Thème 1 : Civils et militaires dans la Première Guerre

Mondiale (1914-1918)
M. A. P. Hernandez

Introduction
La Première Guerre mondiale (1914-1918) a été une guerre longue et d'une
intense violence. Les sociétés ont été totalement mobilisées pour l'effort de guerre. Les
batailles ont été particulièrement meurtrières à cause notamment de l'usage de
l'artillerie. Les soldats ont combattu dans des tranchées la plus grande partie de la
guerre dans des conditions très pénibles. C’est une guerre inédite à de nombreux points
de vue : une guerre industrielle qui a vu l'apparition et l'usage de nouvelles armes
(chars, avions...), le nationalisme a été exalté pour poursuivre jusqu'au bout les sacrifices
exigés par la guerre et c’est aussi le premier génocide du vingtième siècle contre les
Arméniens (1915). Les conséquences du conflit sur le long terme sont majeures : les
soldats ont subi de lourds traumatismes au cours des combats, les monuments aux
morts sont érigés en souvenir des combattants militaires et civils, l’Europe ne domine
plus le monde, elle est endettée et les É tats-Unis émergent de façon progressive et
durable. Enfin à court terme la paix reste imparfaite. Le traité de Versailles est vécu
comme un Diktat par les Allemands et les questions territoriales sont complexes.

Problématique : Comment la Première Guerre Mondiale bouleverse-t-elle les

sociétés européennes ?

I- Une violence de masse

Tout commence après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de
l’empire d’Autriche-Hongrie à Sarajevo le 28 juin 1914. Un engrenage des
alliances va se mettre en place dans une Europe cherchant en vain à propager et
défendre de nouveaux idéaux issus de la Révolution française (1789) tels que la
Démocratie et ses valeurs humaines. Les vieux empires centraux comme l’Empire
Allemand (monarchie parlementaire) ou l’Empire d’Autriche-Hongrie vont s’allier
comme par le passé avec un allié puissant : l’Empire Ottoman. La guerre commence alors
sur le front ouest dès le 3 aout 1914 après l’invasion fulgurante de la Belgique par les
Allemands. En application du plan Schlieffen, l'Allemagne porte son effort principal
sur la Belgique et la France du nord, prenant les Français à revers. Le général en chef
français Joffre organise une retraite générale en bon ordre. Les Allemands, trop heureux
de leur succès, contournent Paris en obliquant vers la Marne. Erreur fatale : au prix d'un
effort surhumain, les Français stoppent net leur avancée par la contre-offensive de la
Marne, du 6 au 11 septembre 1914. Cette période se caractérise donc par une offensive
rapide et calculée, c’est la « guerre de mouvement » des troupes (d’août à novembre
1914). Ainsi, les troupes allemandes et françaises tentent de se déborder l'une l'autre
par l'ouest : C'est la « course à la mer ». Mais personne n'arrive à percer le front. Les
troupes allemandes creusent alors des tranchées et s'y terrent pour éviter de reculer
davantage. Les troupes françaises font de même : c’est alors “la guerre des tranchées”
ou guerre de position, deuxième phase importante de la Grande Guerre
(novembre 1914- mars 1918) caractérisée par les batailles les plus sanglantes de
l’Histoire (Verdun (février-décembre 1916) ; La Somme 1916; Chemin des
Dames…).

- Les combattants subissent une violence de masse liée à l’usage de l’artillerie

lourde (obus) et des mitrailleuses, des gaz, avions et chars. Dans les
tranchées, les soldats souffrent des conditions de vie et de combat.
- Les civils subissent aussi cette violence de masse : bombardements et
rationnements. Dans les territoires occupés par les Allemands et les Autrichiens
les populations sont victimes de travail forcé, de confiscations ou de représailles.
Par conséquent, Après les tentatives de percées de 1915, les offensives de masse,
Verdun, la Somme, n'ont permis ni de revenir à la guerre de mouvement, ni
d'épuiser l'adversaire. Dans l’Empire Ottoman, les Arméniens sont victimes
d’un véritable génocide à partir de 1915 jusqu’en 1916.

