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UNIVERSITE DE GOMA

UNIGOM

FACULTE DE MEDECINE

Troisième doctorat en Médecine

COURS DE
MEDECINE LEGALE, DROIT MEDICAL
ET DROIT ADMINISTRATIF
Destiné aux étudiants de troisième doctorat en médecine

Par

Me Léonard NTAMBWA MUTAMBAYI


Président Honoraire de la Cour d’Appel de Goma
Avocat au Barreau du Nord-Kivu

Année académique 2020-2021


Le photocopillage de ce syllabus sans l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants-droit est
formellement interdit.
1

INTRODUCTION GENERALE
I. CONTENU DU COURS
Comme son intitulé l’indique, ce cours comporte trois parties : la Médecine légale
(partie juridique), le Droit médical et le Droit administratif.

La médecine légale est conçue comme « l’application des connaissances médicales à


des fins judiciaires »1, en vue de faciliter la recherche de la vérité, résoudre les problèmes
d’imputabilité et de culpabilité, et fixer les éléments des preuves indispensables à la
constatation des crimes et à la détermination de leurs auteurs.

Elle comporte deux parties : la parie médicale : qui comprend la toxicologie (l’étude
des poisons, de leurs effets sur l’organisme et de leur identification) et la thanatologie (l’étude
médico-légale des circonstances dans lesquelles s’est produite la mort en général et des
phénomènes cadavériques en particulier) ; et la partie juridique : qui consiste en l’étude des
règles juridiques applicables en médecine légale et qui fait l’objet de ce cours.

Le droit médical est une branche du droit administratif qui s’occupe des activités
médicales et des problèmes juridiques nés de l’exercice de la médecine notamment celui de la
responsabilité médicale qui sera examiné dans ce cours.

Le droit administratif est une branche du droit public qui régit l’Administration.
L’Administration est définie comme l’ensemble des organes et des services chargés de
réaliser effectivement et pratiquement le bien public.

II. REALITE ET NECESSITE SOCIALES DU DROIT


Le droit est une réalité et une nécessité sociales (Ubi societas ibi jus). Là où il y a la
société il y a le droit ou il n’y a pas de société humaine sans droit ». Gouvernant la vie des
hommes en société, il intéresse la plupart des activités humaines que celles-ci soient voulues
ou conscientes comme par exemple un contrat, ou que celles-ci soient non voulues ou
inconscientes comme par exemple un accident. Il est omniprésent, il domine tous les aspects
des rapports sociaux de telle sorte que de fois on entre en contact avec lui sans s’en rendre
compte, par exemple : l’achat d’une chose, la consommation d’eau et d’électricité, etc.

Le droit est également une réalité scientifique. Il a un objet propre, l’étude des règles
édictées par une autorité publique, et une méthode propre, l’interprétation ou l’exégèse. Il est
d’une grande étendue et en développement permanent comme la médecine. De même manière
qu’il y a des médecins généralistes et des médecins spécialistes, il y a également des juristes
généralistes et des juristes spécialistes de telle ou telle autre branche du droit.

Le droit est enfin un pouvoir. Il s’impose à tous en cas de refus ou de violation.

1
Ph. BOXHO, « Introduction à la médecine légale » in LERICHE A., La criminalistique : du mythe à la réalité
quotidienne, Bruxelles, Kluwer, 2012, p. 63.
2

III. DIFFERENTS SENS DU MOT DROIT


Le terme droit a plusieurs sens dont deux principaux à savoir : le Droit au sens objectif
et le droit au sens subjectif. Le premier s’écrit généralement avec la lettre « D » majuscule et
au singulier (le Droit), tandis que le second s’écrit dans la plupart des cas au pluriel et avec
« d » minuscule (les droits).

Le Droit objectif est défini comme « l’ensemble des règles sociales obligatoires
gouvernant les hommes vivant en société, garanties en cas de violation, par la contrainte
sociale organisée ». C’est l’ensemble des règles juridiques en vigueur dans un Etat ou dans
une communauté internationale à un moment donné et sanctionnées par la puissance publique.

En ce sens, on distingue les Droits des différents Etats : belge, français, italien,
burundais, congolais, rwandais, etc., et les Droits applicables aux différentes matières : Droit
civil, commercial, pénal, administratif, économique, fiscal, rural, social, minier, forestier, etc.

Le droit subjectif est défini comme l’ensemble des prérogatives ou des facultés
reconnues par le Droit objectif à un individu dans son intérêt lui permettant de jouir d’une
chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une prestation. On peut citer : le droit à la vie, droit à
l’éducation, droit de circuler librement, droit de se marier et fonder un foyer, droit de
consommation, droit de la défense en justice, droit de grève, droit de manifestation, droit
d’asile, droit de vote, droit de propriété, droit immobilier et mobilier, etc.

IV. DISTINCTION DROIT OBJECTIF, DROIT NATUREL ET JUSTICE


Le droit naturel ou philosophique est l’ensemble des principes immuables découverts
par la raison, permettant d’éprouver la valeur des règles de conduite positives admises par le
Droit objectif. C’est ce que la nature enseigne à toute la création, à tous les êtres humains.

La justice répond avant tout, à une nécessité pratique d’exercer « la justice à travers
les institutions juridiques appliquant les règles positives du droit » pour dégager de la réalité
complexe des faits qui ont causé un dommage, des preuves des faits, en connaître la gravité et
finalement déterminer le responsable et ce dans quelle exacte mesure. Elle s’occupe du
problème de l’auteur du dommage, de l’imputabilité, de la responsabilité et de la sanction.

V. CLASSIFICATION DU DROIT POSITIF


On distingue classiquement deux grandes disciplines du droit positif dans lesquelles
les matières juridiques les plus importantes et autonomes s’inscrivent. D’un côté, le droit
public qui concerne tous les rapports de droit où intervient l’Etat. De l’autre côté, le droit
privé qui envisage tous les rapports de droit qui intéressent les particuliers entre eux.

Dans la première catégorie il y a : le droit public interne, le droit constitutionnel, le


droit public externe ou international, le droit administratif, le droit fiscal, le droit financier et
budgétaire, les libertés publiques, et le droit pénal. Dans la seconde, il y a : le droit civil, le
droit commercial, le droit du travail et le droit international privé.

Enfin, pour la mise en mouvement du droit lorsqu’il y a conflit et par le fait même
recours aux tribunaux, il y a le droit judiciaire qui prévoit l’organisation, le fonctionnement et
3

les compétences des cours et tribunaux, et la procédure pour un bon exercice de la justice.

VI. SOURCES DU DROIT POSITIF


Les différentes sources du droit positif sont : la Constitution, les traités internationaux,
la loi, le règlement, la coutume, les principes généraux du droit, l’équité, la jurisprudence et la
doctrine.

Il y a lieu de rappeler l’article 1er de l’Ordonnance législative de l’Administrateur


Général du Congo du 14 mai 1886 qui dispose : « En cas de silence de la loi, le juge devra
trancher le litige d’après la coutume, la jurisprudence, la doctrine, les principes généraux de
droit ou l’équité », et l’article 153 al. 4 de la Constitution du 18 février 2006 qui stipule :
« Les Cours et Tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités internationaux dûment
ratifiés, les lois, les actes réglementaires pour autant qu’ils soient conformes aux lois ainsi
que la coutume pour autant que celle-ci ne soient contraire à l’ordre public ou aux bonnes
mœurs ».

1. La constitution

La Constitution est la loi fondamentale de l’Etat. Elle définit les règles régissant
l’exercice du pouvoir ainsi que l’organisation et le fonctionnement des institutions. Elle se
situe au sommet de la hiérarchie des normes juridiques. En vue d’assurer cette hiérarchie, le
contrôle de constitutionnalité est confié à la Cour Constitutionnelle.

En effet, l’article 160 de la Constitution dispose : « La Cour constitutionnelle est


chargée du contrôle de la constitutionnalité des lois et des actes ayant force de loi. Les
Règlements intérieurs des Chambres parlementaires et du Congrès, et de la Commission
électorale indépendante.

Les lois organiques avant leur promulgation, et ainsi que du Conseil supérieur de
l’audiovisuel et de la communication, avant leur mise en application, doivent être soumis à la
Cour constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la Constitution. ?

Aux mêmes fins d’examen de la constitutionnalité, les lois peuvent être déférées à la
Cour constitutionnelle, avant leur promulgation par le Président de la République, le Premier
ministre, le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat ou le dixième des
députés ou des sénateurs.

La Cour constitutionnelle statue dans le délai de trente jours. Toutefois, à la demande


du Gouvernement, s’il y a urgence, ce délai est ramené à huit jours ».

2. Les traités et accords internationaux

Les traités et accords internationaux sont des conventions écrites entre deux ou
plusieurs Etats. Ils peuvent être bilatéraux ou multilatéraux suivant qu’ils sont conclus entre
deux pays ou plusieurs pays.

Ils sont régis de la même manière par la Constitution dans ses articles 213 à 217.

L’article 213 dispose : « Le Président de la République négocie et ratifie les traités et


4

accords internationaux.

Le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à ratification après


délibération en Conseil des ministres. Il en informe l’Assemblée nationale et le Sénat ».

L’article 214 édicte que : « Les traités de paix, les traités de commerce, les traités et
accords relatifs aux organisations internationales et au règlement des conflits internationaux,
ceux qui engagent les finances publiques, ceux qui modifient les dispositions législatives, ceux
qui comportent échange et adjonction de territoire ne peuvent être ratifiés ou approuvés
qu’en vertu d’une loi.

Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans l’accord
du peuple congolais consulté par voie de référendum ».

L’article 215 dit que : « Les traités et accords internationaux régulièrement conclus
ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque
traité ou accord, de son application par l’autre partie ».

L’article 216 énonce que : « Si la Cour constitutionnelle consultée par le Président de


la République, par le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale ou le Président
du Sénat, par un dixième des députés ou un dixième des sénateurs, déclare qu’un traité ou
accord international comporte une clause contraire à la Constitution, la ratification ou
l’approbation ne peut intervenir qu’après révision de la Constitution ».

Art. 217 prescrit que : « La République Démocratique du Congo peut conclure des
traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de
souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ».

Le Droit international public consacre le principe de la supériorité de la règle


internationale sur la règle interne. Ce principe a été adopté par l’article 215 de la Constitution
qui dispose : « Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou
accord, de son application par l’autre partie ».

Selon cette disposition, les traités et accords internationaux sont appliqués en RDC
sous réserve de réciprocité ou après leur ratification ou approbation selon le cas.

3. La loi

Dans son sens très large, la loi est une règle de droit écrit d’origine étatique émanant
des autorités politiques et administratives nationales et internationales. Elle recouvre toutes
les dispositions publiques, de nature et portée sensiblement différentes, présentant un
caractère général, impersonnel et obligatoire.

Au sens strict du terme, la loi est un texte voté par le Parlement (bicaméral) composé
de deux Chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat, article 100 de la Constitution : « Le
pouvoir législatif est exercé par un Parlement composé de deux Chambres : l’Assemblée
nationale et le Sénat ».

Les matières qui relèvent du domaine de la loi sont énumérées limitativement par les
5

articles 122 et 123 de la Constitution.

Article 122 : « La loi fixe les règles concernant : les droits civiques et les garanties
fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ;le régime
électoral ;les finances publiques ; les sujétions imposées par la défense nationale aux
citoyens en leur personne et en leurs biens ;la nationalité, l’état et la capacité des personnes,
les régimes patrimoniaux, les successions et les libéralités ; la détermination des infractions
et des peines qui leur sont applicables, la procédure pénale, l’organisation et le
fonctionnement du pouvoir judiciaire, la création de nouveaux ordres de juridictions, le statut
des magistrats, le régime juridique du Conseil supérieur de la magistrature ; l’organisation
du Barreau, l’assistance judiciaire et la représentation en justice ; le commerce, le régime de
la propriété, des droits et des obligations civiles et commerciales ; l’amnistie et
l’extradition ;l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute
nature, le régime d’émission de la monnaie ;les emprunts et engagements financiers de
l’Etat ;les statuts des agents de carrière des services publics de l’Etat, du personnel de
l’enseignement supérieur, universitaire et de la recherche scientifique ;les Forces armées, la
Police et les services de sécurité ;le droit du travail et de la sécurité sociale ; l’organisation
générale de la défense et de la Police nationale, le mode de recrutement des membres des
Forces armées et de la Police nationale, l’avancement, les droits et obligations des militaires
et des personnels de la police ».

Article 123 : « La loi détermine les principes fondamentaux concernant : la libre


administration des provinces et des entités territoriales décentralisées, de leurs compétences
et de leurs ressources ;la création des entreprises, établissements et organismes publics ; le
régime foncier, minier, forestier et immobilier ;la mutualité et l’épargne ;l’enseignement et la
santé ; le régime pénitentiaire ; le pluralisme politique et syndicat ; le droit de grève ;
l’organisation des médias ; la recherche scientifique et technologique ;la coopérative ; la
culture et les arts ; les sports et les loisirs ;l’agriculture, l’élevage, la pêche et
l’aquaculture ;la protection et de l’environnement et le tourisme ; la protection des personnes
vulnérables ».

L’initiative des lois appartient concurremment au Gouvernement, à chaque député et à


chaque sénateur selon l’article 130 de la Constitution.

4. L’ordonnance-loi

L’ordonnance-loi est un acte qui est pris par le Président de la République dans le
domaine de la loi avec l’autorisation du Parlement dans un souci d’efficacité et de rapidité. Il
s’agit d’une délégation de pouvoir du législatif à l’exécutif. Elle est en principe de nature
règlementaire et soumise au contrôle du Conseil d’Etat pour excès de pouvoir. Mais, si elle
est expressément ou implicitement ratifiée par le Parlement, elle prend une valeur législative
et ne peut plus être modifiée que par la loi.

Article 129 de la Constitution dispose : « Le Gouvernement peut, pour l’exécution


urgente de son programme d’action, demander à l’Assemblée générale ou au Sénat
l’autorisation de prendre, par ordonnances-lois, pendant un délai limité et sur des matières
déterminées, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi ».
6

Ces ordonnances-lois délibérées en Conseil des ministres. Elles entrent en vigueur dès
leur publication si le projet de loi de ratification n’est pas déposé devant le Parlement au plus
tard à la date limite fixée par la loi d’habilitation ».

A l’expiration du délai visé à l’alinéa premier du présent article. Si le Parlement ne


ratifie pas ces ordonnances-lois, celles cessent de plein droit de produire leurs effets.

Les ordonnances-lois délibérées en Conseil des ministres et ratifiées ne peuvent être


modifiées dans leurs dispositions que par la loi.

Les ordonnances-lois cessent de plein droit de produire leurs effets en cas de rejet de
loi de ratification ».

5. L’édit provincial

L’édit provincial est un acte législatif émanant de l’Assemblée provinciale et qui de ce


fait est subordonné à la loi nationale qui lui est hiérarchiquement supérieure.

L’article 197 al. 1 et 2 de la Constitution dispose : « L’Assemblée est l’organe


délibérant de la province. Elle délibère dans le domaine des compétences réservées à la
province et contrôle le Gouvernement provincial ainsi que les services publics provinciaux et
locaux. Elle légifère par voie dédit ».

6. Le règlement

Le pouvoir réglementaire revient au pouvoir exécutif. L’article 128 al.1 de la


Constitution dispose : « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un
caractère réglementaire ».

Le règlement ou l’acte réglementaire englobe donc l’ensemble des décisions prises par
le pouvoir exécutif et les autorités administratives. Il regroupe différentes sortes de textes qui
se situent dans un ordre hiérarchique selon l’autorité publique ou administrative qui les prend.

Dans cette catégorie on range : les ordonnances du Président de la République, les


décrets du Premier ministre, les arrêtés des ministres nationaux, Gouverneurs de Province,
ministres provinciaux, maires, bourgmestres et chefs de secteur ou chefferie, et les décisions
des Administrateurs de territoire.

7. La coutume

La coutume est définie comme une règle non écrite d’origine populaire issue d’un
usage général et prolongé à laquelle les individus se conforment parce qu’ils la considèrent
comme obligatoire. Certains usages sont en dehors du droit, notamment les usages mondains,
usages vestimentaires, etc. Elle doit être conforme à la loi selon l’article 153 al. 4 de la
Constitution : « Les cours et Tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités
internationaux dûment ratifiés, les lois, et la coutume pour autant qu’elle soit conforme à la
loi.
7

8. Les principes généraux du droit

Les principes généraux du droit sont définis comme des règles juridiques obligatoires
non écrites dans un texte de loi. Ils sont nés d’une longue tradition des juristes anciens qui
s’est transmise aux générations successives. Ils se présentent généralement sous formes de
maximes en latin ou en français. Actuellement, beaucoup de ces principes ont été intégrés
dans les textes de loi. Par exemple :

- Le principe « Nemo censitur ignorare legem » (Nul n’est censé ignorer la loi) : art. 62
de la Constitution : « Nul n’est censé ignorer la loi. Toute personne est tenue de
respecter la Constitution et de se conformer aux lois de République » ;
- Le principe de la légalité des infractions et des peines : « Nulla crimen nulla poena
sina lege » (Il n’y a pas d’infraction ni de peine sans loi) : art. 17 de la Constitution :
« Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constitue pas une
infraction au moment elle est commise et au moment des poursuites. Nul ne peut être
condamné pour une action qui ne constitue pas une infraction à la fois au moment où
elle est commise et au moment de la condamnation. Il ne peut être infligé de peine
plus forte que celle applicable au moment où l’infraction est commise ».

9. La jurisprudence

La jurisprudence est définie comme l’ensemble des décisions de justice rendues


pendant une certaine période, soit dans une matière (jurisprudence immobilière), soit dans une
branche du Droit (jurisprudence pénale, civile, etc.), soit dans l’ensemble du Droit
(jurisprudence constante) ; ou l’ensemble des solutions apportées par des Cours et tribunaux
dans l’application et l’interprétation de la loi ou dans la création du Droit ; ou la manière
habituelle de juger. Bref, c’est la règle de droit telle qu’elle est appliquée par les décisions de
justice.

10. La doctrine

La doctrine est définie comme la littérature juridique, c’est-à-dire, l’ensemble des


opinions émises sur le droit par ses spécialistes (enseignants, magistrats, avocats, auteurs des
thèses de doctorat. Ainsi, le terme doctrine peut désigner trois choses : les personnes
(l’ensemble des auteurs qui écrivent dans le domaine du droit) ; la littérature juridique
(l’ensemble des œuvres juridiques) ou alors les opinions des auteurs.

11. L’équité

Le terme équité vient du grec epikeia qui signifie l’application souple de la loi. Il
revêt deux sens : d’une part, le sens des humains de la pondération et de la conscience sociale
du juge, et, d’autre part, la manière de juger en adoucissant et en tempérant la règle de droit.
Par sa nature, la règle de droit présente toujours une rigidité, « Dura lex, sed lex » (la loi est
dure, mais c’est la loi). Son application stricte peut paraître injuste ou inéquitable.
8

VII. OBJECTIFS DU COURS


1. Objectif général
Apprendre au futur médecin les règles juridiques applicables en médecine légale, aux
activités médicales et aux problèmes juridiques nés de l’exercice de celles-ci, et à
l’organisation et fonctionnement de l’Administration publique, ses organes et ses services.

2. Objectifs spécifiques
L’étudiant qui aura suivi avec attention et assiduité ce cours, sera capable de :

- apporter efficacement son concours médical à la justice lorsqu’il sera requis ;


- identifier les problèmes juridiques nés de l’exercice de la médecine et y apporter
des solutions appropriées ;
- connaître l’organisation et le fonctionnement de l’Administration publique, de ses
organes et services publics ;
- être un médecin prudent et consciencieux, utile à ses concitoyens et à la nation.

VIII. PLAN GENERAL DU COURS


Introduction générale

Première partie : Médecine légale

Chapitre I : Données générales de la médecine légale


Chapitre II. Organisation de la justice en RDC
Chapitre III : Rôle général du médecin légiste
Chapitre IV : Déontologie générale du médecin légiste

Deuxième partie : Droit médical

Chapitre I : Responsabilité médicale et pratique individuelle


Chapitre II : Responsabilité médicale et pratique collective
Chapitre III : Cas particuliers des malades mentaux

Troisième partie : Droit administratif

Chapitre I : Administration
Chapitre II : Droit administratif
Chapitre III : Structures de l’Administration
Chapitre IV : Moyens d’action de l’Administration
Chapitre V : Contentieux administratif

Conclusion générale
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PREMIERE PARTIE
MEDECINE LEGALE (partie juridique)

CHAPITRE I. DONNEES GENERALES DE LA MEDECINE


LEGALE
SECTION I. GENERALITES
§ 1. Définition de la médecine légale
Sous l’angle médical, la médecine légale est conçue comme « l’application des
connaissances médicales à des fins judiciaires »2. Elle est l’apport des connaissances
médicales nécessaires, soit pour résoudre les problèmes touchant à la personnalité du
délinquant, soit pour fixer les éléments des preuves indispensables à la constatation des
crimes et à la détermination de leurs auteurs. Elle est la médecine appliquée aux problèmes de
droit civil et criminel3.

Sous l’angle juridique, elle est la mise en œuvre au service de la justice des
connaissances médicales pour l’application des lois qui les requièrent ou les sollicitent en vue
de faciliter la recherche de la vérité et de résoudre les problèmes d’imputabilité et de
culpabilité4.

De ces deux définitions, on peut dire que la médecine légale n’est pas une science
autonome, mais d’une part, une branche de la médecine, en tant qu’elle utilise les
connaissances médicales, et d’autre part, un aspect du droit et de la criminologie en général, et
de la criminalistique en particulier, en tant qu’elle permet au moyen des éléments de preuve
médicale, d’éclairer la justice dans la recherche de la vérité dans la résolution des problèmes
d’imputabilité et de culpabilité.

Le laboratoire médico-légal comprend des médecins pathologistes (légistes), un


médecin examinateur, un médecin dentiste et des techniciens, qui procèdent à des examens et
à l’autopsie de toutes sortes afin de déterminer la cause, le mode, le moment et parfois la
raison du décès, et participent également à l’identification des cadavres.

Le médecin légiste (spécialiste de la médecine légale) est un médecin chargé d’aider la


justice dans tous les cas et dans toutes les procédures où son intervention est nécessaire ou
justifiée5.

§ 2. Domaine d’intervention de la médecine légale


C’est dans le droit pénal ou criminel exclusivement qu’intervient la médecine légale,
pour constater les dommages causés par les infractions, les preuves qui s’en dégagent, et
collaborer à la recherche des auteurs et de leur imputabilité. Elle renseigne la justice sur les
2
Ph. BOXHO, « Introduction à la médecine légale » in LERICHE A., La criminalistique : du mythe à la réalité
quotidienne, Bruxelles, Kluwer, 2012, p. 63.
3
Dictionnaire médical, 5e éd., ELSEVIER MASSON, p. 526.
4
PUF, Médecine Légale, PLANQUES, p. 5.
5
Dictionnaire médical, op. cit., p. 528.
10

circonstances (causes, heure, moyens utilisés, etc.) qui entourent les infractions d’atteinte à la
vie et l’intégrité physique de la personne humaine (meurtre, coups et blessures, viol, etc.).

Ici, le secours de la médecine légale est de plus en plus précieux vu l’accrue actuelle
de la criminalité et de sa répression. Le droit pénal étant d’ordre public et, comme tel,
s’imposant à tous, la collaboration requise de la médecine légale sera toujours obligatoire.

En droit civil, le concours médical est moins fréquent mais parfois utile, voir même
indispensable, par exemple en matière de filiation, de capacité et d’incapacité, de
responsabilité en matière d’accident et de divorce.

Mais, il est surtout nécessaire en droit social ou du travail, en matière de sécurité


sociale, plus spécialement en matière d’accidents de travail et de maladies professionnelles,
où le certificat médical joue un rôle essentiel pour la détermination des incapacités et des
invalidités et la fixation du taux de celles-ci.

Dans les deux premiers cas, l’avis médical est celui d’un expert conseiller qui, comme
tel, ne s’impose pas nécessairement à la décision du juge, car, celui-ci a à sa disposition
d’autres éléments du dossier sur lesquels il peut fonder sa conviction. Par ex : les déclarations
de la victime, les dénonciations, les aveux du coupable, les témoignages, les pièces à
conviction, etc.

Par contre, dans le dernier cas, le certificat médical est un élément objectif et précis
d’appréciation qui influencera la décision du juge pour le règlement d’accident de travail ou
maladie professionnelle. Ici, comme le dit bien le terme, il certifie certaines données
médicales et en cela, oriente plus nettement la décision du juge.

§ 3. Problématique de la preuve en justice


La preuve revêt une grande importance en droit. Le juge qui doit dire le droit, ne le
fera que si celui-ci est prouvé. Il y a les preuves écrites, les témoignages, les aveux, les
preuves médico-légales, etc. La charge de la preuve incombe à l’accusateur « Actor incumbit
probatio », donc à la victime, et au ministère public en matière pénale, ou au demandeur en
matière civile. Le doute profite à l’accusé « In dubio pro reo ».

Mais, la preuve n’est toujours pas évidente et ne saute pas toujours aux yeux. Elle est
souvent complexe, enrobée de mystères qui doivent être éclairés par des experts. Elle est aussi
de courte durée et doit donc être rapidement fixée et circonscrite. Elle est également sujette
parfois à ambiguïté et mérite d’être clairement départagée pour finalement dire ce qui exact et
faire en sorte que le doute disparaisse.

Ainsi complexité, brièveté et ambiguïté, rendent la tâche de la justice difficile et, le


juge, la victime et l’accusé, réclament chacun pour ce qui le concerne, la preuve de sa
conviction, de son droit ou de son innocence.

Pour sa part, le médecin qui apportera ses connaissances médicales à la justice, détient
un délicat devoir d’apporter des preuves claires et sans équivoque ou plutôt de les éclairer ou
les expliquer, et a une mission lourde de responsabilité vu les conséquences considérables de
son acte. De son rapport on peut acquitter un coupable ou condamner un innocent.
11

§ 4. Différence entre médecine légale et médecine


Si au départ, la médecine légale et la médecine se recouvrent sur des larges plans, elles
se différencient cependant sur plusieurs points.

A. Au point de vue du temps et du champ d’application

La médecine légale vit dans le passé qu’elle doit reconstituer pour apporter des preuves
nécessaires pour le juge ou contre celui sur lequel il pèse. C’est donc une recherche par
laquelle on remonte des effets vers leur cause, par une technique d’observation obstinée mais
objective des faits de même nature que celle de la police et de la justice. Elle doit capter une
vérité légale où les oublis ne se rattrapent guère. Par exemple, on ne refait pas une autopsie.

On peut voir au-delà d’une observation rigoureuse, une nécessité de recherche par voie
d’expérimentation qui se limite en général dans le temps et dans le nombre. Moins que la
recherche scientifique qui développe l’expérience d’une façon exhaustive, la médecine légale
fait simplement des essais. Par exemple : les essais sur des cibles, la dispersion des plombs à
différentes distances et sous certains angles en cas de mort d’une personne tuée par des
plombs ; les essais de courant électrique générateur de mort ou des blessures graves.

Par contre, le clinicien travaille dans le présent, dans la préoccupation de modifier


favorablement l’évolution d’un état pathologique. Sur ce point, la rigueur est de mise pour
accéder coûte que coûte à la guérison ou tout au moins au soulagement du malade. Il a à sa
disposition une pathologie, une thérapeutique et une pharmacopée qui facilitent sa mission.

B. Au point de vue des méthodes du travail

La médecine légale travaille sur des cas inédits où souvent elle va procéder par des
observations et des essais et recourir à d’autres disciplines spécialisées (traces biologiques,
techniques de biopsie, balistique, etc…).

Par contre, la médecine clinique travaille sur base d’un diagnostic, une thérapeutique
et une pharmacopée classiques. Elle se réfère à des cas souvent connus.

C. Au point de vue du comportement des personnes à examiner

Entre le malade et le médecin, il y a des rapports de confiance, de bonne volonté et de


sincérité. La souffrance qui domine le patient en fait un allié vis-à-vis du médecin qui fera
tout en son pouvoir pour le libérer de celui-ci.

Par contre, la victime d’une infraction affiche souvent une attitude d’exagération pour
obtenir des réparations supérieures au dommage. Elle est souvent dominée par les sentiments
de vengeance. L’inculpé quant à lui, il est hostile, dominé par de mauvais sentiments, retors,
méchant, haineux et menteur.

D’un côté, c’est l’indifférence, la froideur, la méfiance et l’hostilité qui rendent la


tâche du médecin légiste difficile ; de l’autre côté, c’est la confiance, la sympathie, la
collaboration du malade et de son entourage qui facilitent le travail du médecin.
12

CHAPITRE II. ORGANISATION DE LA JUSTICE EN RDC


§ 1. Indépendance de la justice

Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif. Il est dévolu aux Cours et
Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’Etat, la haute
Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires ainsi que les parquets rattachés à ces
juridictions.

La justice est rendue sur l’ensemble du territoire national au nom du peuple congolais.
Les arrêts et jugements ainsi que les ordonnances des Cours tribunaux sont exécutés au nom
du Président de la République.

Le pouvoir judiciaire est le garant des libertés individuelles et des et des droits
fondamentaux des citoyens. Les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à
l’autorité de la loi.

Le pouvoir exécutif ne peut donner d’injonction au juge dans l’exercice de sa


juridiction, ni statuer sur les différends, ni entraver le cours de la justice, ni s’opposer à
l’exécution d’une décision de justice.

Le pouvoir législatif ne peut ni statuer sur les différents juridictionnels, ni modifier


une décision de justice, ni s’opposer à son exécution.

Toute loi dont l’objectif est manifestement de fournir une solution à un procès en
cours est nulle et de nul effet. (Art. 149 et 150 de la Constitution).

§ 2. Juridictions de l’ordre judiciaire

A. Personnel judiciaire

Le personnel judiciaire comprend les magistrats, les agents de la police judiciaire et les
agents de l’ordre judiciaire des Cours, Tribunaux et Parquets civils et militaires.

Les magistrats sont :

1. Le Premier président, les Présidents et Conseillers de la Cour de Cassation ; le


Premier président, les Présidents et les Conseillers de la Haute Cour militaire ; le
Premier président, les Présidents et les Conseillers des Cours d’appel ; le Premier
président, les Présidents et les Conseillers des Cours militaires ; le Président et les
juges des Tribunaux de grande instance ; le Président et les juges du Tribunaux de
commerce ; le Président et les juges des Tribunaux de travail ; le Président et les
juges des Tribunaux militaires de garnison ; le Président et les juges des Tribunaux
de paix ; le Président et les juges des Tribunaux militaire de police.
2. Le Procureur général, les Premiers Avocats généraux et les Avocats généraux près
la Cour de cassation ; l’Auditeur général des forces armées, les Premiers Avocats
généraux des forces armées et les Avocats généraux des forces armées près la
Haute Cour militaire ; le Procureur général, les Avocats généraux et les Substituts
du Procureur général près les Cours d’appel ; l’Auditeur militaire supérieur, les
13

Avocats généraux militaires et les substituts de l’Auditeur militaire supérieur près


les Cours militaires ; le Procureur de la république, les Premiers substituts et
substituts du Procureur de la république près les Tribunaux de grande instance ;
l’Auditeur militaire de garnison , les Premiers substituts et substituts de l’Auditeur
de garnison près les Tribunaux militaires de garnison.

Les agents de l’Ordre judiciaire sont : les agents, greffiers et secrétaires des Cours et
tribunaux et Parquets près ceux-ci.

Les officiers de police judiciaire (OPJ) sont les officiers de police judiciaire à
compétence générale (OPJ CG) qui connaissent toutes les infractions. Il s’agit de ceux des
Parquets civils et militaires, de la Police Nationale (PNC), de l’Agence Nationale des
Renseignements (ANR). Et les officiers de police judiciaire à compétence restreinte (OPJ CR)
qui connaissent seulement quelques infractions. Il s’agit de ceux des affaires économiques, de
l’Hygiène publique, de la Pharmacie, de la Navigation aérienne (RVA), de la Navigation
maritime et fluviale, des Chemins de fer, etc…, nommés à cet effet.

B. Les juridictions

Les cours et tribunaux civils et militaires sont :

1. Le Tribunal militaire de police.


2. Le Tribunal pour enfants, le Tribunal de Paix, le Tribunal de grande instance, le
Tribunal de Commerce, le Tribunal de Travail, Tribunal militaire de Garnison.
3. La Cour d’appel, la Cour militaire.
4. La Cour de cassation, la haute Cour militaire.

C. La Cour constitutionnelle

Outre sa compétence constitutionnelle, la cour constitutionnelle et la juridiction pénale


du Président de la République et du Premier ministre.

§ 3. Juridictions de l’ordre administratif

Les juridictions de l’ordre administratif sont : le Tribunal administratif, la Cour


administrative d’appel et le Conseil d’Etat.

SECTION II. DISCIPLINES AUXILIAIRES AU DROIT PENAL


A côté du droit pénal, se sont développées depuis le 19e siècle, deux disciplines
auxquelles il fait recours pour répondre de manière satisfaisante à sa mission à savoir : la
criminologie et la criminalistique dont fait partie la médecine légale.

Ces disciplines bénéficient chacune d’une réelle autonomie, à tel point que le droit
pénal n’est plus l’unique discipline qui étudie et traite la délinquance dans ses causes, son
application et ses remèdes.
14

§ 1. Criminologie
A. Définition de la criminologie

La criminologie est l’ensemble des disciplines qui étudient la criminalité pour en


rechercher les causes, en connaître l’évolution et les conséquences6. Elle peut être aussi
définie comme étant la science qui étudie de façon universelle le crime, la criminalité, le
criminel ainsi que les mesures de réaction à la criminalité7.

B. Disciplines de la criminologie

1. L’anthropologie criminelle : l’étude du criminel dans sa constitution organique,


somatique (facteurs héréditaires, biologiques et anatomo-physiologiques, etc…8, les aspects
anatomiques et physiologiques de la personnalité du délinquant.

2. La biologie criminelle (appelée jadis anthropologie criminelle) : l’étude outre les


aspects anatomiques et physiologiques des délinquants, de leurs aspects génétiques,
biotypologiques, biochimiques et bio-sociaux9.

3. La psychiatrie criminelle : l’étude des aspects psycho-pathologiques de la conduite


criminelle, des réactions du criminel atteint d’aliénation mentale ou de déséquilibre mental et
de l’influence des impulsions sur son comportement social10.

4. La sociologie criminelle : l’étude de la criminalité en tant que phénomène social


dans son ensemble et en recherche spécialement les facteurs criminogènes ayant un caractère
social : le milieu familial, urbain, rural ou industriel, le standing économique, le chômage,
l’état de la législation et des institutions, la religion, l’alcool, la presse, l’internet, le cinéma, la
prostitution, la guerre, etc. Elle recourt fréquemment aux données de la statistique.

5. La psychologie criminelle : l’étude des phénomènes psychiques qui président à


l’éclosion du crime et qui peuvent influencer son développement (tempérament, caractère,
sexe, âge, race, etc, …) : face interne du délinquant.

6. La pénologie : l’étude de l’origine et du développement des différentes sanctions et


des mesures de défense sociale auxquelles la société a recours pour réprimer la criminalité
ainsi que leur mode d’application et leur efficacité. Elle peut prendre un aspect individuel :
l’étude du comportement d’un condamné ou un aspect global : à l’organisation, la mise en
place des mesures de répression et d’éducation dans le cadre d’une politique criminelle.

7. La politique criminelle : l’étude d’une façon générale des moyens que l’Etat doit
mettre en œuvre (moyens préventifs) pour lutter contre la criminalité à la fois sur les terrains
moral, législatif, économique, judiciaire et pénitentiaire.

6
G. STEFANI et LEVASSEUR, Droit pénal général, Précis Dalloz, Paris, 1978, n° 31.
7
LTYSZKIEWICZ, Criminologie, Esquisse d’un système, Katowice, 186, 2 e éd., p. 14, cité par Piotr
STEPNAK, Des recherches polonaises relatives à la criminologie, in R.D.P.C., 1994, 734, cité par
NYABIRUNGU Mwene SONGA, op. cit., p. 39.
8
Face interne du délinquant : TARDES ; Aspect déterministe.
9
P. GRAPIN, Biologie sociale et criminelle, RS 1971, 79-98, cité par Raymond Gassin, Criminologie, 3 e éd.,
Dallooz, 1994, n° 34, p. 22.
10
O. KINBRG, Etiologie de la délinquance.
15

8. La prophylaxie criminelle : l’étude plus spécialement des moyens auxquels la


société a recours pour prévenir ou tout au moins diminuer l’action des facteurs criminogènes,
sociaux, économiques, etc. Elle présente deux aspects :

- L’aspect médical : l’eugénisme ou l’eugénique qui préconise des méthodes qui


visent à améliorer le patrimoine génétique des groupes humains, en limitant la
reproduction des individus porteurs des caractères jugés défavorables ou en
encourageant celle des individus porteurs des caractères jugés favorables, qui est
assez discutable sur le plan de dignité humaine et a donné lieu à de formes graves
de discrimination et répression (ex : régime nazi) ;
- L’aspect pédagogique : la pédagogie curative qui a pour tâche de paralyser les
tendances sociales des enfants et des adolescents.

§ 2. Criminalistique
A. Définition de la criminalistique

La criminalistique est l’ensemble des disciplines et des techniques scientifiques qui


concourent à la constatation matérielle des infractions et à la découverte de leurs auteurs. Elle
consiste à étudier d’une manière technique, l’établissement et l’analyse des preuves.

B. Procédés de la criminalistique

1. Les procédés policiers : ceux qui sont mis en œuvre pour la conduite d’une
enquête, y compris le recueil des preuves de crime se regroupant sous le vocable
de Police technique (constat des lieux, prélèvement des indices, méthodes
d’interrogatoire, recherches des criminels, procédés d’identification, etc.
2. Les procédés scientifiques : ceux qui sont employés à la démonstration des preuves
de crime et se regroupent sous le vocable de Police scientifique.
3. Les procédés juridiques : qui encadrent et codifient l’administration de la preuve
du crime que l’on recueille ou démontre. Il s’agit surtout des règles de procédure11.

