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Rémi VAISSAIRE-PICHON Collège Colette - 6ème 8

Samy OULD OUALI


Loric MATTON

Corneille et Racine

Sommaire
I. Introduction .................................................................................................................................. 2
II. Le théâtre au XVIIème siècle ......................................................................................................... 2
II.1) Les règles du théâtre classique .......................................................................................... 2
a) La règle des trois unités ..................................................................................................... 2
b) La règle de vraisemblance ................................................................................................. 2
c) La règle de bienséance ....................................................................................................... 2
II.2) Les genres théâtraux .......................................................................................................... 3
a) La tragédie classique.......................................................................................................... 3
b) La comédie classique ......................................................................................................... 3
c) La tragi-comédie ................................................................................................................ 3
II.3) Comparaison entre comédie et tragédie ............................................................................. 3
II.4) Les trois plus grands auteurs de théâtre au XVIIème siècle ................................................ 4
III. Biographies ............................................................................................................................... 4
III.1) Biographie de Racine ......................................................................................................... 4
III.2) Biographie de Corneille ..................................................................................................... 5
III.3) Une grande rivalité ............................................................................................................ 6
IV. Comparaison entre Corneille et Racine .................................................................................... 6
IV.1) L'aspect psychologique des personnages ........................................................................... 6
IV.2) Autres différences .............................................................................................................. 8

Avril - Mai 2021

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I. Introduction
Corneille et Racine sont deux grands dramaturges et poètes français du XVIIème siècle.
Commençons par les situer sur une frise chronologique, par rapport à leurs contemporains :

II. Le théâtre au XVIIème siècle


Pour comprendre l'œuvre de Corneille et Racine, il nous faut d'abord avoir un aperçu de ce qu'est
le théâtre au XVIIème siècle.

II.1) Les règles du théâtre classique


A cette époque, les pièces de théâtre sont découpées en actes, eux-mêmes divisés en scènes. Les
pièces doivent respecter :

a) La règle des trois unités


Cette règle a pour but de ne pas éparpiller l’attention du spectateur pour qu’il se concentre sur
l’intrigue et qu'il soit mieux touché :
 Unité de temps : La durée de l'histoire doit se rapprocher le plus possible de la durée de
la représentation, mais on tolère qu'elle se déroule sur vingt-quatre
heures.
 Unité d’action : En si peu de temps, la pièce ne peut comporter qu’une seule action
principale.
 Unité de lieu : Toute l’action représentée se déroule dans un seul endroit (un seul décor).

b) La règle de vraisemblance
Il faut que les spectateurs aient l’illusion d’assister au déroulement d’une histoire réelle.

c) La règle de bienséance
Rien ne doit choquer la sensibilité ou les principes moraux du spectateur : pas de violence, et pas
d'intimité physique. Par exemple, la mort d'un personnage est seulement rapportée dans un récit (le
sang ne peut être versé sur scène).

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II.2) Les genres théâtraux

a) La tragédie classique
La tragédie classique est une pièce de théâtre en alexandrins (vers de 12 pieds), composée de
cinq actes. Elle est inspirée des tragédies antiques grecques, qui étaient jouées lors de grandes
fêtes en l'honneur du dieu Dionysos.
En effet, au XVIIème siècle, aucun auteur n'aurait l'idée d'écrire une tragédie sans respecter les
règles énoncées par les auteurs grecs des Vème et IVème siècle av. J.C. (Eschyle, Sophocle, Euripide
et Aristote). Il faut donc imiter les Anciens.
C'est pourquoi la tragédie classique ne met en scène que de très hauts personnages, appartenant à
l’histoire ou aux mythes de l’Antiquité.
Ces personnages sont confrontés à des problèmes exceptionnels (honneur bafoué, passion
amoureuse, raison d’Etat), et passent brusquement du bonheur au malheur.
Le dénouement est généralement tragique.
La tragédie classique prétend remplir une fonction morale. En s’identifiant à des personnages
dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré,
« purgé » des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement.

b) La comédie classique
La comédie classique apparaît en France au XVIIème siècle, comme la tragédie. Ecrite en vers ou
en prose, en trois à cinq actes, elle cherche à divertir le spectateur, à le faire rire.
Contrairement à la tragédie, dans la comédie, les personnages sont de condition moyenne ou
modeste. Ils sont confrontés à des problèmes quotidiens (l’amour et l’argent) et le dénouement est
généralement heureux. Molière (1622-1673) est le plus illustre représentant du genre.

c) La tragi-comédie
La tragi-comédie présente toutes les caractéristiques de la tragédie, mais s’en distingue par son
dénouement heureux.

