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Chapitre 1 : la première guerre mondiale

Le XIXème siècle voit la montée des nationalismes. Des tensions liées à la volonté d’expansion des
pays européens apparaissent, ce qui entraîne la naissance d’alliances défensives : la Triple-Alliance,
ou Triplice, regroupe ainsi l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie dès la fin du XIXème siècle. En
réaction naît la Triple-Entente en 1907, composée de la Russie, du Royaume-Uni et de la France.

L’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, où l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire


d’Autriche-Hongrie, est assassiné, met le feu aux poudres en Europe. En France, Jean Jaurès,
profondément opposé à la guerre, est lui aussi assassiné le 31 juillet 1914. C’était le dernier obstacle
à l’entrée de la France dans la guerre.

1. Quatre années de conflit

1.1. Une guerre courte?

1.1.1. De l'attentat de Sarajevo à la mobilisation générale

L’attentat de Sarajevo est considéré comme l’événement qui cause le déclenchement de la première
guerre mondiale. En effet, l’Autriche-Hongrie pose un ultimatum à la Serbie, qui ne peut l’accepter.
L’Autriche-Hongrie déclare donc la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914 ; en réponse, la Russie, alliée
de la Serbie, déclare la guerre à l’Autriche, puis à l’Allemagne. L’Italie, bien que membre de la Triple-
Alliance, se déclare neutre ; en revanche un accord est signé entre l’Allemagne et l’Empire Ottoman,
qui entrera en guerre en novembre 1914. L’Allemagne adresse dans le même temps un ultimatum à
la France, qui le rejette ; l’Allemagne déclare donc la guerre le 3 août à la France, qui avait d’ailleurs
déclarée la mobilisation générale le 02 août. Le 4 août, le Royaume-Uni rejoint ses alliés en déclarant
la guerre à l’Allemagne. Mis à part quelques pays neutres, l’Europe entière est en guerre.

1.1.2. L'avancée allemande

Les Allemands appliquent le plan Schlieffen : ils attaquent la Belgique, pourtant neutre, pour
contourner les lignes françaises et les prendre à revers. Le général français Joffre parvient cependant
à retourner la situation en lançant une contre-offensive sur la Marne, grâce aux taxis parisiens qui
transportent les soldats : les célèbres taxis de la Marne.

1.1.3. La course à la mer

Après la bataille de la Marne, les deux camps tentent de se contourner en remontant


progressivement vers le Nord ; c’est ce que l’on appelle la course à la mer. Les deux camps n’ayant
pas réussis à se contourner, les lignes de front se figent, du Nord à la Suisse; c’est le début de la
guerre de positions. Pendant ce temps là la guerre continue sur le front russe, où les troupes
allemandes progressent peu à peu.

1.2. La guerre de positions

Une fois arrivés à la mer, plus de possibilité de se contourner; les deux camps se font face.
Guerre de positions: une guerre durant laquelle les adversaires cherchent surtout à maintenir leurs
positions. Elle s’oppose à la guerre de mouvement où prédomine l’offensive.

1.2.1. De novembre 1914 à mars 1918, le front s’enlise

De la fin d’année 1914 au mois de mars 1918, le front se fige et les deux camps s’enterrent dans des
tranchées où la vie est très difficile. Des combats ont lieu en permanence, les soldats montant à
l’assaut pour essayer de gagner quelques mètres. Quelques grandes batailles marquent cette
période, telle la bataille de la Somme en 1916 ou du chemin des Dames en 1917. Le symbole de
cette guerre de positions est la bataille de Verdun, entre février et décembre 1916, qui
cause 379.000 morts, blessés ou disparus côté français et 335.000 côté allemand.

1.2.2. La vie dans les tranchées et les mutineries, à travers la chanson de Craonne

La guerre de positions impose l’utilisation de nombreuses armes adaptées aux combats dans les
tranchées. Les soldats montent à l’assaut, leur fusil équipé d’une baïonnette, et tentent de traverser
le no man’s land. Ils doivent franchir les barbelés sous le feu des soldats ennemis et de
leurs mitrailleuses. De nouvelles armes font leur apparition, comme l’aviation qui sert à repérer les
positions ennemies ou les gaz mortels, utilisés à partir de la bataille d’Ypres en 1915 ; ou encore
les sous marins allemands qui patrouillent dans l’Atlantique. Enfin les tanks vont jouer un rôle
majeur dans la reprise de l’offensive en 1918.