C. Disciplines de la criminaliste

1. La médecine légale : renseigne la justice sur les circonstances qui entourent les
infractions d’atteinte à l’intégrité physique et à la vie de la personne humaine (coups et
blessures, meurtre, viol, empoisonnement, etc…), sur les problèmes de filiation, capacité,
divorce, et des accidents du travail et maladies professionnelles.

2. La toxicologie : l’étude les poisons, de leurs effets et de leur identification.

3. La police scientifique et la police technique : permettent l’identification de l’arme


du crime, la nature de telle tâche de sang ou de telles empreintes, etc.

4. La dactyloscopie : étudie les empreintes digitales et permet la découverte du


criminel par la comparaison des empreintes recueillies sur l’objet ou le lieu du crime avec
celles qui sont conservées dans le fichier des condamnés, ou avec celles du suspect.

11
CECCADI : La criminalistique, Que sais-je ? n° 370, p ? 6 et svts ; E. LAMY : Cours de Droit pénal,
Université Officielle du Congo/Lubumbashi 1970-1971, p. 39.
16

5. La génétique : permet par l’analyse de l’ADN, de déterminer les caractéristiques


d’une personne (le code à barres), à partir d’un prélèvement minime de cellules (une goutte de
sang ou de sperme, une touffe de cheveux, un morceau de chair) qui, contenant son ADN,
dégagent sa singularité par rapport à tout autre individu12. Le code génétique étant unique, le
risque de rencontrer deux personnes disposant d’un même code est statiquement inexistant13.
L’analyse de l’ADN permet de découvrir le criminel par la comparaison de ce code à barres
du suspect avec celui qui est établi à partir des traces de même nature retrouvée sur le corps
de la victime, l’objet ou le lieu du crime.

6. L’anthropométrie : permet d’établir des fiches contenant des mensurations exactes


et photographiques facilitant la recherche et l’identification des indices psychophysiques des
états de conscience (sincérité ou mensonge) qu’elles accompagnent. En général, un délinquant
qui ment ne respire pas de la même façon et au même rythme qu’un individu qui dit la vérité.

7. La chimie : permet, par sa capacité d’identifier la matière, de renseigner sur les


fraudes alimentaires, les faux en écriture, etc.

§ 3. Classification et description des criminels

Il y a plusieurs classifications des criminels. Nous prenons celle de LOMBROSO et


FERRY, criminologues italiens du 19e siècle. Ils rangent les criminels en six catégories.

A. Criminels nés

Ils sont reconnaissables à certains signes anatomiques et physiologiques et sont voués


dès leur naissance à la criminalité. Ils se caractérisent du point de vue psychologique par leur
insensibilité morale, imprévoyance, vanité, précocité et incorrigibilité. Toutefois, ils ne
pourront délinquer, si vivant dans un bon milieu, ils ne trouvent pas l’occasion. Cet atavisme
peut être spécialisé, limité à certaines infractions par une sorte de daltonisme moral.

B. Criminels passionnels

Ce sont des individus foncièrement honnêtes, mais portés à la criminalité par une
impulsivité excessive. Ils commettent des crimes de type violant, brutal, sous l’empire de la
colère, de la passion comme l’amour, la haine, la vengeance sans préméditation, pour lesquels
ils éprouvent un remord qui les pousse très souvent à avouer et à réparer et même à se
suicider. Ils ont des chances sérieuses de pouvoir s’amender.

C. Criminels d’occasion

Ce sont des individus normaux, victimes de circonstances fâcheuses de la vie telles


que les difficultés momentanées, la nécessité ou les revers de fortune qui les conduisent à
enfreindre la loi pénale ou aussi à la recherche effrénée de la fortune ou du succès. On y
classe : les banqueroutiers, les détourneurs, les faussaires ou les escrocs qui le deviennent par
suite des événements qu’ils n’ont pu contrôler ni prévenir. Ils peuvent s’amender.

12
F. TERRRE et D. FENOUILLET, Droit civil, Les personnes, la Famille, les incapables, 6 e éd., Dalloz, 1966,
n° 74
13
Idem, n° 777.
17

On distingue parmi eux : les criminaloides proprement dits, qui commettent des délits
de droit commun (abus de confiance, détournement, etc.) ; et les pseudo-criminels, qui
commettent des délits involontaires ou politiques (infraction de roulage, politique, de presse).

La différence entre les criminels passionnels et les criminels d’occasion n’est pas
toujours nette. Ce sera plutôt par le type d’infraction commise que l’on pourra les distinguer ;
les premiers commettent des crimes de sang tandis que les seconds commettent des crimes
contre le patrimoine d’autrui ou la foi publique.

D. Criminels aliénés

Ce sont ceux qui sont atteints de démence ou d’imbécilité. Il s’agit des irresponsables.
On peut distinguer parmi eux, des formes pathologiques très graves et des lésions sournoises,
causes de criminalité tantôt d’origine héréditaire, tantôt d’origine acquise.

Dans le premier cas, ils commettent des crimes souvent atroces dans les cas par
exemple d’idiotie, de manie furieuse, ou des attentats contre la propriété et la pudeur par
exemple dans les cas de paralysie générale, d’épilepsie et d’imbécilité.

Le deuxième cas se présente chez les épileptoïdes, ceux qui ont eu dans leur enfance
ou jeunesse une encéphalite, des traumatismes cérébraux apparemment bénins. C’est
pourquoi, il faut rechercher dans le curriculum vitae d’un délinquant son attitude criminelle.

E. Criminels d’habitude

Il s’agit de ceux qui retombent plus ou moins régulièrement dans la délinquance et que
l’on désigne aussi sous le vocable de récidivistes. Ce sont des endurcis et des incorrigibles
contre lesquels une répression énergique s’impose, en vue d’obtenir leur amendement et leur
éventuel reclassement, mais surtout en vue de protéger la société contre leurs tendances
criminelles incoercibles.

S’ils ne présentent pas des aspects anthropologiques aussi marqués que les criminels
nés, ils rejoignent cependant ceux-ci sur beaucoup de points à raison de leur comportement
psychologique. Ils sont comme eux, précoces dans la délinquance et récidivistes et font
preuve d’une réelle insensibilité morale qui initialement n’était que faiblesse voulue mais, qui
s’accentuera en une réelle dangerosité. Toutefois, les influences du milieu seront assez
déterminantes à raison de leur réelle prédisposition.

F. Types intermédiaires

Ce sont des délinquants hybrides qui se situent entre les diverses catégories malgré
leurs nuances.
18

SECTION III. PROBLEMES SOUMIS A LA MEDECINE LEGALE


§ 1. En matière pénale

A. Accidents
Un accident est un fait involontaire ou imprévu, un événement dommageable dont les
conséquences n’ont pas été voulues ni prévues comme elles sont arrivées. On distingue les
accidents en général de toute sorte dont on détache les accidents du travail et les accidents de
roulage qui sont les plus fréquents et spécifiques.

Dans ce cas, la responsabilité est en général de nature civile (art. 258 et 259 du Code
civil livre III) ou sociale, et rarement de nature pénale dans les cas de coups et blessures,
homicides, incendies et empoisonnements par impudence (art. 52 à 56 du Code pénal livre II).
La responsabilité pénale et civile sont liées entre elles et de ce fait, seront en principe jugées
par le tribunal répressif qui devra statuer sur deux plans et prononcer la sanction pénale
(servitude pénale, amende, etc.) et la sanction civile (réparation du dommage causé).

L’intervention de l’expert médical sera donc axée sur le constat des dommages
corporels, leur gravité et leurs conséquences jusqu’à la consolidation.

Son concours est nécessaire d’abord sur le plan répressif, pour établir les infractions de
roulage avec les dommages corporels, l’aspect plus ou moins grave de celui-ci (décès,
handicaps graves, moyens ou légers) d’où découlera en partie, l’appréciation de la rigueur de
la peine au regard de l’imprudence d’abord plutôt que de ses conséquences qui peuvent être
tantôt graves, tantôt légères, quelle que soit l’intensité de l’imprudence.

Ensuite, sur le plan civil, pour apprécier le plus exactement possible la réalité et la
hauteur du dommage à réparer, mais aussi pour ne pas infliger au coupable les réparations
exorbitantes sur le plan économique qui pourraient l’accabler toute sa vie durant, surtout si
l’acte d’imprudence commis par lui ne fût que léger mais a causé des suites très graves.

A. Crimes

Une infraction est un fait réprimé par la loi. Elle peut être volontaire (coups et
blessures volontaires, meurtre, viol, avortement, etc…), ou involontaire (homicide et lésions
corporelles causés par imprudence, sans intention d’attenter à la personne d’autrui.

L’acte matériel peut être positif (coups et blessures) ou négatif (abstention, omission).
Dans ce cas, outre la responsabilité civile, il y a la responsabilité pénale qui se traduit par
l’application des sanctions pénales qui peuvent aller de l’amende à la peine de mort.

C. Suicides

Un suicide est le fait de se donner la mort. Il est un problème souvent délicat car, il
peut se présenter soit comme un accident soit comme un crime maquillé (ex : la pendaison).

De même, un crime peut se présenter comme un accident ou un suicide. Dès lors, si


cette situation n’est pas claire, le médecin requis devra le préciser dans son rapport.
19

Egalement, on peut maquiller un crime sous l’aspect extérieur d’un suicide14.

D. Triple aspect des situations : accident, crime et suicide

Les cas d’accident, crime et suicide peuvent être soumis dans trois situations
différentes : soit la personne à examiner est encore vivante, soit elle est décédée, soit elle est
décédée et enterrée.

1. Lorsque la personne à examiner est vivante

Lorsque son état est très grave, comateux, réclamant les soins les plus urgents, vu le
péril de mort imminent, l’action médicale prime alors sur l’action judiciaire et même si
certains éléments de preuve doivent être perturbés par cette action. Il n’est pas question que la
justice entrave le secours médical, nécessaire et urgent.

Il est cependant évident qu’il chercher à concilier, dans la mesure du possible, le


secours médical et l’action judiciaire. Car, si cette dernière n’a pas d’effets immédiats, elle
cherche à dégager pour plus tard les responsabilités, découvrir le coupable, pour finalement
punir l’auteur et réparer le dommage causé à la victime. Le médecin doit permettre à la justice
de pouvoir constater matériellement les traces laissées, d’interroger le délinquant pour
connaître les complices par exemple, et certaines indications sur les faits qui pourraient
l’éclairer.

Lorsque l’état de la personne à examiner (victime ou délinquant) n’est pas alarmant,


on doit alors tout faire pour ne pas entraver le cours de l’enquête, si cela est nécessaire,
assurer les soins immédiats qui s’imposent (arrêt d’une hémorragie, pansement), mais
maintenir la personne sur les lieux si cela est nécessaire.

Dès qu’un état grave n’est plus alarmant, le médecin doit aussi faciliter le cours de la
justice, par exemple en autorisant les interrogatoires, vu que c’est par le fait de la rapidité de
l’enquête que celle-ci pourra être couronnée de succès.

Une autre situation est également la constatation de l’ivresse. Ce cas est très fréquent
surtout en matière d’accident de roulage et doit être constaté pour dégager les responsabilités.
En pareil cas, il y a lieu d’assurer, dans le plus bref délai, un prélèvement sanguin ou
également établir toute autre constatation objective de l’ivresse (comportement extérieur de la
personne suspecte d’ivresse).

2. Lorsque la personne à examiner est décédée

Le médecin requis devra avant tout, respecter les nécessités de l’enquête judiciaire et
admettre si cela s’impose, le maintien du cadavre sur les lieux pour constat avant de
l’examiner. De plus, ce sera souvent l’autopsie qui se sera demandée et nécessitera une
pratique chirurgicale sur le cadavre et parfois le prélèvement des viscères pour les examens
toxicologiques, biochimiques, etc. (bénéfice du double pour une contre-expertise).

Dans ce cas, le médecin devra exiger pour ce faire que les conditions de travail

14
J. PLANQUES, La médecine légale judiciaire, Que sais-je ?, PUF, n° 789 ; cas particulier des blessures par
armes à feu, p. 37, 38, de pendaison, p. 40, de l’infanticide, p. 50, de la noyade, p. 42.
20

valables lui soient apportées. On peut imaginer la situation difficile d’une autopsie en brousse.
Malgré tout, il est nécessaire que le médecin ait une table, un éclairage et des instruments, vu
le danger de putréfaction qui transforme, désagrège les tissus et les organes, modifie les
lésions, les altère et fait apparaître de fausses lésions.

3. Lorsque la personne à examiner est décédée et enterrée

L’examen du cadavre est prescrit par ordonnance d’exhumation15. Le médecin est tenu
de procéder à l’autopsie. Après l’autopsie, le corps est remis en terre dans la forme où il se
trouvait.

§ 2. En matière civile
A. Filiation

La filiation maternelle ne pose pas beaucoup de problèmes. Elle résulte du seul fait de
la naissance. Elle s’établit soit par l’acte de naissance de la maternité, soit par une action en
recherche de maternité (art. 595 du Code de la Famille). L’indication du nom de la mère sur
l’acte de naissance de l’enfant suffit à établir la filiation maternelle. Toutefois, la femme dont
le nom est indiqué dans l’acte de naissance peut contester être la mère de l’enfant lorsqu’elle
n’a pas été l’auteur de la déclaration de naissance (art. 596 du Code de la Famille).

Article 595 : « La filiation maternelle résulte du seul fait de naissance.

Elle s’établit soit par l’actez de naissance, soit par une déclaration volontaire de
maternité, soit par une action en recherche de maternité ».

Article 596 : « L’indication du nom de la mère sur l’acte de naissance de l’enfant


suffit à établir la filiation maternelle.

Toutefois, la femme dont le nom est indiqué dans l’acte de naissance peut contester
être la mère de l’enfant lorsqu’elle n’a pas été l’auteur de la déclaration de naissance ».

La déclaration de maternité peut être révoquée. Elle peut être contestée par toute
personne intéressée ainsi que le ministère public, s’il est prouvé que celle à qui la maternité a
été attribuée n’est pas la mère de l’enfant (art. 598). La déclaration peut être faite même après
le décès de l’enfant (art. 599). L’enfant peut intenter une action en recherche de maternité.

Article 598 : « La déclaration de maternité ne peut être révoquée. Elle peut être
contestée par toute personne intéressée ainsi que le ministère public, s’il est prouvé que celle
à qui la maternité a été attribuée n’est pas la mère de l’enfant ».

Article 599 : « L’enfant peut faire l‘objet d’une déclaration de maternité même après
son décès ».

La filiation paternelle pendant le mariage s’établit par présomption légale, c’est


l’adage juridique latin « Pater is hic nuptiae demonstrant » (le père est celui que montre le
mariage), repris par les articles 601, 602 et 604 du Code de la Famille.

15
Voir exhumation de cadavre n°73 et annexes.
21

Article 601 : « L’affiliation paternelle s’établit par la présomption légale en cas de


mariage ou par une déclaration ou par une action en recherche de paternité ».

Article 602 : « Nonobstant toute convention contraire, l’enfant né pendant le mariage


ou dans les trois cents jours après la dissolution du mariage a pour père le mari de sa mère ».

Article 604 : « L’enfant issu d’une femme dont le mariage antérieur est dissout depuis
moins de trois cents jours et qui est né après la célébration du mariage subséquent de sa
mère, est tenu pour enfant de nouveaux époux, sauf contestation de paternité ».

Elle ne peut être contestée qu’au moyen d’une action judiciaire en contestation de
paternité (art. 605), dans deux cas : s’il est prouvé que pendant le délai de conception, le père
était soit pour cause d’éloignement, soit pout toute autre cause établie de façon certaine, dans
l’impossibilité physique de procréer (art. 606) ; lorsque, à la suite de l’inconduite de la mère,
la preuve certaine est rapportée que le mari n’est pas le père de l’enfant (art. 607).

Article 605 : « La filiation paternelle établie en vertu des articles 601 et suivants ne
peut être contestée qu’au moyen d’une action judiciaire en contestation de paternité ».

Article 606 : « La paternité peut être contestée s’il est prouvé que pendant le temps
qui a couru depuis le trois cents centième jour jusqu’au cent quatre-vingtième jour
inclusivement avant la naissance de l’enfant, le père était soit pour cause d’éloignement, soit
pour toute autre cause établie de façon certaine, dans l’impossibilité de procréer ».

Article 607 : « La paternité peut être aussi contestée lorsque, à la suite de l’inconduite
de la mère et de tous autres indices ou faits constants et notoires, la preuve certaine est
rapportée que le mari n’est pas le père de l’enfant ».

L’action en contestation de paternité n’est pas recevable si l’enfant a été conçu par
voie d’insémination artificielle, avec le consentement écrit du mari (art. 609). Elle peut être
intentée par celui auquel la loi attribue la paternité d’un enfant, et après sa mort, par l’enfant
majeur, sa mère, les cohéritiers de l’enfant ou ceux qu’il exclut d’une succession (art. 610).

Article 609 : « La contestation de paternité n’est pas recevable s’il est établi que
l’enfant a été conçu par voie d’insémination artificielle, avec le consentement écrit du mari ».

Article 610 : « L’action en contestation de paternité peut être intentée par :

1. celui auquel la loi attribue d’un enfant ;


2. l’enfant majeur ;
3. la mère de l’enfant ;
4. les cohéritiers de l’enfant ou ceux qu’il exclut d’une succession, lorsque celui
auquel la loi attribue la paternité est mort ».

La filiation paternelle hors mariage peut être réalisée soit par convention conclue entre
le père et les membres de la famille maternelle de l’enfant, soit par déclaration unilatérale du
père ou commune des parents (art. 618). La convention n’est valable que si la mère de
l’enfant, même mineure, l’accepte (art. 619. La déclaration est faite devant l’officier de l’état
civil qui l’inscrit dans l’acte de naissance (art. 620). Si le père meurt ou n’est pas en mesure
22

de manifester sa volonté, un ascendant ou membre de sa famille peut agir en son nom.

Article 618 : « La filiation peut être réalisée soit par convention conclue entre le père
et la famille maternelle de l’enfant soit par déclaration du père ou déclaration commune des
parents ».

Article 619 : « La convention d’affiliation est conclue entre le père et les membres de
la famille maternelle de l’enfant.

La convention n’est valable que si la mère de l’enfant, même mineure, l’accepte.

L’acceptation de la convention est présumée, lorsque la mère n’a élevé aucune


protestation contre cette convention dans le délai d’un an à dater du jour où elle en a eu
connaissance et si elle est mineure, un an après sa majorité, dans le cas où elle en avait déjà
connaissance ».

Article 620 : « L’affiliation conventionnelle est déclarée devant l’officier de l’état


civil ».

Elle produit néanmoins ses effets même en l’absence de déclaration. Dans ce cas, elle
peut être prouvée pat toutes voies de droit ».

La déclaration unilatérale du père peut être contestée par la mère ou les membres de la
famille maternelle de l’enfant du fait que l’affiliation est préjudiciable aux intérêts de l’enfant
(art. 622), et par toute personne intéressée ainsi que le ministère public, s’il est prouvé que
celui auquel la paternité est accordée n’est pas géniteur de l’enfant (idem).

Article 622 : « L’affiliation peut être réalisée par une déclaration unilatérale de
paternité faite par le père ».

B. Divorce

L’ancien code civil congolais livre I de l’époque coloniale prévoyait quatre causes de
divorce (art. 134 à 135) : l’adultère, les excès, les sévices et les injures de l’un envers l’autre.
Pour l’adultère du mari, il faut qu’il soit entouré de circonstances de nature à lui imputer le
caractère d’une injure grave (par ex. le mari qui amène une concubine sur le lit conjugal).

L’actuel Code de Famille16 prévoit une seule cause du divorce à savoir, la destruction
irrémédiable de l’union conjugale (art. 549). Il y a destruction irrémédiable de l’union
conjugale si le tribunal tire des faits et situations, la conviction que la continuation de la vie
conjugale et la sauvegarde du ménage sont devenues impossibles (art. 550).

Toutefois, les causes de l’ancien code peuvent constituer la destruction irrémédiable


de l’union conjugale : par exemple le cas de contestation de paternité et de contamination des
maladies sexuellement transmissibles prouvant ainsi indirectement l’adultère.

16
Loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant de la Famille telle que modifiée à ce jour.
23

§ 3. En matière sociale ou du travail

A. Accidents du travail

L’article 20 du Décret-loi du 29/06/1961 sur la sécurité sociale, définit l’accident de


travail comme étant :

« Celui, quelle qu’en soit la cause, survenu à un travailleur par le fait ou à l’occasion
du travail qu’il y ait ou non faute de sa part ; il est aussi celui survenu sur le trajet de sa
résidence, du lieu il prend ordinairement ses repas, au lieu où il effectue son travail, perçoit
sa rémunération, et vice versa, dans la mesure où le parcours n’a pas été interrompu pour un
motif dicté par un intérêt personnel ou indépendant de son emploi ; et enfin, celui survenu
pendant les voyages dont les frais sont supportés par l’employeur ».

B. Maladies professionnelles

Le Décret-loi du 29/06/1961 ne définit pas la maladie professionnelle. Il s’agit des


affections d’origine professionnelle contractées par un travailleur occupé dans les travaux
exposés à ces risques17. Ce sont des traumatismes ou maladies dus à des phénomènes toxiques
répétés et insidieux par le fait ou à l’occasion du travail. Le code du travail assimile les
maladies professionnelles aux accidents du travail.

B. Liste des maladies professionnelles amendée en 1980

Maladies professionnelles - Travaux exposant aux risques

1. Pneumoconioses causées par des poussières minérales ‘’


sclérogènes (silicoses, anthracose, asbestoses et silico-
tuberculose pour autant que la silicose est une cause
déterminante de l’incapacité ou de la mort)
2. Broncho-pneumopathies causées par les poussières des
métaux durs
3. Broncho-pulmonaire causée par la poussière (byssinose)
de lin de chanvre ou de sisal
4. Asthme professionnel causé par des agents sensibilisants ‘’
ou irritants reconnus comme tels et inhérents au type de travail
5. Alvéolites allergiques extrinsèques et leurs séquelles causées ‘’
par l’inhalation des poussières organiques, conformément à ce
qui est prescrit par la législation nationale
6. Maladies causées par le béryllium (glucinium) ou ses exposants
toxiques
7. Maladies causées par le cadmium ou ses composés toxiques ‘’
8. Maladies causées par le phosphore ou ses composés ‘’
9. Maladies causées par le chrome ou ses composés toxiques ‘’
10. Maladies causées par le manganèse ou ses composés toxiques ‘’
11. Maladies causées par l’arsenic ou ses composés toxiques ‘’

17
Ord. N° 66/370 du 9 juin 1966 (M.C. n° 14 du 1 er août 1966, Code du Travail T. II, mesures d’application
1994 p. 154 établit la liste de ces maladies.
24

12. Maladies causées par le mercure ou ses composés toxiques ‘’


13. Maladies causées par le plomb ou ses composés toxiques ‘’
14. Maladies causées par le fluor ou ses composés toxiques ‘’
15. Maladies causées par le sulfure de carbone ‘’
16. Maladies causées par les dérivés toxiques des hydrocarbures ‘’
aliphatiques ou aromatiques
17. Maladies causées par le benzène ou ses homologues toxiques ‘’
18. Maladies causées par les dérivés nitrés et aminés toxiques du ‘’
benzène ou de ses homologues
19. Maladies causées par la nitroglycérine d’autres esters de l’acide nitrique
20. Maladies causées par les alcools, les glycols ou les cétones ‘’
21. Maladies causées par les substances asphyxiantes : oxyde de ‘’
carbone, cyanure d’hydrogéné ou ses dérivés toxiques, hydrogéné
sulfuré
22. Atteinte auditive causée par le bruit ’’
23. Maladies causées par les vibrations (affection des muscles,
des tendons, des os, des articulations, des vaisseaux périphériques
ou des nerfs périphériques)
24. Maladies causées par le travail dans l’air comprimé ‘’
25. Maladies causées par les radiations ionisantes - Travaux exposant à l'action
des radiations ionisantes
26. Maladies de la peau causées par des agents physiques, - Travaux exposant au risque
chimiques ou biologiques considéré sous d’autres
rubriques
27. Epithéliomas primitifs de la peau causée par le goudron, ‘’
le brai, le bitume, les huiles minérales, ses composés, produits,
l’anthracène ou ses composés, produits ou résidus de ces substances
28. Cancer pulmonaire ou mésiothéliome causé par l’amiante - Travaux dans le domaine de
santé et travaux de laboratoire
29. Maladies infectieuses ou parasitaires contractées dans - Travaux de manipulation
une activité comportant un risque particulier de contamination d’animaux ou carcasses

D. Réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles


Les réparations des accidents de travail et maladies professionnelles sont à charge de
la « Caisse Nationale de Sécurité Social (CNSS) » ex « Institut National de sécurité Sociale
(I.N.S.S.) ». Elles consistent en soins médicaux, indemnités journalières, rente ou allocation
d’invalidité et, en cas de décès, en rente pour les survivants et frais funéraires. Les soins
médicaux comprennent les soins chirurgicaux, pharmaceutiques, hospitaliers, de prothèses et
d’orthopédie. Les bases et critères pour le versement des réparations sont fixés par le Code du
travail18.

Les maladies professionnelles qui figurent à la liste, donnent lieu à la réparation pour
autant qu’elles aient été contractées par les travailleurs occupés dans les travaux énumérés à la

18
Arrêté ministériel n° 8/61 du 21 octobre 1961 portant règlement général des assurances de sécurité sociale,
code du travail T II, p. 143 et SS.
25

liste. Celles qui se déclarent après que le travailleur a cessé d’être exposé au risque de les
contracter, sont prises en charge par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), lorsque
la constatation médicale se situe dans le délai d’un an au plus : en cas de récidive d’une
maladie entraînant une incapacité temporaire ayant déjà donné lieu à indemnisation, au cours
de la rechute et dans le délai de trois ans au plus ; et en cas de mort ou d’incapacité
permanente, dans le délai de cinq ans, sauf en cas de silicose où le délai est porté à deux ans.

Les délais commencent à courir à compter de la date à laquelle la victime a quitté le


service. Sous peine de forclusion, le certificat médical de la constatation de l’affection doit
avoir été adressé à la CNSS dans le délai de 15 jours à compter de la date de la constatation.

Le rôle du médecin consiste à établir dans ces cas des certificats médicaux à savoir : le
certificat de constat, de renouvellement, de prolongation et enfin définitif.

CHAPITRE II. ROLE GENERAL DU MEDECIN LEGISTE


SECTION 1. EN MATIERE PENALE
§ 1. Généralités
En matière pénale, lorsqu’une infraction est commise, elle sera d’abord constatée par
l’officier de police judiciaire (première phase, enquête préliminaire), puis, instruite par le
Ministère public qui met la cause en état d’être jugée (deuxième phase, instruction
préjuridictionnelle), et enfin examinée par le juge pour être jugée définitivement (troisième
phase, instruction juridictionnelle). A ces trois phases, le concours du médecin peut être
requis et le sera selon des formes procédurales bien précises.

La réquisition à médecin est l’acte par lequel on soumet à l’expert une question de fait
à examiner qui requiert sa lumière et son avis technique.

L’expertise est une mesure d’instruction consistant, pour technicien, expert commis
par le juge, à examiner une question de fait qui requiert ses lumières et sur laquelle une
constatation ou une simple consultation ne suffit pas à éclairer le juge, à donner un avis
purement technique sans porter l’appréciation d’ordre juridique19.

L’expertise médicale est un avis donné par un médecin expert dans le cadre privé,
médical ou judiciaire20.

Le rapport d’expertise médico-légale est le document dans lequel un expert fait


connaître par écrit à l’officier de police judiciaire, le Ministère public ou le tribunal ses
constatations et son avis relativement aux questions à lui soumises21.

Le rôle principal du médecin légiste est d’éclairer la justice par des preuves médico-
légales sur le moment, la cause et les circonstances des lésions corporelles ou du décès. Et ce
dans « l’optique d’apporter des éléments indispensables à l’enquête aux fins de déterminer

19
Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, Quadrige PUF, 7 e éd., 2005, p. 384.
20
Dictionnaire médical op. cit. p. 541).
21
Idem, p. 746.
26

s’il y a eu ou non intervention d’un tiers dans le mécanisme des lésions ou du décès 22».

§ 2. Expertise médico-légale
A. Procédure d’expertise médico-légale

Elle est prévue par les articles 48 à 52 du Code de procédure pénale.

Article 48 : « Toute personne qui en est légalement requise par un officier du


Ministère public ou par un juge est tenue de prêter son ministère comme interprète,
traducteur, expert ou médecin ».

Article 49 : « Avant de procéder aux actes de leur Ministère, les experts et médecins
prêtent de les accomplir et de faire leur rapport en honneur et conscience.
A moins qu’ils n’en soient dispensés en vertu de l’article 50, les interprètes et
traducteurs prêtent serment de remplir fidèlement la mission qui est confiée ».

Article 50 : « Les premiers présidents des cours d’appel, les présidents des tribunaux
de grande instance et les présidents des tribunaux de paix, après telles enquêtes et épreuves
qu’ils déterminent et de l’avis conforme du ministère public, revêtir certaines personnes de la
qualité d’interprète ou de traducteur juré pour rempli ces fonctions d’une façon constante
auprès des juridictions ou des parquets de leur ressort.
Ces personnes sont revêtues de cette qualité qu’après avoir prêté entre les mains du
magistrat qui les nomme, le serment de remplir fidèlement les devoirs de leur charge.
Ce serment une fois prêté dispense les interprètes et les traducteurs jurés de prêter le
serment prévu par l’article 49 chaque fois qu’ils sont appelés à emplir leurs fonctions. ».

Article 51 : « La juridiction du jugement ou, pendant la durée de l’instruction, le


Ministère public, fixe les indemnités à allouer aux interprètes, traducteurs, experts et
médecins pour les actes de leur ministère.
En cas de contestation des indemnités allouées, l’intéressé peut faire son recours
devant le tribunal lorsqu’elles ont été allouées par le ministère public, et devant la juridiction
supérieure lorsqu’elles ont décidées par la juridiction.
Ces indemnités sont de droit acquis au Trésor lorsque le ministère a été prêté par des
personnes qui touchent un traitement à sa charge. Toutefois, le gouverneur de la province
peut attribuer aux intéressés tout ou partie de ces indemnités. ».

Article 52 : « Le refus d’obtempérer à la réquisition ou de prêter serment sera puni


d’un mois de servitude pénale au maximum et d’une amende, ou de l’une de ces peines
seulement.
La servitude pénale subsidiaire à l’amende, de même que la contrainte par corps pour
le recouvrement des frais, ne peut excéder quatorze jours.
L’infraction prévue au présent article sera recherchée, poursuivie et jugée
conformément aux règles ordinaires de compétence et de procédure. ».

Les interprètes, traducteurs, experts et médecins sont généralement requis par l’officier

22
Ph. BOXO, op. cit., p. 63.
27

du ministère public ou le juge, et exceptionnellement par l’officier de police judiciaire à


compétence générale pour les infractions flagrantes ou réputées telles (art. 5 à 7 du Code
procédure pénale et 83 de l’ordonnance 78-289 du 3 juillet 1978 relative à l’exercice des
attributions d’officier et agents de police judiciaire près les juridictions de droit commun).

L’infraction est flagrante, lorsqu’elle est en train de se commettre ou vient tout juste
de se commettre. Elle est réputée telle, lorsqu’une personne soupçonnée de l’avoir commise
ou d’y avoir participé est encore poursuivie par la clameur publique ou bien lorsque qu’elle
est trouvée en possession d’objets ou présentant des traces ou indices qui laissent penser
qu’elle vient de commettre ladite infraction ou de participer à sa commission. Est assimilée à
une infraction flagrante ou réputée telle, toute infraction commise, même après un certain
temps, dans une habitation dont le chef requiert l’officier de police judiciaire de venir la
constater.

La réquisition à expert est en général et de préférence écrite, mais elle peut être aussi
verbale. Lorsqu’elle est verbale, le médecin requis le signalera au début de son rapport.

Les experts et médecins requis prêtent oralement ou par écrit avant de procéder à leur
mission, le serment suivant : « Je jure d’accomplir les actes de mon ministère et de faire
rapport en honneur et conscience ».

Le défaut de prêter serment ni de le préciser dans le rapport, constitue une irrégularité


à la règle du serment préalable prescrit par l’article 49 du Code de procédure pénale, qui, si
elle n’entraîne pas la nullité radicale de l’expertise, rend celle-ci néanmoins irrégulière et lui
confère la valeur très relative d’un simple renseignement.

La prescription du concours médical à la justice et la prestation du serment sont des


obligations impératives. L’infraction peut se situer à trois moments bien précis : refus
d’obtempérer à la réquisition, refus de prêter serment ou refus de dresser le rapport
d’expertise et le refus de comparaître.

Il ne faut pas confondre le refus avec le retard plus ou moins long à répondre à la
réquisition. Il est donc nécessaire que le médecin requis agisse d’urgence, car son retard est
préjudiciable aussi bien pour son concours que pour la justice, la victime et l’inculpé.

Dans certains cas, le médecin peut bénéficier des causes d’excuse à ne pas répondre à
une réquisition qui lui est adressée. Il en est ainsi lorsque le médecin est sous le coup du
secret professionnel, il est incompétent, il a des difficultés techniques (manque
d’équipements) ou des liens de parenté, d’amitié ou d’inimitié avec la personne à examiner ou
un membre de sa famille. Dans ce cas, il peut sous la foi du serment, déclarer qu’il n’est à
même de prêter son concours pour les raisons ci-dessus et préciser brièvement les motifs de
celles-ci.

B. Rapport d’expertise proprement dit

Le rapport d’expertise sera rédigé par le médecin sur papier libre. Le médecin doit
rappeler d’abord la réquisition à expert en précisant le nom de celui qui l’a faite, la date et
l’objet de la réquisition. Puis, il indiquera la prestation de serment, mais celle-ci peut être
établie par formulaire séparé. Enfin, il établira le rapport d’expertise proprement dit.
28

Celui-ci constitue la partie la plus importante, car il est le moyen précis d’établir les
éléments de preuve ou d’éclaircissement qui sont demandés. Il est nécessaire de préciser avec
soins en suivant un ordre chronologique si possible, les opérations et actes de constat, les
interventions, les manipulations, les utilisations des produits, les méthodes utilisées en vue de
réaliser correctement l’expertise. Enfin, après ces développements précis, clairs et
circonstanciés, on arrivera aux conclusions.

Il faut indiquer le raisonnement et les formules scientifiques utilisés de façon à


permettre la possibilité d’un contrôle et d’une discussion ultérieure. En effet, toute preuve doit
être susceptible d’être débattue contradictoirement, en vue du respect des droits sacrés de la
défense. Si au Congo, le droit d’assister à l’expertise n’est pas comme tel imposé et organisé,
il est accordé néanmoins à la défense le droit ultérieur de contrôler celle-ci et de la discuter, et
même de solliciter une contre-expertise en motivant le bien-fondé de cette demande.

C’est pourquoi, s’il est trop sommaire, sans justification valable, la défense peut le
contester ou du moins demander des éclaircissements, ce qui entraîne alors la citation à
témoin de l’expert. Il convient de signaler que suivant l’objet même de la réquisition, l’expert
ne devra pas toujours être tenu à devoir faire de très longs développements. La concision est
alors souhaitable. Par exemple, si on lui demande de décrire une blessure, de fixer sa gravité
ainsi que le temps nécessaire probable à la guérison totale ou à la consolidation de l’invalidité.

Si donc la blessure est grave et peut entraîner des conséquences prolongées voire
même définitives avec finalement une invalidité permanente. Il s’agira alors de l’évaluer en
précisant le temps et les stades qui se succéderont pour finalement arriver à la complète
consolidation. Ici, les pronostics doivent être parfois prudents, réservés et demanderont sans
doute un ou plusieurs contrôles ultérieurs qui se feront soit à partir d’une réquisition, si celle-
ci le demande, soit en général, soit à partir d’autres adressées ou non au même médecin.

Par exemple pour l’autopsie d’un cadavre d’une personne tuée par coups et blessures,
il faut décrire ceux-ci, les situer avec précision, dégager ceux qui étaient mortels de ceux qui
ne l’étaient pas et procéder alors à certaines opérations pour rechercher l’importance de ces
lésions internes. Il faut en ce cas, détailler et décrire les constatations et découvertes. Parfois,
une lésion en soi non mortelle, le fut en raison de l’état morbide de la victime.

Il faut indiquer également, le genre d’instruments qui a été utilisé, si possible


(tranchants, piquants, tranchants et piquants à la fois, perforants, contondants) ; bref, établir
pour chaque coup, blessure, plaie, ecchymose, bosse ou poche sanguine, sa localisation, son
importance, pour un diagnostic nuancé et différentiel ; et rechercher si la victime s’est ou non
débattue et comment (vérifications d’érosions, plaies linéaires, traces sous les ongles, etc.).

Dans la conclusion, il y a lieu de reprendre les symptômes qui ont entraîné la mort, les
discuter et les préciser dans la mesure la plus exacte possible, dans quel délai. Il faut surtout
dégager le plus clairement possible l’hypothèse du crime, de l’accident ou du suicide, en
précisant objectivement les motifs de la décision. C’est à ce stade que le rapport, en cas de
mort d’homme, constitue une pièce maîtresse de l’enquête aussi bien à charge qu’à décharge.
29

C. Modèle de rapport d’expertise médico-légale23

1. Le préambule

Je soussigné, docteur ………… (nom, post noms, prénoms et qualité), médecin requis
par l’officie de police judiciaire à compétence générale ou officier du Ministère public (nom,
post noms, prénoms du requérant) ou le Tribunal de……………………, en date du
…………, aux fins de ………………………(reprendre les termes de la réquisition à expert).

