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UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES


ECONOMIQUES ET SOCIALES – FES -

PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX

SEMESTRE 3

Professeurs : DEBBAGH Bouchra


MAGDOUD Amina

SUPPORT DU COURS N°2

Année universitaire 2020/2021

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4) Conséquences de l’industrialisation :

La supériorité technique et démographique de l’Europe sont les instruments de sa domination


sur le monde.
a) Les conséquences économiques :

◄L’évolution de la production industrielle.

Le résultat le plus tangible a été l’accroissement sans précédent du volume de la production


industrielle, les industries nouvelles exerçant mutuellement des effets d’entraînements en
amont et en aval.
Mais cet accroissement ne fût possible que grâce aux gains de productivité :

- Dans les industries extractives ces gains ont été plutôt modestes.
- Dans les industries manufacturières ces gains furent très élevés, avec de fortes
différences selon les secteurs.

Par exemple, le rythme de progression de la productivité dans l’industrie du bois a été


considérablement plus lent que dans la sidérurgie.

- Dans les transports les gains de productivité furent très importants.


En 1880 la longueur du réseau des chemins de fer des pays développés atteignait déjà 340.000
Km.
Entre 1860 et 1913, la production industrielle mondiale a augmenté de 7 fois, ce qui
représente un taux de croissance annuel de l’ordre de 3,7% .

◄ L’évolution des échanges commerciaux


Ces augmentations de la productivité et de la production ont entraîné et suscité un
accroissement encore plus considérable des échanges à la fois sur le plan local, national et
international :

- Sur le plan intérieur, le développement économique implique l’inclusion de


l’ensemble des ménages dans l’économie de marché.
- Sur le plan extérieur, la baisse des coûts de transport et la colonisation sont deux
éléments complémentaires ayant favorisé les échanges et ayant élargi la zone
géographique des pays touchés par la RI.
- Intensification de la mobilité internationale des capitaux grâce au réseau
télégraphique et au téléphone: transmission instantanée de l’information qui ouvre la
voie à la mobilité des capitaux et à une intégration financière internationale.
- Libéralisation et mondialisation: la constitution de réseaux de communications de
transport et de flux commerciaux entraine une mobilité accrue de facteurs de
production.

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- Mouvements de capitaux, de marchandises, de technologies et des hommes (flux
migratoires importants).
- La libéralisation des échanges s’inscrit dans un contexte de protectionnisme national
régulateur du commerce extérieur et du développement économique à l’abri de la
concurrence extérieure.

Exemple : de 1800 à 1860 le commerce extérieur a été multiplié par 6, il en a été de même
pour la gamme des produits faisant l’objet du commerce entre le monde occidental et le reste
du monde (cacao, café, sucre, épices…)

◄ L’évolution de la consommation et du niveau de vie.

L’effet combiné de tous ces progrès aussi bien agricoles, qu’industriels, va conduire à une
modification dans la structure économique et sociale de la vie des populations, et à une très
forte augmentation de leur niveau de vie.

- Sur le plan agricole et alimentaire.

Les bouleversements de la productivité expliquent la baisse des prix agricoles et la


modification dans la structure de la population active (voir tableau 2). Si l’on prend l’exemple
de l’aliment de base « le pain » on est placé devant l’évolution suivante :
- au début du 18°s un manœuvre devait en moyenne travailler 4 heures afin de payer
un kilo de pain.
Entre 1860 et 1880 le kilo ne coûte même plus l’équivalent d’une heure de travail.
(Actuellement dans les pays développés occidentaux, quelques minutes seulement suffisent)
Ainsi, le pain était devenu très accessible dans les pays avancés de l’époque (GB, France,
Suisse…).
- Sur le plan industriel.

Dans le domaine de l’industrie, les progrès ont été encore plus marqués, notamment en ce qui
concerne la consommation puisqu’en matière alimentaire la saturation est assez vite atteinte.

- Sur le plan mondial, la construction de fer par habitant était de l’ordre de 1 à 2 kg dans
les sociétés préindustrielles ; vers 1860 elle dépassait les 50 kg dans les pays les plus
industrialisés.
- La mécanisation de la filature a permis un bond de la productivité et un accroissement
de la consommation de biens textiles encouragée par la croissance démographique et
l’augmentation du niveau de vie (la consommation de coton brut a été multipliée par
200 environ).
- En GB, le PNB/ habitant est 3 fois plus élevé que la période d’avant la RI, et dans les
autres pays qui vont suivre (1/2 siècle plus tard) le niveau de vie était déjà le double
de la moyenne antérieure.