Les conditions de vie dans les tranchées sont très difficiles : les soldats doivent monter à l’assaut,
supporter la boue, la saleté et les bombardements ennemis. Ils attendent impatiemment la relève,
qui leur permettra de passer quelques jours à l’arrière. En 1917, suite à l’offensive du chemin des
Dames, de nombreux soldats n’en peuvent plus, comme on peut le voir dans la chanson de Craonne.
C’est le début des mutineries : les soldats refusent d’obéir aux ordres et de monter à l’assaut.
Beaucoup sont condamnés à mort. Philippe Pétain est nommé général en chef et parvient à rétablir
la situation en améliorant la vie des poilus dans les tranchées. Malgré tout, 49 mutins seront
exécutés.

1.3. La fin de la guerre

1.3.1. 1917 : le grand tournant de la guerre

Deux événements vont se produire en 1917 : les révolutions russes et l’entrée en guerre des Etats-
Unis. Ces deux évènements vont changer le cours de la guerre.

Le 6 avril 1917 le président Wilson, choqué par la guerre sous-marine à outrance pratiquée par
l’Allemagne, fait rentrer les Etats-Unis dans la guerre aux côtés de la France et du Royaume-Uni.
Cependant, les soldats américains ne pourront pas arriver en Europe avant le début de 1918.

En février 1917, une première révolution a eu lieu en Russie et le Tsar Nicolas II a été renversé. En
octobre, les bolcheviks, menés par Lénine, prennent le pouvoir. Ils signent la paix avec l’Allemagne
en mars 1918 à Brest-Litovsk.
1.3.2. Sortir de l’impasse : les grandes offensives du printemps 1918

L’Allemagne, suite à la paix de Brest-Litovsk, n’est plus en guerre que sur un seul front ; une grande
offensive est alors décidée par l’état-major allemand pour mettre fin à la guerre avant l’arrivée des
soldats américains. C’est la fin de la guerre de positions ; les armées alliées, dirigées par le général
Foch, parviennent à résister et bénéficient de l’arrivée de deux millions de soldats américains et de
nouveaux tanks. Le cours de la guerre s’inverse.

1.3.3. L’armistice de Rethondes

Les armées alliées ont repris l’offensive ; le Kaiser Guillaume est renversé en Allemagne et le
nouveau gouvernement va chercher à mettre fin à la guerre. L’armistice, c'est-à-dire l’arrêt des
combats (différent de la fin de la guerre, attention), entre la France et l’Allemagne est signé le 11
novembre 1918 dans la forêt de Rethondes.

2. Une guerre totale

Une guerre totale est une guerre qui mobilise non seulement les combattants mais aussi l’arrière.

2.1. Une économie de guerre

2.1.1. Des usines pour la guerre

La guerre des tranchées demande d’énormes quantités d’armes ; par exemple, plus de deux millions
d’obus sont tirés le premier jour à Verdun, trente millions au total. Les Etats en guerre demandent
donc aux industriels de produire de plus en plus de munitions et de matériel. Ces derniers, comme
par exemple Renault (doc 4 page 25), reconvertissent leurs usines vers la production de matériels de
guerre, ou créent de nouvelles usines.

2.1.2. Impôts et emprunts

Il faut de plus en plus d’argent aux Etats pour payer ces armes et entretenir les troupes. C’est
pourquoi les impôts sont augmentés. Les gouvernements recourent aussi aux emprunts de guerre
(doc 5 page 25) auprès de leur population pour soutenir l’effort de guerre. Enfin, des billets sont
créés, ce qui provoque une hausse des prix.

2.2. Les civils et la guerre

2.2.1. La mobilisation de l’arrière

Dans les usines et dans les champs, les femmes remplacent les hommes partis au combat ; dans les
usines d’armement on parle de munitionettes. Elles jouent un rôle important et vont réclamer, à la
fin de la guerre, plus de droits.

Les pays font également appel à leurs colonies, pour fournir des soldats (voir document 1 brevet
2010) ou des travailleurs.
2.2.2. Les réquisitions

Les civils souffrent d’abord de la mort de leurs proches, mais aussi des pénuries (c'est-à-dire le
manque de quelque chose) d’aliments et de biens de première nécessité.

