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: son enracinement
A) Une République provisoire plus installée
1. Une naissance dans des circonstances difficiles
La IIIe Rep est proclamée à Paris le 4 septembre 1870, le lendemain de la défaite de Napoléon III à
Sedan face à la Prusse et à ses alliés. Le nouveau gouvernement de Défense nationale (le général
Trochu, Léon Gambetta, Jules Ferry… = gouvernement provisoire composé de républicains
déterminés à poursuivre la guerre contre la Prusse et ses alliés allemands) veut poursuivre la lutte
depuis Tours mais doit renoncer car les Allemands ont envahi une large partie du Nord de la France
et encerclent Paris. « Nous ne sommes pas au pouvoir mais au combat » aurait dit le général Trochu.
En effet, dès le 19/09/1870 il faut tenir bon : les prussiens assiègent la capitale. Léon Gambetta,
ministre de l’Intérieur, quitte Paris en montgolfière afin d’installer une « délégation » à Tours. Pour
arrêter le désastre, le 28 janvier 1871 il signe un armistice prévoyant le désarmement de Paris,
assiégé par les Prussiens.
Les élections législatives de février 1871 donnent la majorité aux monarchistes, favorables à la paix
et hostiles à la République. Mais ces derniers sont massivement divisés. L’Assemblée nationale,
installée à Bordeaux puis à Versailles, nomme le conservateur Adolphe Thiers, chez du pouvoir
exécutif.
Dans Paris longtemps assiégée et affamée, le mécontentement éclate le 18 mars 1871, quand Thiers
veut retirer les canons installés sur la butte Montmartre (à la suite de l’armistice). L’insurrection
débouche sur l’élection d’une Commune de Paris (gouvernement révolutionnaire et populaire
dirigeant de manière autonome la ville de Paris de mars au 28 mai 1871 et guidé par un idéal de
république sociale, anticléricale et libertaire), dominée par l’extrême gauche républicaine et
socialiste. La Commune veut établir une République sociale très ambitieuse dans sa lutte contre les
inégalités. Louise Michel y participe activement. L’Assemblée conservatrice ne peut tolérer cette
situation. Thiers négocie la paix avec le chancelier allemand Otto von Bismarck et signe le 10 mai
1871 le traité de Francfort qui ôte à la France l’Alsace Moselle et lui inflige une lourde indemnité de
guerre. Les mains libres, il peut retourner l’armée française contre la Commune, écrasée lors de la
Semaine Sanglante (21-28/05/1871).
Thiers est renversé en 1873 par l’Assemblée nationale qui désigne à la présidence de la République
le maréchal Mac Mahon, favorable aux monarchistes. Mais ces derniers, très divisés entre
légitimistes, orléanistes (royaliste partisan de la dynastie des Orléans et du maintien des droits et
libertés accordés sous la Révolution) et bonapartistes, ne parviennent pas à s’entendre sur les
conditions du rétablissement monarchique. En 1876, les républicains remportent les élections
législatives mais le président royaliste, Mac Mahon, impose le 16/05/1877 un monarchiste à la tête
du gouvernement avant, de dissoudre la Chambre des Députés. Soulevant bon nombre
d’opposition, les républicains portés par Léon Gambetta remportent les élections sénatoriales en
1879, obligeant Mac-Mahon a posé sa démission. La République s’enracine chez les Républicains.
A l’Assemblée nationale, les républicains se rapprochent des orléanistes pour donner à la République
des institutions : les lois constitutionnelles de 1875 établissent les pouvoirs ainsi que les modes
d’élection du président de la République et des 2 Chambres. Ainsi constituée, la IIIe République
respecte la séparation des pouvoirs entre un pouvoir exécutif (présidences de la République et du
Conseil) et un pouvoir législatif (Chambre des Députés, Sénat).
A la suite de la démission du Maréchal Mac Mahon en 1879, c’est le républicain Jules Grévy qui est
nommé à la tête de l’Etat et qui annonce officiellement qu’il ne dissoudra par la Chambre des
Députés sous aucun prétexte. Avec cette annonce, le poids du président change. Ce dernier ne joue
dorénavant qu’un rôle mineur. La République devient un régime parlementaire (régime dans lequel
le pouvoir législatif (parlement) contrôle très étroitement le pouvoir exécutif (président et
gouvernement)).
La République diffuse ses valeurs de diverses façons instruisant par divers biais les Français à la
culture politique (ensemble de références, de représentations et de pratiques guidant l’action
politique d’une famille politique et lui conférant une identité propre). Villes et villages se couvrent de
place de la République, comme celle inaugurée à Paris en 1879. Marianne, allégorie (figure
allégorique de la République française) de la République est présente sur les places, les timbres et
son buste orne toutes les mairies de France. Les républicains rétablissent La Marseillaise comme
hymne national (1879), de grandes fêtes sont données en l’honneur de la Révolution et de la
République : le 14 juillet est jour de fête nationale depuis 1880, le centenaire de la Révolution
française est fêté avec faste en 1889. En 1885, les cendres de Victor Hugo sont transportées au
Panthéon, temple républicain qui accueille les dépouilles des grands hommes de la patrie et de la
République (cf. Adolphe Thiers). On dit qu’ils sont panthéonisés (personne dont la dépouille est
admise au Panthéon = monument consacré en 1790 aux grands hommes de la Révolution française,
puis, à partir de 1885 aux grands hommes de la République).
Ces féministes (féminisme = mouvement revendiquant de nouveaux droits pour les femmes au nom
de l’égalité des sexes) utilisent les libertés d’expression, de réunion, d’association pour fonder des
mouvements (l’Union française pour le suffrage des femmes regroupe 12 000 adhérentes en 1914
derrière Cécile Brunschvig) ou des journaux (La Fronde ou la Française) portant leurs revendications.
De manière plus spectaculaire, elles présentent leur candidature lors d’élections municipales ou
législatives. Certaines, comme Hubertine Auclert en 1908, détruisent des urnes le jour des élections.
En 1914 elles n’ont cependant toujours pas gain de cause.