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La Seconde Guerre mondiale


INTRODUCTION
 Le 13 mai 1940, Winston Churchill s’adresse à la Chambre des Communes et cherche à mobiliser le
Royaume-Uni pour poursuivre la guerre en annonçant « Je n’ai rien à offrir que de la sueur, du sang
et des larmes. »
- Trois jours plus tôt ce conservateur expérimenté était rappelé au poste de Premier ministre par le roi
George VI alors que la France et la Belgique étaient envahis par l’Allemagne.
- A travers son discours, rediffusé deux jours plus tard sur la BBC, Churchill manifeste à la fois le
sentiment d’une dure épreuve à traverser et d’un conflit particulièrement éprouvant pour les
populations.
 La guerre fut à la fois une guerre mondiale et une guerre totale.
- L’affrontement entre les nations fut aussi un affrontement idéologique intégrant notamment les
régimes totalitaires.
- Ainsi cette guerre amena des violences massives et un rejet absolu de l’ennemi.
 Elle reste à ce jour le conflit le plus important de l’histoire de l’humanité.
- Vaincue et occupée, la France connut une épreuve particulière au cours de laquelle certains
Français résistèrent quand d’autres collaborèrent et que la majorité restait attentiste et surtout
préoccupée de sa survie quotidienne.

 En quoi la Seconde Guerre mondiale a-t-elle bouleversé la France et le monde ?

- On verra pour commencer que la Seconde Guerre mondiale fut une planétaire puis nous étudierons
les différents aspects du déchainement des violences qui caractérise ce conflit avant d’examiner le
cas particulier de la France.

1) Une guerre planétaire

1.1) Les victoires de l’Axe jusqu’en 1942

 Dans un premier temps la guerre fut marquée par les conquêtes de l'Axe.
- La guerre commence en Asie en juillet 1937 avec l’invasion de la Chine par le Japon à partir de la
Mandchourie, annexée dès 1932.
- Le Japon étend ensuite progressivement son emprise à toute l’Asie de Sud-Est.
- Parallèlement, l’alliance avec l’Allemagne et l’Italie élaborée dès 1936 avec le Pacte anti-Komintern
s’affirme avec la signature le 27 septembre 1940 du Pacte tripartite.
- Dans les mois qui suivent d’autres nations rejoignent l’Axe : Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie.
 L’Allemagne pour sa part s’assure du contrôle d’une bonne partie de l’Europe après avoir franchit la
frontière polonaise le 1er septembre 1939.
- Elle applique les méthodes de la blitzkrieg (concentration massive de chars et d’avions pour
progresser rapidement).
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- La Pologne est vaincue en quatre semaines.


- Après l’invasion du Danemark et de la Norvège, l’Allemagne s’occupe de la France avec autant de
succès en mai 1940 : l’armistice est signé le 22 juin 1940.
- Seul le Royaume-Uni semble encore résister avec difficulté, confronté à une « bataille
d’Angleterre » qui voit l’Allemagne choisir de bombarder massivement les îles britanniques qui
résistent cependant grâce à la Royal Air Force et à une innovation capitale, le radar.
 Parallèlement, la guerre se développe en Afrique.
- Initialement prévue pour permettre à l’Italie de reconstituer un empire méditerranéen, l’Afrique du
Nord voit débarquer les troupes de l’Afrika Korps face aux difficultés de l’allié italien.
- Il en fut de même en Grèce que les troupes allemandes occupent après être passées par la
Yougoslavie.
 Même si la situation n’est pas totalement sous contrôle en Afrique et que le Royaume-Uni n’est pas
vaincu, ces succès initiaux ajouté à la croyance d’appartenir à une race supérieure encouragent Hitler à
rompre le pacte germano-soviétique.
- L’Allemagne se lance ainsi à la conquête de l’URSS en déclenchant par surprise l’opération
« Barbarossa » en juin 1941.
- L’avancée allemande est importante mais elle n’est cependant pas suffisante alors que l’hiver russe
s’installe.
- Pendant ce temps, Staline œuvre à la mobilisation des Russes, pratique la politique de la terre brûlée
et fait transférer les infrastructures industrielles à l’Est.
 De son côté le Japon prend l’initiative d’un conflit avec les Etats-Unis qui s’avère de plus en plus
probable.
- Le 7 décembre 1941, le Japon attaque la base navale de Pearl Harbor au cœur du Pacifique, une
région que les impérialismes nippon et américain convoitent depuis la fin du XIXe siècle.
 Mais l’arrivée conjointe dans le conflit des puissances soviétique et américaine fut en réalité fatale pour
un Axe présomptueux et aveuglé par son sentiment de supériorité.