Dans les régions occupées par les Allemands, comme la Belgique ou le Nord de la France, les
populations sont soumises au travail forcé et aux réquisitions (la confiscation des biens d’une
personne par l’occupant).

2.2.3. Le génocide arménien

Génocide : le massacre d’un peuple en vue de le supprimer entièrement

Le premier génocide du XXème siècle a lieu pendant la première guerre mondiale. Les Arméniens, un
peuple de l’Empire Ottoman, sont massacrés entre 1915 et 1917 par le gouvernement turc qui craint
que les Arméniens ne profitent de la guerre pour réclamer leur indépendance. Le bilan de ce
génocide est extrêmement lourd, sans doute plus de 1,5 millions de morts.

2.3. Guerre et propagande

2.3.1. La propagande

Propagande : Les mesures prises pour répandre une opinion, une idée. La propagande de guerre
consistait à répandre l’idée que tout se passait bien sur le front.

La guerre constitue un traumatisme pour les populations. Pour qu’elles gardent le moral,, les Etats
font de la propagande, en ne diffusant que les bonnes nouvelles, en censurant la presse et le courrier
des poilus. Pour parler de cette dissimulation de la réalité, on parle de « bourrage de crâne » (doc 2
page 24)

2.3.2. Des hommes à poigne

La crise de 1917 sur le front (mutineries) a aussi un impact à l’arrière ; de nombreuses grèves et
manifestations éclatent. De la même façon que Pétain a remis de l’ordre à l’avant, Clémenceau et
d’autres « hommes à poigne) rétablissent la situation à l’arrière en réprimant ces manifestations.

3. Le bilan de la guerre

3.1. Le traité de Versailles et ses conséquences

3.1.1. Les 14 points du président Wilson

En janvier 1918 le président américain Wilson avait émis un texte en 14 points visant à mettre fin à la
guerre grâce à une « paix sans vainqueurs ». Par une série de mesure comme la fin de la guerre sous-
marine, la réduction des armements, le respect des nationalités et des minorités nationales ou
encore le retour de l’Alsace-Moselle à la France, il vise à établir un ordre international plus juste et à
apaiser les tensions européennes. Le dernier point de ce texte parle de la création d’une Société des
Nations garantissant « l’indépendance politique et l’intégralité territoriale des Etats ».
3.1.2. Le traité de Versailles

Une conférence de paix va avoir lieu à Paris à partir de janvier 1919, qui prend pour pont de départ
les 14 points du président Wilson. Entre 1919 et 1920 des traités seront signés entre les Alliés et
chaque pays vaincu. Pour l’Allemagne, le Traité de Versailles vise à l’empêcher par tous les moyens
de refaire une guerre(doc 3 page 31), tandis que les traités avec l’Autriche-Hongrie et avec l’Empire
Ottoman démembrent leurs empires. Enfin, une Société des Nations est créée.

3.1.3. Ses conséquences (voir cartes)

L’Allemagne est jugée responsable de la guerre et sera obligée de payer de lourdes réparations (la
somme que l’Allemagne doit verser aux vainqueurs pour réparer les dommages qu’elle a causés sur
leur territoire) ; elle perd aussi une partie importante de son territoire (Alsace-Moselle, corridor de
Dantzig) et toutes ses colonies (voir cartes page 28 et 31). Enfin son armée est réduite à 100000
hommes et la région du Rhin est démilitarisée et occupée par les Alliés. Les Allemands jugent ce
traité injuste et dicté par les Alliés : c’est le diktat de Versailles.

3.2. Une Europe bouleversée

3.2.1. Décimée

Extrait de la bande dessinée de Tardi.

Entre 1914 et 1919, la guerre a fait près de 11 millions de morts, en comptant les morts de la grippe
espagnole qui a ravagée l’Europe en 1919, ainsi que les victimes du génocide arménien. A cela il faut
ajouter 6 millions d’invalides, laissant de nombreuses « gueules cassées » ; le tableau d’Otto Dix, les
joueurs de Skat, nous en donne une représentation.

En plus d’être décimée, l’Europe est aussi ruinée par quatre années de guerre qui ont détruit une
partie de son territoire et toute son économie. Les Etats sont endettés et doivent malgré tout
financer leur reconstruction, tandis que les prix s’envolent après guerre.

