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HISTOIRE


Thème 2
La France dans l’Europe des nationalités : politique et société (1848-1871)

Introduction : situer dans le temps et dans l’espace (frise chronologique)

Chapitre I
La IIème République de 1848 à 1851

Issue d'une insurrection en 1830, la Monarchie de Juillet disparaît dix-huit ans plus
tard dans une autre révolte populaire. Pour la première fois depuis 1792, un régime
républicain est instauré. Quelles sont les réalisations de la IIe République ? Pourquoi
a-t-elle duré si peu de temps ?

A. La proclamation de la République et le gouvernement provisoire


• Depuis la mauvaise récolte de 1846, la France et l'Europe connaissent une crise de
subsistance semblable à celles de l'Ancien Régime. La hausse spectaculaire du prix du pain
provoque une baisse du pouvoir d'achat qui se répercute, en 1847, sur l'artisanat et
l'industrie. Le chômage augmente fortement.
• Dans ce contexte de crise économique et sociale généralisée, le pouvoir de Louis-
Philippe est de plus en plus contesté. La bourgeoisie exige une réforme de la vie politique
(contrôlée jusqu'alors par une minorité de notables). Elle n'est pas totalement hostile à la
République et se trouve soutenue par le petit peuple parisien, et notamment par l'élite
ouvrière (souvent proche des idées socialistes).
• Des banquets sont organisés à travers toute la France pour permettre d'échanger
ces idées libérales. L'interdiction de l'une de ces réunions provoque des manifestations à
Paris. Le 23 février 1848, la troupe tire sur la foule et fait seize victimes. C'est l'émeute.
Louis-Philippe refuse de poursuivre la répression, il abdique le 24 février.

Le jour même, un gouvernement provisoire est mis en place. Ses membres sont
désignés de façon inédite, par acclamation des Parisiens présents à l’Hôtel de Ville de Paris.
Présidé par Dupont-de-l’Eure, dont la popularité vient de sa participation à la Révolution de
1789, il compte onze membres d'opinions politiques différentes :

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- Les Républicains radicaux sont représentés par Ledru-Rollin, nommé
ministre de l’Intérieur.
- Les Républicains modérés sont représentés par le poète Alphonse de
Lamartine, ministre des Affaires étrangères, François Arago, ministre de la guerre ou encore
Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’état aux colonies.
- Le socialiste Louis Blanc et l’ouvrier Albert complètent ce gouvernement.

Le nouveau gouvernement proclame la République. Il rétablit le suffrage universel


masculin pour les citoyens de plus de 21 ans et la liberté de réunion et de presse. Des
ateliers nationaux sont créés pour employer les chômeurs. La peine de mort en matière
politique est abolie ainsi que L'esclavage dans les colonies. Dans un premier temps, la
France connaît un véritable élan d'optimisme. L'armée se rallie au nouveau régime, des
arbres de la liberté sont plantés et parfois même bénis par le clergé.

Des symboles républicains sont mis en place : le drapeau tricolore est maintenu
comme drapeau de la nation, la devise républicaine « Liberté, Egalité » est officialisée et
enrichie d’une troisième mot : « Fraternité »; le visage de « Marianne » serein mais
déterminé devient celui de la République triomphante.

B. L’assemblée nationale constituante et le début des insurrections


• Cette unanimité ne dure pas. Le 23 avril 1848, lors de l'élection de l'Assemblée
nationale constituante, le suffrage universel (83 % des neuf millions d’électeurs)
permet aux libéraux d'obtenir la majorité, dans une France encore rurale qui craint les
grands changements.
500 députés pour les Républicains modérés
300 députés pour les Monarchistes
seulement 100 députés pour les Républicains radicaux

• Craignant que, dans ces conditions, la République démocratique et sociale ne voit


jamais le jour, les Républicains radicaux appellent les ouvriers à se révolter contre les
Républicains bourgeois (les modérés). Le 15 mai 1848, des ouvriers envahissent
l’Assemblée nationale et exigent la formation d’un nouveau gouvernement,
exclusivement socialiste. La Garde nationale les réprime et Armand Barbès et Auguste
Blanqui, les chefs de file des Républicains radicaux sont emprisonnés.
• L’Assemblée nationale constituante se met au travail dans un climat de rivalités
politiques et de tensions sociales. pour limiter le déficit de l’Etat, le gouvernement
provisoire augmente les impôts de 45 %.

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• Les députés républicains modérés, majoritaires s’inquiètent du regroupement, à Paris,
de 150 000 ouvriers dans les ateliers nationaux, considérés comme un gouffre
financier et pouvant constituer des foyers de propagation d'idées subversives. Ils en
décident la fermeture le 22 juin 1848.