II.3) Comparaison entre comédie et tragédie

Comédie classique Tragédie classique


Expression En vers ou en prose En vers
Niveau de langue Courant ou familier Soutenu
Type de personnages Bourgeois, domestiques Roi ou héros
Comportement du héros Peut être ridicule Digne
Type d'intrigue L'amour se heurte à un obstacle Une crise : le héros est pris dans un
conflit
Dénouement Heureux (ex : un mariage) Malheureux : souvent une (des)
mort(s)
Effet sur le spectateur Rire, pour corriger les mœurs par Terreur ou pitié, pour détourner des
le spectacle des ridicules passions destructrices

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II.4) Les trois plus grands auteurs de théâtre au XVIIème siècle
Molière : il a écrit 33 comédies.
Racine : il a écrit 11 tragédies et une seule comédie.
Corneille : il a écrit 7 comédies, 5 tragi-comédies et 18 tragédies.

III. Biographies
III.1) Biographie de Racine

1639 Naissance de Jean Racine, issu d'une famille de la petite bourgeoisie. Il devient
orphelin à l'âge de 3 ans.
1649 Sa grand-mère le fait admettre au couvent janséniste de Port Royal à Paris, où
il apprend le grec et le latin et découvre les grands poètes tragiques de
l'Antiquité (Sophocle, Euripide et Eschyle). Il devient extrêmement cultivé.
à partir de 1658 Racine fréquente les milieux littéraires et mondains (il rencontre La Fontaine
vers 1660, Molière en 1663 et Nicolas Boileau).
1663 Après avoir attiré l'attention de Louis XIV en écrivant des poèmes à sa gloire,
il reçoit de lui de l'argent.
Plus tard, il percevra du roi une pension régulière, pour écrire et faire jouer des
pièces de théâtre à Versailles. En effet, le Roi Soleil aimait s'entourer des
meilleurs artistes du royaume pour asseoir toute sa splendeur.
1664 Il termine sa première tragédie : La Thébaïde, montée par la troupe de Molière.
Mais peu après il se brouille avec lui.
1665 Alexandre (tragédie)
1667 Andromaque (tragédie, qui est un immense succès)

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1668 Les Plaideurs (seule comédie de Racine)
1669 Britannicus (tragédie)
1670 En concurrence avec Corneille sur le même sujet, sa tragédie Bérénice est un
triomphe.
1672 Bajazet (tragédie)
1673 Racine est élu à l'Académie française.
1674 Iphigénie (tragédie)
1677 Phèdre (tragédie)
Racine quitte ensuite le monde théâtral car il a la chance de devenir, avec
Boileau, historiographe du roi Louis XIV. Il sera anobli et mènera une vie de
courtisan.
1699 Mort de Racine.

III.2) Biographie de Corneille

1606 Naissance de Pierre Corneille, dans une famille bourgeoise.

de 1615 à 1624 Il fait de brillantes études au collège des Jésuites de Rouen, avant de devenir
avocat, tout en écrivant ses premiers vers.

1629 Sa première comédie, Mélite, remporte un succès éclatant, avec la troupe du


Marais.
1635 Médée, sa première tragédie.
L'illusion comique (comédie).
1637 Le Cid (tragi-comédie) est un triomphe.
1640 Horace (tragédie).

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1641 Cinna (tragédie).
1647 Corneille est élu à l'Académie française.
1659 Œdipe (tragédie).
1674 Corneille se retire du théâtre.
1684 Mort de Corneille

III.3) Une grande rivalité


Les deux dramaturges sont de grands rivaux, aussi bien dans la vie privée (Racine a pour
maîtresse Thérèse Du Parc, une célèbre comédienne de cette époque, que Corneille a courtisée
avant lui), que dans le monde du théâtre (par exemple en 1670, lorsqu'ils écrivirent chacun une
pièce sur l'histoire d’amour entre l’empereur Titus et la reine Bérénice : c'est celle de Racine qui
triompha).
Il existera même une certaine tension entre eux.
Mais après Suréna, dernière tragédie de Corneille en 1674, Racine n'a plus de rival.

