Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
II – Droit public
VI – Droit de la consommation
NB : Le présent document a été rédigé au cours de l’été 2013, les informations qu’il contient
sont amenées à évoluer, car le droit est une matière vivante…
« Le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a
interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité »
1
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Introduction
Les objectifs
L’insertion d’un module d’initiation au droit dans une formation de gestion de patrimoine
participe de deux objectifs :
Un éminent juriste1 a défini le patrimoine comme étant « l’ensemble des droits et obligations
liés à la personne et appréciables en argent »
Le patrimoine est une notion éminemment juridique puisque l’ensemble des éléments qui es
sont constitutifs s’expriment en droit comme des droits : qu’il s’agisse de créances, de biens ou
encore de dettes.
Cependant, des interactions avec le droit public ne sont pas exclues, par exemple avec le droit
de l’urbanisme à l’occasion d’opérations de construction ou de l’usage par l’administration de
son droit de préemption ou d’expropriation.
S’il est un domaine du droit que les conseillers en gestion de patrimoine doivent tout
particulièrement maîtriser, c’est le droit des obligations, le droit des contrats tant ceux-ci sont
omniprésents dans la vie d’un patrimoine : acte de vente, de location, mandat, souscription
d’assurance-vie, démembrement, donation, toutes les opérations effectuées sur des biens ont
nécessairement un support contractuel.
Les contrats sont d’ailleurs tout aussi présents dans le patrimoine de leurs clients que pour nouer
les relations entre les gestionnaires de patrimoine et ces derniers.
Le droit de la responsabilité civile délictuelle est également un domaine dans lequel les
conseillers en gestion de patrimoine doivent être à l’aise pour détecter et comprendre les
situations dans lesquelles un préjudice peut faire l’objet d’une demande de réparation aurpès du
responsable.
2
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Le droit est donc quotidiennement présent dans l’activité professionnelle de ceux qui dispensent
des conseils en matière de gestion de patrimoine.
Il est donc indispensable d’en avoir conscience et de connaître les règles à respecter pour être
en conformité avec la réglementation et exercer sa profession de façon satisfaisante.
Structure du fascicule
En premier lieu, il s’agit de s’entendre sur ce qu’est le droit, sur ses source et les différentes
branches qui organisent le domaine (I).
Puis, de s’intéresser à ce qui caractérise le droit public (II), le droit pénal (III), les deux volets
du droit des obligations que sont le droit de la responsabilité civile (IV) et le droit des contrats
(V).
Enfin, une attention particulière sera apportée au droit de la consommation (VI) et au droit des
assurances (VII).
Ouvrages :
Blog :
Blog de Maître EOLAS (pseudonyme d’un avocat qui publie des articles sur de nombreux
domaines du droit et de la justice) : http://www.maitre-eolas.fr/
Sites internet :
3
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
La hiérarchie des normes 2 est une vision hiérarchique des normes juridiques françaises ainsi
que de l'application des traités ratifiés par un l’Etat
Au sommet de cette pyramide se trouve la Constitution, avec laquelle d’autres normes font bloc,
puis se trouve un Bloc de supralégalité, et enfin un bloc de légalité.
Le principe hiérarchique implique qu’en cas de conflit entre deux normes, celle qui est à retenir
est celle qui est située le plus haut dans la hiérarchie.
Il appartient au pouvoir judiciaire de veiller à ce que la hiérarchie entre les normes soit
respectée.
On distingue ainsi 3 blocs de normes qui incluent des normes de rang constitutionnel (A),
conventionnel (B) et légal (C) :
A – Le Bloc de Constitutionnalité
La Constitution du 4 octobre 1958
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789
Le Préambule de la Constitution de 1946
La Charte de l'environnement
Les Principes fondamentaux reconnus par les lois de la République
Les Principes à valeur constitutionnelle
Les Objectifs à valeur constitutionnelle
2
La notion de hiérarchie des normes a été formulée par le juriste Hans Kelsen (1881-1973),
auteur de la Théorie pure du droit. Selon lui, toute norme juridique reçoit sa validité de sa
conformité à une norme supérieure, formant ainsi un ordre hiérarchisé. Plus elles sont
importantes, moins les normes sont nombreuses : la superposition des normes (circulaires,
règlements, lois, Constitution) acquiert ainsi une forme pyramidale, ce qui explique pourquoi
cette théorie est appelée pyramide des normes.
