Vous êtes sur la page 1sur 24

DROIT DES AFFAIRES

MASTER MANAGEMENT & ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

Enseignante : Marianne DOURNAUX

Séance n° 1 : Introduction au droit

Cas : SAS Arkéïs

Promotion 2023/2024
Introduction générale au droit

Le Droit est une construction humaine complexe, l’aboutissement actuel d’une évolution
débutée il y a plusieurs siècles, voire même plusieurs millénaires. Il n’y a pas de société
sans droit (ubi societas, ibi jus). Par ajouts et suppressions, chaque société, à chaque
époque, sécrète son propre droit, le façonne à son image. La complexité du droit
contemporain n’est que le reflet de la complexité du monde moderne qu’il régit. Cette
complexité peut légitimement rebuter ou, à tout le moins, déconcerter. Mais on ne peut
prétendre vivre en marge du droit tant chaque aspect de la vie quotidienne - personnelle
comme professionnelle - est réglé par une multitude de règles juridiques. Le Droit se
saisit de l’individu avant même sa naissance et le régit encore après sa mort. Aussi,
même si vous ne vous intéressez pas au droit, le droit s’intéresse forcément à vous !

Il en va du droit comme de toute discipline complexe, pour en saisir les grandes lignes, il
faut y être un minimum initié. Tel est l’objet de cette première séance, vous donner
quelques éléments de compréhension du droit. Nous resserrerons ensuite le faisceau sur
le droit de l’entreprise dans les autres séances.

Pour comprendre le droit, il d’abord nécessaire de savoir d’où il vient : on parle de


sources du droit. Longtemps purement nationales, ces sources se sont internationalisées
depuis une cinquantaine d’années. Elles se sont aussi diversifiées car les autorités
édictant des normes juridiques se sont multipliées dans le même temps.

Il en résulte une profusion de règles juridiques de natures, de rangs, de contenus et de


portées très diverses, à laquelle s’ajoute également une extraordinaire profusion de
décisions de justice rendues par les juridictions nationales comme européennes. Ces
règles et ces décisions constituent un ensemble perpétuellement mouvant, qui change
régulièrement, en tout ou en partie.

Aussi, pour ne pas virer à l’anarchie, cette explosion normative est gérée par quelques
règles directrices majeures :
D’une part, les règles juridiques sont classées en fonction de leur autorité respective. On
parle de « hiérarchie des normes ».
D’autre part, les juridictions fonctionnent de manière coordonnée et se répartissent le
contentieux en fonction de différents critères. Le schéma de l’organisation
juridictionnelle permet de le comprendre.
De même, les éventuelles contrariétés qui peuvent résulter de normes juridiques
successives portant sur le même objet sont régies par des règles de conflit de lois dans le
temps.
Enfin, cette séance insistera aussi sur un dernier aspect important : celui de la preuve.
Ne pas pouvoir prouver son droit revient à ne pas l’avoir… (Idem est non esse aut non
probari).

1
Composition du dossier :

Cas pratique Arkéïs à résoudre : des documents servant à la compréhension et à la


résolution sont fournis pour chaque question.

• Document 1 – Les grandes divisions du droit.

• Document 2 – Sources et hiérarchie des normes.

• Document 3 – La soft law - Extrait du manuel Introduction au droit, 7e éd. août


2023, Lextenso, par Pascale Deumier.

• Document 4 – Éléments de cours sur l’autorité du droit européen en droit


français : extrait de Droit civil, Aide-mémoire Sirey, 12ème édition août 2017, par
Anne-Marie Simon, Brigitte Hess-Fallon, Marthe Vanbremeersch.

• Document 5 – Extraits de la Constitution de la Vème république et du Traité sur


le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

• Document 6 – Extrait du Mémento Francis Lefebvre concernant la fiscalité


européenne : la question des « taxes d’effet équivalent » à des droits de douane.

• Document 7 – Schéma d’organisation des juridictions françaises.

• Document 8 – Article 112-2 du Code pénal ; article 8 du Code de procédure


pénale (dans sa version ancienne et celle en vigueur) ; article 9-1 du Code de
procédure pénale.

• Document 9 – Extrait de la « Synthèse - Procédure pénale en droit des affaires »


réalisée pour Lexis Nexis par Evelyne Bonis-Garçon.

• Document 10 – Éléments de cours sur l’admissibilité des moyens de preuve :


extrait de Droit civil, Aide-mémoire Sirey, 12ème édition août 2017, par Anne-
Marie Simon, Brigitte Hess-Fallon, Marthe Vanbremeersch.

• Document 11 – Articles 1353, 1359, 1360, 1361, 1362 et 1376 du Code civil.

