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Chapitre n°1 

: La métropolisation  : un processus mondial différencié


Leçon n°3  : La métropolisation et ses effets en France
En France, la métropolisation est caractérisée par la toute-puissance de Paris, qui domine
toutes les métropoles du pays. Les trajectoires sont différenciées entre les métropoles,
certaines régions sont favorisées par la métropolisation tandis que d'autres sont laissées en
marge. On observe le même schéma pour les petites et moyennes villes.
Comment la métropolisation recompose-t-elle et hiérarchise-t-elle les territoires urbains en
France ?
I-Paris, une ville mondiale au sommet de la hiérarchie urbaine  :
En concentrant toutes les fonctions métropolitaines de haut niveau, Paris est l'une des
4 villes mondiales. Par son poids démographique et économique, Paris est une ville qui
domine toutes les autres villes. 
A-Paris, une ville mondiale  :
Paris est l'une des quatre villes mondiales de la planète avec Londres, New York et
Tokyo. Fortement connectée aux échanges mondiaux, elle appartient à l'Archipel
mégalopolitain mondial (AMM). Elle concentre toutes les fonctions métropolitaines de
haut niveau. En tant que capitale, Paris accueille les grandes institutions françaises
mais également des institutions internationales comme l'Unesco ou le siège de l'OCDE.
Paris est un hub, c'est-à-dire que des flux mondiaux la traversent.
 Paris est la deuxième ville mondiale qui attire le plus d'Investissements directs
étrangers (IDE) en 2018. La Défense est le premier quartier d'affaires d'Europe en
nombre d'entreprises accueillies.
 Paris dispose d'un gros potentiel sur le plan intellectuel grâce à ses universités, grandes
écoles et centres de recherche mondialement reconnus comme la Sorbonne,
Sciences Po ou le pôle technologique de Paris-Saclay.
 Paris est aussi une importante destination touristique. Elle a accueilli 18 millions de
visiteurs étrangers en 2017 (3e rang mondial). Ses principaux monuments (la tour
Eiffel, la basilique du Sacré-Cœur, Notre-Dame de Paris, le Louvre), sont reconnus
dans le monde entier.
 Capitale du luxe, Paris est un haut lieu de la création artistique, et accueille de grands
événements culturels et sportifs. Ainsi, en 2024, Paris accueillera les Jeux
olympiques pour la troisième fois de son histoire.

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Paris, vue sur la tour Eiffel et le quartier des affaires de La Défense
Paris est parfaitement connecté aux réseaux de transports internationaux : c'est un hub qui
permet la redistribution des flux mondiaux en France et en Europe. En 2018, 106 millions de
passagers ont transité par Paris, grâce à ses deux aéroports internationaux : Roissy et Orly.

Cette métropole est également connectée à une quarantaine de métropoles françaises et


européennes par les lignes à grande vitesse (LGV) qui desservent 4 de ses 6 gares.
B-Paris, une ville au sommet de la hiérarchie urbaine  :
Le réseau urbain français se caractérise par sa macrocéphalie : Paris s'est développé de
manière disproportionnée par rapport aux autres villes du pays, ce qui la place en
situation de domination. Paris est une ville primatiale : l'écart de population entre
Paris et la deuxième métropole française (Lyon) est particulièrement élevé. Paris
connaît les effets de la métropolisation, observables ailleurs dans le monde :
gentrification, recompositions sociale et territoriale, étalement urbain, polycentrisme.
La création de la Métropole du Grand Paris a pour but de rassembler Paris et les 130
communes qui l'entourent.
L'écart de population entre Paris et la deuxième métropole française (Lyon) est
particulièrement élevé. Ainsi, avec 12,6 millions d'habitants, l'aire urbaine parisienne est au
moins 5 fois plus peuplée que l'aire urbaine de Lyon (2,3 millions d'habitants). C'est un cas
unique en Europe car même Londres a un indice de primatie moindre avec Birmingham
(x 3,6). L'aire urbaine parisienne abrite 1 Français métropolitain sur 5 et produit 31 % de la
richesse nationale. Paris constitue le premier bassin d'emplois en Europe.