3Il importe de préciser que la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) n’appartient pas aux
sources européennes à proprement parler puisque le champ d’application de ce texte est plus large : les 47
pays du Conseil de l’Europe représentant 820 millions de citoyens (http://hub.coe.int/fr/).
4
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
5
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
C – Le Bloc de légalité
Suite au décès de sa mère en 1990, un citoyen français se voit opposées les dispositions de
l’article 760 du Code civil qui prévoient que sa part d’héritage doit être réduite de moitié en
raison du fait que lors de sa naissance sa mère était mariée avec un autre homme que son
géniteur.
En conséquence des dispositions de l’article 760 du Code civil, les enfants adultérins ne
devaient en effet recevoir que la moitié de la part à laquelle ils auraient eu droit s’ils avaient été
légitimes.
6
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Ainsi, la succession de la défunte n’a pas été partagée en deux parts égales mais en une part
représentant ¼ de sa succession qui a été attribuée à l’enfant adultérin et une part correspondant
à ¾ attribuée à son enfant légitime, demi-frère de l’enfant adultérin.
2 - Difficulté
La difficulté tenait au fait que les juridictions françaises successivement saisies, un tribunal de
grande instance, une cour d’appel et la Cour de cassation ont fait une parfaite application de la
règle de droit français.
Il ne restait au requérant que la possibilité de se diriger vers une juridiction supra nationale : la
Cour Européenne des Droits de l’Homme et d’invoquer la Déclaration Européenne des Droits
de l’Homme
On peut préciser que si l’article 760 du Code civil dans sa rédaction d’origine n’avait pas été
abrogé en 2001, il aurait été possible de soumettre une QPC à son sujet au Conseil
Constitutionnel à partir de l’entrée en vigueur de la loi de 2008 instituant cette possibilité.
Pour autant, il aurait fallu que la contestation démontre la contrariété du texte aux « droits et
libertés que la Constitution garantit » :
• la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (droit de propriété, égalité devant la loi,
liberté d'expression···),
• le Préambule de la Constitution de 1946, c'est-à-dire :
- les droits économiques et sociaux énumérés par ce préambule (liberté syndicale, droit de grève···),
- les « principes fondamentaux reconnus par les lois de la République » (liberté d'association···),
• la Charte de l'environnement de 2004 (principe de participation···).
3 - Solution/conséquences
Les textes :
Interdiction de discrimination
« La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée,
sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la
religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale,
l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.
7
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
« Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son
application par l'autre partie ».
La CEDH a condamné la France à indemniser le requérant qui après avoir reçu un quart de la
succession de sa mère a reçu une somme équivalant au deuxième quart de la part du Trésor
Public, en indemnisation du préjudice qu’il a subi du fait de l’existence dans la Loi française
d’une disposition discriminatoire injustifiée.
Ouvrage :
Documents :
Site internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/ qui est le portail officiel du droit français, sur lequel on peut
accéder librement aux sources officielles du droit : la loi et la réglementation et la
jurisprudence.
Site de la Cour Européenne des Droits de l’Homme : http://www.echr.coe.int/echr
Chemin vers le texte de la Convention : http://www.echr.coe.int/NR/rdonlyres/086519A8-
B57A-40F4-9E22-3E27564DBE86/0/CONVENTION_FRE_WEB.pdf
8
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
II – Droit public
Le droit public est constitué par l'ensemble des règles régissant les rapports de droit dans
lesquels interviennent des personnes morales comme l'État, les collectivités locales, des
institutions ou groupement spécifiquement rattachée à l'État (Hôpitaux, Universités, Musées…)
qui sont appelées personnes de droit public. Le droit public défend l'intérêt général avec des
prérogatives liées à la puissance publique. Il concerne les rapports entre deux personnes
publiques mais également entre une personne publique et une personne privée.
On distingue le droit constitutionnel, le droit administratif, les finances publiques et le droit
international privé.
Le droit public est opposé au droit privé, qui lui recouvre l'ensemble des règles qui régissent les
rapports entre les personnes privées, qu’elles soient physiques ou morales.