2
CAS SAS ARKEÏS

1° / Hugo Gardel dirige la SAS ARKEÏS, spécialisée dans le prototypage fin de pièces
pour l’industrie et le secteur médical. Pour les besoins de son entreprise, il a commandé
en Allemagne plusieurs imprimantes 3D à technologie triple injection, permettant la
combinaison de matériaux distincts.

L’administration fiscale lui indique que l’entrée de ce matériel sur le territoire national
est soumise à une contribution de 3,6 % et réclame le règlement de 12 248 € à ce titre.
Le fisc indique que la contribution pour le fonds public de développement du façonnage
numérique a été adoptée par le parlement dans la loi de finance rectificative du 29
décembre dernier. Elle a pour objet de financer le fonds d’aide à l’innovation numérique.

M. Gardel, qui pensait qu’il y avait une union douanière en Europe, vous demande
s’il peut contester cette taxe et devant quelle juridiction.

à Documents nécessaires n° 1, 2, 3, 4, 5, 6 & 7

2° / En juin 2018, M. Gardel a pris le contrôle de la société ARKEÏS. C’est à ce moment


que le chef d’atelier découvre et lui apprend, preuves écrasantes à l’appui, que le 24
décembre 2013 le précédent dirigeant de la SAS, Gérard Hapy, avait revendu de manière
occulte, pour son propre compte et non pour celui de la société, moyennant un paiement
en espèces, des produits réalisés par la société pour le calibrage des machines, ainsi que
des chutes de matériaux. Ces produits, non destinés à être exploités, sont normalement
revendus à la société Gruber, spécialisée dans le recyclage des matériaux. Les comptes
de la société ne pouvaient aucunement révéler ces agissements car la baisse des revenus
tirés des reventes à Gruber était masquée par leur intégration aux autres revenus de
l’entreprise.

Ces comportements qui constituent un délit d’abus de biens sociaux ont causé un
préjudice pour l’entreprise évalué à 198 000 euros. A l’époque, en juin 2018, son neveu
étudiant en deuxième année de droit lui avait indiqué que la prescription de l’action en
matière pénale était de 3 ans. M. Gardel avait donc considéré qu’il n’y avait plus rien à
faire. Mais il vient d’apprendre – ce que son neveu ignorait alors – que la prescription
pénale a été étendue à 6 ans pour les délits par la loi du 27 février 2017.

Cela permet-il à M. Gardel d’agir et devant quelle juridiction ?

à Documents nécessaires n° 7, 8 & 9

3
3° / En 2022, M. Gardel a remis 8 000 euros à Edouard Belloc, le fils de sa compagne,
lequel lui a signé le document manuscrit suivant : « Je soussigné Edouard Belloc, né le 12
novembre 2003 à Amiens, ai reçu ce 4 septembre 2022, la somme de 8 000 €, de mon beau-
père, M. Hugo Gardel, pour m’aider à lancer mon entreprise. Fait à Paris, le 4 septembre
2022 ». Depuis, la mère d’Edouard Belloc n’est plus la compagne de M. Gardel, lequel
aimerait bien récupérer son argent. Edouard Belloc refuse, lui disant qu’il s’agissait d’un
don, non d’un prêt, et que « donné c’est donné ! ».

M. Gardel a-t-il le moyen d’établir la preuve qu’il s’agissait d’un prêt et que le
document remis était une reconnaissance de dette ?

à Documents nécessaires n° 10 & 11

4
Document n° 3

Les documents 1 et 2 indiquent que la règle de droit est obligatoire et qu’elle s’insère, selon
sa source, dans une hiérarchie des normes. C’est vrai mais à nuancer.

En effet, certaines normes sont « hors hiérarchie » et non-contraignantes. Autrement dit, il


existe des normes juridiques qui ne sont pas assorties de sanctions étatiques, elles
n’entraînent pas de contrainte en cas de violation.

Ces normes non-contraignantes sont de plus en plus nombreuses. Elles émanent soit de l’État
ou de ses déclinaisons, soit d’organismes publics ou privés exerçant une autorité. On désigne
ces normes non-contraignantes sous le terme de soft law.

Attention : le fait qu’elles ne soient pas contraignantes ne signifie pas qu’elles sont dénuées
de normativité ! L’extrait ci-dessous vous permettra de mieux le comprendre.