• À cette nouvelle, Paris se couvre de barricades. Les insurgés contrôlent le sud-est


de la capitale. Les combats sont extrêmement violents, le faubourg Saint-Antoine est
bombardé. Un millier de soldats périssent et, du côté des émeutiers, les pertes oscillent entre
cinq et quinze mille morts. En trois jours, l'insurrection est matée par le général Cavaignac.
La répression est particulièrement dure : 5 000 morts, 1 500 fusillés sans jugement et douze
à quinze mille prisonniers, jugés par des conseils de guerre (5 000 seront déportés en
Algérie).
Les Républicains radicaux et les ouvriers se sentent trahis et tournent le dos à cette
République bourgeoise qui perd aussi le soutien des paysans.

C. De la nouvelle constitution à la désillusion républicaine


1. Une nouvelle constitution
• le 4 novembre 1848, la Constitution de la IIème République est votée : elle
conserve l’héritage révolutionnaire :
Le président et les députés de l’Assemblée nationale sont élus au suffrage
universel masculin.
Le pouvoir législatif est confié à une chambre unique (Assemblée nationale
de 750 députés élus pour trois ans) : elle discute et vote les lois, le budget et
la guerre. Le Président de la République ne peut ni la dissoudre, ni
s’opposer aux lois qu’elle a votées.
Le pouvoir exécutif est confié au Président de la République, élu pour
quatre ans pour un mandat unique, et à son gouvernement contrôlé par le
Conseil d’État nommé par l’Assemblée nationale.

2. Un président autoritaire
• L'élection au suffrage universel du président de la République favorise les candidats
populaires. Louis-Napoléon Bonaparte, qui joue de la notoriété de son oncle,
Napoléon Ier, prétend rendre à la France son prestige international. Il est élu président le 11
décembre 1848.
• Par ailleurs, l'insurrection ouvrière de juin 1848 a inquiété les campagnes où l'on
craint les « partageux ». Aux élections législatives de mai 1849, un « parti de
l'Ordre » (500 députés), dominé par des conservateurs, obtient la majorité. Le
gouvernement, composé de conservateurs, est dirigé par le monarchiste Odilon Barrot,
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opposé aux idées démocratiques. Il adopte des lois réactionnaires, restreignant la liberté de
la presse et le droit de vote. Il faut désormais pour voter pouvoir justifier de trois années de
résidence au même endroit : cela exclut une bonne partie des ouvriers, souvent contraints de
changer d'emploi et de domicile régulièrement.

3. Le coup d’État de Louis-Napoléon


• La majorité conservatrice pense détenir le pouvoir et refuse à Louis-Napoléon
Bonaparte toute modification de la Constitution (qui lui permettrait de briguer un second
mandat). Avec la complicité de chefs militaires, Louis-Napoléon Bonaparte prend le
pouvoir : c'est le coup d'État du 2 décembre 1851. Il fait arrêter les opposants
monarchistes et républicains, puis dissout l'Assemblée. La IIe République cesse d'exister.
Le peuple parisien ne cherche pas à défendre un régime qui a si durement réprimé les
journées de juin 1848. En province, l'armée étouffe rapidement les tentatives de résistance
au coup d’État.
• Tous ceux qui s’opposent au coup d’État sont condamnés à l’exil.
• Pour légitimer son coup d’État, Louis-Napoléon Bonaparte organise un plébiscite
(référendum). Ainsi, le 21 décembre 1851, il fait voter les Français qui doivent
répondre par « oui » ou par « non » à l’affirmation : « Le peuple français veut le
maintien de l’autorité de Louis-Napoléon Bonaparte et lui délègue les pouvoirs
nécessaires pour établir une nouvelle constitution » . Sept millions et demi de
Français répondent « oui » contre environ 650 000 « non » et environ 19 %
d’abstentions.
• Dès le 14 janvier 1852, la nouvelle constitution est promulguée. Officiellement, la
République perdure mais elle est transformée en régime personnel et autoritaire.
Elle prend les aspects d’une dictature : le « Prince-président » concentre tous les
pouvoirs pour dix ans et le gouvernement, le Sénat ainsi que le Conseil d’État sont
entièrement sous son contrôle. Le Conseil d'État regroupe des juristes nommés et
révocables par le président. Ce dernier nomme également les membres du Sénat.
Enfin, si les députés du Corps législatif sont élus par le peuple, les candidats
officiels sont favorisés et remportent généralement les élections.
• Ce mélange de dictature et de démocratie, de pouvoir personnel et de suffrage
universel est qualifié de « césarisme démocratique » en référence à la République
romaine antique de Jules César que Louis-napoléon Bonaparte admire. On parle
aussi de « bonapartisme » en référence à son oncle.

