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Séquence 4

Corneille et les règles, la querelle du


Cid

Objectif → Connaître et étudier les règles du théâtre classique.


Support → L’ensemble de la pièce.

I. LA NAISSANCE DE LA TRAGÉDIE
Le théâtre est né en Grèce. Les premières tragédies ont eu lieu lors de fêtes religieuses.
C’était alors un groupe d’hommes (le chœur) qui chantait des poèmes sur la vie des Dieux. À
partir du VIe siècle avant J.-C, les acteurs sont masqués, et évoluent sur une estrade, qui est
donc l’ancêtre de la scène. Ces comédiens sont chaussés de cothurnes (sandales à
semelles compensées) pour paraître plus grands. Peu à peu, les acteurs ne récitent plus un
poème, mais incarnent des personnages qui se donnent la réplique. Au Ve siècle avant J.-C,
la tragédie est née.
II. UN GENRE CODIFIÉ
A) Terreur et pitié
La tragédie est le genre théâtral qui met les personnages de haut rang (roi, princesse, noble)
dans une situation de conflit, dans laquelle ils tentent de résister face au destin ou face aux
Dieux. Mais le héros peut également être en situation de conflit intérieur, ce qui explique la
présence de longues tirades ou monologues dans lesquels il délibère, c’est-à-dire s’interroge
à haute voix avant de prendre une décision.

Le philosophe grec Aristote a défini les règles fondamentales de la tragédie :


- L’action doit former un tout, c’est-à-dire avoir un début, un milieu et une fin.
- La bienséance : on ne doit pas représenter sur scène d’actions violentes. Il ne peut pas y
avoir de sang ou de meurtre sur scène. La violence se déroule en coulisses, et le récit en est
fait par les témoins.
- La vraisemblance : il faut que l’on puisse croire aux actions représentées sur scène.

- Une tragédie doit provoquer la terreur et la pitié chez le spectateur, afin qu’il se libère de
ses passions en regardant la pièce.

B) La règle des trois unités


Au XVII° siècle, l’Académie Française impose la règle des trois unités, résumée par Boileau
dans la formule : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le
théâtre rempli ».

- Unité de temps : l’action doit se dérouler en moins de vingt-quatre heures.

- Unité de lieu : l’action se déroule au même endroit du début à la fin de la pièce.


- Unité d’action : on se limite à une seule histoire. Il peut y avoir des intrigues secondaires,
mais elles n’ont pas d’influence sur l’intrigue principale.
Séquence 4

III. LES REGLES DE LA TRAGEDIE CLASSIQUE DANS LE CID

Corneille se réserve le droit de prendre certaines libertés. Il préfère


toujours le jugement du public à celui des doctes, qui le lui
rendront bien lors de la querelle du Cid où ils lui reprochent son
mépris des règles.

— La première de ces règles est celle des trois unités. A la lumière


de votre lecture du Cid, indiquez si Corneille a respecté la règle des trois unités ?
Aucune des trois unités n’est vraiment respectée. Tout d’abord, l’unité de lieu. L’action doit
se dérouler en un seul lieu. L’intrigue se déroule à Séville, mais les changements de lieu se
multiplient : demeure de Chimène, appartement de l’Infante, salle du Conseil royal. L’action
doit se dérouler en vingt-quatre heures. On a du mal à imaginer que Rodrigue ait pu, après
son duel, se rendre au combat et remporter la victoire dans un laps de temps si court. L’unité
d’action voudrait qu’il n’y ait qu’une seule intrigue principale. Or, il y a deux intrigues
amoureuses (Chimène/ Rodrigue et l’Infante/Rodrigue) auxquelles il faut ajouter la menace
d’une invasion barbare.

— La seconde règle est la vraisemblance. Le poète tragique s’interdit de représenter sur


scène des faits qui ne présentent pas un caractère de vérité pour le public. L’action du Cid
respecte-t-elle cette règle ?

Les opposants du dramaturge ont eu tôt fait de relever l’invraisemblance du dénouement de


la pièce qui annonce le mariage de Chimène avec le meurtrier de son père. Corneille oppose
à la vraisemblance la vérité du fait historique. On lui reproche aussi sa scène d’exposition qui
met en scène une servante (Elvire) discutant avec un grand seigneur (le Comte). Corneille
supprimera cette scène en1660

— La troisième règle est la bienséance. Les paroles et les actes des personnages ne doivent
pas heurter la morale. Toute référence à la sexualité, le spectacle de la violence, les propos
qui contreviendraient aux principes de la foi chrétienne sont donc proscrits. Est-ce le cas
dans Le Cid ?
Dans la version de 1637, Corneille contrevient, à de nombreuses reprises, à la règle de la
bienséance. Acte V, scène 7, Chimène parle du « lit » qu’elle doit partager avec Rodrigue.
Acte IV, scène 4, le Roi conseille à Don Diègue : « Contrefaites le triste. » Procédé qui n’est
pas exactement digne de sa fonction.

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