d’un outil particulièrement vivant7 et efficace qui permet d’apporter
les correctifs nécessaires à l’inadéquation existant entre la personnalité juridique et
la réalité économique des sociétés. Ces fictions de la personnalité morale, légales ou
jurisprudentielles, permettent d’outrepasser les bornes de la personnalité juridique,
qu’il s’agisse de la faire rétroagir (I) de la faire continuer (II) ou au contraire de la faire
perdurer (III).
I. LA FICTION DE RÉTROACTIVITÉ
DE LA PERSONNALITÉ MORALE DE LA SOCIÉTÉ
juridique,
fictions
rôle
du
pénal
7.
9.
économique
l’ouverture
Elle
pas
8. droit,
10.
11.
12.
13. fait
En
Loi
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est
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justifiée
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Droit
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Études
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Bibliothèque
1975,
décisions
publiées
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droit,
juillet
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manifestations
l’identique
société.
p.1978
2009,
deGaz.
pense
les
de
273;
1966
jurisprudentielles
départ
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étude
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1978.
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société
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l’acte
«droit
sont
Du:
22 DOCTRINE
compte de la société en formation. S’il n’est pas précisé que l’acte est fait au nom de
la société en formation, il n’engagera que ses signataires, sans possibilité de reprise14.
capacité
pas
Cass,
relatif
14. qu’elle
L’engagement
corn.,
à la
juridique.
vente
est
2 février
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Lasouscrit
2010
immeuble;
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Cass,
société
jurisprudence
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relatif
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2012
postérieure
à de
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annuler
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l’acte
Cass,
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encom.,
conclu
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régularisation.
octobre
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société
2011
nul
de pour
marchandises.
qui
n°En09-70.517
n’indique
défaut
ce sensde:
Les actes accomplis « par » la société en formation et non « pour » la société en formation sont nuis, Cass.
com., 1 1 juin 201 3, n° 1 1 -27.356 : JurisData n° 2013-0 1 1 844. En plus de la rigueur dans la formule, la reprise
doit être régulière : « la mention figurant dans une promesse de vente prévoyant que l’immatriculation de
la société au registre du commerce et des sociétés emportera de plein droit reprise par elle des présentes qui
seront alors réputées avoir été conclues dès l’origine par la société elle-même ne suffit pas. En l’absence de
reprise régulière par la société, les actes restent à la charge des personnes qui les ont conclus Cass. 3e civ., 15
octobre. 2015, n° 13-24.355 : JurisData n° 2015-023569.
15. Cass. 3e civ., n° 15-10.881, <?* Capimmo d Sé Cime, D. 2016, note B. Saintourens.
16. Action prévue par l’article 46 de la loi du 10 juillet 1965 relative à la copropriété des immeubles bâtis.
17. « Mais attendu qu>ayant relevé qu>il métait pas contesté que la SARL, régulièrement immatriculée,
avait repris bengagement résultant de la vente du 10 juin 2002 par une délibération de ses associés, la cour
d>appel, qui n>a pas violé le principe de la contradiction, en a exactement déduit que peu importait la date
de la délibération dès lors que, par beffet rétroactif de cette reprise, la SARL était réputée propriétaire de
bimmeuble à bégard des tiers et de la SCI depuis borigine de la vente le 10 juin 2002 et justifiait avoir
DOCTRINE 23
Il existe également en droit des sociétés des fictions dont l’objet est de faire
suivre la personnalité morale de la société à travers une autre.
qualité
2011,
obs. J.-C.
n°pour
10-26.726,
Hallouin,
agir en diminution
D. Lamazerolles
E. 2012. de
11,prix
obs.leetA.
4A.juin
Lienhard;
Rabreau;
2003 ».ibid.
En ce1844,
AJDI sens,
2012.obs.
voir
345,également
M.-P.
obs. M.-P.
Dumont-Lefrand
: Cass.
Dumont-Lefrand;
3e civ.,; 7ibid.
décembre
2688,
Rev.
sociétés 2012. 218, note A. Reygrobellet ; Bull. Joly 2012. 288, note P. Le Cannu, relatif au contrat de bail.
18. Cass. 2e civ., 19 décembre 2002, Bull. Jolly Sociétés, 2003, p. 483 note B. Saintourens, confirmée par
2e civ., 10 septembre 2009, n° 08-15.882, Gaz. Pal. 2010, n° 1 12, p. 16 note B. Dondero.
19. Cass, corn., 20 février 2007 n° 05-14.058 Bull. Jolly sociétés 2007, p. 732 note B. Saintourens.
20. Cass. 3e civ., 7 décembre 2011, n° 10-26.726, Sté Blouniz c/ Etchart, Rev. sociétés 2012, p. 212 note
A. Reygrobellet.
21 . Opération qui se définit comme la transmission par une ou plusieurs sociétés de leur patrimoine à une
société existante ou à une société nouvelle qu’elles constituent.