Les régimes juridiques de droit public et de droit privé tendent à se rapprocher, par exemple
dans des domaines comme le droit de la responsabilité dans lequel des divergences pouvaient
être importantes et pouvaient donner lieu à des injustices.
Le droit administratif qui est applicable à l’ensemble des relations avec l’administration est
d’un usage quotidien à l’occasion de contestations par des usagers de l’administration
(contestation d’un refus de permis de construire), des cocontractants de l’administration
(entreprise s’estimant injustement évincée lors de l’octroi d’un marché public après appel
d’offre), des victimes de l’administration (piéton blessé lors de travaux publics) ou encore des
fonctionnaires eux-mêmes (contestation des modalités d’avancement).
1. Les litiges relevant du droit administratif sont tranchés par des juridictions relevant d’un
ordre spécifique : l’ordre administratif composé des tribunaux administratifs, des cours
administratives d’appel et du Conseil d’Etat.
2. Il s’agit d’un droit non codifié, ou très peu codifié, qui est essentiellement d’essence
jurisprudentielle.
Faits : L'affluence de touristes sur le site du cirque de Gavarnie posait un problème de sécurité
du fait des accidents entre piétons d'une part et mules ou véhicules d'autre part. Le maire prit
donc un arrêté de police qui obligeait les piétons à emprunter exclusivement l'un des deux
chemins menant au cirque, et les animaux et véhicules à emprunter exclusivement l'autre. Le
propriétaire d'un marchand de souvenir situé le long de cette dernière voie, s'estimant lésé par
cet arrêté en attaqua la légalité devant le Tribunal administratif compétent qui l’annula.
Le Conseil d’Etat a alors été saisi en sa qualité de juge d’appel (les cours administratives d’appel
qui seraient aujourd’hui saisies de l’appel d’un jugement du tribunal administratif ont vu le jour
le 1er janvier 1989).
9
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Les questions de droit qui étaient posées à la Juridiction administrative étaient les suivantes :
Par l’arrêt du 22 février 1963, le Conseil d’Etat a répondu à ces deux questions :
• Sur la question de la légalité de la mesure de police : le danger pour les personnes est
avéré, le maire doit user de ses pouvoirs de police. Par ailleurs, le maire a utilisé une
mesure efficace et proportionnelle pour assurer la sécurité des personnes en la conciliant
avec la liberté d’aller et venir.
C’est ainsi que le commerçant qui a subi un préjudice du fait de l’entrée en vigueur d’un arrêté
municipal a perçu une indemnité compensatrice.
Ouvrage :
Site :
10
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Le droit pénal détermine les conduites antisociales et la réaction de la société contre ces divers
comportements, il se compose de l'ensemble des règles applicables aux infractions en général
(droit pénal général) ou spécialement à chaque infraction (droit pénal spécial).
La mise en œuvre de ces règles obéit aux principes stricts, en ce qu’ils sont protecteurs des
citoyens de la procédure pénale.
Le Droit pénal est classé parmi les branches du droit privé (son contrôle relève en particulier de
la Cour de cassation qui est composée de 6 chambres dont une criminelle). Cependant, cette
classification ne s’inscrit pas tout à fait dans la définition du droit privé en raison du rôle
important occupé par des organes et personnes publiques : la Loi pénale est élaborée et votée
par le Parlement et elle est appliquée à l’initiative du Procureur de la République.
Le droit pénal correspond à l’une des prérogatives principales de la puissance publique : la
détermination des limites aux libertés individuelles.
L'infraction peut être définie comme l'acte qui est sanctionné par une peine. Une liste des actes
serait impossible à dresser. En effet, son importance varie selon les époques et les pays. Par
exemple, des actes comme le suicide, le blasphème, l'hérésie, la sorcellerie, l'homosexualité qui
étaient incriminés en France au Moyen Âge ne le sont plus aujourd'hui. Inversement, des
incriminations nouvelles sont apparues dues à des facteurs comme l'industrialisation
(infractions en matière de sécurité routière, du droit du travail) ou l'accroissement de la
solidarité humaine (omission de porter secours à autrui, abus de la faiblesse d'autrui).
La finalité du droit pénal est d’apporter une réponse sociale à la commission d’infractions, afin
de dissuader, de punir, de participer à la réparation de la victime et/ou de son entourage et enfin,
peut-être d’offrir à l’auteur des faits la possibilité de se réinsérer avec le sentiment d’avoir payé
sa dette envers la société.
