Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Racine
Livret pédagogique
Établi par Monique EMOND-BONETTO
et Marie-Laure BOUCHAND,
professeurs en collège
HACHETTE
Éducation
Conception graphique
Couverture et intérieur : Médiamax
Mise en page
Médiamax
Illustration
Harvey Stevenson
RÉPONSES AU X Q U E S T I O N S 4
DES I D É E S P O U R D E S I N F O R M AT I O N S , E T C . 59
BIBLIOGRAPHIE C O M P L É M E N TA I R E 64
3
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Avertissement
Nous ne proposons pas systématiquement de réponses aux questions des
rubriques suivantes : « À vos plumes ! », « Mise en scène » et « Lire l’image ».
En effet, nous considérons que ces trois rubriques, relevant avant tout d’un
travail personnel, ne peuvent faire l’objet d’une correction type.
Les indications de pages accompagnant les numéros d’acte et de scène
renvoient aux questionnaires du livre de l’élève.
L A D É D I C A C E E T D E U X P R É FA C E S ( p . 2 2 )
4
La dédicace et les deux Préfaces
N É TUDIER LE DISCOURS
Dédicace
4. C’est l’auteur Racine qui parle en particulier à Madame, femme du duc
d’Orléans et plus généralement aux lecteurs de sa pièce dont doivent faire
partie les critiques du temps, propres à juger de la valeur d’une pièce.
N É TUDIER LE GENRE
Dédicace
5. Des lectures dans les salons des œuvres en cours de rédaction étaient
d’usage à cette époque. Elles y étaient discutées et l’auteur tenait compte des
critiques. Étant donné la dédicace, une lecture a certainement été faite par
Racine chez Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur, frère du Roi. Elle
passait pour l’arbitre du bon goût. Avoir son approbation était déterminant
pour l’avenir de l’œuvre.
Le gazetier Robinet écrit le 22 décembre 1668 : « Tous les auteurs les plus
brillants / Tremblent en portant leurs talents / Au fameux polissoir de sa [d’Henriette
d’Angleterre] belle ruelle. »
D’autre part, les émotions des gens, des hommes comme des femmes,
s’expriment facilement par des pleurs au XVIIe siècle.
6. Ce sont les unités de lieu, de temps, d’action.
L’action doit tenir le spectateur en haleine, et dans les dernières scènes, le
dénouement doit répondre à toutes les questions que l’on a pu se poser au
cours de la pièce.
Les héros de la tragédie doivent être nobles : rois, reines, princesses. Mais, afin
d’émouvoir le spectateur en lui inspirant de la crainte et de la pitié, ils ne doi-
vent être ni être tout à fait bons ni tout à fait méchants.
Mais la règle essentielle est de plaire au public. « Et nous qui travaillons pour
plaire au public, nous n’avons plus que faire de demander aux savants si nous tra-
vaillons selon les règles. La règle souveraine est de plaire à Votre Altesse Royale. »
Boileau rappelle ces règles dans L’Art poétique, chant III :
« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Que le trouble toujours croissant de scène en scène
À son comble arrivé, se débrouille sans peine
Des héros de roman fuyez les petitesses
Toutefois aux grands cœurs donnez quelques faiblesses. »
5
RÉPONSES AUX QUESTIONS
6
Acte I, scène 1
A C T E I , S C È N E 1 (p. 23)
1. Les liens qui unissent Oreste et Pylade sont ceux d’une indissoluble
amitié : « un ami si fidèle » (v. 1) ; « Prêt à suivre partout le déplorable Oreste, […]
Et de moi-même enfin me sauver tous les jours. » (v. 46 à 48). Oreste, si résigné,
reprend espoir à sa simple vue.
Pylade se montre très attaché à Oreste, confiant sa détresse d’être séparé de
lui dans le passé (voir champ lexical du chagrin des vers 13 à 16). Et surtout,
il se veut un précieux auxiliaire du jeune homme en lui donnant des nou-
velles précises de la cour de Pyrrhus. Cette image « d’homme impeccable »,
comme dirait Racine, a valu au nom de Pylade de devenir un substitut du
nom commun « ami ».