à Extrait de : Pascale Deumier, Introduction générale au droit, 2021,


2023 Lextenso
La soft law, non contraignante par principe

30. Le droit non contraignant est connu sous la terminologie anglo-saxonne de soft law 107, dont
les traductions sont variables, toutes essayant de souligner l’absence d’intervention tranchante :
« droit mou », « droit faible » 108, « droit vert », « droit à l’état gazeux » 109, « droit
assourdi » 110, « droit souple » 111. Quel que soit son nom, le phénomène témoigne d’une
nouvelle conception du droit 112. La soft law poursuit la même ambition d’orientation des
conduites que la hard law. Seulement, là où la hard law impose, la soft law propose. Le droit
souple veut utiliser le ressort de l’incitation et de l’adhésion, en vue d’obtenir les conduites par
la douceur et non par la punition. Née par nécessité dans l’ordre international, la soft law a
ensuite été promue par choix dans le droit étatique 113.
31. La soft law, pis-aller en droit international. – Longtemps, on imaginait mal, et finalement
on n’imaginait pas, que le droit puisse atteindre ses objectifs en se contentant d’émettre des
conseils ou des déclarations. Un démenti a dans un premier temps été apporté par l’ordre
international des États. Les organisations internationales ne sont pas dans un rapport d’autorité
avec les États. Ne pouvant leur imposer des exigences, elles vont chercher à les encourager, par
des résolutions et des déclarations. Les prescriptions (« doit », « interdit », « exige ») sont
remplacées par des intentions (« souhaite », « déclare », « promeut ») ; la sanction est, dans le
meilleur des cas, remplacée par un contrôle du suivi 114. Ces formes de normativité relative
pouvaient être réservées à cet ordre imparfait qu’est l’ordre international, une sorte de pis-aller
à son incapacité à agir par la contrainte. Si ce n’est que le pis-aller est devenu must have et qu’il
est de bon ton aujourd’hui pour un État postmoderne 115 de recourir à son tour sans modération
à des normes dépourvues de caractère contraignant.
32. La soft law, must have du droit étatique. – Le phénomène s’étend sans cesse et semble
irréversible 116, malgré plusieurs appels à une certaine tempérance dans l’utilisation de ces

7
méthodes 117. Les substituts à la règle contraignante peuvent prendre des formes très
diverses 118 mais les plus connues sont l’avis et la recommandation. Ils sont émis par des
autorités diverses, privées, publiques, ou hybrides, et interviennent dans tous les domaines 119.
Traditionnellement, faute d’effet contraignant, cette soft law était rejetée du droit pour être
cantonnée au rang de règle sociale ou de simple influence 120. Mais l’acclimatation de la soft
law au droit étatique va inciter la doctrine, puis les juridictions 121, à lui faire une place dans ce
dernier, pour tenir compte de sa capacité, malgré son absence de contrainte, à produire un effet
juridique 122 et ainsi à exercer une véritable force normative 123. Cette autorité peut se prévaloir
de plusieurs arguments. Elle est favorisée par l’absence de contrainte : le respect est souhaitable
avant d’être obligatoire et cette douceur rallie parfois plus aisément que la menace 124. Elle est
légitimée par l’autorité des émetteurs d’avis et de recommandations : professionnels de la
profession (par exemple, les membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel) ou sages (par
exemple, les membres du Comité consultatif national d’éthique), leur opinion est entourée de
l’aura de l’expérience et de la raison. Elle est réalisée par la forme d’expression de ces normes :
ne portant pas un commandement lapidaire, elles privilégient l’argumentation et la motivation
propres à emporter la conviction du destinataire. La soft law joue ainsi souvent le rôle de relais
utile de la hard law, notamment lorsque celle-ci ne parvient pas par la seule menace à produire
des effets juridiques. Prenons l’exemple de la discrimination à l’embauche : totalement interdite
par la hard law, elle est pourtant peu sanctionnée, le plus souvent faute de preuve. Aussi, la
HALDE avait mis en place un système de correspondance avec 250 des plus grandes entreprises
françaises, basé sur l’envoi de questionnaires évaluant les engagements pris et les actions
poursuivies, par exemple une meilleure formation et sensibilisation des recruteurs à ce sujet 125.
Si l’autorité se félicite des réponses massives des entreprises, il reste à s’assurer de la réalité de
leurs déclarations d'engagement, talon d’Achille de la soft law. Celle-ci s’accompagne de plus
en plus d’un suivi des comportements par une voie alternative à la contrainte, celle de
l’évaluation, sur la base de déclarations et de renseignement d’indicateurs. Le succès du
mécanisme est tel que certains auteurs commencent à dénoncer les dangers d’un désordre
normatif 126, d’une évaluation permanente 127 et de la surveillance « généralisée de tout et tous »
qu’elle entraîne 128.
Les règles contraignantes ne sont donc pas le seul outil du droit, même si elles sont largement
le plus important : elles s’accompagnent de normes non contraignantes. Toutes sont dotées
d’une forme d’autorité mais elle joue sur des registres différents 129, souvent rassemblée sous
le terme de « normativité », qui n’implique ni contrainte, ni généralité, ni formalisme, mais une
perspective d’orientation des comportements 130 ou d’utilisation comme référence dans le
jugement 131. Entre les lois non contraignantes et les normes souples, l’évaluation de la
contrainte réelle devient affaire d’appréciation au cas par cas, le contenant n’étant qu’un critère
parmi d’autres. La sanction ne doit pas être accablée pour autant : elle incarne l’une des
dimensions caractéristiques du droit ; cependant, elle ne résume pas à elle seule la richesse du