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Chapitre II
Le Second Empire (1852-1870)

Le Second Empire constitue une période contrastée : la France connaît à la fois une
spectaculaire réussite économique et une sévère défaite militaire, un régime autoritaire
maintient pourtant le suffrage universel… Quelles sont les principales caractéristiques
du Second Empire ?

A. L’autoritarisme de l’empereur et la réduction des libertés


Louis-Napoléon Bonaparte contrôle l'électorat. Après un voyage à travers le pays
pour rassurer la population, l'empire héréditaire est rétabli et largement approuvé par
plébiscite. Napoléon III proclame le Second Empire le 2 décembre 1852, date anniversaire
du sacre de Napoléon Ier (en 1804), de l'éclatante victoire d'Austerlitz (en 1805) et de son
propre coup d'État (en 1851).
• Dans un premier temps, Napoléon III réduit l'opposition politique à
l'impuissance. Les partisans de la monarchie se rallient à l'Empire ou quittent la politique.
La presse républicaine est étroitement surveillée, les chefs républicains sont emprisonnés ou
contraints à l'exil. C'est ainsi que Victor Hugo, réfugié dans les îles Anglo-Normandes,
publie les Châtiments (1853), un recueil de poésies dans lequel il dénonce « Napoléon le
petit ».
• Napoléon III gouverne seul. Il bénéficie de l'appui de la majorité de la
population. La bourgeoisie se réjouit du retour à l'ordre. Le clergé est comblé par ce
nouveau régime qui lui permet de renforcer considérablement son influence, notamment
dans l'enseignement. L'armée conforte son pouvoir. Les paysans bénéficient de
l'amélioration de leurs revenus et les ouvriers eux-mêmes reconnaissent que l'Empereur
semble plus préoccupé par leur situation que le gouvernement de la IIe République.

B. La libéralisation du régime
• À partir de 1860, les choix de l'Empereur en matière de politique extérieure le
privent d'une partie de ses soutiens. Napoléon III soutient le combat des Italiens pour
l'unité de leur pays et se coupe ainsi de son électorat catholique (qui refuse de voir diminuer
le pouvoir temporel du pape). En 1860, il conclut un traité de libre-échange avec le
Royaume-Uni contre l'avis des grands industriels français. Sur le plan militaire,
l'expédition mexicaine lancée en 1861 est un échec. Enfin, la France est affaiblie par la
montée en puissance de la Prusse qui triomphe des Autrichiens à Sadowa (1866).

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1. Les impacts de la libéralisation sur la vie politique
• Ces choix et ces revers l'obligent à faire quelques concessions politiques.
En 1859, une loi accorde l’amnistie à tous les opposants politiques : les exilés
sont autorisés à rentrer en France sans risquer d’être poursuivis. Si de nombreux opposants
républicains rentrent en France, certains comme Victor Hugo refuse toute compromission
avec le régime : « il ne rentrera en France que quand la Liberté y sera elle-même rentrée »
Le Corps législatif obtient l'initiative des lois et peut interpeller le
gouvernement. Le contrôle de la presse est assoupli. L'opposition peut alors s'organiser.
En 1864, les libéraux modérés et leur chef de file, Adolphe Thiers réclame les
« cinq libertés nécessaires ». Un « Tiers Parti » se constitue, parti intermédiaire entre les
républicains et les députés soutenant le régime : il est favorable aux réformes et à la mise en
place d'un « empire parlementaire ». Leur combat commun aboutit lors des élections de
1869.
• Napoléon III donne suite à certaines revendications sociales : le droit de grève en
1864 et la liberté de réunion en 1868.

2. Les impacts de la libéralisation sur les institutions
• En 1860, le Corps législatif obtient le droit de s’adresser à l’empereur et ses débats
sont publiés dans leur intégralité.
• En 1861, le Corps législatif obtient le droit de voter le budget, puis en 1867 celui
d’interpeller les ministres et en 1869 celui de voter les lois en les amendant.
• En janvier 1870, une nouvelle constitution est adoptée qui fait du Second Empire,
un régime parlementaire.
• Le 8 mai 1870, le plébiscite approuve à 80% l’évolution libérale du régime.

• L'expérience est cependant de courte durée. Pour achever l'unité de l'Allemagne, le


chancelier prussien Bismarck parvient habilement à faire en sorte que la France déclare la
guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. La France fait figure d'agresseur, ce qui pousse les
États du Sud de l'Allemagne à s'allier à ceux de la Confédération de l'Allemagne du Nord
contrôlée par la Prusse. Après une série de défaites militaires, Napoléon III capitule à
Sedan le 2 septembre 1870. Deux jours plus tard, à Paris, les républicains proclament la
République.