1.2) Un rapport de force qui s’inverse lentement (1942-1943)

 A partir de l’entrée en guerre des Etats-Unis et de l’URSS, la guerre change de nature : la blitzkrieg a
échoué, le conflit dure.
- La capacité à mobiliser son économie pour produire de l’armement devient déterminante.
- Epargnés sur leurs territoires, les Etats-Unis font alors preuve d’une capacité de production bien
supérieure aux autres belligérants.
 Parallèlement, l’Axe subit une série de défaites qui inversent la dynamique du conflit.
- Les Etats-Unis s’imposent dans le Pacifique à Midway (juin 1942) et Guadalcanal (août 1942-
février 1943).
- En Afrique du Nord, les troupes britanniques de Montgomery stoppent celles de Rommel à El-
Alamein (octobre-novembre 1942).
- Enfin, sur le front de l’Est, la bataille de Stalingrad marque un tournant décisif.
 Contre l’avis de l’état-major qui pense qu’il divise dangereusement les forces allemandes, Hitler veut
mettre la main sur le pétrole du Caucase ainsi que Stalingrad, ville industrielle qui porte le nom de
Staline (enjeu symbolique).
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- Face aux Allemands, Staline ordonne une résistance acharnée : les soldats soviétiques qui reculent se
font exécuter par l’Armée Rouge.
- La Wehrmacht entre dans la ville mais ne parvient pas à la contrôler intégralement.
- Une contre-offensive soviétique peut s’organiser : l’armée de Paulus est encerclée par l’armée
soviétique.
- Les combats se font à l’intérieur de la ville, quartier par quartier, habitation par habitation.
- Hitler refuse de suivre les conseils de Paulus qui lui recommande de se replier.
- Paulus est contraint de capituler.
 Bien peu d’Allemands survivront à leur incarcération dans les camps soviétiques (5 000 sur 91 000
prisonniers).
- Le bilan est très lourd, comparable à la bataille de Verdun (300 000 soldats soviétiques venant
s’ajouter aux 150 000 victimes allemandes).
 Après ce premier revers sur le front de l’Est, la défaite allemande se profile progressivement.
- La victoire soviétique signe la première grande défaite du Reich et montre les limites du
commandement stratégique du führer.

1.3) La reconquête des Alliés (1943-1945)

 Dès 1943, la dynamique devient très clairement défavorable à l’Axe.


