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REPOBLIKAN’NY MADAGASCAR

Fitiavana-Tanindrazana-Fandrosoana

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE


LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE DE TOLIARA
DOMAINE DES SCIENCES DE LA SOCIETE
MENTION : GESTION
NIVEAU : Master 1

COURS DU

DROIT DES ENTREPRISES EN


DIFFICULTE

Enseignant : TATASOA Fabien

Année Universitaire : 2023-2024


Cours du Droit des entreprises en difficulté/Université de Tuléar/Domaine des sciences de la Société/Mention Gestion/M1/2024

INTRODUCTION
Comme il est l’ensemble des règles juridiques applicables aux entreprises, à leurs relations
entre elles, à leur vie et à leur fonctionnement, le Droit des affaires prévoit et établit également les
règles juridiques applicables aux entreprises en difficulté, d’où le Droit des entreprises en difficulté.
Le Droit des entreprises en difficulté relate tous les régimes juridiques, toutes les règles juridiques
visant à traiter une entreprise qui connait une difficulté prévisible ou avérée.
En Droit positif malgache, le Droit des entreprises en difficulté est appelé les procédures
collectives d’apurement du passif et est régi par la loi n° 2003-042 du 03 septembre 2004 sur les
procédures collectives d'apurement du passif.
En effet, les procédures collectives ne constituent pas l’ensemble du Droit des entreprises en
difficulté. Elles ne sont ouvertes que lorsque l’entreprise connait déjà de sérieuses difficultés.
Néanmoins, le Droit des entreprises en difficulté a un domaine plus vaste, il s’agit non seulement des
procédures collectives, mais il prévoit également l’anticipation et les mesures préventives visant à
sauvegarder l’entreprise à une période où les problèmes financiers n’étaient pas encore qu’en germe.
Le Droit des entreprises en difficulté a pour objet d’organiser les procédures préventives de
conciliation et de règlement préventif ainsi que les procédures curatives de redressement judiciaire et
de liquidation des biens afin de préserver les activités économiques et les niveaux d’emplois des
entreprises débitrices, de redresser rapidement les entreprises viables et de liquider les entreprises non
viables dans des conditions propres à maximiser la valeur des actifs des débiteurs pour augmenter les
montants recouvrés par les créanciers et d’établir un ordre précis de paiement des créances garanties
ou non garanties.1
Le tribunal de commerce territorialement compétent pour connaître des procédures collectives
est celui dans le ressort duquel le débiteur a son principal établissement ou, s'il s'agit d'une personne
morale, son siège. Si le Siège social est à l'étranger, la procédure se déroule devant la juridiction dans
le ressort de laquelle se trouve le principal centre d'exploitation situé sur le territoire national. 2
Le Droit des entreprises en difficulté, quelque soit la forme du traitement ou de la procédure
prévue, est applicable à toute personne physique ou morale commerçante et à toute personne morale
de droit privé non commerçante, à toute entreprise publique ayant la forme d'une personne morale de
droit privé qui non seulement connaît une situation économique et financière difficile mais non
irrémédiablement compromise mais qui cesse également ses paiements.3
Par ailleurs, ce cours se subdivise en 4 chapitres dont la teneur se présente comme suit :
Chapitre 1 : La notion préliminaire sur le Droit des entreprises en difficulté
Chapitre 2 : La détection et l’anticipation de la difficulté des entreprises
Chapitre 3 : Les règlements de la difficulté des entreprises
Chapitre 4 : L’issue du traitement des entreprises en difficulté

1
Article 1er de l’AUPCAP de l’OHADA de 2015
2
Article 4 et 5 de la loi sur les PCAP
3
Article 3 de la loi sur les PCAP

1
Cours du Droit des entreprises en difficulté/Université de Tuléar/Domaine des sciences de la Société/Mention Gestion/M1/2024

Chapitre 1 : La notion préliminaire sur les Droits des entreprises en difficulté


Dans ce chapitre, la notion préliminaire est la connaissance au préalable des termes clés qui
doivent être compris et précisés en aval. Ainsi, il sera mis au point : la notion du Droit, la notion de
l’entreprise et la généralité sur les Droits des entreprises en difficulté.
Section 1 : Le Droit
Le droit est l’ensemble des règles et des normes générales qui régissent les rapports entre les
individus et définissent leurs droits et prérogatives ainsi que ce qui est obligatoire, autorisé ou interdit. 4
Paragraphe 1 : La classification du droit
Le droit peut être organisé en plusieurs essors, il peut être : un droit privé ou public, interne ou
international, objectif ou subjectif, patrimonial ou extrapatrimonial, positif ou naturel
A- Le droit privé et le droit public5
1- Le droit privé
Le droit privé est l’ensemble des règles de droit qui régissent les relations entre les personnes
privées qu’elles soient physiques ou morales.
Exemple : Le Droit des affaires, le Droit civil
2- Le droit public
L’organisation et le fonctionnement de l’Etat, de l’administration, des collectivités territoriales
et des institutions rattachées à l’Etat, ainsi que leur rapport avec les personnes privées.
Exemple : le Droit constitutionnel, le Droit administratif
B- Le Droit national (interne) et le Droit international (externe)6
1- Le Droit national
Le Droit national est la partie du droit en vigueur dans un Etat qui émane du processus
législatif propre çà cet Etat et qui ne s’applique qu’à lui.
Exemple : Le Droit de la fonction publique, le Droit pénal, le Droit de la procédure civile
2- Le Droit international
Le Droit international est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports entre les
Etats ou entre les personnes privées dans un cadre international. Le droit international est constitué de
deux branches.
Exemple : le Droit international privé et le Droit international public.
C- Le Droit objectif et le Droit subjectif7
1- Le Droit objectif
Le Droit objectif est l’ensemble des règles et des normes juridiques à caractère qui sont
applicables dans un pays. Ces règles et normes, établies par le pouvoir en place, sont destinées à
organiser la vie des hommes en société, à réguler leurs rapports et à maintenir l’ordre et la sécurité.
Leur violation peut engendrer une sanction de la part de l’autorité publique.

4
PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024
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PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024
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PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024
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PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024

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Exemple : le Droit commercial, la LTGO, le Droit pénal général et spécial


2- Le Droit subjectif
Le Droit objectif est l’ensemble des prérogatives, avantages ou pouvoirs particuliers dont
bénéficie et peut se prévaloir une personne physique ou morale du droit privé. Les Droits subjectifs
sont opposables aux tiers, leur respect ou leur reconnaissance peut être réclamée en justice.
Exemple : Le droit de propriété, le droit de vote, le droit à la vie privée, le droit à l’image
D- Le Droit patrimonial et le Droit extrapatrimonial8
1- Le Droit patrimonial
Le Droit patrimonial est l’ensemble des rapports juridiques régissant la possession des biens,
des droits et des obligations ayant une valeur pécuniaire d’une personne juridique.
Exemple : Droits réels (gage, hypothèque, servitude, propriété, etc.), Droits intellectuels (Droit
d’auteur, brevet, etc.), Droits de créance, Droit des biens.
2- Le Droit extrapatrimonial
Le Droit extrapatrimonial est la partie du droit qui ne concerne pas les biens ni le patrimoine
d’une personne physique ou morale. Les droits extrapatrimoniaux ne peuvent être quantifiés, ni cédés,
ni achetés, ni échangés, ils sont hors commerce. Ils sont intransmissibles et insaisissables.
Exemple : les droits familiaux (le droit au mariage, le droit au divorce, le droit de la filiation,
droit de l’adoption), les droits de la personnalité (le droit à la vie, le droit à la liberté d’expression,
droit au nom, droit à l’honneur).
E- Le Droit positif et le Droit naturel9
1- Le Droit positif
Le Droit positif est l’ensemble des règles de Droit effectivement en vigueur dans un Etat ou un
ensemble d’Etats. Le droit positif est écrit et publié. Il est constitué de l’ensemble des documents
juridiques officiels : Lois, décrets, etc.
Exemple : le Droit de la procédure civile, le Droit pénal, etc.
2- Le Droit naturel
Le Droit naturel est l’ensemble de Droit que chaque individu possède du fait de son
appartenance à l’humanité et non par la société dans laquelle il vit. Le droit naturel est composé de : le
Droit de propriété, droit à la liberté. Il est inné, inaltérable et universellement valable.
Exemple : le droit à la liberté de pensée, le droit à la liberté d’aller et de venir, etc.
Paragraphe 2 : Les Sources du Droit
La source du Droit est la combinaison de toutes règles qui ont amené à créer une discipline de
Droit. En effet, la source du Droit peut être une source interne et externe, écrite et non écrite.
A- La source interne et la source externe
Parmi les sources du Droit, il existe une source interne et une source externe, les sources
internes sont des sources provenant d’un système existant dans un pays, les sources externes sont des
sources qui proviennent de l’extérieur d’un pays.
1- Les sources internes du Droit
Les sources internes du Droit sont :

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PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024
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PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en 2021
https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté Février 2024

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a) Les textes officiels


Les textes officiels sont des documents écrits qui ont une fonction de créer une norme,
d’appliquer une norme, de contrôler une norme. Ils regroupent : la constitution, les lois organiques, les
lois ordinaires, l’ordonnance, le décret, les arrêtés, etc.
b) La coutume
La coutume est une règle provient de pratiques traditionnelles et d’usages communs consacrés
par le temps et qui constitue une source de droit.
c) La jurisprudence
La jurisprudence est l’ensemble des décisions habituellement rendues par les différents
tribunaux relativement à un problème juridique donné et qui permettent d’en déduire des principes de
droit.
d) Les usages
Les usages sont des règles professionnelles qui s’imposent à tous par leur caractère répété et
obligatoire.
e) La doctrine
La doctrine est l’ensemble des dogmes, des opinions, des croyances, des principes, des thèses
ou des conceptions théoriques qui font partie d’un enseignement ou que l’on adopte. Elle peut être
d’ordre politique, économique, religieux…
f) Le contrat
Le contrat est un accord conclu entre deux ou plusieurs personnes, physiques ou morales, qui a
pour effet de créer des obligations entre elles.
Exemple : le contrat de mariage
2- Les sources externes
Les sources externes du Droit sont :
a) Les traités internationaux
Les traités internationaux sont des accords conclus entre plusieurs Etats ou une organisation
ayant une personnalité morale en droit international.
b) La coutume internationale
La coutume internationale est une habitude suivie par des pays, un usage établi devenu une
règle, une pratique collective qui se transmet oralement de génération en génération. Elle peut
concerner les mœurs, la manière de vivre, les croyances…
c) Les usages internationaux
Les usages internationaux sont des règles professionnelles internationales qui s’imposent à la
relation ou convention international pour des acteurs du droit international par leur caractère répété et
obligatoire.
B- La source écrite et la source non écrite
Outre la source interne et externe, il existe aussi des sources écrites et des sources non écrites.
1- La Source écrite du droit
La source écrite du droit est l’ensemble des documents écrits qui permettent la création d’une
norme et d’une règle de droit. Les sources écrites sont principalement les textes officiels.

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Les textes officiels


Les textes officiels sont des documents écrits qui ont une fonction de créer une norme,
d’appliquer une norme, de contrôler une norme. Ils regroupent : la constitution, les lois organiques, les
lois ordinaires, l’ordonnance, le décret, les arrêtés, etc.
2- La source non écrite du Droit
La source non écrite du droit est l’ensemble des décisions verbales, des pratiques et des usages
permettant de créer une norme et une règle juridique.
a) La coutume nationale et internationale
La coutume que ce soit nationale ou internationale, est une source non écrite du droit étant
donné qu’elle regroupe certaines pratiques et usages lié à une règle juridique.
b) La jurisprudence
La jurisprudence est une source non écrite du droit puisqu’elle regroupe certaines décisions
des tribunaux liées à une règle juridique.
c) Les usages
Les usages sont des règles professionnelles qui s’imposent à tous par leur caractère répété et
obligatoire.
d) La doctrine
Sous une autre définition, la doctrine est l’ensemble des travaux des auteurs (des avocats, des
notaires, des collectifs des enseignants…) qui expriment leurs conceptions théoriques du droit et
commentent les lois. Ils interviennent sur les problèmes d’interprétation du droit ou des vides
juridiques.
C- Les sources directes et les sources indirectes du Droit
Le Droit peut également avoir une source directe et une source indirecte.
1- Les sources directes du Droit
Les sources directes du Droit celles qui émanent d’une institution nationale ou internationale
et qui sont directement obligatoires pour les sujets de Droit.
a) Les textes officiels
Les textes officiels sont des documents écrits qui ont une fonction de créer une norme,
d’appliquer une norme, de contrôler une norme. Ils regroupent : la constitution, les lois organiques, les
lois ordinaires, l’ordonnance, le décret, les arrêtés, etc.
b) Les traités internationaux
Les traités internationaux sont des accords qui sont conclus entre un ou plusieurs Etats avec
d’autres sujets du Droit international.
2- Les sources indirectes du Droit
Les sources indirectes du Droit sont celles qui interviennent seulement en application de textes
existants ou sont les sources d’inspirations de nouveaux textes. Elles sont généralement issues de
phénomènes sociaux contribuant à former le Droit.
a) La coutume
La coutume est une règle provient de pratiques traditionnelles et d’usages communs consacrés
par le temps et qui constitue une source de droit.

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b) La jurisprudence
La jurisprudence est l’ensemble des décisions habituellement rendues par les différents
tribunaux relativement à un problème juridique donné et qui permettent d’en déduire des principes de
droit.
c) Les usages
Les usages sont des règles professionnelles qui s’imposent à tous par leur caractère répété et
obligatoire.
d) La doctrine
La doctrine est l’ensemble des dogmes, des opinions, des croyances, des principes, des thèses
ou des conceptions théoriques qui font partie d’un enseignement ou que l’on adopte. Elle peut être
d’ordre politique, économique, religieux…
Paragraphe 3 : Les sujets du Droit
Les sujets du Droit sont ses acteurs, ce sont également toutes les personnes qui participent,
interviennent ou qui animent de près ou de loin, l’existence de Droit.
A- Les sujets du Droit privé
Les acteurs du Droit privé sont principalement la personne physique et la personne morale du
Droit privé :
1- La personne physique
La personne physique est un être humain considéré en tant qu’individu doté de la personnalité
juridique.
2- La personne morale du Droit privé
La personne morale est un groupement doté de la personnalité juridique. Il existe plusieurs
formes de la personne morale : La société commerciale, société civile, association, organisation,
établissement privé, etc.
B- Les sujets du Droit public
Les sujets du Droit public sont principalement l’Etat, la collectivité territoriale,
l’Etablissement public :
1- L’Etat
L’Etat représente une collectivité, un peuple ou une nation, à l’intérieur ou l’extérieur d’un
territoire déterminé sur lequel exerce le pouvoir suprême, la souveraineté.
Ex : Madagascar
2- La collectivité territoriale
La collectivité territoriale est une circonscription administrative, dotée d’une personnalité
morale. C’est une partie du territoire d’Etat qui dispose d’une certaine autonomie de gestion, même
partielle.
Ex : les communes, les régions
3- Etablissement public
Un établissement public est une personne morale qui relève du Droit public et qui dispose
d’une autonomie administrative et financière pour accomplir une mission d’intérêt général.
Ex : Université publique
Section 2 : L’entreprise
Une entreprise est un lieu ou un établissement composé des matériels et des personnels et dans
ce lieu, on exerce une activité économique. Dans cette section, la notion générale de l’entreprise et la
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notion générale de l’entreprise en difficulté feront son ampleur. Il est indispensable d’avoir un précis
sur la notion de l’entreprise avant de procéder au vif du cours.
Paragraphe 1 : La notion de l’entreprise
A travers cette notion de l’entreprise, On essaie d’apporter une précision sur ce qu’on entend
par une entreprise. Il sera ainsi mis au point également : la définition de l’entreprise, la différence entre
une entreprise et une société ainsi que les différents types et formes d’entreprise.
A- La différence entre une entreprise et une société commerciale
La notion entreprise est tout à fait distincte de celle de la société, certaines personnes
confondent ces deux notions alors qu’elles sont différentes.
1- L’entreprise
Une entreprise est un emplacement, constitué des matériels et des personnels, dans lequel et à
l’aide desquels est effectué une activité économique autonome (produire des biens et des services).
L’entreprise est une notion économique mais non pas juridique.
Les critères de la définition d’une entreprise :
- Un emplacement
- Des matériels et personnels
- Une Activité économique
2- La société commerciale
La société commerciale est un groupement de personne liée par un contrat d’affecter à une
entreprise commune des biens en numéraire, en nature ou en industrie, dans le but de partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux
pertes.10
Les critères de la définition d’une société commerciale :
- Deux ou plusieurs personnes
- Un contrat d’affecter des biens à une entreprise commune
- Un but de partager le bénéfice
Il faut savoir également que la création d’une société nécessite la rédaction des statuts, mais
pour créer une entreprise, la rédaction des statuts n’existe pas.
B- Les différents types de l’entreprise
En effet, toute société peut être une entreprise mais toute entreprise ne peut pas
forcément être une société. L’entreprise peut être différenciée selon sa forme juridique, selon sa taille
et selon l’exploitation qui doit y être effectuée. Elle peut être aussi une personne physique et une
personne morale.
1- Tenant à l’exploitation seule d’une activité
Si une personne veut exercer son exploitation seule, elle peut choisir les principales formes
d’entreprise suivante :
- L’entreprise individuelle (IE)
- L’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL)
- L’auto-entreprise ou la micro-entreprise
- Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL)
2- Tenant à l’exploitation à plusieurs personnes d’une activité
Si une personne souhaite ou envisage d’exercer l’exploitation d’une activité à plusieurs
personnes, elle peut opter une société pluripersonnelle, dans ce cas, elle doit procéder à la création
d’une société.