Sous l'effet du processus de métropolisation, le territoire urbain parisien se recompose :

 Les quartiers se spécialisent dans quelques activités. Dans Paris intra-muros, les
entreprises du luxe se concentrent dans le triangle d'or, délimité par trois avenues :
Champs-Élysées, Montaigne et George-V. Le Quartier latin, sur une partie des 5 e et
6e arrondissements, concentre les universités et les centres de recherche.
 Des quartiers autrefois résidentiels se spécialisent dans de nouvelles activités. Les
start-up essaiment dans le Nord et l'Est de la ville, du 17 e arrondissement au
12e arrondissement.
 Des politiques de rénovation urbaine ont été menées comme dans le
13e arrondissement, où les activités tertiaires (commerces, culture, bureaux) ont
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remplacé les entrepôts et les industries. Ce phénomène touche également les
communes de la petite couronne. Devant la hausse du prix de l'immobilier dans
Paris intra-muros, certaines entreprises et administrations s'installent en périphérie
dans des espaces rénovés comme La Plaine Saint-Denis près du stade de France ou
le Millénaire à Aubervilliers.
 

Comme les autres métropoles, Paris connaît un phénomène de gentrification, obligeant les
populations modestes à quitter les quartiers centraux pour s'installer en périphérie. Enfin,
certains quartiers sont privatisés.
La villa Montmorency, dans le 16e arrondissement de Paris, est privatisée.

La privatisation de l'espace public : la villa Montmorency à Paris


En 2016 est créée la Métropole du Grand Paris, qui rassemble la commune de Paris et
130 communes périphériques. Cette institution a pour but de coordonner les aménagements
et de renforcer la compétitivité de la métropole à l'échelle mondiale. Parmi les objectifs, il
s'agit de déconcentrer certaines activités du centre de Paris afin de dynamiser les banlieues
par la création de pôles dynamiques entre lesquels il faut renforcer les liaisons. Le projet du
Grand Paris Express vise à créer un réseau de transports plus performant, pour mieux relier
les banlieues entre elles, à l'horizon 2030. En définitive, comme d'autres métropoles
mondiales, Paris s'achemine vers une organisation de plus en plus polycentrique.

II-La métropolisation et les différentes dynamiques des métropoles  :


En France, différentes régions sont concernées par la métropolisation. Les dynamiques
démographiques et économiques des métropoles régionales sont inégales. 
A-Les régions françaises concernées par la métropolisation  :
Sous l'effet de la mondialisation, le territoire français est marqué par le phénomène de
métropolisation. La concentration de richesses, d'activités et de populations se fait au
profit des principales métropoles régionales. Ainsi, 45 % de la croissance économique
serait réalisée par les 15 premières aires urbaines, en dehors de la métropole
parisienne. Par ailleurs, 40 % des Français habitent dans une aire urbaine de plus de
500 000 habitants.
Plusieurs effets de la métropolisation sont observables en France :

 Lapériurbanisation profite aux communes de la couronne périurbaine. Les métropoles


les plus dynamiques voient leur influence régionale s'étendre.
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 Des espaces urbains se spécialisent, avec une distinction toujours plus nette entre des
lieux à vocation résidentielle (zones pavillonnaires ou d'habitat collectif), et des
zones d'activités (centres commerciaux, zones industrielles, clusters, etc.).
 Le phénomène de gentrification concerne les centres et les banlieues. Les populations
modestes se retrouvent reléguées, parfois loin, en périphérie dans des quartiers de
grands ensembles. Parallèlement, on assiste à des phénomènes de privatisation de
l'espace avec la multiplication de résidences fermées pour populations aisées,
surtout en périphérie.
 

Dans un contexte de mondialisation et de compétition accrue entre métropoles à l'échelle