La Loi pénale est d’interprétation stricte dans un but avoué de protéger les citoyens contre
l’arbitraire, un comportement ne sera sanctionné que s’il est prévu par un texte répressif, sans
avoir à subir d’interprétation.
Ce principe peut s’illustrer par l’incrimination de la provocation au suicide qui n’appartenait
pas à l’ordonnancement juridique français jusqu’à la loi n°87-1133 du 31 décembre 1987
tendant à réprimer la provocation au suicide à la suite de la publication d’un ouvrage intitulé
« suicide, mode d’emploi » qui a eu un certain succès (100.000 exemplaires vendus) et qui a
entrainé le suicide de plusieurs lecteurs.
Les tentatives d’interdiction de l’ouvrage se sont heurtées à l’absence d’incrimination
spécifique en droit français, absence qui s’explique notamment par la légalité du suicide en
droit français, et donc par le fait qu’il n’était pas interdit d’inciter quelqu’un à commettre
quelque chose qui n’est pas interdit.
Le site de l’Encyclopédie collaborative WIKIPEDIA expose précisément l’affaire
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Suicide,_mode_d'emploi) qui a abouti à une prise de conscience
du parlement qui a voté une loi dont il ressort désormais que :
« Le fait de provoquer au suicide d'autrui est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45000
euros d'amende lorsque la provocation a été suivie du suicide ou d'une tentative de suicide.
11
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Les peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 75000 euros d'amende lorsque la
victime de l'infraction définie à l'alinéa précédent est un mineur de quinze ans » (Article 223-
13 du Code pénal).
L’application du droit pénal conduit à concilier deux intérêts contradictoires, celui de la société
(la sécurité) et celui de l’individu (la liberté).
Ouvrages :
12
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
La responsabilité civile est un domaine du droit visant à réparer le non-respect d'une obligation
ou d'un devoir envers autrui en indemnisant la victime du dommage qu’elle a subi.
La responsabilité civile se divise généralement en deux grands domaines : la responsabilité
civile contractuelle et la responsabilité civile délictuelle (appelée parfois responsabilité
extracontractuelle).
La responsabilité civile s'oppose fréquemment à la responsabilité pénale. Dans le premier cas,
l'objectif est d'indemniser le préjudice subi par une personne alors que dans le deuxième cas, il
s'agit de répondre face à l'État de la violation d'une règle (menant par exemple à une amende, à
une peine d’emprisonnement, ou d’autres peines qui ont toutes en commun de sanctionner
l’auteur des faits, sans apporter de satisfaction réparatoire directe à la victime).
Un projet de loi réformant le droit de la responsabilité civile est en marche, avec notamment
pour objet les conditions et effets des différentes responsabilités (délictuelle et contractuelle),
les causes d'exonération ou d'exclusion de responsabilité, les règles de réparation du dommage
corporel, matériel, ou environnemental, les clauses portant sur la responsabilité, les principaux
régimes spéciaux (véhicules terrestres à moteur/produits défectueux).
Pour aller plus loin :
Ouvrages :
Droit de la responsabilité et des contrats, DALLOZ ACTION, Philippe LE TOURNEAU.
Site :
CIVI : commission d’indemnisation des victimes d’infraction.
Dalloz : http://reforme-obligations.dalloz.fr/2017/03/22/presentation-du-projet-de-reforme-de-
la-responsabilite-civile-2/
13
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
L’ordonnance du 10 février 2016, entrée en vigueur au 1er octobre 2016, a notamment réformé
les dispositions relatives à la formation du contrat.
Un contrat est un engagement volontaire, formel ou informel, entre plusieurs parties et reconnu
par le droit. Sa force est exprimée par l’article 1103 nouveau du Code civil qui définit un contrat
comme la « Loi des parties », précisant ainsi que seuls ceux qui ont accepté le contrat y sont
tenus mais qu’ils y sont tenus aussi fortement qu’on l’est par la Loi.
Un contrat peut être formel ou informel, le contrat n’est pas soumis, sauf exceptions, à des
exigences de forme.
Au moins deux parties sont liées par le contrat, ce qui distingue le contrat d’un simple
engagement individuel ou d’un droit réel, comme la propriété.