À noter que Pylade est suffisamment proche d’Oreste – ils sont cousins –
pour lui faire des remontrances et mettre en lumière son aveuglement. Pylade
se comporte en protecteur et la dernière scène de la pièce, faisant écho à la
première, montrera le dévouement dont il est capable.
2. Pylade a été le témoin de la naissance de l’amour d’Oreste pour
Hermione. La décision de Ménélas de donner sa fille comme épouse à
Pyrrhus qui avait joué un rôle essentiel dans la reconquête de son épouse
Hélène, l’a désespéré. Pour l’oublier, il est alors parti sur les mers, et son fidèle
ami Pylade l’a accompagné. Apprenant qu’Hermione prodiguait ses charmes
à Pyrrhus, il crut qu’il allait la haïr. Revenu en Grèce, il apprend que les Grecs
se révoltent contre Pyrrhus ; ils lui reprochent de protéger le fils d’Hector,
Astyanax, qu’Andromaque a sauvé en trompant Ulysse, et de retarder sans
cesse son mariage avec Hermione. Oreste se réjouit en secret : il croit se sen-
tir vengé, mais sent bientôt renaître son amour. Il obtient des Grecs d’être
leur ambassadeur auprès de Pyrrhus. Officiellement, il vient pour obtenir que
ce dernier lui livre Astyanax. En fait, son but est d’enlever Hermione ou de
mourir à ses yeux.
3. Réclamer le fils d’Hector. Pyrrhus déclenche une guerre avec les Grecs s’il
refuse. « Je viens voir [...] tant d’États : » (v. 91-92)
4. « J’aime : je viens chercher Hermione en ces lieux, / La fléchir, l’enlever, ou mou-
rir à ses yeux. » (v. 99-100) et « Heureux si je pouvais, dans l’ardeur qui me presse, /
Au lieu d’Astyanax lui ravir ma princesse ». Oreste se montre un bien piètre
ambassadeur, préférant faire triompher son propre intérêt rigoureusement
contraire à l’intérêt des Grecs. Mais il rejoint ainsi le désir secret de Pyrrhus.
7
RÉPONSES AUX QUESTIONS
5. Hermione :
Elle éprouve de la passion pour Pyrrhus :
« Elle pleure en secret le mépris de ses charmes. » (v. 130)
Elle est indécise :
«Toujours, prête à partir et demeurant toujours, » (v. 131)
Elle est prête à utiliser l’amour d’Oreste :
« Quelquefois elle appelle Oreste à son secours. » (v. 132)
Pyrrhus :
Il confond amour et politique :
« Mon rival porte ailleurs son cœur et sa couronne ; » (v. 78)
C’est un homme de pouvoir qui peut se montrer cruel :
« De son fils, qu’il lui cache, il menace la tête, » (v. 113)
Il est plein de contradictions :
« Et chaque jour [...] arrête. » (v. 111 à 114).
« Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu’il hait, et punir ce qu’il aime. » (v. 121-122)
Il est prêt à utiliser les sentiments d’autrui pour ses propres fins :
« Et de ses vœux […] rage. » (v. 117-118)
Andromaque :
Elle éprouve de la haine pour Pyrrhus :
« […] Mais enfin cette veuve inhumaine
N’a payé jusqu’ici son amour que de haine ; » (v. 109-110)
C’est une mère courageuse et rusée :
« J’apprends que [...] trépas. » (v. 73 à 76)
6. « Pressez, demandez tout, pour ne rien obtenir. » (v. 140)
Pylade conseille une attitude qui fera fi de toute diplomatie propre à la fonc-
tion d’ambassadeur et qui vise clairement l’échec de la mission d’Oreste.
Racine fait déjà entrevoir au spectateur toute la duplicité du langage chez les
personnages.
N É TUDIER LE VOCABULAIRE
7. Le champ lexical est celui du malheur : « vos malheurs » (v. 14), « cette mélan-
colie » (v. 17), « un malheureux » (v. 38), « mon désespoir » (v. 43), « mes ennuis »
(v. 44).
C’est « le déplorable Oreste » qui se croit le jouet du destin : « Mais admire avec
moi le sort dont la poursuite / Me fait courir alors au piège que j’évite. » (v. 65-66)
8
Acte I, scène 1
et qui n’est que l’esclave de sa passion (voir les images du prisonnier pour
évoquer son amour, v. 33 et 44).