- Un premier débarquement allié est réussi en Afrique du Nord dès novembre 1942.
- Il permet d’opérer une offensive dans la péninsule italienne à partir de la Sicile en juillet 1943.
- Mussolini est alors chassé du pouvoir alors que les Alliés progressent dans le Sud du pays.
- L’intervention allemande freina cette progression et libéra Mussolini cantonné dans la ville de Salo
jusqu’à son exécution par des résistants communistes (28 avril 1945).
 En Asie et dans le Pacifique, les Américains progressent.
- Mais la reconquête est lente mais aboutit aussi progressivement à la perte des possessions
nippones.
- La guerre est aéronavale et les Américains doivent y faire face au fanatisme des combattants japonais
prêts à se sacrifier dans leurs avions remplis d’explosifs (kamikaze).
- La multiplicité des îlots entraine l’isolement des soldats, certains restant persuadés que le conflit se
poursuit après la fin de la guerre.
 Pour mettre fin à la guerre, les Alliés vont mettre au point différentes stratégie.
- La bataille de Normandie est une étape importante de la libération de l’Europe.
- L’opération Overlord est prévue par la conférence de Téhéran au même moment que l’opération
Bagration à l’Est pour empêcher les Allemands de se regrouper sur le même front.
- Eisenhower est choisi pour diriger les opérations.
- Les opérations commencent dans la nuit du 5 au 6 juin par le parachutage en arrière de la côte pour
tenir les voies de communication (ponts…).
- Puis les navires alliés bombardent les fortifications allemandes.
- Plus de 150 000 soldats étatsuniens, britanniques, canadiens débarquent ensuite sur les plages du
Cotentin.
- Le débarquement a été parfois meurtrier, notamment à Omaha Beach.
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- Une fois la côte prise, le débarquement d’hommes et de matériel se fait en continu sur les plages
reconquises mais surtout dans le port de Cherbourg et dans les deux ports artificiels de Vierville et
Arromanches.
- La reconquête de la Normandie est progressive, du 6 juin au 21 août.
- Cette « bataille de Normandie » fait près de 220 000 morts et blessés du côté des Alliés (avec les
pertes civiles) contre 250 000 du côté des Allemands, avec des batailles meurtrières pour la reprise
des principales villes : Cherbourg, Caen, Saint-Lô, Falaise.
- Ainsi le bilan est très favorable aux Alliés.
 C’est le début de la reconquête de l’Europe par l’ouest.
- L’armée allemande semble désormais affaiblie alors qu’un nombre toujours plus nombreux de
soldats alliés débarque sur le sol européen.
- Les États-Unis, accueillis comme des libérateurs, renforcent leur influence dans les territoires libérés.
- Néanmoins, des abus existent de la part des « libérateurs ».
 L’opération Bagration a duré du 22 juin jusqu’au 19 août 1944.
- Les Soviétiques sont beaucoup plus nombreux que les Allemands et leur offensive a été facilitée par
le débarquement en Normandie qui a fixé les armées allemandes à l’Ouest.
- Ils ont aussi plus de matériel (chars, avions, canons).
- Les avions bombardent les troupes ennemies, puis les tanks avancent, suivis ou accompagnés de
l’infanterie, encerclant sur leur passage les troupes ennemies.
- L’Armée rouge progresse : libération de la Biélorussie, d’une partie des pays baltes et de la Pologne.
- Le bilan est très favorable aux Soviétiques : pertes importantes des Allemands (près de 300 000
morts et 150 000 prisonniers) ; victoire psychologique et politique essentielle pour les Soviétiques.
 Face à l’avancée conjointe des alliés à l’Est comme à l’Ouest, l’Allemagne finit par capituler le 8 mai
1945 alors qu’Hitler s’était suicidé dans son bunker de Berlin le 30 avril.
- En Asie, la guerre se poursuit cependant.
 Le bombardement nucléaire est décidé par le président américain Harry S. Truman.
- Le 6 août, un bombardier appelé Enola Gay, parti de Tinian dans les îles Mariannes, largue une
bombe à l’uranium (Little Boy) sur Hiroshima.
- Le 9 août, un autre avion du nom de Bockscar largue une bombe au plutonium sur Nagasaki (Fat
Man).
- Celle-ci provoque un champignon nucléaire qui monte à plus de 18 km d’altitude.
- Dans son discours du 9 août 1945, Truman explique l’utilisation de l’arme nucléaire par sa volonté de
mettre fin rapidement à la guerre, de sauver des vies américaines et la justifie par la cruauté des
Japonais à l’égard des prisonniers américains et le manque de respect des lois de guerre
internationales.
- Il ne dit pas qu’il s’agit aussi de terminer la guerre avant que l’Armée rouge n’occupe un trop
large territoire en Asie.
- Les conséquences des bombardements nucléaires sont terribles : un grand nombre de morts
immédiats (70 000 à Hiroshima, 40 000 à Nagasaki) et des dizaines de milliers de blessés graves qui
mourront ensuite de leurs blessures et des irradiations ; destruction presque totale d’Hiroshima (90
%) et d’une grande partie de Nagasaki.
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- Le bombardement accélère la fin de la guerre : l’empereur Hirohito décide après quelques jours de
réflexion de demander la capitulation du Japon, qui est signée le 2 septembre 1945.
 D’une certaine manière, l’utilisation de l’arme atomique qui met fin au conflit illustre bien l’ampleur des
violences qui le caractérise.