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- Sur le plan de la santé.

Il convient de mettre l’accent sur l’essor des sciences et de la médecine qui a permis un
élargissement de la recherche scientifique et de l’éducation.

Les progrès de la médecine ont permis de réduire fortement les taux de mortalité aussi bien
générale qu’infantile : une place importante est occupée par la vaccination contre la variole et
la contribution des progrès d’hygiène.
Entre 1861 et 1870 la mortalité infantile en Angleterre a baissé à 54%, ces progrès vont
permettre une augmentation de l’espérance de vie :
- au 18°s elle se situe autour de 33 ans
- vers 1860 elle dépassait les 40 ans
- à la fin du 19°s elle atteint les 50 ans.

-L’éducation.

Le véritable démarrage des progrès en matière d’éducation se place après 1850 et même après
1870.
En effet, la technique de la 1ère révolution industrielle pouvait se satisfaire d’une main
d’œuvre peu formée voir analphabète, en ce qui concerne la majorité des ouvriers.
Mais ceci ne veut pas dire qu’aucun progrès n’ait été réalisé auparavant.

 L’enseignement primaire en Angleterre : en 1833 une loi va interdire le travail des


enfants de moins de 9 ans et conduire a l’augmentation du nombre potentiel d’élèves.
Entre 1850 et 1860 : le nombre d’élèves va tripler et passer de 250.000 à 774.000
De 1860 à 1870 ce nombre va atteindre 1.230.000

 Les résultats sont plus limités dans l’enseignement secondaire.

En 1870 on compte 0.3 million d’élèves comparé à 20.4 million dans le primaire (moins d’un
élève sur 60 passait au secondaire et presque uniquement les garçons).

 Pour l’enseignement supérieur, seul une petite minorité privilégiée accédait à


l’université.

Ce n’est qu’après la 2ème guerre mondiale que de réels bouleversements en ce domaine


auront lieu. En Angleterre il n’existait que les 2 prestigieuses universités de Cambridge et
d’Oxford jusqu’aux années 1870.
Vers 1913 en Europe, on comptait quelques 290.000 étudiants, ce qui signifie qu’à peine
1.1% des jeunes âgés de 20 ans à 24 ans étaient inscrits dans une université, et la proportion
des filles était très faible (10 à 12%).

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Malgré ces chiffres, et grâce à l’extension de l’alphabétisation, et des progrès techniques
enregistrés dans l’imprimerie et la fabrication du papier, on va assister à un accroissement très
important de la publication de livres.
L’étape décisive se place en 1811 quand Frederik Koenig un allemand, dépose son brevet
pour une machine à imprimer mécanique ; machine qui va pouvoir imprimer 1100 feuilles à
l’heure en 1814, 2000 feuilles en 1819 et 7000 en 1827, alors que les machines à bras les plus
performantes de l’époque n’arrivaient qu’à 250.
Ces progrès techniques vont entraîner une forte baisse du prix du livre ; celle-ci, combinée à
l’augmentation du niveau de vie et de l’éducation va conduire à une explosion de la
production et de la consommation du « livre » qui va être multipliée par 80 à 100 à la fin du
19ème s.

b) Les conséquences sociales : transformations du travail et mutations


sociales

■ Transformations du travail : la mécanisation et les innovations technologiques


conduisent à une évolution radicale des formes de travail. On passe vers un monde
industriel fondé sur l’entreprise, sur l’urbanisation, et sur des concentrations ouvrières
de plus en plus importantes; division du travail très poussée, concentration de plus en
plus poussée des entreprises, concentration spatiale au profit de grandes régions
industrielles, concentration technique et financière.