Serment :

« Je jure d’accomplir les actes de mon ministère et de faire rapport en honneur et


conscience ».

Déclare avoir accompli ma mission le ………..........à ……….et avoir fait les


constatations suivantes :

Si la réquisition réclame un certain temps, en préciser la durée, les circonstances de


lieu, les motifs de déplacement, etc…

2. L’exposition des constatations

a) Les constatations préliminaires

Etat des lieux et des choses, attitude du cadavre ou de la victime vivante, état des
vêtements.

b) L’examen externe

- Le phénomène cadavérique ou l’état de la victime ;


- Les signes d’identité : race, sexe, âge, taille, signes particuliers, etc…;
- Les tâches de souillure des vêtements, du corps, des mains, des ongles, signes
d’asphyxie (cyanose, ecchymose sous-conjonctivale, etc… ;
- Les lésions externes : face antérieure et postérieure, cuir chevelu, cou, tronc,
organes génitaux, membres (description complète, exacte et détaillée des lésions) ;
- Fixer le rapport de temps entre les faits commis et la constatation médico-légale. Il
s’agit d’éléments essentiels pour la discussion.

c) L’examen interne (autopsie)

- La dissection du coup, cavité thoraco-abdominale, viscères, estomac et son


contenu, poumons, foie, intestins, organes génitaux, membres, squelette ; la tête :
cuir chevelu (ecchymose), crâne (suffisions sanguines, fissures, enfoncement,
éclatement, méninges, bulbe, cerveau (hémorragie), contusions, ramollissement,
etc…
- Puis faire des recherches complémentaires : biologiques (tâches suspectes),
anatomo-pathologiques, toxicologiques (alcool dans le sang), radiologiques,

23
SIMONE, Expertise médico-légale, p. 37 à 39.
30

physiques, etc…
- Il est parfois nécessaire de procéder à des prélèvements requérant dès lors
l’établissement d’un procès-verbal de saisie.
- Lorsque la personne est vivante, si une opération a dû être pratiquée (extraction
des balles, fractures, etc…), il ne faut pas perdre de vue de constater ce qui était
avant l’acte chirurgical et relatif aux faits judiciaires. Il en est de même dans les
cas des prélèvements vomitifs.
- Enfin, il faut préciser les opérations et leur but par rapport aux faits judiciaires.

3. La discussion et l’interprétation des faits

a) Les commémoratifs et circonstances des faits (données de l’enquête et témoignage).


De placer strictement sur le plan médico-légal et non sur celui de l’enquête judiciaire que
vous ne dirigerez pas.

b) Les témoignages recueillis sont ceux qui doivent exclusivement aider dans la
mission.

c) Le groupement synthétique des constatations médico-légales.

d) L’argumentation de l’interprétation médico-légale (instrument, violence, position,


époque des faits, etc…).

Dans cette partie du rapport, l’expert est tenu d’envisager toutes les hypothèses
(accident, crime, suicide), de les discuter et d’indiquer les raisons qui lui permettent
d’éliminer certaines d’entre elles.

4. La conclusion

Appréciation finale, brève, explicite et non ambiguë et ce en relation avec les


questions posées.

Quand la cause de la mort n’est pas établie formellement, conclure comme suit : « Les
constatations des faits ne permettent pas de retenir (l’empoisonnement par exemple) comme
expliquant la mort ».

S’il y a certitude : « aucune cause de mort autre que ………………………….ne


résulte des constations de l’autopsie », ou bien « il est établi que ……………………..

S’il y a doute, écrire : « il y a certaines raisons d’admettre que ………, ou bien « Il


n’est pas possible d’établir d’une manière tout à fait certaine avec les seules données médico-
légales recueillies que ……………………………………….

Terminer le rapport de la façon suivante : « Le présent rapport a été fait en honneur et


conscience ».

§ 3. Autopsie
L’autopsie consiste en une opération chirurgicale exécutée sur un cadavre dans un but
judiciaire ou scientifique, afin de déterminer avec précision la cause du décès et les
31

circonstances qui entourent celui-ci. Il y a l’autopsie judiciaire et l’autopsie scientifique.

A. Autopsie judiciaire

Elle ne pose ne pose pas de problème au médecin étant donné qu’il n’y procède que
sur réquisition de l’autorité judiciaire compétente (tribunal, officier du ministère public ou de
police judiciaire) et qu’il ne peut donc engager sa responsabilité que dans deux cas : lorsqu’il
n’obtempère pas à la réquisition ou lorsqu’il fait un rapport qui de toute évidence, constitue
un manquement à la vérité et justifie ainsi les peines prévues pour le faux témoignage.

B. Autopsie scientifique
Elle est prévue et réglementée par l’ordonnance n° 78-179 du 26/04/1978.
On entend par autopsie et prélèvements scientifiques, ceux qui sont pratiqués sur des
corps humains et cadavres dans un but de recherche scientifique dans les cliniques
universitaires et les formations médicales déterminées par le Ministre de la Santé publique si
le médecin chef de service juge qu’un intérêt scientifique ou thérapeutique le recommande.
Un procès-verbal constatant les motifs, les circonstances et les résultats de l’opération sera
dressé par le médecin Chef.
On y procède sous les conditions suivantes :

1) Le défunt peut, de son vivant, léguer son corps ou une partie de celui-ci à une
clinique universitaire ou à toute formation médicale aux fins d’expérimentation scientifique, à
condition qu’il y ait de sa part un consentement libre, éclairé et non assorti de conditions.

A défaut d’une manifestation de volonté donnée en temps utile par le de cujus,


l’autopsie et les prélèvements peuvent être autorisés par ses ayant droit à condition que rien
ne puisse faire présumer que le défunt s’y serait opposé.

2) Un corps abandonné, c’est-à-dire un corps qui n’est pas réclamé et n’est pas
susceptible de l’être, peut être livré à l’autopsie par le Gouverneur de Province ou son délégué
après un délai de quinze 15 jours qui court à partir de la constatation du décès. Pendant ce
temps, tous les moyens de communication seront mis en œuvre pour s’assurer de l’abandon.
L’obligation d’aviser la famille du défunt incombe au directeur ou gestionnaire de
l’établissement où se trouve le cadavre.

Aucun prélèvement ni autopsie ne pourront être pratiqués après inhumation. Un corps


qui a fait objet d’une autopsie ou des prélèvements scientifiques sera inhumé sauf opposition
de la famille, par les soins de la clinique ou de la formation médicale qui les a pratiqués.

Une formation médicale peut adresser une demande à une autre formation médicale en
vue de disposer d’un corps dans les trois cas ci-dessus.

§ 4. Exhumation des cadavres


A. Exhumation ordonnée par les autorités judiciaires

Seul pendant l’enquête, l’officier du ministère public est compétent pour ordonner
pareille mesure. Toutefois, très souvent, ce sera un officier de police judiciaire qui le
demandera au médecin, parce qu’alors il a été spécialement mandaté par l’officier du
32

ministère public par voie de réquisition d’information ou de commission rogatoire celui


n’étant pas sur place, par ex : « Procéder à l’exhumation du corps de ……et requérir un
médecin aux fins d’autopsie pour procéder à la vérification des points suivants ……».

Dans ce cas, le médecin requis doit demander à l’officier de police judiciaire le


mandat d’exhumation de l’officier du ministère public.

La loi prévoit la présence de l’officier de l’état civil qui dresse un procès-verbal


indépendant de celui de l’autorité judiciaire. Le corps ainsi exhumé sera ensuite replacé dans
la forme où il a été inhumé.

B. Exhumation ordonnée par les autorités administratives

L’exhumation et la translation des restes mortels des personnes décédées en RDC à


l’étranger ou à l’intérieur du pays sont ordonnées par le Gouverneur de province.

Le médecin chargé de faire cette opération prendra toutes les mesures qu’il jugera
utiles en vue de sauvegarder la salubrité et la santé publiques. Il demeure libre d’interdire une
exhumation qui lui paraîtrait, pour une cause quelconque, offrir des dangers pour la santé
publique. L’officier de l’état civil qui accompagnera le médecin qui procèdera à l’exhumation
au lieu de la sépulture, et constatera, avant tout, dans les formes voulues, l’identité du corps. Il
dressera le procès-verbal de l’état dans lequel le corps aura été trouvé et des précautions qui
auront été prises pour son ensevelissement ou pour exhumation et son transport.

Lorsqu’un cimetière a été désaffecté, l’exhumation des défunts qui y ont été inhumés
et leur translation dans une nouvelle nécropole ne sont autorisées que par les gouverneurs de
province sur avis du médecin.

§ 5. Exploration corporelle
L’exploration corporelle est la visite du corps ou des parties du corps d’une personne
vivante, à ne pas confondre avec la fouille qui est une mesure qui est une recherche sur les
vêtements (en douane par exemple) et qui consiste en un contrôle superficiel. Elle peut porter
aussi bien sur la victime (viol, attentat à la pudeur) que sur le prévenu (avortement,
infanticide). Elle est prévue par l’article 26 du code de procédure pénale.

Vu le caractère particulièrement délicat, voir offensant de ce genre d’opération, la loi a


prévu des conditions rigoureuses pour pouvoir l’exercer avec dignité. Plus souvent exercée
sur les femmes et les enfants, vu la nature des infractions qui commandent pareil devoir, hors
le cas d’infraction flagrante, l’officier du ministère public ne peut y faire procéder qu’en vertu
d’une ordonnance motivée du président du tribunal de paix et ce à la requête du ministère
public. Cette autorisation n’est pas requise dans le cas de consentement exprès de la personne
intéressée ou, si elle est âgée de seize ans, de la personne sous l’autorité légale ou coutumière
de qui elle se trouve. Ce consentement doit être constaté par écrit.

L’exploration corporelle ne peut être effectuée que par un médecin. Toutefois, en cas
d’absence de médecin sur place et dans les environs immédiats, et de nécessité totale pour
l’établissement d’une infraction très grave et, en principe à la demande de la personne à
explorer ou avec son accord, un infirmier pourra éventuellement procéder à une exploration
33

corporelle, mais ce point doit être particulièrement bien justifié.

Dans tous les cas, la personne qui doit être l’objet d’une exploration corporelle peut se
faire assister par un médecin de son choix ou par un parent ou allié ou pat toute personne
majeure du même sexe qu’elle et choisie parmi les résidents de l’endroit ».

SECTION 2 : ROLE DU MEDECIN LEGISTE EN MATIERE CIVILE


§ 1. Réquisition à médecin
En matière civile, ce seront souvent les parties qui sollicitent le concours du médecin
avant de saisir le tribunal pour constituer les preuves de leurs prétentions, parfois lorsque le
tribunal étant saisi, elles veulent prouver ou contester un fait (par ex. en matière de filiation.
Le tribunal peut aussi le requérir d’office le médecin pour éclairer sa religion.
Dans l’hypothèse où le médecin est requis par la partie qui conteste et ce avant l’action
en contestation de paternité (art. 32 à 37 du Code de procédure civile), il y a lieu à dépôt du
rapport devant le tribunal civil par la partie elle-même avec contestation possible de l’autre
partie et portant citation éventuelle du médecin comme témoin. Celui-ci ne pourra lire aucun
projet écrit et le greffier consignera ses dires que finalement, il devra signer.

Dans l’hypothèse où le médecin est requis pendant l’action, c’est le cas le plus
fréquent, cette réquisition se fera soit à la demande des parties, soit de l’une d’elles, soit
d’office par le tribunal.

§ 2. Expertise médico-légale
L’expertise médicale peut être faite par un seul ou par plusieurs experts. Les parties
peuvent y assister à leur demande. La possibilité de ne pas prêter son concours est admise.

Il est établi un rapport signé avec la formule suivante : « Je jure que j’ai rempli ma
mission en honneur et conscience, avec exactitude et probité » (art. 42 al. 5 du C.P.C.). Cette
formule est distincte de celle prévue en matière pénale : « Je jure d’accomplir les actes de
mon ministère et de faire mon rapport en honneur et conscience » (art. 49 du C.PP.).

Il y a toujours possibilité d’une nouvelle expertise et également, d’entende les experts


en qualité de témoin.

En matière de filiation, l’action en recherche de maternité ou de paternité ainsi que


l’action en contestation de celles-ci par les parties intéressées peuvent être prouvées par
l’expertise médicale, par la génétique (ADN).

En cas d’adultère avec éventuellement contestation de paternité prouvant ainsi


indirectement l’adultère, il s’agira d’examens biologiques (par ex. tâches suspectes). En cas
d’excès, sévices, injures graves, brutalités ou déviations sexuelles (homosexualité, sadisme),
cas rares, ou de contamination des maladies sexuellement transmissibles, cas beaucoup plus
fréquents, il y a aussi recours à un médecin, problème délicat du secret professionnel.

En matière de divorce, l’ancien code civil congolais livre I de l’époque coloniale


prévoyait quatre causes de divorce à savoir : l’adultère, les excès, les sévices et les injures de
l’un envers l’autre. Pour l’adultère du mari, il fallait qu’il soit entouré de circonstances de
34

nature à lui imputer le caractère d’une injure grave (par ex. le mari qui amène une concubine
sur le lit conjugal), (art. 134 à 135 du CCL I).

L’actuel Code de la Famille n’a pas repris ces quatre causes du divorce. Il prévoit
comme seule cause du divorce, la destruction irrémédiable de l’union conjugale (art. 549). Il y
a destruction irrémédiable de l’union conjugale si le tribunal tire des faits et situations, la
conviction que la continuation de la vie conjugale et la sauvegarde du ménage sont devenues
impossibles (art. 550). Toutefois, les quatre causes de l’ancien peuvent à la base de la
destruction irrémédiable de l’union conjugale. En cas de divorce fondé sur la contestation de
paternité et la contamination des maladies sexuellement transmissibles prouvant ainsi
l’adultère, il y a recours à l’expertise médicale, à la génétique (ADN).

On peut se poser la question de savoir si l’impuissance et la stérilité peuvent être des


causes de divorce ? La réponse à cette question est controversée. A notre avis, l’impuissance
peut être une cause de nullité du mariage car il s’agit là d’une erreur substantielle sur les
qualités physiques de la personne déterminantes pour la fondation et la consommation du
mariage. Mais si elle se manifestait plusieurs années après le mariage, elle ne peut pas être,
tout comme la stérilité, une cause du divorce car, on se marie pour le meilleur et le pire ; de
plus en droit écrit, la finalité procréatrice, n’est pas l’essence du mariage.

SECTION 3 : ROLE DU MEDECIN LEGISTE EN MATIERE SOCIALE


§ 1. Particularités de la médecine sociale ou du travail
La médecine sociale ou du travail est plus organisée et systématique. Elle se réalise, en
principe, en dehors de toute action en justice, d’une manière automatique, lorsqu’il y a
accident de travail ou maladie professionnelle. Elle est d’application journalière. Le secours
médical est de nature administrative pour établir la gravité, la durée et la consolidation d’un
accident de travail ou d’une maladie professionnelle.

On n’examinera ici que les aspects de l’établissement des certificats médicaux et non
les obligations de prévention et d’hygiène imposées sur le lieu de travail, celles-ci relevant de
la médecine du travail.

§ 2. Certificats médicaux

A. Certificat de constat ou de première constatation (modèle A1 ou M1)

C’est le certificat de déclaration d’accident ou de maladie professionnelle qui doit être


accompagné du certificat modèle A2 ou M2 qui incombe au médecin qui a constaté l’accident
ou la maladie et est adressé par la voie la plus rapide à la CNSS (ex I.N.S.S.) (art. 30 et 31 de
l’arrêté ministériel du 30 décembre 1961).

B. Certificat de prolongation ou de renouvellement (modèle A3 ou M3)

Il est établi en cas d’incapacité supérieure à celle prévue par le certificat modèle A2 ou
M2 ou si celle-ci est de plus de 30 jours, et est renouvelable pour chaque période de 90 jours.
35

C. Certificat définitif

Le troisième certificat, certificat modèle A4 ou M4 ayant pour objet, soit le constat de


décès ou de guérison, ou de consolidation des lésons. Il est aussi appelé certificat définitif
mais reste susceptible de réévaluation périodique.

D. Certificat de demande de pension d’invalidité

Le quatrième certificat, de demande de pension d’invalidité par l’établissement d’un


modèle 1-2 établi par un médecin agrée par l’I.N.S.S.

Il doit contenir le constat de la diminution permanente ou présumée des capacités


physiques ou morales rendant le travailleur inapte à gagner au moins le un tiers de la
rémunération qu’un travailleur ayant la même qualification peut se procurer par son travail. Et
il doit préciser s’il s’agit d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle, si cet
accident ou cette maladie n’est pas à une faute intentionnelle ou à un risque spécial, et
préciser également les examens médicaux, la description des lésions, les affections, les
séquelles et les infirmités, s’il est nécessaire le recours aux soins d’un tiers et le problème des
révisions.

SECTION 4 : COMPARUTION DU MEDECIN COMME TEMOIN


§ 1. Citation à témoin
Le médecin requis peut être cité comme témoin : soit par l’officier de police judiciaire,
pour les infractions flagrantes punissables de plus de six mois de servitude pénale (art. 5, 16 et
19 du code de procédure pénale), soit par l’officier du ministère public (art. 16 à 21 du code
de procédure pénale) par voie d’un mandat de comparution, soit enfin par le tribunal par voie
de citation (art. 56, 57, 59, 60, 61, 64, 74, 91 et 106 du Code de procédure pénale) ou
d’assignation (art. 32 à 37 du code de procédure civile).

A côté de la citation à comparaître comme témoin suivant les règles strictes de la


procédure pénale, très souvent l’officier de police judiciaire ou du ministère public envoie une
simple convocation ou invitation, sans invoquer les peines édictées aux articles 19 et 78 du
code de procédure pénale. Cette convocation n’est pas impérative, néanmoins, il est important
de s’y soumettre parce qu’en réalité cette procédure est prise par souci de moindre
formalisme.

Les témoins prêtent le serment suivant : « Je jure de dire toute la vérité, rien que la
vérité » (art. 17 du code de procédure pénale). La formule n’est cependant pas sacramentelle.
L’officier du ministère public peut imposer la forme de serment dont l’emploi, d’après les
coutumes locales, paraît le plus propre à garantir la sincérité de la déposition.

Le refus de se soumettre à un mandat de comparution ou à une citation à témoin, le


refus de prêter serment et le refus de déposer sont punissables, à moins que des excuses
légitimes ne justifient ce défaut, sont punissables. La sanction prononcée est sans appel et
peut être prise sur le champ par le magistrat instructeur ou par le juge, selon le cas. Le témoin
récalcitrant peut être contraint à se présenter devant l’officier de police judiciaire ou l’officier
du ministère public ou le tribunal par un mandat d’amener.
36

Les personnes qui sont dépositaires par état ou par profession des secrets qu’on leur
confie (secret professionnel) sont dispensées de témoigner. Egalement celles qui ont des liens
de parenté, d’amitié ou d’inimitié avec une des parties. Il n’empêche cependant, qu’en pareil
cas, que la personne citée devra comparaître, ensuite sous la foi du serment, invoque
l’obligation du secret professionnel ou les liens avec les parties.

§ 2. Différence entre expert et témoin


L’expertise est le concours du médecin pour mettre en œuvre des preuves ou les
éclaircir à raison de sa compétence médicale. Le témoignage entendu au sens au sens large,
est tout renseignement fourni à la justice par un autre que l’inculpé. Il est, soit direct s’il s’agit
d’une personne qui a observé par ses propres sens, l’infraction commise par le prévenu, soit
indirect dans les autres cas, lorsqu’une personne l’a entendu par oui dire.
Ainsi, l’expert peut être appelé comme témoin pour donner des renseignements
complémentaires et éclaircissements et est témoin direct. En réalité, le témoignage du
médecin, après expertise, partage de l’expertise aussi bien que du témoignage. Mais, en
principe, le médecin cité comme témoin, prêtera le serment du témoin vu qu’alors il a déjà
rempli sa mission. De plus, il ne pourra, en qualité de témoin, que répondre verbalement aux
questions qui lui seront posées, sans se référer à son rapport écrit.

CHAPITRE III. DEONTOLOGIE GENERALE DU MEDECIN


LEGISTE
A partir du moment où les faits réclament le concours du médecin et qu’il a été requis
en bonne et due forme, il est soumis à des obligations déontologiques spécifiques à la
médecine légale différentes de celles de sa profession ordinaire de médecin. Il est obligé sous
peine de sanction pénale, d’apporter son concours.

SECTION I : CONCOURS MEDICAL


§ 1. Nature du concours médical
Le concours du médecin légiste consiste en une collaboration franche, complète,
objective, pleine de clarté et de prudence avec la justice, dans la recherche de la vérité, par
une action médico-légale sans désemparer. Le médecin ne peut pas chercher à se défier sous
des prétextes mineurs. Il doit exécuter sa mission dans les meilleurs délais et également
assurer l’orientation des recherches subséquentes, par exemple en faisant les prélèvements qui
s’imposent ou en signalant le désordre mental de celui qu’il a examiné. Il doit être entouré
d’objectivité, clarté et prudence.

A. Objectivité

L’objectivité veut dire : dégager ce qui est certain de qui ne l’est pas, ce qui est
probable de ce qui est douteux et de dire pourquoi. Notons d’ailleurs que dans la médecine
légale la preuve absolue est rarissime. Elle veut dire aussi, conférer la prééminence aux
preuves matérielles, indices, aux recherches de laboratoire, aux procédés de vérification car
l’expertise ne peut porter que sur des faits et doit éviter des spéculations.
37

B. Clarté

La clarté signifie : écrire de façon à être compris par l’emploi d’un vocabulaire
accessible et, si certains termes sont complexes, les expliquer, voire même, faire de croquis,
prendre des photos. Bref, dans le protocole ou rapport d’expert, veiller à ce que le juge puisse
comprendre aisément le cheminement de l’action et de la pensée médicale. Trop souvent, le
vocabulaire spécialisé médical peut cacher l’insuffisance d’objectivité de connaissance.

C. Prudence

La prudence est le corollaire à la fois de la vertu d’objectivité mais aussi de la gravité


même de la mission. En effet, d’un avis d’un expert, on peut passer du domaine de l’accident
au criminel et vice versa.

La prudence ne veut pas dire cependant silence. Par exemple, si, par les constations,
les hypothèses d’accident, de suicide ou de crime restent ouvertes, il y a lieu de les déclarer
avec, pour chacune de ces hypothèses, la discussion des éléments favorables ou défavorables
à celle-ci, car la justice a à sa disposition, à côté des preuves et indices médico-légaux, un
arsenal d’autres preuves telles que les aveux, les témoignages, les indices matériels et graves,
le comportement du suspect, etc…, et ainsi ce qui était douteux, ambigu, deviendra par la
conjonction des preuves une certitude.

La prudence est aussi de mise, car elle ne permettra pas des contestations ultérieures
des parties au procès, entraînant alors le jeu des contre-expertises qui souvent ne peuvent
jamais reconsidérer la situation observée initialement et tentent souvent d’embrouiller des
preuves décrites, danger à craindre des critiques systématiques des avocats tendant à ébranler
l’expert et à discréditer son travail. C’est pourquoi, la diligence et les soins apportés par le
premier expert constituent un des éléments essentiels pour le succès d’une enquête judiciaire.

§ 2. Simulation médico-légale
La simulation médico-légale est une faute consciente raisonnée qui consiste à
provoquer, à initier ou à exagérer des troubles morbides subjectifs ou objectifs, dans un but
intéressé. Il importe au médecin d’être attentif à ce danger de simulation qui peut le dérouter
de sa mission.

En matière pénale, la simulation médico-légale est mise en œuvre pour se soustraire à


une obligation légale (service militaire, mobilisation, citation en justice comme prévenu ou
témoins, etc.), pour échapper à la répression pénale, pour préparer un faux attentat dans le but
de satisfaire une vengeance, de soutirer de l’argent (chantage) ou bien encore de détourner les
soupçons (agression simulée, viol simulé). Elle est très fréquente dans le domaine des
accidents de roulage ou de travail.

A nouveau, le rôle objectif et neutre que doit jouer le médecin légiste s’avère délicat
parce que, le comportement aussi bien de la victime que celui du délinquant est toujours
dirigé par des intérêts contraires à ceux de la justice.

En matières civile et sociale, les procédés de simulation sont utilisés pour obtenir des
droits indus (congé, rente d’invalidité, retraite anticipée, dommages et intérêts), pour profiter
38

de certains avantages ou toucher des indemnités (assurance contre les accidents, assurance
sociale), pour exciter la compassion charitable (mendicité, faux infirmes).

La simulation médico-légale se manifeste de différentes façons, soit par une fausse


déclaration, soit par une exagération de la lésion provoquée, soit aussi par le phénomène de
l’automutilation. L’état psychologique du fraudeur médico-légal est sujet à différentes
hypothèses. Il s’agit en général d’individus paresseux, égoïstes ou déficients intellectuels et
moraux, qui finissent par croire eux-mêmes à leurs allégations mensongères. Le goût de la
mystification ou du profit est donc à la base de la simulation.

§ 4. Secret professionnel
A. Fondement juridique

En général, le médecin est tenu au secret médical. L’article 73 du Code pénal livre II
punit : « Les personnes dépositaires par état ou profession des secrets qu’on leur confie et
qui, hors le cas où elles sont appelées à rendre témoignage en justice et celui où la loi les
oblige à faire connaître ces secrets, les auront révélés, seront punis d’une servitude pénale de
un à six mois et d’une amende de mille francs, ou d’une de ces peines seulement ».

Le médecin est le premier concerné. A raison de sa profession, il est très souvent


détenteur des secrets intimes de ses patients c’est-à-dire non seulement ce qui lui confié par la
personne, mais aussi ce qu’il découvert ou déduit en l’examinant.

Le serment d’Hippocrate lui fait obligation de garder le secret professionnel, sans


lequel, la confiance nécessaire et réciproque entre lui et le malade serait impossible :

« Par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygée et Panacée, par tous les dieux et
déesses, les prenant à témoin, quoique je voie ou entende pendant l’exercice ou même hors
l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la
discrétion comme un devoir en pareil cas ».

Il en est de même de l’article 5 du Code congolais de déontologie médicale qui


dispose : « Le secret professionnel s’impose à tout médecin, sauf dérogations de la loi » ; et
des articles 40 à 43 qui stipulent :

« Le secret professionnel implique une absolue discrétion au sujet de ce que le


médecin a vu ou entendu dans l’exercice de sa profession. Le médecin doit veiller à ne pas
dévoiler le secret médical, soit par ses paroles, par ses écrits professionnels ou administratifs,
soit par ses publications ou communications scientifiques ».

Le certificat médical qui, par son texte dévoile un secret médical, sera remis
directement au malade qui peut en disposer à son gré. La communication d’un diagnostic ou
des renseignements d’ordre médical peut se faire moyennant les précautions nécessaires.

Tous ceux qui collaborent avec le médecin sont aussi tenus au même secret médical :
infirmiers, anesthésistes, informaticiens, huissier, etc.
39

B. Caractère du secret médical

Le secret médical n’est pas absolu. L’article 73 du Code pénal livre II prévoit en lui-
même des exceptions : « hors le cas où elles sont appelées à rendre témoignage en justice et
celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets ».

Par exemple :

- Le médecin ou l’auxiliaire peut témoigner en justice ;


- Il peut lorsqu’il est attaqué en justice, révéler le secret médical qu’on lui a confié si les
nécessités de la défense l’exigent ;
- Il est tenu de déclarer les maladies quarantenaires, épidermiques, endémiques, toxi-
infections alimentaires, transmissibles ou d’allure épidermique et les affections
carentielles en général, dont il a eu connaissance ; et il doit dénoncer toute personne
qui, atteinte d’une de ces maladies, se soustrait au contrôle sanitaire24 ;
- Une décision judiciaire peut permettre au malade et à ses héritiers d’autoriser le
médecin à faire certaines révélations25 ;
- On admet que le malade ait la faculté de délier le médecin su secret, soit en requérant
la délivrance des certificats médicaux, soit en lui demandant de déposer en justice26.

La question qui se pose alors est celle de savoir comment alors concilier l’obligation
fondamentale du secret du médecin avec son obligation légale de collaboration lorsqu’il est
requis par la justice ?

En réalité, la situation du dépôt du secret professionnel médical se manifeste lorsque le


médecin requis est déjà intervenu auparavant, soit en qualité de médecin traitant habituel, soit
comme médecin traitant occasionnel.

Si donc, dans ces cas, il existe une incompatibilité grave entre le secret professionnel
acquis et la réquisition, le devoir du médecin est de se récuser en précisant brièvement et sans
dévoiler son malade et surtout ce qu’il lui a dit, les motifs de cette récusation.

Mais, si la personne de la justice insiste, il y a lieu de lui rappeler l’article 73 du Code


pénal livre II qui punit la violation du secret professionnel. Et si elle continue à insister, le
devoir a le devoir d’en avertir les autorités médicales (conseil de l’ordre) et les autorités
judiciaires.

Il faut vraiment que l’incompatibilité soit réelle. Tel ne serait pas le cas si un médecin
est requis à décrire les blessures et leur gravité ainsi que les instruments qui ont provoqué ces
blessures, dans le cas surtout où il n’y a pas d’autres médecins sur place ni à proximité.

De même, si la victime vient se faire soigner et qu’il y a une infraction grave dont elle
a été l’objet, rien n’empêche le médecin de dénoncer les faits car ceci ne nuit aucunement à
son patient, bien au contraire. Toutefois, il est souhaitable de lui faire part de cette décision
car il se peut que certaines raisons militent pour qu’il n’intervienne pas en justice.

24
Ord. N° 74/213 du 22/06/1954 relative à la lutte contre ces maladies
25
Cass. Fr, 12/06/1958, J.C.P. 1959, II. 10940, note Chavanne, cité par NYABIRUNGU mwene SONGA, op.
cit, p. 34.
26
RYCMNS et MEET DE PUT, Les droits et obligations des médecins, I, Larcier, Bruxelles, 1971, 116.
40

Il est évident que si les faits sont très graves, comme par exemple, une tentative
d’assassinat ou bien le fait que la victime, après soin est néanmoins décédée, les motifs du
silence sont tout à fait rarissimes et le devoir du médecin est alors d’alerter la justice et à
fortiori si celle-ci le requiert.

A partir de ses devoirs comme expert médical, le médecin est alors tenu de garder le
secret et une totale discrétion sur ce lui a été demandé surtout au niveau de l’enquête
préparatoire qui est secrète. Car, dévoiler à tout vent, comme trop souvent cela est le cas, avec
parfois critiques à l’appui, c’est compromettre dangereusement par ses indiscrétions ou sa
légèreté, la marche d’une affaire et même diminuer le prestige de la justice ou de l’autorité de
justice ; dans certains cas graves, il pourrait lui être reproché la violation du secret
professionnel, un outrage à la justice, même des injures ou imputations dommageables.

SECTION II : DIFFICULTES DU MEDECIN LEGISTE CONGOLAIS


Le médecin légiste congolais est confronté à de nombreuses difficultés : la confusion
des tâches, la mentalité congolaise magico-religieuse, la détection des empoisonnements,
l’insuffisance des données documentaires et la nécessité des moyens adéquats.

§ 1. Confusion des tâches ordinaires ou concomitance


Si la médecine légale devient de plus en plus une spécialité dans laquelle plusieurs
spécialités se dessinent (médecin légiste, toxicologue, biologiste, psychiatre, traumatologue,
etc…), on doit cependant constater qu’en République Démocratique du Congo, de pareilles
qualifications sont rares et ce sera encore peut être vrai pendant longtemps vu l’absence du
programme du pays dans ce domaine, l’immensité du pays, les difficultés de communication
et le sous-développement.

Très souvent, à propos d’une affaire criminelle, le médecin est parfois seul pour
remplir les missions concomitantes du médecin traitant et du médecin légiste, faute de
médecins légistes.

La concomitance doit être comprise d’une manière raisonnable. Ainsi, lorsqu’un


délinquant blessé arrive à l’hôpital pour les soins et que dans un délai de 24 à 48 heures, la
réquisition arrive, il y a concomitance ; les révélations faites par lui et le compromettant ne
peuvent être dévoilées en principe, c’est là que le secret professionnel reste impératif.

De même, si la victime vient se faire soigner et qu’il y a une infraction grave dont elle
a été l’objet, rien n’empêche le médecin de dénoncer les faits car ceci ne nuit aucunement à
son patient, bien au contraire. Toutefois, il est souhaitable de lui faire part de cette décision
car il se peut que certaines raisons militent pour qu’il n’intervienne en justice.

Il est évident que si les faits sont très graves, comme par exemple, une tentative
d’assassinat ou bien le fait que la victime, après soin est néanmoins décédée, les motifs du
silence sont tout à fait rarissimes et le devoir du médecin est alors d’alerter la justice et à
fortiori si celle-ci le requiert.

Cette confusion des tâches des médecins dans le pays ne peut permettre un apport
efficace de l’expertise médico-légale à la justice et une bonne administration de la preuve et
41

de la justice au pays.

§ 2. Mentalité magico-religieuse congolaise


La mentalité congolaise, peut-être plus dans les milieux coutumiers, reste encore
profondément imprégnée de conceptions magico-religieuses qui veulent à tout prix que tout
événement, apparemment anormal, tel un accident, un décès brusque, ait été provoqué,
déterminé ou causé par quelqu’un. La mort subite d’un individu, apparemment en bonne
santé, ne peut être accidentelle. En général, pour beaucoup, elle est criminelle, d’où, on
cherchera à tout prix un coupable.

Dès lors, un sentiment de vengeance et de méfiance va planer, cherchant à entraver le


cours de la justice et l’action du médecin par le recours à des sorciers. Il faudra donc agir avec
doigté et faire comprendre ce qu’il en est aux parents et aux proches pour empêcher certaines
pratiques parfois mutilantes des cadavres.

En cas d’accident de roulage ou de chasse, l’auteur matériel même s’il n’a pas commis
de faute, est tenu pour quasiment responsable, même si les agissements de la victime sont tout
à fait fautifs et imprévisibles.

En cas de fausse couche d’enfant mort-né ou de décès en très bas âge, de très
nombreuses coutumes tentent de chercher la faute chez les époux qui auraient été pendant la
grossesse ou après infidèles ; ce qui entraîne des pratiques de sorcellerie ainsi que des
épreuves superstitieuses pour obtenir les aveux du présumé coupable.

Cette ambiance qui plane surtout autour de la mort met parfois le médecin dans une
position difficile. Il doit donc être ferme et prudent à la fois et aider la justice à arrêter ces
explosions de colère, de suspicion dangereuse et intentionnelle (épreuves superstitieuses,
lynchages, castrations, etc…).

§ 3. Détection des empoisonnements


Les empoisonnements peuvent être le résultat, tantôt d’un dosage extensif d’un
médicament, tantôt d’un usage d’u abortif, d’une purge suivie de mort ou d’incapacité grave.
La responsabilité est civile et pénale à la fois, vu l’imprudence qui a causé les dommages
corporels. Comme la frontière entre le médicament et le poison n’est en général que de degré,
ces cas peuvent être fréquents à l’égard d’une médecine et d’une pharmacopée empiriques,
traditionnelles et peu contrôlées.

Ainsi, le rôle du médecin formé scientifiquement est capital, tant pour détecter les
abus que pour découvrir les avantages d’une médecine méconnue.

Mais l’empoisonnement criminel reste ainsi très fréquent, car c’est l’arme des faibles
(femmes et vieillards) et des fourbes. Or, celui-ci, au Congo est avant tout, en milieu rural,
voir même urbain, réalisé par des décoctions de plantes (strophantus, digitales, karuho, etc….)
qui ne laissent guère des traces à moins d’agir vite et de connaître comment les derniers
moments de la victime ses sont déroulés.

Ici, la collaboration active et franche du médecin s’impose pour enrayer un crime qui,
s’il était plus souvent puni, serait jugulé. Il n’empêche que le médecin qui sera appelé ne
42

pourra que prendre des mesures descriptives et conservatoires (prélèvements) qui pourront
permettre, par une recherche ultérieure, de conclure pour l’empoisonnement ou pas.

§ 4. Insuffisance des données documentaires et nécessité des moyens adéquats


Les données documentaires de médecine légale provenant des pays non et peuvent
aggraver la santé déjà perturbée d’une personne blessée ou être la cause accélérée de son
décès. Ainsi, on a très souvent connu des morts provoquées par des coups apparemment peu
graves portés à la hauteur du foie, de la rate, vu la malaria et les maladies parasitaires dont la
victime était déjà atteinte.

L’absence des soins immédiats et également l’infection des plaies par l’apposition des
médicaments traditionnels constituent des cas fréquents au sujet desquels le médecin requis
devra donner des précisions.

Il y a également lieu de signaler le cas d’ivresse mortelle, parce que ou la boisson


fermentée absorbée étant de mauvaise qualité d’une mauvaise distillation ou d’une mauvaise
fermentation. C’est surtout le cas en matière d’alcool, de bière de bananes, de maïs, de
sorgho, etc.

Ainsi donc, le médecin doit faire preuve d’une attention redoublée pour dégager les
éléments suspects qui ont provoqué la mort ou l’altération grave de la santé et rechercher si
ceux-ci sont directement causés par le fait du délinquant ou, au contraire, par des éléments
postérieurs à son activité criminelle.

Le médecin requis est appelé à devoir agir rapidement vu qu’en cas de cadavre, la
putréfaction est beaucoup plus rapide en raison de de la chaleur humide. Il doit donc disposer
d’une manière constante, de moyens adéquats pour la préservation des viscères et des
cadavres, et de laboratoire médico-légal pour les examens. Il est dès lors nécessaire que tout
centre de santé, surtout isolé, ait, à côté des trousses de secours médical, un ensemble
d’instruments et de produits nécessaires pour les réquisitions ordinaires d’expertise médicale.