2) Une guerre d’anéantissement

2.1) Des crimes de masses

 Dès ses débuts en Asie, la guerre se caractérise par des massacres massifs.
- Les Japonais veulent ainsi instituer une pacification par la terreur.
- La ville de Nankin qui était alors la capitale de la Chine en fit l’expérience en décembre 1937.
- Les Japonais veulent en faire un exemple pour permettre une soumission plus facile du reste de la
Chine littorale.
- Les Japonais pensent être en mission divine (guerre sainte) et sont convaincus de la supériorité du
Japon.
- Ils sont conditionnés pour n’éprouver aucune pitié.
- Les soldats sont exécutés, les femmes violées, les populations civiles dans leur ensemble victimes de
violences.
 Pour les Japonais, les Chinois vaincus sont méprisés et soumis à toute sorte de traitement
dégradant.
- Les exactions japonaises furent nombreuses pendant la guerre.
- Les femmes furent l’objet d’une exploitation sexuelle à travers la prostitution forcée de dizaines de
milliers de « femmes de réconfort ».
- En Thaïlande, un « chemin de fer de la mort » est construit grâce au travail forcé.
 Les Chinois sont soumis à toute sorte d’expériences de la part notamment de l’unité 731.
- Shirō Ishii, officier japonais et chirurgien en est à l’origine.
- Elle vise à créer des armes bactériologiques pour l’armée japonaise en Mandchourie (Nord-Est de la
Chine).
- Différentes expérimentations médicales sont menées où on ne se préoccupe pas de la survie des
cobayes (vivisection par exemple).
- Des armes biologiques sont expérimentées sur des villages (entre 300 000 et 580 000 victimes).
- Après la fin de la guerre, les Américains cherchent à récupérer les résultats des travaux de l’unité 731.
- Shirō Ishii travaille alors pour les Américains et échappe à la justice internationale.
 En Europe aussi, dès les débuts de la guerre amènent des massacres sont perpétués.
- En Pologne, ce sont les Soviétiques qui en sont les auteurs.
- A Katyn, lors de l’invasion de la Pologne, l’Armée rouge se livra aussi à un massacre de masse en
éliminant toute une partie de l’état-major polonais.
- Des milliers d’officiers polonais sont exécutés.
- Le NKVD se charge des exécutions.
 S’ils ne furent pas responsables des massacres de Katyn, les nazis furent néanmoins à l’origine de
bien des horreurs dans ce conflit.
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2.1) Le génocide des Juifs et des Tsiganes

 Le Reich soumet à sa domination une bonne partie de l’Europe même s’il échoue à faire tomber
le régime stalinien.
- Avant ses conquêtes, le Reich soumet de nombreuses populations juives qu’il avait
préalablement cherché à chasser d’Allemagne.
 Cela amène le nazisme à préciser sa politique vis-à-vis des juifs.
- La politique nazie à l’égard des juifs s’élabore progressivement.
- Les Juifs furent d’abord enfermés dans des ghettos.
- Une police juive est mise en place (Judenrat) qui doit collaborer avec les nazis.
- Sans ravitaillement, dans des conditions d’entassement effroyables les juifs y sont victimes
de la faim.
- Des révoltes éclateront, comme à Varsovie, avec comme résultat l’arrestation et
l’extermination de leurs auteurs.
 Les Einsatzgruppen sont des divisions SS qui accompagnent l’armée allemande lors de l’invasion de
l’URSS et sont chargées de regrouper et d’assassiner les juifs : la « shoah par balles ».
- La « shoah par balles » s’intègre à une guerre d’anéantissement menée sur le front de l’Est
qui cible également les civils et les prisonniers soviétiques.
- Ces massacres impliquent la Wehrmacht (armée allemande) chargée d’aider les commandos
à commettre ces assassinats massifs.
- Ils posent de nombreux problèmes logistiques et humains qui amènent les autorités nazies
à mettre au point d’autre méthodes d’extermination.
 Himmler et Heydrich planifie alors la « solution finale au problème juif » : des chambres à gaz
sont édifiées dans des camps d’extermination.
- Une sélection s’opère dès l’arrivée des convois.
- Les plus faibles des déportés sont directement mis à mort, les autres (25 à 30%) sont
exploités pour participer à l’effort de guerre.
- D’autres peuvent être l’objet d’expériences médicales.
 La survie impose une collaboration avec les Allemands qui utilisent des juifs pour encadrer le
génocide, les Sonderkommandos.
- Ils aident les détenus à se déshabiller, vide les corps de la chambre à gaz, les brûlent après
avoir collecté ce qui avait de la valeur (dent en or).
- Des fours crématoires sont ainsi utilisés pour se débarrasser des corps.
- Comme dans les ghettos, des actes de révolte peuvent exister.
- 5 à 6 millions de juifs sont victimes de la Shoah.
 Les Tsiganes furent aussi une cible de la politique d'extermination nazie : 220 000 victimes (22%
des Tsiganes d’Europe) : Samudaripen.
- Trois groupes ethniques constituent alors la population tsigane européenne : Roms (Europe
orientale), Sinti (Allemagne et France) et Gitans (Espagne et sud de la France).
- Ils sont victimes de différentes politiques menées par les nazies et leurs alliés : massacres,
stérilisation ghettoïsation puis déportation.
- A l’image des juifs, les tsiganes ne sont pas l’objet d’une politique d’extermination planifiée à
l’avance.
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- À Auschwitz-Birkenau, ils ne sont pas directement assassinés, peuvent vivre en famille avec
leurs enfants et ne travaillent pas.
- Finalement, on prend la décision de les exterminés dans la nuit du 1 er au 30 août 1944.
- Les enfants tsiganes sont victimes des expériences médicales nazies.
 La France ne fut pas épargnée par cette violence de masse caractérisant la Seconde Guerre
mondiale.