II- Des sociétés mobilisées dans la guerre : une guerre totale et

mondiale

C’est une guerre mondiale qui implique des Etats de plusieurs continents
comme les Etats-Unis en 1917 ou encore le Moyen-Orient. Des soldats coloniaux
(Afrique, Asie) sont mobilisés dès le début du conflit. Des batailles ont également lieu en
Atlantique. On parle aussi de guerre totale : mobilisation humaine (civils et
militaires), culturelle, économique et morale.

- L’arrière est mobilisé : les Etats font appels aux femmes pour travailler dans les
champs ou dans les usines de production militaire. Des travailleurs étrangers
viennent des colonies.
- Les industries se reconvertissent dans la production militaire. Pour financer la
guerre, les Etats s’endettent, augmentent les impô ts et les taxes ; ils font appel à
l’épargne des citoyens (emprunts).
- Les Etats censurent les informations et développent la propagande (affiches
militaires). C’est la naissance des manipulations de masse par les Etats.

III- La fin de la guerre

La Guerre s'enlise et, pourtant, tout change. L'épuisement des Peuples, les
Révolutions russes et l'entrée en Guerre des Etats-Unis vont peu à peu modifier le
sort des armes. Ces événements ne bouleversent pas encore les équilibres, mais ils
annoncent des évolutions à venir. Durant l’hiver 1917, le front est en Russie
disparait. Au printemps 1917, après que les Allemands ont évacué un saillant de front
en Picardie et se sont repliés sur la ligne Hindenburg, les puissances de l’Entente lancent
plusieurs offensives concertées et à peu près concomitantes sur leurs différents théâ tres
d’opérations. D’autre part, l’Allemagne reprend l’avantage au printemps 1918. C’est
nouvelle contre-offensive qui marque une nouvelle « guerre de mouvement » (mars-
novembre 1918). À partir de mars 1918, l’Entente s'organisent : le commandement en
chef de toutes les troupes alliées est confié au général Foch. Celles-ci disposent en outre
de matériels modernes (chars Renault, avions plus puissants) et de l'aide des Américains
(environ un million d'hommes en 1918). Ainsi, grâ ce à l’aide des Etats-Unis et à l’usage
de ces nouveaux chars et avions, l’Entente remporte la victoire au cours de l’été 1918.
Les troupes allemandes ne cessent de reculer et leurs alliés font défection (la Bulgarie
demande l’armistice en septembre, l’empire Ottoman en octobre, l’Autriche-Hongrie le 3
novembre). Début novembre, le territoire français est quasiment libéré et les alliés
menacent entrer en Allemagne. Une révolution à Berlin précipite les choses. Le Kaiser
doit partir en exil. Le nouveau gouvernement demande l'armistice qui est signée le 11
novembre 1918 dans un wagon en forêt de Rethondes.

Conclusion

La Première Guerre mondiale (1914-1918) a duré quatre ans et illustre une

violence de masse d’un nouvel ordre (inédite) touchant civils et militaires : c’est une
guerre totale. Elle est aussi une guerre mondiale ayant impliqué plusieurs Etats et
plusieurs continents (Etats-Unis, Moyen-Orient). Le traumatisme est encore présent
dans nos sociétés actuelles. La « Grande Guerre » fait plus de 10 millions de morts, dont
près de 9 millions de soldats. C’est un anéantissement total des villes et des populations
(civiles et militaires). Des millions d’autres sont mutilés ou traumatisés. De nombreuses
femmes deviennent veuves et les enfants, orphelins. Les territoires du Nord et de l’Est de
la France et de la Belgique sont les plus touchés par cette guerre (Bataille de la Somme ;
Verdun 1916). L’Europe est endettée et connait des difficultés économiques. Les Etats-
Unis s’imposent sur la scène internationale et révèlent leur superpuissance. Ils
deviennent la première puissance mondiale et sont préservés des combats. Les traités
de paix imposés par les vainqueurs bouleversent la carte géopolitique de l’Europe. La
Société des Nations (SDN) est créée pour maintenir la paix dans le monde. Elle suscite de
nombreux espoirs. L’Europe connait dès lors d’importants troubles sociaux qui trouvent
leur origine dans la révolution russe de 1917. Finalement, avec ses plus de 10 millions
de morts et de disparus, la Grande Guerre a ainsi laissé une Europe à feu et à sang
balayée par les vents de l’Histoire.