10
Article 1er de la loi n°2003- 036 sur les sociétés commerciales

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- La société anonyme à responsabilité limité


- La société à Nom collectif
- La société Anonyme
- La société en commandite simple
- La société en commandite par action
Bon à savoir : le terme entreprise, à travers et tout au longue de ce cours, est un nom
générique, c’est-à-dire qu’elle est l’appellation globale de toute sorte, type ou même forme d’une
personne et entité œuvrant dans l’activité économique.
Paragraphe 2 : L’entreprise en difficulté
A travers ce paragraphe, l’explication du concept de l’entreprise en difficulté et les différents
types d’entre seront abordés afin de comprendre cette notion. Comme elle est le pilier de ce cours, il
sera judicieux de clarifier ce que l’on entend par une entreprise en difficulté.
A- Le concept de l’entreprise en difficulté
L’entreprise en difficulté est une notion complexe nécessitant une réflexion minutieuse. En
effet, il existe plusieurs critères qui peuvent définir une entreprise en difficulté. Néanmoins, trois
définitions ont été donc retenues pour essayer de comprendre cette notion dont notamment celle de
l’OHADA, du Droit Européen et celle de la législation malgache.
1- La définition donnée par l’OHADA
Selon l’Acte uniforme sur la PCAP de l’OHADA, la définition donnée par l’OHADA est en
corollaire avec la phase ou le degré de la procédure, ainsi, l’entreprise est en difficulté lorsque sa
situation financière est non irrémédiablement compromise ou lorsqu’elle est en état de cessation des
paiements.11
2- La définition prévue par le Droit européen
La commission européenne sur les Droits des entreprises en difficulté définit la difficulté
d’une entreprise par les lignes directrices concernant les aides d’Etat au sauvetage et à la
restructuration d’entreprise en difficulté. En effet, une entreprise en difficulté lorsqu’elle ne peut pas
poursuivre son activité sans aide de l’Etat ou lorsqu’il est pratiquement certain qu’en l’absence
d’intervention de l’Etat, elle sera contrainte de renoncer à son activité à court ou à moyen terme.
3- La définition donnée par la législation malgache
La loi malgache sur la procédure collective d’apurement du passif définit l’entreprise en
difficulté comme étant une entreprise qui connaît une situation économique et financière difficile mais
non irrémédiablement compromise et une entreprise qui est en état de cessation des paiements.12
Donc, pour être un peu précis, une entreprise est en difficulté lorsqu’elle rencontre des faits
de nature à compromettre la continuité de son activité ou de son exploitation et lorsque, par la
survenance de ces faits, son actif devient instable ou lorsqu’elle est en état de cessation des
paiements.
B- Les différents types de difficulté de l’entreprise
La difficulté d’une entreprise peut se réaliser sous plusieurs formes, on peut retenir les plus
évoquées dans la procédure. En effet, la difficulté d’une entreprise peut être d’ordre économique,
financière et juridique. Elle peut être également avérée ou prévisible.
1- La difficulté économique
La difficulté économique est la baisse de l’indicateur économique dans une entreprise tels que
les commandes, la chiffre d’affaires, les pertes d’exploitation, une dégradation de la trésorerie ou de
l’excédent brut d’exploitation, etc.

11
Article 2 de l’AUPCAP de l’OHADA
12
Article 3 de la loi sur les PCAP

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2- La difficulté financière
La difficulté financière est la défaillance de trésorerie, du financement, de rentabilité
d’endettement de l’entreprise.
3- La difficulté juridique
La difficulté juridique d’une entreprise est issue de manquement à des normes légales et
règlementaires applicables à son activité, à son statut juridique, à ses relations contractuelles, à ses
obligations sociales, fiscales et environnementales.
4- La difficulté avérée
Une difficulté est avérée lorsqu’elle est devenue sérieuse. Lorsqu’elle est de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation ou de l’activité.
5- La difficulté prévisible
Une difficulté est dite prévisible, lorsqu’elle peut être prévue au préalable.
Par ailleurs, ces difficultés peuvent être d’ordre externe ou interne. Elles peuvent être
également d’ordre commercial, social, organisationnel, environnemental, éthique, stratégique et
d’ordre à déléguer.
Section 3 : Le Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté est l’ensemble des règles juridiques permettant
d’encadrer la difficulté des entreprises, cet encadrement consiste l’anticipation, la prévention, le
redressement des difficultés des entreprises, la liquidation des biens de l’entreprise ainsi que sa
réhabilitation. Ces règles sont cumulées sous forme de procédures. Par ailleurs, à travers cette section,
l’histoire et l’évolution du Droit des entreprises en difficulté, ses sources, ses acteurs et ses
caractéristiques seront mis au point.
Paragraphe 1 : L’histoire et l’évolution du Droit des entreprises en difficulté
Madagascar, depuis son indépendance, a connu trois (03) textes juridiques traitant la difficulté
des entreprises. Ces textes se basent sur les procédures collectives d’apurement du passif. Ces textes
sont notamment : l’ordonnance de 1962, la loi de 2004 et la loi de 2007.
A- Le Droit des entreprises en difficulté au temps de l’ordonnance de 1962
L’ordonnance de 1962 est l’ordonnance n°1962-008 du 31 juillet 1962. Elle était le premier
texte juridique purement malgache qui encadrait les procédures collectives dans les Droits des
entreprises en difficulté après l’indépendance de Madagascar, Malgré cela, elle était la copie collée des
dispositions du décret-loi français du 20 Mai 1995. Par ailleurs, cette ordonnance n’était pas applicable
qu’aux commerçants personne physique ou morale qui a fait déjà l’objet de cessation des paiements de
leur dette. Cette ordonnance avait comme objet la faillite et de règlement judiciaire.
B- Le Droit des entreprises en difficulté au regard de la loi de 2004
La loi de 2004 est loi n° 2003-042 du 03 septembre 2004 sur les procédures collectives
d'apurement du passif. Elle est conçue pour s’harmoniser avec la loi n°99-018 du 2 Août 1999 sur le
statut du commerçant, avec la loi n° 99-025 du 19 Août 1999 relative à la transparence des entreprises
et avec la loi n°2003- 036 sur les sociétés commerciales. La loi de 2004 marque la reforme et
l’évolution du monde des affaires à Madagascar qui n’a jamais connu une telle évolution depuis
l’ancienne ordonnance. Cette loi s’est beaucoup inspirée de l’acte uniforme de l’OHADA sur les
procédures collectives d’apurement du passif qui est adapté au contexte africain.
C- Le Droit des entreprises en difficulté selon la loi de 2007
La loi de 2007 est la loi n°2007-018 du 27 juillet 2007 qui modifie et complète certaines
dispositions de la loi n°2003-042 du 03 septembre 2004 sur les procédures collectives d’apurement du
passif. Cette loi modifie et complète les dispositions des 24 articles. Malgré la reforme apportée par la
loi de 2004, la réalité de la procédure démontre qu’il existe encore des manques de précisons sur

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Cours du Droit des entreprises en difficulté/Université de Tuléar/Domaine des sciences de la Société/Mention Gestion/M1/2024

certaines dispositions, alors cette modification permet de clarifier et d’encadrer et de mieux adapter
ces dispositions à la réalité de la procédure et à la situation du débiteur ou de l’entreprise notamment :
une des parties du rôle du syndic, le concordat de redressement, le plan de cession, résolution et
annulation du concordat préventif.
Paragraphe 2 : Les sources du Droit des entreprises en difficulté
Ces sources permettent de relater tout ce qui a engendré les règles juridiques relatives aux
procédures préventives et curatives d’une entreprise en difficulté. Les sources du Droit des entreprises
en difficulté peuvent être d’ordre national et d’ordre supranational.
A- Les sources nationales
Les sources nationales sont la constitution de la république malgache, les lois, la jurisprudence
et les pratiques.
1- La constitution de la république Malgache
La constitution est la loi fondamentale d’un Etat qui définit les droits et les libertés des
citoyens ainsi que l’organisation et les séparations du pouvoir politique. La constitution de la
quatrième république de Madagascar a été adoptée le 11 décembre 2010.
2- La loi
Une loi est un texte adopté par le parlement (soit la proposition des parlementaires soit par un
projet déposé par le gouvernement) et promulgué par le président de la république. Le Droit des
entreprises en difficulté a comme source : la loi n°2003-042 du 03 septembre 2004 sur les procédures
collectives d’apurement du passif. (JO n°2939 du 8 Novembre 2004 page 4300), La loi n°2007-018 du
27 juillet 2007 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2003-042 du 03 septembre
2004 sur les procédures collectives d’apurement du passif. (JO n°3139 du 15 Octobre 2007 page 5834
à 5839) et la loi n°2003- 036 sur les sociétés commerciales.
3- La jurisprudence
La jurisprudence est l’ensemble des décisions habituellement rendues par les différents
tribunaux relativement à un problème juridique donné et qui permettent d’en déduire des principes de
droit.
4- La pratique
La pratique est l’ensemble des usages qui sont des règles non écrites suivies et considérées par
certaines sociétés ou par certains professionnels comme obligatoires pour régler leurs rapports.
B- Les sources supranationales
Les sources supranationales sont les accords et les traités internationaux ainsi que l’OHADA.
1- Les accords et traités internationaux
Les traités internationaux et accords sont des conventions conclues entre plusieurs Etats ou
une organisation ayant une personnalité morale en droit international.
2- L’OHADA
L’OHAD est l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. C’est un
traité conclu entre les Etats africains relatif à l’harmonisation du droit des affaires, il a été signé à Port
Louis le 17 octobre 1993. L’OHADA, à travers de l’acte uniforme de 2015, portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif, adopté le 10 avril 1998 (JO OHADA n°7 du 1er Juillet
199) révisé le 10 septembre 2015, est servi comme référence et source du Droit des entreprises en
difficulté. Les procédures collectives d’apurement du passif malgache ont puisé leur source à
l’OHADA.

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Paragraphe 3 : Les acteurs du Droit des entreprises en difficulté


Sont considérés comme acteurs du Droit des entreprises en difficulté, toutes les personnes qui
interviennent ou qui animent de près ou de loin, à titre principal ou secondaire la procédure collective
d’apurement du passif.
A- Les acteurs principaux
Les acteurs principaux sont l’entreprise débitrice, les créanciers et le tribunal de commissaire.
1- L’entreprise débitrice
L’entreprise débitrice est le débiteur. Il est l’entreprise qui est en difficulté, qui fait l’objet de
la procédure collective. Le débiteur est la personne qui a une dette en vers les créanciers. Ce débiteur
peut être une personne physique lorsqu’il s’agit d’une entreprise individuelle, il peut être également
une personne morale lorsqu’il s’agit d’une société.
2- Les créanciers
Les créanciers sont des personnes à qui le débiteur est tenu de payer ses dettes. Les créanciers
ont une créance envers le débiteur. En matière de procédure collective, les créanciers forment une
masse et un état d’union. Ils peuvent être une personne physique et une personne morale.
3- Le tribunal de commerce
Le tribunal de commerce est la juridiction compétente pour trancher la difficulté des
entreprises. Il figure parmi les acteurs principaux dans la mesure où il agit soit par une requête déposée
par le débiteur ou les créanciers soit par une saisine d’office. En effet, le président du tribunal de
commerce qui représente le tribunal de commerce. Sans le tribunal de commerce, il n’y a pas de
procédure collective.
B- Les acteurs secondaires
Les acteurs secondaires sont le conciliateur, le juge commissaire, le syndic, les contrôleurs, les
représentants des salariés.
1- Le conciliateur
Le conciliateur est la personne qui est nommé par le président du tribunal de commerce, dans
la phase de conciliation, en matière de redressement préventif. Ce président le nomme s’il juge que les
propositions du débiteur sont favorables pour redresser l’entreprise. Son rôle est de trouver un accord
de règlement préventif avec le créancier. Il introduit une requête pour homologuer cet accord, etc. Il
peut être un commissaire aux comptes, un expert-comptable, un administrateur d’une autre entreprise,
un financier.
2- Le syndic
Le syndic est un mandateur judiciaire. Il est désigné par le président du tribunal de commerce
après la décision d’ouverture de la procédure collective de redressement judiciaire. Le syndic peut être
au nombre de un, deux ou trois. Son rôle est d’aviser les créanciers de lui produire leurs titres de
créance avec leurs justificatifs, vérifier si la mention au RCS de la procédure collective était effectuée
sans fraude, passer les actes juridiques dans le besoin de la procédure, etc.
3- Le juge commissaire
Le juge commissaire est nommé parmi les assesseurs par le président du tribunal de
commerce, après la décision d’ouverture de procédure collective de redressement judiciaire, pour
constituer l’organe judiciaire dans le tribunal de commerce. Il est un magistrat. Son rôle est de statuer
sur les demandes, les contestations, revendications relevant sa compétence, etc.
4- Les contrôleurs
Les contrôleurs sont désignés par le juge commissaire. La nomination de contrôleurs est
obligatoire à la demande des créanciers représentant au moins la moitié du total des créances même
non vérifiées. Dans ce cas, le juge commissaire désigne trois contrôleurs choisis respectivement parmi

11
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les créanciers munis de sûretés réelles spéciales mobilières ou immobilières. Les contrôleurs assistent
le juge commissaire dans sa mission de surveillance du déroulement de la procédure collective et
veillent aux intérêts des créanciers, etc.
5- Les représentants des salariés
Les représentants des salariés sont nommés par le juge commissaire parmi la masse des
salariés. Ils représentent la masse des salariés. Ils ont pour mission principal de protéger les droits des
salariés. Ils sont consultés pour toutes causes en rapport avec les salariés. Ils peuvent être un délégué
du personnel ou un comité d’entreprise.
Paragraphe 4 : Les aspects et les caractéristiques du Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté revêt une multitude d’aspects qui le caractérisent par
rapport autres disciplines de Droit, parmi ces innombrables aspects, l’aspect procédural, collectif,
affaire et économique du Droit des entreprises en difficulté seront abordés dans cette paragraphe.
A- Le caractère procédural du Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté est un Droit procédural étant donné que la plupart du
traitement de la difficulté relatent les démarches ainsi que les étapes à entreprendre pour redresser une
entreprise en difficulté qui sont en particulier le redressement préventif, le redressement judiciaire et la
liquidation des biens. Ceux-ci forment l’ensemble des processus et des procédés au niveau du tribunal
de commerce. Les traitements des entreprises en difficulté forment, en effet, un ensemble de
procédures au niveau du tribunal de commerce. Par ailleurs, Elle représente une grande partie du Droit
des entreprises en difficulté avec une partie qui consiste l’anticipation et la prévention de la difficulté
des entreprises.
B- Le caractère collectif du Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté revêt un caractère collectif car les traitements adoptés
pour la difficulté des entreprises visent l’ensemble des créanciers du débiteur. En effet, le débiteur ne
peut pas avoir uniquement un seul créancier, il vise à sauver tous les créanciers du débiteur, on fait
appel à tous les créanciers, ces créanciers forment une masse et vont se constituer en état d’union pour
trouver une solution ensemble. Par ailleurs, certaine solution doit être votée par l’assemblée des
créanciers, qui sont l’assemblée simple et l’assemblée concordataire.
C- Le caractère affairé du Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté est une affaire puisqu’ il est l’ensemble des règles
juridiques applicables aux entreprises, à leurs relations entre elles, à leur vie et à leur fonctionnement.
Tout ce qui est en rapport avec une entreprise constitue une affaire économique. Il a un caractère
affairé étant donné que la difficulté des entreprises est un cas traité par la justice. C’est une affaire
traduite devant la juridiction et une affaire économique.
D- Le caractère économique du Droit des entreprises en difficulté
Le Droit des entreprises en difficulté vise à préserver les activités économiques et les niveaux
d’emplois des entreprises débitrices, les débiteurs et les créanciers sont des acteurs économiques,
traiter leur situation, c’est également traiter l’économie et ce droit vise à sauver des débiteurs en
difficulté ou à la liquider afin qu’elle ne soit pas une lourde charge pour l’économie nationale. C’est
pourquoi elle est indispensable pour valoriser et promouvoir le développement économique d’un pays.
Outre cela, le Droit des entreprises en difficulté est un Droit privé, un Droit national, un Droit
objectif, un Droit positif.