8
droit, pas plus qu’elle n’explique sa force toute particulière et ne peut donc prétendre avoir
résolu la question de la définition.
__________________________________________________________
107 - L’expression serait de Lord Mc Nair, qui opposait à l’origine les principes abstraits aux cas concrets.
108 - Ch. Leben, « Une nouvelle controverse sur le positivisme en droit international public », Droits 1987, p. 123.
109 - Rapport du Conseil d’État 1991, De la sécurité juridique, La Documentation française, 1992, p. 15 et s.
110 - G. Abi-Saab, « Éloge du “droit assourdi” – Quelques réflexions sur le rôle de la soft law en droit international
contemporain », in Mélanges F. Rigaux, Bruylant, 1993, p. 59.
111 - V. C. Thibierge, « Le droit souple », RTD civ. 2003. 599. L’expression est générique et permet d’englober le droit flou
(qui manque de précision), le droit doux (qui manque d’obligation) et le droit mou (qui manque de sanction). V. également
Association H. Capitant, Le droit souple, Dalloz, 2009.
112 - Cf. F. Osman, « Avis, directives, codes de bonne conduite, recommandations, déontologie, éthique, etc. : réflexion sur la
dégradation des sources privées du droit », RTD civ. 1995. 509 ; sur sa part de réel, J.-M. Jacquet, « L’émergence du droit
souple (ou le droit « réel » dépassé par son double) », in Mélanges B. Oppetit, Litec, 1999 ; en dernier lieu, v. les nombreuses
contributions consacrées à la soft law dans I. Hachez et alii, Les sources du droit revisitées, éd. Anthémis et Université Saint
Louis, 2013.
113 - Pour des analyses croisées entre spécialistes de ces différents systèmes, v. P. Deumier et J.-M. Sorel (dir.), Regards
croisés sur la soft law en droit interne, européen et international, LGDJ, 2018.
114 - Pour le droit international, v. l’exemple du droit de l’environnement, S. Maljean-Dubois, JurisClasseur Environnement,
fasc. 2000 : Sources du droit international de l’environnement ; C. Imperiali (dir.), L’effectivité du droit international de
l’environnement. Contrôle de la mise en œuvre des conventions internationales, Economica, 1998 ; pour le droit européen des
droits de l’homme, v. M. Ailincai, Le suivi du respect des droits de l’homme au sein du Conseil de l’Europe, Pedone, 2012 ;
pour les organisations internationales, H. Ruiz Fabri, L-A. Sicilianos, J.-M. Sorel (dir), L’effectivité des organisations
internationales : mesures de suivi et de contrôle, Pedone, 2000 ; un avis particulièrement remarqué du Comité des droits de
l’homme des Nations unies, qui constate une violation de la liberté religieuse et une discrimination dans l’affaire française
Baby Loup, a particulièrement attiré l’attention sur l’autorité devant être reconnue à ce Comité, v. J. Klein, D. 2019. 210 ; J.
Mouly, D. 2018. 2097.
115 - J. Chevallier, « Vers un droit postmoderne ? Les transformations de la régulation juridique », RDP 1998. 659.
116 - V. Th. Revet (dir.), L’inflation des avis en droit, Economica, 1998, not. F. Zénati et Ph. Jestaz.
117 - V. Conseil d’État, De la sécurité juridique, préc., sp. p. 32-34, et les deux circulaires citées. Le Conseil d’État, face à
l’importance croissante du phénomène, a consacré son étude annuelle 2013 au Droit souple, et formule des propositions
recherchant un recours rationalisé aux instruments de soft law.
118 - V. J. Ghestin et H. Barbier, n° 376 et s.
119 - Ex., L. Maurin, « Le droit souple de la responsabilité civile », RTD civ. 2015. 517 ; C. Coupet, « Les normes d’origine
privée », RTD com. 2015. 437.
120 - Sur cette conception et des réponses, v. L. Grynbaum (dir.), La contrainte, Economica, 2007.
121 - Le Conseil d’État a ainsi adapté l’objet du recours pour excès de pouvoir pour permettre le contrôle des actes souples des
autorités de régulation, qui « sont de nature à produire des effets notables, notamment de nature économique, ou ont pour objet
d’influer de manière significative sur les comportements des personnes auxquelles ils s’adressent », CE, ass., 21 mars 2016, n°
368082, Soc. Fairvesta International GMBH, et n° 390023, Soc. NC Numericable, GAJA, n° 115 ; RFDA 2016. 497, concl. S.
von Coester et 506, concl. V. Daumas. Sur le passage du discours doctrinal au contrôle juridictionnel, v. J. Schmitz, « Le droit
“souple”, les autorités administratives indépendantes et le juge administratif. De la doctrine au prétoire », RFDA 2017. 1087.
Ces critères ont été progressivement étendus aux actes souples d’autorités autres que les autorités de régulation (CE, 19 juill.
2019, n° 426389, Mme Le Pen, AJDA 2019. 1994, note C. Malverti et C. Beaufils) puis aux « documents de portée générale
de l’administration » (CE, sect., 12 juin 2020, n° 418142, GISTI, RFDA 2020. 785, concl. G. Odinet et 801, note F. Melleray
; JCP A 2020. 2189, G. Koubi).
122 - Sur la soft law des autorités publiques, S. Gerry-Vernières, Les « petites » sources du droit, Economica, 2012.
123 - V. C. Thibierge et alii, La force normative – Naissance d’un concept, LGDJ, 2009.
124 - P. Amselek, « L’évolution générale de la technique juridique dans les sociétés occidentales », RDP 1982. 275, sp. 286.
125 - V. HALDE, Des pratiques pour l’égalité des chances – Que répondent les entreprises à la HALDE, 2009. La HALDE a
été remplacée en 2011 par le Défenseur des droits.
126 - V. Le dossier éponyme publié à la RDP 2017/1, p. 3 et s.
127 - Y compris dans les sciences cognitives, v. A. Abelhauser, R. Gori et M.-J. Sauret (dir.), La folie évaluation. Les nouvelles
pratiques de la servitude, éd. Mille et une nuits, 2009.
128 - V. C. Thibierge, « Conclusion », in C. Thibierge et alii, La densification normative, éd. Mare et Martin, 2013.
129 - Sur la nécessité psychanalytique de distinguer le commandement de la recommandation, D. de Béchillon, Qu’est-ce que
la règle de droit ?, p. 199 et s.
130 - V. C. Thibierge et alii, préc.
131 - Sur l’utilisation protéiforme de ce terme et sa redéfinition autour de la norme comme acte de langage, F. Brunet, La
normativité en droit, éd. Mare et Martin, 2011.