Oreste est un personnage tragique, inspirant d’emblée la pitié du spectateur.
Ce ne sont plus les dieux qui écrasent l’homme, mais c’est sa propre passion.
8. Le mode employé le plus souvent est l’impératif. Pylade fait preuve d’au-
torité ; il a un certain ascendant sur Oreste qui mettra ses conseils en pratique
en présence de Pyrrhus. Pylade soumet à Oreste une stratégie ingénieuse et
retorse qui permet d’agir en apparence conformément aux désirs des Grecs
mais qui, en réalité, ruine leurs espoirs.
N É TUDIEZ LE DISCOURS
9. Oreste narre un long récit dont les marques sont :
– le temps du passé simple : « Tu vis naître », « quand je me souvins »... auquel
s’ajoutent des passages au présent de narration : « J’entends de tous côtés »,
« J’apprends que... » ;
– une succession d’actions dont Oreste est le héros : « J’y courus », « je brigue
le suffrage », « On m’envoie à Pyrrhus... » ;
– différents lieux dans lesquels le personnage se déplace : « de mers en mers »,
« dans la Grèce », « en ces lieux ».
Le récit rend compte d’événements qui se déroulent ou se sont déroulés
hors-scène. Il permet une échappée vers l’extérieur qui ne peut être repré-
sentée ici, en vertu de la règle d’unité de lieu.
10. Les métaphores utilisées pour caractériser le sentiment amoureux sont
empruntées au vocabulaire galant de la Préciosité. L’amour est représenté
comme une « flamme » (v. 40), des « feux » (v. 86). Bien que très souvent
employée, l’image, ici, exprime la vivacité d’une passion toujours prête à
renaître lorsqu’on la croit morte.
La séduction de la femme aimée est qualifiée de « charme » qui envoûte et
retient prisonnier l’amoureux : « Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers ? »
(v. 32). Oreste n’est pas maître de lui, son sort est lié à la volonté d’Hermione.
9
RÉPONSES AUX QUESTIONS
La double énonciation
13. Ce sont les personnages eux-mêmes qui informent le spectateur. L’auteur
imagine de les placer dans une situation où ils peuvent de la façon la plus
naturelle informer à la fois un personnage et le public : ici, Oreste et Pylade,
séparés par une tempête, échangent les nouvelles que chacun a recueillies.
14. Pyrrhus fiancé à Hermione
n’aime pas
Pyrrhus aime Andromaque
retient prisonnière
Oreste aime Hermione
Oreste est ambassadeur auprès de Pyrrhus
est rival en amour de
Hermione est indifférente à Oreste
Hermione aime Pyrrhus
NÀ VOS PLUMES !
15. Ce sont des alexandrins, vers de douze syllabes.
Les rimes sont suivies : aa, bb, cc.
N L IRE L’ IMAGE
16. Pylade est à gauche. Il offre son bras à Oreste qui l’agrippe d’un geste
nerveux. Pylade, tête inclinée, écoute avec déférence les confidences
d’Oreste.
10
Acte I, scène 4
A C T E I , S C È N E 4 (p. 38)
11
RÉPONSES AUX QUESTIONS
car il projette de relever Troie et d’y installer Astyanax comme roi. C’est exac-
tement ce que redoutent les Grecs : « Votre Ilion encor peut sortir de sa cendre ; /
Je puis, en moins de temps que les Grecs ne l’ont pris, / Dans ses murs relevés
couronner votre fils. » (v. 330 à 332).
Pyrrhus mêle, dans la première partie de son discours, l’humilité du soupirant
qui ne demande que peu de choses (« un regard », « un regard moins sévère ») et
la fougue du guerrier valeureux.Voir l’usage des présents à valeur de futur pour
mettre en lumière la rapidité de ses actions : « Je vous rends votre fils, et je lui sers
de père ; » (v. 326) ; « Animé d’un regard, je puis tout entreprendre : » (v. 329).
6. Certes, Andromaque aime son fils, mais à travers lui, c’est Troie, c’est son
père, c’est surtout son époux, Hector, qu’elle retrouve. Elle ne l’aime pas pour
ce qu’il est.
« Le seul bien qui me reste et d’Hector et de Troie, » (v. 262) « Il m’aurait tenu lieu
d’un père et d’un époux ; » (v. 279).