3) La France dans la guerre

3.1) L’Etat français de Vichy

 Dans un premier temps, l’affrontement entre la France et l’Allemagne est limité.


- On qualifie de « Drôle de guerre » la période de septembre 1939 à mai 1940 car aucun
n’affrontement direct n’a lieu entre les armées engagées sur le territoire français.
- Mais en mai 1940, l’Allemagne lance son offensive et elle est foudroyante.
- Elle provoque l’exode des Français.
 Dotée d’une image de « vainqueur de Verdun », le maréchal Pétain intègre le 18 mai 1940 le
gouvernement en tant que vice-président du Conseil.
- Le 17 juin, ce dernier devient chef du gouvernement et annonce officiellement sa volonté
de signer l’armistice.
- Elle le fut quelques jours plus tard, le 22 juin, à Rethondes.
- C’est pour l’Allemagne l’occasion de vaincre l’affront de la défaite de 1918.
- La moitié nord du pays est alors occupée par l’armée allemande.
- A partir de 1942 c’est l’ensemble du territoire qui accueille l’armée allemande pour faire
face à un éventuel débarquement en Méditerranée.
 Malgré son âge avancé (84 ans), le maréchal apparaît comme l’homme providentiel capable
d’exercer le pouvoir dans ces circonstances difficiles.
- Le gouvernement qu’il dirige s’installe à Vichy, en zone non occupée.
- Députés et sénateurs y sont convoqués début juillet 1940.
- Pétain leur demande alors de lui confier les pleins pouvoirs afin de « promulguer une
nouvelle constitution de l’Etat français ».
- Une large majorité y consent, c’est la fin de la IIIe République qui s’achève par un
« suicide ».
 En quelques jours, plusieurs « actes constitutionnels » sont rédigés.
- Pétain devient chef de l’Etat et du gouvernement.
- Les pouvoirs exécutifs et législatifs lui sont confiés alors que les assemblées sont
suspendues.
- Tous les principes démocratiques et les libertés individuelles disparaissent.
 C’est une dictature autocratique qui s’installe.
- Elle répond aux désirs des antiparlementaristes opposés à la République démocratique et
forme ainsi un véritable projet politique.
 Le nouveau régime n’est pas qu’un régime de circonstance.
- L’extrême droite nationaliste et cléricale soutient le projet politique du maréchal.
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 Le nouveau régime entend ainsi mettre en place un projet politique en opposition avec la IIIe
République.
- Elle est présentée comme générant le désordre et le chaos.
- Elle est censée avoir mené une politique anti-française générée par les juifs et les socialo-
communistes en particulier.
- Les anciens dirigeants républicains sont rendus responsables de la défaite et de la décadence
de la France (procès de Rioms, 1942).
 L’autorité, l’obéissance et l’effort remplacent les valeurs républicaines d’égalité, de liberté et de
droits : « travail, famille, patrie »
- La mention de la paysannerie et de l’artisanat montre que c’est sur l’ancienne France, sur la
tradition qu’entend s’appuyer le régime (régime réactionnaire, qui prend modèle sur le
passé) en rupture avec les idéaux de la Révolution française (idéologie réactionnaire).
 Un nouveau système économique et social est ainsi promu par le régime de Vichy et annoncé par
Pétain.
- Il repose sur le respect des hiérarchies et la soumission à l’autorité plutôt que sur une
liberté jugée dangereuse.
 La famille traditionnelle et patriarcale est mise en avant.
- L’autorité du père répond à celle du maréchal sur la France.
- La femme est célébrée dans ses tâches domestiques et maternelles : le régime officialise
la fête des mères dans cette optique.
- L’école est réformée afin de transmettre les valeurs de l’Etat français comme le respect des
hiérarchies sociales.
- Le modèle laïc est abrogé avec le retour du catéchisme.
 Un culte de la personnalité se développe autour du maréchal.
- Il est célébré comme le sauveur d’une patrie « éternelle ».
- L’hymne Maréchal nous voilà remplace la Marseillaise interdite par l’occupant.
- Les fonctionnaires sont obligés de prêter serment et de servir le chef de l’Etat et son
nouveau régime.
 Par ailleurs, le régime de Vichy va se signaler par un système de répression politique.
- Dès l’été 1940, des arrestations de personnalités politiques ont lieu.
- Il s’agit surtout de socialistes (Léon Blum ou Jean Zay) et de communistes.
- Toute forme d’opposition est ensuite interdite et réprimée.
- Les réfugiés étrangers, notamment espagnols et juifs fuyant le nazisme avant la guerre, sont
enfermés dans des camps d’internement.
 Rapidement, le régime se distingue par sa politique antijuive.
- A partir d’octobre 1940, un statut des juifs est promulgué.
- Les juifs doivent se faire recenser.
- Certains perdent leur nationalité française, ils sont exclus de nombreuses professions.
- En 1941, ils sont expropriés de leurs biens et le plus souvent réduit à la misère.
- Une propagande antisémite est mise en place (vidéo « Le juif et la France »).
 Le régime de Vichy se rend par la suite complice de la Shoah. (vidéo « Camp de Pithiviers »).
- Le 16 juillet 1942, la police française procède à la rafle de 13 000 juifs étrangers réunis au
Vel’ d’Hiv’ puis déportés.
- Au final, c’est tout un ensemble de camps d’internement qu’édifie le régime de Vichy.
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 En 1943 est créée la Milice.