9
Document
Document n°34

107

Imprimé par (chantal.sibille@univ­paris1.fr) Tous droits réservés


11
12
9

Imprimé par (chantal.sibille@univ­paris1.fr) Tous droits réservés


10

13
Document n° 5

Document n° 4
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 (Vème République)

Article 55

Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son
application par l'autre partie.

TRAITÉ SUR LE FONCTIONNEMENT DE L'UNION EUROPÉENNE (VERSION


CONSOLIDÉE)

Article 28 (ex-article 23 TCE)

1. L'Union comprend une union douanière qui s'étend à l'ensemble des échanges de
marchandises et qui comporte l'interdiction, entre les États membres, des droits de
douane à l'importation et à l'exportation et de toutes taxes d'effet équivalent, ainsi que
l'adoption d'un tarif douanier commun dans leurs relations avec les pays tiers.

2. Les dispositions de l'article 30 et du chapitre 3 du présent titre s'appliquent aux


produits qui sont originaires des États membres, ainsi qu'aux produits en provenance de
pays tiers qui se trouvent en libre pratique dans les États membres.

(…)

Article 30 (ex-article 25 TCE)

Les droits de douane à l'importation et à l'exportation ou taxes d'effet équivalent sont


interdits entre les États membres. Cette interdiction s'applique également aux droits de
douane à caractère fiscal.

11 14
Document n° 6
Document 5
EUR (Fiscalité de l'Union Européenne) ­ Division I Fiscalité de l'Union européenne

11100 L'article 28 du TFUE (ex­article 23 TCE, précédemment art. 9 TCEE) pose le principe de la libre circulation des
marchandises entre Etats membres de l'UE.
Cette liberté de circulation implique l'interdiction, notamment, des entraves fiscales qui pourraient lui être apportées.
Sont ainsi visées, outre les droits de douane, les taxes d'effet équivalent à ceux­ci (TFUE art. 30, EEE art. 10). C'est de
ces dernières que nous traitons ici ( EUR­I­11150 s.), les droits de douane n'entrant pas dans l'objet de notre
documentation.
L'interdiction des impositions intérieures discriminatoires (TFUE art. 110 à 112, EEE art. 14 et 15, EUR­I­11550 s.)
répond à la même préoccupation.
L'harmonisation des législations nationales en matière de TVA et autres droits indirects ( EUR­I­8050 s.), par ailleurs, a
également pour objet de favoriser la libre circulation des marchandises.