7. 1er argument : les propositions de Pyrrhus portent atteinte à sa dignité
car il se montre faible et son attitude n’est pas désintéressée comme il
conviendrait chez un grand héros. C’est sa réputation qui est en jeu.
2e argument : il ne saurait être séduit par une femme qui se présente
comme une captive, donc une ennemie, et comme une veuve habitée par le
chagrin. Et en même temps, elle ne saurait oublier que son malheur présent
est dû à Pyrrhus et à son père Achille.
3e argument : une action généreuse à son égard et sans contrepartie aug-
menterait sa gloire et le rendrait l’égal de son père.
Ces arguments seraient irréfutables si Pyrrhus se plaçait dans la perspective
d’une morale héroïque, mais toutes les valeurs qui la composent sont niées
au profit de l’assouvissement de la passion. Quant aux larmes que verse
Andromaque, elles sont un attrait supplémentaire de sa personne (voir
l’amour de Néron pour Junie dans Britannicus : « J’aimais jusqu’à ses pleurs que
je faisais couler », v. 402).
8. Si Andromaque ne cède pas à la demande de Pyrrhus, Astyanax mourra ;
« Le fils me répondra des mépris de la mère. » (v. 370).
C’est l’amour-passion : Pyrrhus ne respecte pas Andromaque. Il veut la pos-
séder à n’importe quel prix, ici, un affreux chantage.
9. Dans un premier temps, Andromaque souhaite vivre en exil, avec son fils,
loin des Grecs et de Pyrrhus. « [... / ...] C’est un exil que mes pleurs [...] époux. »
(v. 338 à 340).
12
Acte I, scène 4
Mais, plutôt que de céder à Pyrrhus, elle accepte l’idée de la mort de son fils,
y voyant la fin de ses propres ennuis, puisqu’elle pourra rejoindre son époux
en se donnant la mort. « Hélas ! il mourra donc [...] père. » (v. 373 à 378)
Dans cette scène il semble que sa fidélité à Hector soit un sentiment plus fort
que son amour maternel. C’est du moins ainsi qu’elle doit apparaître à Pyrrhus.
Est-ce un jeu de sa part, ou l’expression de ses sentiments réels ?
10. Devant la constance d’Andromaque qui reste inébranlable en acceptant
la mort prochaine de son fils et en faisant entrevoir son propre suicide,
Pyrrhus laisse sa décision en suspens, pour engager sa captive à la réflexion,
mais surtout pour éviter de la perdre. Pyrrhus agit ainsi par égoïsme et aussi
parce qu’il n’a pas le choix : c’est Andromaque qui mène le jeu.
11. Comment Oreste va-t-il être accueilli par Hermione ?
Andromaque va-t-elle persister dans son refus et accepter la mort de son fils ?
Que pourrait-elle tenter pour le sauver ?
Repoussé par Andromaque, Pyrrhus va-t-il revenir sur sa décision de sauver
Astyanax ? Va-t-il épouser Hermione ?
N É TUDIER LE VOCABULAIRE
12. L’expression : « chargé de fers » est prise dans son sens figuré et montre,
par un subtil renversement de la réalité, que Pyrrhus est non le vainqueur
mais le « vaincu », non le maître, mais le prisonnier de ses remords. Ici appa-
raît le tempérament désabusé du héros qui démystifie la gloire obtenue sur le
champ de bataille. Le mot « feux », au centre de l’alexandrin est pris dans son
sens figuré dans le premier hémistiche et dans son sens propre dans le
deuxième hémistiche. L’amour devient une brûlure vive et douloureuse ; il
ne grandit pas le héros qui l’éprouve. Ce sont toutes les valeurs chevale-
resques qui sont mises à mal, dans ces images, par Racine. Le héros devient
un être pitoyable.
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
13. À cinq vers d’intervalle, Racine construit un chiasme par les pronoms
« vous » et « elle ». Pyrrhus instaure un nouvel ordre des choses dans son palais,
générateur de scandale : la captive devient reine, la fiancée, représentante de la
13
RÉPONSES AUX QUESTIONS
loi grecque, perd tout pouvoir sur Pyrrhus. Par ailleurs, chaque vers est formé
de deux antithèses qui mettent en valeur l’antagonisme des deux femmes.