En droit, le contrat est le principal acte juridique qui fonde la théorie des obligations. Les parties
sont ceux qui peuvent en exiger un certain produit ou prestation. Elles sont dénommées
créancier et débiteur.
Les ayants droit sont ceux qui ont acquis un droit du créancier ou du débiteur. Les tiers sont des
personnes qui n'étaient ni présentes ni représentées lors de la naissance du contrat et qui ne sont
pas les ayants droit. Les dispositions d'un contrat sont appelées clauses ou stipulations (La Loi
dispose et le Contrat stipule).
Le contrat possède deux composantes théoriques :
Le «negotium» qui correspond à la substance de l'accord des parties.
L'«instrumentum », support de cet accord, ayant également valeur de preuve en cas de litige.
En principe, seul le negotium est essentiel à la validité du contrat, l'instrumentum ne constituant
qu'un gage de sécurité juridique, et s'il s'agit généralement d'un écrit (matériel ou numérique),
il peut se réduire à un accord oral, ou même à une attitude (ex: la seule transmission des clés
d'une voiture peut conclure un prêt de véhicule). Parfois, la loi peut imposer cette sécurité en
exigeant un écrit ou un acte authentique. Ces deux types de contrats sont respectivement
qualifiés de consensuels et de solennels.
Pour être légalement formé, il faut qu’un contrat remplisse les 3 conditions cumulatives de
l’article 1128 nouveau du Code civil :
1 - « Les parties ont-elles voulu s'engager ? Il faut vérifier leur consentement.
2 - Étaient-elles aptes à le vouloir ? C'est le problème de leur capacité.
3 - Qu'ont-elles voulu ? Il faut un « contenu » certain et licite.
Après avoir obtenu un arrêt défavorable rendu par une cour d’appel, des clients demandent à
un avocat de former un pourvoi en cassation. Celui-ci n’est pas recevable et la contestation que
les clients entendaient voir examinée par la Cour de cassation ne le sera pas.
14
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Ils reprochent à l’avocat d’avoir manqué à son obligation –de résultat- consistant à exercer le
recours dans les délais, et sollicitent des juridictions qu’ils ont saisies qu’elles valident le
principe de la faute de l’avocat et de leur préjudice.
Ouvrages :
Les Obligations – l’Acte juridique, Tome II, J. FLOUR et JL AUBERT, Editions SIREY.
Réforme du droit des contrats et des obligations : aperçu général. A.Bénabent et L.Aynès,
Dalloz 2016, 434, spéc. p. 436 s.
Documents :
15
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
VI – Droit de la consommation
Le droit de la consommation est donc à la fois orienté vers la protection des consommateurs et
du marché, étant précisé qu’il s’agit de trouver un (juste ?) équilibre entre les deux.
L’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des obligations a entériné ce principe
au travers de l’article 1171 nouveau du Code civil.
L’article 1 du décret établit une liste, dite «liste des clauses noires», de clauses présumées
abusives de manière irréfragable. Sont notamment qualifiées ainsi les clauses réservant au
professionnel le droit de modifier unilatéralement les dispositions d’un contrat relatives à sa
durée, aux caractéristiques ou au prix du bien ou du service, ou encore les clauses qui
contraindraient le non-professionnel ou consommateur à exécuter ses obligations alors que,
réciproquement, le professionnel n’exécuterait pas ses obligations de délivrance ou de garantie
d’un bien ou de fourniture d’un service.
Sont désormais interdites les clauses qui ont pour objet ou pour effet (C. consom. art. R 132-1
modifié) :
16
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
auquel il n'est pas fait expressément référence lors de la conclusion du contrat et dont il
n'a pas eu connaissance avant sa conclusion ;
Toutefois cette interdiction n'est pas applicable (C. consom. art. R 132-2-1, I nouveau)
:
- aux transactions concernant les valeurs mobilières, les instruments financiers, et les
autres produits ou services dont le prix est lié aux fluctuations d'un cours, d'un indice
ou d'un taux que le professionnel ne contrôle pas ;
Elle ne fait pas non plus obstacle à l'existence des clauses par lesquelles le fournisseur
de services financiers se réserve le droit de modifier le taux d'intérêt dû par le non-
professionnel ou le consommateur ou dû à celui-ci, ou le montant de toutes charges
afférentes à des services financiers, sans aucun préavis en cas de motif légitime, pourvu
qu'il ait l'obligation d'en informer l'autre partie contractante dans les meilleurs délais et
que celle-ci soit libre de résilier immédiatement le contrat (C. consom. art. R 132-2-1,
II nouveau).
