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Révision typologie textuelle

Texte 1

Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des
paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore. Mais le souvenir continuel du premier
les lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était
perdue. Ses ambitions d’esprit avaient également diminué. Des années passèrent ; et il
supportait le désœuvrement de son intelligence et l’inertie de son cœur.
Vers la fin de mars 1867, à la nuit tombante, comme il était seul dans son cabinet, une femme
entra.
— « Madame Arnoux ! »
— « Frédéric ! »
Elle le saisit par les mains, l’attira doucement vers la fenêtre, et elle le considérait tout en
répétant :
— « C’est lui ! C’est donc lui ! »
Dans la pénombre du crépuscule, il n’apercevait que ses yeux sous la voilette de dentelle
noire qui masquait sa figure.
Quand elle eut déposé au bord de la cheminée un petit portefeuille de velours grenat, elle
s’assit. Tous deux restèrent sans pouvoir parler, se souriant l’un à l’autre.
Enfin, il lui adressa quantité de questions sur elle et son mari.
Ils habitaient le fond de la Bretagne pour vivre économiquement et payer leurs dettes.
Arnoux, presque toujours malade, semblait un vieillard maintenant.
G. Flaubert, L’Education Sentimentale, 1869.

Questions :
1. Ce texte suit-il un ordre chronologique ? Qu’est-ce qui le montre ?
Cet extrait de L’Education Sentimentale (Flaubert) suit un ordre chronologique, les
événements se succèdent. Il y a le passé simple, temps verbal qui rend compte de
l’enchaînement des actions « voyagea, connut, revint, fréquenta, ... » Les indications
temporelles : le circonstanciel de temps « [V]ers la fin de mars 1867 » ; le circonstanciel
de lieu « [D]ans la pénombre du crépuscule » ; l’énumératif « enfin ».
2. Quel événement déclenche l’histoire ?
L’événement déclencheur ici est la visite de Mme. Arnoux.
3. Quelle suite d’événements découle du premier ?
Tous deux sont d’abord consternés, ils se revoient après tant d’années. Après quoi,
Frédéric pose des questions à Mme. Arnoux.
4. Quels sont les principaux temps verbaux qui sont employés ?
Les principaux temps verbaux sont le passé simple et l’imparfait.
5. A votre avis, combien de temps a duré cette histoire ?
Cette histoire a duré toute une vie.

Texte 2

Il était une fois un homme et une femme qui avaient déjà sept garçons quand leur vint enfin
une fille. Tant espérée, mais si chétive… Le père trembla de perdre ce petit être à peine né. Il
y avait au bas du pré une source d’eau vive que l’on disait miraculeuse. Il envoya à cette
source ses sept garçons puiser de l’eau dans une fiole de cristal.
Les sept frères partirent au pas de course. Arrivés à la source, ce fut à qui puiserait l’eau :
- Moi, moi ! Non c’est moi !
Tant et si bien que le flacon échappa à leurs mains fébriles et alla se briser en éclats sur la
dalle.
L’écho de ce fracas tinta à l’infini. Soudain figés de peur, les sept garçons ne bougeaient plus.
Là-bas, à la maison, le père inquiet pour sa petite criait au même instant :
« Maudits garçons où traînent-ils ? Puissent-ils se transformer en corbeaux et que seule cette
fillette puisse les délivrer un jour ! »
Fffttt ! L’air chuinta. Sept corbeaux, survolant la maison, s’envolèrent par-delà la forêt.
La fillette ne mourut pas. Elle grandit en ignorant qu’elle avait eu des frères.
Or un jour de grosse lessive – elle avait environ sept ans – elle vit sur la corde à linge, sécher
sept petites chemises.
- « À qui sont ces chemises ? Elles sont trop petites pour être à papa ! »
On lui raconta l’histoire de ses sept frères transformés en corbeaux le jour de sa naissance.
La nuit suivante, elle s’enfuit de la maison. Elle n’emporta rien qu’un fragment de cristal de la
fiole cassée.
Elle marcha longtemps. Elle arriva au pays des étoiles. Elle les salua et leur raconta son
histoire. L’étoile du berger lui répondit :
« Pour délivrer tes frères de la malédiction, tu dois leur tisser sept chemises d’orties sans
prononcer un mot. Ensuite tu chercheras la montagne de verre. C’est là que vivent tes sept
frères. Voici la clé pour en ouvrir la porte. ». Elle lui donna un petit bout d’os.
La fillette remercia, mit la clé dans sa poche et dit au revoir aux étoiles.
Elle marcha longtemps. Elle trouva un champ d’orties. Elle s’assit, fila, tissa, cousit sept
chemises d’orties sans prononcer un mot. Quand les chemises furent faites, elle reprit sa route.
Elle marcha longtemps. Elle trouva la montagne de verre. La porte était fermée. Elle alla dans
sa poche pour y prendre le petit os. La poche avait un trou et l’os avait filé. Alors elle prit son
couteau et se coupa le petit doigt pour en faire une clé nouvelle. Cela marcha très bien ! La
porte s’ouvrit toute grande.
Il y avait une salle à manger. Le couvert était mis – sept assiettes et sept gobelets – et le repas
servi.
La fillette mangea une bouchée dans chaque assiette et but une gorgée dans chaque gobelet.
Puis elle alla se coucher dans un petit lit blanc. Arrivèrent les sept corbeaux dans leurs livrées
de plumes noires.
- Qui a mangé dans mon assiette ?
- Qui a bu dans mon gobelet ?
- Oh ! Regardez ce fragment de cristal de la fiole que nous avons cassée !
- Quelqu’un de par chez nous est venu jusqu’ici.
- Si c’était notre sœur nous serions bientôt délivrés !
C’était à qui croassait le plus fort. La fillette se réveilla. Elle entra doucement dans la salle à
manger. Elle jeta une chemise sur chacun des frères corbeaux. À l’instant, dans un fouillis de
plumes noires qui virevoltèrent partout, les sept corbeaux redevinrent garçons.
Toute la nuit ils firent fête et dès le lendemain matin, ils s’en allèrent tous ensemble, les sept
garçons et leur vaillante sœur, retrouver leurs parents à la maison.
La parole touche souvent ce que la flèche ne peut atteindre.