3.2.2. Avec des changements sociaux

La première guerre mondiale a été un véritable traumatisme pour les populations qui l’ont faite. Les
soldats rentrant du front se regroupent en associations d’anciens combattants, prônant pour la
plupart un pacifisme total, avec le souhait que cette guerre soit « la Der des Der ».

Le rôle des femmes et des populations coloniales à l’arrière va modifier aussi leur place dans la
société. Les femmes s’émancipent, et dans certains pays (Etats-Unis, Royaume-Uni…) elles
obtiennent le droit de vote. En France, il faudra attendre 1944 pour qu’elles l’obtiennent. Les peuples
colonisés espèrent quand à eux une amélioration de leur sort, et des personnes commencent à
réclamer l’autonomisation, voire l’indépendance, pour les colonies. Mais ces demandes n’ont pas
encore beaucoup d’échos.

3.2.3. Et qui perd sa dimension mondiale

L’Europe, qui était la première puissance mondiale avant guerre, est ruinée, tandis que les Etats-Unis
se sont enrichis, notamment grâce aux sommes d’argent qu’ils ont prêté aux Européens pendant la
guerre. Ils ont aussi profité de l’affaiblissement de l’Europe pour aller commercer en Amérique latine,
qui était jusque là un marché réservé par les Européens. De la même façon le Japon s’est renforcé en
commerçant avec l’Asie, au détriment des comptoirs européens. L’ordre du monde est bouleversé et
l’Europe est en déclin.

3.3. La vague révolutionnaire

3.3.1. Les révolutions russes

En 1917, les grèves se multiplient en Russie, provoquées par les défaites militaires et les difficultés de
la vie quotidienne. En février le Tsar Nicolas II est renversé et contraint à abdiqué suite à une
révolution qui éclate à Petrograd. Un gouvernement provisoire est mis en place, dirigé par Kerenski.

Cependant ce gouvernement provisoire ne met pas fin à la guerre et les conditions de vie empirent.
Un petit parti, le parti Bolchevik, dirigé par Lénine et Trotski, va profiter de ce mécontentement en
proposant de s’appuyer sur les Soviets, des assemblées composées d’ouvriers, de paysans ou de
soldats et qui se multiplient en 1917. Le 25 octobre 1917 une seconde révolution éclate, et le parti
bolchevik arrive au pouvoir ; Lénine prend tout de suite de nombreuses mesures, notamment celle
de mettre fin à la guerre par le traité de Brest-Litovsk signé avec l’Allemagne le 3 mars 1918, en
cédant presque ¼ du territoire russe. C’est le début de la guerre civile en Russie (voir introduction
Staline).

3.3.2. Son écho en Europe et sa répression

Cette révolution va avoir un écho immense en Europe en 1918 et 1919. Des révolutionnaires ralliés
aux idées du parti bolchevik cherchent à prendre le pouvoir dans de nombreux pays, tandis que de
grandes grèves éclatent dans d’autres (voir carte 3 page 39).

En Allemagne c’est le mouvement spartakiste qui cherche à prendre le pouvoir. Menés par Rosa
Luxembourg et Karl Liebknecht, les spartakistes, ou communistes allemands, lancent une
insurrection, qui sera finalement écrasée entre le 6 et le 13 janvier 1919.

Les différents mouvements révolutionnaires connaissent tous des échecs ; leurs partisans se
regroupent alors dans des partis communistes nationaux et adhèrent à la IIIème internationale
dirigée par le parti communiste russe.

IIIème internationale : l’association regroupant les partis communistes ; ces partis ont acceptés les
conditions de Lénine.

Conclusion :

La première guerre mondiale a été provoquée par les questions de nationalités qui ont déchirées
l’Europe depuis le XIXème siècle. Les quatre années de conflit, et notamment les trois années de la
guerre de positions, ont dévastées et traumatisées l’Europe, qui perd son premier rang mondial.
Malgré la volonté que cette guerre soit la « Der des Ders » et la création de la Société des Nations, les
problèmes ne sont pas réglés. Le Traité de Versailles, ou Diktat de Versailles pour les Allemands,
porte en lui les germes de la seconde guerre mondiale.

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