C’est le passif du bilan, représenté par les coûts humains et sociaux de la RI. Les mutations
technologiques vont faire apparaître la nouvelle classe ouvrière « le prolétariat ».
Celle-ci se recrutait parmi les couches les plus pauvres de la paysannerie chassée de ses terres
(mouvement des enclosures) et parmi les artisans ruinés par la mécanisation. Le
développement de la grande industrie mécanique va entraîner la généralisation de l’emploi
d’une main-d’œuvre salariée, avec de nouvelles conditions de travail qui vont se traduire par
un accroissement du degré d’exploitation de la force de travail.
Le fossé se creusant de plus en plus entre ouvriers et chefs d’entreprise, la classe ouvrière va
commencer à prendre conscience de ses intérêts propres. C’est l’apparition des contestations
ouvrières et des mouvements syndicalistes.

◄ Les nouvelles conditions de travail.

Dans la société traditionnelle les « salariés » constituaient 15 à 20 % de la population active.


Au 19°s ils sont plus de 60% en Angleterre.
Cependant l’industrialisation et la salarisation se sont accompagnées d’une accentuation dans
la polarisation des revenus et d’une augmentation de l’importance relative des pauvres : les
revenus des classes les plus favorisées se sont accrus rapidement alors que le niveau de vie
des ouvriers est resté très bas .De plus « ce pain » qui coûte moins cher en termes de salaire
oblige l’ouvrier à travailler dans des conditions plus négatives.

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- La durée du travail.

Dans le but de rentabiliser les machines et de les faire tourner au maximum de leur capacité
de production, les employeurs vont chercher à accroître la productivité en allongeant la
journée de travail qui pouvait atteindre 15 à 16 heures/ jour.
De plus, le passage à la condition d’ouvrier a accentué l’émigration vers les villes qui
implique une rupture avec le milieu social et communautaire d’origine, une rupture d’autant
plus douloureuse que les nouvelles conditions de logement et de vie étaient très mauvaises.

- Le travail des femmes et des enfants.

L’emploi des femmes et des enfants dans l’industrie révèle le caractère inhumain de la RI et
va se traduire par une forte réduction de la main-d’œuvre adulte masculine.
Il en est ainsi du travail des enfants de 6 à 8 ans dans l’industrie du coton et dans les mines ;
ils étaient préférés pour leur souplesse et leur petite taille, pour leur docilité et leurs bas
salaires.
En1834, les enfants de moins de 13 ans représentaient plus de 13% de la main-d’œuvre dans
l’industrie textile avec :
-un horaire trop long de 14 à16 heures /jour.
-des salaires très bas de l’ordre de 1/6 du salaire d’un adulte.
-une baisse de l’importance de l’apprentissage.
-de mauvaises conditions de travail : risques, pénibilité, insalubrité.

- Les salaires.

Au début de la RI, il y a eu une hausse du salaire nominal, mais celle-ci était insuffisante pour
compenser l’augmentation du coût de la vie, d’où une insuffisance du salaire réel.

A cela s’ajoute les compressions des salaires dues à :


- la concurrence ouvrière sur le marché du travail.
- L’extension du travail à bon marché des femmes et des enfants.
- L’introduction et la généralisation des techniques nouvelles.

Le salaire des femmes ne dépassait pas le 1/3 du salaire moyen des hommes. Parfois les
enfants ne recevaient que le logement et la nourriture.

■ Les mutations sociales: passage d’une société rurale à une société urbaine et à une société
de classes.
- Triomphe de la bourgeoisie d’affaires propriétaire des moyens de production, à
pouvoir économique croissant face à l’Etat, à forte emprise sur le pouvoir politique
avec le régime parlementaire.
- Naissance de la classe ouvrière(le prolétariat) issue de l’exode rural.

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Apparition d’une classe moyenne avec la montée du salariat, l’urbanisation, le
développement des services et de la fonction publique: augmentation du nombre d’employés
de bureau, des professions libérales, des techniciens, des ingénieurs (nouvelles classes
salariées). Cette nouvelle classe entre le patronat et les ouvriers est composée de membres qui
« ont à la fois les besoins des riches et les moyens des pauvres »(A Sauvy) mais ont en
commun une volonté d’ascension sociale.
Les sociétés industrielles se transforment en sociétés de consommation ; elles développent un
marché intérieur et orientent la demande vers des biens et services de masse.
Comme l’entrepreneur –innovateur, le consommateur devient un acteur incontournable de la
croissance.

5) La propagation internationale de la révolution industrielle.