Mais hélas, on constate avec regret que le pays ne dispose pas de tous ces moyens
nécessaires et indispensables pour l’exercice de la médecine légale et de spécialistes de
médecine légale pour apporter à la justice un concours médico-légal efficace et des preuves
médico-légales dont elle en a besoin.
43

DEUXIEME PARTIE : DROIT MEDICAL


CHAPITRE I. RESPONSABILITE MEDICALE ET PRATIQUE
INDIVIDUELLE
Au nom supérieur de la science, les médecins ont joui longtemps de l’immunité
absolue et ne pouvaient donc engager leur responsabilité civile et pénale à l’occasion des
dommages causés dans l’exercice de leur activité. Et pendant longtemps, les décisions de
condamnation ont demeuré peu nombreuses, motivées de façon confuse et hésitante et
limitées aux cas de l’exercice illégal de la médecine. Mais aujourd’hui, il est admis que les
médecins peuvent, dans l’exercice de leur fonction, si le dommage s’en est suivi de leur fait,
engager leur responsabilité personnelle, aussi bien sur le plan civil que sur le plan pénal.

Section 1 : Fondement juridique de la responsabilité médicale


§ 1. Fondement contractuel et quasi contractuel

A. Généralités

La doctrine et la jurisprudence fondent considèrent qu’il se forme entre le médecin et


son client un véritable contrat comportant pour le premier l’engagement de guérir le malade,
du moins de lui donner des soins non pas quelconques, mais consciencieux, attentifs et,
réserve faite des circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la
science27.

Un contrat est une convention juridique par laquelle une ou plusieurs personnes
s’engagent envers d’autres à faire ou à ne pas faire quelque chose. Il peut être
synallagmatique ou bilatéral en vertu duquel les contractants s’engagent réciproquement, les
uns envers les autres, ou unilatéral en vertu duquel une seule partie s’engage envers l’autre
sans que de la part de cette dernière il n’y ait d’engagement (par exemple : la gestion
d’affaires). Il y a plusieurs sortes des contrats : contrat de mariage, contrat de travail, contrat
de vente, contrat de location, contrat de transport, contrat administratif, contrat médical, etc.

B. Particularismes du contrat médical

Le contrat médical est un contrat « sui generis », c’est-à-dire propre en son gendre
différent des autres contrats.

Il est un contrat « synallagmatique ou bilatéral » entre le médecin et le patient qui met


à la charge du médecin l’obligation de donner des soins au patient, bien sûr non pas
quelconques, mais consciencieux et attentifs, et à la charge du patient, en principe,
l’obligation de rémunérer le médecin (encore que le contrat puisse être gratuit) et toute
hypothèse de ne pas aller à l’encontre des prescriptions du médecin sans en avertir celui-ci.

Il est généralement considéré comme un contrat « intuitu personae », c’est-à-dire que


sa conclusion par le malade aura été déterminée par la considération de la personne du

27
Cass.Fr., 20 mai 1936, D. 1. 88, cité par NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit, p. 29.
44

médecin, laquelle constitue dès lors l’élément essentiel du contrat28.

Dans ce type de contrat, l’exécution doit être effectuée par le « débiteur de


l’obligation » lui-même, c’est-à-dire le médecin. En principe, le médecin ne peut donc
charger quelqu’un d’autre, un remplaçant quelconque, de remplir l’obligation qu’il doit lui-
même assumer. Toutefois, l’intervention d’agents d’exécution est permise comme assistance
matérielle et secondaire et est licite si le débiteur garde la direction de l’exécution et que sa
participation est prépondérante.

Toutefois, la jurisprudence belge a admis que le médecin, bien qu’investi de la


confiance personnelle de son patient, peut en principe se faire remplacer par un collaborateur
compétent et avisé. Il commet une faute lourde et en porte la responsabilité, s’il se décharge
de ses soins sur un confrère incapable ou négligeant.

Il est « résiliable unilatéralement », à vrai dire, plus facilement par le patient à l’égard
de qui cette faculté est absolue qu’à l’égard du médecin qui lui doit, en toute hypothèse
assurer la continuité des soins et répondre aux situations d’urgence.

Il est enfin un contrat « civil » et jamais un contrat commercial même si le médecin


serait rémunéré.

C. Nature de l’obligation médicale

En principe, l’obligation du médecin est une obligation de moyens et par exception,


une obligation de résultat.

1. L’obligation de moyen

Le principe de l’obligation de moyens a été posé dans l’arrêt du 20/05/1936 précité :


« Le contrat médical ne comporte pas l’engagement de guérir le malade, mais celui de lui
donner des soins consciencieux, attentifs et, réserve faite des circonstances exceptionnelles,
conformes aux données acquises de la science »29.

2. L’obligation de résultat

L’obligation de résultat peut résulter soit de la volonté des parties, soit de la nature de
la prestation, soit des termes de la loi.

a) La volonté des parties

La volonté des parties peut conférer à l’obligation du médecin, la nature d’une


obligation de résultat dans les circonstances diverses. Par exemple :

- Lorsque le médecin promet d’exécuter un acte médical à un moment déterminé ou de


l’exécuter personnellement (par exemple, il a été décidé lorsqu’un obstétricien promet
de procéder personnellement à un accouchement, il répond de plein droit du dommage
qui a pu survenir du fait du remplaçant qu’il s’était substitué en dehors de toute cause
étrangère ;

28
De Page, Traité de Droit Civil, T II, n° 460.
29
On trouve dans certaines décisions plus récentes la référence aux données actuelles de la science.
45

- Lorsque le médecin promet que son intervention aura un résultat déterminé (chirurgie
esthétique où la plupart de temps un résultat est promis avec croquis à l’appui) ;
- Lorsqu’un centre de transfusion sanguine précise aux donneurs que le prélèvement ne
comporte aucun risque.

b) La nature de la prestation

Il y a aussi obligation de résultat, lorsque la nature des prestations exclut tout aléa.

C’est ainsi qu’il a été décidé qu’à l’occasion des examens de laboratoire courants, le
seul fait de fournir un résultat est de nature à engager la responsabilité du médecin ; mais, si
l’examen comporte un aléa en raison de son interprétation délicate, l’obligation n’est que de
moyens ; ce qui rend encore plus fragile en certaines circonstances la solution qui avait été
donnée jadis pour la détermination du groupe sanguin, celle-ci, en raison de l’existence de
multiples sous-groupes, s’avérant plus délicate qu’il n’y apparaissait à l’époque.

Le médecin dentiste est garant de l’absence de vice de la prothèse dentaire qu’il pose.
Il s’agit à vrai dire, ici, d’une application particulière de la garantie des vices de chose fournie.
La qualité des produits administrés relève de l’obligation de résultat pour la même raison.

De ce point de vue, il a été notamment décidé qu’un établissement de transfusion


sanguine est responsable de plein droit du dommage causé par la contamination dont était
affecté le sang fourni. Il s’agissait en l’espèce, d’une contamination par l’agent de syphilis.

En ce qui concerne la contamination transfusionnelle par le virus du SIDA, il a été


précisé que les centres de transfusion sanguine sont tenus d’une obligation de résultat en ce
qui concerne le vice interne, même indécelable du sang ; mais que les cliniques, en l’absence
de la possibilité de contrôler la qualité du sang transfusé, ne restent tenues que d’une
obligation de moyens dans la fourniture des produits sanguins livrés par les centres 30. Il en
est de même, pour le médecin, en sa qualité de prestataire de services, utilisateur de ce
produit.

c) Les termes de la loi

Enfin, il y a obligation de résultat, lorsque la loi impose la réparation de plein droit


(responsabilité sans faute) des dommages causés par l’activité médicale. C’est le cas d’un
dommage subi par une personne qui se prête aux recherches biométriques ou par un donneur
de sang.

D. Droits du patient

Le patient bénéficie des droits suivants :

- droit à la confidentialité ;
- droit aux soins médicaux adéquats et de qualité ;
- droit à la liberté, au libre choix du médecin et au libre consentement ;
- droit à l’écoute, à l’information et au respect de sa conviction ;
- droit aux matériels, aux produits adéquats et au personnel compétent ;

30
Cass.Fr. civ. 13/04/1995.
46

- droit à la surveillance et à la sécurité.

Le fondement contractuel n’est valable que dans le cas où le malade choisit librement
son médecin. Elle n’est pas applicable lorsque le malade se trouve dans l’incapacité d’opérer
ce choix : malades graves et comateux, accidentés graves, aliénés mentaux, mineurs d’âge,
indigents soignés gratuitement dans les établissements publics, militaires en service,
prisonniers, etc. Dans ce cas, la responsabilité médicale résultera du quasi-contrat.

Un quasi-contrat est un fait licite et volontaire d’où découlent des obligations soumises
à un régime s’apparentant à celui des contrats à la charge de son auteur et d’un tiers, non liés
entre eux par une convention (malade très grave comateux soigné par un médecin).

Les quasi-contrats, les délits et quasi-délits sont les faits de l’homme dont il résulte un
engagement quelconque envers un tiers, et quelquefois un engagement réciproque de deux
parties.

§ 2. Fondement délictuel et quasi-délictuel


En droit pénal, le délit et le quasi-délit sont synonymes d’infraction : comportement
actif ou passif (action ou omission) volontaire ou involontaire prohibé par la loi et passible
des peines prévues par la loi. Un délit est un fait dommageable illicite intentionnel commis
avec l’intention de nuire coups et blessures volontaires, meurtre, viol, empoisonnement, etc.).
Un quasi-délit est un fait dommageable illicite non intentionnel commis par négligence ou
imprudence sans intention de nuire (lésions corporelles et homicide involontaires).

En droit civil, le délit est tout acte de l’homme résultant d’une faute intentionnelle et
engageant sa responsabilité civile (ex., transfusion du sang à un témoin de Jéhovah).

C’est à partir de 1835 en France, que le dogme de l’irresponsabilité du médecin fut


ébranlé et qu’il fut facilement admis que : « Les médecins étaient responsables lorsque, dans
l’exercice de leurs fonctions, ils causaient un préjudice au malade en se rendant coupables
d’une faute évidente, d’une négligence ou d’une imprudence caractérisée »31.

Dans ses réquisitions dans cette affaire, le Procureur général DUPIN disait : « Si le
simple défaut de science ou le défaut de succès ne suffisent pas pour motiver une action
contre les médecins, il peut se rencontrer des circonstances où le dol, la mauvaise foi, une
pensée criminelle, une négligence inexcusable, et d’autres faits de même genre, entièrement
séparés de la question médicale, constituent de leur part un manquement au devoir de leur
état, tel qu’on pourrait proclamer, en pareil cas, l’irresponsabilité de l’homme de l’art sans
mettre en pareil en péril le reste de la société ».

Ainsi, le concept de faute s’est élaboré : négligence inexcusable, imprudence, légèreté,


méprise grossière, ignorance grasse de ce que l’on doit savoir pratiquer dans la profession,
défaut de soins, maladresse manifeste, etc. Ainsi donc, la responsabilité du médecin relève du
droit commun : « Le médecin est comme tout citoyen, responsable du dommage causé par son
imprudence, sa légèreté ou son ignorance notoire, en un mot, par sa faute personne ».

31
Cass.Fr., 18 juin 1853, S. 1. 405, cité par NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit. p. 27.
47

En quoi en effet, la faute d’un médecin qui brûle imprudemment la plante des pieds
d’un opéré endormis se distingue-t-elle de celle d’un profane ? De même, un médecin qui
abandonne un malade en cours de traitement, délivre légèrement un certificat, commet une
erreur matérielle dans la rédaction d’une ordonnance, confie une opération délicate à un
débutant inexpérimenté, etc…, doivent être considérés comme relevant du droit commun32.

Toutefois, la doctrine comme la jurisprudence considère que les questions de pure


science ou de doctrine, les questions professionnelles exclusivement réservées par leur nature
aux doutes et controverses, échappent à la critique des juges. Le médecin ne peut engager sa
responsabilité pour avoir appliqué telle théorie ou telle doctrine de préférence à telle autre, du
moment qu’il s’agit des controverses dont la solution ne peut être considérée comme faisant
partie des choses que l’on doit savoir33.

SECTION II : RESPONSABILITE CIVILE DU MEDECIN


La responsabilité civile est l’obligation de répondre des engagements qui naissent d’un
contrat ou une convention, de l’autorité de la loi ou d’un fait personnel. Les engagements qui
résultent de l’autorité de la loi se forment involontairement. Ceux qui naissent d’un fait
personnel à celui qui se trouve obligé résultent ou des quasi-contrats ou des délits et quasi-
délits.

§ 1. Responsabilité civile du médecin de son fait personnel

Elle est fondée sur les articles 258 et 259 du Code civil livre III qui disposent :

Art. 258 : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

Art. 259 : « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé, non seulement par son
fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence ».

Elle peut être « contractuelle », lorsqu’elle résulte d’une violation même involontaire
de son obligation médicale qui est celle de guérir le malade, du moins de lui donner des soins,
non pas quelconques mais consciencieux et, réserves faites des circonstances exceptionnelles
conformes aux données acquises ou actuelles de la science.

Elle peut être uniquement « aqulienne ou quasi-délictuelle », en absence de contrat, ou


si elle est engagée par une faute se situant en dehors du champ de ce qui a été convenu, ou si
la victime est un tiers au contrat. On recourt également à la responsabilité aqulienne lorsqu’il
existe un contrat mais que celui-ci est nul parce que contraire à l’ordre public. C’est le cas où
son objet est illicite. L’objet est illicite s’il porte sur une activité sortant de la permission que
la loi donne aux médecins de porter atteinte à l’intégrité physique.

Il n’y a pas de contrat entre le médecin et le patient en cas des soins urgents organisés
au profit des blessés pris en charge dans un cadre obligatoire, ou au profit des malades

32
KORNPROBST, L., La responsabilité du médecin devant la loi et la jurisprudence française, Flammarion,
Paris, 169.
33
Idem, p. 113.
48

inconscients ou lorsqu’il s’agit d’un examen effectué par un médecin contrôleur ou un


médecin conseil, le contrat liant dans cette hypothèse le praticien à l’assurance.

Elle peut être enfin « délictuelle », lorsqu’elle résulte d’une faute sanctionnée
pénalement et qui a causé un dommage qu’il faut réparer.

§ 2. Responsabilité civile du médecin du fait des aides

Elle est fondée sur l’article 260 du CCCL IIII qui stipule : « On est responsable non
seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé
par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ».

Ici, il faut distinguer les actes d’exécution de l’acte médical confiés par le médecin aux
aides des soins courants reconnus à ces derniers.

A. Actes confiés par le médecin aux aides

Les actes de l’infirmier ou auxiliaire paramédical peuvent être accomplis en tant


qu’actes préparatoires ou d’exécution d’un acte médical de diagnostic ou de thérapeutique
sous la responsabilité, la surveillance et le contrôle du médecin qui l’ordonne.

Ils peuvent également s’inscrire dans l’activité courante des soins du malade, sur
prescription ou indication du médecin ou être liés à la surveillance quotidienne de routine du
malade. Il s’agit des actes que l’on pourrait qualifier de techniques auxiliaires, posés d’après
les ordres du médecin maître du traitement, mais sous la responsabilité de l’auxiliaire qui
l’exécute ou de son commettant, la clinique.

La doctrine et la jurisprudence font assumer la responsabilité du fait des aides, soit par
le médecin qui les a dirigés soit par la clinique qui en est commettante, selon le cas. La
jurisprudence a fait une large application de la notion de commettant occasionnel. Le médecin
apparaît dans cette optique, comme commettant d’une personne qui n’est pas normalement sa
préposée mais qu’il utilise et qui est placée provisoirement sous son autorité.

En général, le médecin apparaît comme commettant occasionnel de l’auxiliaire, soit


parce que ce dernier l’aide dans son intervention, soit parce qu’il est placé sous ses ordres et
est soumis à sa surveillance pour l’aider dans sa tâche propre. C’est notamment la solution qui
est admise pour les actes de l’infirmier qui est affecté à un médecin sans qu’il ne l’ait choisi
lui-même.

Parmi les actes exécutés par les aides, on distingue les actes détachables des actes non
détachables de l’acte médical.

La jurisprudence considère que le médecin répond des actes de l’auxiliaire lorsque


ceux-ci apparaissent comme le prolongement de son bras ou l’utilisation d’une main de plus
dans l’intervention (actes non détachables de l’acte médical). Cette responsabilité se poursuit
jusqu’à la fin des soins en prolongement direct de l’opération.

La jurisprudence française fait porter au médecin la responsabilité d’une faute


personnelle de l’infirmière dans la préparation de l’intervention. L’infirmière qui étiquette
erronément deux flacons de sang provoquant ainsi une erreur de transfusion, est coupable
49

d’homicide involontaire ; mais c’est le médecin chargé de la prise de sang qui est considéré
comme civilement responsable, l’infirmière agissant dans le cadre de la transfusion étant
préposée occasionnelle du médecin.

Le médecin est responsable d’une lésion causée par le fait de laisser un morceau
d’aiguille dans le canal sacré de la patiente, le bris n’ayant pas été remarqué par l’infirmière
qui l’assiste.

Le médecin ne répond pas de l’erreur dans la composition de l’anesthésique due à un


auxiliaire préposé à la clinique. Par contre, il a été décidé qu’il y a faute commune du médecin
et de l’infirmière lorsque le médecin n’a pas vérifié la préparation des appareils mal faite par
l’infirmière. De même, dans l’intervention, le médecin ne supporte pas la responsabilité de la
faute de l’infirmière lorsqu’elle résulte d’un acte matériel détachable de l’acte médical.

La responsabilité pénale du médecin est atténuée lorsque, dans la chaîne des causes
qui ont occasionné le dommage au patient, on relève à charge des membres du personnel de la
clinique de graves défaillances ayant abouti à la substitution des malades à opérer.

B. Soins courants

Le médecin n’assume la responsabilité que des soins qui incombent à la clinique dans
le cadre de ses obligations contractuelles propres. Lorsqu’il s’agit des soins courants qui sont
permis aux auxiliaires d’assumer sur prescription, indications ou instructions du médecin, leur
bonne exécution incombe à l’auxiliaire, sous réserve que c’est le médecin qui portera la
responsabilité de ses erreurs dans les instructions ou même de leur équivoque.

La jurisprudence considère comme soins courants : les pansements, les piqures


intramusculaires et sous-cutanées, les lavements, le sondage et le lavage des vessies,
l’application des ventouses, les irrigations vaginales, la toilette avec éventuellement autres
soins, l’observation et la surveillance du malade même à défaut de toute instruction précise du
médecin, l’observation et la constatation minutieuse des symptômes et réactions tant
physiques que psychiques du patient afin de rencontrer ses différents besoins et de collaborer
à l’établissement du diagnostic par le médecin et à l’exécution du traitement.

Lorsque l’infirmière accomplit une tâche entrant dans le cadre de soins infirmiers
courants, liés à l’hébergement et incombant à l’hôpital et non au médecin, c’est l’hôpital qui
en porte la responsabilité, comme dans le cas d’une brûlure par bouillotte trop chaude.

En ce qui concerne les soins de kinésithérapie, il faut faire la distinction entre les actes
posés par le kinésiste en pleine indépendance et responsabilité et ceux qu’il ne peut faire que
sous la surveillance d’un médecin qualifié qui doit pouvoir intervenir à tout moment.

Les actes des kinésithérapeutes sont : la gymnastique de correction, de rééducation,


prénatale ou spéciale, le massage, avec ou sans mobilisation, sous eau ou avec
thermothérapie, les bains de lumière, douches ou bains, les bains minéraux, les bains à
vapeur. Par contre, sont considérés comme des traitements médicaux de physiothérapie, à
n’exécuter que sous l’autorité du médecin présent dans le service, les actes comme les
applications de courants spéciaux (ultra-sons, etc.), la diathermie, la faradisation, la
galvanisation, l’ionisation, les ondes courtes.
50

En principe, le médecin sera seul responsable en cas de mauvaise indication ou de


mauvais dosage du traitement, ou encore s’il ne peut contrôler celui-ci ou intervenir à tout
moment dans un traitement entamé dans son service sur ses instructions. En cas de
manipulation défectueuse de l’appareil ou de contravention par masseur aux directives du
médecin, on a estimé que la responsabilité serait partagée. On ne voit pas la faute qui pourrait
être reprochée au médecin en cas de violation de ses instructions s’il n’a pas été mis à même
de réagir immédiatement.

S’agissant de l’anesthésiste, il était considéré, à l’époque où il n’était jadis qu’un


paramédical, comme subordonné au médecin.

L’anesthésiste travaille souvent en équipe. Par conséquent, ce sera le chef, le médecin,


le médecin qui a la responsabilité morale de l’acte curatif. C’est lui qui décidera finalement,
les autres assistants, même ceux relevant d’une autre discipline, étant des consultants actifs.
C’est le chef d’équipe qui portera la responsabilité morale de l’ensemble des actes et
l’ensemble des assistants. Le travail en équipe sous la responsabilité d’un chirurgien ou d’un
autre médecin, exclut l’indépendance totale de l’anesthésiste. Les diverses activités doivent se
régler après entente entre les membres de l’équipe sous la direction du chef.

Toutefois, même dans un travail d’équipe, l’anesthésiologiste, comme tout autre


médecin, porte la responsabilité de toute thérapeutique que, d’autorité il croirait devoir
instituer.

L’anesthésie est une discipline médicale récente. Elle peut être également exécutée par
des médecins non spécialistes, notamment les chirurgiens, les omnipraticiens et les
paramédicaux, car il manque d’anesthésiste. En tant qu’acte médical, il est appliqué à
l’anesthésiste le principe de l’indépendance dans le choix des moyens.

Sur le plan juridique, il faut considérer que dans sa tâche spécifique, l’anesthésiste
jouit d’une indépendance qui n’est limitée que par le fait que tous les actes doivent concourir
au résultat que recherche le chirurgien.

L’article 260 du Code civil congolais livre III fait porter la faute du préposé par le
commettant sur base du lien de subordination au moment de l’acte.

§ 3. Responsabilité civile du médecin du fait des choses

Elle est fondée sur l’article 260 du CCCL III qui dispose : « On est responsable non
seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé
par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ».

Ici, il fait distinguer le vice de la chose et l’obligation de sécurité du médecin.

A. Vice de la chose

Le médecin exerce son activité à l’aide d’une instrumentation de plus en plus


importante et perfectionnée mais parfois vicieuse, qui apparaît de plus en plus comme la
propriété des tiers.

L’article 260 établit à charge du gardien d’une chose une responsabilité sans faute par
51

le seul fait d’avoir utilisé une chose vicieuse. La preuve devra donc porter sur le vice de la
chose. Lorsque celui-ci sera prouvé, la responsabilité du gardien sera retenue en cas
d’ignorance invincible de l’utilisateur ou si le vice trouve son origine dans la force majeure.

Le gardien de la chose, c’est l’utilisateur ou le détenteur de la chose, pour autant qu’il


l’ait sous sa direction ou son contrôle pour son propre compte, ce qui exclut la responsabilité
dans le chef du préposé.

Si l’utilisateur porte la responsabilité du fait de l’objet, il a cependant un recours


éventuel contre le tiers dont le fait est à l’origine du vice. Le recours contre le propriétaire
sera fondé sur une faute personnelle éventuelle de celui-ci à prouver notamment par le fait
d’avoir confié à autrui une chose que l’on savait ou l’on aurait dû savoir affectée d’un vice.

La mauvaise utilisation de la chose justifiera l’action contre le médecin ou son aide sur
base des articles 259 et 260 du CCCL III.

B. Obligation de sécurité du médecin

On s’est demandé si le médecin encourt une obligation de sécurité vis-à-vis du patient.

L’obligation de sécurité est celle en vertu de laquelle le cocontractant doit être pris en
charge et restitué dans son intégrité physique, sans qu’aucun mal ne lui survenu à l’occasion
de l’exécution du contrat. Elle peut être une obligation de sécurité-moyen ou une obligation
de sécurité-résultat. Dans le premier cas, l’obligation consiste à mettre en œuvre tout ce qui
est possible pour protéger le patient contre tous les dommages provenant de l’extérieur ou
contre lui-même. Dans le second cas, elle impose de les lui éviter.

Le médecin se voit ainsi parfois condamner du fait des accidents dus aux instruments
sur base de l’obligation de sécurité. Il devrait garantir au patient endormi, privé de toute
défense, non seulement les soins conformes, mais aussi sa sécurité et l’absence de risques
étrangers au risque médical de l’intervention subie.

La jurisprudence met parfois à charge du médecin dans le cadre d’une obligation de


sécurité, le dommage causé par un défaut anormal, donc un vice, de l’équipement utilisé,
comme le desserrage de vis d’un appareil à rayons X ou le déblocage d’un volant. La Cour de
Paris a rendu un médecin responsable de la chute d’un malade de la table d’opération à la
suite du brusque déblocage du volant.

Si un accident trouve son origine dans la fuite anormale des rayons dans une région du
corps qui devait être protégée, la fuite étant causée par le mauvais fonctionnement du volet
protecteur dû à un desserrage de vis, la faute virtuelle du médecin suffit à engager sa
responsabilité.

Un chirurgien a été déclaré responsable de brûlures occasionnées par des flammes


surgissant inopinément du bistouri électrique sans qu’aucune explication n’ait été trouvée.
Une équipe médicale entière s’est vu imputer l’explosion imprévue du gaz anesthésiant.

Le droit à la sécurité physique s’étend aux membres de l’équipe du médecin traitant


notamment à l’adjoint et aux aides. Certains auteurs considèrent que la clinique seule répond
52

du vice de l’appareil qui lui appartient et qui est mis à la disposition du médecin, alors que le
médecin répond de sa mauvaise utilisation.

SECTION III : RESPONSABILITE PENALE DU MEDECIN


§ 1. Notions

La responsabilité pénale du médecin se définit comme étant l’obligation de répondre


de ses actes délictueux ou infractionnels et en cas de condamnation, subir la peine prévue par
la loi.

Elle trouve son fondement dans la loi. Un acte socialement et moralement choquant ou
répréhensible ne peut conduire à une peine aussi longtemps qu’il n’est pas qualifié
d’infraction par la loi. C’est le principe de la légalité des incriminations et des peines : « Nulla
crimen nulla poena sine lege » « il n’y a pas d’infraction ni de peine sans loi », repris par
l’article 17 al. 3, 4 et 5 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour et
l’article 1er du Code pénal congolais livre I.

L’article 17 al. 3, 4 et 5 de la Constitution dispose : « Nul ne peut être poursuivi pour


une action ou une omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise
et au moment des poursuites. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui
ne constitue pas une infraction à la loi au moment où elle est commise et au moment de la
condamnation. Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au moment où
l’infraction est commise ».

L’article 1er du CPL I stipule : « Nulle infraction ne peut être punie de peines qui
n’étaient pas portées par la loi avant que l’infraction fût commise ».

Il y a des infractions intentionnelles (meurtre, viol, avortement coups et blessures


volontaires, empoisonnement, etc.) et des infractions non intentionnelles (délits d’imprudence
et infractions dites matérielles, par exemple, lésions corporelles et homicide involontaires,
défaut de permis de conduire).

Etant faillible, le médecin peut comme tout homme, commettre toutes ces infractions.
Mais, il existe des infractions ou des fautes qui sont propres dont son état ou sa profession
favorise à savoir : l’erreur de diagnostic, la non-assistance de personne en danger, la
révélation du secret professionnel, le refus d’obtempérer à la réquisition, de prêter serment et
de comparaître, la prescription médicale, la délivrance de faux certificats médicaux,
l’empoisonnement, l’administration des substances nuisibles, les homicides et lésions
corporelles involontaires, l’euthanasie, l’orthothanasie, la dysthanasie ou acharnement
thérapeutique, l’avortement, l’expérimentation sur les humains, la transfusion sanguine, la
responsabilité des étudiants en médecine.

§ 2. Infractions ou fautes propres au médecin

A. Erreur de diagnostic

Le diagnostic peut être défini comme étant « l’aboutissement de cet effort intellectuel
du médecin qui, face à un cas pathologique, fait appel à l’ensemble de ses connaissances
53

techniques mais aussi à tout ce qu’il a en lui d’intuition, de savoir-faire et d’expérience »34.
Complexe et difficile, il expose souvent le médecin à commettre des erreurs, aucune ne
consacrant son infaillibilité.

Seules sont punissables, les erreurs constitutives de faute, celles qui établissent que le
médecin n’a pas procédé consciencieusement à l’examen du cas ni cherché à faire un
diagnostic ni à le mener avec soins, ou a fait montre d’une ignorance grave ou d’une
négligence coupable.

Le chirurgien-dentiste par exemple, qui agit dans les limites de son art avec la
conscience de son opinion et de l’efficacité des remèdes et délais qu’il prescrit n’encourt
aucune responsabilité alors qu’il aurait une erreur de diagnostic, pour autant que cette erreur
ne soit pas contraire à des données médicales certaines.

B. Non-assistance de personne en danger

La non-assistance des personnes en danger est prévue et punie par l’article 66 ter et
quater du Code pénal congolais livre II :

« Sera puni d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de ……..,
ou de l’une de ces peines seulement, quiconque s’abstient volontairement de porter à une
personne l’assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui porter, soit par
son action personnelle, soit par en provoquant un secours ».

« Si les infractions prévues aux articles précédents sont commises par une personne
chargée par état ou profession d’assistance les autres en danger, la peine sera de la servitude
pénale de un à trois ans et de l’amende de ……… ». C’est le cas des médecins.

Les articles 2 et 3 du Code congolais de déontologie médicale « (CCDM) en fait


obligation aux médecins :

Art. 2 : « Quelle soit sa fonction et sa spécialité, tout médecin doit, hors le cas de force
majeure, porter secours d’extrême urgence à un malade en danger immédiat si d’autres soins
médicaux ne peuvent lui être administrés ».

Art. 3 : « En cas de danger public, un médecin ne peut abandonner ses malades, sauf
sur ordre écrit de l’autorité ayant qualité à cet effet ou dans les conditions prévues par
l’article 2 ».

C. Révélation du secret professionnel (Voir supra )

D. Refus d’obtempérer à la réquisition, de prêter serment et de comparaître

Le médecin légalement requis par l’officier du ministère du ministère ou par le


tribunal afin de prêter son ministère ou de témoigner, est tenu de prêter serment, d’apporter
son concours et de comparaître (art. 48 et 49 du CPL II) :

Art. 48 : « Toute personne qui est légalement requise par un officier du Ministère

3434
ROBIN, F. et MATIVI, F., Enquête sur l’erreur médicale, éd. La Découverte, Paris, 1987, 28.
54

public ou par le juge est tenue de prêter son ministère comme interprète, traducteur, expert
ou médecin ».

Art. 49 : « Avant de procéder aux actes de leur ministère, les experts et médecins
prêtent le serment de les accomplir et de faire leur rapport en honneur et conscience ».

Le refus d’obtempérer à la réquisition ou de prêter serment est punissable (art. 52 du


CPL II) :

Art. 52 : « Le refus d’obtempérer à la réquisition ou de prêter serment e d’un mois de


servitude pénale au maximum et d’une amende qui n’excédera pas 1.000 francs, ou de l’une
de ces peines seulement ».

E. Prescription médicale

Le médecin jouit de la liberté et de l’indépendance la plus absolue lorsqu’il s’agit de


choix des médicaments p prescrire à ses malades. Cependant, il doit le faire avec compétence
directement proportionnelle à la confiance qu’il inspire, et toute ignorance ou erreur grossière,
toute légèreté, tout inattention, toute négligence inexcusable qui conduisent à des erreurs
matérielles, engageront sa responsabilité civile et pénale35.

F. Délivrance de faux certificats médicaux

Le certificat médical est un écrit du médecin qui contient la déclaration ou l’attestation


d’un fait ou d’une appréciation, et qui est de nature à influencer directement ou indirectement
des intérêts publics ou privés et des décisions à prendre par des instances ou personnes
compétentes.

Les faux certificats (ou fausses attestations) sont des documents écrits comportant des
déclarations mensongères effectuées en faveur d’un tiers et qui témoignent des faits ou
d’éléments susceptibles d’avoir des conséquences juridiques ou de générer des droits ou
avantages en faveur d’un tiers.

Le faux en écriture est prévu et puni par les articles 124 à 127 du CPL II.

Art. 124 : « Le faux commis en écriture avec une intention frauduleuse ou à dessein de
nuire sera puni d’une servitude pénale de six mois à cinq ans et d’une amende de vingt-cinq à
deux mille francs, ou d’une de ces peines seulement ».

Art. 125 : « Si le faux a été commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses
fonctions, la servitude pénale pourra être portée à dix ans et l’amende à cinq mille francs ».

Art. 126 : « Celui qui, dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire, aura fait
usage de l’acte faux ou de la pièce fausse, sera puni comme s’il était l’auteur du faux ».

Art. 127 : « Tout fonctionnaire ou officier public qui, dans l’exercice de ses fonctions,
aura délivré un faux certificat, falsifié un certificat, fait usage d’un certificat faux ou falsifié,
sera puni d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende de cent à mille

35
RYCMANS, X. et MEET-VAN DE PUT, R., op. cit., p. 876.
55

francs, ou d’une de ces peines seulement ».

Le faux en écriture est une altération de la vérité dans un écrit quel qu’il soit, avec une
intention frauduleuse ou à dessein de nuire, et susceptible de causer un préjudice. Les
procédés sont divers notamment : grattage, insertion de fausses mentions, apposition de fausse
signature, fabrication de fausses conventions ou décharges, faux renseignement, etc.

H. Empoisonnement

L’empoisonnement est l’administration volontaire à une personne d’une substance


mortelle, avec l’intention de provoquer la mort de cette personne36. La manière dont la
substance a été employée ou administrée importe peu : il peut s’agir de l’absorption, de
l’inoculation, de l’inspiration, de la piqûre, de l’ingestion d’un breuvage ou d’aliments, etc.

Il est prévu et puni par l’article 49 du CPL II :

« Est qualifié d’empoisonnement, le meurtre commis par le moyen de substances qui


peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelle que manière que ces
substances aient été employées ou administrées. Il sera puni de mort. ».

I. Administration des substances nuisibles

C’est le fait d’administre volontairement à une autre personne des substances qui sont
de nature à donner la mort ou à altérer gravement sa santé, mais sans intention méchante
d’attenter à son intégrité physique ; par : l’absorption, l’inoculation, l’inspiration, la piqûre,
ingestion d’un breuvage ou d’aliments, etc.

Elle est prévue et punie par l’article 50 du CPL II :

« Sera puni de un an à vingt ans de servitude pénale et d’une amende de cent à deux
mille francs quiconque aura administré volontairement des substances qui peuvent donner la
mort ou des substances qui sans être de nature de donner la mort, peuvent cependant
gravement altérer la santé ».

J. homicides et lésions corporelles involontaires

Les homicides et les lésions corporelles involontaires ce sont les homicides et les
lésions commis par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d’attenter à la
personne d’autrui. Ils sont prévus et punis par les articles 52 à 56 du CPL II.

Art. 52 : « Est coupable d’homicide ou de lésions involontaires celui qui aura causé le
mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d’attenter à la personne
d’autrui ».

Art. 53 : « Quiconque aura involontairement causé la mort d’une personne sera puni
de trois mois à deux ans de servitude pénale principal et une amende ».

Art. 54 : « S’il en résulte du défaut de prévoyance ou de précaution que des coups ou


des blessures, le coupable sera puni d’une servitude pénale de huit jours à un an d’une

36
J. LESSUEUR, Précis de Droit Pénal Spécial, AIP, Kinshasa, 1967, p. 20.
56

amende ou d’une de ces peines seulement ».

Art. 55 : « Sera puni des mêmes peines ou de l’une d’elles seulement celui qui aura
involontairement causé à autrui une maladie ou une incapacité de travail personnel en lui
administrant des substances qui sont de nature à donner la mort ou à altérer gravement sa
santé ».

Art. 56 : « Sont punissables d’une servitude pénale de deux jours ou d’une amende,
ceux qui, par imprudemment auront jeté sur une personne une chose quelconque pouvant
l’incommoder ou la souiller ».

L’homicide involontaire est la mort d’une personne, mort non voulue par l’auteur mais
qui arrive par sa faute. L’homicide involontaire peut se réaliser, soit par imprudence ou
« homicide par imprudence », soit par coups mortels ou « homicide prétérintentionnel ».

K. Euthanasie

Etymologiquement, l’euthanasie définit « la mort douce ». Le concept vient d’eu,


signifiant « bien » en grec, thanatos, faisant référence à la mort. Mais cette définition est
limitée à un moment particulier de la vie d’un individu. Elle vise exclusivement les cas de
maladie incurable en phase terminale. C’est le cas lorsque la science a atteint ses milites
curatives, à l’exclusion du mal être existentiel ou des situations dépressives.

C’est le fait de provoquer délibérément la mort du malade incurable pour abréger ses
souffrances, ou de supprimer des déficients qui souffrent physiquement ou moralement de
leur état.

Le problème juridique est celui de savoir s’il serait licite que le médecin ou une autre
personne provoque la mort du malade incurable pour abréger ses souffrances 37, ou supprime
les déficients qui souffrent physiquement ou moralement de leur état38.

Bien qu’un mouvement d’opinion e plus en plus grand se développe surtout en Europe
en faveur du « droit de mourir », l’euthanasie est condamnée par la doctrine dominante, la
plupart des législations et des codes de déontologie médicale39. Même sollicitée par le
malade, elle ne trouve aucune justification.

Provoquer délibérément la mort du malade, quelle qu’en soit la motivation est un acte
criminel (article 95 du Code de déontologie médicale belge, CDMB). La pratique de
l’euthanasie est interdite (article 19 du Code congolais de déontologie médicale, CCDM).
C’est un meurtre.