- Héros de la Grande Guerre, Joseph Darnand en prend la tête pour vaincre l’ennemi
communiste.
- La Milice traque résistants et juifs.
- Elle s’appuie sur une étroite collaboration avec l’Allemagne nazie.
 D’ailleurs, le régime de Vichy va aller au-delà des demandes allemandes et mettre en place une
politique de collaboration d’Etat sur les plans politique, économique et culturel.
- Pour certains, comme Pierre Laval, il s’agit d’aider l’Allemagne dans sa lutte contre le
bolchevisme.
- On prépare ainsi la place de la France dans la nouvelle Europe.
- Pour d’autres il est question d’alléger les conditions d’armistice.
 La collaboration est officialisée à l’issue d’une rencontre entre Pétain et Hitler à Montoire le 24
octobre 1940.
- Elle est ardemment souhaitée par les collaborationnistes qui s’engagent par idéologie
derrière l’Allemagne nazie.
- Outre l’existence de formations politiques collaborationnistes, de nombreux intellectuels et
artistes s’engagent dans la collaboration.
- Au final, elle n’amène que peu d’amélioration aux conditions d’armistice, la zone libre
étant elle-même occupée à partir de 1942 par des Allemands soucieux de se préparer à un
probable débarquement allié.
 Face au régime Vichy, l’opinion se montre dans un premier temps plutôt favorable mais la non
amélioration des conditions de vie nuit à son crédit.
- Une partie des Français choisissent même de s’opposer en entrant en résistance.