Lorsque le contrat est à durée indéterminée, il peut stipuler que le professionnel peut
apporter unilatéralement des modifications liées au prix du bien à livrer ou du service à
rendre à la condition que le consommateur en ait été averti dans un délai raisonnable
pour être en mesure, le cas échéant, de résilier le contrat (C. consom. art. R 132-2-1, IV
nouveau).
17
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
L’article 2 établit une deuxième liste, dite «liste des clauses grises», énumérant les clauses
qualifiées d’abusives au titre d’une présomption simple. Contrairement aux clauses de la liste
noire, la présomption de caractère abusif attachée aux clauses de la liste grise peut être
combattue si le professionnel rapporte la preuve contraire. Au regard de cette liste, sont
notamment présumées abusives les clauses qui prévoient un engagement ferme du non
professionnel ou du consommateur, alors que l’exécution des prestations du professionnel est
assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté.
Sont présumées abusives, sauf au professionnel à rapporter la preuve contraire, les dix clauses
suivantes, dès lors qu'elles ont pour objet ou pour effet (C. consom. art. R 132-2 modifié) :
(Avant sa modification par la LME, l'article L 132-1 présentait des clauses pouvant être
regardées comme abusives, mais c'était au consommateur d'apporter la preuve de leur
caractère abusif. La charge de la preuve a donc été renversée (C. consom. art. L 132-1,
al. 3 ancien).
Toutefois cette disposition n'est pas applicable (C. consom. art. R 132-2-1, I nouveau)
:
- aux transactions concernant les valeurs mobilières, les instruments financiers, et les
autres produits ou services dont le prix est lié aux fluctuations d'un cours, d'un indice
ou d'un taux que le professionnel ne contrôle pas ;
- de stipuler une date indicative d'exécution du contrat, hors les cas où la loi l'autorise ;
19
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Il convient de préciser que dans la mesure où le décret n'a pas prévu de sanctions spécifiques,
les clauses interdites ou reconnues abusives sont réputées non écrites et le contrat continue de
s'appliquer s'il peut subsister sans lesdites clauses (C. consom. art. L 132-1, al. 6 et 8).
- la nullité judiciaire,
- la nullité consensuelle : permet aux parties de constater d’un commun accord la nullité
du contrat (article 1178 nouveau) et d’éviter une saisine du juge.
Ouvrage :
Annexe 8 : A propos des 20 ans du code de la consommation, Gilles PAISANT, JCP G, 2013,
n° 621
Site internet :
20
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Enfin, ce fascicule ne saurait se terminer sans évoquer le droit des assurances tant le secteur de
l’assurance est important sur le plan économique et que l’on imagine mal une société sans
assurance, tout au moins dans les pays industrialisés.
Le droit des assurances est le droit qui régit les relations entre les assurés et les assureurs ainsi
que le fonctionnement des entreprises d’assurance.
Ces relations passent notamment par l'étude du contrat d'assurance qui précise les garanties
offertes par l'assureur.
L'assurance est un mécanisme contractuel qui permet de faire garantir par une partie (l'assureur)
un événement aléatoire (le sinistre) que peut subir l'autre partie (l'assuré), moyennant le
versement d'une contrepartie financière (la prime d'assurance).
Il importe de préciser que l’activité des assureurs français est majoritairement consacrée à
l’assurance-vie qui ressemble davantage à des produits de placement financier qu’à la
couverture de risques.
La diversité des difficultés juridiques qui se posent lors des litiges opposant assurés et assureurs
est illustrée par les rubriques de la note issue de la revue « PROCEDURES » consacrée à
l’assurance.
Documents :
Sites internet :
http://www.actuassurance.com/
www.ffsa.fr : site de la Fédération française des sociétés d’assurance sur lequel on trouve
notamment le rapport annuel retraçant l’activité des assureurs au cours de l’année écoulée.
21
Bertrand NERAUDAU –Initiation au droit
Annexes
22