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Chapitre 2 : La détection et l’anticipation de la difficulté de l’entreprise


La détection précoce des difficultés de l’entreprise est une prévention qui repose sur
l’information économique. Elle n’est pas prévue par la loi sur la PCAP, étant donné que cette loi se
concentre uniquement sur les procédures collectives. L’anticipation des difficultés de l’entreprise se
réalise par la conception des informations économiques de l’entreprise et par l’alerte.
Section 1 : Les informations économiques de l’entreprise
Connaitre les informations économiques d’une entreprise est la première étape fondamentale
pour détecter et anticiper la difficulté d’une entreprise. C’est par ses informations qu’on connait la
santé d’une entreprise. Ces informations peuvent être acquises par le biais des états financiers de
synthèse et de la comptabilité de l’entreprise.
Paragraphe 1 : Etats financiers de synthèse13
Les états financiers de synthèse sont un rapport de gestion dans lequel sont exposés, la
situation de la société durant l’exercice écoulé, son évolution prévisible et, en particulier, les
perspectives de continuation de l’activité, l’évolution de la situation de trésorerie et le plan de
financement, il est établit par le gérant de l’entreprise.
A- L’établissement des états financiers de synthèse
A la clôture de chaque exercice le gérant ou le conseil d’administration ou l’administrateur
général, selon le cas, établit et arrête les états financiers de synthèse conformément aux dispositions
des textes relatifs aux règles comptables des entreprises commerciales.
Le gérant ou le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas, établit un
rapport de gestion dans lequel il expose la situation de la société durant l’exercice écoulé, son
évolution prévisible et, en particulier, les perspectives de continuation de l’activité, l’évolution de la
situation de trésorerie et le plan de financement.
B- Le contenu des états financiers de synthèse
Doivent notamment figurer dans l’état annexé inclus dans les états financiers de synthèse :
1° un état des cautionnements, avals et garanties donnés par la société ;
2° un état des sûretés réelles consenties par la société.
Paragraphe 2 : La comptabilité de l’entreprise
La comptabilité de l’entreprise est une source principale pour recueillir les informations en
rapport avec son activité. Le code de commerce soumet les commerçants aux obligations comptables
14

A- Le compte de résultat
Le compte de résultat récapitule les produits et les charges de l’exercice, sans qu’il soit tenu
compte de leur date d’encaissement ou de paiement. Il fait apparaître, par différence après déduction
des amortissements et de provisions, le bénéfice ou la perte de l’exercice. Les produits et les charges,
classés par catégorie, doivent être présentés soit sous forme de tableaux, soit sous forme de liste.
B- Le bilan
Le bilan décrit séparément les éléments actif et passif de l’entreprise et fait apparaître, de
façon distincte, les capitaux propres.

13
Article 152 à 156 de la loi sur les sociétés commerciales
14
YVES CHAPUT, Droit des entreprises en difficulté et faillite personnelle, PRESSE UNIVERSITAIRES DE
FRANCE, 1ère édition, 1996, 108 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, page 20

13
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C- L’annexe
L’annexe complète et commente l’information donnée par le bilan et le compte de résultat. Par
ailleurs, l’article 3-8 et suivant du code de commerce admet que d’une part, Les documents
comptables sont établis en francs malgaches et en langue malgache ou française. Les documents
comptables et les pièces justificatives sont conservés pendant 5 ans. Les documents comptables relatifs
à l’enregistrement des opérations et à l’inventaire sont établis et tenus sans blanc ni altération d’aucune
sorte, dans les conditions fixées par le plan comptable général.
Néanmoins, les documents comptables peuvent être tenus par procédé informatique dans les
conditions fixées par le plan comptable général.
Section 2 : La procédure d’alerte
La procédure d’alerte est un avertissement sur une situation compromise (actuelle ou future)
qui pourrait affecter la continuité de l’exploitation de l’entreprise. Cette procédure est prévue par les
articles 168 à 177 de la loi n°2003- 036 sur les sociétés commerciales. L’alerte peut se manifester à
l’intérieur de l’entreprise et peut provenir de l’extérieur de l’entreprise.
Paragraphe 1 : L’Alerte interne de l’entreprise15
Une alerte est dite interne lorsqu’elle provient de l’acte du commissaire aux comptes ou
lorsqu’elle est à l’initiative des associés.
A- L’alerte du commissaire aux comptes16
Cette alerte s’effectue par la demande des explications de la part du commissaire aux comptes
et par la réponse du gérant sur cette demande.
1- La demande des explications
Le commissaire aux comptes, dans les sociétés autres que les sociétés anonymes, demande par
lettre recommandée ou tout autre moyen laissant trace écrite des explications au gérant qui est tenu de
répondre, dans les conditions et délais fixés aux articles suivants, sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation qu’il a relevé lors de l’examen des documents qui lui sont
communiqués ou dont il a connaissance à l’occasion de l’exercice de sa mission.
2- La réponse du gérant
Le gérant répond par lettre recommandée ou tout autre moyen laissant trace écrite dans le mois
qui suit la réception de la demande d’explication. Dans sa réponse, il donne une analyse de la situation
et précise, le cas échéant, les mesures envisagées.
B- L’alerte des associés17
L’alerte des associés se fait par les questions qu’ils posent au gérant de l’entreprise et par la
réponse du gérant à ces questions.
1- Les questions des associés
Dans les sociétés autres que les sociétés anonymes, tout associé non gérant peut, deux fois par
exercice, poser par écrit des questions au gérant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation.
2- La réponse du gérant
Le gérant répond par écrit, dans le délai d’un mois, aux questions posées en application de
l’alinéa précédent. Dans le même délai, il adresse copie de la question et de sa réponse au commissaire
aux comptes, s’il en existe un.

15
LAETITIA ANTONINI-COCHIN, LAURENCE CAROLINE HENRY, l’essentiel du Droit des
entreprises en difficulté, LES CARRES, Gualino Lextenso, 7ème édition, 2018, page 33
16
Article 168 de la loi n°2003-036 sur les sociétés commerciales
17
Article 176 de la loi n°2003-036 sur les sociétés commerciales

14
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Paragraphe 2 : L’Alerte externe de l’entreprise18


L’alerte externe de l’entreprise est toute alerte procédée par les personnes ou par l’organisme
qui sont étrangers à l’entreprise. Elle peut être de la part du tribunal ou d’autre organisme privé.
A- Alerte par le président du tribunal19
L’alerte de président du tribunal est procédée après les informations qu’il a eues sur la
situation économique de l’entreprise, qui lui sont fournies par les associés, les commissaires aux
comptes et par toutes personnes intéressées. L’alerte de président du tribunal donne lieu à une
convocation envoyée au débiteur et à un entretien avec lui.
1- La convocation
Après avoir reçu des informations économiques de l’entreprise, si le président du tribunal
estime qu’une situation compromise menace la continuité de l’activité de l’entreprise, il convoque le
débiteur à une date précise pour s’entretenir avec lui, pour l’avertir de cette menace.
2- L’entretien
L’entretien entre le président du tribunal et le débiteur vise déjà à trouver des propositions des
solutions immédiates, à le contraindre, le cas échéant, à faire une déclaration de cessation des
paiements ou une demande de l’ouverture de procédure collective.
B- L’alerte du groupement de prévention agréé
L’alerte du groupement de prévention agréé est prévue par le code commerce français en ses
articles 611 et suivant. Pour ce faire, cela suppose que l’entreprise ait, au préalable, adhéré au
groupement lequel joue en quelque sorte le rôle d’une sentinelle. Conformément à l’article D. 611-2
du code de commerce français, les groupements de prévention agréées sont constitués sous toute forme
juridique qui leur confère une personnalité morale de Droit privé.
1- Les critères de déclenchement de la procédure d’alerte
L’article L. 611-1 al. 3ème dispose que « lorsque le groupement relève des indices de
difficultés, il en informe de l’entreprise et put lui proposer l’intervention d’un expert. » En effet, le
signe de déclenchement de l’alerte consiste en la détection d’indices de difficultés.
2- Le déroulement de la procédure
La procédure d’alerte lorsqu’elle est déclenchée par un groupement agréé ne comporte qu’une
seule phase : l’information du chef d’entreprise, conformément à l’article L. 611-1 du code de
commerce.
Le dernier alinéa de cette disposition précise que les groupements de prévention agréés sont
habilités à conclure, notamment avec les établissements de crédit, les sociétés de financement et les
entreprises d’assurance, des conventions au profit de leurs adhérents.
Section 3 : La convocation
Après cette alerte, le tribunal de commerce convoque le débiteur, cette convocation est l’issue
de la saisine d’office du tribunal de commerce.
Paragraphe 1 : La saisine d’office
Le tribunal de commerce peut se saisir d'office, notamment sur la base des informations
fournies par le représentant du Ministère Public, les commissaires aux comptes des personnes morales
de droit privé, les associés ou membres de ces personnes morales ou les institutions représentatives du
personnel qui lui indiquent les faits de nature à motiver cette saisine.

18
LAETITIA ANTONINI-COCHIN, LAURENCE CAROLINE HENRY, l’essentiel du Droit des
entreprises en difficulté, LES CARRES, Gualino Lextenso, 7ème édition, 2018, page 43
19
Article 15 de la loi sur les PCAP

15
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Paragraphe 2 : La convocation
Le Président fait convoquer le débiteur, par acte extrajudiciaire à la diligence du greffier, à
comparaître devant le tribunal de commerce siégeant en audience non publique. L'acte doit contenir la
reproduction intégrale du présent article.
Paragraphe 3 : La comparution et le non comparution du débiteur
Lors de l’émission de la convocation, le débiteur peut comparaitre et ne peut se
comparaitre devant le tribunal de commerce. Qu’il comparait ou pas, le tribunal de commerce doit
toujours prononcer une décision à son encontre.
A- En cas de comparution du débiteur
Si le débiteur comparaît, le président l'informe des faits de nature à motiver la saisine d'office
et reçoit ses observations. Si le débiteur reconnaît être en cessation des paiements ou en difficulté ou si
le président estime qu'il est dans une telle situation, ce dernier lui accorde un délai de trente jours pour
faire la déclaration et la proposition de concordat de redressement prévue aux articles 11, 12 et 13. Le
même délai est accordé aux membres d'une personne morale indéfiniment et solidairement
responsables du passif de celle- ci.
Passé ce délai, le tribunal de commerce statue en audience publique.
B- En cas du non comparution du débiteur
Si le débiteur ne comparaît pas, il en est pris acte et le tribunal de commerce statue à la
première audience publique utile.

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Chapitre 3 : Les règlements de la difficulté des entreprises


Les règlements de la difficulté des entreprises sont les traitements ou les redressements
préventifs et curatifs accordés aux entreprises qui rencontrent des difficultés afin d’apurer son passif.
Les règlements de la difficulté des entreprises peuvent être la suite logique de la convocation du
débiteur par le tribunal de commerce si après une alerte, celui-ci le convoque ou lorsque le débiteur
saisie ce tribunal pour demander le redressement.
On prévoit à travers ces règlements de difficulté, trois manières ou procédures de régler la
difficulté de l’entreprise : les règlements préventifs, les règlements judiciaires et enfin la liquidation
des biens.
Section 1 : Le règlement préventif : Le traitement à l’amiable
Le règlement préventif est une procédure qui est destinée à éviter la cessation des paiements
ou la cessation d'activité de l'entreprise et à permettre l'apurement de son passif au moyen d'un
concordat préventif.20 (Prévenir la cessation de paiement) Deux formes du règlement préventif de la
difficulté de l’entreprise peuvent être adoptées : la conciliation et le concordat préventif.
Paragraphe 1 : La conciliation
La conciliation est un redressement préventif de la difficulté de l’entreprise. C’est une
procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à éviter la cessation des paiements de
l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou opérationnelle
pour la sauvegarder. Cette restructuration s’effectue par le biais de négociations privées et de la
conclusion d’un accord de conciliation négocié entre le débiteur et ses créanciers ou, au moins ses
principaux créanciers, grâce à l’appui d’un tiers neutre, impartial et indépendant dit conciliateur.21
A- L’ouverture de la conciliation
La conciliation est ouverte pour toutes les entreprises débitrices qui connaissent des difficultés
avérées ou prévisibles mais qui ne sont pas encore en état de cessation des paiements.
1- La requête
Pour pouvoir entamer cette procédure de conciliation, le chef de l’entreprise doit déposer une
requête au greffe du tribunal de commerce, le but de cette requête est de désigner un conciliateur
chargé de favoriser le fonctionnement de l'entreprise et de rechercher la conclusion d'un accord avec
les créanciers.
La requête doit exposer les difficultés de l'entreprise et les propositions du débiteur de nature à
favoriser le redressement. Elle doit être accompagnée de tous éléments d'informations utiles sur la
situation financière, économique et sociale de l'entreprise, notamment des états financiers de
synthèse.22
2- L’examen des propositions d’accord
Le tribunal de commerce reçoit la requête et examine les propositions du débiteur pour
favoriser le redressement de son entreprise. Cet examen permet de vérifier si les propositions du
débiteur sont faisables ou pas. Elles sont faisables si elles tendent à redresser l’entreprise, à éviter la
cessation des paiements. Néanmoins, les propositions d’accord du débiteur ne sont pas faisables si
elles permettent à exclure les créanciers.
3- La prononcée de l’ouverture de la procédure et la nomination du conciliateur23
Le président du tribunal, s'il lui apparaît que les propositions du débiteur sont de nature à
favoriser le redressement de l'entreprise, le président prononce l’ouverture de la procédure et nomme

20
Article 2-1 de la loi sur les PCAP
21
Article 2 alinéa 1er de l’AUPCAP de l’OHADA de 2015
22
Article 7 de la loi sur les PCAP
23
Article 8 de la loi sur les PCAP

17
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le conciliateur, il fixe la nature et la durée de sa mission qui ne peut excéder de trois mois, prorogeable
une fois à la demande du conciliateur.
B- Le déroulement et l’issue de la conciliation
La phase de conciliation se déroule, après l’ouverture de la procédure, par la nomination du
conciliateur et par l’adoption de l’accord.
1- L’adoption de l’accord24
L’accord doit être adopté à l’unanimité des créanciers. Lorsqu’un accord est conclu entre
l’entreprise et les créanciers, Le conciliateur introduit une requête aux fins d’homologuer cet accord. A
ce stage de conciliation ou du règlement préventif, l’accord avec les créanciers est la discussion sur
l’octroi du délai des paiements et les remises des dettes à l’entreprise.
2- Les rôles du conciliateur25
Le conciliateur a pour mission :
- D’obtenir communication auprès des commissaires aux comptes, des membres
et représentants du personnel, des administrations publiques et des organismes de prévoyance
sociale ainsi que des services chargés de la centralisation des risques bancaires et des incidents
de paiement de tous renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la
situation économique et financière du débiteur.
- De Trouver un accord de règlement préventif avec les créanciers.
- D’introduire une requête pour pouvoir homologuer le contrat trouvé :
Lorsqu'un accord est conclu avec tous les créanciers, cet accord est constaté dans un écrit
signé par les parties et soumis à l'homologation du président par Ordonnance
- De rédiger un compte rendu : en cas d’échec de conciliation, il rend compte au
président de l'exécution de sa mission dans un rapport qui est communiqué au requérant et
déposé au greffe.
3- La fin de la conciliation
La phase de conciliation se termine :
- Lorsque la situation du débiteur se rétablit après les accords trouvés.
- Par la résiliation du contrat, par l’inexécution du débiteur, même partielle, des
engagements résultant de l’accord.
- Par l’annulation de l’accord par l’existence de dol résultant de la diminution
de l’actif ou de l’exagération du passif.
- Par son convertissement en redressement judiciaire ou en liquidation des biens
si le juge constate la cessation des paiements.
C- Les effets de la conciliation
La conciliation peut avoir un effet positif et un effet négatif sur le redressement préventif, ces
effets dépendent de l’aboutissement ou de l’échec de la conciliation.
1- En cas d’aboutissement de la conciliation
Lorsque l’accord de la conciliation aboutit, il permet à l’entreprise la jouissance des délais des
paiements et les remises des dettes. Il peut avoir également un effet suspensif.
- L’effet suspensif
L’accord suspend, pendant la durée de son exécution, toute action en justice, toute poursuite
individuelle tant sur les meubles que sur les immeubles du débiteur dans le but d’obtenir le paiement
des créances qui en font l’objet.