Sera poursuivi pour meurtre, celui qui tue par pitié pour mettre fin à une agonie
accompagnée d’intolérables souffrances fût-ce à la demande de la victime elle-même et même
si la mort est prévisible, prochaine et certaine (euthanasie)40. Juridiquement, l’euthanasie est

37
BOUZAT et PINATEL, Traité de droit pénal et criminologie, I. Dalloz, Paris, 1970, n° 105.
38
DESMAREZ, Manuel de médecine légale à l’usage des juristes, PUB et PUF, Bruxelles et Paris, 1967, p. 533.
39
NYABIRUNGU mwene SANGO, Responsabilité pénale et civile du médecin en droit Zaïrois, DES, Kinshasa,
1995, p. 39.
40
LUKULIA BOLONGO, op. cit., p. 57.
57

un meurtre, même si elle est inspirée par la pitié, la charité ou l’amour. La jurisprudence
considère que le consentement de la victime à subir l’infraction n’entraine pas la disparition
de la qualification pénale.

Le droit congolais a toujours reconnu le droit à la vie, jamais le droit à la mort.


Certaines législations cependant vont jusqu’à prévaloir l’impunité de l’euthanasie. C’est le cas
du code pénal colombien, article 364 :

« Si l’homicide est commis par pitié, afin d’accélérer une mort imminente ou de mettre
fin à des graves souffrances ou à des lésions corporelles réputées incurables, le juge pourrait
atténuer exceptionnellement la peine, en commuant la peine des travaux forcés en
emprisonnement ou à la réclusion ou même, il pourrait appliquer le pardon judiciaire ».

L. Orthothanasie

Elle est proche de l’euthanasie, c’est l’abandon des soins. Elle consiste dans le fait de
laisser le malade mourir sa mort naturelle en s’abstenant de lui prodiguer des soins. Elle est
aussi condamnable. Le consentement de du malade ou la demande des parents ne peut
justifier le médecin qui a vocation de conserver la vie. Il s’agit du meurtre ou assassinant par
omission ou abstention.

M. Dysthanasie ou l’acharnement thérapeutique

Il est le contraire de l’orthothanasie. Il consiste dans le fait pour le médecin de


conserver en vie un malade réputé incurable, en lui administrant des soins lourds et
extraordinaires, souvent couteux et ardus et sans lesquels le malade succomberait.

Il est admis lorsqu’il y a nécessité, et il est condamné lorsque le traitement est


uniquement susceptible de prolonger artificiellement la vie du patient, ou de retarder sa mort
au prix des souffrances inutiles alors qu’il est irrémédiablement condamné à mourir.

N. Avortement
L’avortement consiste en une expulsion prématurée du fœtus par des manières
artificielles, quel que soit le stade du développement de celui-ci, et indépendamment de la
viabilité du fœtus. Il est prévu et puni par les articles 165 et 166 du CPL II.
Art. 165 : « Celui qui, par aliments, breuvages, médicaments, violences ou par tout
autre moyen aura fait avorter une femme, sera puni d’une servitude pénale de cinq à quinze
ans ».
Art. 166 : « La femme qui volontairement se fait avorter, sera punie d’une servitude
pénale de cinq à dix ans ».
Au sens de l’article 165 du CPL II, l’avortement doit être considéré comme un
accouchement avant terme volontairement provoqué ou procuré par un procédé quelconque,
notamment par la violence ou par l’administration d’aliments, de breuvages et de
médicaments41.
Il y a deux formes d’avortement : l’avortement par autrui (art. 165) et l’avortement sur

41
C.S.J., RP 290, 20 déc. 1978, B.A., 1979, p. 150.
58

soi-même (art. 166). L’avortement par autrui est le fait de quiconque qui par aliments,
breuvages, médicaments, violences ou par tout autre moyen aura fait avorter une femme.
L’avortement sur soi-même est le fait de la femme qui se sera fait avorter. Le consentement
de la victime est indifférent. Ainsi, sera poursuivi le médecin qui aura provoqué l’avortement
même avec le consentement de la femme.
Contrairement à certains droits étrangers, notre code pénal ne prévoit pas de
circonstances aggravantes lorsque l’avortement est fait par un praticien (médecin, sage-
femme, pharmacien, infirmier) ni lorsque l’auteur est un avorteur habituel.

Le résultat peut être atteint ou non. L’avortement est consommé dès que le résultat est
atteint, c’est-à-dire dès que la grossesse est interrompue par l’expulsion prématurée du fœtus ;
peu importe le stade de son développement même en état physique ; peu importe également
que le fœtus soit mort antérieurement aux pratiques abortives42 ou qu’il survive à celles-ci.

Généralement les moyens pour provoquer l’avortement peuvent être chimiques


(l’usage de la quinine, de l’eau de vie allemande, de l’antimoine, etc.) ; ou mécaniques la
sonde, l’injection d’eau savonneuse de permanganate, le crayon introduit dans l’utérus pour
provoquer la contraction et l’expulsion, le curetage, les stérilets, micro-abortifs, etc.43.

Les complices d’avortement sont punis de la moitié de la peine qu’ils auraient


encourue s’ils avaient été eux-mêmes auteurs. Sont complices, ceux qui auront provoqué
l’infraction, fourni des instructions ou renseignements ainsi que des instruments ou moyens et
de l’aide ou de l’assistance ; ceux qui auront, en connaissance de cause, prêté à la commission
de l’avortement une aide utile mais non indispensable (articles 22 et 23 du code pénal livre 1,
et 165 et 166 du Code pénal livre 2).

La tentative d’avortement est punissable de la même peine que l’avortement (art. 4 du


code pénal livre 1), parce que l’intention de l’auteur, manifestée par des actes extérieurs,
proches de l’infraction, qui n’ont manqué que grâce aux circonstances indépendantes de sa
volonté, démontre et prouve sa culpabilité et sa nature dangereuse.

En cas de la mort de la femme à la suite des manœuvres abortives, l’auteur subira les
peines prévues à l’article 48 du code pénal livre 2 relatif aux coups et volontaires ayant
entraîné la mort sans intention de la donner : « Les coups et blessures volontaires ayant
entraîné la mort sans intention de la donner sont punissables de de cinq à vingt ans de
servitude pénale et d’amende ».

0. Expérimentation sur les humains

L’expérimentation thérapeutique est généralement admise car elle se justifie par son
utilité à l’égard du malade. En effet, lors du traitement d’un malade, le médecin est libre de
recourir à une nouvelle méthode diagnostique ou thérapeutique, s’il juge que celle-ci offre un
espoir de sauver la vie, rétablir la santé ou soulager les souffrances du malade. Mais, le
malade est libre de participer à une expérimentation, et son refus ne doit avoir aucune
incidence sur les rapports entre lui et le médecin.

4242
Mineur, Commentaire du code pénal congolais, p. 350.
43
Kin , 13 août 1970, RJZ, 1971, p. 241 ; Jean LESUEUR, Précis de droit pénal, p. 122 ; LIKULIA BOLONGO,
Problèmes actuels, UNAZA 1973-1974, in LIKULIA BOLONGO, op. cit., p. 301.
59

L’expérimentation non thérapeutique n’est pas admise. C’est le cas de la France et de


la Belgique qui la considèrent comme illégale. Il n’existe pas en droit congolais, un texte
relatif à l’expérimentation non thérapeutique. Mais, il y a lieu de considérer qu’elle est illicite.
Les législations qui reconnaissent sa validité la soumettent à des conditions très strictes.

P. Transfusion sanguine

Le refus de la transfusion sanguine pour des raisons philosophiques ou religieuses (ex.,


les Témoins de Jéhovah), ne dispense pas le médecin d’essayer d’autres thérapeutiques de
remplacement, si celles-ci sont disponibles, car si le malade a renoncé à un traitement
déterminé, il n’a pas par-là renoncé à tout autre traitement qui puisse améliorer sa santé ou le
sauver de la mort.

Ainsi, le médecin qui, face au refus, procéderait à une transfusion sanguine, par force
ou ruse, engagerait sa responsabilité pénale et civile, au moins pour non-assistance à personne
en danger.

R. Responsabilité des étudiants en médecine

Les étudiants en médecine ne jouissent d’aucune prérogative légale en ce qui concerne


l’exercice ultérieur de l’art de guérir. Certes, afin de favoriser leur accès aux connaissances
nécessaires à l’exercice ultérieur de la médecine, il leur est permis d’assister les médecins
dans les hôpitaux et cliniques universitaires. Mais, en toutes circonstances, la direction du
diagnostic et du traitement appartient au médecin chef du stage.

Donc, l’étudiant qui lui-même, poserait un acte médical ou chirurgical, établirait des
prescriptions ou des certificats médicaux, se rendrait coupable de l’exercice illégal d’art de
guérir, et engagerait sa responsabilité tant pénale que civile si un dommage s’en est suivi.

De même, les médecins enseignants, qui feraient montre de négligence dans la


surveillance et l’encadrement des étudiants et qui, de ce fait, concourraient à la survenance
d’un dommage (mort d’homme, lésions corporelles, incapacités, etc.) engageraient leur
responsabilité personnelle, aussi bien sur le plan pénal que sur le plan civil.

SECTION IV : MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE


Hors mis le cas de l’obligation de résultat (où la responsabilité du médecin est engagée
du seul fait de la survenance du dommage ou de la non réalisation du résultat promis, sauf
preuve apportée par lui de l’existence d’une cause étrangère), la responsabilité médicale aussi
bien en matière contractuelle soumise au régime de l’obligation de moyens qu’en matière
délictuelle ou quasi-délictuelle est subordonnée à l’existence de trois éléments : un fait
dommageable, un préjudice et une relation de causalité, de cause à effet entre les deux
premiers.

§ 1. Fait dommageable
Le fait dommageable peut être un fait personnel, fait des choses ou fait des préposés
ou substituts (art. 258 à 260 du CCCL III).
60

La responsabilité est en principe liée à l’idée de faute, mais exceptionnellement, elle


peut exister à l’absence de celle-ci. La responsabilité médicale peut résulter de l’acte médical,
de la faute médicale ou de toute autre faute.

L’acte médical44 consiste en tout examen de l’état de santé et le dépistage des maladies
ou déficiences ; l’établissement du diagnostic ; l’exécution d’un traitement d’un état
pathologie, physique ou psychologique, réel ou supposé et la vaccination.

La faute médicale peut donc être définie comme tout manquement, à l’occasion de
l’acte médical, aux règles élémentaires de prudence et de diligence raisonnables, à la
soumission aux règles de la profession, et à l’application des données acquises de la science et
de la technique médicales.

Il faut distinguer les fautes techniques dont l’appréciation soulève un débat technique
et relatif à l’état actuel de la science et aux règles de la déontologie médicale, des fautes de
négligence ou d’imprudence caractérisées dans l’application d’un traitement. Il faut aussi
distinguer les fautes opératoires et des accidents opératoires (tout événement imprévisible
susceptible de se produire au cours d’une opération chirurgicale) dont le médecin n’est pas
responsable. La faute peut émaner du médecin, de ses préposés, des choses et du service.

La responsabilité du médecin du chef de ses préposés est engagée lorsque le personnel


auxiliaire relève de sa surveillance directe, surveillance qui peut être rendue nécessaire, soit
en raison de la collaboration immédiate qui résulte des circonstances, soit en raison de la
nature de l’acte. Dans ce cas, il devient le commettant occasionnel du personnel auxiliaire qui
exécute les soins qu’il a prescrits, et il répond des fautes commises par ce personnel, à
l’exclusion de la clinique dont la responsabilité est alors engagée.

La responsabilité du médecin du fait des choses (matériels, instruments, médicaments,


prothèses, etc.) est engagée lorsqu’on apporte la preuve que le dommage provient d’un vice
de la chose ou d’une faute dans son emploi, son entretien ou sa conservation.

La faute de service est une défaillance dans le fonctionnement normal du service qui
incombe à un ou plusieurs agents de l’administration, mais non imputable à un
personnellement. C’est le cas où, soit le service a mal fonctionné, soit il n’a pas fonctionné
c’est-à-dire il n’a pas agi comme il aurait pu faire (faute d’omission), soit il a fonctionné
correctement mais tardivement et c’est le retard qui est la cause du dommage.

Il y a une similitude entre la faute pénale (art. 52 et s. du CPL II qui prévoient et


punissent les homicides et lésions corporelles involontaires) d’une part, et la faute civile (art.
258 et s. du CCL III qui fondent la responsabilité aquilienne) d’autre part.

Dans les deux cas, pour que la responsabilité soit engagée, il faut qu’il ait un
dommage et que celui-ci soit la conséquence de la faute de l’agent c’est-à-dire qu’il ait un lien
de causalité (de cause à effet). Comme pour les contrats et les quasi-contrats où la réparation
se mesure à l’étendue du dommage, pour les délits et les quasi-délits, le code pénal organise la
répression sur base de la gravité du dommage. C’est ainsi que l’homicide par imprudence est

44
Le concours médical, 5.XII 1970, p. 9234, cité par NYABIRUNGU mwene SONGA, Responsabilité pénale et
civile du médecin en droit zaïrois, DES, Kin, 1995, p. 25.
61

plus sévèrement puni (trois mois à deux ans de servitude pénale principale et une amende, art.
53 du CPL II) que les lésions par imprudence (huit jours à un an de servitude pénale
principale et une amende ou une de ces peines seulement, art. 54 du CPL II).

§ 2. Préjudice

Le dommage peut être causé à l’égard du patient dans diverses circonstances : à


l’occasion d’un contrat médical, en dehors d’un contrat médical, à l’occasion d’un contrat
médical nul ou en l’absence d’un contrat médical.

En dehors du contrat médical, c’est le cas d’un dommage corporel survenant au patient
ou causé à un objet de celui après l’achèvement du contrat médical, par exemple, le dommage
résultant de la chute du patient dans le laboratoire après alors que la prise de sang a été
exécuté et que le patient est rhabillé.

A l’occasion d’un contrat nul, c’est l’hypothèse d’absence de consentement du patient


à l’acte exécuté. En l’absence de contrat, c’est lorsqu’un médecin donne ses soins à une
personne inanimée ou à un incapable dont on ne peut joindre le représentant légal, aucun
contrat ne pouvant se former en raison de l’absence de volonté ; ou lorsque les volontés des
protagonistes ne se rencontrent pas. C’est le cas typique de l’anesthésiste qui procède à une
anesthésie ou à une réanimation sans avoir préalablement rencontré le patient.

Le préjudice résulte d’éléments de nature diverse : dommage économique ou purement


moral résultant de la délivrance fautive d’un certificat par le médecin ou de violation du secret
professionnel, dommage résultant d’une atteinte à l’intégrité corporelle, infirmité ou décès,
dommage résultant de la perte de chance de guérison ou de survie dû à la faute du médecin.

Depuis 1965 en France, la jurisprudence civile décide d’une manière constante que le
médecin qui, par sa faute, fait perdre à son patient une chance de guérison ou de survie engage
sa responsabilité ; mais l’obligation de réparer qui en résulte n’est que partielle par rapport au
préjudice final représenté par l’invalidité ou le décès. On justifie le caractère partiel de la
réparation en prétendant, que l’on indemnise un préjudice spécifique, distinct du préjudice
final, celui que constitue la chance perdue.

Il existe cependant quelques problèmes en ce domaine. Le patient peut être à l’origine


affecté d’une invalidité résultant d’un état antérieur à l’affection que l’on entreprend de
traiter. Il importe alors dans ce cas, de déterminer le préjudice véritable, objectif causé par
l’activité médicale, engageant la responsabilité du praticien, compte tenu de cette invalidité
préexistante.

§ 3. Lien de causalité
Le lien de causalité en matière de responsabilité médicale obéit aux règles de droit
commun de la responsabilité.

La doctrine et la jurisprudence considèrent comme causal, le fait qui a contribué à


provoquer ou à aggraver le dommage ; et en cas de pluralité des faits, tous ceux qui répondent
à cette définition et apparaissent ainsi comme des conditions nécessaires du dommage, ce qui
aboutit à une condamnation in solidum (solidaire) de différents agents. Il en est ainsi, par
62

exemple, lorsque par la faute du médecin l’état du blessé a été aggravé, ou lorsque les fautes
de plusieurs médecins ont concouru à la réalisation du dommage.

Mais, il faut que la preuve de ce lien causal soit établie par des éléments indiscutables,
ce qui conduit à nier l’existence du lien causal dans les hypothèses où il apparaît que le
dommage est dû à l’évolution propre de la maladie ou à la part d’aléa que comporte tout acte
médical. C’est essentiellement un problème d’expertise. Il faut apporter la preuve de
l’information et du consentement du patient et celle de la faute technique ou du lien de
causalité.
63

CHAPITRE II. RESPONSABILITE MEDICALE ET


PRATIQUE COLLECTIVE
Les établissements hospitaliers accomplissent à l’égard du patient une double
fonction : une fonction hôtelière et une fonction de soins. Il existe donc entre l’hôpital et le
patient, un contrat d’hôtellerie soumis aux règles de droit commun et un contrat de soins
soumis au droit médical.

En ce qui concerne les soins, ils ont une triple fonction : la fourniture de matériel et de
produits, la mise à la disposition du patient d’un personnel auxiliaire médical compétent et la
surveillance du patient. Dans le premier cas, ils ont l’obligation de résultat, de fournir pour
l’exécution des soins, un matériel en bon état et des produits sans vice ; et dans le deuxième
cas, celle de moyen, de mettre à la disposition du patient, un personnel médical suffisant en
nombre et possédant les qualités requises pour les postes occupés.

SECTION I : EXERCICE DANS UN ETABLISSEMENT PUBLIC


§ 1. Compétence judiciaire

En principe, la responsabilité inhérente à l’exercice médical dans un établissement


public est de la compétence du juge administratif, sauf les cas où la compétence judiciaire
s’impose.

A. Compétence de principe du juge administratif

Les services publics hospitaliers sont des organismes administratifs dotés de


personnalité morale (juridique) à laquelle on applique les principes de la responsabilité
administrative, et par conséquent, la compétence du tribunal administratif et les règles du
droit administratif.

La victime ou ses ayants droit qui voudraient attaquer un établissement hospitalier


public doit s’adresser au tribunal administratif et respecter la règle de la décision préalable
d’après laquelle le juge administratif ne peut être saisi en premier ressort que par voie de
requête dirigée contre une décision de l’administration. Autrement dit, ils ne pourront pas
saisir le juge administratif directement, ils devront d’abord, introduire une demande
d’indemnité devant l’administration hospitalière et en cas de rejet de celle-ci, ils attaqueront la
décision de rejet.

L’intéressé a deux mois pour attaquer la décision. Ce délai court à partir de la date de
la notification du rejet et non à compter du fait générateur du litige. Par contre, la décision
implicite du rejet ne fait jamais l’objet du recours contentieux.

Le tribunal administratif compétent est celui du ressort dans le lequel l’autorité qui a
pris la décision attaquée a son siège, en cas de pluralité de tribunaux administratifs.

En droit administratif, la prescription est quadriennale. Les dettes de l’Etat, des


collectivités locales et établissements publics s’éteignent après quatre ans. Le délai commence
à courir au moment où le dommage a pu de révéler et non au moment où il s’est réalisé. En
64

matière hospitalière, le délai commence à courir de la consolidation pour les infirmités


physiques et les déficits intellectuels qui sont généralement lents à venir.

Les actes interruptifs de la prescription sont : une action en justice, une demande de
règlement appuyée de pièces de justification nécessaires présentées en temps utile par le
créancier, et une action de l’administration qui empêche la présentation d’une telle demande.

La prescription est le mode d’acquisition ou d’extension d’un droit, par l’écoulement


d’un laps de temps déterminé (d’un délai) et sous les conditions déterminées par la loi. Elle
est acquisitive lorsqu’elle mène à l’acquisition d’un droit réel ou personnel à celui qui en fait
usage. Elle est extinctive lorsqu’elle fait perdre un droit réel ou un droit personnel du fait de
l’inaction prolongée du titulaire du droit. La prescription acquisitive est quinquennale et la
prescription extinctive est trentenaire.

En matière pénale, l’action publique se prescrit par dix ans, trois ans et un an selon la
gravité de l’infraction. L’écoulement de ces délais rend toute poursuite impossible. Le délai
commence à courir de la commission de l’infraction. La peine se prescrit par vingt ans, dix
ans et trois ans selon le cas. Toute peine, lorsqu’elle n’a pas été exécutée dans ces délais, ne
peut plus être subie. Le délai court à partir du jour où la condamnation devient définitive.

B. Compétence d’exception du juge judiciaire

La compétence d’exception du juge judiciaire apparait dans deux cas : en application


des règles générales et en raison du particularisme de certaines situations.

1. Les règles générales

En général, le juge répressif reste compétent pour tout ce qui concerne les infractions,
et le juge civil est compétent lorsqu’est en cause une faute personnelle de l’agent, ou lorsque
l’acte est accompli dans une clinique ouverte ou dans un hôpital local.

a) Le juge répressif

Le juge administratif est compétent en ce qui concerne les infractions. Il n’existe


aucune au profit des agents publics lorsqu’ils commettent une infraction. Le médecin. Le
médecin ou le personnel médical des hôpitaux publics répondent devant les juridictions
répressives des conséquences pénales de leurs actes délictuels ou quasi-délictuels.

La victime de l’infraction peut exercer son action civile devant la juridiction


répressive soit par citation (art.54 du Code de procédure pénale), soit par constitution de la
partie civile sur l’action du ministère public (art. 69 du même code).

L’article 54 du CPP dispose : « La juridiction de jugement est saisie par la citation


donnée au prévenu, et éventuellement à la personne civilement responsable, à la requête de
l’officier du Ministère public ou de la partie lésée ».

L’article 69 du CPP stipule : « Lorsque la juridiction de jugement est saisie de l’action


publique, la partie lésée peut la saisir de l’action en réparation du dommage en se constituant
partie civile ».
65

b) Le juge civil

Le juge civil est compétent lorsqu’est en cause une faute personnelle de l’agent, ou
lorsque l’acte est accompli dans une clinique ouverte ou dans un hôpital local. L’action
devant le juge civil est portée par voie d’assignation.

1°) La faute personnelle de l’agent

Constitue en premier lieu une faute personnelle, celle qui est dépourvue de tout lien
avec le service public : ex, un médecin qui en dehors du service et en dehors de tout lien avec
son travail, commet une faute en donnant des soins à un voisin ou à un accidenté de la route.

Constitue en second lieu une faute personnelle, celle qui n’est pas dépourvue de lien
avec le service public, celle commise qui a été commise à l’occasion de l’exécution de celui-
ci, mais qui en raison de de certaines caractéristiques se détache du service pour devenir une
faute personnelle de l’agent. On parle alors de faute détachable du service. Elle peut être soit
faute intentionnelle ou d’une gravité exceptionnelle. Mais, il faut noter qu’une faute
constitutive d’une infraction pénale d’imprudence notamment n’est pas nécessairement
constitutive d’une faute personnelle lorsqu’elle ne présente pas le caractère exceptionnel de
gravité requis.

Ont été reconnu notamment comme constitutifs d’une faute personnelle :

- Le fait d’entreprendre une expérimentation sans intérêt thérapeutique sur un patient ;


- Le fait pour un chirurgien d’entreprendre en dehors de toute urgence, une opération
grave contre la volonté d’un malade ou sans avoir préalablement obtenu son
consentement libre et éclairé ;
- Le fait pour un chirurgien de garde de refuser obstinément de se déranger pour voir un
malade dont on lui signale l’état préoccupant ;
- Le fait pour une équipe chirurgicale d’abandonner un malade dans la salle d’opération
en feu.

L’effet général de la faute personnelle est de permettre au patient de demander


directement à l’agent, réparation du dommage résultant de sa faute, et ceci devant les
juridictions judiciaires. Mais à cet égard, il faut distinguer la faute personnelle dépourvue de
tout lien avec le service et la faute personnelle détachable du service.

Dans le cas de faute personnelle dépourvue de tout lien avec le service, la


responsabilité du médecin est seule et définitivement engagée, sans recours, de quelque nature
que ce soit contre le service, et l’action est de la seule compétence exclusive du juge judiciaire

Dans le cas de faute personnelle détachable, non dépourvue de tout lien avec le
service, la situation est complexe, et deux cas peuvent se présenter.

Dans le premier cas, le dommage est le résultat d’une faute personnelle du médecin et
d’une faute de service (mauvais entretien du matériel ou faute d’un auxiliaire médical). On est
alors en présence d’un cumul de fautes qui permet d’engager et la responsabilité du médecin
pour sa faute personnelle et celle du service pour la faute de service.
66

Dans le deuxième cas, le dommage est le résultat de la seule faute personnelle du


médecin, aucune faute du service n’a été commise ; mais parce qu’elle a été commise à
l’occasion du fonctionnement du service, elle n’est pas dépourvue de tout lien avec le service.
Il en résulte que la responsabilité du service n’est pas à écarter, du moins dans ses rapports
avec le patient à l’égard de qui il reste débiteur de l’obligation de réparer le dommage. On
parle ici, de cumul de responsabilité : celle du médecin en raison de sa faute personnelle et
celle du service en raison des liens qu’il conserve avec le médecin puisque c’est à l’occasion
de celui-ci que la faute personnelle a été commise.

Dans les deux cas, cumul de fautes ou cumul de responsabilité, la victime peut exercer
un choix entre la juridiction administrative et la juridiction judiciaire. Elle peut, en effet, faire
abstraction du caractère personnel de la faute commise par le médecin et de l’existence de
cette faute personnelle, et exercer, dans les conditions habituelles son action en réparation
devant la juridiction administrative. Mais, elle peut également ne se prévaloir que de la faute
personnelle du médecin et porter son action devant la juridiction judiciaire.

Postérieurement à l’action exercée par le patient et en fonction de son choix, des


recours sont possibles, soit de la part du médecin contre l’administration, soit de la part de
celle-ci contre le médecin, selon l’hypothèse de cumul de fautes ou cumul de responsabilités.

2° L’acte accompli dans une clinique ouverte ou dans un hôpital local

Une clinique ouverte est un service dépendant d’un hôpital où les malades sont
hospitalisés à titre payant et peuvent faire appel aux médecins de leur choix. C’est un service
hospitalier fonctionnant grâce aux installations et aux moyens en personnel et en matériel de
l’hôpital public mais dans lequel le malade peut, s’il le désire, être soigné par son médecin de
famille et s’entendre librement avec lui pour la fixation des honoraires.

On trouve dans ce service, les caractéristiques de la médecine privée : libre choix du


médecin par le malade et entente directe avec le médecin sur le montant des honoraires et
versement et versement de ceux-ci au médecin.

Cette institution présente beaucoup d’avantages, sauf qu’elle risque de causer une
concurrence contre les cliniques privées. Mais, elle pose un grand nombre de responsabilité
engagée à raison de fautes commises par un médecin exerçant en clinique ouverte.

Il existe trois séries des relations : médecin-malade, malade-hôpital et médecin-


hôpital.

Dans le premier cas, le Conseil d’Etat Français précise les rapports qui s’établissent
entre les malades admis en clinique ouverte et les médecins chirurgiens ou spécialistes
auxquels ils font appel relèvent du droit privé. La responsabilité du médecin envers son client
étant de nature contractuelle, il y a lieu de conclure à la même responsabilité pour les
cliniques ouvertes et à la compétence et à la compétence des tribunaux judiciaires.

Dans le deuxième cas, les malades qui payent sont considérés comme les autres
usagers à titre gratuit, les malades de l’hôpital. Ainsi, on appliquera les mêmes règles pour les
deux catégories des malades. Le mauvais fonctionnaire du service mis à la disposition du
67

praticien opérant en clinique ouverte engagera normalement la responsabilité de l’hôpital et


par voie de conséquence, ce sera le tribunal administratif qui sera compétent.

Dans le denier cas, le médecin est responsable envers l’hôpital de ses fautes
personnelles.

2. Le particularisme de certaines situations

a) La participation des cliniques privées à l’exécution du service public

Un certain nombre de centres ou cliniques privées participent à l’exécution d’une


mission de service en vertu de conventions passées avec une personne morale de droit public
(par exemple, centre de transfusion sanguine, centre de lutte contre le cancer, clinique de
traitement des malades mentaux, gérés par une personne morale de droit privé.

Trois questions se posent dans ce cas :

- Quels est le régime de responsabilité applicable à ces établissements, compte tenu de


l’obligation qui leur est faite de respecter les conditions inhérentes à l’exécution du
service public ;
- Quel est le régime de responsabilité applicable aux actes effectués par les praticiens
détachés du service public dans ces établissements ;
- Le malade pourrait-il, s’il n’est pas seulement le client de la clinique ou du centre
privé dans lequel il est soigné, mais aussi l’usager du service public hospitalier auquel
participe cette clinique ou ce centre, également mettre en cause la responsabilité de la
personne publique chargée normalement du service hospitalier ?

Il a été jugé que pour l’action en responsabilité contre le centre de transfusion


sanguine, géré par une personne de droit privé, la compétence est des juridictions judiciaires.
La même solution a été donnée pour le centre de lutte contre le cancer, pour les cliniques
privées participant en vertu d’une convention passée avec l’Etat au traitement des malades
mentaux et, pour les cliniques privées assurant le service public hospitalier.

b) Les médecins du service public détachés dans les établissements privés

La jurisprudence semble également vouloir retenir la compétence judiciaire, ce qui est


discutable, car on ne voit pas pourquoi, par le seul fait de ce détachement, le praticien
hospitalier peut être privé de son statut.

La compétence du juge administratif pourrait être retenue dans deux cas si un


contentieux de responsabilité survient : lorsque le dommage serait causé par le mauvais
fonctionnement d’un équipement géré par un hôpital public et utilisé par une clinique privée ;
et lorsque le dommage serait causé par un hôpital public à un malade qu’une clinique privée
lui aurait adressée pour des examens ou des soins complémentaires.

c) L’hospitalisation à domicile

L’hospitalisation à domicile donne lieu à une situation particulière. Le malade


bénéficie des soins prescrits par son médecin traitant, en accord avec le médecin hospitalier,
68

et donnés par un personnel auxiliaire médical qui parfois appartient au secteur public, mais
souvent aussi à des associations de droit privé.

En ce qui concerne la responsabilité, tout laisse à penser que la compétence appartient


aux juridictions judiciaires pour les actes accomplis par le médecin traitant et par les
auxiliaires médicaux des associations de droit privé, et aux juridictions administratives pour
les actes accomplis par le médecin et les agents auxiliaires du secteur public.

§ 2. Conditions de mise en œuvre de la responsabilité médicale

A part ce qui a été dit à propos du secteur privé (le fait dommageable, le préjudice et le
lien de causalité entre le fait dommageable ainsi que l’incidence de la perte de chance de
guérison ou de survie qui pose des sérieux problèmes d’évaluation du préjudice), il existe
dans le domaine de la responsabilité, un régime de responsabilité pour faute qui est le régime
de principe et celui de responsabilité sans faute ou pour risque qui fait figure de régime
d’exception.

A. Responsabilité pour faute

En principe, la faute constitue une condition indispensable de la mise en cause de la


responsabilité des établissements publics hospitaliers pour les actes et soins médicaux qui y
sont accomplis. Il s’agit de la faute la lus légère, une faute simple suffit dans tous les cas à
engage la responsabilité du service, quelle que soit la nature de l’acte médical.

B. Responsabilité sans faute

La responsabilité sans faute constitue en droit administratif comme en droit civil, une
théorie subsidiaire d’application exceptionnelle. Le droit administratif englobe dans la théorie
du risque deux principes : la responsabilité pour risque et la réparation du dommage causé.

1. La responsabilité pour risque

L’administration dans l’exercice de sa mission expose certaines personnes à un risque


particulier qui se réalise sans faute de sa part, mais pour lequel le juge lui impose dans
certaines circonstances l’obligation d’indemniser.

Le fait générateur consiste dans le risque volontairement crée : c’est le cas des
accidents du travail subis par les agents publics et même les collaborateurs bénévoles et des
dommages causés par les choses et les activités ou techniques dangereuses.

La responsabilité sans faute peut exister aussi en dehors du risque : c’est le cas du
dommage causé par l’Etat au cours d’une exécution d’un service public et des mesures
d’ordre social imposées à certaines sociétés dans l’intérêt général.

2. La réparation du dommage

Toute responsabilité entraîne pour son titulaire l’obligation de procurer à la victime


une réparation compensatoire autant que possible du dommage subi. La responsabilité
administrative conduit à l’évaluation pécuniaire du dommage ou à l’indemnité. C’est
69

pourquoi, les contentieux administratifs qui assurent les droits violés par l’Etat s’appellent
contentieux d’indemnité.

3. Les hypothèses de la responsabilité sans faute

La loi et la jurisprudence françaises ont défini des hypothèses où la responsabilité de


l’administration est en matière médicale, une responsabilité objective, sans faute :

- La responsabilité de l’Etat est engagée, du seul fait du dommage résultant


éventuellement d’une vaccination obligatoire ;
- Les établissements de transfusion sanguine assument, même sans faute, la
responsabilité des risques encourus par les donneurs à raison des opérations de
prélèvement ;
- Le promoteur (qui put être souvent un service public) de recherches biométriques sans
intérêt direct de celui qui s’y prête, assume même sans faute, l’indemnisation des
conséquences dommageables de la recherche ;
- Les dommages causés aux tiers à l’occasion des sorties d’essai des malades mentaux
hospitalisés en secteur psychiatrique sur demande d’un tiers ou d’office.

Sont exclus du domaine d’application du régime sans faute : les effets secondaires
normaux (mêmes rares), les risques sériels, les accidents inhérents à la personne du malade et
les dommages qui n’atteignent pas l’extrême gravité requise.

§ 3. Problèmes de la mise en œuvre de la responsabilité médicale

La mise en œuvre de la responsabilité médicale dans le secteur public pose deux


problèmes : la substitution de la personne morale à l’agent hospitalier et la déchéance
quadriennale de l’action.

En droit civil, le délai de prescription est de trente ans, c’est-à-dire que les dettes de
créance s’éteignent après trente ans. En droit pénal, la prescription de l’action publique est de,
un, trois ou dix ans, selon la gravité de l’infraction. La prescription de la peine est de trois, dix
et vingt ans selon le cas.

Le médecin ou l’agent hospitalier, comme tout agent public ne peut pas être poursuivi
personnellement en réparation du dommage causé par sa faute, sauf cas de faute personnelle.
La victime doit donc demander réparation à la personne morale de droit public pour le compte
de qui le médecin ou l’agent hospitalier exerce les fonctions dans l’exercice desquelles le
dommage a été causé, devant la juridiction administrative territorialement compétente. En cas
de faute personnelle détachable des fonctions, elle dispose d’une option entre la juridiction
administrative ou la juridiction judiciaire.
70

SECTION II : EXERCICE DANS UN ETABLISSEMENT PRIVE


La responsabilité inhérente à l’exercice médical dans un établissement privé est de la
compétence exclusive du juge judiciaire. Elle répond aux principes du droit commun.

§ 1. Responsabilité du médecin et du personnel auxiliaire

La responsabilité des médecins exerçant en établissement privé, à titre libéral, leur


reste personnelle et est engagée dans les conditions déjà examinées ci-dessus.

Ils sont en outre responsables des fautes commises par les préposés de la clinique mis
à leur disposition et dont ils deviennent des commettants occasionnels lorsque ces proposés
accomplissent un acte qui ne peut être accompli que sur prescription médicale et sous la
surveillance directe du médecin pouvant intervenir à tout moment ou lorsqu’ils accomplissent
un acte sous la surveillance effective directe d’un médecin.

Ils sont enfin responsables, à l’égard de la clinique et à l’égard des patients des
conditions dans lesquelles ils se font remplacer : un remplacement fait de manière irrégulière
est de nature à engager leur responsabilité pour une faute ainsi commise. Il faut d’ailleurs,
noter que, dans la mesure où l’hôpital se réserve dans le contrat qui l’unit au médecin,
d’agréer le remplaçant éventuel de celui-ci, elle commet également une faute en s’associant à
cette irrégularité, et sa responsabilité peut être engagée solidairement avec celle du médecin.

Le personnel auxiliaire médical est responsable de ses propres fautes personnelles.

§ 2. Responsabilité de l’établissement hospitalier

Les établissements privés répondent contractuellement des fautes commises par leur
médecin.

Ils répondent également des fautes commises par leur personnel auxiliaire médical ;
sauf si celui-ci relève de la surveillance directe du médecin qui peut être rendue nécessaire
soit en raison de la collaboration immédiate qui résulte des circonstances, soit en raison de la
nature de l’acte, auquel cas, le médecin devient le commettant occasionnel du personnel
auxiliaire qui exécute les soins qu’il a prescrits et répond des fautes commises par ce
personnel auxiliaire.

Ils répondent des fautes commises par leur personnel auxiliaire dans la seule mesure
où : l’acte accompli est, par sa nature un de ceux qui peuvent être accomplis hors de la
présence d’un médecin par un auxiliaire médical, soit sur prescription médicale, soit en
dehors d’une telle prescription si l’acte entre dans le domaine du rôle propre de l’infirmier ;
l’acte n’est pas accompli sous la surveillance directe d’un médecin qui doit alors en contrôler
l’exécution.

Ils répondent enfin, des dommages causés des faits des vices des choses dont ils ont la
garde ou sont propriétaires.
71

SECTION III : EXERCICE EN EQUIPE OU GROUPE MEDICAL


Il existe une grande diversité dans la nature des liens juridiques qui s’établissent entre
les membres de l’équipe ou du groupe médical eux-mêmes et entre les médecins de l’équipe
ou du groupe et le patient.

§ 1. Caractéristiques de la médecine d’équipe


Les médecins et particulièrement les médecins hospitaliers exercent principalement en
équipe. Une opération constitue en soi un travail où participent côte à côte, le chirurgien, son
assistant, parfois le médecin de famille, l’anesthésiste, l’instrumentaliste, les infirmiers.
D’autres praticiens contribuent à la mise au point d’un cas par des analyses biologiques, des
radiologues, des électrocardiogrammes ou électroencéphalogrammes.

La caractéristique de la médecine d’équipe réside dans la participation de plusieurs


praticiens, et éventuellement d’auxiliaires, dans le traitement d’un patient déterminé. Il s’agit
d’une modalité d’exercice qui ne préjudicie pas des relations juridiques entre les
collaborateurs, au contraire, de la médecine de groupe qui implique l’association destinée à
organiser le travail de plusieurs praticiens à l’égard des patients distincts.

