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Les querelles littéraires au XVIIe siècle.

Il existe de multiples querelles, la plus célèbre est celle du Cid, mais il y a également
celle de l'école des femmes de Molière, la polémique des provinciales etc. Elles couronnent le
17e siècle.
Le goût pour la polémique est présent dans le domaine de la politique mais pas dans le
domaine de l'art. Par conséquent, tous les acteurs interviennent.
Ces polémiques ont une origine arbitraire mais elles évoluent au-delà de l'attaque ad hominem
(nominative), elles ont des enjeux philosophiques et moraux.

1) la querelle c'est quoi ?

Constat fait conservant les querelles du 17e siècle, Alain Viala a nommé le temps des
querelles, il écrit “l'activité disputent à était très intense, celle-ci fut un tps de querelle”.  
Beaucoup de termes coexistent, série de termes qui n'ont pas de distinction nette entre eux.
Les principaux termes sont ; contestation, dispute et combat.

→ C'est un sens singulier, le mot querelle désigne l'intérêt, quand on prend la défense de
quelqu’un. Quelqu’un est visé et chacun est invité à prendre position dans un espace
polémique lorsqu’une œuvre est visée et contestée. Caractère très vivant, elle est ici et, nous
maintenant. De plus elle se développe comme un combat, comme quelqu’un d'agressif, de
violent.
→ Dimension polémique qui obéit à une dimension rhétorique. La dimension orale est très
importante, elle emprunte l’oralité, c'est le développement oral du goût, une partie de la
critique se fait par les polémiques orales.
Elles sont difficiles à reconstituer car nous n'avons pas cette dimension d'oralité, il ne nous
reste que les écrits.
Les querelles théâtrales sont une continuité importante entre la nature des œuvres et la façon
dont elles circulent.
Le théâtre c'est le genre de la parole et le lieu de querelles fondamentales.
Le roman devient important en GB plutôt qu’en France (préférence pour le théâtre)
Au théâtre les querelles les plus importantes se structurent.
→ Une querelle est né d'une interaction, liée à l'actualité. (Une actualité forte, on discute d'une
nouveauté, qui fait irruption). Elle étonne alors les contemporains.
Une querelle est datée et elle s'achève à un moment.
Le Cid est un classique et le lire à travers la querelle et plus intéressant. C'est une dimension
plus vivante et dynamique.

Il y a différentes échelles :
 La dimension personnelle ; prendre la querelle de quelqu’un, prendre la défense de
quelqu’un, contre des attaques “ad personam”.
Les querelles les plus intéressantes sont survenus au sujet des personnalités les plus en vue.
(Exemple dans Le Tartuffe)
Les querelles aux 17e s sont significative.
→ Le Sacre du printemps, musique de Stravinsky, grand scandale de 1913, théâtres parisiens.
C'est l'indication du fait que cette pièce était l'œuvre moderne par excellence.
Seconde moitié du 20e s plus de polémique aussi grande.
 Deuxième dimension, publique voir juridique “Querelle” vient du latin “querella” qui
désigne la plainte. Appartient au registre juridique.
Il y a des instances de jugement. Le Cid → l'académie française, c'est un rôle de juge dans une
querelle littéraire. A l'époque le roi peut juger. Celui-ci appréciait énormément Molière. A
cause de la querelle du tartuffe les dévots se sentaient attaqués par le tartuffe, le roi a alors
pris une position prudente pour ne pas se mettre en porte-à-faux.
Pour qu'une querelle se finisse il faut une instance décisionnelle.