22. Opération qui se définit comme la transmission du patrimoine à plusieurs sociétés existantes ou
nouvelles
23. Article L.236-1 et L 263-3 Code de commerce.
24. Ibid.
25. Article L. 1224-1 du Code du travail.
26. Voir M.-C. Amauger-Lattes « Vers une remise en cause du principe de personnalité pénale des
personnes morales en cas de fusion par absorption », Droit social, 2015, p. 735.
24 DOCTRINE
27. Article 121-1 du Code pénal : « Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait ».
28. Sur l’exigence de cette identification voir notamment : Crim. 25 mars 2014, n° 13-80.376, D.2014. 826;
RDI 2014. 410, obs. G. Roujou de Boubée; Dr. soc. 2014. 948, chron. R. Salomon; 6 mai 2014, n° 2-88.354,
D.2014, 1414, chron. G. Barbier ; A J pénal 2014. 412, note E. Mercinier et M. Pugliese.
29. Crim. 20 juin 2000 n° 99-86.742, Bull. crim. n° 237, D. 2001, 853. Note H. Matsopoulou, ibid 1608,
obs. E. Fortis et A. Reygrobellet, Bull. Joly 2001. 39, note Mascala; Crim. 14 octobre. 2003, n° 02-86.376,
Rev. sociétés 2004. 161, note B. Bouloc ; Crim. 9 sept. 2009, n°08-87, Bull. Joly 2010. 179, note Vamparys.
30. CJUE, 5 mars 20 1 5 aff. C-343-1 3 Modelo Continente Hipermercados SA c/Autoridade para as condiçoes
de Trabalho-Centro local do Lis (ACT), RDLA 2015, 104 note A. Reygrobellet; Droit social, 2015 p. 735
note M.-C. Amauger-Lattes ; D. 2015. pan. 1506, obs. C .Mascala; RTD civ. 2015. 388, obs. J. Barbier,
Droit sociétés 2015, no 89, note Roussille; Bull. Jolly, 2015 note V. Le Nabasque. En l’espèce des procès-
verbaux d’infraction avaient été dressés avant la fusion-absorption mais n’avaient été notifiés qu’après la
fusion à lalasociété
contestait conformité
absorbante.
de la mesure
L’administration
au droit communautaire.
avait fait peser les amendes sur la société absorbante qui
31. Directive 78/855/CEE du Conseil du 9 octobre 1978 codifiée par la directive 201 1/35/UE du Parlement
européen et du Conseil du 5 avril 2011.
32. En effet, en admettant le transfert de l’amende contraventionnelle à la société absorbante, la CJUE
admet ainsi l’existence d’une responsabilité sans fautes du côté de la société absorbante.
DOCTRINE 25
La chambre criminelle dans un arrêt du 25 octobre 201 6 33 après avoir rappelé que
la directive 78/855/CE tel qu’interprétée par la CJUE dans l’arrêt du 5 mars 2015 était
dépourvue d’effet direct à l’encontre des particuliers, réaffirme que : « l’article 121-1
du Code pénal ne peut s’interpréter que comme interdisant que des poursuites pénales
soient engagées à l’encontre de la société absorbante pour des faits commis par la
société absorbée avant que cette dernière perde son existence juridique ». Ainsi, la
chambre criminelle réaffirme dans cette décision que l’article 121-1 du Code pénal
s’oppose fermement à ce que la responsabilité pénale de la société absorbée qui a perdu
son existence juridique se transmette à la société absorbante. La fiction de continuité
de la personnalité morale de la société absorbée s’arrête pour l’heure à la frontière de
la responsabilité pénale.
33.
34. Crim,
E. Boronad-Lesoin
25 octobre 2016,
« Lan°survie
16-8.366,
de la D.
personne
2016, p.morale
2216. dissoute », RTD com. 2003. 1 .
26 DOCTRINE 26
35. Ibid.
36. A. Lienhard, « EURL : survie de la personnalité morale », Rev. Sociétés, 2010, p. 221.
37. Cass, corn., 13 février 1996, Bull. civ. IV, n°52 ,JCP 1996. IV. 814, Defrénois 1996.670, obs. H. Hovasse,
Bull. Joly 1996. 496, note J.-J. Daigre, n° 120, obs. T. Bonneau.