Parfois, les médecins qui exercent en équipe s’unissent en association, mais parfois
également, l’un apparaîtra comme subordonné de l’autre. Il apparaîtra parfois aussi qu’il
n’existe pas de lien juridique entre les membres de l’équipe qui seront tous unis directement
soit à la clinique soit au patient qui les a sélectionnés. La détermination des responsabilités
respectives demande donc un examen attentif des situations de fait.

§ 2. Responsabilité au sein de l’équipe

Au sein de l’équipe, et malgré la constitution de celle-ci, chaque médecin reste bien


entendu responsable des fautes qu’il peut personnellement commettre, responsabilité qui peut
être de nature contractuelle ou extracontractuelle, délictuelle ou quasi-délictuelle. En ce qui
concerne le chef d’équipe, la jurisprudence distingue deux situations, celle où le chef de
l’équipe a contracté avec le patient, et celle où le chef de l’équipe et le membre de l’équipe
dont le fait dommageable est à l’origine du dommage, ont tous deux contracté ave le patient,
et le devoir général de surveillance dont le chef de l’équipe a la charge.

A. Contrat unique du chef de l’équipe

L’hypothèse concerne le cas où le chirurgien a seul contracté avec le malade à


l’exclusion des membres de l’équipe dont le fait dommageable a causé le dommage subi par
le patient. Ici, la jurisprudence a considéré que le chef de l’équipe répond des fautes commises
par le membre de l’équipe considéré comme son aide ou son substitut pour l’exécution d’un
acte inséparable de son obligation en dehors de tout consentement du patient. C’est
l’application pure et simple du principe général de la responsabilité contractuelle du d’autrui.

Bien entendu, la responsabilité personnelle du médecin, membre de l’équipe, qui a


commis la faute n’est pas pour autant dégagée ; il reste responsable des conséquences de sa
faute, mais sur le fondement délictuel ou quasi-délictuel.
72

Il en résulte que la victime peut exercer un choix. Elle peut exercer son action contre
l’un ou l’autre des médecins, chef ou membre de l’équipe, et le cas échéant, contre les deux,
et dans ce cas, il y aura condamnation in solidum.

B. Contrats du chef de l’équipe et du membre de l’équipe

L’hypothèse concerne le cas où le chef de l’équipe et le membre de l’équipe dont le


fait dommageable est à l’origine du dommage, ont tous deux ont contracté avec le patient. Ici,
il ne saurait être question de responsabilité du fait d’autrui : chacun est lié au patient par un
contrat distinct et spécifique qui définit ses propres obligations ; et en conséquence, ne répond
que des fautes qu’il a personnellement commises.

En toute hypothèse, et quelle que soit la nature contractuelle ou extracontractuelle de


la relation entre le patient et les membres de l’équipe, le chef de l’équipe est tenu,
indépendamment des obligations inhérentes à l’acte qu’ils accomplissent, au devoir de
surveillance générale de l’intervention.

Cela signifie que sans qu’il soit autorisé à intervenir dans les choix techniques qui
relèvent de la seule compétence de divers médecins membres de l’équipe et des domaines
dans lesquels il est lui-même incompétent, le chef de l’équipe est tenu de s’assurer que les
actes nécessaires sont accomplis et que chacun collabore dans des conditions de diligence
normale au but commun de l’équipe. Il s’agit là d’une obligation née directement du contrat
normalement passé entre le patient et le chef de l’équipe et d’un devoir inséparable de l’acte
qu’il exécute.

§ 3. Responsabilité au sein des sociétés d’exercice

D’une manière générale, il est disposé que la responsabilité de chaque praticien pour
les actes professionnels qu’il accomplit, lui demeure personnelle, et que chaque associé
répond sur l’assemble de son patrimoine des actes professionnels qu’il pose.

D’une part, ces sociétés sont réputées exercer elles-mêmes la profession, ce qui permet
de mettre en jeu leur responsabilité pour les actes accomplis en leur nom par les associés,
d’autre part, elles sont expressément déclarées solidairement responsables avec chacun des
associés des conséquences des actes que ces derniers accomplissent.

Section 4 : Exercice dans une clinique ouverte ou hôpital local


Une clinique ouverte est un service dépendant d’un hôpital où les malades sont
hospitalisés à titre payant et peuvent faire appel aux médecins de leur choix. C’est un service
hospitalier fonctionnant grâce aux installations et aux moyens en personnel et en matériel de
l’hôpital public mais dans lequel le malade peut, s’il le désire, être soigné par son médecin de
famille et s’entendre librement avec lui pour la fixation des honoraires.

On trouve dans ce service, les caractéristiques de la médecine privée : libre choix du


médecin par le malade et entente directe avec le médecin sur le montant des honoraires et
versement et versement de ceux-ci au médecin.
73

Cette institution présente beaucoup d’avantages, sauf qu’elle risque de causer une
concurrence contre les cliniques privées. Mais, elle pose un grand nombre de responsabilité
engagée à raison de fautes commises par un médecin exerçant en clinique ouverte.

Il existe trois séries des relations : médecin-malade, malade-hôpital et médecin-


hôpital.

Dans le premier cas, le Conseil d’Etat Français précise les rapports qui s’établissent
entre les malades admis en clinique ouverte et les médecins chirurgiens ou spécialistes
auxquels ils font appel relèvent du droit privé. La responsabilité du médecin envers son client
étant de nature contractuelle, il y a lieu de conclure à la même responsabilité pour les
cliniques ouvertes et à la compétence et à la compétence des tribunaux judiciaires.

Dans le second cas, les malades qui payent sont considérés comme les autres usagers à
titre gratuit, les malades de l’hôpital. Ainsi, on appliquera les mêmes règles pour les deux
catégories des malades. Le mauvais fonctionnaire du service mis à la disposition du praticien
opérant en clinique ouverte engagera normalement la responsabilité de l’hôpital et par voie de
conséquence, ce sera le tribunal administratif qui sera compétent.

Dans le denier cas, le médecin est responsable envers l’hôpital de ses fautes
personnelles.
74

CHAPITRE III. CAS PARTICULIERS DES MALADES


MENTAUX
SECTION I : PARTICULARITES DES CENTRES PSYACHIATRIQUES
La responsabilité civile incombant aux établissements psychiatriques comporte
certains particularismes. Il s’agit des établissements publics psychiatriques et des cliniques
privées spécialisées dans le traitement des maladies mentales.

Mais, il y a des malades mentaux qui sont soignés dans les hôpitaux ordinaires, soit
dans un service réservé aux aliénés mentaux à l’intérieur d’un hôpital général, soit dans un
service de médecine générale. Il s’agit des malades jugés non dangereux ou des malades en
transit attendant leur transfert dans un hôpital psychiatrique spécialisé.

Les règles appliquées à ces établissements dérogent au droit commun. Il y a trois


remarques à faire : le malade interné est soumis à des mesures privatives de liberté ; le risque
de suicide est très fréquent chez ces catégories des malades ; la responsabilité du service
psychiatrique concerne le service hospitalier, le malade et le personnel médical soignant de
l’établissement et les personnes étrangères au service.

SECTION II : RESPONSABILITE DES CENTRES PSYCHIATRIQUES


§ 1. Responsabilité à l’égard des malades mentaux

Les règles de la responsabilité des établissements soignant les malades mentaux


varient suivant la nature du service qui a causé un dommage.

Lorsque le préjudice subi par le malade a son origine dans le fonctionnement du


service médical de l’établissement, c’est le droit commun de la responsabilité administrative
qui va s’appliquer. Il faudrait donc une faute lourde non détachable du service lorsqu’un
dommage résulte d’un acte médical et une faute simple ou lorsqu’il s’agit d’un acte de soins.

Dans le cas d’évasion d’un malade mental, le risque de suicide ou de tentative de


suicide est très fréquent. Et dans la plupart des cas, une action en responsabilité est déclenchée
par la famille de la victime. Elle sera portée devant la juridiction administrative parce que
c’est une personne morale de droit public qui est mise en cause ; et devant la juridiction
judiciaire parce c’est une personne morale de droit privé qui est mise en cause.

Ici, c’est le défaut de prévoyance qui constitue la faute chaque fois que la surveillance
est imposée par la situation par la situation du malade. Le juge examinera les circonstances de
chaque cas.

Pour qu’il y ait manquement fautif au devoir de surveillance, la jurisprudence prend en


considération trois éléments : le caractère prévisible ou imprévisible du suicide, la négligence
du personnel de garde, l’influence de l’organisation matérielle du service.

Concernant le caractère prévisible ou imprévisible du suicide, il faut répondre à trois


questions à savoir : si le malade avait déjà tenté à mettre fin à ses jours ; s’il avait manifesté
son intention de le faire ; et si l’hôpital en avait été informé. Si celui-ci n’était pas informé et
75

que rien d’autre ne puisse lui être reproché, il n’y a aucune faute de sa part. Si le médecin le
savait et n’avait pas averti la direction de l’hôpital, il engagera sa responsabilité personnelle et
l’action sera intentée devant un tribunal judiciaire.

Concernant la négligence du personnel de garde, celle-ci constitue une faute de service


même indépendamment du comportement du malade. Il existe des fautes d’inattention qui
trahissent la négligence du personnel et engage sa responsabilité, par exemple, l’infirmier qui
dépose un plateau des médicaments à la portée d’un malade mental et s’absente un instant à
son retour ne remarque pas que celui-ci a absorbé un flacon de somnifère qui lui permettra de
se suicider le soir même.

Concernant l’influence de l’organisation matérielle du service, c’est par exemple, c’est


le cas de l’aménagement défectueux des locaux ayant facilité l’exécution du geste fatal de la
victime.

§ 2. Responsabilité du fait des malades mentaux

A. Dommage causé au personnel par les aliénés mentaux

Lorsqu’il s’agit du dommage causé au médecin ou à l’infirmier qui prodigue des soins
à un aliéné mental, il constitue un accident de travail tel que prévu par l'article 20 du Décret-
loi organique sur la sécurité sociale du 29/06/1961.

Dans ce cas, c’est la législation du travail qui va s’appliquer et plus précisément le


régime juridique général de la responsabilité de l’hôpital à l’égard de son personnel
notamment celui de la responsabilité sans faute.

B. Dommage causé aux tiers par les aliénés mentaux

Le dommage peut avoir lieu, soit à la suite d’une évasion des aliénés mentaux internés
dans un hôpital psychiatrique où ils sont soignés, soit au cours des sorties d’essai. La
responsabilité de l’hôpital peut être mise en cause pour défaut de surveillance.

Une sortie d’essai est une situation intermédiaire, préparatoire à la liberté définitive du
malade. Mais, celui-ci reste théoriquement hospitalisé et sous la surveillance médicale
continue de l’hôpital. Il est donc normal que l’hôpital réponde des dommages causés par les
malades mentaux au cours de leurs sorties.
76

TROISIEME PARTIE : DROIT ADMINISTRATIF


CHAPITRE I : ADMINISTRATION
SECTION I : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES
§ 1. Définition de l’Administration
Tout Etat moderne quel que soit sa forme (fédéral, unitaire, régional) a une
organisation administrative et une administration régies par le droit.
Dans son sens large, le mot administration peut désigner deux choses : l’activité qui
consiste à administrer, c’est-à-dire à gérer une affaire (sens matériel), et l’organe qui exerce
cette activité (sens organique). Dans le sens matériel, on dira par exemple, la sage
administration de telle entreprise ; dans le sens organique, on parlera du Conseil
d’administration de la même entreprise.

Dans son sens étroit, le mot administration ne vaut que pour les affaires publiques et
signifie l’Administration publique. Il prend alors souvent une majuscule. Le mot
« Administration » au sens d’« Administration publique », peut, lui aussi revêtir un sens
matériel et un sens organique et désigner tantôt, l’ensemble des organes et des services qui
sont spécialement chargés de réaliser effectivement et pratiquement le bien public, tantôt
l’activité par laquelle les autorités publiques pourvoient, en utilisant le cas échéant les
prérogatives de la puissance publique, à la satisfaction des besoins d’intérêt public.

Au point de vue organique, l’administration publique est définie comme étant


l’ensemble des organes et des services qui sont spécialement chargés de réaliser effectivement
et pratiquement le bien public.

Au point de vue matériel, l’Administration publique est définie comme étant l’activité
par laquelle les autorités publiques pourvoient, en utilisant le cas échéant, les prérogatives de
la puissance publique, à la satisfaction des besoins d’intérêt général.

§ 2. Caractéristiques de l’Administration publique

L’Administration publique est apolitique, neutre et impartiale. Nul ne peut la


détourner à des fins personnelles ou partisanes. (Art. 193 de la Constitution du 18/02/2006).
Elle comprend la fonction publique ainsi que tous les organismes et les services assimilés.

Une loi organique fixe l’organisation et le fonctionnement des services publics du


pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées (art. 194)
Constitution).
77

SECTION II : ACTIVITE DE L’ADMINISTRATION ET AUTRES


§ 1. Différence entre l’activité de l’Administration et celle des particuliers
A. Différence au point de vue du but poursuivi
Le but poursuivi par la plupart des particuliers est un but essentiellement égoïste,
personnel, limité à une personne à un petit nombre de personnes (avantage personnel, profit
matériel ou moral peu importe). Parfois, l’intérêt personnel et égoïste peut coïncider avec
l’intérêt commun, mais cette coïncidence ne suffit pas à masquer le caractère égoïste du but
poursuivi. Ainsi par exemple, le boulanger assure la satisfaction d’un besoin vital à la
collectivité, mais son but très légitime est strictement égoïste, de gagner sa vie et non de
nourrir les affamés.
Par contre, le but poursuivi par l’Administration est d’assurer la satisfaction des
besoins collectifs d’intérêt général. Il faut entendre par intérêt général, non pas l’intérêt de la
communauté considérée comme une entité distincte de l’ensemble des individus qui la
composent, mais plutôt l’intérêt de chaque membre de la communauté. Ainsi par exemple, la
construction d’une route répond, en principe, à l’intérêt de tous les membres de la collectivité,
même si de ceux parmi ces membres qui à première vue, n’en feront pas usage (cas des
personnes âgées et incapables de se déplacer en automobile), parce qu’elle présente une plus-
value du terrain dont profiteront les membres et contribuera à la prospérité nationale.

B. Différence au point de vue des moyens mis en œuvre


Pour réaliser le but poursuivi, on a besoin des moyens matériels et juridiques qui
varient en fonction de ce but.
Le législateur confère aux particuliers un ensemble de droits (subjectifs) en rapport
avec le but qu’il les autorise à poursuivre. Placés dans la même situation de fait, ils
bénéficient des mêmes droits. Les rapports juridiques entre particuliers sont fondés sur
l’égalité et régis par le contrat, lequel suppose l’accord des volontés.
Par contre, l’Administration poursuivant un but d’intérêt général différent de celui des
particuliers, ne peut être placée sur pied d’égalité avec les administrés ; elle doit pouvoir leur
donner des injonctions et se faire obéir, en vue de remplir convenablement sa mission
d’intérêt général. Elle est ainsi dotée d’un ensemble des privilèges ou prérogatives (privilège
réglementaire, privilège d’exécution d’office et privilège du préalable) en vue de lui permettre
de vaincre les résistances individuelles chaque fois que l’intérêt général l’exige, qu’il y a
nécessité (exemple de l’expropriation pour cause d’utilité publique).

§ 2. Différence entre l’activité du Gouvernement et l’activité de l’Administration

A. Différence au point de vue matériel

Bien qu’il est difficile de distinguer l’activité du Gouvernement de celle


l’Administration, on peut cependant observer qu’il existe une certaine différence entre les
deux activités.
Gouverner, c’est prévoir, concevoir. Gouverner implique l’idée d’élaboration des
décisions essentielles à longues échéances et susceptibles d’engager l’avenir du pays sur le
plan national et international (ex : préparation de la guerre, redressement économique,
pacification d’une partie du territoire national, etc.). Administrer, implique l’idée d’exécution
78

des tâches quotidiennes et non de conception, en fonction des ordres reçus du gouvernement
et selon la politique élaborée par lui.

B. Différence au point de vue organique

En ce qui concerne les organes politiques et les organes administratifs, il n’y a aucune
objection légale à ce que le même organe exerce tantôt une activité administrative, tantôt une
activité politique.

Ainsi par exemple, en vertu des articles 81 et 82 de la Constitution du 18 février 2006,


le Président de la République exerce une tache administrative lorsqu’ils lui donnent le pouvoir
de nommer, relever de leurs fonctions et révoquer les ambassadeurs, les officiers généraux et
supérieurs des forces armées et de la police nationale, le chef d’état-major général, les chefs
d’état-major et les commandants de grandes unités des forces armées, les hauts fonctionnaires
de l’Administration publique, les responsables des services et établissements publics, les
mandataires de l’Etat dans les entreprises et organismes publics, et les magistrats.

Art. 82 : « Sans préjudice des autres dispositions de la Constitution, le Président de la


République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant, révoque sur proposition du
Gouvernement délibérée en Conseil des ministres :

1. Les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires ;


2. Les officiers généraux et supérieurs des forces armées et de la police nationale, le
Conseil supérieur de la défense entendu ;
3. Le chef d’état-major général, les chefs d’état-major et les commandants des
grandes unités des forces armées, le Conseil supérieur de la défense entendu ;
4. Les hauts fonctionnaires de l’administration publique ;
5. Les responsables des services et établissements publics ;
6. Les mandataires de l’Etat dans les entreprises et organismes publics, excepté les
commissaires aux comptes.

Les ordonnances du Président de la République intervenues en la matière sont


contresignées par le Premier Ministre ».

Art. 82 : « Le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas


échéant, révoque, par ordonnance, les magistrats du siège et du parquet sur proposition du
Conseil supérieur de la magistrature.
Les ordonnances dont question à l’alinéa précédent sont contresignées par le Premier
Ministre ».
Par contre, en vertu des articles 77, 79 et 88 de la même Constitution, le Président de
la République exerce une activité politique, lorsqu’il représente l’Etat, convoque et préside le
Conseil des ministres, accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des
Etats étrangers et organismes internationaux.
Art. 77 : « Le Président de République adresse des messages à la Nation.
Il communique avec les Chambres du Parlement par des messages qu’il lit ou fait lire
et qui ne donnent lieu à aucun débat.
Il prononce une fois l’an, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès,
un discours sur l’état de la Nation ».
79

Art. 79 : « Le président de la République convoque et préside le Conseil des ministres.


En cas d’empêchement, il délègue ce pouvoir au Premier ministre.
Le président de la République promulgue les lois dans les conditions prévues par la
présente Constitution.
Il statue par voie d’ordonnance ».
Les ordonnances du Président de la République autres que celles prévues aux articles
78 alinéa premier, 80, 84 et 143 sont contresignées par le Premier ministre ».
Les ordonnances du Président de la République sont contresignées par le Premier
ministre : lorsqu’il nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions sur présentation par
celui-ci de la démission du Gouvernement (art. 78 al. 1) ; lorsqu’il investit les Gouverneurs et
les Vice-Gouverneurs (art. 80) ; lorsqu’il confère les grades dans les ordres nationaux et les
décorations (art. 84) ; lorsqu’il déclare la guerre sur décision du Conseil des ministres après
avis du Conseil supérieur de la défense et autorisation de deux Chambres (art. 143).
Art. 88 : « Le Président de la République accrédite les ambassadeurs et les envoyés
extraordinaires auprès des Etats étrangers et des organismes internationaux.
Les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires sont accrédités auprès de lui ».

§ 3. Différence entre l’activité du Parlement et celle de l’Administration


A. Différence au point de vue matériel
L’activité du législateur (parlement) consiste à élaborer des lois (règles générales) de
conduite destinées à réglementer les activités privées et publiques de la communauté
nationale. Son activité est discontinue en ce sens que la règle pour un certain temps durant
lequel le législateur ne doit plus intervenir dans la même question ; et abstraite puisqu’elle
doit pouvoir s’appliquer à tous les cas concrets futurs et ne peut donc les énumérer tous.
L’activité de l’Administration, au contraire est continue et concrète. Elle consiste à
veiller quotidiennement à assurer l’exécution, la réalisation concrète du bien public ordonné
par le législateur, et cela par des besognes souvent humbles et même terre à terre (par ex :
l’hygiène, la propreté des rues, l’évacuation des immondices, les patrouilles, la vaccination,
etc. ) en fonction des ordres du gouvernement et selon la politique élaborée par lui.

B. Différence au point de vue organique


Le pouvoir législatif appartient à l’Assemblée Nationale et au Président de la
République qui ne fait partie pas du pouvoir législatif. L’Administration quant à elle assure
l’exécution des lois, s’occupe des tâches quotidiennes en vue de la réalisation du bien public.

§ 4. Différence entre l’activité du juge et l’activité de l’Administration


A. Différence au point de vue matériel
Le juge a pour mission d’appliquer le droit à des litiges. Il n’intervient qu’en cas de
contestation et son rôle se borne à rappeler la règle applicable au cas litigieux qui lui est
soumis et à annoncer les conséquences qui en découlent quant à la solution du litige. Il est
entièrement soumis à la loi. En cas de silence de la loi, il applique les coutumes locales, les
principes généraux et l’équité45.

45
Article 1er de l’ordonnance du 14 mai 1886 de l’Administrateur Général du Congo, B.0. ; 1886, pp. 188 et 189.
80

L’administration est aussi, comme le juge, soumise au droit. Cette obligation est
sanctionnée à la fois, sur le plan administratif, par la tutelle de l’annulation et, sur le plan
judiciaire, par le recours en annulation devant le juge administratif : Conseil d’Etat et les
cours et tribunaux administratifs (art. 154 et 155 de la Constitution) et, par l’obligation qui est
faite aux juridictions judiciaires de refuser d’appliquer tout acte émanant d’une autorité
administrative lorsque cet acte n’est pas conforme aux lois (art. 153 al. 4 de la Constitution).
Néanmoins, cette soumission au droit n’est pour l’Administration qu’une limite et non
un but en ce sens que là où il n’y a pas de règle, elle a tout pouvoir de créer une règle
nouvelle ; de plus à la différence du juge qui attend un plaideur, elle agit de sa propre
initiative, en dehors de toute contestation.
Art. 154 : « Il est institué un ordre de juridictions administratives composé du Conseil
d’Etat et de Cours et Tribunaux administratifs ».
Art. 155 : « Sans préjudice des autres compétences que lui reconnaît la Constitution
ou la loi, le Conseil d’Etat connaît, en premier et dernier ressort, des recours pour violation
de la loi, formés contre les actes, règlements et décisions des autorités administratives
centrales.
Il connaît en appel des recours contre les décisions des cours administratives d’appel.
Il connaît, dans les cas où il n’existe pas d’autres juridictions compétentes, de
demandes d’indemnités relatives à la réparation d’un dommage exceptionnel, matériel ou
moral résultant d’une mesure prise ou ordonnée par les autorités de la République. Il se
prononce en équité en tenant compte de toutes les circonstances d’intérêt public ou privé ».
Art. 153 al. 4 : « Les Cours et tribunaux, civils et militaires appliquent les traités
internationaux dûment ratifiés, les lois, les actes réglementaires pour autant qu’ils soient
conformes aux lois ainsi que la coutume pour autant que celle-ci ne soit contraire à l’ordre
public ou aux bonnes mœurs ».

B. Différence au point de vue organique


En ce qui concerne les organes judiciaires et administratifs, la Constitution s’oppose à
la création des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination que ce
soit autres que ceux énumérés par elle à l’article 149 al 5. Elle interdit aux organes du pouvoir
exécutif et législatif d’exercer le pouvoir judiciaire, ni d’entraver le cours de la justice, ni de
modifier une décision de justice, ni de s’opposer à son exécution.
L’Administration ne peut donc se constituer son propre juge dans les litiges qui
l’opposent aux particuliers ; tous les litiges, même qui mettent en cause la puissance publique
sont du ressort des tribunaux judiciaires du moment qu’il s’agit de trancher définitivement. Le
Conseil d’Etat et les cours et tribunaux administratifs (art. 154 et 155) sont chargés de juger
les litiges qui mettent en cause l’Etat et les particuliers.

Pour les litiges administratifs entre l’Administration et ses agents à propos des actes de
service, rien n’empêche la création des commissions spécialisées, composées de
fonctionnaires et chargées de trancher lesdits litiges. En entrant dans l’Administration, l’agent
public adhère à un statut des agents de l’Etat qui peut prévoir que les fautes de service seront
du ressort de commissions spécialisées, distinctes des juridictions judiciaires. La répression
disciplinaire est une tache administrative puisqu’elle se rattache à une bonne marche du
81

service public. Elle échappe aux juridictions de l’ordre judiciaire dans la mesure où elle se fait
dans la légalité.

CHAPITRE II : DROIT ADMINISTRATIF


SECTION I : DIFFERENCE ENTRE DROIT ADMINISTRATIF ET
AUTRES BRANCHES DU DROIT PUBLIC
§ 1. Différence spécifique

A. Différence entre droit administratif et droit constitutionnel

Le droit administratif se distingue du droit constitutionnel en ce qu’il régit l’activité


des organes administratifs supérieurs ou inférieurs de l’Etat alors que le droit constitutionnel
régit l’activité des organes politiques supérieurs ou inférieurs de l’Etat.

B. Différence entre droit administratif et droit pénal

Le droit administratif se distingue également du droit pénal en ce que celui-ci


détermine les infractions et organise leur répression en fixant les peines (peine de mort, peine
privative de liberté, et peine d’amende) en vue d’assurer le respect des lois impératives de
l’Etat pour son bon ordre social.

C. Différence entre droit administratif et droit judiciaire

Il se distingue aussi de droit judiciaire en ce que celui-ci détermine les règles d’organisation,
de fonctionnement et de compétence des juridictions du pays ainsi que de procédures à suivre
pour mener une action en justice.

D. Différence entre droit administratif et droit fiscal et financier

Il se distingue enfin du droit fiscal et droit financier en ce que ceux-ci constituent


l’ensemble des règles qui gouvernent les recettes et les dépenses de l’Etat et de
l’Administration.

§ 2. Différence générale entre droit administratif et autres branches du droit


public

La différence générale du doit administratif avec les autres toutes les autres branches
du droit public c’est sa spécialité. Le droit constitutionnel, le droit pénal, le droit judicaire et
le droit fiscal et financier, ne font que tendre vers la réalisation du bien public, mais la
réalisation effective de celui-ci est confiée au droit administratif.

Sans le droit administratif, sans les autorités administratives, toutes les règles établies
par ces autres branches, toutes les décisions prises par les autorités instituées par ces branches
resteraient sans effet ; les lois risqueraient de demeurer lettre morte.

Le Parlement vote le budget mais ne l’exécute pas ; c’est le Président de la République


qui assure l’exécution des lois et donc de la loi budgétaire. Que deviendraient les arrêts et
jugements rendus par les Cours et tribunaux, s’il n’existait pas une administration
82

pénitentiaire et une police pour donner effet à ceux-ci ? A quoi servirait le droit fiscal, s’il n’y
avait pas le droit administratif ? Le droit fiscal règle la quotité, le taux et le mode de
perception des impôts, mais ce sont les services des contributions, des douanes et accises
organisés par le droit administratif qui en assurent le recouvrement. Sans ces services
administratifs, l’Etat risquerait fort de se trouver en faillite.

SECTION II : DIFFERENCE ENTRE DROIT ADMINISTRATIF ET


DROIT CIVIL
§ 1. Règles, procédés spéciaux et privilèges

A. Règles et procédés spéciaux

Le droit administratif diffère du droit civil en ce qu’il se compose d’une série des
règles et de procédés spéciaux totalement différents dans leur esprit et dans leur contenu
matériel de ceux qui constituent le droit civil. Il organise les administrations et régit leurs
activités au moyen des procédés juridiques spéciaux très différents de ceux qui régissent le
statut des sociétés privées leurs activités. Par exemple : les biens de l’Administration sont
insaisissables ; l’Administration peut déposséder les particuliers de leurs biens par la
procédure d’expropriation et de réquisition pour cause d’utilité publique ; elle peut ainsi
devenir propriétaire d’un immeuble en dépit du refus du particulier de lui vendre celui-ci.

B. Privilèges

Le droit administratif diffère aussi du droit civil en ce qu’il dispose d’une série des
privilèges pour vaincre les résistances qui lui seraient opposées par les particuliers dans
l’accomplissement de sa mission d’intérêt général : privilège réglementaire, privilège
d’exécution d’office et privilège du préalable.

1. Le privilège réglementaire

Ce privilège donne à l’Administration le pouvoir de faire des règlements, donc


d’imposer des obligations à l’ensemble de ses administrés, non seulement lorsque la loi lui
confère expressément ce pouvoir, mais également lorsque la loi est muette à cet égard.

Il découle de ce que la mission de l’Administration consiste en l’exécution des lois, la


mise en œuvre des décisions du législateur ; une telle mise en œuvre étant impossible si elle
ne dispose pas du pouvoir réglementaire pour obliger l’administré. Il va de soi que ledit
pouvoir réglementaire est compris dans les pouvoirs conférés à l’Administration par les
organes supérieurs de l’Etat, même si la loi qui organise sa mission n’a pas pris soin de
l’indiquer.

2. Le privilège d’exécution d’office

Ce privilège constitue une dérogation au principe du droit civil selon lequel, personne
ne se faire justice. Il permet à l’Administration de se passer du juge lorsqu’elle désire forcer
l’administré débiteur à s’exécuter. Sa situation de créancière diffère de celle du créancier,
simple particulier, d’une façon radicale.
83

En droit civil, le créancier dont la créance est exigible et n’est pas payée par le
débiteur, dispose de la procédure de saisie-exécution ou de la saisie-arrêt où il faut
l’intervention du juge. L’Administration elle, peut se délivrer à elle-même un titre non
seulement obligatoire, mais également exécutoire, sans intervention du juge. Rencontrant un
débiteur récalcitrant, elle peut, dans certaines conditions, exécuter son débiteur sans solliciter
du juge la formule exécutoire.

3. Le privilège du préalable

Ce privilège oblige tous ceux qui sont concernés par la décision de l’Administration de
s’exécuter d’abord et discuter après. Il est le complément normal du privilège d’exécution
d’office, car sans lui, ce dernier risquerait d’être mis en échec par toute contestation relative à
la validité du titre dont prétend se prévaloir l’Administration.

Sans privilège du préalable, l’administration qui verrait l’administré contester la


régularité du titre exécutoire qu’elle invoque, devrait porter l’affaire devant le juge et attendre
que celui-ci ait statué en la matière. Il permet d’éviter que tout administré puisse paralyser
l’action de l’Administration en contestant simplement le titre sur lequel s’appuie
l’Administration pour justifier la procédure d’exécution.

C. Servitudes de l’Administration

En contrepartie des privilèges dont dispose l’Administration justifiées par l’intérêt


général, celle-ci est soumise à des servitudes spéciales également justifiées par l’intérêt
général.

Elle a l’obligation de faire fonctionner régulièrement et même à perte les services


publics parce que le bien public souffrirait d’une interruption, même temporaire, de ceux-ci
(principe de continuité des services publics).

Elle doit établir l’égalité des usagers du service public qui est pour elle un principe
dicté par l’intérêt général et repris dans la Constitution du 18 février 2006 à son article 12 :

« Tous les congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection des
lois ».

Elle peut certes établir des différences parmi les usagers mais ces différences doivent
être fondées sur des critères objectifs et axés sur l’intérêt général.

D. Garanties de l’administré aux privilèges de l’Administration

Le privilège d’office ne joue pas automatiquement à l’encontre du débiteur de


l’Administration. Il faut qu’il y ait urgence et désobéissance ou résistance caractérisée de
l’administré.

1. L’urgence

Il y a urgence lorsque l’Administration n dispose d’aucun autre moyen de coercition


suffisamment rapide. Chaque fois qu’elle dispose, dans l’arsenal des moyens de contrainte
que la loi met à sa disposition, d’un moyen différent de l’exécution d’office et suffisant pour
84

lui permettre de vaincre la résistance de son débiteur, une des conditions essentielles à
l’emploi de ce privilège disparaît.

2. La désobéissance ou résistance caractérisée de l’administré

Il faut qu’il y ait une désobéissance ou résistance caractérisée de la part de


l’administré. Si celui-ci s’exécute la condition tombe.

L’exécution d’office ne peut être poursuivie qu’aussi longtemps que subsistent


l’urgence et la désobéissance. Si l’une de ces conditions vient à disparaître avant que soient
terminées les actes d’exécution, toute poursuite de la procédure devient inutile et constitue un
excès de pouvoir. Tel serait le cas si l’Administration continuait une saisie en dépit d’un
paiement complet effectué par son débiteur.

Les conditions à l’emploi du privilège d’exécution d’office valent aussi bien au


moment de l’engagement de la procédure d’exécution que durant celle-ci ; le but une fois
atteint, l’emploi de ce privilège devient inutile et sans objet et même prohibé, car il ne trouve
plus de justification dans le but prévu par le législateur.

3. La garantie constitutionnelle

Indépendamment de ces conditions précitées, l’administré dispose d’une autre garantie


importante prévue par la Constitution (art. 16 al. 4) interdisant la pratique de la torture, du
traitement inhumain et dégradant. En aucun cas, l’Administration ne pourra recourir à telle
pratique pour forcer son débiteur à s’exécuter plus vite.

Art. 16 al. 4 : « Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou


dégradant ».
85

CHAPITRE III. STRUCTURES DE L’ADMINISTRATION


L’Administration d’un Etat se compose d’un certain nombre de services publics dont
les uns sont dotés de la personnalité juridique et des organes.

SECTION I : SERVICES PUBLICS


§ 1. Différence du service public

Un service public est une entreprise crée et contrôlée par l’autorité publique pour
assurer d’une manière permanente et régulière au profit de tous et à défaut d’initiative privée
suffisamment efficace, la satisfaction des besoins collectifs jugés essentiels46. Il découle de
cette définition une double conception : organique et matérielle.

Sur le plan organique, il y a service public lorsque la personne juridique qui agit est
une personne de droit public, c’est-à-dire l’Administration publique elle-même ou un
organisme géré par les pouvoirs publics ou placé sous leur direction et contrôle en vue
satisfaire un besoin d’intérêt général par des prestations procurées aux particuliers.

Sur le plan matériel, il y a service public lorsque la personne juridique qui agit, tend à
satisfaire un besoin d’intérêt général directement ou indirectement.

Le concept d’intérêt général peut avoir plusieurs acceptions :

1) Les prestations dont les personnes publiques et en premier lieu l’Etat, ont besoin
pour accomplir leur mission. Il s’agit des prestations matérielles : justice, poste,
télécommunications, eau, électricité, transport, voirie, assainissement, etc. ; des
prestations financières : octroi de bourses, de subventions, de crédits, sécurité
sociale, allocations familiales, etc. ; des prestations intellectuelles et culturelles :
enseignement public, formation professionnelle, formation permanente, etc.
2) Les besoins collectifs de la population à satisfaire : l’expression peut désigner des
besoins communs à toute la collectivité (ex : l’organisation de l’enseignement, la
fourniture de l‘eau et l’électricité) ou correspondre aussi à des besoins d’une partie
seulement de la collectivité, voire un petit nombre d’individus (ex : la politique
d’aide aux handicapés).
3) L’utilisation par les personnes publiques de certains services publics existants afin
de réduire les inégalités sociales en permettant à des nombreuses personnes
d’accéder ainsi à des services publics qu’elles ne pourraient utiliser si elles
devraient supporter un tarif élevé pour elles. Exemple des universités officielles
créées par l’Etat pour les enfants issus de familles modestes.
4) L’activité ou politique menée par un service public qui profite à long terme et
globalement à l’ensemble de la population concernée. Exemple de la lutte contre
l’insalubrité publique, de la réforme agraire, etc.

4646
J. DE BURLET, op. cit. , p. 55.
86

§ 2. Catégories des services publics

On distingue deux catégories des services publics : le service public administratif


(SPA) et le service public industriel ou commercial (SPIC).

A. Services publics administratifs (SPA)

Les services publics administratifs sont les services crées par les pouvoirs publics et
gérés par l’Administration publique dans l’unique but de satisfaire l’intérêt général. Ces
services assurent les tâches traditionnelles de la puissance publique.

B. Services publics industriels et commerciaux (SPIC)

On trouve dans cette catégorie les services à caractère :

1) Soit industriel, c’est-à-dire de grande production (ex : la SNEL, la REGIDESO) ;


2) Soit commercial ou à but lucratif, puisqu’ils achètent pour revendre dans un
contexte d’économie du marché (ex : l’Economat du peuple, la cantine
communale, etc.) ;
3) Soit social, dont le but est d’intérêt social, mais qui sont gérés comme des
organismes de droit privé (ex : CNSS (l’INSS), les hôpitaux, les orphelinats, les
universités de l’Etat, etc.) ;
4) Soit de sécurité de l’Etat (ex : les fabriques d’armes à feu et des explosifs) ;
5) Soit d’appui à la promotion de l’industrie et du commerce en offrant des services,
le transport et les finances (ex : la Banque Centrale, la Société nationale des
transports et des ports ex-ONATRA, la SNCC, la CADECO, LAC, FPI, etc.).

§ 3. Modes de gestion des services publics

La gestion des services publics peut se faire soit par des personnes publiques soit des
personnes privées.

A. Gestion des services publics par des personnes publiques

Traditionnellement, la gestion des services publics par les personnes publiques a


toujours été considérée comme le mode normal de gestion. Il existe trois procédés
fondamentaux : la régie ou gestion directe, l’établissement public et l’entreprise publique.

1. Le procédé de la régie ou gestion directe (RD)

La régie constitue le mode gestion classique des services publics. Elle est un procédé
par lequel l’Etat ou la collectivité publique prend en main, à travers ses agents, la gestion
d’une mission d’intérêt général. Ex : DGI, DGRAD, DGM, etc.