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C. La modernisation de la France
• Dans toute l'Europe occidentale, la période du Second Empire correspond à une
phase de croissance économique qui ne s'affaiblit que vers 1865. Napoléon III bénéficie,
encourage et exploite intelligemment ce contexte favorable pour développer l'économie
française et permettre un certain décollage industriel.
• Le Second Empire est sans doute le premier régime français à privilégier des
objectifs économiques. Avant de devenir empereur, Louis-Napoléon a publié quelques
brochures dans ce domaine : sa pensée est à la fois originale et hétéroclite. Soucieux
d'apporter une réponse aux problèmes sociaux de son temps, il s'inspire du saint-simonisme.
Le libre-échange doit entraîner une prospérité générale et donc une amélioration de la
condition ouvrière. Dans cette perspective, il conclut avec l'Angleterre le traité de libre-
échange de 1860.
• Le rôle de l'État est essentiel dans le développement économique : ses
investissements sont très importants, au point d'augmenter lourdement la dette publique.
Napoléon III n'hésite pas à utiliser sa fortune personnelle pour financer certains projets
comme la bonification de terres agricoles. Il développe également des fermes modèles sur
ses propriétés.

• L'une des principales initiatives de Napoléon III est la révolution des transports.
Six grandes compagnies de chemin de fer sont créées, la longueur des voies ferrées est
multipliée par cinq. Le commerce intérieur peut alors s'épanouir dans ce qui apparaît pour
la première fois comme un véritable marché national. Des ports déjà relativement
importants comme Le Havre, Bordeaux et Marseille sont agrandis, d'autres sont créés,
comme Saint-Nazaire. Ils abritent une flotte moderne et nombreuse. Enfin, les villes les plus
importantes sont reliées par le télégraphe.
• De grands travaux sont entrepris à travers tout le pays. La capitale est réaménagée,
sous la direction du baron Georges Haussmann (1809-1981), préfet de la Seine de 1853
à 1870. Paris s'agrandit ; une nouvelle enceinte fortifiée est érigée ; un système
d'éclairage au gaz, un réseau d'adduction d'eau potable et des égouts sont mis en place.
De larges avenues sont percées à travers les vieux quartiers. Elles améliorent la
circulation, embellissent la ville et surtout facilitent la répression en cas d'insurrection
populaire (elles rendent possible l'emploi de la cavalerie et de l'artillerie). Les Halles,
construites au centre de la ville, approvisionnent les Parisiens ; les premiers grands
magasins (Au Bon marché) concurrencent les petits commerces.
Enfin, le système bancaire français connaît un développement remarquable sous le
Second Empire. Les banques familiales comme celle des Rothschild continuent de prospérer
mais elles sont concurrencées par de grandes banques de dépôt ou d'affaires, comme le
Crédit Lyonnais (1863) ou la Société générale (1864). Elles drainent l'épargne des Français
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et investissent leurs fonds dans l'industrie et le commerce. Ces banques sont le véritable
moteur de la croissance. Sous l'Empire, les Français se familiarisent également avec les
chèques et les billets de banques.

• La société française ne bénéficie pas pleinement des mutations économiques. La vie


et le travail de la paysannerie française varient peu. Napoléon III se préoccupe sincèrement
de la condition ouvrière, encourageant la charité et l'assistance. En 1864, il autorise le droit
de grève et permet l'existence de certains syndicats. Mais le régime s'oppose à tout trouble
de l'ordre et ne parvient pas à s'attacher le mouvement ouvrier.
• Une ambitieuse réforme de l'éducation est proposée par le ministre Victor Duruy
à partir de 1863 : développer une instruction primaire gratuite et obligatoire, ainsi que des
cours pour les adultes et les jeunes filles. Ces idées laïques déplaisent cependant aux
catholiques : Duruy a le plus grand mal à obtenir des crédits et ne peut réaliser l'intégralité
de ses projets. La réforme de l'armée est également un échec. La mauvaise préparation des
troupes, la piètre qualité des officiers et la vétusté du matériel sont à l'origine de la cuisante
défaite de 1870.
• S'il est réel, le développement économique de la France durant le Second
Empire doit être nuancé : la structure économique de la France conserve certains
archaïsmes. Jusqu'au xxe siècle, l'agriculture reste l'activité principale et l'industrie demeure
dominée par les vieilles activités textiles au détriment de la métallurgie. Au niveau
international, l'Angleterre conserve son avance sur la France. L'Allemagne et surtout les
États-Unis connaissent un développement économique beaucoup plus soutenu que celui de
l'Empire.

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