11150 Les articles 28 et 30 du TFUE (articles 23 et 25 du TCE, anciennement articles 9 et 12 TCEE), ainsi que les articles 8
et 10 de l'Accord EEE, interdisent entre les Etats membres les droits de douane à l'importation et à l'exportation (qui
n'entrent pas dans l'objet de la présente documentation) et les taxes d'effet équivalent. Cette interdiction s'applique
également aux droits de douane à caractère fiscal.

11170 Non précisée par le Traité, la notion de taxe d'effet équivalent aux droits de douane est définie de manière constante
par la Cour de justice comme toute charge pécuniaire, fût­elle minime, unilatéralement imposée, quelles que soient
son appellation et sa technique, et frappant les marchandises nationales ou étrangères à raison du fait qu'elles
franchissent la frontière.
CJCE 1­7­1969 aff. 2/69 et 3/69, Sociaal Fonds voor Diamentarbeiders ; CJCE 7­7­1994 aff. 130/94, Lamaire.

11180 Seule une charge pécuniaire peut constituer une taxe d'effet équivalent, les autres formes d'entraves aux échanges
étant sanctionnées en application des articles 34 (ex­28 TCE) et suivants qui interdisent les restrictions quantitatives à
l'importation (CJCE 25­1­1977 aff. 46/76, Bauhuis).
Peu importe son montant, même s'il est minime (CJCE 1­7­1969 aff. 24/68, Commission c/ Italie et « Bauhuis »
précité), ou s'il est inférieur aux coûts directs et indirects des prestations effectuées par les autorités douanières (CJCE
2­5­1990 aff. 111/89, Bakkers Hillegom).

11190 La charge pécuniaire peut résulter d'une décision unilatérale d'un Etat membre, d'une autorité étatique ou d'une
convention conclue entre particuliers (CJCE 11­8­1995 aff. 16/94, Dubois et Cargo).
Elle ne dépend pas de la qualité du bénéficiaire ou de l'objet de la taxe. Elle peut donc être perçue au profit d'un
organisme public ou autonome (par exemple, CJCE 16­12­1992 aff. 114/91, Claeys ; 17/91, Lornoy) ou encore avoir
pour but d'assurer la protection et la sauvegarde du patrimoine artistique national (CJCE 10­12­1968 aff. 7/68,
Commission c/ Italie).
Son appellation est indifférente : par exemple, « droit spécial » (CJCE 14­12­1962 aff. jtes 2/62 et 3/62, Commission c/
Luxembourg) ou « supplément de prix » (CJCE 25­5­1977 aff. 77/76, Cucchi).
Il en est de même de la technique d'imposition. Constituent ainsi des taxes d'effet équivalent :
­ un droit perçu lors de la délivrance de licences d'importation (« Commission c/ Luxembourg » précité) ;
­ un droit de statistique sur les marchandises exportées (CJCE 1­7­1969 aff. 24/68, Commission c/ Italie) ;
­ des frais de contrôle sanitaire des produits destinés à l'exportation (« Bauhuis » précité et CJCE 2­5­1990 aff. 111/89,
Bakkers Hillegom).

11200 La charge pécuniaire doit être imposée en raison du franchissement des frontières (CJCE 1­7­1969 aff. 2/69 et 3/69,
Sociaal Fonds Diamentarbeiders) :
­ soit au moment de l'exportation (par exemple, CJCE 8­6­2006 aff. 517/04, Visserijbedrijf D. J. Koornstra) ;
­ soit lors de l'importation (par exemple, CJCE 14­12­1962 aff. jtes 2/62 et 3/62, Commission c/ Luxembourg ; CJCE
18­11­1970 aff. 8/70, Commission c/ Italie) ;
­ soit ultérieurement (CJCE Commission c/ Luxembourg précitée ; CJCE 22­3­1977 aff. 78/76, Steinike et Weinlig, qui
précise que la circonstance que la contribution est prélevée à un stade de commercialisation ou de la transformation du
produit postérieur au franchissement de la frontière est indifférente du moment que c'est en raison du seul
franchissement de cette frontière que le produit est frappé) ;
­ soit antérieurement (par exemple, CJCE 15­4­1997 aff. 272/95, Deutsches Milch­Kontor II, à propos d'une redevance
perçue à l'occasion de contrôles systématiques en vue d'une exportation future des marchandises contrôlées).