24
Article 9 alinéa 2 et 3 de la loi sur les PCAP
25
Article 9 de la loi sur les PCAP

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- L’octroi des délais des paiements et les remises des dettes


L’entreprise débitrice jouit l’octroi des délais des paiements et les remises de ses dettes qui ont
été proposés dans l’accord du redressement préventif de conciliation.
2- En cas d’échec de la conciliation
Lorsque la conciliation est en échec, elle entraine :
- L’annulation de l’accord
L’accord est annulé en cas de dol résultant de la diminution de l’actif ou de l’exagération du
passif. La demande d’annulation est à l’initiative des créanciers qui font partie de l’accord.
- La résiliation de l’accord26
En cas d’inexécution, même partielle, des engagements résultant de l’accord, le tribunal, à la
requête d’un ou plusieurs créanciers prononce la résiliation de l’accord ainsi que la déchéance de tout
délai de paiement accordé.
- La déchéance du délai des paiements27
En cas d’inexécution, même partielle, des engagements résultant de l’accord, le tribunal, à la
requête d’un ou plusieurs créanciers prononce la résiliation de l’accord ainsi que la déchéance de tout
délai de paiement accordé.
- La prononcée du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens
En cas de constatation de cessation des paiements, le tribunal de commerce doit prononcer le
redressement judiciaire si sa situation est n’est pas encore délicate, au contraire il peut prononcer la
liquidation des biens lorsque le redressement n’est plus possible.
Paragraphe 2 : Le concordat préventif
Le concordat préventif est prévu par les articles 2 al.1 et les articles 166 à 170 de la loi sur la
PCAP, les lois malgaches ne donnent pas des détails et des précisions sur ce mode du traitement
préventif, la loi sur la PCAP insiste seulement sur le fait que le concordat préventif est l’un des
moyens (procédure à adopter) de régler préventivement les difficultés d’une entreprise.
Etymologiquement, le mot concordat vient du latin médiéval, concordatum qui veut dire :
accord, traité. Dérivé du concordare qui signifie s’accorder ou concorder.
Au sens général, un concordat est une attente d’accord ou de conciliation entre deux parties
adverses. Le concordat préventif est un accord conclu entre le débiteur et les créanciers pour redresser
la situation du débiteur (quel que soit le moyen) et pour éviter la cessation de ses paiements.
A- L’ouverture du concordat préventif
Le règlement préventif est ouvert au débiteur qui, sans être en état de cessation des paiements,
justifie de difficultés financières ou économiques sérieuses.
1- La requête
Pour pouvoir entamer cette procédure de conciliation, le chef de l’entreprise doit déposer une
requête au greffe du tribunal de commerce, le but de cette requête est de désigner un conciliateur
chargé de favoriser le fonctionnement de l'entreprise et de rechercher la conclusion d'un accord avec
les créanciers.
La requête doit exposer les difficultés de l'entreprise et les propositions du débiteur de nature à
favoriser le redressement. Elle doit être accompagnée de tous éléments d'informations utiles sur la

26
Article 10 alinéa 2 de la loi sur les PCAP
27
Article 10 alinéa 2 de la loi sur les PCAP

19
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situation financière, économique et sociale de l'entreprise, notamment des états financiers de


synthèse.28
2- L’examen du projet du concordat préventif
Le tribunal de commerce reçoit la requête et examine les propositions du débiteur pour
favoriser le redressement de son entreprise. Cet examen permet de vérifier si les propositions du
débiteur sont faisables ou pas. Elles sont faisables si elles tendent à redresser l’entreprise, à éviter la
cessation des paiements. Néanmoins, les propositions d’accord du débiteur ne sont pas faisables si
elles permettent à exclure les créanciers.
3- La prononcée de l’ouverture de la procédure et la nomination d’un expert ou
d’un mandataire
Si le projet de concordat préventif lui paraît sérieux, le président de la juridiction compétente
ouvre la procédure et désigne un expert au règlement préventif, pour lui faire rapport sur la situation
financière et économique de l’entreprise débitrice et les perspectives de redressement, compte tenu des
délais et remises consentis ou susceptibles de l’être par les créanciers et toutes autres mesures
contenues dans le projet de concordat préventif.
B- Le fonctionnement du concordat préventif
Le concordat préventif se fonctionne par son vote à l’unanimité et son homologation par le
tribunal de commerce, par la réalisation de son objectif, par la constatation de l’attribution du
mandataire.
1- L’homologation du concordat préventif
La juridiction compétente homologue le concordat préventif si :
- Les conditions de validité du concordat préventif sont réunies ;
- aucun motif tiré de l’intérêt collectif ou de l’ordre public ne paraît de nature à
empêcher le concordat ;
- Les délais consentis n’excèdent pas trois ans pour l’ensemble des créanciers et un an
pour les créanciers de salaires.
2- Les contenues du projet du concordat préventif
Le projet de concordat préventif précise les mesures envisagées pour le redressement de
l’entreprise, notamment :
- Les modalités de continuation de l’entreprise, telles que la demande de délais et de
remises, la cession partielle d’actif avec indication précise des biens à céder ; la cession ou la location
gérance d’une branche d’activité formant un fonds de commerce ; la cession ou la location gérance de
la totalité ou d’une partie de l’entreprise, sans que ces modalités soient limitatives et exclusives les
unes des autres.
- Les noms, prénoms, qualités et adresses des personnes tenues d’exécuter le concordat
préventif et l’ensemble des engagements souscrits par elles et nécessaires au redressement de
l’entreprise.
- Les modalités du maintien et du financement de l’entreprise, du règlement du passif né
antérieurement à la décision d’ouverture du règlement préventif ainsi que, s’il y a lieu, les garanties
fournies pour en assurer l’exécution ; ces engagements et garanties peuvent consister, notamment, en
la souscription d’une augmentation du capital social par les anciens associés ou par de nouveaux, une
conversion de créances en capital, l’ouverture de crédits par des établissements bancaires ou financiers
ou par toute autre personne, y compris tout nouvel apport en trésorerie ou sous forme de nouveau bien
ou service dans les conditions de l’article 11‐1 ci‐dessous ainsi que le montant de l’apport ou la valeur
du bien ou du service ; la poursuite de l’exécution de contrats conclus antérieurement à la requête, la
fourniture de cautions

28
Article 7 de la loi sur les PCAP

20
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- Le niveau et les perspectives d’emploi, ainsi que les licenciements pour motif
économique qui doivent intervenir dans les conditions prévues par les dispositions du droit du travail.
- Le remplacement de dirigeants.
3- La désignation du mandataire judiciaire
Le mandataire est une personne en qualité d’expert au règlement préventif ou de
syndic dans une procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens. Nul ne peut être désigné en qualité d’expert au règlement préventif ou de syndic dans une
procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des biens s’il n’est
inscrit sur la liste nationale des mandataires judiciaires.29
Ne peuvent notamment être désignées expert au règlement préventif ou syndic dans une
procédure collective les personnes physiques suivantes :
- les parents ou alliés du débiteur ou des créanciers jusqu’au quatrième degré inclusivement,
ainsi que des dirigeants de la personne morale en procédure collective
- l’expert‐comptable, l’avocat, le comptable agréé ou le commissaire aux comptes du
débiteur ou d’un de ses créanciers
- les personnes physiques qui ont eu précédemment ou qui ont actuellement un différend
avec le débiteur ou un de ses créanciers
- les personnes physiques qui, au cours des trois années précédant leur nomination, ont
perçu, à quelque titre que ce soit, directement ou indirectement, une rémunération de la
part du débiteur ou d’un de ses créanciers
- Les personnes physiques qui se trouvent en situation de subordination ou ayant des liens
économiques avec le débiteur ou un de ses créanciers.30
Rôle du mandataire :
Le mandataire judiciaire détient une multitude d’attributions, pourtant, en matière de
règlement préventif, on se réfère à l’article 9 de la loi de 2004 sur les procédures collectives
d’apurement du passif pour relater les missions du mandataire du concordat préventif. A cet égard, il a
pour mission :
- D’obtenir communication auprès des commissaires aux comptes, des membres
et représentants du personnel, des administrations publiques et des organismes de prévoyance
sociale ainsi que des services chargés de la centralisation des risques bancaires et des incidents
de paiement de tous renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la
situation économique et financière du débiteur.
- De Trouver un accord de règlement préventif avec les créanciers.
- D’introduire une requête pour pouvoir homologuer le contrat trouvé :
Lorsqu'un accord est conclu avec tous les créanciers, cet accord est constaté dans un écrit
signé par les parties et soumis à l'homologation du président par Ordonnance
De rédiger un compte rendu : en cas d’échec de conciliation, il rend compte au président de l'exécution
de sa mission dans un rapport qui est communiqué au requérant et déposé au greffe.
4- La fin du concordat préventif
Tout comme dans la phase de la conciliation, le concordat préventif prend fin également :
- Lorsque la situation du débiteur se rétablit après les accords trouvés.
- Par la résiliation du contrat, par l’inexécution du débiteur, même partielle, des
engagements résultant de l’accord.
- Par l’annulation de l’accord par l’existence de dol résultant de la diminution
de l’actif ou de l’exagération du passif.
- Par son convertissement en redressement judiciaire ou en liquidation des biens
si le juge constate la cessation des paiements.

29
Article 4-1 de l’AUPCAP de l’OHADA
30
Article 4-4 al.3 de l’AUPCAP de l’OHADA

21
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C- Les effets du concordat préventif


Les effets du concordat préventif dépendent de sa portée. S’il aboutit bien, il peut avoir un
effet positif, s’il fait défaut, il peut avoir un effet négatif.
1- Si le concordat préventif aboutit
Lors que le concordat aboutit, il a :
- Un effet suspensif : L’accord suspend, pendant la durée de son exécution,
toute action en justice, toute poursuite individuelle tant sur les meubles que sur les immeubles
du débiteur dans le but d’obtenir le paiement des créances qui en font l’objet.
- La réalisation de l’accord : la jouissance de délais et de remises, la cession
partielle d’actif avec indication précise des biens à céder ; la cession ou la location gérance
d’une branche d’activité formant un fonds de commerce ; la cession ou la location gérance de
la totalité ou d’une partie de l’entreprise, sans que ces modalités soient limitatives et
exclusives les unes des autres, etc.
2- Si le concordat Préventif fait défaut
Si le concordat préventif fait défaut, il entraine :
- L’annulation du concordat31
Le concordat est annulé en cas de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une
exagération du passif si le dol a été découvert après l’homologation du concordat préventif.
- La résolution du concordat32
En cas d’inexécution, par le débiteur, de ses engagements concordataires ou des remises et
délais consentis.
Lorsque le débiteur est frappé, pour quelque cause que ce soit, de l’interdiction d’exercer une
activité commerciale, sauf si la durée et la nature de cette interdiction sont compatibles avec la
poursuite de l’activité de l’entreprise par location-gérance, aux fins, éventuellement, d’une cession
d’entreprise dans des conditions satisfaisantes pour l’intérêt collectif.
Lorsque, s’agissant d’une personne morale à qui le concordat a été accordé, les dirigeants
contre lesquels a été prononcée la faillite personnelle ou l’interdiction de diriger, gérer ou administrer
une entreprise commerciale, assument de nouveau, en fait ou en droit, la direction de cette personne
morale.
- La prononcée du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens33
Après la résolution et l’annulation du concordat préventif, Si le tribunal de commerce,
constate la cessation des paiements, il doit prononcer soit le redressement judiciaire lorsqu’il est
encore possible de redresser la difficulté de l’entreprise, soit la liquidation des biens si elle n’a pas de
chance de se redresser ou bien si sa situation n’est plus remédiable.
Section 2 : Le redressement judiciaire : Le traitement judiciaire
Le redressement judiciaire, procédure destinée à la sauvegarde de l'entreprise et à l'apurement
de son passif au moyen d'un concordat de redressement ou d'un plan de cession. Deux formes de
redressement judiciaire peuvent être adoptées : le concordat de redressement et les plans de
redressement de l’entreprise.34
• L’ouverture du redressement judiciaire
Le redressement judiciaire s’ouvre par la saisine du tribunal de commerce et par le jugement
d’ouverture.

31
Article 167 de la loi sur les PCAP
32
Article 166 de la loi sur les PCAP
33
Article 168 de la loi sur les PCAP
34
Article 2 al.2 de la loi sur les PCAP

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+ La saisine du tribunal de commerce :


Le tribunal de commerce peut être saisi par la déclaration du débiteur, par l’assignation des
créanciers, par la saisine d’office et par la radiation du débiteur.
- La déclaration du débiteur : Selon l’article 11 de la loi sur la PCAP, le
débiteur qui est dans l'impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible doit faire une déclaration de cessation des paiements aux fins d'obtenir
l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle
que soit la nature de ses dettes. La déclaration doit être faite dans les trente jours de la
cessation des paiements et déposée au greffe du Tribunal de commerce contre récépissé
- L’assignation des créanciers : selon l’article 14 de la loi sur la PCAP, la
procédure collective peut être ouverte sur la demande d'un créancier, quelle que soit la
nature de sa créance, pourvu qu'elle soit certaine, liquide et exigible.
- La saisine d’office : Selon l’article 15 de la loi sur la PCAP, Le tribunal de
commerce peut se saisir d'office, notamment sur la base des informations fournies par le
représentant du Ministère Public, les commissaires aux comptes des personnes morales de
droit privé, les associés ou membres de ces personnes morales ou les institutions
représentatives du personnel qui lui indiquent les faits de nature à motiver cette saisine.
- La radiation du débiteur : selon l’article 17 de la loi sur la PCAP,
L'ouverture d'une procédure collective peut être demandée, dans le délai d'un an à partir
de la radiation du débiteur du registre du commerce et des sociétés, lorsque la cessation
des paiements est antérieure à cette radiation. Elle peut également être demandée contre
un associé indéfiniment et solidairement responsable du passif social dans le délai d'un an
à partir de la mention de son retrait au registre du commerce et des sociétés lorsque la
cessation des paiements de la société est antérieure à cette mention.
+ Le jugement d’ouverture :
L'ouverture d'une procédure collective de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
ne peut résulter que d'un jugement du tribunal de commerce.
• Les effets de la décision d’ouverture du redressement judiciaire (procédure
collective)
La décision d’ouverture a pour effet : la fixation de la période de cessation des paiements et la
désignation des juges commissaires et des mandataires judiciaires.
La fixation de la date de cessation des paiements35
La cessation des paiements survient lorsque le débiteur est dans l’impossibilité de faire face à
son passif exigible compte tenu de son actif disponible. Le tribunal de commerce doit fixer
provisoirement la date de cessation des paiements, faute de quoi celle- ci est réputée avoir lieu à la
date du jugement qui la constate.
La date de cessation des paiements ne peut être antérieure de plus de dix-huit mois au
prononcé de la décision d'ouverture.
Le tribunal de commerce peut modifier, dans les limites fixées au précédent alinéa, la date de
cessation des paiements par un jugement postérieur à la décision d'ouverture. La fixation de la date de
cessation des paiements est indispensable pour bien déterminer la période suspect.
La période suspect36
La période suspect et le début de la date de cessation des paiements jusqu’à la date de décision
d’ouverture de la procédure de redressement ou de la liquidation des biens. La détermination de la
période suspect est primordiale étant donné qu’elle produit un effet d’inopposabilité (qui ne peut pas
être opposé) des actes passés par le débiteur.

35
Article 21 de la loi sur les PCAP
36
Article 62 à 65 de la loi sur les PCAP

23
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Selon l’article 62 de la loi sur les procédures collectives d’apurement du passif, Sont
inopposables de droit ou peuvent être déclarés inopposables à la masse des créanciers les actes passés
par le débiteur pendant la période suspecte débutant à la date de cessation des paiements et finissant à
la date de la décision d'ouverture.
La désignation du juge commissaire37
Sa nomination : il est nommé parmi les assesseurs ou à défaut parmi les magistrats du siège de
la juridiction de première instance.
Ses rôles :
- Il statue par ordonnance en chambre du conseil
- Il apprécie le rapport du syndic avant de donner parole au débiteur
- Il règle tous les incidents survenus au cours de la procédure
- Il statue par ordonnance, la demande, les constatations relevant sa compétence
- Il statue : la contestation des créanciers, d’administration des créances, la
radiation de l’affaire
- Il autorise le licenciement pour motif économique
- Il ordonne l’administration des créances forclos (des créanciers qui on été en
retard)
- Il surveille les procédures
- Il fait appel au débiteur ou au syndic de déposer un état de créance
- Il établit avec le syndic, le débiteur le plan de cession
- Il fait un rapport pour que le tribunal de commerce statue
La désignation des mandataires judiciaires
Les mandataires judiciaires peuvent être le syndic et les contrôleurs. Ils jouent un rôle
considérable pour l’effectivité des procédures collectives.
- Le syndic 38 :
Désignation : tout comme le juge commissaire, il est désigné par le tribunal de commerce au
jour de jugement d’ouverture de procédure. Le nombre de syndic désigné ne doit pas dépasser 3
syndics.
Condition de désignation : Le syndic doit présenter toutes garanties d'indépendance et de
neutralité à l'égard des parties à la procédure. La personne désignée comme syndic ne peut ni membre
de famille jusqu’au 4ème degré du débiteur ou des dirigeants sociaux ni salarié de même personne, du
débiteur. Aucun employé ou salarié du débiteur ou dirigeant de la personne morale ne peut être
nommé syndic.
Révocation : Le tribunal de commerce peut prononcer la révocation d'un ou de plusieurs
syndics sur proposition du juge commissaire agissant, soit d'office, soit sur les réclamations qui lui
sont adressées par le débiteur, par les créanciers ou par les contrôleurs.
Ses attributions :
- Il avise par voie d’annonce à légale les créanciers du débiteur pour les inviter
à produire le titre de créance.
- Il est tenu de vérifier la mention du registre de commerce
- Il est tenu d’inscrire la décision d’ouverture
- Il peut passer tous les actes juridiques relevant dans les procédures collectives
sur l’autorisation du juge.
- Il recueille les deniers nés de la procédure collective et en ouvre un compte
bancaire spécial pour chaque procédure.