2. L’établissement public (EP)

Un établissement public est un organisme crée par l’Etat et ayant soit un caractère
commercial, soit un caractère social, soit un caractère d’appui à la promotion de l’industrie et
du commerce, soit d’un organisme chargé d’une mission de contrôle et jouissant d’une
personnalité juridique et d’une autonomie financière propres en vue d’assurer la gestion d’un
87

service public qui lui a été confiée par une collectivité territoriale. Ex : UNIGOM, CNSS,
SONAS, Banque Centrale du Congo (BCC), LAC, SNCC, FPI, CADECO, OCC, Hôpitaux
publics, etc.

3. L’entreprise publique (EP)

On entend par entreprise publique, des entreprises industrielles et commerciales créées


par l’Etat ou la collectivité publique ou encore par un groupe de personnes morales de droit
public, jouissant d’une personnalité morale et d’une autonomie de gestion organique et
financière propres pour produire des biens en vue de réaliser le profit dans un secteur qui
intéresse l’intérêt général. Ex : SNEL, REGIOSDESO, et.

B. Gestion des services publics par des personnes privées

Il existe à ce sujet deux procédés classiques : la société d’économie mixte (SEM) et


l’établissement d’utilité publique (EUP). A côté de ces deux procédés traditionnels, s’ajoutent
des collaborateurs occasionnels ou bénévoles.

1. La société d’économie mixte (SEM)

Une société d’économie mixte est une société de capitaux à caractère industriel et
commercial, crée à la fois par l’Etat ou une personne morale de droit public et les particuliers,
jouissant d’une personnalité juridique propre et d’une autonomie de gestion administrative et
financière pour produire des biens et services destinés à être vendus sur le marché en vue de
réaliser le profit ou le bénéfice dans un secteur qui intéresse de façon évidente l’intérêt
général. Ex : SOTEXKI, MIBA (Minière de Bakwanga), Sucrerie de Kiliba, etc.

2. L’établissement d’utilité publique (EUP)

On entend par établissement d’utilité publique, un organisme crée à ‘initiative des


particuliers, doté de la personnalité et de l’autonomie administrative et financière, et qui
assure une mission d’intérêt général reconnue par les pouvoirs publics. Ex : ASBL reconnues,
Eglises, etc.

3. Les collaborateurs occasionnels et bénévoles (COB)

Un collaborateur occasionnel et bénévole est toute personne extérieure à


l’Administration, au service public, qui lui apporte bénévolement, pour une mission donnée,
son concours pour fonctionner efficacement en cas de défaillance, d’absence de ses agents
permanents ou tout simplement en cas d’urgence. Ex : de plongeur pour sauver les victimes
de noyade en cas de naufrage.

SECTION II : LES ORGANES DE L’ADMINISTRATION


Un organe est l’ensemble des agents ou autorités administratives investis du pouvoir
de présider à l’organisation et au fonctionnement d’un service. Il y a des organes centraux : le
Président de la République, le Premier Ministre et les Ministres ; et les organes locaux : le
Gouverneur de Province, le Maire de la Ville, le Bourgmestre, l’Administrateur de Territoire,
le Chef de Secteur ou de Chefferie.
88

Outre ces autorités administratives, certains organismes publics personnalisés ont un


statut qui leur confère le pouvoir de prendre des décisions créatrices d’obligations pour leurs
administrés.

§ 1. Organes centraux

A. Président de la République

Le Président de la République assure l’exécution des lois et statue par voie


d’ordonnance. Selon l’article 79 al 4 de la Constitution du 16 février 2006, les ordonnances
du Président de la République autres que celles prévues aux articles 78 al 1, 80, 84 et 143 de
la Constitution du 16 février 2006 sont contresignées par le Premier Ministre.

Article 78 al. 1er : « Le président de la République nomme le Premier Ministre au sein


de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur
présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement ».

Article 80 : « Le Président de la République investit par ordonnance les Gouverneurs


et les Vice-Gouverneurs de province élus, dans un délai de quinze jours conformément à
l’article 198 ».

« Le Président de la République convoque et préside le Conseil des ministres. En cas


d’empêchement, il délègue ce pouvoir au Premier ministre.

Article 84 : « Le Président de la République confère les grades dans les ordres


nationaux et les décorations conformément à la loi ».

Article 143 : « Conformément aux dispositions de l’article 86 de la Constitution, le


Président déclare la guerre sur décision du Conseil supérieur de la défense et autorisation de
deux chambres.
Il en informe la Nation par un message.
Les droits et devoirs des citoyens, pendant la guerre ou en cas d’invasion ou d’attaque
du territoire national par des forces de l’extérieur, font l’objet d’une loi ».

Par contre, les ordonnances du Président de la République prévues aux articles 81 et


82 sont contresignées par le Premier ministre.

Article 81 : « Sans préjudice des autres dispositions de la Constitution, le Président de


la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant, révoque, sur proposition du
Gouvernement délibérée en Conseil des ministres :

1. les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires ;


2. les officiers généraux et supérieurs des forces armées et de la police nationale, le
Conseil supérieur de la défense entendu ;
3. le chef d’Etat-major général, les chefs d’Etat-major et les commandants des
grandes unités des forces armées, le Conseil supérieur de la défense entendu ;
4. les hauts fonctionnaires de l’administration publique ;
5. les responsables des services et établissements publics ;
6. les mandataires de l’Etat dans les entreprises et organismes publics, excepté les
89

commissaires aux comptes les mandataires de l’Etat dans les entreprises et


organismes publics, excepté les commissaires aux comptes.

Les ordonnances du Président de la République intervenues en la matière sont


contresignées par le Premier Ministre ».

Article 82 : « Le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le


cas échéant, révoque, par ordonnance, les magistrats du siège et du parquet sur proposition
du Conseil supérieur de la magistrature.
Les ordonnances dont question à l’alinéa précédent sont contresignées par le Premier
ministre ».

B. Premier Ministre et Ministres


Le premier ministre assure l’exécution des lois et dispose du réglementaire sous
réserve des prérogatives dévolues au Président de la République par la Constitution. Il statue
par voie de décret délibéré en Conseil des ministres. Il nomme par décret délibéré en Conseil
des ministres, aux emplois civils et militaires autres que ceux pourvus par le Président de la
République. Ses actes sont contresignés le cas échéant, par les Ministres chargés de leur
exécution. Il peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres (article 92 de la
Constitution).

Les Ministres appliquent le programme gouvernemental dans leurs ministères, sous la


direction et la coordination du Premier Ministre. Ils statuent par voie d’arrêté ministériel
(article 93 de la Constitution).

§ 2. Organes locaux

Les institutions politiques provinciales sont l’Assemblée provinciale et le


Gouvernement provincial (article 195 de la Constitution).

A. Assemblée provinciale

L’Assemblée provinciale est l’organe délibérant de la province. Elle délibère dans le


domaine des compétences réservées à la province et contrôle le Gouvernement provincial
ainsi que les services publics provinciaux et locaux. Elle légifère par voie d’édit. Ses
membres sont appelés députés provinciaux (art. 197 de la Constitution).

B. Gouvernement provincial

Le Gouvernement provincial est composé d’un Gouverneur, d’un Vice-Gouverneur et


des ministres provinciaux.

Le Gouverneur et le Vice-Gouverneur sont élus par l’Assemblée provinciale et


investis par ordonnance du Président de la République. Les ministres provinciaux sont
désignés par le Gouverneur de Province.

Les membres du Gouvernement provincial peuvent être, collectivement ou


individuellement, relevés de leurs fonctions par le vote d’une motion de censure ou de
méfiance.
90

Les provinces et les entités territoriales décentralisées de la République Démocratique


du Congo sont dotées de la personnalité juridique et sont gérées par les organes locaux.

Ces entités territoriales décentralisées sont la ville, la commune, le secteur et la


chefferie. Elles jouissent de la libre administration et de l’autonomie de gestion de leurs
ressources économiques, humaines, financières et techniques.

Les organes locaux sont le Gouverneur de Province, le Maire de la Ville, le


Bourgmestre, l’Administrateur de Territoire, le Chef de Secteur ou de Chefferie. Pour l’exerce
de leurs fonctions, ils disposent du pouvoir réglementaire. Les pouvoirs et attributions des
organes locaux sont prévus par la Loi n° 08/016/10 du 7 juillet 10/2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées, JORC, n° spécial,
31/07/2008, p. 16).

Le Gouverneur de Province agit par voie d’arrêté provincial délibéré en Conseil des
ministres ; les Ministres provinciaux par arrêté du ministre provincial ; le maire par arrêté
urbain délibéré en Collège urbain (article 43 ; le Bourgmestre par arrêté communal délibéré
en Collège exécutif ; l’Administrateur du Territoire par décision ; le Chef de Chefferie ou le
Chef de Secteur par arrêté de Chefferie ou de Secteur délibéré en Collège exécutif de
Chefferie ou de Secteur (article 65).

La nomenclature des actes règlementaires des autorités administratives

Appellations des autorités administratives Nomenclature des actes réglementaires

2e République Transition 3e République 2e République Transition 3e République


Président de la Président de la Président de la Président de la Président de la Président de la
République République République République République République
1er Commissaire _ Premier Ordonnance Décret Ordonnance
d’Etat Ministre présidentielle
Commissaire d’Etat Ministre Ministre Arrêté Arrêté Arrêté ministériel

Commissaire de Gouverneur de Gouverneur de Arrêté Arrêté Arrêté provincial


Région Province Province
Ministre provincial _ _ _ _ Arrêté du Ministre
provincial
Commissaire Urbain Maire de la Maire de la Arrêté Arrêté Arrêté urbain
Ville Ville
Commissaire de Zone Bourgmestre Bourgmestre Décision Décision Arrêté communal
urbaine
Commissaire de Zone Administrateur Administrateur Décision Décision Décision
rurale du Territoire du Territoire
Chef de Collectivité- Chef de Chef de Décision Décision Arrêté de chefferie
Chefferie Chefferie Chefferie
Chef de Collectivité – Chef de Secteur Chef de Secteur Décision Décision Arrêté de secteur
Secteur
91

CHAPITRE IV. MOYENS D’ACTION DE


L’ADMINISTRATION
Pour mener à bien son action, l’Administration recourt des moyens
juridiques, des moyens humains, des moyens matériels et des moyens financiers. On
n’examinera dans ce chapitre que les trois premiers moyens, les moyens financiers de l’Etat
faisant l’objet d’enseignements spécialisés de finances publiques, législation fiscale et
douanière.

SECTION I : ACTES ADMINISTRATIFS


Pour réalises sa mission, l’Administration prend deux sortes d’actes administratifs : les
actes unilatéraux ou décisions exécutoires et les actes plurilatéraux ou contrats administratifs.

§ 1. Définition des actes administratifs

Si dans le langage courant, le terme « acte » sert à désigner de simples agissements


matériels (par exemple d’une prestation, …), dans le langage juridique, il désigne une
décision créatrice par elle-même d’un effet de droit. Il a pour objet de provoquer une
modification de l’ordonnancement juridique.

Par actes administratifs, il faut entendre les décisions unilatérales des autorités ou des
organismes administratifs ou parfois même des organismes privés relatives à un service
public, activité d’intérêt général, à la satisfaction d’un but d’utilité publique.

Sont exclus de la catégorie d’actes administratifs, les décisions émanant des autorités
administratives ou des organismes privés relatives à la gestion privée ou poursuivant un but
particulier ; par contre, les actes de gestion des organismes privés participant au service public
ou la satisfaction de l’intérêt général répondent à la qualification d’actes administratifs.

Par acte administratif unilatéral, il faut alors entendre « une déclaration de volonté
émise par une autorité administrative sous forme verbale ou écrite avec comme effet de
modifier l’ordonnancement juridique, de conférer des droits ou de créer des obligations de par
la seule volonté de son auteur ».

§ 2. Catégories des actes administratifs

A. Classification selon l’auteur de l’acte

Selon ce critère, chaque autorité administrative n’est habilitée à signer qu’une espèce
d’acte. Ainsi, le Chef de l’Etat signe des ordonnances ; le Premier ministre des décrets ; les
Ministres des arrêtés ministériels et interministériels ; le Gouverneur de Province des arrêtés
provinciaux ; le Ministre provincial des arrêtés du ministre provincial ; le Maire de la Ville
des arrêtés urbains ; le Bourgmestre des arrêtés communaux ; l’Administrateur du Territoire
des décisions ; le Chef de Chefferie des arrêtés de chefferie et le Chef de Secteur des arrêtés
de secteur.
92

En réalité, les autorités administratives sont tout à fait libres dans le choix des actes
qu’elles prennent ; ainsi, au lieu de prendre des actes énumérés ci-dessus, elles prennent
parfois indifféremment des décisions, des injonctions, des ordres verbaux ou écrits, des
circulaires, etc.

B. Classification selon le caractère de l’acte

Ici, on distingue les actes d’autorité ou de puissance et les actes de gestion.

Les premiers concernent ceux pour lesquels l’Administration agit par voie d’autorité
en formulant des ordres et des interdictions. Exemples : la décision d’expropriation pour
cause d’utilité publique, de réquisition pour cause d’utilité publique ; de recouvrement forcé
des créances de l’Etat, etc.

Les seconds, au contraire concernent ceux pour lesquels l’Administration agit de la


même manière que les particuliers. En cas de litige, ils relèvent de la compétence des
juridictions judiciaires et du droit privé. C’est le cas des contrats de droit commun de
l’Administration (contrat d’achat, contrat de vente, contrat de bail, contrat de louage de
service, contrat d’assurance). Toutefois, il n’est pas aisé d’établir une marge très nette entre ce
qui autorité et ce qui gestion.

C. Actes administratifs règlementaires et actes administratifs individuels

Les actes administratifs règlementaires sont ceux qui sont contiennent des dispositions
générales et impersonnelles auxquelles l’autorité administrative devra se référer à l’occasion
des actes administratifs individuels qu’elle aura à prendre. Par exemple, l’ordonnance n°
82/031 du 19/03/1982 portant règlement d’Administration relatif au régime disciplinaire et
aux voies de recours du personnel de carrière des services publics de l’Etat, est un acte
règlementaire.

Les actes administratifs individuels sont ceux qui régissent la situation juridique d’un
individu ou d’un groupe d’individus nommément désignés. Par exemple, un arrêté de
suspension d’un chef de division pris par le Gouverneur de province en application de
l’ordonnance n° 82/031 du 19/03/1982 précitée, est un acte individuel.

Cette distinction entre actes règlementaires et actes individuels présente un triple


intérêt :

Primo : l’acte individuel doit, sous peine de nullité pour illégalité, être conforme à
l’acte règlementaire lorsque celui-ci a été établi par une autorité hiérarchiquement supérieure.

Secundo : l’acte individuel doit être conforme à l’acte règlementaire lorsque celui-ci a
été édicté par l’autorité même qui prend la mesure individuelle car une autorité administrative
ne peut enfreindre ses propres réglementations, selon l’adage « Legem patere quam fecisti ».

Tertio : l’acte individuel doit être conforme au règlement lorsque celui-ci a été édicté,
dans les milites de sa compétence, par une autorité hiérarchiquement inférieure à celle qui
prend la mesure individuelle d’application.
93

§ 3. Conditions de validité des actes administratifs

Le pour édicter ou d’élaborer un acte administratif unilatéral ne peut s’exercer de


façon anarchique. Il doit respecter des règles de fond ou de compétence, de fond et de
procédure.

A. Règles de compétence

Au sens restreint (généralement employé), le terme « compétence » se rapporte


uniquement à l’auteur de l’acte et désigne « l’aptitude propre à la fonction conférée par la loi
ou les règlements à certains agents à accomplir certains actes juridiques sur un territoire
donné, à un moment donné47.

1. La compétence personnelle ou ratione personae

En droit public, le principe est que le titulaire d’une compétence est tenu de l’exercer.
L’autorité administrative qui décide doit être celle qui est désignée par la loi ou le règlement.

Les dérogations à cette règle s’articulent autour de deux types de délégation : la


délégation de pouvoir et la délégation de signature.

La délégation de pouvoir consiste à opérer un transfert de compétence d’une autorité à


une autre. Elle emporte sur le plan du droit trois conséquences ci-après :

- La délégation de pouvoir dessaisit l’autorité délégante qui ne peut plus exercer sa


compétence sur le domaine délégué tant que dure la délégation ;
- La délégation de pouvoir vise le titulaire d’un poste dans l’abstrait et subsiste même si
le titulaire change ;
- La décision prise par délégation de pouvoir a une nature formelle et un rang dans la
hiérarchie correspondant à la situation administrative du déléguant.

La délégation de signature vise seulement à décharger le déléguant de la fonction


matérielle en lui permettant de désigner une sorte de « fondé de pouvoir ». Elle entraîne trois
conséquences ci-après :

- L’autorité qui délègue seulement sa signature ne perd pas l’exerce de sa compétence ;


- La délégation de signature est personnelle et tombe si le déléguant ou le délégataire
change ;
- La décision prise par délégation de signature n’a pas la valeur juridique de délégataire.

2. La compétence matérielle ou ratione materiae

C’est l’aptitude juridique conférée à un agent public de prendre des actes


administratifs unilatéraux, mais uniquement pour certaines matières. Ainsi, la règle de
compétence détermine d’abord les matières rentrant dans la sphère propre de chaque autorité.

La « théorie des fonctionnaires de fait » constitue une exception à cette règle de


compétence matérielle. Un fonctionnaire de fait est un agent théoriquement incompétent,
47
G. PEISER, Droit administratif, Fonction publique de l’Etat et territoriale, domaine public, expropriation,
travaux publics, 12e éd. Dalloz, Paris, 1996, p. 23).
94

généralement une personne non investie ou irrégulièrement investie mais dont les actes sont
déclarés valides par le juge en raison de l’« apparence » ou de la « nécessité ». Exemple de la
validité des actes (décisions, contrats) pris par les autorités rebelles pendant la guerre.

3. La compétence territoriale ou ratione loci

Elle concerne la zone géographique sur laquelle s’exerce le pouvoir réglementaire des
fonctionnaires. La compétence territoriale des autorités administratives nationales s’étend à
tout le territoire, celles des autorités régionales et locales se limite à leurs ressorts territoriaux.
La dérogation à cette règle est constituée des actes posés par un gouvernement en exil.

4. La compétence temporelle ou ratione temporis

C’est l’aptitude juridique donnée à un agent de prendre des actes pendant la période au
cours de laquelle il est en fonction. D’une part, une autorité administrative ne peut exercer sa
compétence qu’à partir de son investiture, et cet effet de l’investiture part de la signature de
l’acte de nomination avant même sa publication, d’autre part, une autorité administrative perd
sa compétence dès sa désinvestiture.

Cependant, pour éviter une rupture brutale, la compétence du « gouvernement


démissionnaire » survit jusqu’à l’installation du nouveau gouvernement. Pendant l’interrègne,
il est permis au gouvernement démissionnaire d’« expédier les affaires courantes », de
poursuivre l’instruction des dossiers déjà ouverts ; il ne lui est pas permis d’ouvrir de
nouveaux dossiers, de prendre des décisions majeures.

B. Règles de forme et de procédure

1. Les règles de forme

a. La rédaction de l’acte administratif

L’acte administratif doit être généralement écrit. Mais, ce n’est toujours pas le cas. Il
existe des décisions gestuelles (ordre de l’autorité de police administrative, signaux lumineux,
etc.) ; et des décisions verbales (exemple d’une délégation de pouvoir donnée au téléphone,
décisions par télex). La forme n’est exigée que si elle est prévue par la loi ou par le texte qui
régit l’acte.

b. Le caractère explicite de l’acte administratif

Les décisions administratives doivent normalement être explicites c’est à dire traduites
par un acte. Mais, il arrive qu’un texte confère au silence gardé par l’administration durant un
certain temps, à la suite d’une demande formulée par un administré, la signification soit d’un
rejet tacite, soit d’une acceptation.

Le silence-refus correspond traditionnellement à une décision implicite de rejet.


Exemple, en matière de procédure administrative, le silence gardé par l’administration
pendant quatre mois à la suite d’une réclamation d’un administré est considéré comme une
décision équivalente à un rejet. Le silence-acceptation tend soit à assouplir les contrôles
(système de l’approbation tacite des délibérations des assemblées délibérantes des organismes
décentralisés) soit à accélérer la prise de décision (octroi tacite du permis de construire).
95

c. La dénomination de l’acte administratif

Un acte administratif doit avoir une dénomination, c’est-à-dire un nom ou une


appellation : ordonnance, décret, arrêté, décision, circulaire, directive, note de service, etc. Il
existe cependant des actes administratifs qui n’ont pas de dénomination, mais qui sont
valables ; exemple, des actes verbaux et des actes implicites comme le silence. La
dénomination ne constitue donc pas une formalité substantielle.

d. Les visas

L’acte administratif doit posséder les visas nécessaires. Tout acte administratif doit
reposer sur une base juridique et mentionner les actes antérieurs sur lesquels l’autorité
administrative se fonde lorsqu’elle prend la décision. Ainsi, une décision individuelle doit en
effet se fonder sur une norme générale et un règlement et se rattacher toujours à une règle
supérieure.

Ces actes antécédents (bases juridiques et éléments de procédure sont des visas. Les
visas sont facultatifs. L’absence de visa n’est pas un vice de forme. L’erreur dans le visa ne
provoque pas la nullité de l’acte, qu’il s’agisse d’une inexactitude dans le visa d’une loi,
d’une délégation, d’une proposition.

e. La signature

L’acte administratif doit être signé. La signature constitue une formalité substantielle.
Un acte administratif n’existe qu’après avoir été signé et doit revêtir des contreseings prévus
par les textes. La signature comprend le nom ou la marque que l’on met au bas du document
dont on est l’auteur ou dont on approuve le contenu ; ce nom ou cette marque le titre en vertu
duquel on a signé ainsi que le paraphe (trait). Elle doit être celle de l’autorité compétente ou
celle de son délégué.

Conformément à l’article 79 alinéa 4 de la Constitution, les ordonnances du Président


de la République autres que celles prévues aux articles 78 alinéa premier, 80, 84 et 143, sont
contresignés par le Premier Ministre qui endosse la responsabilité devant l’Assemblée
nationale.

Un acte administratif non signé « n’existe pas », est réputé « inexistant » ou « réputé
n’avoir jamais existé » ; il est « nul et non avenu » ; « nul et sans effet ».

f. La motivation

L’acte administratif doit être motivé c’est-à-dire doit énoncer ou formuler les motifs
de droit et de fait qui fondent les décisions administratives. Elle doit être écrite, et comporter
des considérations de droit et de fait qui ont conduit l’autorité à rendre la décision et qui
constituent le fondement de l’acte.

Cette obligation concerne les décisions individuelles défavorables (qui par exemple,
restreignent l’exercice des libertés publiques, infligent une sanction, imposent des sujétions,
retirent ou abrogent une décision créatrice de droits, refusent un avantage dont l’attribution
constituent un droit, refusent une autorisation), et celles qui dérogent aux règles générales
96

fixées par la loi ou le règlement.

Les limites à cette obligation sont au nombre de trois : l’urgence absolue, le secret et la
décision implicite.

g. Le parallélisme des formes

Pour supprimer un acte administratif, il faut la même autorité qualifiée pour l’édicter
qui devra suivre les mêmes formalités et la même procédure que celles adoptées pour l’établir.

Ces différentes règles de forme constituent les formalités que l’Administration doit
respecter lorsqu’elle prend une décision. Dans certains cas, ces formalités sont substantielles
car elles traduisent une nécessité administrative (ex. de la signature) ou protection juridique
(ex. parallélisme de forme). Dans d’autres cas, les formalités sont jugées accessoires, non
substantielles (ex. les visas), car elles ne remettent pas en cause le fondement de l’acte.

L’omission d’une formalité substantielle entraîne, sur le plan de contrôle, la nullité de


l’acte administratif, alors que l’omission d’une formalité substantielle n’entraîne pas cette
nullité.

2. Les règles de procédure

L’Administration doit, lors de l’élaboration des actes administratifs, respecter les


règles de la procédure administrative.

a. La procédure consultative

Elle consiste à consulter certains organismes chargés de donner un avis sur la question
avant de prendre une décision administrative. Exemple de la consultation soit du syndicat soit
du conseil de discipline avant de sanctionner un agent.

Il y a quatre sortes de consultation : la consultation facultative, mais que cela soit


imposé par le texte ; la consultation obligatoire sans avis conforme, celle qui s’impose tout en
laissant à l’autorité administrative toute liberté pour ne pas suivre l’avis donné, l’obligation de
solliciter l’avis constitue alors une formalité substantielle ; la consultation avec avis
conforme, celle dans laquelle l’autorité administrative est tenue de solliciter l’avis et de le
suivre, l’avis conforme est une codécision, la consultation pour prendre un avis spontané que
les textes prévoient.

b. La procédure contradictoire

C’est le principe du contradictoire. L’Administration ne peut, sauf cas particulier,


prendre une décision individuelle défavorable sans que la personne intéressée puisse présenter
ses arguments (moyens de défense), ses observations écrites ou orales, et faire prévaloir son
point de vue. Seules des considérations relatives à l’urgence ou au caractère exceptionnel des
circonstances, peuvent faire obstacle à ce droit à une procédure contradictoire.

c. La publicité

L’Administration est obligée à porter à la connaissance des destinataires la décision


97

qu’elle prend. La publicité conditionne l’entrée en vigueur de l’acte, son opposabilité, pour
qu’il produise ses pleins effets. La publicité donnée à l’acte déclenche également le délai du
recours contentieux. Le droit administratif distingue deux modes de publicité selon le nombre
d’individus qu’elle concerne : la publication et la notification.

La publication est un mode de publicité impersonnel, réalisant une information à


destination générale. Elle vise à faire connaître l’acte à un public anonyme. En effet, les actes
législatifs et réglementaires ayant une portée générale, n’acquièrent une force exécutoire
envers les autorités, les juridictions administratives et les citoyens qu’à la condition d’avoir
été publiés dans un recueil officiel (Journal officiel, Bulletin officiel ou Bulletin administratif
des différents ministères) comme dans la presse nationale ou locale, ou encore parc affichage,
à l’internet, etc.

La notification est un mode de publicité personnelle, applicable aux actes individuels.


Les décisions individuelles doivent en effet être notifiées personnellement aux intéressés pour
produire leurs effets. La notification se réalise généralement par lettre adressée à l’intéressé,
parfois sous forme de lettre recommandée avec accusé de réception. A défaut de cette
notification, et même s’il y a eu publication, ces décisions ne sont pas opposables aux
destinataires et ne peuvent produire leurs effets. Mais les actes favorables de nature à conférer
à leurs destinataires des droits, entrent en vigueur dès leur signature, sans qu’une mesure
officielle d’information-notification soit nécessaire, contrairement aux actes défavorables.

§ 4. Effets de la décision exécutoire

A. Privilège du préalable

La décision exécutoire modifiant unilatéralement la situation juridique qu’elle vise,


bénéficie avant toute vérification par le juge, du privilège du préalable. Elle est présumée être
régulière ou conforme au droit. Puisque l’Administration est supposée « bien faire », tous
ceux qui sont concernés par sa décision par sa décision doivent « s’exécuter d’abord et
discuter après ». La décision de l’Administration est pourvue d’une autorité de la chose
décidée (G. VEDEL). L’Administration n’a pas besoin d’un « titre exécutoire » pour assurer
l’exécution de ses décisions.

B. Application immédiate

La décision exécutoire produit ses effets sitôt qu’elle est prise. L’Administration est
dès ce moment, tenue de s’y conformer en ce qui la concerne. Mais, elle ne peut l’opposer aux
particuliers, c’est-à-dire leur en faire appliquer, que lorsqu’ils ont été mis à même de la
connaître, par la publicité : pour les décisions réglementaires, la publication soit au journal
officiel, soit dans un bulletin officiel ou administratif, soit par affichage ou dans la presse ; et
par la notification aux intéressés pour les actes individuels, du moins lorsqu’elle est
matériellement possible.

C. Non-rétroactivité

L’acte ne produit que pour l’avenir : c’est la règle de non-rétroactivité des actes
administratifs. L’Administration ne peut donc rétroagir l’effet de son acte que lorsque la loi
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l’y a autorisée expressément, à défaut, le juge annule la décision en tant qu’elle prétend
rétroagir. Mais, la règle de non rétroactivité n’est pas d’application lorsqu’un acte est annulé
par le juge à la suite d’un recours pour excès de pouvoir. Dans ce cas, l’exécution du
jugement oblige parfois l’Administration, tenue de rétablir la situation comme si l’acte annulé
n’était jamais intervenu, à prendre, pour ce faire, des décisions rétroactives.

D. Autorité de la chose décidée

L’administration n’a pas besoin de se faire délivrer par le juge un titre exécutoire pour
assurer l’exécution de ses décisions.

E. Exécution de la décision exécutoire

L’exécution de la décision exécutoire incombe en totalité ou en partie à


l’Administration elle-même. Dans ce cas, il lui appartient de prendre toutes les mesures
nécessaires. Exemple, la cessation de paiement du traitement d’un fonctionnaire après la
décision de révocation.

Lorsque la décision a accordé au particulier un droit, c’est au particulier qu’il


appartient d’user de son droit, l’Administration étant seulement tenue de ne pas y mettre
d’obstacle.

Lorsque l’Administration met à la charge d’un particulier une obligation, le principe


est que le particulier est tenu d’exécuter cette obligation car l’Administration n’a pas besoin,
pour l’y contraindre, de se faire délivrer par le juge un titre exécutoire comme le font les
particuliers entre eux. Mais, en cas de résistance, de désobéissance ou du refus du particulier
qui pourrait faire échec à l’exécution, l’administration dispose d’autres moyens pour se faire
obéir.

F. Extinction de la décision exécutoire

1. Les modes d’extinction

a) L’arrivée du terme

Une décision peut fixer elle-même la durée de son application de façon explicite (ex :
l’autorisation d’exploitation accordée pour une durée déterminée) ou implicite (ex : une
interdiction d’une réunion prévue pour une certaine date).

Au-delà de ce terme, l’acte cesse de s’appliquer, sans qu’il soit nécessaire de prendre
un acte contraire.

b) La caducité

C’est l’état de l’acte juridique valable mais privé d’effet en raison de la survenance
d’un fait postérieurement à sa création. Elle doit être prévue par la loi. Ex : lorsque le titulaire
d’une autorisation administrative (permis de construire) n’a pas fait usage de son droit dans le
délai fixé par la loi. En dehors de ces hypothèses, le temps qui passe n’a aucun effet sur
l’existence d’un acte, même très ancien, même oublié de tous, un acte administratif unilatéral
demeure en vigueur aussi longtemps qu’un acte contraire n’y pas mis fin.
99

c) L’annulation

Elle est ordonnée par le juge ou le chef hiérarchique en cas de recours et lorsque la
décision est entachée d’illégalité.

d) L’abrogation

Elle fait disparaître l’acte pour l’avenir, sans remettre en cause les effets qu’il a
produits durant sa vie active. C’est le mode le plus naturel de disparition d’un acte ; lorsqu’il
n’est plus nécessaire, on l’abroge ou on la modifie. L’Administration a le choix entre la
modification et l’abrogation, totale ou partielle ; soit elle le remplace par une décision
différente, soit elle le supprime purement et simplement ; souvent, elle prend un nouvel acte
dont l’un des derniers articles abroge l’acte qu’il remplace.

e) Le retrait ou l’annulation non contentieuse

Il a pour effet d’anéantir l’acte, dès l’origine, et d’en effacer les conséquences
juridiques, futures ou passées, à compter du jour où il est intervenu. Il entend faire disparaître
totalement les effets de la décision pour le passé, comme peut le faire le juge qui annule une
décision illégale sur recours pour excès de pouvoir.

2. Les sanctions

a) La nullité absolue

Elle est la sanction qui frappe l’acte administratif qui ne respecte pas le principe de la
légalité. En effet, un acte administratif qui ne remplit pas les conditions posées par la loi pour
être valable est nul. Il sort de la circulation juridique. Il disparaît ab initio (dès l’origine) avec
les effets qu’il a produits.

b) la nullité relative

Elle est la sanction qui frappe l’acte administratif qui n’observe pas une formalité
accessoire ou non substantielle, par exemple, l’absence du visa ou de l’omission d’une
formalité établie.

c) L’inexistence

Elle est plus grave que la nullité absolue. Elle est la sanction qui frappe l’acte
administratif qui est entaché d’un vice particulièrement grave, d’une irrégularité grossière, par
exemple l’incompétence, le détournement de pouvoir, la violation directe de la loi,
l’usurpation du pouvoir, l’empiétement de fonction, etc.

Lorsque le juge a constaté l’illégalité, il annule l’acte entaché de ce vice


particulièrement grave ou de cette irrégularité grossière. L’acte ainsi annulé est déclaré
inexistant, réputé inexistant ou réputé n’avoir jamais existé, nul et de nul effet, nul et non
avenu.
100

SECTION II : MOYENS HUMAINS (Personnel de l’Etat)


§ 1. Catégories du personnel de l’Etat
On distingue généralement les agents publics et les agents de droit privé.

A. Agents publics et agents de droit privé

Les premiers forment la plus grosse partie des effectifs des services administratifs,
mais ces services emploient aussi certains agents soumis au droit privé.

Au sens de l’article 1er du Décret-loi n° 017/2002 du 3/10/2002 portant Code de


conduite de l’agent public de l’Etat, un agent public de l’Etat est toute personne qui exerce
une activité publique et rémunérée par ce dernier. Aux termes de ce décret, sont agents de
l’Etat :

- le Président de la République ;
- les membres du Parlement ;
- les membres du Gouvernement ;
- les magistrats des Cours et Tribunaux ;
- les Ambassadeurs et Envoyés extraordinaires ;
- les autorités de l’administration des circonscriptions territoriales et les membres des
Assemblées des entités territoriales décentralisées ;
- le personnel politique et administratif des services de la présidence de la République ;
le personnel politique et administratif de l’administration du Parlement ;
- le personnel politique et administratif des cabinets des ministères ; les agents de
l’Administration de tous les ministères ;
- les magistrats et personnel administratif de la Cour des Comptes ;
- le personnel de l’Administration des services de sécurité ;
- le personnel civil et militaire œuvrant au sein des Forces armées congolaises ;
- les agents de la Police nationale congolaise ;
- les mandataires actifs et non actifs dans les Institutions de droit public, les entreprises
et organismes publics ainsi que les entreprises d’économie mixte ;
- le personnel des institutions de droit public, des entreprises publiques et des
organismes publics personnalisés ;
- les employés des entreprises privées ou d’économie mixte exerçant une activité
publique pour le compte de l’Etat.

Au contraire, le personnel des services industriels et commerciaux est, en principe,


soumis au droit privé, sauf l’Administrateur Directeur Général, le Directeur Général et le
comptable s’il a la qualité de comptable public.

B. Distinction parmi les agents publics

On distingue les agents non statutaires et les agents sous statut.

Les agents non statutaires sont constitués des agents contractuels ou des agents sous
contrat. Ils sont recrutés par contrat de droit public (contrat de louage de service).
101

Les agents publics statutaires ou agents sous statut sont ceux qui sont soumis à un
statut législatif et réglementaire. Le seul élément volontaire pour eux leur candidature à la
fonction publique, par là même ils acceptent toutes les modifications que leur statut pourra
subir par la suite.

SECTION II : MOYENS MATERIELS DE L’ADMINISTRATION


Le domaine de l’Etat est constitué par l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers
appartenant aux personnes physiques ou morales ou qui sont mis à leur disposition.

§ 1. Modes d’acquisition

Les collectivités publiques peuvent, en cas de besoin, recourir aux procédés de


contrainte ou de cession forcée à savoir l’expropriation et la réquisition pour cause d’utilité
publique.

A. L’expropriation pour cause d’utilité publique

L’expropriation pour cause d’utilité publique est une opération administrative par
laquelle l’Administration oblige un particulier à lui céder la propriété d’un immeuble dans un
but d’utilité publique moyennant une indemnité juste et préalable.

La Loi foncière n° 73/021 du 20 juillet 1973 portant rédime général des biens, régime
foncier et immobilier et régimes des sûretés, telle que modifiée à ce jour, distingue le régime
foncier et le régime immobilier.

Par exemple : en vue de la constitution et de l’aménagement du domaine public ; la


réalisation des grands travaux de la voirie ; la protection des monuments historiques et des
sites naturels ; des opérations d’urbanisme ; la constitution des réserves foncières ;
l’aménagement d’espaces verts environnants ; la création des villes nouvelles, etc.

B. Réquisition pour cause d’utilité publique

La réquisition pour cause d’utilité publique est un procédé forcé qui permet à
l’Administration de se procurer la propriété et l’usage des biens mobiliers et biens
immobiliers, le service d’entreprise ou de personnes pour faire face à un besoin exceptionnel
et temporaire d’intérêt général moyennant une indemnité juste et préalable.

§ 4. Consistance du domaine de l’Etat

Le domaine de l’Etat est constitué des biens du domaine public et ceux du domaine
privé. Selon le régime juridique, le domaine public de l’Etat est régi selon les règles du droit
public dites règles de la domanialité tandis que le domaine privé de l’Etat est régi par les
règles de droit privé.

A. Domaine public de l’Etat

1. La définition du domaine public de l’Etat

Selon la Loi n° 73/021 du 20 juillet 1973, dite foncière, portant rédime général des
102

biens, régime foncier et immobilier et régimes des sûretés, telle que modifiée à ce jour, les
biens du domaine public de l’Etat sont ceux qui sont « affectés à un usage ou à un service
public et sont hors commerce, tant qu’ils ne sont pas régulièrement désaffectés ».

2. La consistance du domaine public de l’Etat

Le domaine public de l’Etat comprend le domaine foncier et le domaine immobilier.

a. Le domaine foncier public de l’Etat

Le domaine foncier public de l’Etat est constitué de toutes les terres qui sont affectées
à un usage ou à un service public. Les autres terres constituent le domaine foncier privé de
l‘Etat. Le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’Etat.