2.2) Des résistances à la Résistance

 Depuis Londres, le général de Gaulle va petit à petit s’imposer comme le chef de la « France
libre ».
- Issu d’une famille catholique traditionnaliste (son père est monarchiste et lecteur de l’Action
française), Charles de Gaulles fait une brillante carrière militaire.
- Lors de la Première Guerre mondiale, plusieurs fois blessés, il finit par être capturé par les
Allemands.
- Il sert alors sous les ordres de Pétain qui continue de suivre le jeune militaire dans l’entre-
deux-guerres quand celui-ci se fait remarquer par ses théories sur l’usage des blindés.
 Ses relations politiques l’amènent à occuper brièvement le poste de sous-secrétaire d’Etat à la
Guerre et à la Défense nationale à partir du 6 juin 1940.
- Chargé de coordonner l’action militaire avec le RU, il rencontre alors Churchill.
- Apprenant la formation du gouvernement de Pétain et sa volonté de signer l’armistice, il se
décide à regagner Londres.
 Le 18 juin 1940 il lance depuis la BBC un appel à continuer le combat.
- De Gaulle y exprime des valeurs militaires (honneur) et patriotiques.
- Il estime la lutte possible grâce au soutien des Britanniques (et celui à venir des Américains)
et des colonies françaises.
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- On perçoit dans son appel une revanche personnelle contre des autorités militaires qui n’ont
pas suivi ses recommandations.
- Il appelle les Français à continuer le combat sous son autorité.
 Cet « appel du 18 juin » est mythique dans la mémoire nationale et est considéré comme le point
de départ du mouvement de résistance.
- En réalité, il fut confidentiel (bien peu de Français écoutent la BBC le 18 juin 1940).
 Ainsi bien peu nombreux sont ceux qui viennent former à ses côtés les forces françaises libres
(FFL) dans un premier temps.
- Mais de Gaulle dispose du soutien de Churchill qui lui permet de s’exprimer chaque jour à
la BBC.
 De Gaulle va ainsi avoir les moyens de développer son autorité.
- En 1941, il crée à Londres le Comité national français, une sorte de gouvernement
parallèle qui lui permet de s’affirmer face aux Américains, plus réticents que Churchill à
reconnaître sa légitimité.
- Bien que sympathisant de la monarchie, il affirme aussi très tôt sa volonté de refonder après-
guerre une république démocratique.
 Pour constituer son armée, de Gaulle compte sur les colonies.
- Ainsi dès 1940, grâce au gouverneur du Tchad Félix Eboué, il obtient le ralliement de l’AEF.
- Le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord lui offrira celui des colonies du
Maghreb bien qu’il doive une nouvelle fois faire face à la méfiance de Roosevelt qui lui
préfère dans un premier temps général Giraud pour les diriger.
 Les FFL participent alors à certaines opérations militaires en Afrique et au Moyen-Orient.
- Mais de Gaulle doit aussi composer avec la résistance intérieure diversifiée et faire en sorte
de lui imposer son autorité.
 Dès l’été 1940, des actes isolés (tracts, graffitis) manifestent le refus de l’occupation de la part de
certains Français qui s’engagent dès les premières heures dans la Résistance.
- Petit à petit des groupes de résistants se constituent dans la clandestinité.
- Des réseaux de résistance (Libération ou Combat en zone Sud, Défense de la France en zone
Nord).
- Ils diffusent des journaux afin de mobiliser la population.
- Le premier combat de la résistance est un combat politique.
 Ces réseaux recrutent dans des milieux variés.
- Politiquement aussi les résistances sont diverses.
- La proportion de jeunes est forte.
- La gauche est toutefois mieux représentée.
- Les partis de droites ont majoritairement choisi de soutenir le régime de Vichy mais
certains de leurs sympathisants, tel de Gaulle, n’acceptent pas la soumission à l’Allemagne.
 La rupture du pacte germano soviétique amènera par ailleurs les communistes à intégrer
massivement les réseaux de Résistance.
- Ils se regroupent au sein du réseau Francs-tireurs et partisans créés en 1941.
 Les actions de la Résistance intérieure sont variées et répondent à différents objectifs.
- Il s’agit d’informer la population, de collecter des informations et de harceler l’occupant.
- Les tracts et la presse cherchent à contrer la propagande vichyssoise.
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- Des services de renseignement transmettent à Londres des données sur l’armée