14. Ce sont des périphrases pour désigner dans l’ordre Astyanax, Oreste,
Pyrrhus, Hermione.
La périphrase, plusieurs mots mis à la place d’un seul, a pour objectif de
mettre en valeur une qualité.
Astyanax est très précieux pour Andromaque, puisqu’il est à la fois le rappel
de son époux chéri et de sa patrie.
C’est la terreur que devrait apporter à Andromaque, non pas Oreste, mais le
fils du chef militaire qui a dirigé la coalition des Grecs contre Troie et qui l’a
réduite en cendres.
Achille a accepté de rendre le corps d’Hector à son père Priam, et
Andromaque attend de son fils la même grandeur d’âme.
Il est naturel que Pyrrhus scelle, par une union avec la fille d’Hélène, la
coalition qui s’était formée pour reprendre Hélène aux Troyens, coalition
dans laquelle il a joué un rôle essentiel.
14
Acte II, scène 2
N L IRE L’ IMAGE
17. Andromaque embrassant Astyanax.
Au centre, Andromaque et son fils. Elle est dans une attitude d’adoration, les
yeux plongés dans ceux d’Astyanax, échappé des bras d’une servante. Elle se
lamente devant le portrait vivant de son mari, Hector. Dans l’ombre, Pyrrhus
accompagné de Phœnix. Il semble le prendre à témoin et déplorer l’ingrati-
tude d’Andromaque. Peut-être, Céphise, derrière Andromaque, contemple-
t-elle ce touchant tableau.
A C T E I I , S C È N E 2 (p. 52)
15
RÉPONSES AUX QUESTIONS
elle dans le malheur ceux qu’elle a voués à sa vindicte : « Je veux qu’on vienne
encor lui demander la mère. / Rendons-lui les tourments qu’elle me fait souffrir : »
(v. 446-447).Voir le personnage d’Ériphile dans Iphigénie aux vers 516 à 520.
16
Acte II, scène 2
11. Hermione ordonne à Oreste de soulever les Grecs contre Pyrrhus qui
s’est délibérément placé dans le camp de l’ennemi troyen. Le destin de
l’Épire doit être celui de Troie : « Qu’on fasse de l’Épire un second Ilion. »
(v. 564).Oreste poursuit son idée : soustraire Hermione à Pyrrhus et il la met
au défi d’accomplir elle-même son projet : « Madame, faites plus, et venez-y
vous-même. » (v. 566).
12. Le duc de Buckingham, ambassadeur du Royaume d’Angleterre auprès
de la cour du roi de France, Louis XIII, avait courtisé la reine de France, Anne
d’Autriche. Alexandre Dumas le raconte dans Les trois Mousquetaires.
13. Hermione renvoie Oreste auprès de Pyrrhus pour une mission où la
défense des intérêts politiques de la Grèce double la revendication de l’amou-
reuse blessée : « De la part de mon père [...] faites-le décider ; » (v. 585 à 587).
Hermione cherche simplement à gagner du temps : elle espère encore que
Pyrrhus lui reviendra et aussi qu’elle sera dégagée provisoirement des
demandes pressantes d’Oreste.
17
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Le mot « joie » qui donne une connotation heureuse au mot « Troie », lui est
toujours associé par ses vainqueurs.
C’est Pyrrhus qui associe les mots « proie » et « Troie » à un moment où il
regrette les actes de violence qu’il a commis pendant le sac de Troie.
17. Quand on lit des tragédies du XVIIe siècle, on est frappé de retrouver
d’une pièce à l’autre des rimes, voire des expressions, et même des vers
entiers, identiques. Chaque genre a un code linguistique particulier ; la
tragédie utilise un lexique noble, elle est écrite en alexandrins où « le jeu
des rimes appelle pendant cent cinquante ans des associations quasi automatiques,
alarmes/larmes, rang/sang, foi/loi, murailles/batailles, ... et que la mesure du
vers impose, quasiment incontournables, des locutions, des hémistiches, voire des vers
entiers d’un écrivain à l’autre, ... » (in C. Delmas, La Tragédie de l’Âge Classique
(1553-1770), p. 86).
