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Dissertation : idée 1 BB

Sujet : D’après le philosophe grec Pythagore : « Le monde est une comédie dont les
philosophes sont les spectateurs. » Cette citation peut-elle s’appliquer à votre lecture de
l’œuvre de La Bruyère ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur
votre lecture de l’œuvre intégrale, les textes étudiés dans le cadre du parcours associé et
votre culture personnelle.

[Amorce] Dans Le marchand de Venise en 1597, Shakespeare écrit « Je tiens ce


monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle. » Il évoque ainsi la
métaphore du « Theatrum mundi » : image présentant le monde comme faux, illusoire. Ce
principe est grandement repris dans Les caractères de Jean de La Bruyère, œuvre écrite et
réécrite entre 1688 et 1696. [Sujet et reformulation] Toutefois, cette représentation du
monde n’est pas nouvelle puisque dès l’Antiquité, Pythagore déclarait que « Le monde est une
comédie dont les philosophes sont les spectateurs. ». Selon lui, la société est comparée à une
pièce de théâtre comique. Il fait référence au philosophe qui représente l’homme sage et lui
donne le rôle de spectateur, c’est-à-dire un observateur qui ne participe pas au spectacle mais
qui le regarde. [Problématique] La société dépeinte par La Bruyère n’offre-t-elle qu’un
spectacle comique ? La Bruyère, figure même du philosophe, n’est-il qu’un simple
observateur du monde ? [Plan] D’abord, il est indéniable que l’œuvre de La Bruyère nous
présente un spectacle comique (I) mais ce dernier est décrit par un observateur critique (II) qui
propose des réflexions universelles (III).
I) Un spectacle comique
1) Un monde théâtralisé
- Métaphore du théâtre dans le livre « De la ville »  Remarque V « on
se joint ensemble pour se rassurer sur le théâtre, s’apprivoiser avec le
public, et se raffermir contre la critique »
- Masque et accessoires des Français
- Obsession du paraitre : comique de geste (Exemple : Théodecte « Il rit,
il crie, il éclate » soulignant son entrée fracassante). + Remarque V,
livre Vii : « On gesticule, et l’on badine, l’on penche négligemment la
tète, et l’on passe et, l’on repasse. »
2) Un monde caricaturé
- Galerie de portrait qui exagère les traits de caractères : l’exubérant, le
prétentieux, l’insignifiant…
3) Un mondé tourné en ridicule (comique de situation)
- Retournement de situations et chute  Arrias/ livres VIII (§ 18) les
flatteurs qui apparaissent indispensables aux cours et pourtant, à la fin
LB nous dit qu’ils « sont sans conséquence » c’est à dire insignifiants.
II) Décrit par un observateur critique
1) Un observateur du monde
- Un portraitiste + description des promenades à Paris, des tenues des
femmes, des comportements…
- Un narrateur omniprésent qui nous emmène dans les coulisses du
XVIIe siècle
2) Qui émet une critique acerbe des mœurs de son temps
- Critique de la superficialité, de l’hypocrisie en révélant un monde
absurde et aveuglé par l’avidité : toutes les actions à la Cour ne sont
motivées que par l’intérêt « L’on se couche à la Cour et l’on se lève sur
l’intérêt […] c’est ce qui fait que l’on pense, que l’on parle que l’on se
tait, que l’on agit. » (VIII, 22)
- Se moque ouvertement de ses personnages  Acis qui en fait trop et
n’est pas compréhensible
3) Un moraliste
-Fait émerger les défauts humains mais laisse l’homme se corriger (cf
préface)
- Usage de maximes/ morales : « On ne doit parler, on ne doit écrire que
pour l’instruction » (préface)
III) Une œuvre à portée universelle
1) Un discours qui s’adresse à tous, à toute époque
- Lieux imprécis/ Pronom impersonnel « on » + présent de Vérité
générale
- Thèmes toujours actuels : héritage/ querelle de famille/ superficialité…
Remarques 64/ 67 sur l’héritage « jeune, on conserve pour sa
vieillesse ; vieux, on épargne pour sa mort. L’héritier prodigue paye de
superbes funérailles et dévore le reste. »
2) Une réflexion sur l’homme
- Définition de l’honnête homme : livre V, LB évoque l’art de la
conversation en société et oppose l’honnête homme au sot : « c’est une
grande misère que de ne pas avoir assez d’esprit pour parler. » (18), « Il
y a parler bien, parler aisément, parler juste, parler à propos. » (23). Au
cours de ces remarques, il montre qu’une bonne conversation doit etre
mesurée, dépourvue de trop d’imagination.
- Insatisfaction perpétuelle de l’homme = désir de puissance
3) Une réflexion sur la politique et « l’art de gouverner »
- Condamnation de la violence « La politique qui ne consiste qu’à
répandre le sang est fort bornée et de nul raffinement » (X,2) +
condamnation de la guerre (X, 9)
- S’interroge sur ce que doit etre un bon souverain  Image du berger
dans le livre X + Remise en cause du privilège du statut de monarque
(X, 34) « N’est-ce pas beaucoup, pour celui qui se trouve en place par
un droit héréditaire, de supporté d’etre né roi ? », « Un homme un peu
heureux dans sa condition privée devrait-il y renoncer pour une
monarchie ? »
- Réflexion sur le bonheur  (VIII, 98) « Celui qui, un beau jour,
renonce fermement ou à un grand nom, ou à une grande autorité, ou à
une grande fortune, se délivre de bien des peines. » = bonheur possible
si l’on se contente de ce que l’on a.

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