37
Article 26 à 29 de la loi sur les PCAP
38
Article 30 à 35 de la loi sur les PCAP

24
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- Il fait transfert de fond si le fonds de la procédure est versé dans un compte


particulier
- Il peut retirer ce fonds sur l’autorisation du juge
- Il doit établir un rapport à la fin de la procédure ou de sa mission
- Il saisit le tribunal de commerce pour homologuer le concordat
- Il dresse un état de créance
- Les contrôleurs 39:
Sa désignation : ils sont nommés soit par le juge commissaire soit à la demande des créanciers,
ils sont donc choisis parmi les créanciers, ils doivent être au nombre de 3.
Condition : Ils ne doivent pas avoir un lien de parenté jusqu’au 4ème degré avec le débiteur ou
des dirigeants sociaux.
Révocation : le juge peut, devant le tribunal de commerce, sur sa proposition révoquer les
contrôleurs. Le juge commissaire peut les remplacer après avoir été révoqués.
Leurs rôles :
- Ils assistent le juge commissaire da sa mission
- Ils vérifient la comptabilité et état de situation présentés par le débiteur.
- Ils sont consultés pour la continuation de l’activité
- Ils saisissent de toutes les contestations le juge commissaire
Paragraphe 1 : Le concordat de redressement
Comme il a été défini ci-dessus, le concordat est, au sens général, un concordat est une attente
d’accord ou de conciliation entre deux parties adverses. En effet, le concordat de redressement est un
accord conclu entre le débiteur et les créanciers pour rétablir la situation du débiteur qui est a fait
l’objet d’une déclaration de cessation des paiements.
A- L’ouverture du concordat de redressement
Le concordat de redressement s’ouvre pour plusieurs motifs, notamment : en cas d’échec du
règlement préventif, en cas de situation non irrémédiablement compromise du débiteur et/ou en cas de
cessation des paiements.
1- En cas d’échec du règlement préventif
Le règlement préventif n’est pas encore une procédure collective, il regroupe la phase de
conciliation ou du concordat préventif. Le règlement préventif est un échec lorsqu’il n’a pas pu
résoudre la difficulté de l’entreprise ou lorsqu’il a fait l’objet d’annulation et de résolution pour des
diverses raisons, par la décision du tribunal.
2- En cas de cessation des paiements
La cessation des paiements existe lorsqu’il est impossible par le débiteur de faire face à son
passif exigible compte tenu de son actif disponible. La cessation des paiements est le point du départ
de la procédure collective et la condition irréfragable de l’ouverture du redressement judiciaire et de la
liquidation des biens.
3- En cas de situation non irrémédiablement compromise
Une situation est non irrémédiablement compromise lorsqu’il est encore possible de redresser
l’entreprise, lorsque le débiteur dispose encore une chance de se redresser ou lorsque sa situation est
remédiable.
B- Le fonctionnement du concordat de redressement
Le concordat de redressement se déroule par la déclaration de cessation des paiements par le
débiteur puis par la proposition du concordat de redressement enfin, par le vote et l’homologation du
dit concordat.

39
Article 37 à 39 de la loi sur les PCAP

25
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1- La déclaration de cessation des paiements


Le débiteur qui est dans l'impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible doit faire une déclaration de cessation des paiements aux fins d'obtenir l'ouverture d'une
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la nature de ses
dettes.
La déclaration doit être faite dans les trente jours de la cessation des paiements et déposée au
greffe du Tribunal de commerce contre récépissé.
2- La Proposition du concordat de redressement
En même temps que la déclaration, au plus tard, dans les quinze jours qui suivent celle- ci, le
débiteur doit déposer une offre de concordat précisant les mesures et conditions envisagées pour le
redressement de l'entreprise.
3- L’objet du concordat de redressement40
Le concordat a comme objet :
- L’octroi des délais : contrat d’atermoiement
- La remise des dettes totales ou partielles : réduction ou effacement partiel ou total des
dettes
- La cession d’actif ou des biens
- La cession de location gérance du fond de commerce
- La proposition de caution réelle ou partielle
- La proposition du licenciement pour motif économique
- La proposition du replacement des dirigeants
4- Le vote du concordat de redressement41
Le vote du concordat doit être fait au niveau de l’assemblée concordataire, en effet, il existe
deux sortes d’assemblées dans la procédure collective prévue par la législation :
- L’assemblée simple : Elle a lieu lorsque le débiteur fait uniquement une demande de
remise de dette de 2 ans, dans ce cas, la réunion des créanciers n’est pas nécessaire.
- L’assemblée concordataire : on l’appelle aussi la masse des créanciers. En présence de
masse des créanciers, le vote se fait à la règle de double majorité.
5- L’homologation du concordat de redressement42
Lorsque le concordat de redressement est voté à l’assemblée de créanciers, le syndic saisit le
tribunal de commerce afin d’homologuer le dit concordat. En effet, le concordat de redressement est
homologué si :
- Les conditions de validité du concordat sont réunies
- S’il est sérieux pour redresser l’entreprise
- Si la direction de l’entreprise n’est plus assurée par le dirigeant dont le redressement
est proposé
- Si aucun motif n’empêche pas le concordat
En outre, le président du tribunal dresse un procès verbal de ce qui a été dit et décidé au cours
de l’assemblée concordataire, le PV du tribunal vaut l’homologation du dit concordat.
Le concordat est refusé s’il a pour but de valider l’avantage particulier du débiteur.
C- Les effets du concordat de redressement43
Une fois voté et homologué, le concordat de redressement produit des divers effets. Ces Effets
peuvent être négatifs et peuvent être positifs selon l’aboutissement ou l’échec du concordat.

40
Article 13 de la loi sur les PCAP
41
Article 122 à 128 de la loi sur les PCAP
42
Article 129 à 131 de la loi sur les PCAP
43
Article 142, 143, 166, 167 et 168 al 2 de la loi sur les PCAP

26
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1- Si le concordat de redressement aboutit


Lors que le concordat aboutit, il entraine :
- La cessation des fonctions des personnels de la procédure collective
Les fonctions du juge commissaire et du syndic cessent à partir du moment où le jugement
d’homologation du concordat de redressement est passé en force de chose jugée. Par contre, pour la
bonne exécution du concordat de redressement, le tribunal nomme un ou plusieurs commissaires,
ceux-ci ont donc pour rôle de veiller sur l’exécution du dit concordat.
- La conservation des actions des créanciers44
Nonobstant, le concordat, les créanciers conservent leur action pour la totalité de leur créance
contre les coobligés de leur débiteur.
- La suspension des actions individuelles des créanciers (effet suspensif)45
Pendant la durée d’exécution du concordat de redressement, toutes les actions individuelles
des créanciers contre le débiteur sont suspendues. Il est interdit pour les créanciers d’entamer une
action personnelle. Néanmoins, toute action commune est exercée par le commissaire faute de la
cessation des fonctions du syndic lors de l’homologation du concordat.
2- Si le concordat de redressement est un échec
Si le concordat de redressement est un échec, il entraine :
- L’annulation du concordat46
Le concordat est annulé en cas de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une
exagération du passif si le dol a été découvert après l’homologation du concordat préventif.
- La résolution du concordat47
En cas d’inexécution, par le débiteur, de ses engagements concordataires ou des remises et
délais consentis.
Lorsque le débiteur est frappé, pour quelque cause que ce soit, de l’interdiction d’exercer une
activité commerciale, sauf si la durée et la nature de cette interdiction sont compatibles avec la
poursuite de l’activité de l’entreprise par location-gérance, aux fins, éventuellement, d’une cession
d’entreprise dans des conditions satisfaisantes pour l’intérêt collectif.
Lorsque, s’agissant d’une personne morale à qui le concordat a été accordé, les dirigeants
contre lesquels a été prononcée la faillite personnelle ou l’interdiction de diriger, gérer ou administrer
une entreprise commerciale, assument de nouveau, en fait ou en droit, la direction de cette personne
morale.
- L’autorisation du plan de redressement ou la prononcée de la liquidation des
biens48
En cas de résolution ou d'annulation du concordat de redressement, le tribunal de commerce
autorise un plan de redressement proposé par le débiteur s’il constate qu’il est encore possible de
redresser l’entreprise, sinon, il convertit le redressement judiciaire en liquidation des biens et nomme
un syndic si elle n’a pas de chance de se redresser ou bien si sa situation n’est plus remédiable. Il est
constitué une seule masse de créanciers antérieurs et postérieurs au concordat.

44
Article 95 de la loi sur les PCAP
45
Articla 71 de la loi sur les PCAP
46
Article 167 de la loi sur les PCAP
47
Article 166 de la loi sur les PCAP
48
Article 168 de la loi sur les PCAP

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Paragraphe 2 : Les plans de redressement de l’entreprise


Après le concordat de redressement, la mis en œuvre des plans de redressement est la seconde
option de redresser une entreprise en état de cessation des paiements. Les plans de redressement sont
une forme de redressement judiciaire d’une entreprise en difficulté permettant soit de céder toute ou
une partie des biens de l’entreprise susceptibles d’une exploitation autonome soit de poursuivre
l’activité de l’entreprise.
A- Les causes de l’adoption des plans de redressement de l’entreprise
Les plans de redressement sont ouverts lorsque le concordat de redressement est un échec ou
lorsque la situation du débiteur est non irrémédiablement compromise.
1- En cas d’échec du concordat de redressement
Le concordat de redressement est un échec lorsqu’il n’a pas pu résoudre la difficulté de
l’entreprise ou lorsqu’il a fait l’objet d’annulation et de résolution pour des diverses raisons, par la
décision du tribunal.
2- En cas de situation non irrémédiablement compromise
Une situation est non irrémédiablement compromise lorsqu’il est encore possible de redresser
l’entreprise, lorsque le débiteur dispose encore une chance de se redresser ou lorsque sa situation est
remédiable.
B- La réalisation des plans de redressement de l’entreprise
Les plans de redressement de l’entreprise s’effectuent ou se réalisent par deux procédés,
notamment par le plan de cession et par le plan de continuation.
1- Le plan de cession
Le plan de cession consiste la vente de toute ou une partie des biens de l’entreprise qui sont
susceptibles d’une exploitation indépendante permettant d'assurer le maintien d'une activité
économique et des emplois qui y sont attachés et d'apurer la passif.49
a- Le fonctionnement du plan de cession
Le fonctionnement du plan de cession vise à connaitre les conditions de sa mise en œuvre,
l’objet du plan de cession ainsi que la portée de la décision du tribunal.
• Les conditions de mise en œuvre du plan de cession
Pour que le plan de cession puisse être mis en œuvre, il doit remplir quelques conditions
requises.
- Les Conditions de forme
La condition de forme est l’information (rapport) que le syndic doit présenter ou notifier au
débiteur, au représentant des salariés, aux contrôleurs, au juge commissaire et au tribunal de commerce
par le sérieux de l’offre.
- Les conditions de l’offre d’acquisition
Les conditions tenant à l’offre d’acquisition sont :
- L’acquérant doit être une tierce personne
- La tierce personne doit accompagner ses offres avec un versement de provision de la
somme de dix millions (10.000.000) ariary. Cette provision est versée, dans le compte spécial de la
procédure collective, par le syndic.
- L’offre peut s’opérer dès l’ouverture de la procédure et jusqu’à la tenue de l’assemblée
concordataire.

49
Article 144 alinéa 1er de la loi sur les PCAP

28
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- Les Conditions sur les biens


Les conditions sur les biens sont les suivantes :
- Les biens à céder doivent porter sur l’ensemble de l’entreprise
- Ou sur les activités susceptibles d’une exploitation indépendante
- Il faut que l’entreprise détienne une activité économique pour être cédée.
- Il faut également que les biens objets de cession soient affectés à l’activité de
l’entreprise.
• L’objet du plan de cession
La cession de l’entreprise peut être partielle ou totale. En principe elle doit être totale, dans ce
cas, elle prévoit l’ensemble des actifs affectés à une activité de production. Le plan de cession peut
porter uniquement sur les actifs. Il est interdit de céder les droits sociaux des associés. Le plan de
cession porte également sur l’existence d’exploitations autonomes permettant de poursuivre leur
activité.
• La décision du tribunal
Lorsque le concordat est rejeté et que le tiers offre son acquisition sérieuse, le tribunal de
commerce renvoie l’affaire à une prochaine audience. A l’arrivée de la date de renvoie, le président du
tribunal arrête le plan de cession par un rapport établi par un syndic. 50
b- Les effets du plan de cession
Le plan de cession produit des effets aussi bien à l’égard du cessionnaire qu’à l’égard des
tierces personnes.
• A l’égard du cessionnaire
- Le cessionnaire ne peut pas aliéner les biens acquis tant qu’il n’a pas encore payé la
totalité du prix.
- Il ne peut pas donner en location gérance les biens
- Il rend compte au commissaire l’application des dispositions prévues le plan de
cession ; s’il n’exécute pas ses engagements, le tribunal peut, soit d’office soit à la demande de
commissaire, prononcer la résolution du plan.
- Le tribunal peut assortir la clause d’inaliénabilité pour une durée qu’il fixe, de tout ou
partie des biens cédés.
- La nomination d’un administrateur ad hoc en cas de non paiement du prix de cession.
• A l’égard des tierces personnes
Le plan de cession a un effet erga omnes à l’égard des tierces personnes, c’est-à-dire que le
jugement arrêtant les dispositions du plan de cession est opposable à tous.
• Effet tenant à la relation entre le débiteur et les créanciers
A l’égard du rapport entre le débiteur et les créanciers :
- Les biens qui ne font pas partie du plan de cession sont vendus
- Les créanciers sont remboursés par le prix de cession
- Les créanciers sont payés suivant leur rang et leur privilège
- L’exigibilité des dettes non échues
Le jugement de clôture ne fait pas recouvrer aux créanciers l’exercice individuelle de leur
action contre le débiteur.

50
Article 149 et 150 de la loi sur les PCAP

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2- Le plan de continuation
Le plan de continuation est un plan de redressement des entreprises en difficulté qui consiste à
l’entreprise de poursuivre son activité à l’aide de restructuration opérée sous le contrôle de tribunal de
commerce. Cette activité ne doit pas être identique à celle qui est auparavant. La loi malgache sur les
procédures collectives d’apurement du passif ne prévoit et ne donne une précision sur le plan de
continuation, pourtant elle est prévue par l’article 1er alinéa 2 de la loi française n°85-98 du 25 Janvier
1985 sur les procédures collectives d’apurement du passif. C’est une proposition qui provient du
débiteur. Voici donc, le régime juridique du plan de continuation.
a- Les conditions de mise en œuvre du plan de continuation
Pour que le plan de continuation puisse être opéré, il faut qu’il remplisse les contions
suivantes :
- Il faut que la proposition du plan de continuation émane du débiteur
- Il ne doit pas une solution de secours
- Seul le tribunal de commerce qui peut décider (arrêter) sur l’adoption du plan de
continuation.
- Le plan de continuation doit respecter la sauvegarde de l’entreprise
b- Le fonctionnement du plan de continuation
Le plan de continuation peut être total ou partiel vis-à-vis des activités de l’entreprise. Il peut
également être assorti d’une cession partielle ou totale d’actifs. Le débiteur est replacé à la tête de la
gestion de ses affaires.
• La réalisation générale du plan de continuation
D’une manière générale, les règles juridiques du plan de continuation s’opèrent comme suit :
- Une consultation préalable des créanciers pour la proposition du débiteur sur le plan
de continuation avant son adoption.
- Les concours bancaires au profit de l’entreprise doivent être maintenus
- Tous les contrats en cours continuent de subsister durant pendant la réalisation du plan
de continuation.
- Les biens qui sont indispensables pour la poursuite de l’activité de l’entreprise sont
inaliénables.
- A l’absence de licenciement économique, tous les contrats de travail en cours doivent
être maintenus
• La réalisation particulière du plan de continuation
Les règles particulières de la réalisation du plan de continuation sont notamment :
- La modification des statuts de la société qui peut être adaptée au contenu du plan de
continuation
- La nécessité d’augmentation du capital social
- L’Incessibilité des droits sociaux (part sociale et des actions)
- La cession forcée des droits sociaux peut être mise au point si l’incessibilité de ces
droits est infructueuse.
Toutes ces opérations sont à l’initiative du syndic ou de l’administrateur. Ceux-ci doivent
faire une demande au tribunal de commerce pour leur adoption.
c- Les effets du plan de continuation
Les effets du plan de continuation varient par rapport à son aboutissement et/ou à son échec.