EUR (Fiscalité de l'Union Européenne) ­ Division I Fiscalité de l'Union européenne


(c) 2017 Editions Francis Lefebvre

15
12
Document n° 7
6 - Schéma de l’ordre juridictionnel

16
13
Document n° 8

Article 112-2 du Code pénal (Modifié par Loi n°2004-204 du 9 mars 2004)

Sont applicables immédiatement à la répression des infractions commises avant leur entrée en vigueur
:
1° Les lois de compétence et d'organisation judiciaire, tant qu'un jugement au fond n'a pas été rendu
en première instance ;
2° Les lois fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure ;
3° Les lois relatives au régime d'exécution et d'application des peines ; toutefois, ces lois, lorsqu'elles
auraient pour résultat de rendre plus sévères les peines prononcées par la décision de condamnation,
ne sont applicables qu'aux condamnations prononcées pour des faits commis postérieurement à leur
entrée en vigueur ;
4° Lorsque les prescriptions ne sont pas acquises, les lois relatives à la prescription de l'action
publique et à la prescription des peines.

Article 8, alinéa 1er du Code de procédure pénale (Modifié par LOI n°2021-478 du 21 avril
2021)

L'action publique des délits se prescrit par six années révolues à compter du jour où l'infraction
a été commise.

Ancien article 8 du Code de procédure pénale (Modifié par LOI n°2014-873 du 4 août 2014)

En matière de délit, la prescription de l'action publique est de trois années révolues ; elle
s'accomplit selon les distinctions spécifiées à l'article précédent.

Article 9-1 du Code de procédure pénale (modifié par Loi n° 2018-703 du 3 août 2018) (…)

Par dérogation au premier alinéa des articles 7 et 8 du présent code, le délai de prescription de l'action
publique de l'infraction occulte ou dissimulée court à compter du jour où l'infraction est apparue et a
pu être constatée dans des conditions permettant la mise en mouvement ou l'exercice de l'action
publique, sans toutefois que le délai de prescription puisse excéder douze années révolues pour les
délits et trente années révolues pour les crimes à compter du jour où l'infraction a été commise.

Est occulte l'infraction qui, en raison de ses éléments constitutifs, ne peut être connue ni de la victime
ni de l'autorité judiciaire.

Est dissimulée l'infraction dont l'auteur accomplit délibérément toute manœuvre caractérisée tendant
à en empêcher la découverte.

17
Document n° 9

Synthèse - Procédure pénale en droit des affaires – Lexis Nexis

Par Evelyne Bonis-Garçon


Professeur à l’université de Bordeaux (Institut de sciences criminelles et de la justice – EA
4633)

(…)

41. – Prescription de l’action publique : définition – Elle est une cause générale d’extinction
de l’action publique (CPP, art. 6, al. 1er). L’action publique qui n’a pas été exercée pendant un
certain délai fixé par la loi ne pourra plus l’être par le seul effet de l’écoulement du temps. Ce
mécanisme de prescription a été profondément remanié par l’effet de la loi n°2017-242 du 27
février 2017 portant réforme de la prescription en matière pénale, entrée en vigueur le 1er
mars 2017..

42. – Délais de prescription de l’action publique – Le délai de prescription de l’action


publique varie en fonction de la gravité de l’infraction.
En matière criminelle, le délai de prescription est généralement de 20ans (CPP, art. 7).
En matière délictuelle, le délai est en principe de 6ans (CPP, art. 8).
En matière contraventionnelle, il est d’un an (CPP, art. 9).

43. – Point de départ du délai – Afin de déterminer le point de départ du délai de prescription
de l’action publique, il convient de distinguer selon la nature de l’infraction commise. Si
l’infraction est une infraction instantanée, c’est-à-dire une infraction qui se commet en un trait
de temps, le point de départ du délai est, en principe, le jour de commission de l’infraction.
Pour les infractions continues, à savoir celles qui se caractérisent moins par un acte délictuel
isolé que par une activité délictuelle ou pour les infractions à exécution successive, le point de
départ du délai est reporté, en principe, au jour de cessation de l’infraction. Ainsi, en matière
de recel, le délai de prescription court, en principe, à compter du jour où le recel prend fin, bref
du jour où le délinquant ne détient plus la chose recelée quand bien même à cette date,
l’infraction d’origine serait, elle, prescrite (Cass. crim., 28 mars 1996, n° 95-80.395 : JurisData
n° 1996-002474).
Enfin, pour les infractions d’habitude, c’est le jour du dernier acte permettant de caractériser
l’habitude qui marque le point de départ du délai de prescription de l’action publique.