internationale et notamment européenne, les gouvernants ont compris tout l'intérêt de
renforcer le poids des métropoles françaises : les dernières lois de décentralisation (2010,
2014 et 2015) ont donné à ces territoires une structure politique et administrative.
Aujourd'hui, la France métropolitaine compte 22 métropoles qui sont des structures
intercommunales afin d'améliorer leur compétitivité économique et la cohésion de leur
territoire entre le pôle urbain et les communes périphériques.
Montpellier Méditerranée Métropole (ou Montpellier 3M) associe 31 communes et gère
466 000 habitants.
B-Des métropoles régionales aux dynamiques inégales  :
À partir de leurs dynamiques économiques et démographiques, de leur connexion aux
réseaux de transports et de leurs fonctions métropolitaines, on peut dégager une
hiérarchie des principales métropoles françaises :
 Les métropoles d'envergure européenne : Lyon, Lille et Strasbourg ;
 Les métropoles à rayonnement national comme Bordeaux, Nantes et Marseille ;
 Les métropoles régionales dynamiques comme Rennes, Grenoble, Montpellier et
Nice.
Les métropoles d'outre-mer ont des dynamiques spécifiques.
La plupart des métropoles régionales de la façade ouest (Rennes, Nantes et Bordeaux) et du
Sud (Toulouse, Lyon, Marseille et Nice) ont une croissance soutenue. Cela s'explique
d'abord par leur accessibilité depuis Paris. Hormis Toulouse, elles profitent toutes de l'effet
TGV qui permet de raccourcir la distance-temps. Depuis la mise en service de la LGV Sud
Europe Atlantique en juillet 2017, Bordeaux n'est plus qu'à deux heures de Paris, soit un
trajet à peine plus long qu'un Paris-Caen (1 h 50). Les métropoles régionales françaises sont
de mieux en mieux reliées aux métropoles européennes.
Lille est devenue un hub européen desservi par la LGV et les autoroutes. La métropole est à
50 minutes de Roissy, 1 heure de Paris, 35 minutes de Bruxelles et 1 h 20 de Londres.
Grâce à des politiques urbaines ambitieuses, les villes de l'Est et du Sud se sont dotées de
quartiers d'affaires destinés à renforcer leur attractivité.
La Part-Dieu, située dans le 3e arrondissement de Lyon, est le deuxième quartier d'affaires en
France après La Défense. Véritable « City » lyonnaise, elle constitue un bassin de
56 000 emplois. Depuis 2015, elle fait l'objet d'un projet urbain de grande ampleur mêlant
réhabilitations et constructions nouvelles afin d'en faire d'ici 2025 un quartier d'affaires

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d'envergure européenne : 40 000 emplois supplémentaires, augmentation de la surface de
bureaux de 50 %, construction de 2 200 logements, aménagements d'équipements de loisirs,
amélioration de l'accessibilité, etc.

Projet d'aménagement de La Part-Dieu à Lyon, prévu pour 2025


Certaines métropoles s'appuient sur le développement de pôles de compétitivité d'envergure
mondiale comme Minalogic à Grenoble, spécialisé dans les nanotechnologies ou l'Aerospace
Valley à Toulouse.

Les villes situées dans l'orbite immédiate de Paris comme Rouen ou Orléans souffrent plus
de l'influence parisienne qu'elles n'en bénéficient.
Toulouse est difficile à classer car c'est une métropole d'envergure nationale, mais elle est
aussi en étroite relation avec le reste de l'espace européen dans le domaine aéronautique.
Les métropoles d'outre-mer ont leurs dynamiques spécifiques. Les taux d'urbanisation sont
très élevés, souvent supérieurs à 90 % comme à La Réunion, en Martinique ou en
Guadeloupe : on peut parler d'une « explosion urbaine ». Les territoires ultra-marins sont
quasiment tous métropolisés, au profit de la métropole régionale.
En Nouvelle-Calédonie, 60 % de la population vit dans l'aire urbaine de Nouméa. Cette
« explosion urbaine » se traduit par une saturation des centres-villes et un étalement des
métropoles sur des espaces insulaires et exigus pour la plupart. Leur rayonnement reste
limité à leur territoire.
III-Les villes petites et moyennes  : entre déclin et dynamisme  :
Les petites et moyennes villes ont un poids important en France mais éprouvent des
difficultés à s'affirmer dans le contexte de métropolisation du territoire.
A-Le poids des petites et moyennes villes en France  :
Une petite ville compte entre 5 000 et 20 000 habitants. Une ville moyenne compte entre
20 000 et 200 000 habitants. La moitié de la population française vivrait dans une petite
ou une moyenne ville. Ces villes ont un poids important.
On compte environ 200 villes moyennes où réside environ un quart des habitants. Ces villes
qui accueillent environ 26 % des emplois ont à l'échelle nationale un poids important en
France.
B-Des dynamiques inégales entre les petites et moyennes villes  :
Les dynamiques sont inégales entre les petites et moyennes villes. Certaines sont très
peu dynamiques alors que d'autres réussissent à attirer la population et les activités
notamment touristiques.
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1-Les petites et moyennes villes peu dynamiques  :
Beaucoup de petites et moyennes villes connaissent des difficultés. Certaines déclinent
sur le plan démographique et connaissent un vieillissement de la population et une
dévitalisation des centres-villes. Plusieurs facteurs l'expliquent : petite envergure,
ralentissement de l'économie, réseau de transport peu performant, etc.
Les petites et moyennes villes déclinent sur le plan démographique : leur accroissement
naturel négatif peine à être compensé par un solde migratoire, parfois négatif lui aussi.
Souvent, ces villes connaissent un vieillissement de leur population. Dans le paysage, cela se
traduit par une dévitalisation des centres-villes, marquée par la fermeture de commerces et la
diminution de services publics : hôpital, maternité, tribunal, caserne, etc. Ces centres-villes
souffrent de l'étalement urbain des métropoles et de la concurrence des grandes zones
commerciales en périphérie.