30
Cours du Droit des entreprises en difficulté/Université de Tuléar/Domaine des sciences de la Société/Mention Gestion/M1/2024

• En cas de l’aboutissement du plan de continuation


Dans le plan de continuation, les créanciers doivent être soumis à un accord avec le débiteur.
Ils sont obligés à négocier avec le débiteur.
- Les remises des dettes : elles consistent leur allègement, cette remise dépend des
créanciers, elles peuvent les accorder ou pas.
- Le rééchelonnement des dettes : pour ce faire, le tribunal fixe un nouveau délai de
paiement dont la durée peut être supérieure à la durée du plan. Néanmoins, les petites créances
doivent être exécutées totalement, sans délai et immédiat.
• En cas d’échec du plan de continuation
En effet, le plan de continuation est un échec lorsque le débiteur n’honore pas ses
engagements ou lorsque le plan n’est respecté. Dans ce cas, cet échec entraine :
- Le paiement des dettes des créanciers aux échéances
- La saisie des biens de l’entreprise par les créanciers pour qu’ils se fassent payer faute
des paiements des dettes de la part du débiteur.
- La liquidation de l’entreprise
C- Les effets des plans de redressement de l’entreprise
Une fois arrêtés par le tribunal de commerce et opérés, les plans de redressement produisent
une multitude d’effets. Ces effets peuvent être négatifs et peuvent être positifs selon l’aboutissement
ou l’échec des plans.
1- En cas d’efficacité des plans de redressement
Lors les plans de redressement aboutissent, cela entraine les opérations suivantes :
- Les biens qui ne font pas partie du plan de cession sont vendus
- Les créanciers sont remboursés par le prix de cession
- Les créanciers sont payés suivant leur rang et leur privilège
- Les remises des dettes : elles consistent leur allègement, cette remise dépend des
créanciers, elles peuvent les accorder ou pas.
- Le rééchelonnement des dettes : pour ce faire, le tribunal fixe un nouveau délai de
paiement dont la durée peut être supérieure à la durée du plan. Néanmoins, les petites créances
doivent être exécutées totalement, sans délai et immédiat.
2- En cas d’échec des plans de redressement
L’échec des plans de dressement entraine :
- L’exigibilité des dettes non échues
- Le paiement des dettes des créanciers aux échéances
- La saisie des biens de l’entreprise par les créanciers pour qu’ils se fassent payer faute
des paiements des dettes de la part du débiteur.
- La conversion des plans de redressement en liquidation de l’entreprise par le tribunal.
Section 3 : La liquidation des biens : l’apurement du passif
La liquidation des biens est une procédure qui a pour objet la réalisation de l'actif du débiteur
pour apurer son passif.51
Paragraphe 1 : Les causes de l’ouverture de la liquidation des biens
La liquidation des biens s’ouvrent en cas d’échec du redressement judiciaire, en cas de non
proposition du concordat de redressement sérieux de la part du débiteur, en cas de situation
irrémédiablement compromise du débiteur et tenant à la situation de l’entreprise.

51
Article 2 al 3 de la loi sur les PCAP

31
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A- En cas d’échec du redressement judiciaire


Le redressement judiciaire est une procédure destinée à la sauvegarde de l'entreprise et à
l'apurement de son passif au moyen d'un concordat de redressement ou d'un plan de cession. Le
redressement judiciaire fait défaut lorsqu’il n’a pas pu sauvegarder l’entreprise et apurer son passif ou
lorsqu’il a été annulé et résolu pour diverses raisons.
B- En cas de non proposition du concordat de redressement sérieux
Le tribunal de commerce prononce le redressement judiciaire s'il lui apparaît que le débiteur a
proposé un concordat sérieux. Dans le cas contraire, il prononce la liquidation des biens. Par ailleurs,
A toute époque de la procédure de redressement judiciaire, le tribunal de commerce peut convertir
celle- ci en liquidation des biens s'il se révèle que le débiteur n'est pas ou n'est pas ou n'est plus dans la
possibilité de proposer un concordat sérieux.52
C- En cas de situation irrémédiablement compromise du débiteur
La situation du débiteur est irrémédiablement compromise lorsqu’il lui est impossible de se
redresser, lorsqu’il est dans l’impasse de sauvegarder son entreprise ou lorsqu’il ne dispose d’aucune
chance de se redresser quelque soit les moyens. En cas de survenance de cette situation, le tribunal
prononce d’office la liquidation des biens.
D- Tenant à la situation de l’entreprise
La situation dans laquelle l’entreprise se trouve peut amener le tribunal de commerce à
prononcer la liquidation de ses biens. Il prononce la liquidation des biens :
- En cas de cessation des paiements
- En cas de nullité de la société
- En cas de la dissolution de la société
- En cas de cessation d’activité
- En cas de radiation de la société au RCS
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la liquidation des biens
La liquidation des biens est mise en œuvre par la saisine du tribunal de commerce, par le
jugement d’ouverture de liquidation des biens, par la désignation du juge commissaire après cette
décision d’ouverture, par la réalisation de l’actif du débiteur, par le procès verbal du syndic et par le
jugement de clôture de la liquidation des biens.
A- La saisine du tribunal de commerce
Tout comme dans la saisine du tribunal de commerce en matière de redressement judiciaire,
Le tribunal de commerce peut être saisi par la déclaration du débiteur, par l’assignation des créanciers,
par la saisine d’office et par la radiation du débiteur.
B- Le jugement d’ouverture
Une fois le tribunal de commerce est saisi, il examine la situation du débiteur et tout motif de
saisine et prononce l’ouverture de la procédure de la liquidation des biens. L'ouverture d'une procédure
collective de redressement judiciaire ou de liquidation des biens ne peut résulter que d'un jugement du
tribunal de commerce.
C- La désignation du juge commissaire et du syndic
La décision d'ouverture nomme un juge commissaire parmi les assesseurs et, à défaut, parmi
les magistrats d siège de la juridiction de première instance, à l'exclusion du président du tribunal de
commerce. Elle désigne le ou les syndics sans que le nombre de ceux- ci puisse excéder trois.

52
Article 19 et 20 alinéa 1ér de la loi sur les PCAP

32
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D- La réalisation de l’actif du débiteur


La réalisation de l’actif du débiteur se fait par la saisie de tous les biens de l’entreprise pour
pouvoir les vendre après. L’objet de la réalisation de l’actif du débiteur est la distribution des prix des
immeubles et des meubles qui ont été vendus pour le paiement des créanciers.
1- La distribution des prix des immeubles vendus
Les deniers provenant de la réalisation des immeubles sont distribués comme suit:
- Aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation du
bien vendu et à la distribution elle-même du prix;
- Aux créanciers de salaires super privilégiés en proportion de la valeur de
l'immeuble par rapport à l'ensemble de l'actif;
- Aux créanciers hypothécaires inscrits dans le délai légal, chacun selon le rang
de son inscription au livre foncier;
- Aux créanciers contre la masse tels que définis par l'article 120 ;
- Aux créanciers munis a un privilège général selon l'ordre établi par la Loi
portant organisation des sûretés;
- Aux créanciers chirographaires.
2- La distribution des prix des meubles vendus
Les deniers provenant de la réalisation des meubles sont distribués ainsi :
- Aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir la réalisation du
bien vendu et à la distribution elle-même du prix;
- Aux créanciers de frais engagés pour la conservation du bien du débiteur dans
l'intérêt du créancier dont les titres sont antérieurs en date;
- Aux créanciers de salaires super privilégiés en proportion de la valeur du
meuble par rapport à l'ensemble de l'actif;
- Aux créanciers garantis par un gage selon la date de constitution du gage;
- Aux créanciers garantis par un nantissement ou par un privilège soumis à
publicité, chacun suivant le rang de son inscription au registre du commerce et des sociétés;
- Aux créanciers munis d'un privilège mobilier spécial, chacun sur le meuble
supportant le privilège;
- Aux créanciers contre la masse tels que définis par l'article 120 ;
- Aux créanciers munis d'un privilège général selon l'ordre établi par la Loi
portant organisation des sûretés;
- Aux créanciers chirographaires.
E- Le procès verbal du syndic
Lorsque les opérations de liquidation des biens sont terminées, le syndic, le débiteur présent
ou dûment appelé par le greffier par lettre recommandée ou par tout moyen laissant trace écrite, rend
ses comptes au juge commissaire qui, par procès-verbal, constate la fin des opérations de liquidation.
F- Le jugement de clôture
Le procès-verbal est communiqué au tribunal de commerce qui prononce la clôture de
la liquidation des biens et tranche, par la même occasion, les contestations des comptes du
syndic par le débiteur ou les créanciers.
Le jugement de clôture constate :

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- La dissolution de l'union;
- L'admission définitive des créanciers dont les créances ont été vérifiées et admises;
- Le montant de la créance admise et celui du reliquat dû.
Le jugement est revêtu de la formule exécutoire par le greffier. I1 n'est susceptible d'aucune
voie de recours.
Paragraphe 3 : Les effets de la liquidation des biens
La liquidation des biens de l’entreprise peut produire des effets à l’égard du débiteur, à l’égard
des créanciers, à l’égard des salariés, à l’égard du contrat de bail, contrat de crédit-bail, et à l’égard du
contrat de vente, à l’égard des tiers et à l’égard du dirigeant de l’entreprise.
A- A l’égard du débiteur
La décision qui prononce la liquidation des biens entraine vis-à-vis du débiteur :
- Le dessaisissement du débiteur selon l’article 44 al 2 de la loi sur les
PCAP
La décision qui prononce la liquidation des biens emporte, de plein droit, à partir de sa date, et
jusqu'à la clôture de la procédure, dessaisissement pour le débiteur de l'administration et de la
disposition de ses biens présents et de ceux qu'il peut acquérir à quelque titre que ce soit.
- Inopposabilité des actes du débiteur pendant la période suspect.
Sont inopposables de droit ou peuvent être déclarés inopposables à la masse des créanciers les
actes passés par le débiteur pendant la période suspecte débutant à la date de cessation des paiements
et finissant à la date de la décision d'ouverture53
- La déchéance du terme selon l’article 75 de la loi sur les PCAP
La décision d'ouverture ne rend exigibles les dettes non échues qu'en cas de liquidation des
biens et à l'égard du débiteur seulement.
Lorsque ces dettes sont exprimées en monnaies étrangères, elles sont converties en monnaie
du lieu où la décision de liquidation des biens a été prononcée, selon le cours du change à la date de
cette décision.
- Le sort des cautions et des coobligés
Le rôle de caution est de garantir l’insolvabilité du débiteur principal. Le recours subrogatoire
est le fait pour un coobligé de réclamer à l’autre coobligé sa part de dette.
Lorsque les coobligés sont frappés d’une procédure collective d’apurement du passif : les
coobligés ne doivent pas intenter une action entre eux si le créancier a été payé par l’un ou plusieurs
coobligés.
Lorsque les coobligés ne sont pas atteints d’une procédure collective d’apurement du passif :
la caution exerce un recours subrogatoire contre le débiteur principal en cas de paiement partiel. Les
créanciers conservent leurs actions individuelles pour la totalité de leur créance contre le coobligé de
leur débiteur.
- Le conjoint du débiteur
La consistance des biens personnels du conjoint du débiteur déclaré en état de redressement
judiciaire ou de liquidation des biens est établie par lui, conformément aux règles de son régime
matrimonial.
La masse pourra, en prouvant par tous moyens que les biens acquis par le conjoint du débiteur
l'ont été avec des valeurs fournies par celui-ci, demander que les acquisitions ainsi faites soient réunies
à l'actif.54

53
Article 62 à 67 de la loi sur les PCAP

34
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- Les revendications
Peuvent être revendiqués, à condition qu'ils se retrouvent en nature, les marchandises
consignées et les objets mobiliers remis au débiteur, soit pour être vendus pour le compte du
propriétaire, soit à titre de dépôt, de prêt, de mandat ou de location ou de tout autre contrat à charge de
restitution.
Peuvent être revendiqués également, s'ils se trouvent encore dans le portefeuille du débiteur,
les effets de commerce ou autres titres non payés remis par leur propriétaire pour être spécialement
affectés à des paiements déterminés.55 Ces revendications sont exercées les propriétaires.
B- A l’égard des créanciers
A l’égard des créanciers, la décision d’ouverture de la liquidation des biens a pour effet :
- Les créanciers s’organisent en état d’union et en masse
Selon l’article 173 al 1ER de la loi sur les PCAP, dès que la liquidation des biens est
prononcée, les créanciers sont constitués en état d'union.
Suivant l’article 68 de la même loi, La décision d'ouverture constitue les créanciers en une
masse représentée par le syndic. Seul le syndic est habilité à agir au nom de la masse.
La masse est constituée par tous les créanciers dont la créance est antérieure à la décision
d'ouverture, même si l'exigibilité de cette créance était fixée à une date postérieure à cette décision, à
condition que cette créance ne soit pas inopposable en vertu des articles 63 et 64.
- Les biens du débiteur sont engagés
Les biens du débiteur vont être vendus pour tout paiement de créance des créanciers selon la
disposition de l’article 58 de la théorie générale des obligations (LTGO).
- La suspension de toute action individuelle
La décision d'ouverture suspend ou interdit toute action en justice individuelle de la part de
tous les créanciers dont la créance a son origine antérieurement audit jugement et tendant:
1. à la condamnation du débiteur au paiement d'une somme d'argent;
2. à la résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent.
Elle arrête ou interdit également toute voie d'exécution de la part de ces créanciers tant sur les
meubles que sur les immeubles.
C- A l’égard des salariés
Les créances résultant du contrat de travail ou du contrat d'apprentissage sont garanties, en cas
de redressement judiciaire ou de liquidation des biens par le privilège des salaires établi pour les
causes et le montant définis par la législation du Travail et les dispositions relatives aux sûretés.
Au plus tard, dans les dix jours qui suivent la décision d'ouverture et sur simple
décision du juge commissaire, le syndic paie toutes les créances super privilégiées des travailleurs
sous déduction des acomptes déjà perçus.56
D- A l’égard du bailleur, crédit bailleur, crédit preneur et vendeur de
meubles
La décision d’ouverture de la liquidation des biens peuvent également avoir un effet sur le
bailleur, le crédit-bailleur, crédit preneur, vendeur de meubles.
- A l’égard du bailleur : L’ouverture de la procédure collective n’entraine pas,
de plein droit, la résiliation du bail des immeubles affectés à l’activité professionnelle du

54
Article 102 de la loi sur les PCAP
55
Article 104 et suivant de la loi sur les PCAP
56
Article 97 et 98 de la loi sur les PCAP

35
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débiteur, y compris les locaux qui, dépendant de ces immeubles, servent à l’habitation du
débiteur ou de sa famille. Le syndic, en cas de liquidation des biens ou en cas de redressement
judiciaire, peut continuer ou résilier le bail.
- A l’égard du crédit bailleur : l’ouverture d’une procédure collective
d’apurement du passif du crédit-bailleur ne constitue pas une cause résiliation du contrat
crédit-bail.
- A l’égard du crédit preneur : En cas de redressement judiciaire ou de
règlement préventif, le contrat de crédit-bail subsiste toujours. Pas d’effet, il n’entraine pas la
résiliation du contrat.
En cas de liquidation des biens, cela entraine la résiliation d’office du contrat du
crédit-bail.
- A l’égard du vendeur : droit de rétention : peuvent être retenus par le
vendeur les marchandises et objets mobiliers qui ne sont pas délivrés ou expédiés au débiteur
ou à un tiers agissant pour son compte. Cette exception est recevable même si le prix est
stipulé payable à crédit et le transfert de propriété opéré avant la délivrance ou l'expédition.
E- A l’égard des tiers
Les tiers, créanciers ou non, qui, par leurs agissements fautifs, ont contribué à retarder la
cessation des paiements ou à diminuer l'actif ou à aggraver le passif du débiteur peuvent être
condamnés à réparer le préjudice subi par la masse sur action du syndic.
Le tribunal de commerce choisit, pour la réparation du préjudice, la solution la plus
appropriée:
- Soit le paiement de dommages-intérêts,
- Soit la déchéance de leurs sûretés pour les créanciers titulaires de telles
garanties.
F- A l’égard des dirigeants de l’entreprise
Les procédures collectives d’apurement du passif produisent un effet considérable à l’égard
des dirigeants qui n’a pas bien fait sa gestion et qui est en faillite personnelle. Néanmoins, en général,
ces procédures ne produisent d’effets que vis-à-vis de l’entreprise en cessation des paiements.
1- Extension des procédures collectives aux dirigeants des personnes
morales.
Les procédures collectives d’apurement du passif peuvent s’étendre aux dirigeants des
personnes morales, cette extension est déclarée personnellement aux dirigeants dans la mesure où ils
ont mal géré leur société ou la cessation des paiements est causé par leur faute.
a- Les facteurs de l’extension57
En cas de redressement judiciaire ou de liquidation des biens d'une personne morale, peut être
déclaré personnellement en redressement judiciaire ou en liquidation des biens, tout dirigeant qui a,
sans être en cessation des paiements lui-même :
1. exercé une activité commerciale personnelle, soit par personne interposée, soit sous le
couvert de la personne morale masquant ses agissements;
2. ou disposé du crédit ou des biens de la personne morale comme des siens propres;
3. ou poursuivi abusivement, dans son intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne
pouvait conduire qu'à la cessation des paiements de la personne morale.
Le tribunal de commerce peut également prononcer le redressement judiciaire ou la liquidation
des biens des dirigeants à la charge desquels a été mis tout ou partie du passif d'une personne morale et
qui n'acquittent pas cette dette.