44. – Reports du point de départ du délai : état du droit – Les reports du point de départ du
délai de prescription de l’action publique sont tantôt le fait du législateur, tantôt celui des juges.
(…) D’autre part, avec le souci certes louable d’appréhender des faits délictueux qui n’avaient
pu être constatés dans le délai de la prescription, la jurisprudence a interprété de manière très
extensive les textes dès les années 1930 en admettant, à propos de l’abus de confiance, que le
point de départ du délai n’est pas le jour de la commission de l’infraction mais la date à laquelle
« les faits ont pu être constatés dans des conditions permettant l’exercice de l’action
publique » (Cass. crim., 13 janv. 1934 : Gaz. Pal. 1934, 1, p. 447). Depuis, cette jurisprudence qui
a pour effet de reporter dans le temps le point de départ du délai n’a cessé de voir son domaine
s’étendre pour s’appliquer par exemple, à l’abus de biens sociaux (Cass. crim., 7 déc. 1967 : Bull.
crim. n° 321). Depuis un arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation en date du 5 mai
1997 , « la prescription de l’action publique du chef d’abus de biens sociaux court, sauf
dissimulation, à compter de la présentation des comptes annuels par lesquels les dépenses

18
litigieuses sont mises à la charge de la société » (Cass. crim., 5 mai 1997, n° 96-81.482 :
JurisData n° 1997-003021 ; Bull. crim. n° 159 . - Cass. crim., 27 juin 2001, n° 00-87.414 :
JurisData n° 2001-010665 ; Bull. crim. n° 164) ; (…)

45. – Reports du point de départ du délai – Cette jurisprudence a été entérinée


partiellement par le législateur qui, par l’effet de la loi du 27 février 2017 est venu consacrer
les notions d’infraction occulte et d’infraction dissimulée dans le Code de procédure pénale.
Désormais, selon l’article 9-1, alinéa 4 du Code de procédure pénale , est occulte l'infraction qui,
en raison de ses éléments constitutifs, ne peut être connue ni de la victime ni de l'autorité
judiciaire. Selon l’article 9-1, alinéa 5, est dissimulée l'infraction dont l'auteur accomplit
délibérément toute manœuvre caractérisée tendant à en empêcher la découverte.

46. – Règles de calcul de la prescription pour les infractions occultes et dissimilées – Le


délai de prescription de l'action publique de l'infraction occulte ou dissimulée court, non pas à
partir du jour de commission de l’infraction, mais à compter du jour où l'infraction est apparue
et a pu être constatée dans des conditions permettant la mise en mouvement ou l'exercice de
l'action publique (CPP, art. 9-1, al. 3 ). Par cette mention, le législateur est ainsi venu ratifier la
jurisprudence antérieure qui avait mis, contra legem, en place à un tel système de report du
point de départ du délai de prescription de l’action publique. Toutefois, afin de prendre en
compte la critique adressée par certains et tenant à la quasi imprescriptibilité de fait de ces
infractions, il a instauré des délais butoirs puisque le report ne peut avoir pour effet que le délai
de prescription puisse excéder douze années révolues pour les délits et trente années révolues
pour les crimes à compter du jour où l'infraction a été commise (CPP, art. 9-1, dernier al.).

19
Document n° 10
11

Doc.
12

27
Imprimé par (chantal.sibille@univ­paris1.fr) Tous droits réservés

22

20
28

Imprimé par (chantal.sibille@univ­paris1.fr) Tous droits réservés

23

21
Document n° 11
12

Document n° 13

Article 1353 du Code civil


(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver. (…)

Article 1359 du Code civil


(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

L'acte juridique portant sur une somme ou une valeur excédant un montant fixé par
décret (1500 €) doit être prouvé par écrit sous signature privée ou authentique. (…)

Article 1360 du Code civil


(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

Les règles prévues à l’article précédent reçoivent exception en cas d’impossibilité


matérielle ou morale de se procurer un écrit, s’il est d’usage de ne pas établir un écrit, ou
lorsque l’écrit a été perdu par force majeure.

Article 1361 du Code civil


(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

Il peut être suppléé à l'écrit par l'aveu judiciaire, le serment décisoire ou un


commencement de preuve par écrit corroboré par un autre moyen de preuve.

Article 1362 du Code civil


(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

Constitue un commencement de preuve par écrit tout écrit qui, émanant de celui qui
conteste un acte ou de celui qu’il représente, rend vraisemblable ce qui est allégué. (…).

Article 1376
(Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 4)

L'acte sous signature privée par lequel une seule partie s'engage envers une autre à lui
payer une somme d'argent ou à lui livrer un bien fongible ne fait preuve que s'il
comporte la signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention, écrite
par lui-même, de la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres. En cas de
différence, l'acte sous signature privée vaut preuve pour la somme écrite en toutes
lettres.

29 24

22

Vous aimerez peut-être aussi