A la suite de l’entrée de l’Angleterre dans le processus de développement économique, un


certain nombre de pays se sont engagés dans la voie de l’industrialisation à des dates
différentes les unes des autres, et selon des modalités et des rythmes différents.

La 1ère vague d’industrialisation se situe dans la 1ère moitié du 19 S° et concerne la France, la


Belgique, les E .U et l’Allemagne.
La 2ème vague d’industrialisation se situe entre 1860-1914, et concerne la Russie, les pays
scandinaves, l’Italie, certains pays d’Europe orientale, le Japon, le Canada, et l’Australie.

- Les mécanismes de propagation de la révolution industrielle.

Les causes principales qui expliquent la mise en place des 1ères structures de la RI sont à la
fois d’ordre interne et externe. C’est parce que ces pays avaient une situation intérieure
favorable, que la RI anglaise a pu exercer sur eux un effet d’entraînement.

De plus, c’est grâce à ces facteurs internes et externes qu’on a assisté à l’absence d’une fuite
des effets induits au 19ème s.
Exemple : l’augmentation de la demande de biens textiles découlant de l’augmentation
des ressources agricoles, pouvait conduire dans les autres pays à une augmentation des
importations de biens textiles (puisque l’Angleterre assurait une avance technique
considérable), et non à la création d’une industrie locale.
Mais un certain nombre de facteurs structurels internes et externes vont intervenir et empêcher
cela.

1) Les facteurs internes de la diffusion.

Le déclenchement de la RI a supposé pour être réalisé, des conditions internes également


favorables.

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Si certains pays ont réussi à imiter le modèle anglais, c’est parce qu’il n’y avait pas de
différences sensibles dans la structure économique de ces pays et avec l’Angleterre à la veille
de la RI.
Le décollage était donc intervenu dans les pays qui avaient réalisé des modifications
structurelles à caractère institutionnel, économique et scientifique :
- renforcement de l’état, naissance d’une bourgeoisie dynamique, accumulation du
capital, essor démographique, essor industriel.
- développement de la production industrielle dans le cadre de systèmes de production
ruraux et urbains.
- réalisation de progrès techniques importants, et accélération du rythme de
développement des inventions du 19ème s.

Ainsi la plupart de ces pays étaient donc techniquement et scientifiquement préparés pour
accéder au développement, et réaliser avec plus de succès et de rapidité ce que l’Angleterre
avait réussi à faire.

a) Les caractéristiques des secteurs industriels.

Il s’agit principalement de 2 éléments :

- les faibles coûts des investissements pour mettre un actif au travail.


- la structure peu concentrée et la capacité restreinte des unités techniques de production.

Les 1ères phases de développement étaient caractérisées par des coûts très faibles du
capital industriel en raison du niveau peu élevé de la technologie utilisée.

Au début du 19ème s en Angleterre, l’investissement total nécessaire pour mettre un actif au


travail dans l’industrie manufacturière représentait l’équivalent environ de quatre mois de
salaire masculin moyen.
Pour la France cela nécessitait 6 à 8 mois de salaire ; ces faibles coûts du capital industriel
étaient une incitation à la création d’unités de production, et à l’émergence d’une classe
nouvelle d’entrepreneurs (issue de milieu modestes).

La création d’entreprises industrielles était encore favorisée par la faible taille moyenne de
celles-ci, et surtout par la capacité très limitée des unités techniques de production ; ce
dernier élément expliquant le 1er. .
En effet, la faible capacité de production des machines permettait d’une part, aux
industriels débutants avec une très petite entreprise d’avoir d’emblée une position
concurrentielle ; et d’autre part de réduire les investissements en rendant possible
l’utilisation de hangars et de granges pour l’installation de ces entreprises. Elle facilitait
également une expansion graduelle de la capacité de production des entreprises, tout en
créant des conditions favorables au « recrutement » des dirigeants de l’industrie.

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b) Profits élevés et autofinancement.

Si la faiblesse des capitaux nécessaires pour les investissements a facilité l’accès à l’industrie,
les hauts profits et les politiques d’autofinancement expliquent quant à eux l’ascension
relativement rapide et aisée de cette nouvelle classe capitaliste. .