57
Article 220 de la loi sur les PCAP

36
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b- Le tribunal compétent58
Le tribunal de commerce compétent est celui qui a prononcé le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens de la personne morale.
b- Les effets de l’extension59
Les créanciers admis dans la procédure collective ouverte contre la personne morale sont
admis, de plein droit, dans le redressement judiciaire ou la liquidation des biens du dirigeant. Le passif
comprend, outre le passif personnel du dirigeant, celui de la personne morale.
La date de la cessation des paiements du dirigeant ne peut être postérieure à celle fixée par la
décision prononçant le redressement judiciaire ou la liquidation des biens de la personne morale.
Les dispositions de l'article 219 sont applicables à la décision prononçant l'extension des
procédures collectives aux dirigeants des personnes morales.
2- La faillite
La faillite est la sanction qui frappait les commerçants et les dirigeants d’entreprise en état de
cessation des paiements. La faillite est donc une procédure, elle est prévue par l’ordonnance de 1962,
mais la nouvelle loi, la loi de 2024 l’a changé en liquidation des biens. Ce terme est utilisé dans la loi
de 2004 comme une sanction des dirigeants qui sont les causes de leur cessation des paiements. En
effet, à travers cette étude sur faillite, les points qui vont être mis en œuvre sont : les différents types
de faillite, la procédure de faillite et les effets de la faillite.
a- Les types de faillite personnelle
La faillite personnelle peut se diviser en faillite personnelle de plein droit et faillite personnelle
judiciaire.
- La faillite personnelle de plein droit
Cette faillite est prévue par la loi sur les PCAP dans son article 227, en ce sens, à toute époque
de la procédure, le tribunal de commerce prononce la faillite personnelle des personnes qui ont:
1. soustrait la comptabilité de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif ou
reconnu frauduleusement des dettes qui n'existaient pas;
2. exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel, soit par personne interposée,
soit sous couvert d'une personne morale masquant leurs agissements;
3. usé du crédit ou des biens d'une personne morale comme des leurs propres;
4. par leur dol, obtenu pour eux-mêmes ou pour leur entreprise, un concordat annulé par la
suite;
5. commis des actes de mauvaise foi ou des imprudences inexcusables ou qui ont enfreint
gravement les règles et usages du commerce tels que définis par l'article 228.
Sont également déclarés en faillite personnelle, les dirigeants de droit ou de fait d'une
personne morale condamnés pour banqueroute simple ou frauduleuse.
- La faillite personnelle judiciaire
Cette faillite est prévue par la loi sur les PCAP dans son article 229, selon lequel, le tribunal de
commerce peut prononcer la faillite personnelle des dirigeants qui:
- Ont commis des fautes graves autres que celles visées à l'article 228 ;
- Ou n'ont pas déclaré, dans les trente jours, la cessation des paiements de la personne morale;
- Ou n'ont pas acquitté la partie du passif social mise à leur charge.

58
Article 221 de la loi sur les PCAP
59
Article 222 à 224 de la loi sur les PCAP

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b- La procédure de faillite personnelle


La procédure de faillite personnelle se manifeste comme suit :
- Le rapport du syndic
Lorsqu'il a connaissance des faits susceptibles de justifier la faillite personnelle, le syndic en
informe immédiatement le représentant du Ministère Public et le juge commissaire à qui il fait rapport
dans les trois jours.
Le juge commissaire adresse ce rapport au président du tribunal de commerce. A défaut d'un
tel rapport du syndic, le juge commissaire peut faire lui-même rapport au président du tribunal de
commerce.
- La comparution
Dès qu'il est saisi du rapport du syndic ou du juge commissaire, le président du tribunal de
commerce fait aussitôt citer à comparaître à jour fixe, huit jours au moins à l'avance, par acte
extrajudiciaire, le débiteur ou les dirigeants de la personne morale pour être entendus par le tribunal de
commerce.
Le débiteur ou les dirigeants de la personne morale mis en cause doivent comparaître en
personne; en cas d'empêchement dûment justifié, ils peuvent se faire représenter par une personne
habilitée à assister ou à représenter les parties devant la juridiction saisie.
- L’audience
Le tribunal siège en audience non publique en présence du syndic ou lui dûment appelé par le
greffier, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace
écrite.
- L’inscription et la publication de la décision de faillite
En ce qui concerne les dirigeants des personnes morales non commerçantes, ces décisions sont
mentionnées sur le registre ainsi qu'en marge de l'inscription relatant le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens.
Ces décisions sont, en outre, à la diligence du greffier, publiées par extraits dans un journal
habilité à recevoir des annonces légales dans le ressort de la juridiction ayant statué, dans les
conditions prévues à l'article 24.
c- Les effets de faillite personnelle
La faillite personnelle entraine l’interdiction au dirigeant d’accomplir certains actes et sa
condamnation à combler le passif.
- L’interdiction
La décision qui prononce la faillite personnelle emporte de plein droit :
1. l'interdiction générale de faire le commerce et notamment de diriger, gérer, administrer ou
contrôler une entreprise commerciale à forme individuelle ou toute personne morale ayant une activité
économique;
2. l'interdiction d'exercer une fonction publique élective;
3. l'interdiction d'exercer aucune fonction, administrative, judiciaire ou de représentation
professionnelle.
La durée de la faillite personnelle est de trois ans, sauf au tribunal à fixer une durée supérieure
qui ne peut excéder dix ans.
- La condamnation à combler le passif
Le dirigeant, faute de sa mauvaise gestion, sera condamné à combler le passif qui est les dettes
sociales. En effet selon l’article 217 de la même loi, L'action en comblement du passif se prescrit par

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trois ans à compter de l'arrêté définitif de l'état des créances. Dans ce cas et pour ce faire, le dirigeant
est obligé à céder sa part ou son action dans la société.
Paragraphe 4 : La fin de la liquidation des biens
Souvent, la fin de la liquidation des biens de l’entreprise se réalise par la clôture de toutes ses
opérations. La liquidation des biens arrive à son terme après la vente par le syndic des actifs du
débiteur ainsi qu’après la distribution du prix par le syndic.
A- Les cas de la fin de la liquidation des biens
La liquidation des biens arrive à son terme selon les procédés ci-après :
- Après la vente par le syndic des actifs restants du débiteur
- Après la distribution du prix par le syndic
Dans ce cas, Le syndic rend compte toutes les opérations au juge commissaire par un procès
verbal constatant la fin des opérations de liquidation. Ce PV est communiqué au tribunal de commerce
qui prononce la fin des opérations.
Par ailleurs, une fois la clôture est prononcée, l’union des créanciers est dissoute d’office. Les
créanciers peuvent également recouvrer leur action individuelle60
B- Les différentes sortes de clôtures de liquidation des biens
Il existe deux sortes de clôtures de liquidation des biens qui sont prévues par la loi sur la
PCAP : la clôture de liquidation des biens par insuffisance d’actif et la clôture de liquidation des biens
par extinction du passif.
1- La clôture de liquidation des biens pour insuffisance d’actif61
En effet, si les prix se trouvent insuffisants pour amortir les dettes du débiteur, dans ce cas, le
tribunal de commerce peut prononcer la clôture de la liquidation des biens. Par ailleurs, le jugement de
clôture pour insuffisance d’actif fait recouvrer à chaque créancier l’exercice individuelle de ses
actions.
2- La clôture de liquidation des biens par extinction du passif62
En effet, lorsque les actifs réalisés sont suffisants pour payer le créancier ou lorsque tout passif est
réglé, le syndic rend compte toutes les opérations de liquidation des biens au juge commissaire par un
procès verbal. Par ce procès verbal, le président du tribunal statue sur la clôture de la liquidation des
biens.

60
Article 199 à 201 de la loi sur les PCAP
61
Article 202 à 207 de la loi sur les PCAP
62
Article 208 à 209 de la loi sur les PCAP

39
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Chapitre 4 : L’issue du traitement de la difficulté des entreprises


A la fin du traitement de la difficulté des entreprises, notamment la procédure de liquidation
des biens, il existe une possibilité pour le débiteur d’évaluer sa situation. S’il n’est pas satisfait de la
décision (jugement) d’ouverture des procédures collectives, il peut engager une voie de recours. Ou
bien, il peut être relevé par la réhabilitation. Une poursuite pénale peut être également engagée au
débiteur, au créancier fautif et aux mandataires judiciaires coupables d’une infraction pénale.
Section 1 : La réhabilitation
Après la liquidation des biens, la faillite personnelle ou la sanction imposée au débiteur, il
existe toujours une chance contre la situation du débiteur, d’où la réhabilitation. Selon le lexique des
termes juridiques, 10ème édition Dalloz, dans la page 472 : « la réhabilitation est une institution
permettant de relever un débiteur, qui a été déclaré en état de cessation des paiements, des déchéances
découlant d’une faillite personnelle ou de l’interdiction de diriger, gérer, administrer une entreprise
commerciale. » La réhabilitation a pour but de relever un débiteur.
Paragraphe 1 : Les différents types de réhabilitation
La réhabilitation peut être la réhabilitation de droit ou réhabilitation judiciaire ou facultative.
Ces types de réhabilitation seront étudiés ci-joints :
A- La réhabilitation de droit
La décision de clôture pour extinction du passif entraîne la réhabilitation du débiteur si le
passif est éteint dans les conditions prévues par l'article 208.
Pour être réhabilité de plein droit, l'associé solidairement responsable des dettes d'une
personne morale déclarée en cessation des paiements doit justifier qu'il a acquitté, dans les mêmes
conditions, toutes les dettes de la personne morale, alors même qu'un concordat particulier lui aurait
été consenti.63
B- La réhabilitation judiciaire ou facultative
Peut être réhabilitée si sa probité est reconnue toute personne qui :
- a obtenu des créanciers un concordat particulier et qui a intégralement payé les
dividendes promis
- a justifie de la remise entière de sa dette par ses créanciers ou de leur
consentement unanime à sa réhabilitation.
Peuvent également être réhabilités les dirigeants de personnes morales contre qui :
- a été prononcé le redressement judiciaire ou la liquidation des biens et se
trouve personnellement dans le cas prévu à l'article 236, alinéa 1
- a été prononcée seulement la faillite personnelle si la personne morale à
l'égard de qui a été prononcée le redressement judiciaire ou la liquidation des biens se trouve
dans le cas prévu à l'article 236, alinéa 1.64
Paragraphe 2 : La procédure de réhabilitation
La procédure de la réhabilitation se déroule comme suivant :
A- La demande en réhabilitation
Toute demande en réhabilitation est adressée, avec les quittances et les pièces qui la justifient
au représentant du Ministère Public près du tribunal qui a prononcé la faillite personnelle. Elle est faite
par une requête et par le débiteur.

63
Article 236 de la loi sur les PCAP
64
Article 237 de la loi sur les PCPA

40
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B- La communication du dossier
Ce magistrat communique immédiatement toutes les pièces au président du tribunal de
commerce qui a statué et au représentant du Ministère Public du domicile du requérant, en les
chargeant de recueillir tous les renseignements possibles et utiles sur la véracité des faits exposés. Le
syndic reçoit les mêmes pièces et la même mission de ce magistrat avec obligation de déposer un
rapport dans le mois de sa saisine.
C- L’avis aux créanciers
Avis de la demande est donné par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou
par tout moyen laissant trace écrite, par les soins du greffier du tribunal de commerce, à chacun des
créanciers admis ou reconnus, même par décision judiciaire postérieure.
D- L’audience
Après expiration des délais prévus aux articles 240 et 242. le résultat des enquêtes et rapports
prescrits ci-dessus et les oppositions formées par les créanciers sont communiqués au représentant du
Ministère Public saisi de la demande qui les transmet au tribunal de commerce avec ses réquisitions
écrites. Le tribunal de commerce appelle, s'il y a lieu, le demandeur et les opposants et les entend
contradictoirement en audience non publique.
E- Le jugement
Si la demande est rejetée, elle ne peut être renouvelée qu'après une année.
Si elle est admise, la décision est transcrite sur le registre du tribunal de commerce qui a statué
et de celle du domicile du demandeur.
La décision est, en outre, adressée au représentant du Ministère Public qui a reçu la demande
et, par les soins de ce dernier, au représentant du Ministère Public du lieu de naissance du demandeur
qui en fait mention au casier judiciaire, en regard de la déclaration du redressement judiciaire ou de la
liquidation des biens
Paragraphe 3 : Les effets de la réhabilitation65
Le débiteur réhabilité est rétabli dans tous les droits dont il avait été privé par la décision
prononçant sa faillite personnelle.
Section 2 : Les voies de recours
Les voies de recours sont les moyens juridictionnels conduisant à un nouvel examen du procès
en vue d’obtenir la réformation, la rétractation ou la cassation d’une décision de justice. La procédure
civile malagasy prévoit deux types de voie de recours à savoir, les voies de recours ordinaires et les
voies de recours extraordinaire. La loi de 2004 sur les procédures collectives d’apurement du passif
prévoit les voies de recours ordinaire qui sont l’opposition et l’appel mais elles ne sont pas explicites.
Ne sont susceptibles ni d'opposition ni d'appel :
- Les décisions relatives à la nomination ou au remplacement du juge
commissaire, à la nomination ou à la révocation des syndics, à la nomination ou à la
révocation des contrôleurs ;
- Les décisions par lesquelles le tribunal de commerce statue sur le recours
formé contre les décisions rendues par le juge commissaire dans les limites de ses attributions,
à l'exception de celles statuant sur tes revendications et sur les décisions prévues aux articles
190 et 192 ;
- La décision rendue par le tribunal de commerce en application de l'article 114,
dernier alinéa;
- Les décisions autorisant la continuation de l'exploitation sauf dans le cas prévu
par l'article 117, alinéa 1.66

65
Article 247 de la loi sur les PCAP

41
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Paragraphe 1 : l’opposition
L'opposition, lorsqu'elle est recevable, est formée contre les jugements ou arrêts rendus en
matière de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, par déclaration au greffe, dans le délai
de quinze jours à compter de la signification de la décision..
Toutefois, pour les décisions soumises aux formalités d'affichage et d'insertion dans les
journaux d'annonces légales, ce délai ne court que du jour où la formalité requise en dernier lieu a été
effectuée.
Il est statué sur l'opposition dans le mois.
L'opposition, lorsqu'elle est recevable, est formée contre les décisions rendues en matière de
faillite personnelle, par déclaration au greffe dans un délai de quinze jours à compter de la
signification de la décision.
Le débiteur ou les dirigeants des personnes morales sont cités à comparaître dans les formes,
délais et conditions prévues par les articles 231 et 232. Il est statué sur l'opposition dans le mois.67
Paragraphe 2 : l’appel
L'appel, lorsqu'il est recevable pour une décision rendue en matière de redressement judiciaire
ou de liquidation des biens ou de faillite personnelle est formé dans le délai de quinze jours à compter
de la signification de la décision. L'appel est jugé, sur pièces, par la juridiction d'appel, dans le mois.
La décision d'appel est exécutoire avant enregistrement.68
Section 3 : La poursuite pénale
La poursuite pénale est une action juridique intentée contre une personne ou pour déclencher
l’action publique et pour obtenir la réparation d’un dommage et la punition d’une infraction commise.
En matière pénale, cette infraction peut être une contravention, un délit ou un crime. En matière de
procédures collectives d’apurement du passif, les infractions pénales qui peuvent être poursuivies
sont : la banqueroute simple et frauduleuse, les délits assimilés à la banqueroute et les autres
infractions pénales possibles.
Paragraphe 1 : La banqueroute
La banqueroute est une infraction qui est appliquée et peut être commise par les commerçants,
personnes physiques et par les associés des sociétés commerciales qui ont la qualité de commerçants.
La banqueroute peut être simple et frauduleuse.
A- La banqueroute simple
La banqueroute que soit simple ou délits assimilés à la cette banqueroute simple est toujours
punie de même peine, ils sont incriminés comme les dispositions suivantes
1- L’incrimination
La banqueroute simple :
Est coupable de banqueroute simple toute personne physique en état de cessation des
paiements qui se trouve dans un des cas suivants :
- Si elle a contracté, pour le compte d'autrui, sans recevoir des valeurs en
échange, des engagements jugés trop importants eu égard à sa situation lorsqu'elle les a
contractés
- Si, dans l'intention de retarder la constatation de la cessation de ses
paiements, elle a fait des achats en vue d'une revente au-dessous du cours ou si, dans la même
intention, elle a employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds

66
Article 248 de la loi sur les PCAP
67
Article 251 et 252 de la loi sur les PCAP
68
Article 253 de la loi sur les PCPA

42
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- Si, sans excuse légitime, elle ne fait pas au greffe du tribunal de commerce la
déclaration de son état de cessation des paiements dans le délai de trente jours
- Si sa comptabilité est incomplète ou irrégulièrement tenue ou si elle n'a tenu
aucune comptabilité conforme aux règles comptables et aux usages reconnus de la profession
eu égard à l'importance de l'entreprise
- Si, ayant été déclarée deux fois en état de cessation des paiements dans un
délai de cinq ans, ces procédures ont été clôturées pour insuffisance d'actif
- Si elle a payé un créancier au préjudice de la masse
- Si elle a exercé la profession commerciale contrairement à une interdiction
prévue par la loi.69
Les délits assimilés à la banqueroute simple :
Sont punis des peines de la banqueroute simple les dirigeants visés à l'article 264 qui
ont, en cette qualité et de mauvaise foi :
- consommé des sommes élevées appartenant à la personne morale en faisant
des opérations de pur hasard ou des opérations fictives
- dans l'intention de retarder la constatation de la cessation des paiements de la
personne morale, fait des achats en vue d'une revente au-dessous du cours ou, dans la même
intention, employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds
- après cessation des paiements de la personne morale, payé ou fait payer un
créancier au préjudice de la masse
- fait contracter par la personne morale, pour le compte d'autrui, sans qu'elle
reçoive de valeurs en échange, des engagements jugés trop importants eu égard à sa situation
lorsque ceux-ci ont été contractés
- tenu ou fait tenir ou laissé tenir irrégulièrement ou incomplètement la
comptabilité de la personne morale dans les conditions prévues à l'article 261-4°
- omis de faire au greffe du tribunal de commerce, dans le délai de trente jours,
la déclaration de l'état de cessation des paiements de la personne morale
- en vue de soustraire tout ou partie de leur patrimoine aux poursuites de la
personne morale en état de cessation des paiements ou à celles des associés ou des créanciers
de la personne morale, détourné ou dissimulé, tenté de détourner ou de dissimuler une partie
de leurs biens ou qui se sont frauduleusement reconnus débiteurs de sommes qu'ils ne devaient
pas
- exercé la profession de dirigeant contrairement à une interdiction prévue par la
loi.70
2- La sanction
Les banqueroutiers simples sont punis d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une
amende de 5.000.000 de fmg (1.000.000 Ariary) à 50.000.000 de fmg (10.000.000 Ariary) ou de l'une
de ces deux peines seulement.71
B- La banqueroute frauduleuse
La banqueroute que soit frauduleuse ou délits assimilés à la cette banqueroute frauduleuse est
toujours punie de même peine, ils sont incriminés comme les dispositions suivantes :