IV. Comparaison entre Corneille et Racine


De manière générale, Corneille évoque dans ses histoires un idéal héroïque, au service des
grands intérêts de l'Etat, alors que Racine, lui, préfère les histoires de famille ou d'amour raffinées.

IV.1) L'aspect psychologique des personnages


Nous allons comparer l'aspect psychologique des personnages, chez Racine et chez Corneille :

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RACINE CORNEILLE
Pour Racine, “La principale règle est de Contrairement à ceux de Racine, les
plaire et de toucher [le public]”. personnages de Corneille peuvent être
Racine a tendance à bouleverser le considérés comme surhumains, à cause de la
spectateur, en mettant en scène des force de caractère dont ils font preuve.
personnages qui sont en général confrontés Pour Corneille, l'amour véritable est une
à un destin contre lequel ils ne peuvent pas passion noble qui fait non pas des lâches mais
lutter. Ces personnages sont souvent en des héros, puisque ses personnages doivent se
proie à la passion, ils perdent le sens de la dépasser pour mériter cet amour. Il n'y a donc
raison, ce qui cause souvent leur perte, ou pas de conflit entre l'amour et le devoir, entre
même leur mort. l'amour et l'honneur, entre l'amour et la gloire.
L'héroïne de Phèdre est sans doute celle L'amour est fondé sur l'admiration : pour être
qui incarne le mieux la souffrance, celle aimé, il faut rencontrer la gloire en
d'un amour impossible, puisqu'elle a le accomplissant son devoir.
malheur d'être tombée amoureuse de Voici, comme illustration, un extrait de la
Hyppolyte, le fils d'un premier mariage de scène 6 de l'acte III du Cid, dans laquelle Don
son mari, le roi Thésée. Diègue félicite son fils Rodrigue pour avoir
Voici un extrait de la scène 3 de l'acte I, sauvé son honneur, au détriment de son amour
dans laquelle Phèdre décrit à sa confidente pour Chimène. Puis il lui conseille de sortir
son coup de foudre, à l'origine de son mal glorieux de la bataille contre les Maures, s'il
(elle ne parviendra pas à lutter contre sa veut espérer reconquérir Chimène :
passion) :
“Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses !
L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir
“Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue [...]
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; Si tu l'aimes, apprends que revenir vainqueur
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; C'est l'unique moyen de regagner son cœur”
Je sentis tout mon corps et transir et brûler :”
(Don Diègue dans Le Cid, acte III, scène 6)
(Phèdre dans Phèdre, acte I, scène 3)

Pour comparer simplement ces aspects psychologiques, on peut dire que :


Chez Racine Chez Corneille
Conflit raison / C’est la passion qui l’emporte sur la C’est la raison qui l’emporte sur la passion
passion raison.
Conception de L’Amour est fondé sur la passion et L’amour est fondé sur l’estime et l’honneur.
l'amour la jalousie extrêmes. Il est plus souvent partagé.
Souvent, il n'est pas partagé.
Lucidité Les personnages perdent leur Les personnages gardent leur lucidité dans
lucidité quand la passion prend le n’importe quelle situation. Ils sont donc
dessus; ils ne sont pas maîtres de maîtres de leurs passions.
leurs passions.
Perception du Racine a une vision négative de Corneille a une vision positive de l’homme
genre humain. l’homme, de sa capacité de maîtriser qui est en mesure de maîtriser ses
ses instincts négatifs (influence sentiments/instincts négatifs.
janséniste).
Action sur son L’homme est victime de la fatalité, L’homme peut maîtriser la fatalité et
destin de la malédiction divine contre renverser son destin.
laquelle il ne peut rien.

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La Bruyère résume très bien ces différences : pour lui, Corneille peint les êtres humains « tels
qu'ils devraient être », tandis que Racine les peint « tels qu'ils sont ».

IV.2) Autres différences

Chez Racine Chez Corneille


Respect des Les règles du théâtre classique sont La règle des trois unités et celle de
règles du respectées. vraisemblance ne sont pas respectées.
théâtre
classique
Mixité Racine préfère les personnages On trouve aussi bien des personnages
hommes / féminins. féminins que masculins.
femmes
Emotion du Le spectateur est impliqué d’un Le spectateur garde sa lucidité et sa capacité
spectateur point de vue émotif. Il est mis en de réfléchir face à ce qui se passe sur scène.
garde contre les passions violentes
de l’âme humaine.

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