Grimm, Contes de l’enfance et du foyer, 1812.

Questions
1. Qui est le personnage principal de cette histoire ? Pourquoi ?
La fillette est l’héroïne de cette histoire, parce qu’elle brise la malédiction.
2. Y a-t-il des dialogues ? A quoi servent-ils ?
Oui, il y a des dialogues entre les personnages. Le dialogue leur donne vie et anime le
conte en brisant l’enchaînement du récit et la réitération des mêmes temps verbaux.
3. Qui a déclenché la situation problème ?
Le père qui a jeté, sans le vouloir, un mauvais sort sur ses sept fils.
4. Que représente la dernière phrase du texte ? Analysez cette phrase en trois lignes.
La dernière phrase ou la chute est une morale. Son idée est que le dire ou le langage, que
les hommes sous-estiment souvent en pensant qu’il est insignifiant, blesse plus que
l’arme.

Exercice
Conjuguez les verbes entre parenthèses aux temps du passé (imparfait, passé simple,
plus-que-parfait).

 Denise était venue à pied de la gare Saint-Lazare, où un train de Cherbourg l'avait


débarquée avec ses deux frères, après une nuit passée sur la dure banquette d'un wagon de
troisième classe. Elle tenait par la main Pépé, et Jean la suivait, tous les trois brisés du
voyage, effarés et perdus, au milieu du vaste Paris, le nez levé sur les maisons, demandant à
chaque carrefour la rue de la Michodière, dans laquelle leur oncle Baudu demeurait. Mais,
comme elle débouchait enfin sur la place Gaillon, la jeune fille s'arrêta net de surprise.
Deux figures allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée, déroulaient
l'enseigne : Au Bonheur des Dames. Puis, les vitrines s'enfonçaient., longeaient la rue de la
Michodière et la rue Neuve-Saint-Augustin, où elles occupaient, outre la maison d'angle,
quatre autres maisons, deux à gauche, deux à droite, achetées et aménagées récemment. […]
    - Au Bonheur des Dames, lut Jean avec son rire tendre de bel adolescent, qui avait eu déjà
une histoire de femme à Valognes. Hein ? c'est gentil, c'est ça qui doit faire courir le monde !
Mais Denise demeurait absorbée, devant l'étalage de la porte centrale. Il y avait là, au plein
air de la rue, sur le trottoir même, un éboulement de marchandises à bon marché, la tentation
de la porte, les occasions qui arrêtaient les clientes au passage.

E. Zola, Au bonheur des dames, chapitre I, 1883.

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