69
Article 261 de la loi sur les PCPA
70
Article 265 de la loi sur les PCAP
71
Article 259 al.1er de la loi sur les PCAP

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1- L’incrimination
La banqueroute frauduleuse :
Est coupable de banqueroute frauduleuse toute personne physique visée à l'article 260, en état
de cessation des paiements, qui :
- a soustrait sa comptabilité
- a détourné ou dissipé tout ou partie de son actif
- soit dans ses écritures, soit par des actes publics ou des engagements sous
seing privé, soit dans son bilan, s'est frauduleusement reconnue débitrice de sommes qu'elle ne
devait pas
- a stipulé avec un créancier des avantages particuliers à raison de son vote dans
les délibérations de la masse ou qui a fait avec un créancier un traité particulier duquel il
résulterait pour ce dernier un avantage à la charge de l'actif du débiteur à partir du jour de la
décision d'ouverture.
Les délits assimilés à la banqueroute frauduleuse :
Sont punis des peines de la banqueroute frauduleuse, les dirigeants visés à l'article 264
qui ont frauduleusement :
- soustrait les livres de la personne morale
- détourné ou dissimulé une partie de son actif
- reconnu la personne morale débitrice de sommes qu'elle ne devait pas, soit
dans les écritures, soit par des actes publics ou des engagements sous signature privée, soit
dans le bilan
- stipulé avec un créancier, au nom de la personne morale, des avantages
particuliers à raison de son vote dans les délibérations de la masse ou qui ont fait avec un
créancier un traité particulier duquel il résulterait pour ce dernier un avantage à la charge de
l'actif de la personne morale, à partir du jour de la décision d'ouverture de la cessation des
paiements.72
2- La sanction
Les banqueroutiers frauduleux sont punis d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d'une
amende de 10.000.000 de fmg (2.000.000 Ariary) à 100.000.000 de fmg (20.000.000 Ariary) ou de
l'une de ces deux peines seulement.73
Paragraphe 2 : les autres infractions pénales
Il existe plusieurs infractions pénales qui peuvent être commises en matière de procédures
collectives d’apurement du passif mais qui celles qui vont être abordé dans ce paragraphe sont celles
qui sont intentées contre le syndic et les créanciers. Ces infractions peuvent être l’escroquerie et l’abus
de confiance.
A- L’escroquerie
L’escroquerie est, en matière de procédures collectives d’apurement du passif, une infraction
pénale qui peut être commise et poursuivie contre les mandataires judiciaires, notamment le syndic.
1- L’incrimination de l’escroquerie
Est puni des peines prévues par l'article 405 alinéa 2 du Code Pénal, tout syndic d'une
procédure collective qui :

72
Article 267 de la loi sur les PCAP
73
Article 259 al.2 de la loi sur les PCAP

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- exerce une activité personnelle sous le couvert de l'entreprise du débiteur


masquant ses agissements
- dispose du crédit ou des biens du débiteur comme des siens propres
- dissipe les biens du débiteur
- poursuit abusivement et de mauvaise foi, dans son intérêt personnel, soit
directement, soit indirectement, une exploitation déficitaire de l'entreprise du débiteur
- en violation des dispositions de l'article 41, se rend acquéreur pour son
compte, directement ou indirectement, des biens du débiteur.74
2- La peine de l’escroquerie
Le coupable d’escroquerie sera puni d’un emprisonnement de six mois au moins et de cinq ans
au plus, et d’une amende de 720 000 Ariary au moins et de 10 800 000 Ariary au plus.75
B- L’abus de confiance
L’abus de confiance est, en matière de procédures collectives d’apurement du passif, est une
infraction pénale qui peut être commise par les créanciers du débiteur.
1- L’incrimination
Est puni des peines prévues par l'article 406 du Code Pénal, le créancier qui a :
- stipulé avec le débiteur ou avec toutes personnes, des avantages particuliers à
raison de son vote dans les délibérations de la masse
- fait un traité particulier duquel il résulterait en sa faveur un avantage à la
charge de l'actif du débiteur à partir du jour de la décision d'ouverture de la procédure
collective.76
2- La sanction
Le coupable d ‘abus de confiance sera puni d’un emprisonnement de six mois au moins et cinq
ans au plus, et pourra même l’être d’une amende qui sera de 720 000 Ariary au moins et 10 800 000
Ariary au plus.77

74
Article 272 de la loi sur les PCAP
75
Article 405 du code pénal
76
Article 272 de la loi sur les PCAP
77
Article 406 du code pénal

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BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX ET SPECIAUX :
- CORINNE SAINT-ALARY-HOUIN, MARIE-HELENE MONSERIE-BON,
CAROLINE HOUIN-BRESSAND, Droit des entreprises en difficulté, précis DOMAT Droit privé,
LGDJ lextenso, 13ème édition, 2022, paris la défense cedex, 1059 pages
- LAETITIA ANTONINI-COCHIN, LAURENCE CAROLINE HENRY, l’essentiel du
Droit des entreprises en difficulté, LES CARRES, Gualino Lextenso, 7ème édition, 2018, 157 pages
- FRANCOIS PEROCHON, Entreprises en difficulté, Etablissement Emile Bruylant,
11ème édition, 2022, LGDJ, Lextenso, Paris, 1287 pages
- YVES CHAPUT, Droit des entreprises en difficulté et faillite personnelle, PRESSE
UNIVERSITAIRES DE FRANCE, 1ère édition, 1996, 108 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, 565
pages
- PAUL LE CANNU, MICHEL JEANTIN, Précis du Droit privé, Droit commercial
« instrument de paiement et de crédit, Entreprises en difficulté », DALLOZ, 6ème édition
- LAETITIA ANTONINI-COCHIN, LAURENCE CAROLINE HENRY, Droit des
entreprises en difficulté, MEMENTOS LMD, Gualino Lextenso, 4ème édition, 2022, 255 pages
- YVES GUYON, Droit des affaires : tome 2, entreprises en difficulté, redressement
judiciaire, faillite, ECONOMICA, 9ème édition, le 15 septembre 2003, 492 pages
TEXTES
Textes nationaux :
- La constitution de la IVème république Malgache du 11 décembre 2010
- Le code pénal
- Le code de commerce
- Le code de procédure civile
- Loi n°66-036 du 2 juillet 1966 sur la théorie générale des obligations
- L’ordonnance n° 62-058 du 24 septembre 1962 portant promulgation du Code de
procédure civile
- La loi n° 99 - 018 du 2 août 1999 relative au statut du commerçant
- La loi n° 99 - 025 du 19 août 1999 relative à la transparence des entreprises
- La loi n°2003- 036 sur les sociétés commerciales
- La loi n° 2014-010 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 2003-
036 du 30 Janvier 2004 sur les sociétés commerciales
- La loi n°2003-042 du 03 septembre 2004 sur les procédures collectives d’apurement
du passif. (JO n°2939 du 8 Novembre 2004 page 4300)
- La loi n°2007-018 du 27 juillet 2007 modifiant et complétant certaines dispositions de
la loi n°2003-042 du 03 septembre 2004 sur les procédures collectives d’apurement du passif. (JO
n°3139 du 15 Octobre 2007 page 5834 à 5839)
Textes étrangers :
- Code civil français
- Code de commerce français.
- La loi française n°85-98 du 25 Janvier 1985 sur les procédures collectives
d’apurement du passif
Textes internationaux :
Acte uniforme de 2015, portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif,
adopté le 10 avril 1998 (JO OHADA n°7 du 1er Juillet 199) révisé le 10 septembre 2015.
WEBOGRAPHIES
- PIERRE TOUREV, « dictionnaire de politique » la toupie, France, 2006, mis à jour en
2021 https://ww.toupie.org/Dictionnaire.htm consulté en Février 2024

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TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION.................................................................................................................................. 1
Chapitre 1 : La notion préliminaire sur les Droits des entreprises en difficulté .................................. 2
Section 1 : Le Droit ........................................................................................................................ 2
Paragraphe 1 : La classification du droit..................................................................................... 2
A- Le droit privé et le droit public ....................................................................................... 2
B- Le Droit national (interne) et le Droit international (externe) ......................................... 2
C- Le Droit objectif et le Droit subjectif .............................................................................. 2
D- Le Droit patrimonial et le Droit extrapatrimonial ........................................................... 3
E- Le Droit positif et le Droit naturel .................................................................................. 3
Paragraphe 2 : Les Sources du Droit .......................................................................................... 3
A- La source interne et la source externe ............................................................................. 3
B- La source écrite et la source non écrite ........................................................................... 4
C- Les sources directes et les sources indirectes du Droit .................................................... 5
Paragraphe 3 : Les sujets du Droit .............................................................................................. 6
A- Les sujets du Droit privé ................................................................................................. 6
B- Les sujets du Droit public ............................................................................................... 6
Section 2 : L’entreprise .................................................................................................................. 6
Paragraphe 1 : La notion de l’entreprise ..................................................................................... 7
A- La différence entre une entreprise et une société commerciale ....................................... 7
B- Les différents types de l’entreprise ................................................................................. 7
Paragraphe 2 : L’entreprise en difficulté .................................................................................... 8
A- Le concept de l’entreprise en difficulté ........................................................................... 8
B- Les différents types de difficulté de l’entreprise ............................................................. 8
Section 3 : Le Droit des entreprises en difficulté ............................................................................ 9
Paragraphe 1 : L’histoire et l’évolution du Droit des entreprises en difficulté ............................ 9
A- Le Droit des entreprises en difficulté au temps de l’ordonnance de 1962 ....................... 9
B- Le Droit des entreprises en difficulté au regard de la loi de 2004 ................................... 9
C- Le Droit des entreprises en difficulté selon la loi de 2007 .............................................. 9
Paragraphe 2 : Les sources du Droit des entreprises en difficulté ............................................. 10
A- Les sources nationales .................................................................................................. 10
B- Les sources supranationales .......................................................................................... 10
Paragraphe 3 : Les acteurs du Droit des entreprises en difficulté ............................................. 11
A- Les acteurs principaux .................................................................................................. 11
B- Les acteurs secondaires................................................................................................. 11
Paragraphe 4 : Les aspects et les caractéristiques du Droit des entreprises en difficulté ........... 12
A- Le caractère procédural du Droit des entreprises en difficulté ...................................... 12
B- Le caractère collectif du Droit des entreprises en difficulté .......................................... 12
C- Le caractère affairé du Droit des entreprises en difficulté ............................................. 12

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D- Le caractère économique du Droit des entreprises en difficulté .................................... 12


Chapitre 2 : La détection et l’anticipation de la difficulté de l’entreprise ......................................... 13
Section 1 : Les informations économiques de l’entreprise............................................................ 13
Paragraphe 1 : Etats financiers de synthèse .............................................................................. 13
A- L’établissement des états financiers de synthèse .......................................................... 13
B- Le contenu des états financiers de synthèse .................................................................. 13
Paragraphe 2 : La comptabilité de l’entreprise ......................................................................... 13
A- Le compte de résultat .................................................................................................... 13
B- Le bilan ......................................................................................................................... 13
C- L’annexe ....................................................................................................................... 14
Section 2 : La procédure d’alerte .................................................................................................. 14
Paragraphe 1 : L’Alerte interne de l’entreprise ......................................................................... 14
A- L’alerte du commissaire aux comptes ........................................................................... 14
B- L’alerte des associés ..................................................................................................... 14
Paragraphe 2 : L’Alerte externe de l’entreprise ........................................................................ 15
A- Alerte par le président du tribunal ................................................................................ 15
B- L’alerte du groupement de prévention agréé................................................................. 15
Section 3 : La convocation ........................................................................................................... 15
Paragraphe 1 : La saisine d’office............................................................................................. 15
Paragraphe 2 : La convocation ................................................................................................. 16
Paragraphe 3 : La comparution et le non comparution du débiteur........................................... 16
A- En cas de comparution du débiteur ............................................................................... 16
B- En cas du non comparution du débiteur ........................................................................ 16
Chapitre 3 : Les règlements de la difficulté des entreprises .............................................................. 17
Section 1 : Le règlement préventif : Le traitement à l’amiable ..................................................... 17
Paragraphe 1 : La conciliation .................................................................................................. 17
A- L’ouverture de la conciliation ....................................................................................... 17
B- Le déroulement et l’issue de la conciliation .................................................................. 18
C- Les effets de la conciliation .......................................................................................... 18
Paragraphe 2 : Le concordat préventif ...................................................................................... 19
A- L’ouverture du concordat préventif .............................................................................. 19
B- Le fonctionnement du concordat préventif ................................................................... 20
C- Les effets du concordat préventif .................................................................................. 22
Section 2 : Le redressement judiciaire : Le traitement judiciaire .................................................. 22
Paragraphe 1 : Le concordat de redressement .......................................................................... 25
A- L’ouverture du concordat de redressement ................................................................. 25
B- Le fonctionnement du concordat de redressement ........................................................ 25
C- Les effets du concordat de redressement ...................................................................... 26
Paragraphe 2 : Les plans de redressement de l’entreprise ......................................................... 28

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A- Les causes de l’adoption des plans de redressement de l’entreprise ............................. 28


B- La réalisation des plans de redressement de l’entreprise ............................................. 28
C- Les effets des plans de redressement de l’entreprise ..................................................... 31
Section 3 : La liquidation des biens : l’apurement du passif ......................................................... 31
Paragraphe 1 : Les causes de l’ouverture de la liquidation des biens ........................................ 31
A- En cas d’échec du redressement judiciaire .................................................................... 32
B- En cas de non proposition du concordat de redressement sérieux ................................. 32
C- En cas de situation irrémédiablement compromise du débiteur .................................... 32
D- Tenant à la situation de l’entreprise .............................................................................. 32
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la liquidation des biens .................................................. 32
A- La saisine du tribunal de commerce .............................................................................. 32
B- Le jugement d’ouverture............................................................................................... 32
C- La désignation du juge commissaire et du syndic ......................................................... 32
D- La réalisation de l’actif du débiteur .............................................................................. 33
E- Le procès verbal du syndic ........................................................................................... 33
F- Le jugement de clôture ................................................................................................. 33
Paragraphe 3 : Les effets de la liquidation des biens ................................................................ 34
A- A l’égard du débiteur .................................................................................................... 34
B- A l’égard des créanciers................................................................................................ 35
C- A l’égard des salariés .................................................................................................... 35
D- A l’égard du bailleur, crédit bailleur, crédit preneur et vendeur de meubles ................. 35
E- A l’égard des tiers ......................................................................................................... 36
F- A l’égard des dirigeants de l’entreprise ....................................................................... 36
Paragraphe 4 : La fin de la liquidation des biens ...................................................................... 39
A- Les cas de la fin de la liquidation des biens .................................................................. 39
B- Les différentes sortes de clôtures de liquidation des biens ............................................ 39
Chapitre 4 : L’issue du traitement de la difficulté des entreprises .................................................... 40
Section 1 : La réhabilitation ......................................................................................................... 40
Paragraphe 1 : Les différents types de réhabilitation ................................................................ 40
A- La réhabilitation de droit .............................................................................................. 40
B- La réhabilitation judiciaire ou facultative ..................................................................... 40
Paragraphe 2 : La procédure de réhabilitation .......................................................................... 40
A- La demande en réhabilitation ........................................................................................ 40
B- La communication du dossier ....................................................................................... 41
C- L’avis aux créanciers .................................................................................................... 41
D- L’audience .................................................................................................................... 41
E- Le jugement .................................................................................................................. 41
Paragraphe 3 : Les effets de la réhabilitation ............................................................................ 41
Section 2 : Les voies de recours ................................................................................................... 41

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Cours du Droit des entreprises en difficulté/Université de Tuléar/Domaine des sciences de la Société/Mention Gestion/M1/2024

Paragraphe 1 : l’opposition ....................................................................................................... 42


Paragraphe 2 : l’appel ............................................................................................................... 42
Section 3 : La poursuite pénale......................................................................................................... 42
Paragraphe 1 : La banqueroute ................................................................................................. 42
A- La banqueroute simple.................................................................................................. 42
B- La banqueroute frauduleuse .......................................................................................... 43
Paragraphe 2 : les autres infractions pénales ............................................................................ 44
A- L’escroquerie ................................................................................................................ 44
B- L’abus de confiance ...................................................................................................... 45
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................... 46
TABLE DES MATIERES.................................................................................................................... 47

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