38. En ce sens voir notamment Cass., corn., 7 avril 2010, n° 09-14.671, Revue des sociétés 2010 p. 221,
note A. Lienhard. En l’espèce une EURL dissoute le 22 mars 2003, la clôture des opérations de liquidation
étant intervenue a été radiée du registre du commerce et des sociétés à la date de clôture des opérations de
liquidation soit le 31 mars 2003. La Cour d’appel en a logiquement déduit qu’à la date de la délivrance de
l’assignation à la liquidatrice amiable soit les 4, 5 et 6 juillet 2005, la personne morale avait disparu. La Cour
de cassation censure cette décision au visa de l’article L. 237-2 du code de commerce. En effet, elle considère
que l’EURL n’avait pas perdu sa personnalité morale, malgré la clôture de sa liquidation et sa radiation du
registre du commerce et des sociétés, dès lors que les droits et obligations à caractère social n’avaient pas
été liquidés.
39. M. Germain, « Naissance et mort des sociétés commerciales », in Mélanges R. Roblot, 1984, LGDJ,
p. 234.
40. Notion qu’il faut distinguer de la « société de fait » qui correspond à la société annulée par une décision
de justice.
41 . Article 1838 du Code civil : la durée maximale de la société est de quatre-vingt-dix-neuf ans. Soit les
statuts prévoient un terme, sinon en cas de silence c’est le terme de 99 ans qui s’impose.
42. Article 1844-6 du Code civil : « La prorogation de la société est décidée à l’unanimité des associés,
ou, si les statuts le prévoient, à la majorité prévue pour la modification de ceux-ci. Un an au moins avant la
date d’expiration de la société, les associés doivent être consultés à l’effet de décider si la société doit être
prorogée. A défaut, tout associé peut demander au président du tribunal, statuant sur requête, la désignation
DOCTRINE 27
Quid des sociétés qui continuent leur activité sans se préoccuper du terme
extinctif?
Dans cette situation, la haute juridiction a opté pour une autre solution et consi¬
dère que malgré la date d’arrivée du terme extinctif si l’activité commune de la société
se maintient et / ’affectio societatis persiste, la société a laissé place à « une société
devenue de fait », entité juridique « entre la vie et la mort45 ». Après avoir reconnu et
habillé juridiquement ces sociétés, la Cour de cassation a affirmé que dans le cadre de
la société devenue de fait, la personnalité juridique perdure malgré l’arrivée du terme.
En effet, dans une décision en date du 23 octobre 2013, la troisième chambre civile a
affirmé que la société devenue de fait conservait sa personnalité morale faute d’avoir
d’un C.
43.
note mandataire
CAChampaud.
Paris, 3edech.
justice
A., 19chargé
avril 2005,
de provoquer
Gossin etlaautres
consultation
c/Me Legrand,
prévue ci-dessus.
ès qualités,
» RTD. Com. 2005, p. 532
44. M. Cozian, A. Viandier, R. et F. Deboissy, Droit des sociétés, 17e éd., 2004, Litec, p. 206.
45. Cass., lcr civ.13 décembre 2005, Bull. cfv. I, n° 287 ; D. 2006, AJ. 233, obs. A. Lienhard ; Rev. Sociétés,
2006. 319, note Randoux; Dr. sociétés 2006, n° 34, note H. Lécuyer; Banque et Droit, mars-avr. 2006., 54,
obs. M. Storck ; Dr. et pair., juin 2006. 99, obs. Poracchia ; JCP E 2006. 2035, n° 4, obs. Caussain ; Deboissy
et Wicker.
28 DOCTRINE
été liquidée46. La personnalité morale est maintenue47 malgré l’arrivée du terme et les
statuts continuent de régir les rapports internes. Du côté des tiers, il faut considérer que
les actifs sociaux sont des biens indivis, ce qui permet de ne pas leur faire subir le poids
d’une perte de personnalité morale.
Cette œuvre prétorienne est approuvée par la doctrine qui considère que « là où
il n’y a que des intérêts privés enjeu, il faut respecter ce qui est le produit de l’activité
volontaire et spontanée des agents économiques, en en tirant les conséquences juri¬
diques48 ». Cette position jurisprudentielle doit être soulignée à double titre. Elle est
non seulement pragmatique mais également judicieuse puisque, si la Cour de cassation
adoptait la solution inverse, consistant à considérer que la société devenue de fait n’a
plus de personnalité juridique, il faudrait au moment de l’ouverture de la liquidation
lui réattribuer une personnalité juridique pour les besoins de la liquidation. L’opéra¬
tion serait quelque peu incongrue. Dès lors, pour ces sociétés qui continuent d’exister
malgré l’arrivée du terme, la jurisprudence a créé une fiction qui prend le nom de
« société devenue de fait ».