Le domaine foncier public de l’Etat comprend : le domaine public maritime, fluvial et


lacustre ; le domaine public terrestre et le domaine public mobilier.

1) Le domaine maritime, fluvial et lacustre (DPM, DPF et DPL)

Il est composé :

- des rivages de la mer jusqu’à la limite des hautes marrées qui se situent à Banana par
exemple pendant le mois de mars et de septembre ;
- du sol et sous-sol de la mer territoriale jusqu’aux milles marins ;
- des bords des lacs, fleuves et rivières, navigables ou flottables, appartenant à l’Etat sur
une profondeur de 10 mètres à partir de la ligne formée par le niveau le plus élevé
qu’atteignent les eaux dans leur crue périodique ;
- du lit de tout lac et celui de toute cour d’eau navigable, flottable ou non ;
- des lais et relais, c’est-à-dire des parties du littoral qui autrefois étaient recouvertes par
les flots mais qui depuis ont été abandonnés par la mer de façon durable ;
- des étangs salés en communications directe et permanente avec la mer ainsi que les
havres et les rades ;
- des terrains gagnés sur la mer à la suite des travaux d’endigage ;
- des ports maritimes affectés à l’usage direct du public ou affectés au service public de
la navigation spécialement aménagés à cet effet notamment : les installations, les
digues, les chenaux d’accès, les feux, les bouées lumineuses, les bassins et les quais où
les navires peuvent accoster, les installations érigées sur les quais nécessaires à la
manutention (grues et fonds roulants) ;
- les zones industrielles portuaires, les ateliers de construction et de réparation.

2) Le domaine public terrestre (DPT)

Il est composé :

i) des biens directement affectés au public :

- les rues, routes et autoroutes ainsi que leurs accessoires comme les murs de
soutènement des voies publiques, les réverbères, les panneaux et feux de signalisation,
les kiosques à journaux, les bancs, les canalisations et même les arbres qui les bordent
ainsi que les monuments qui ornent les avenues et les places publiques ;
103

- les promenades publiques (espaces verts) ;


- certaines plages non incorporées au domaine public maritime ;
- certains édifices affectés au public comme les bureaux de commune.

ii) des biens affectés au service public et aménagés spécialement :

- les biens du domaine public ferroviaire : les voies ferrées, installations qui se
rattachent au transport par chemin de fer comme les gares, les passages à niveaux, les
signaux ;
- les biens du domaine aérien : des aéroports et leurs dépendances (pistes, radars,
balises), des hangars pour aéronefs, des appareils aéroportuaires, des ateliers de
construction et de réparation, des aérogares, des immeubles affectés au logement du
personnel ;
- les biens de l’espace atmosphérique au-dessus du territoire et de la mer territoriale ;
- des bâtiments affectés à un service public et aménagés spécialement comme des palais
de justice, des hôtels de Ville, des écoles, salles de fête municipales, des bureaux de
postes, des musées, des laboratoires publics, des installations de captage et de
distribution d’eau potable, des fontaines publiques, des égouts ; des gîtes construites
par l’Administration ;
- du domaine militaire comme des casernes et des centres d’entraînement ;
- des mines ;
- des cimetières.

3) Le domaine public mobilier

On se trouve en présence du domaine public mobilier :

- soit quand le service public est affecté à un objet mobilier, c’est-à-dire quand la
conservation du bien et sa mise éventuelle à la disposition du public sont l’objet du
même service ;
- soit quand le bien mobilier est affecté à un service à un service public et ne peut être
remplacé facilement et immédiatement c’est-à-dire quand le bien est essentiel pour le
fonctionnement d’un service, ex. : les livres, les archives et collections de musées,
monuments historiques ;
- soit quand l’objet mobilier est affecté à perpétuelle demeure à un immeuble du
domaine public.

3. Le mode de gestion

La gestion du domaine public de l’Etat est soumise à trois règles essentielles que sont :
l’inaliénabilité, l’imprescriptibilité, l’insaisissabilité et l’intégrité.

a. L’inaliénabilité du domaine public

Le domaine public est inaliénable. Les biens du domaine public sont hors commerce. Ils ne
peuvent être cédés aux tiers aussi longtemps qu’ils n’auraient pas fait l’objet de
désaffectation.
104

b. L’imprescriptibilité du domaine public

Le domaine public de l’Etat est imprescriptible. Ce principe découle du premier. Les


prescriptions acquisitives par les particuliers ne sont pas possibles parce qu’ils sont hors
commerce. Quel que soit l’écoulement du temps, l’Etat ne peut en effet perdre sa propriété
contre son gré.

c. L’insaisissabilité du domaine public

En vertu de ce principe qui s’applique aussi bien aux biens du domaine public qu’à
ceux du domaine privé de l’Etat, les biens des personnes publiques ne peuvent faire l’objet
d’aucune voie d’exécution forcée à l’instar de celles organisées en droit privé, à savoir la
saisie-conservatoire, la saisie-arrêt, la saisie-exécution et la saisie immobilière.

La saisie est le moyen d’action offert au créancier de mettre sous-main de la justice les
biens de son débiteur afin s’assurer le paiement de sa créance.

d. L’intégrité du domaine public

Il est interdit aux usagers de dégrader ou détruire les biens du domaine public de l’Etat
et d’aller à l’encontre de leur bonne affectation. La dégradation du domaine public ou son non
utilisation conformément à son affectation, constitue une contravention de voirie ou une
atteinte au domaine public, un délit qui relève du droit administratif mais qui est sanctionné
pénalement.

Par contre, les biens du domaine privé de l’Etat ne sont pas hors commerce. Ils sont
donc aliénables. Avec l’accord de la hiérarchie ou des autorités supérieures, ils peuvent être
vendus, achetés, ou cédés à des tiers.

4. Les modes d’utilisation du domaine public de l’Etat

Il y a les utilisations collectives et les utilisations privatives.

a. Les utilisations collectives

En principe, les biens du domaine public de l’Etat sont à la disposition du public.


Chacun peut aller et venir (liberté de circulation), stationner temporairement sur les routes, se
baigner sur les plaques, entrer dans les musées, exercer une activité privée d’intérêt général,
etc. Toutefois, l’utilisation des biens du domaine public doit être conforme à leur destination.

Exceptionnellement, une autorisation peut être exigée pour l’usage collectif des biens
du domaine public.

b. Les utilisations privatives

Les personnes publiques peuvent, dans certains cas, autoriser les particuliers à utiliser
le domaine public d’une façon privative à l’exclusion des autres, par exemple dans
l’installation terrasse, pourvu que cette utilisation soit compatible avec l’utilisation du
domaine c’est-à-dire qu’elle ne gêne pas l’usage collectif principal.

On distingue généralement deux types d’utilisations privatives, selon qu’il y a à la


105

base un acte unilatéral ou un acte bilatéral, à savoir les autorisations domaniales et les
concessions domaniales.

1) Les autorisations domaniales

L’autorisation domaniale est un acte administratif par lequel une personne publique
accorde unilatéralement à un particulier la permission d’occuper une parcelle du domaine
public à titre exclusif mais de façon précaire moyennent d’une redevance par le
permissionnaire. Puis qu’elle soumise au principe de précarité, l’autorisation domaniale est
donc révocable « ad mutumé », c’est-à-dire à tout moment, sans indemnité même si le
bénéficiaire payait une redevance.

Il existe deux modalités d’autorisation domaniale : le permis de stationnement et la


permission de voirie.

Le permis de stationnement est l’acte par lequel un particulier est autorisé à ériger sur
le domaine public des constructions légères telles que les kiosques à journaux, les terrasses de
café, les stations taxis, etc.

La permission domaniale est un contrat par lequel le particulier est autorisé à occuper
le domaine public en y érigeant des constructions solides telles que les stations d’essence, les
pylônes d’antennes des entreprises de communication, etc.

La concession domaniale est un contrat administratif par lequel les autorités confèrent
à un particulier la jouissance privative et généralement momentanée (précaire) de certains
avantages attachés à la propriété du domaine public. C’est le cas notamment : de la
concession de plages ; de la concession d’ouvrages publics (canal, digue ou quai, abattoir
…) ; de la concession funéraire, de sépulture ; de l’octroi d’un droit de bâtir de salles de
spectacles ; de la concession de pêche sur le domaine maritime.

La concession domaniale est également révocable à tout moment dans l’intérêt public,
mais le concessionnaire a droit à une indemnité (dommages et intérêts) pour violation par la
personne publique des obligations contractuelles.

La Loi foncière n° 73/021 du 20 juillet 1973 portant rédime général des biens, régime
foncier et immobilier et régimes des sûretés, telle que modifiée à ce jour, distingue le régime
foncier et le régime immobilier.

2. Le domaine privé de l’Etat

Le domaine foncier privé de l’Etat est constitué de l’ensemble de tous les biens
corporels mobiliers et immobiliers appartenant à l’Etat et qui ne sont pas affectés à un usage
direct du public ou à un service public. Il comprend le domaine foncier, le domaine mobilier
et le domaine immobilier.

a) Le domaine privé foncier

Les terres qui font partie du domaine privé de l’Etat sont régies par la Loi foncière
suscitée et ses mesures d’exécution. Des mesures particulières d’aménagement et
d’équipement du territoire, d’investissements concertés et de promotions immobilières
106

peuvent, pour des terres qu’elles déterminent, organiser des procédures particulières de
gestion.

Les terres qui font partie du domaine privé de l’Etat sont urbaines ou rurales. Les
terres urbaines sont celles qui sont comprises dans les limites des entités administratives
déclarées urbaines par les lois et les règlements en vigueur. Toutes les autres terres sont
rurales. Selon leur vocation, les terres sont destinées à un usage résidentiel, commercial,
industriel, agricole ou d’élevage.

Les terres du domaine privé de l’Etat peuvent faire l’objet d’une concession
perpétuelle, d’une concession ordinaire ou d’une servitude.

1° Les concessions perpétuelles

La concession est le contrat par lequel l’Etat reconnait à une collectivité, à une
personne physique ou à une personne morale de droit privé ou public, un droit de jouissance
sur un fonds aux conditions prévues par la Loi foncière et ses mesures d’exécution. Les
concessions sont consenties à titre gratuit ou à titre onéreux. Sur un même fonds, il peut y
avoir un ou plusieurs concessionnaires. Ils sont solidairement obligés envers l’Etat.

La concession perpétuelle est le droit que l’Etat reconnait à une personne physique de
nationalité congolaise, de jouir indéfiniment de son fonds aussi longtemps que sont remplies
les conditions de fonds et de forme prévues par la loi foncière.

Le titulaire de la concession perpétuelle a la pleine jouissance du fonds. Il est le


propriétaire de tout ce qui s’y incorpore aussi longtemps que dure son droit de jouissance sur
le fonds. Il a le droit a le droit de construire, de planter, de disposer des constructions, bois,
arbres et autres plantes et produits qui se trouvent sur le fonds lors de son entrée en
jouissance, et de ceux qu’il aura construits, plantés et produits lui-même. Il a, s’il y a lieu, le
droit de chasse et de pêche. Sans préjudice des dispositions de la législation minière, il peut
extraire du fonds des pierres, de l’argile et autres matières semblables.

Il peut transmettre, louer, hypothéquer son droit et le grever de servitudes sous


réserves des prescriptions légales. Il peut aliéner son droit en tout ou en partie.

2° Les concessions ordinaires

Les concessions ordinaires sont : l’emphytéose, la superficie, l’usufruit, l’usage et la


location.

La concession ordinaire ne peut s’éteindre que par l’une des causes ci-après :
l’échéance du terme ; la reprise telle que réglée par les dispositions des articles 120 et 131 de
la Loi foncière ; la conversion réglée par les 74 à 79 de ma même loi ; l’une des causes
énumérées aux points 1° à 6 de l’article 101 de la même loi, sous réserves des modalités
propres aux concessions ordinaires.

i) L’emphytéose

L’emphytéose est le droit d’avoir pleine jouissance d’un terrain inculte appartenant à
l’Etat, à la charge d’entretenir et de mettre en valeur le fonds et de payer à l’Etat une
107

redevance en nature ou en argent. Elle ne peut être établie pour un terme excédent vingt-cinq
ans. Ce terme est renouvelable.

L’emphytéote a droit à tous les produits du fonds. Il a seul les droits de chasse et de
pêche.

Il peut extraire du fonds des pierres, de l’argile et autres matières semblables et en


abattre les arbres, pour les constructions et les améliorations qu’il y entreprend. Il peut en
exploiter les bois, à la charge de les aménager en taillis, comme un bon propriétaire, ou de
faire des plantations pour les remplacer utilement. Il peut en changer la destination ou la
nature, pour en augmenter ma valeur.

Il peut, en faveur de toute personne de son choix, et pour la durée de son droit,
constituer sur les biens qu’il incorpore au sol, une location, l’usufruit, l’usage et l’habitation
ou un droit de superficie. Il peut pour les services de ces biens, accorder des servitudes
foncières. Il peut aliéner son droit et le grever d’hypothèque.

ii) La superficie

La superficie est le droit de jouir d’un fonds appartenant à l’Etat et de disposer des
constructions, bois, arbres et autres plantes qui y sont incorporés. Elle ne peut être établie
pour un terme excédent vingt-cinq ans. Ce terme est renouvelable. .

Le superficiaire a tous les droits de l’usufruitier. Il a le droit de construire et de


partager à son gré. Il a droit de disposer même des constructions, bois, arbres et autres plantes
qui existaient dans le fonds lors de son entrée en jouissance.

Il ne peut disposer des immeubles que dans l’un de cas suivants : s’il en paie la valeur
à l’Etat, outre la redevance pour la jouissance temporaire du fonds ; s’il s’engage à remplacer
les immeubles par d’autres de valeur au moins égale et de semblable utilité.

iii) L’usufruit

L’usufruit est le droit d’user et de jouir d’un fonds appartenant à l’Etat comme m’Etat
lui-même, mais à la charge de le conserver dans son état. Il ne peut être stipulé pour un terme
excédent vingt-cinq ans. Ce terme est renouvelable.

L’usufruitier a le droit de jouir des fruits naturels, civils et industriels que peut
produire le fonds. Il ne peut céder son droit, mais il peut le donner en garantie.

iv) L’usage

L’usage d’un fonds est le droit que l’Etat reconnait à une personne d’en jouir soi-
même avec sa famille, soit en y habitant, soit en y créant des entreprises pour soi-même. Il ne
peut être concédé pour un terme excédent vingt-cinq. Ce terme est renouvelable. L’usage peut
être gratuit.

L’usager peut mettre une partie de ses équipements et installations à la disposition des
tiers, contre ou rémunération, mais uniquement dans la mesure requise pour couvrir ses frais
et ceux de sa famille.
108

v) La location

La location est le droit que l’Etat reconnait à une personne de jouir d’un terrain et
moyennant un certain prix que celle-ci s’oblige à lui payer. En principe, elle est préparatoire à
une autre concession. Elle ne peut être accordée pour un terme excédent trois ans.

3) Les servitudes foncières

Une servitude foncière est une charge imposée sur un fonds pour l’usage et l’utilité
d’un autre fonds. Elle n’établit aucune prééminence d’un fonds sur un autre. Elle découle soit
de la situation naturelle des lieux, soit des obligations imposées par la loi ou des conventions
entre l’Etat et le concessionnaire du fonds ou entre concessionnaires.

B. Domaine privé mobilier

Il comprend :

- les titres et actions représentant les emprunts des pouvoirs publics et les participations
dans le capital dans le capital des sociétés et associations, c’est-à-dire le « portefeuille
de l’Etat » ;
- les biens abandonnés (épaves) ;
- les biens obtenus suite aux donations reçues des particuliers ou biens achetés par l’Etat
aux particuliers, personnes physiques ou morales.

C. Domaine privé immobilier

Il est composé :

- des immeubles destinés au logement du personnel de l’Etat, plus précisément les


casernes affectées au logement des personnels militaires ;
- des immeubles abandonnés ;
- des immeubles en déshérence ;
- des immeubles expropriés, etc.

Les immeubles par incorporation sont :

- les bâtiments et leurs accessoires tels que les tuyaux servant à conduire des eaux, de la
vapeur ou du gaz et les fils conducteurs de l’électricité ;
- toutes les constructions inhérentes au sol ;
- les arbres et plantes quelconques, tant qu’ils ne sont pas détachés du sol ;
- les fruits et les récoltes, tant qu’ils n’ont pas d’existence séparée.

c) Les immeubles par destination

Les immeubles par destination sont les objets mobiliers placés par leur propriétaire
dans un immeuble qui lui appartient ou sur lequel il exerce un droit réel immobilier qui est de
nature à lui permettre d’user ou de jouir de l’immeuble, soit pour les nécessités de
l’exploitation dudit immeuble, soit à perpétuelle demeure pour son utilité ou son agrément.
109

Tels sont :

- les animaux attachés à la culture ou à l’exploitation agricole, les instruments et


ustensiles aratoires, les animaux, machines, ustensiles et autres objets nécessaires à
l’exploitation industrielle ou commerciale ;
- les objets attachés par un travail de maçonnerie quelconque ; ceux qui ne peuvent être
détachés sans être fracturés ou détachés ; les glaces, tableaux et autres ornements
lorsque l’intention du propriétaire de les laisser à perpétuelle demeure résulte
clairement de leurs dimensions et de leur agencement dans l’immeuble.

C. Domaine privé immobilier de l’Etat

Il comprend le domaine immobilier public et le domaine immobilier privé.

Le domaine immobilier public est constitué de tous les immeubles qui sont affectés à
un usage ou à un service public. Ces biens sont hors commerce. Ils ne sont cessibles ni
susceptibles de location, tant qu’ils ne sont pas régulièrement désaffectés.

Tous les immeubles qui ne sont pas affectés à un usage ou à un service public font
partie du domaine immobilier privé de l’Etat. Ces biens sont dans le commerce. Ils peuvent
faire l’objet d’une cession soit d’un contrat de bail.

La cession est l’acte par lequel l’Etat transfère son droit de propriété sur les immeubles
faisant partie du domaine privé de l’Etat.

Le bail est l’acte par lequel l’Etat reconnaît, aux conditions qu’il détermine, un droit
de jouissance sur un immeuble lui appartenant, à un tiers quel qu’il soit.
110

CHAPITRE V. LE CONTENTIEUX ADMINISTRATIF


Les autorités administratives dans l’exercice de leurs fonctions doivent conformer
leurs actions aux textes juridiques qui les organisent. Les actes administratifs illégaux ou
irréguliers posés par elles en utilisant les attributs, les procédés ou les privilèges dérogatoires
au droit commun sont susceptibles de faire l’objet de contentieux administratifs. Le
contentieux comprend le recours administratif et le recours contentieux.

SECTION I : RECOURS ADMINISTRATIF


Les recours administratifs se font par voie de simples requêtes adressées à
l’Administration par les particuliers en vue d’obtenir de celle la réformation ou l’annulation
de la décision prise par elle. Ils sont de deux ordres : le recours gracieux et le recours
hiérarchique.

§ 1. Recours gracieux

C’est un recours qui est adressé par le particulier à l’autorité administrative qui a pris
la décision pour que celle-ci puisse reconsidérer sa décision incriminée.

§ 2. Recours hiérarchique ou tutélaire


C’est un recours qui est adressé par le particulier à l’autorité administrative
hiérarchiquement supérieure à celle qui a pris la décision (dans le cas de la centralisation) à
l’autorité de tutelle (dans e cas de la décentralisation) pour qu’elle puisse entrevoir la
possibilité de reconsidérer sa décision, de revenir sur sa décision.

SECTION II : LE RECOURS JURIDICTIONNEL


On distingue les recours principaux et les recours accessoires.

§ 1. Recours principaux

A. Recours pour excès de pouvoir

Il est appelé également contentieux en annulation ou recours ou recours en annulation.

Dans ce recours, la prétention du requérant est l’annulation par le juge administratif,


d’un acte administratif unilatéral, méconnaissant les éléments en bloc de la légalité.

1. Les cas ou moyens d’ouverture

a. L’incompétence

C’est l’inaptitude légale d’une autorité ou d’un agent à prendre certains actes. Deux
situations sont à considérer : l’usurpation de pouvoir ou de fonction et l’empiétement des
fonctions.

1) L’usurpation de pouvoir ou de fonction

C’est la situation dans laquelle un acte est pris soit par une autorité étrangère à
111

l’administration soir par une autorité administrative en violation des règles les plus
élémentaires de répartition des compétences. C’est le cas par exemple de l’ingérence d’un
organe administratif dans le domaine législatif ou judiciaire.

2) L’empiétement des fonctions

C’est la situation d’un agent public qui agit dans le domaine qui n’est pas le sien. Il
survient dans quatre cas :

- l’incompétence personnelle (ratione personae), lorsque l’auteur de la décision n’est


pas la personne ou l’autorité habilitée par la loi ou le règlement ;
- l’incompétence matérielle (ratione materiae), lorsque la décision prise par l’autorité
porte sur les matières dont la compétence revient aux autres organes ou autorités ;
- l’incompétence territoriale (ratione loci), lorsque l’autorité administrative a décidé en
dehors de sa juridiction, de son ressort territorial, de sa zone géographique ;
- l’incompétence temporelle (ratione tempore), lorsque l’autorité administrative a pris la
décision en dehors de la période, des dates précises pendant lesquelles elle ne pouvait
la prendre ou lorsqu’elle n’avait plus l’investiture.

b. Le vice de forme et de procédure

Les vices de forme et de procédure donnant lieu à annulation sont :

- l’absence ou l’insuffisance de motivation ;


- le non-respect du principe du contradictoire ;
- la méconnaissance des règles relatives aux délais, aux signatures et aux visas ;
- le défaut de consultation pour avis d’un organisme paritaire ;
- le non-respect du principe de parallélisme des fonctions et des compétences.

c. La violation de la loi

C’est lorsque l’Administration enfreint la règle de droit en s’appuyant pour prendre sa


décision, soit sur une réalité matérielle erronée (erreur de fait), soit sur une base juridique
contestable (erreur de droit par violation de la loi dans sa lettre ou dans son esprit).

d. Le détournement de pouvoir et de procédure

C’est lorsqu’une autorité administrative prend une décision en elle-même régulière


mais dans un but totalement étranger à l’intérêt public.

2. Les conditions de recevabilité

Quatre conditions doivent être réunies :

- l’acte incriminé doit être administratif exécutoire faisant grief, c’est-à-dire une
décision juridique unilatérale de l’Administration ayant lésé les intérêts du requérant ;
- le requérant doit avoir qualité, la capacité juridique et l’intérêt d’agir ;
- le respect des conditions de forme (recours écrit avec comme objet « requête en
annulation pour excès de pouvoir) et de délai (trois mois après notification de la
réponse de l’autorité administrative au recours administratif) ;
112

- L’absence de recours parallèle.

3. Les effets du jugement

Dès qu’il est annulé, l’acte administratif contesté est réputé n’avoir jamais existé, et
disparaît avec effet rétroactif. Ce qui remet en vigueur les décisions antérieures qu’il abrogeait
ou modifiait. Par contre le jugement de rejet du recours pour excès de pouvoir n’a qu’une
autorité relative de la chose jugée.

B. Recours de plein contentieux ou recours de pleine juridiction

Il se traduit souvent par l’annulation de l’acte et le paiement d’une indemnité.

1. Les cas d’ouverture

La responsabilité de l’Administration ne peut être engagée que dans deux cas : pour
faute et pour risque.

a. La responsabilité pour faute

Elle se présente dans deux cas : faute de service été faute personnelle.

La responsabilité de l’Administration (personne publique) peut d’abord être engagée


pour faute de service fatale, anonyme, impersonnelle ou administrative ou détachable du
service, c’est-à-dire tout fonctionnement incorrect du service : le service n’a pas fonctionné
ou a mal fonctionné.

La responsabilité de l’Administration peut ensuite être engagée pour faute personnelle


d’un agent. Un agent public commet une faute personnelle dans quatre cas, lorsqu’il pose :

- des actes n’ayant rien à voir avec son service et intéressant uniquement sa vie privée ;
- des actes dans le service dénotant de sa part de la brutalité ou de la malveillance (faute
personnelle non détachable du service) ? ;
- des actes dans le service de ses fonctions se traduisant par l’usage des prérogatives de
service dans un but d’intérêt personnel (faute détachable). Ex., détournement du bien
saisi ; faute lourde et inexcusable, c’est-à-dire celle qu’un agent moyennement attentif
ne commettrait, qui témoigne d’une défaillance inadmissible de la part de son auteur.

b. La responsabilité sans faute, mais pour risque

La responsabilité de l’Administration peut aussi être engagée par le fait que son
activité ayant entraîné le dommage comportait en elle-même un « risque » exigeant des
précautions particulières. Pour ne les avoir prises, alors qu’un dommage est survenu,
l’Administration publique est responsable même sans qu’il y ait eu faute de sa part,
l’absence desdites précautions nécessaires équivaut à une faute implicite.

2. La réparation

En cas de faute personnelle, la réparation s’opère de la manière suivante :

- la victime peut attaquer indifféremment l’agent public devant le tribunal judiciaire) ou


113

l’Administration devant le juge administratif sous réserve d’une double indemnisation;


- l’Administration peut attaquer son agent devant le juge administratif pour obtenir le
remboursement des dommages que celui-ci a causés en raison de sa faute personnelle
(action récursoire). L’agent quant à lui, peut attaquer l’Administration en se trouvant
injustement condamné par le juge judiciaire pour faute personnelle ou en considérant
qu’une partie seulement de la faute lui est imputable (action récursoire) ;
- en cas de risque imputable à l’Administration (personne physique, service public), la
responsabilité de l’Administration est engagée, et elle doit être condamnée à réparer.

3. Le pourvoi en cassation

Le pourvoi en cassation contre les décisions rendues en dernier ressort par les Cours et
tribunaux administratifs en cas de mal jugé est exercé devant le Conseil d’Etat.

§ 2. Recours accessoires

A. Contentieux de l’interprétation ou de l’appréciation de la légalité

Il s’agit essentiellement de demander au juge d’interpréter ou d’apprécier la légalité


d’un acte administratif dont l’application est en cours devant les tribunaux judiciaires.

B. Contentieux de la répression

Il est exercé devant les juridictions administratives compétentes en vue d’infliger aux
personnes qui en font l’objet des sanctions justifiées par le caractère répréhensible de leur
comportement. Exemples : poursuite pour contravention de la voirie, atteinte au domaine
public, appréciation des sanctions prises par des ordres professionnels, compétences
répressives de la Cour des comptes, etc.
114

CONCLUSION GENERALE
Pour clore ce cours dans lequel nous avons cherché à préciser quelques notions de
droit, les données générales de la médecine légale, les problèmes juridiques qui se manifestent
dans l’exercice de la médecine, l’organisation et le fonctionnement de l’Administration de
notre pays, et les règles légales les régissant.

Il est bon d’attirer votre attention sur la nécessité d’activer dans le domaine de la
médecine légale, des recherches nécessaires et utiles pour développer et intensifier cette
discipline en République démocratique du Congo.

C’est pourquoi, les médecins dans leurs pratiques journalières, devraient, de plus en
plus réserver une attention toute particulière à leur travail dans ces domaines, communiquer
leurs expériences, voire même, suite à une affaire, entreprendre des recherches
expérimentales, dans le domaine des médicaments, des poisons végétaux, des risques
professionnels dans les milieux hospitaliers et de leur responsabilité médicale et de celle leurs
préposés.

Requis par la justice ou sollicités par les parties, ils agiront en honneur et conscience,
avec objectivité et prudence et sans complaisance, car cette dernière peut entrainer leur
responsabilité civile et pénale.

La médecine a pour objet essentiel de conserver la vie et de guérir la maladie. Le


personnel médical malgré ses connaissances de l’art de guérir reste en tant que tout être
humain, faillible, et la science médicale elle-même reste encore imparfaite et son exercice est
exposé à beaucoup de problèmes nés que nous avons évoqués.

Le droit médical qui assure l’application concrète des principes généraux du droit aux
relations juridiques propres aux médecins et résout les problèmes de droit nés de l’exercice de
la médecine, n’est pas encore organisé dans notre pays, voir l’absence de spécialisation,
l’insuffisance des textes légaux, de la doctrine et de la jurisprudence en matière.

Le Droit administratif vise à appliquer à la gestion de l’Administration publique et des


services publics les règles juridiques qui régissent leur organisation et leur fonctionnement, et
enfin de conformer les actes et les décisions aux règles juridiques qui leur sont applicables.

Ce cours que venons de vous dispenser n’est qu’une maigre information, vu le volume
horaire. Son but est d’éveiller votre intérêt. Nous espérons que ces quelques notions de venez
d’avoir, vous permettront d’être responsables avérés, consciencieux et prudents au service de
vos semblables et à l’Etat congolais confrontés aux problèmes divers.
115

ANNEXES
1. Mandat de comparution
(Art. 5, Code de procédure pénale)
---------------------------

Nous, Officier du Ministère public près le Tribunal de ………………………………..


…………………………………………………………………………………………………..
Mandons à M. ……………………………………………………………………….......
de comparaître devant nous, en notre cabinet, à ………………………………………………,
le …………………………à ……heures ; pour y être entendu sur des faits infractionnels à lui
imputés et lui faisons savoir que, faute de ce faire, il y sera contraint conformément à la loi.
A l’effet de quoi, nous avons signé le présent mandat.
Fait à ………………………….en notre cabinet, le ……………………………………

Vu pour réception, L’officier du ministère public,

2. Citation à témoin
(Art. 16, 19, 20, 21, 56, 57, 59, 60, 61, 64, 74, 78, 92, 106
Code de de procédure pénale)
------------------------------

L’an ……………………………, le ………………jour du mois de ………………... ;

A la requête de Monsieur l’officier du ministère public près le Tribunal de ………….


………….... ……………………………( ou à la requête de Monsieur le greffier du Tribunal
de ……………………………………………………………………………………. ;
Je soussigné …………………………………………………………………………….,
Huissier résidant à …………………………………………………………………….. ;
Ai fait citation et laissé copie à …………………………………………………... …….
Etant à ………………………………, me trouvant en …………………………………
et y parlant à …………………………………………………………………………………... ;
A comparaître par devant Nous (ou par devant le Tribunal de .…….…………………),
le ……………………………… à ………..Heures ;
Pour y déposer comme témoin au sujet des faits dont il lui sera donné connaissance,
lui déclarant que faute de satisfaire aux présentes, les peines édictées par les articles 19 et 78
du Code de procédure pénale lui seront appliquées.
Dont acte, coût ………………………Francs.
Pour réception, L’officier du ministère public (ou l’huissier),

3. Assignation à témoin
(Art. 32, Code de procédure civile)

L’an ………………………………, le …………jour du mois de …………………… ;


A la requête de Monsieur ………………………………….., résidant à …………….. ;
avenue ……………………n° …, dans la commune de ……………….Ville de …….……… ;
116

Je soussigné ……………………………………………………………………………..
Huissier de résidence à ………………………………………………………………... ;
Ai donné assignation à et laissé copie ………………………………………………… ;
Etant à …………………………………………………………………………………. ;
Et y parlant à ………………………………………………………………………….. ;
D’avoir à comparaître par devant le Tribunal de ………………………………………,
à …………………………, siégeant en matière ……………………………………………….,
le …………………………à heures ;
Pour :
Y déposer comme témoin au sujet des faits dont il lui sera donné connaissance ;
Lui déclarant que faute de satisfaire aux présentes, les peines édictées par l’article 35
du code de procédure civile lui seront applicables.
Dont acte Coût ……………………………………..
Pour réception L’huissier

4. Mandat de réquisition à expert


(Médecin, traducteur, interprète, technicien, etc…..)
(art. 48, Code de procédure pénale)
L’an ……………………, le …………………jour du mois de …………………… ;
Nous, ………………………………………………….., Officier du Ministère Public
près le Tribunal de …………………………………………………………………………. ;

Vu les articles 48 à 52 du Code de procédure pénale ;


ou
Nous,…………………………………………………., Officier de police judiciaire à
compétence générale en Territoire (ou Commune) de ………………………………………. ;
Vu les articles 5, 7 et 48 à 52 du Code de procédure pénale ;
Vu la procédure d’instruction ouverte à charge de ……………………………………,
inculpé (e) de …………………………………........, fait prévu et puni par …………………...
…………………………………………………………………………………………………. ;
Avons requis M. ……………………………………………... ……..de nous prêter son
ministère en sa qualité de ……………………………………………………………………... ;
Lui avons donné pour mission de ………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
(ou bien) l’invitant à vouloir se rendre par devant nous à notre cabinet ou bureau de …………
……………………………, avenue ………………………, quartier …………………………,
commune (territoire) de ……………………., où il lui sera donné connaissance de sa mission
et où sera reçue sa prestation de serment ; lui faisant connaître que l’accomplissement de ce
devoir est obligatoire et sanctionné par l’article 52 du Code de procédure pénale.

Fait à ………………………., le ……………………………..

L’Officier du Ministère public (de Police judiciaire)


117

4.
Prestation de serment de l’expert
(Art. 49, Code de procédure pénale)

Je soussigné …………………………………………………………., requis en qualité


de ………………………………………………, par mandat du ……………………, émanant
de l’Officier du Ministère public (de police judiciaire) .……………………………………......
…………………………………………………………………………………………………. ;
Déclare avoir pris connaissance de la mission qui m’est impartie et jure d’accomplir les actes
de mon ministère et de faire rapport en honneur et conscience.
Fait à ……………………………, le ………………………, à …heures
L’expert
5. Ordonnance d’exhumation et réquisition à médecin

L’an …………………………., le …………jour du mois de …………………………;


Nous, ……………………………………………………………., Officier du
Ministère public près le Tribunal de ………………………………………………………… ;
Vu les articles 48 à 51 du Code de procédure pénale ;
Vu l’article 15 de l’Ordonnance du Gouverneur général du 14 février 1914 ;
Vu l’instruction ouverte à charge de …………………………………………………..,
inculpé ………………………………………, fait prévu et puni par ………………………. ;
Attendu qu’il y a lieu pour ma manifestation de la vérité de procéder à l’exhumation
du corps de ………………………………………………….., décédé le …………………….
à ………………….. et inhumé au cimetière de ……………………………………………….;
Ordonnons qu’il soit procédé à l’exhumation de ce corps, sous l’autorité du gardien
……………………………………… du cimetière de ………………………………………...
(ou sous l’autorité de l’Administrateur de territoire de ………………………………………) ;
Requérons le docteur …………………………………………………………………en
sa qualité de médecin d’assister aux opérations d’exhumation et de procéder sur la dépouille à
l’expertise des points suivants : ………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
Fait à ……………………………………., le ………………………………
L’officier du Ministère public,

6. Ordonnance du Président du Tribunal autorisant l’exploration corporelle


(Art. 26 du C. Proc. Pén.)

Nous, …………………………………………………, Président du Tribunal de …….


……………………………………….., assisté de
…………………………………………….,Greffier près ce tribunal ;
118

Vu les réquisitions (verbales ou écrites) de M. ………………………………………...,


Officier du Ministère public près le Tribunal de Grande Instance de ………………………… ;

Vu l’instruction ouverte à charge de ………………………………………….., inculpé


de ………………………………, fait prévu et puni par ……………………………………... ;

Attendu que le requérant expose qu’il importe pour la manifestation de la vérité, au


sujet des faits soumis à l’instruction, qu’l soit procédé à l’exploration corporelle sur la
personne de .……………………………………………………………………………………;

Attendu qu’il apparaît en effet ………………………… (motifs) …………………......


…………………………………………………………………………………………………...
et qu’il y a dès lors lieu de faire droit aux réquisitions dont nous sommes saisis.
Par ces motifs,
Vu l’article 26 du code procédure pénale ;
Autorisons l’exploration corporelle de ………………………………………………….
Fait à ………………………………, le ……………………………..
Le greffier, Le président,
119

BIBILOGRAPHIE
CODES ET LOIS
1. Constitution de la RDC du 18/02/2006

2. Code du Congo Belge, Tome I, II et III

3. Code judiciaire Congolais

4. Code du Travail, Tome I et II

5. Code de la Famille du Congo

6. Code Larcier/RDC, Tome III et VI

7. Code justice militaire

8. Code belge de déontologie médicale, 1975

9. Code français de déontologie médicale, 1979

10. Code congolais de déontologie médicale, 1970

OUVRAGES
Médecine légale

DE GREE E., Introduction à la criminologie, 1946, éd. J. VANDENPLAS

DESMAREZ, Manuel de Médecine légale à l’usage des juristes, P.U.B et P.U.F, Bruxelles et
Paris , 1967

CECCALDIE, La criminalistique, éd. Que sais-je ? n° 370

LAMY E., Le Cours de droit pénal général et de criminologie, U.O.C. L’shi 1970-1971

LAMY E., Le Cours de médecine légale, U.N.A.ZA. Camus de Kinshasa 1976

PLANQUES J., La médecine légale judiciaire Que sais-je ?

MINEUR G., Commentaire du Code pénal congolais

OLAF KINBERG, Les problèmes fondamentaux de la criminologie, Paris 1960, éd. Cujas

RUBBENS A., Le Droit judiciaire congolais Tome I et II, PUC, Kinshasa, ??

SEELIE E., Traité de criminologie, Paris 1956 P.U.F.

SIMONIN, Expertise médico-légale


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Droit médical

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DEROBERT L., Droit médical et déontologie médicale, Flammarion, Paris, 1974

MELENNE L., Traité de droit médical, Maloine, Paris, 1982

NYABIRUNGU Mwene SONGA, Responsabilité pénale et civile du médecin en droit rairois,


éd. Droit et société ‘’DES’’, Kinshasa 1995.

PENNEAU J., La responsabilité du médecin, 2 éd. Dalloz

PENNEAU J., Faute civile et faute pénale en matière de responsabilité médicale, P.U.F, Paris,
1975

RYCKMANS X. et MEERT-VAN DE PUT, Les droits et les obligations des médecins, I,


Larcier, Bruxelles, 1971.

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