allemande ou l’administration de l’Etat français.
- La Résistance aide les prisonniers évadés et les juifs à se cacher et/ou à fuir.
- Enfin la Résistance armée participe à l’effort de guerre par des sabotages ou des
assassinats contre les autorités nazies ou collaboratrices.
 L’organisation du mouvement est complexe et les risques sont énormes.
- L’engagement dans la Résistance implique souvent la clandestinité.
- La répression menée par les Allemands et l’Etat français est sans pitié et nombreux sont ceux
qui paient de leur vie leur engagement.
 La propagande cherche à discréditer la Résistance à l’image de celle mise en place contre le
« groupe Manouchian » à l’occasion de l’exécution de 23 de ses membres.
- Ce groupe est formé de résistants qui sont pour la plupart étrangers.
- La propagande allemande ou vichyssoise s’emploie à les présenter comme des criminels
pour décrédibiliser l’action de la Résistance.
 Très minoritaires, les Résistants sont néanmoins de plus en plus nombreux à mesure que la
guerre dure.
- La création en 1943 du STO (service de travail obligatoire qui mobilise les hommes entre 20
et 23 ans pour travailler en Allemagne) renforce ses effectifs.
- Si la propagande allemande et vichyssoise cherche à mobiliser la population face au danger
communiste, la Résistance cherche à profiter de l’occasion pour recruter.
- Ceux qui refusent de partir travailler en Allemagne rejoigne ainsi les « maquis ».
- On surnomme ainsi les lieux difficiles d’accès où se regroupent les résistants.
 Diverses et non coordonnée, la Résistance intérieure va finalement s’unir et se rapprocher de la
France libre.
 Pour s’assurer de sa légitimité, de Gaulle doit faire en sorte de s’imposer à la résistance
intérieure et l’unifier sous son autorité.
- C’est la mission qu’il confie à Jean Moulin au début 1942.
- En quelques mois il parvient à fédérer les différents mouvements de résistance qui ont
besoin de l’appui de la « France libre » et par son intermédiaire de celui des Alliés.
 En mai 1943 est ainsi fondé le CNR, le Conseil National de la Résistance.
- Tous les partis politiques, syndicats et mouvements divers issus de la Résistance y sont
représentés.
- Bien que penchant nettement à gauche, il accepte de reconnaître l’autorité du général de
Gaulle.
- Les groupes armés sont unifiés et deviennent les FFI (Force française de l’intérieur).
- Le CNR élabore également un programme politique applicable à la libération du territoire.
- Adoptant un modèle social et keynésien, il prépare l’Etat-providence.
 Avec la libération du territoire national qui a commencé au Maghreb dès 1942, de nouvelles
autorités issues de la Résistance se forment.
- En juin 1944, les territoires libérés sont ainsi dirigés par un GPRF (gouvernement
provisoire de la République française) sous l’autorité de Charles de Gaulle.
 FFL et FFI participent à la libération du territoire.
- Même si celle-ci relève avant tout de l’action des Alliés, leur apport n’est pas négligeable.
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- A Paris, les FFI lancent le 19 août une insurrection qui s’achève le 25 avec l’arrivée des chars
du général Leclerc.
- Le lendemain, la foule accueille de Gaulle de retour sur le territoire hexagonal.
 Le GPRF va alors faire en sorte d’établir son autorité sur le territoire national.
- Pour rétablir l’ordre, il doit aussi désarmer les FFI (qui virent affluer un grand nombre de
« résistants de la dernière heure ») et organiser l’épuration.
 Durant l’été 1944, une épuration spontanée donne en effet lieu à de nombreux débordements.
- Des tribunaux improvisés s’en prennent aux miliciens, aux trafiquants du marché noir, à
certains patrons, à des femmes accusées d’avoir eu des relations avec l’occupant.
- Des châtiments humiliants, des règlements de compte personnels, des lynchages rendent
cette épuration inacceptable pour le nouvel ordre républicain.
 L’Etat organise alors une épuration légale.
- Des cours de justice sont mises en place pour juger les collaborateurs.
- Pétain et Laval sont soumis à un procès médiatisé.
- Tous les deux sont condamnés à mort mais Pétain voit sa peine modifiée et est condamné à
la prison à vie tandis que Laval est exécuté.
 Même si certains jugent qu’elle fut excessive, l’épuration apparaît ainsi inégale et incomplète.
- Le nouveau régime entend faire des symboles et ne pas se priver des anciennes élites
économiques et politiques.
- Celles-ci furent pourtant majoritairement compromises dans la collaboration même si ce
fut souvent par passivité ou opportunisme plus que par adhésion politique.
- La volonté de présenter la France comme unanimement résistance contribue aussi à cette
amnésie même si c’est surtout l’attentisme et la passivité qui caractérisa la population
française pendant l’épreuve.
- Par ailleurs, le processus d’épuration s’achève vite et donne lieu à une série d’amnisties.
 Enfin la France après la fin de la guerre va assez rapidement être confrontée à un autre conflit qui
menace son unité : la Guerre froide.

CONCLUSION
 En quoi la Seconde Guerre mondiale a-t-elle bouleversé la France et le monde ?
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 La grande alliance parviendra-t-elle à survivre à la guerre ?


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Défaite collaboration et résistance en France

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