. Querelle du Cid 1637-1638 (cf. photos)


Elle concerne Pierre Corneille, (1606, 1684) il est rouennais, a fait des études de droit et
exerce le métier d'avocat.
Dans le Cid la dimension juridique est essentielle.
Pierre a un petit frère, Thomas Corneille, dramaturge, très connu, il jouait un rôle important.
La chronologie est élémentaire ; 1620-1630, le début des comédies de Corneille. La Suivante
et La Place royale.
. 1637, il obtient une gloire extraordinaire, avec la tragi-comédie, (une pièce que conserve les
grand de ce monde) et elle se finit bien. Elle a un succès extraordinaire, c’est une gradation.
. 1641, Horace la grande tragédie. Lutte entre Romains et habitant d’Elbe.
(Ex Œdipe)
Polyeucte, martyr chrétien.
. 1647 rentre à l'académie française, Corneille est le plus grand auteur de l'époque. On peut le
comparer à Shakespeare même s'il n'a pas la même puissance.
Coût d'arrêt à sa carrière avec une pièce nommé Pertharite en 1753, et 1771 duel entre
Corneille et Racine. C'est le duel autour de 2 pièces qui ont le même sujet, Bérénice, de plus
elles sortent en même temps. Cette querelle tourne à l’avantage de Racine pour Bérénice.  
Corneille → l'un des réformateurs très important de la comédie, rénovateur fondamentale de
la comédie, son grand triomphe avec le Cid est la tragi-comédie, un peu plus souple que la
tragédie. Il a lui-même théorisé l'écriture dramatique.
Corneille est victime d'une comédie très violente. Tout tourne autour d'Aristote, hors
Corneille est capable d'interpréter Aristote. Les 3 discours sur le poème dramatique (1660)
sont un rapport théorique absolument essentiel, il peut battre les docs, sur le propre terrain
pour interprétation.
Corneille est le 1er dramaturge à faire une édition qui regroupe ses œuvres complètes.
Grâce à sa gloire, il produit une édition et empêche alors les éditions pirates.
Molière aussi sera très soucieux de l’édition de ses œuvres.
Corneille, c'est le dramaturge de la gloire, et c'est un auteur qui a énormément travaillé à sa
propre gloire.
Petit public (Public parisien, aristocratique et mondain), Le Cid est joué dans le théâtre du
Marais, un grand théâtre, mais la pièce est aussi jouée devant la cour au Palais Cardinal, (le
Palais royal aujourd'hui).
Le plus grand art est la tragédie ainsi que le théâtre en général.
La cour a assisté à la représentation du Cid au Palais Cardinal mais aussi au Louvre.
(Lire → le Cid, Histoire des amours contrariés entre Rodrigue et Chimène).
Cette querelle est la première grande polémique théâtrale française.
Elle implique un peu tout le monde. Elle implique la cour car elle obtient un grand succès.
Elle implique les spécialistes et les Docs.
C'est une querelle de plus qui implique des gens avec un très grand rôle, Corneille, Mairet,
ainsi que les critiques, comme Aubignac, et elle implique enfin Chapelain.
C'est le pouvoir qui tranche cette querelle.

Le déroulé de la querelle, c’est tout d’abord :


 Une querelle d'individu, Corneille publie sa pièce juste après la représentation, subit
fin mars par l'attaque de Jean Mairet, qui l’accuse d’avoir fait une copie de l’œuvre
espagnole de De Castro, (sous-entend qu'il y a eu plagiat.) Corneille répond à chaque
fois. L'attaque la plus importante et la plus longue est celle de Scudéry en avril. Écrit
en prose donc très argumenté.  
 Puis, il y a un élargissement de la querelle aux spécialistes. Il y a 2 camps “pro en
contra”, pour et contre. Tous prennent la défense de Corneille, Camú, Scarron. Et il y
en aura d'autres qui attaqueront Corneille.
 Enfin, L'ouverture aux débats publics. C’est dans un premier temps ; l'émergence du
public même si le public est limité, celui-ci est invoqué comme instance importante
autour de ce débat.  Stratégie → mettre le public de son côté, contre l'avis des Docs,
mais cela est nouveau. Le public non savant, (car ils n’ont pas lu Aristote), serait
capable en fonction de son plaisir, de juger une pièce.
Le rôle important dans le public est celui des femmes, certaines d'entre elles tiennent
un salon, on y discute on y échange les avis et c'est là que se forme les avis du public.
Les femmes sont identifiées comme étant la voix du public. Mais les Docs trouvent
que leur avis importe peu. Cependant à cette époque le jugement s'impose, surtout
celui-ci des honnêtes gens car leur goût doit être pris en compte.