Plusieurs facteurs sont à l'origine de ces difficultés. Les petites et moyennes villes sont mal
armées pour exercer une influence d'envergure, ne disposant pas de fonctions
métropolitaines, dans le contexte de mondialisation et de métropolisation. Certaines de ces
villes moyennes peinent à s'affirmer face aux métropoles.
Amiens éprouve des difficultés à trouver sa place entre l'influence parisienne et l'influence
lilloise. 
L'économie des petites et moyennes villes connaît un ralentissement. Leur économie repose
souvent sur l'artisanat ou sur des industries traditionnelles comme le textile, la coutellerie, la
mécanique, qui souffrent de la concurrence internationale. Certaines villes sont ainsi
frappées par la désindustrialisation comme Guéret (Creuse) ou Charleville-Mézières. Les
populations y sont globalement moins qualifiées ce qui est un handicap pour y développer
des emplois tertiaires de haut niveau. 82 % des villes moyennes auraient un taux de chômage
supérieur à la moyenne nationale en 2018.

Les petites et moyennes villes sont souvent mal reliées aux axes majeurs de communication.
À de rares exceptions, elles ne disposent pas d'aéroports d'envergure internationale, ni de
gare importante. Elles peuvent même souffrir de « l'effet tunnel » lié au passage du TGV.
Certaines villes souffrent d'une mauvaise image comme les villes portuaires : Calais, Le
Havre, Brest ou les villes de garnison  comme Châlons-en-Champagne, Bar-le-Duc, Verdun,
etc.
2-Les petites et moyennes villes dynamiques  :
Certaines petites et moyennes villes sont dynamiques. Soit elles profitent du dynamisme
de Paris, soit elles savent mettre en avant leurs atouts et deviennent plus attractives. 
 Certaines villes peuvent profiter du dynamisme de la métropole : Saint-Malo profite
du dynamisme de Rennes, Albi profite de celui de Toulouse.
 Les villes petites et moyennes ont des atouts que certaines d'entre elles n'hésitent pas à
valoriser. Des villes mettent en avant le cadre de vie qu'elles offrent aux habitants,
attachés à leur « qualité de vie » et fuyant les métropoles pour résider dans des villes
à « taille plus humaine » : des villes du Sud (Sète dans le Languedoc) et de l'Ouest
(La Rochelle en Charente) cherchent à attirer des retraités (héliotropisme) et ainsi
développer une économie résidentielle. Certaines mettent en valeur leur patrimoine

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historique, culturel ou gastronomique pour développer le tourisme : Sarlat en
Périgord ou Avignon en Provence.
 D'autres villes cherchent à développer leur position de carrefour en matière de
transport ou de logistique : Beauvais dans l'Oise, s'appuie sur les compagnies
aériennes low-cost pour développer le « troisième aéroport parisien ».
 Des villes lancent des opérations urbaines de grande envergure afin de rendre leur
centre-ville attractif pour changer leur image négative : Le Havre a mené la
réhabilitation des docks portuaires (Docks Vauban) et s'est équipé d'un tramway.

Sarlat-la-Canéda en Périgord mise sur le tourisme et la qualité de vie

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