Dans les premières phases de la RI, le taux de profit par rapport au capital était supérieur à
20% et probablement inférieur à 35 % (ce sont des taux supérieurs à ceux de la période
actuelle).De plus, à cause des faibles capitaux nécessaires, et surtout des profits élevés, l’appel
à l’épargne des non- entrepreneurs était peu fréquent.
Le réinvestissement total des profits a permis une multiplication du capital et d’après certaines
études, c’est l’autofinancement qui a constitué la forme dominante du financement des
entreprises.

c) Les conditions sociales défectueuses en matière d’emploi.

La 1ère de ces conditions défectueuses a été l’absence d’un frein à une forte pression en vue
d’une baisse des rémunérations. Cette absence de frein a engendré une grande fluidité dans les
mouvements de la main-d’œuvre, ce qui a accéléré l’urbanisation, encouragé la naissance de
nouveaux secteurs, et facilité la disparition d’anciens secteurs.
L’absence de protection valable du salarié a poussé les entreprises à ne pas partager avec leurs
ouvriers les fruits du progrès de la productivité, ce qui a permis l’accroissement des taux de
profits.
La 2ème de ces conditions défectueuses a été l’emploi abusif des enfants dans l’industrie. Les
conséquences de l’emploi des enfants sont de l’ordre de deux :
- il a permis l’augmentation de la population active.
- par les très faibles salaires des enfants, ce système permettait de faire pression sur le
niveau général des salaires, et d’utiliser des machines peu perfectionnées (l’automatisme
n’étant pas encore développé).

2) Les facteurs externes de la diffusion.

a) Le protectionnisme douanier.

Un système douanier protectionniste a constitué la règle pour tous les pays qui se sont
développés au cours des 18° et 19s°.
L’Angleterre n’a abandonné son protectionnisme qu’un siècle après le début de son
industrialisation (1846) lorsque son avance économique était assurée ; elle y reviendra à partir
de 1901 et le renforcera à partir de 1921.

Les pays « suiveurs » vont également protéger leur industrie naissante contre la concurrence
des produits britanniques.
Les premiers assouplissements de la législation douanière ne datent que de la fin du 19èmes
une fois que l’Europe occidentale eut assurée son indépendance technologique.

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b) Les coûts élevés des transports.

Les coûts de transport élevés constituaient un obstacle sérieux à l’importation massive de la


technologie « avancée » ; ils grevaient le prix de revient d’un produit. C'est dire que le
système protectionniste et les coûts de transport ont donné une impulsion au processus de
croissance auto-entretenue. De ce fait, plusieurs pays européens s’étaient engagés dans la
course au développement technologique, en utilisant des biens d’équipements d’origine
locale. Ainsi après la phase d’importation d’équipements techniques anglais, l’Europe accéda
à la maîtrise de la technologie qui devait lui permettre l’entrée dans le processus de croissance
soutenue.
D’ailleurs, l’ensemble des pays qui ont imité l’Angleterre au 19s° ont basé l’équipement de
leur industrie sur des machines et des outillages produits localement.
Mais si la technique utilisée n’avait pas été aussi simple et donc imitable, l’importation des
biens d’équipements aurait eu une ampleur beaucoup plus grande.

c) La simplicité de la technique.

La diffusion des progrès tient également au fait que les moyens techniques mis en œuvre
étaient simples et peu complexes, ce qui rendait leur importation ou leur reproduction
possible : on constate le peu d’influence des sciences sur la technique.
La construction de machines a pu se réaliser avec le concours d’artisans disposant de
techniques traditionnelles. Bref, les possibilités d’une imitation à l’aide d’une main d’œuvre
non spécialement formée, d’une main-d’œuvre composée d’artisans traditionnels étaient l’une
des caractéristiques essentielles de la technique.
La rupture n’interviendra qu’avec l’introduction des multiples applications de l’électricité et
des moteurs à explosion ; l’électronique et l’énergie nucléaire vont élargir cette rupture entre
la technique traditionnelle et celle issue de la RI.

Il faut signaler aussi que la simplicité de la technique a permis une industrialisation sans
augmentation significative des ressources d’éducation tant techniques que générales :
- En Angleterre 44% de la population était analphabète en 1830.
- Un nombre important de secteurs était totalement dépourvu d’ingénieurs.
- L’industrie textile qui occupait 99.000 actifs n’employait que 13 ingénieurs et
sous- ingénieurs

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