Dans un second temps, il y a la présence de Scudéry (il réalise la lettre de M. De


Scudéry), celle-ci avait pour but de plaire à Richelieu. Le Cardinal de Richelieu et le
principal ministre du roi, c'est lui qui a le pouvoir, il renforce l'autorité royal.
L'académie va devenir dans le domaine de la littérature une source d'instance. Ce
phénomène de centralisation s'accélère. Celui-ci détermine le rapport à la langue et la
littérature en France.

Les enjeux et le fond de cette querelle :


 Scudéry accuse Corneille de vanité. Il est accusé d'avoir profité d'un anoblissement.
(Accusé en plus de plagiat).
Le fait d'obtenir un succès public n'est pas à l'avantage de Corneille, le seul succès qui devrait
prévaloir et celui des Docs.
Aspect esthétique puis morale, les accusations sont les plus vive et les plus importantes. Il y a
2 accusations fondamentales :
 La Vraisemblance, (accusé de ne pas respecter les règles unité de lieux, d'actions, de
temps). Cependant Corneille les a respectés. Mais Scudéry montre dans sa critique du
Cid, que la somme d'action accomplies par le héros et tel, qu'il est impossible que
toutes ces actions puissent se dérouler en 24h. “Il n'est point vraisemblable qu’une fille
d’honneur épouse le meurtrier de son père.”
Selon Aristote : histoire → vrai → conserve les circonstances
 Poésie → vraisemblable → conserve le général (Il écrit que la poésie est plus
philosophique que l'histoire)
L'académie va trancher contre Corneille. Scudéry n'a pas perçu ce que Corneille tentait de
faire dans Le Cid. L'idée de Corneille c'est d'imaginer une pièce dont le dénuement humain
est impossible et néanmoins historiquement attesté. Corneille pense renouveler l'art
dramatique de son temps en intégrant ce nouveau type d'intrigue. Il délaissait le
vraisemblable. Le ravissement est dans la résolution in extrémiste.
Deuxième accusation :
 La Bienséance, (qui a une dimension morale) est liée à la vraisemblance. Chimène
apparaît comme une fille dénaturée, car elle accepte d'épouser le meurtrier de son père.
Le comportement de Chimène est condamné car doublement scandaleux, contrarié les
règles de bienséance. Elle expose ses sentiments et veut pardonner au meurtrier de son
père. Une pièce doit avoir un nœud.
On modélise certaines autres critiques de Scudéry. Celui-ci avait concentré beaucoup de ses
critiques au sujet de Chimène. Même si son comportement n'obéit pas à la bienséance, elle
aimait déjà Rodrigue avant le meurtre du père.

Conclusion :
Ce que la querelle a apporté et ce qu'elle suppose :
L'émergence du chant littéraire. (Bourdieu). Sociologie de littérature qui fait qu'un texte et oui
ou non littéraire. C'est cette émergence qui a contribué à faire du Cid une œuvre littéraire. Elle
a redéfini les règles. La querelle du Cid a montré la place que le public pouvait avoir. A
l'intérieur d'une société il y a une autonomisation plus ou moins stable. Ce que cette querelle
montre c'est que même lorsqu’il y a une intrication forte entre pouvoir politique et littérature,
les auteurs affirment leurs pouvoir. Corneille c'est défendu et a mis le public de son côté.
Autonomisation quasi complète du chant littéraire. Ambiguïté, le littéraire a gagné en valeur
sociale, en prestige, mais l'autonomie n'est pas complète car le prestige gagné est en parti
confisqué. Il y a une émergence d'un public mondain, qui se détache des Docs. Il est
notamment féminin.
Ce n'est pas une démocratisation !
Cette querelle est révélatrice du développement de l'absolutisme en France. C'est une marge
de manœuvre qui se développe au 19e siècle.

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