Conclusion
La fiction juridique est un outil particulièrement utile en droit des sociétés qui
permet d’atténuer les rigueurs de la personnalité juridique, le temps des sociétés n’étant
pas en parfaite harmonie avec le temps de la personnalité morale. Ainsi, lorsque la
réalité des sociétés est confrontée à la rigueur de la personnalité juridique, la fiction est
utilisée comme un correctif. La personnalité juridique de la société peut donc survivre
à sa dissolution ou rétroagir à son stade embryonnaire. L’existence de ces fictions
46. société
La
soit
société
envisagée.
Dans
civile.
civile
cette
Un
Par
espèce,
est
associé
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suite,
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l’EURL
arrivée
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dont
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elle de
était
ou
l’EURL
l’associé
de liquidation
générale
en SAS
unique.
dene
au
la
motif que la décision avait été prise alors que la société civile était dissoute. La Cour de cassation a considéré
que la société civile était devenue une société de fait et que les statuts originaires avaient continué de régir
les rapports entre associés, de telle sorte que le représentant de la société nommé selon ces statuts avait donc
pu valablement décider la transformation de l’EURL en SAS. Ainsi la personnalité morale de la société civile
avait perduré puisque les actes conclus après sa dissolution sont considérés comme valables. Cass. 3e civ., 23
octobre 2013, Dr. sociétés 2014, comm. 4, obs. H. Hovasse ; LPA, 23 janvier 2014, p. 7, note J.-F. Barbiéri.
p. 564; CA Colmar 3e chambre civile, 19 mai 2014 A 13/03 444. Ici était question délicate situation d’une
société dissoute de plein droit par l’arrivée du terme statutaire, mais ayant néanmoins continué à fonctionner.
N’ayant pas été prorogée dans le délai d’un an prévu par l’article 1844-6 du Code civil, ce que la prorogation
de la société a été décidée pour une durée de 10 ans avec effet rétroactif. La Cour précise que les actes
accomplis par la société prorogée de fait restent valables, en faisant application de la jurisprudence de la
société devenue de fait et de la persistance de la personnalité morale.
47. Mais sa situation est précaire puisque tout intéressé peut faire procéder à la liquidation si elle n’a pas été
commencée ou achevée dans un délai de trois ans à compter de la dissolution selon l’article 1844-8 in fine.
48. H. Hovasse : « Quand une société devenue de fait est associée d’une société de droit », Droit des
sociétés, 2014, comm. 1.
DOCTRINE 29
relative à la personnalité juridique chez les personnes physiques comme chez les
personnes morales témoigne de l’artificialité de la notion même de personne juridique.
Si la personnalité juridique peut être attribuée aux personnes morales, à une partie
seulement des êtres humains qualifiés de personne physique, c’est parce qu’elle est une
abstraction pure49, un artefact qui n’a pas de réalité concrète. La personnalité juridique
a pour objectif d’unifier les conduites humaines et de les rattacher à un sujet. C’est un
dispositif qui tend à assurer le rapport de droit. Son objet est l’organisation de la vie
juridique. Le sujet de droit doit donc être envisagé comme une catégorie au service
de l’organisation de la vie juridique qui n’est pas plus irréel du côté des personnes
physiques que des personnes morales. L’heure n’est définitivement plus à la querelle
de savoir qui de la personne physique ou la personne morale est une réalité ou une
fiction50, c’est la notion même de personne juridique qui est un artifice51.
juridiques
pas
personne
aune
adoptée.
TA
et
49.supprimé
G.
les
clarifier
50.
était
la
collective
réalité
Ihering
subjectif.
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d’un
qui
lors,
51.
52. transmis
théorie
personne
personne
Wicker,
droits
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le
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Voir
Le
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devait
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23
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une
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d’être
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droit
le
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juridique
263.
l’utilité
que
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Ces
si
thèse,
etdroit
subjectif
dans
propose
discussion
par
fondant
droit
la
juridique,
de
sujet
membres.
différentes
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la
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la
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le
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66
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la
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21
juridique
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la
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octobre
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le
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personne
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29
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M.
de
mais
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personne
sociologique
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novembre
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droit
loi
était
que
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humaine
2015,
La
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par
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se
p.785-802;
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notion
donc
des
physique
le
subjectif,
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volonté
le
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morale
Doyen
effets
de
sujet.
sénat
2016
entre
droit
mais
Dès
une
sur
été
loi
deà
30 DOCTRINE
53. Société qui emploient en son sein et sans ses filiales depuis plus de deux ans plus de 5000 salaries et
dont le siège social se trouve en France.
54. B. Gimonprez, « Pour une responsabilité des sociétés mères du fait de leurs filiales », Rev. sociétés,
2009, 715.