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La Crise de l’esprit p.

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Ce texte est un extrait de la Crise de l’esprit, essai philosophique composé de 2


lettres ouvertes (adressées à tt le monde) écrites par Paul Valéry. Celui-ci est tt
d’abord un poète mais il touche à la philosophie par ses réflexions sur la création
esthétique (La Soirée avec Monsieur Teste) et ses interrogations sur les civilisations
et l’avenir de l’homme. Il rédige La Crise de l’esprit dans un contexte d’après-guerre,
en 1919. Ainsi, il nous présente ses réflexions sur les civilisations fragilisées et en
danger et sur les paradoxes des valeurs.

1. Civilisations fragilisées et en danger

1. Croyances et savoir des civilisations

• Valéry nous donne sa définition de civilisation. En effet, il montre que les civilisations constituent un
ensemble de caractéristiques d’une société qui s’accumulent au fil des siècles, dans tous les
domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques,
techniques....
• Tt d’abord, une civilisation se caractérise par une langue spécifique et donc une « grammaire » et un
« dictionnaire » particulier (l.5). Le savoir, désigné par les « académies » et les « sciences » (l.4),
caractérise aussi une civilisation. Mais celles-ci possèdent également une culture spécifique avec
leurs propres « classiques » (l.5) ou leurs « romantiques » (l.6). Cette culture engendre bien sûr des
« critiques » (l.6). On note la référence aux « dieux » (l.4) ce qui montrent aisément la croyance des
peuples. De plus, l’auteur rappelle que dans tt civilisations il est nécessaires de respecter des règles,
on peut mettre en avant le nom « lois » (l.4).

1. Insouciance d’avant-guerre

• La lettre capitale C est utilisée dans le titre de l’œuvre pour montrer l’omniprésence et l’importance
de la crise (militaire, économique, intellectuelle)
• Valéry prend conscience à la fin de la 1ère GM que la civilisation peut s’arrêter, ce qu’il réalisait
difficilement avant ce cataclysme, tt comme ses congénères. L’auteur fait référence au pronom
personnel « nous » à plusieurs reprises dans le début de la lettre, ce pronom désigne les civilisations
qui prennent la parole : il s’agit d’une prosopopée. La répétition de « nous » provoque un effet
d’insistance qui dramatise la situation.
• Cette lettre ouverte a été écrite en 1919, à la sortie de la 1ère GM, de ce fait, l’auteur insiste
lourdement sur le constat d’horreur : l’adj « mortelle » termine la 1ère phrase, ce qui provoque
crainte et interrogation chez le lecteur.

1. Civilisations éphémères

• Cependant Valéry insiste sur le caractère éphémère des civilisations. En effet, il cite des noms de
civilisations passées telles que « Ninive », « Babylone » (l.12), noms qui sont les derniers vestiges et
souvenirs de ces civilisations.
• Sa métaphore à la ligne 9 « les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et
d’esprit » indique la grandeur des civilisations qui ont finis par couler, malgré l’impression de
puissance qu’elles dégageaient, ce qui fait réfléchir l’auteur sur le dénouement de sa propre
civilisation. En effet, ce qui peut paraître solide et éternel peut disparaître et se réduire à un simple
nom inutile.
• L’auteur met également en avant une grande universalité entre les civilisations disparues par le
mélange temporel qu’il nous livre en citant des auteurs d’époques différentes, par exemple
« Ménandre » (l.18) et « Keats » (l.17). Ainsi, même les œuvres de son époque peuvent disparaître à
cause de l’actualité, c’est-à-dire la guerre, circonstance qui est dans « les journaux » (l.19).
• La métaphore l.7 « Nous savions bien que la terre apparente est faite de cendres, que la cendre
signifie qqc » montre que les cendres sont la seules chose concrète qui reste après la mort des
civilisations, néanmoins, les cendres sont très fertiles ce qui annonce les civilisations à venir.

1. Paradoxe des valeurs

Paradoxa (latin para = contre/opposé, doxa = règles/idées habituelles) →


s’oppose aux idées communément admises

1. La vertu engendre l’horreur

• Le paradoxe est exprimé de manière précise à la ligne 30 : « Tant d’horreurs n’auraient pas été
(conditionnel passé : irréel du passé) possibles sans tant (adverbe d’intensité) de vertus». La
construction de cette phrase sous forme de parallélisme et d’antithèse insiste sur le fait que les
vertus, donc devoir et savoir, engendrent des horreurs, c’est-à-dire des destructions et des guerres.
• La civilisation allemande, dont Valéry semble faire l’éloge car celle-ci repose sur des vertus comme
le savoir « instruction » (l.28) et le devoir « discipline », « travail » (l.28), a engendré des
comportements destructeurs et a été responsable de la mort d’un grand nombre d’hommes. Il faut
savoir que Valéry se fonde sur l’expérience de la Première Guerre mondiale vue du côté français,
ainsi il montre que les vertus allemandes ont engendré l’horreur de la 1ère GM alors que la France a
également provoqué un grand nombre de mort chez les soldats allemands.

1. La vertu est pire que l’oisiveté

• Le paradoxe « la vertu engendre l’horreur » est souligné par l’hyperbole des lignes 26-27 : «Les
grandes vertus du peuple allemand ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais (de tt
l’histoire) n’a créé de vices. »
• Dans cette formule, Valéry retourne la sentence : « l’oisiveté est mère de tous les vices » pour
l’invalider.
• L'oisiveté désigne l'état d'une personne qui vit sans travailler. Selon les époques, la notion d'oisiveté
est associée soit à une valeur, notamment chez l'aristocratie, soit à la paresse.

1. Le savoir et le devoir sont immoral

• Les deux piliers de la civilisation : « Savoir et Devoir » sont devenus des objets de crainte ou de
doute, qui se traduit dans l’interrogation : « vous êtes donc suspects ? ». Les valeurs jusqu’alors les
plus solides en apparence sont remises en cause.
• En effet, l’Histoire récente (1ère GM) a confirmé que le développement de l’esprit humain, en
matière de « qualités morales » (l.32) mais aussi en connaissance scientifiques et techniques, qui
peut être la preuve de progrès de la civilisation, a failli entraîner l’anéantissement des civilisations,
voire de l’humanité.
• La précision « en si peu de temps » et le choix du nom « science » à la ligne 31 renvoie à la guerre
chimique : c’est l’Allemagne qui a inventé et utilisé en premier les gaz moutarde ou gaz ypérite
(1ère utilisation dans la ville d’Ypres en Belgique).

CCL :
Le contexte d’après-guerre a permis de nombreuses réflexions. Ainsi Paul Valéry
montre que les civilisations, reposant sur des savoirs et des croyances, sont fragiles et
en danger. Il explique la prise de conscience après la 1ère GM en démontrant que les
civilisations sont éphémères. De plus, Valéry nous cite des paradoxes sur les valeurs :
la vertu, pire que l’oisiveté, engendre l’horreur, et le Savoir et Devoir sont immoraux.

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