Selon les élèves, possibilité d’un rapprochement avec l’épopée, L’Iliade et
l’Odyssée, par exemple.
Noter aussi que la notion de propriété intellectuelle est relativement
moderne.
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
18. Ce mélange des sentiments apparaît d’abord dans le discours. Oreste met
en parallèle haine et amour, non pas pour les opposer dans une antithèse, mais
pour les unir dans un même vers ou dans deux vers consécutifs sous forme
d’oxymore, car il sait bien que chez Hermione, quoi qu’elle en dise, « ... la
haine est un effort d’amour ». Voir le vers 540 : « Je vous haïrais trop. / Vous
m’en aimeriez plus. » ; v. 544 « Vous m’aimeriez, Madame, en me voulant haïr. » ;
les vers 573-574 : « Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame, / L’amour n’est pas
un feu qu’on renferme en une âme : ».
La confusion des sentiments apparaît aussi dans les intentions d’Hermione
qui ne peut soulager sa souffrance qu’en faisant souffrir l’objet de son amour.
La vengeance est sa consolation. C’est pourquoi, cette jeune fille délaissée se
révèle fort dangereuse pour Pyrrhus : « Allez contre un rebelle armer toute la
Grèce ; » (v. 562).
Hermione, pénétrée de l’orgueil de sa caste, ne conçoit pas de s’effacer pour
le bonheur de l’autre. Son amour est trop égoïste, il ignore le sublime et le
sacrifice de soi.
18
Acte II, scène 2
19. Oreste instaure un rapport étroit entre la férocité des Scythes et l’indif-
férence d’Hermione. Ce parallélisme précieux est développé tout le long de
sa tirade. Les mots « sang », « cruels », sont pris au sens propre : Oreste a
risqué réellement sa vie chez les barbares. Mais sa vie est davantage menacée
auprès d’Hermione. Les termes « victime », « coups » sont pris au sens figuré.
Le propos galant atteint un raffinement supplémentaire quand Oreste sou-
ligne le paradoxe suivant : les barbares l’ont épargné mais la descendante
d’Atrée le plongera dans la mort.
La comparaison proclame la toute-puissance de la femme aimée, femme
fatale à qui l’amant offre sa vie. La mort est dispensée par le regard ,arme
redoutable car il est le véhicule des sentiments. Voir aux vers 498 à 500 :
« Ils n’ont qu’à [...] une fois / […] ».
Hermione ne peut que se sentir flattée par un amant qui se livre à elle corps
et âme.
N É TUDIER UN THÈME
Le masque de la raison
20. Hermione se présente comme une princesse, pleine d’autorité et gar-
dienne des volontés des chefs de la Grèce. Hermione rappelle froidement
Oreste à son rôle d’ambassadeur, ce qui lui permet de déplacer le sujet de
l’entretien : des mésaventures et de la mort d’Oreste qui ne l’intéressent pas,
elle passe à l’objet de sa mission, qui, lui, est le centre de ses préoccupations,
puisque c’est elle qui en est l’instigatrice. Elle substitue au problème senti-
mental, un problème politique.
Non seulement la loi grecque s’incarne en elle mais aussi l’obéissance à cette
loi. Hermione tente de faire croire qu’elle reste en Épire parce qu’elle est aux
ordres des hommes qui ont décidé de son sort et le mot « devoir » revient
dans sa bouche comme un leitmotiv : « Mon devoir m’y retient , et je n’en puis
partir / Que mon père ou Pyrrhus ne m’en fasse sortir. » v. 583-584. En réalité son
père l’a déjà libérée de son engagement (voir acte II, scène 1). Elle doit aussi
rester, dit-elle, pour empêcher un Grec, Pyrrhus, de nouer une alliance avec
une barbare : « [...] Songez quelle honte pour nous / Si d’une Phrygienne il deve-
nait l’époux ! » (v. 571-572). Noter l’emploi du pronom « nous » qui repré-
sente tous les Grecs. Enfin, elle veut faire œuvre de juge en condamnant un
traître à son peuple.
Ton froid et cruel : impératifs, interrogations brutales.
19
RÉPONSES AUX QUESTIONS
21. Hermione révèle ses sentiments lorsqu’elle se sent blessée par les paroles
d’Oreste. Cest d’abord la confirmation de son infortune amoureuse. Elle
laisse alors échapper un cri douloureux : « L’infidèle ! » , au début du vers 515,
qu’elle n’a pas la force d’achever.
Ensuite, elle est touchée dans son amour-propre par la cruelle attaque
d’Oreste « Car enfin il vous hait... » (v. 549). Sa vive répartie interrompt la
phrase d’Oreste puis son discours prend la forme d’interrogations indignées.
Leur facture traduit l’émotion d’un cœur révolté : construction disloquée du
vers 550 (emploi du pronom neutre « l’ » annonçant le complément « qu’il
me méprise ») ; doublement du sujet au vers 551.
Enfin, elle se découvre dans toute sa naïveté de jeune fille prise au piège lors-
qu’elle laisse échapper la question « Mais, Seigneur, cependant s’il épouse
Andromaque ? » (v. 570), juste avant de se reprendre et de revêtir le masque
de la raison aux vers 571-572.
Hermione, fille d’Hélène, ne peut souffrir de lui être inférieure dans le domaine
de l’amour. Son échec auprès de Pyrrhus est d’autant plus mal vécu qu’il se
double de la conscience d’une lignée qui n’est plus à la hauteur du mythe.
NÀ VOS PLUMES !
22. On pourra à cette occasion lire quelques extraits du Lutrin de Boileau.
N L IRE L’ IMAGE
24. Hermione est en position dominante : debout, la main sur le front
d’Oreste dans un geste de caresse ou plutôt d’asservissement. Elle ne regarde
pas Oreste et semble le faire souffrir. Oreste se soumet à genoux mais à son
corps défendant ; le geste de la main est une faible défense contre le pouvoir
d’Hermione.
A C T E I I , S C È N E 5 (p. 62)
20
Acte II, scène 5
21
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Scène 5
22
Acte II, scène 5
N É TUDIEZ LE DISCOURS
La situation de communication
12. Phœnix, attaché à la famille d’Achille, est le gouverneur de Pyrrhus, il a
été chargé de son éducation, propre à inculquer au prince les devoirs qui sont
ceux de sa charge. Phœnix joue de tous les registres pour influencer son pro-
tégé : celui de la fierté que lui inspire la décision de Pyrrhus, puis celui de
l’autorité et enfin de la colère et de l’ironie pour lui faire reconnaître claire-
ment sa passion (v. 685) et lui faire honte : « Allez, Seigneur, vous jeter à ses pieds
[…] » (v. 680 à 682).
Pour Pyrrhus, il est un confident qui doit reconnaître les efforts qu’il déploie :
« […] Hé bien, Phœnix, l’amour est-il le maître ? / Tes yeux refusent-ils encor de
me connaître ? » (v. 625-626).
D’abord Pyrrhus n’écoute pas son interlocuteur, puis, pendant le reste de
l’entretien, il cherche à combattre le reflet que son gouverneur lui renvoie et,
finalement, il cède à ses instances mais comme un jeune homme déconte-
nancé et perdu. (Voir les interrogations finales.)
Les deux personnages ne peuvent s’entendre. Phœnix appartient à un monde qui
n’est pas tragique. Sa mission est d’ordre social : façonner un prince digne de son
père et capable des plus grands exploits. Pyrrhus, obéit à ses pulsions et ses déci-
sions y sont subordonnées. Il appartient complètement à l’univers tragique.
23
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
L’hypotypose
15. Pyrrhus choisit de restituer, pour lui-même et non pour Phœnix qui était
présent, le tableau qu’il a contemplé. Il le fait parce que ce moment l’a par-
ticulièrement marqué. C’est une scène qui l’a révolté ; les gestes, les paroles
d’Andromaque l’ont fait brûler de jalousie pour Hector. La scène est encore
présente dans les yeux et le cœur de Pyrrhus. Et la description qu’il en fait la
rend présente aussi pour les spectateurs.
Pyrrhus dit ce qu’il voit : Andromaque, en pleurs, serrant son fils dans ses
bras et lui-même rejeté hors de cette sphère de tendresse : « Vainement à
son fils j’assurais mon secours » (v. 651). Il dit ce qu’il entend en reproduisant
au style direct les paroles exactes d’Andromaque : « ses yeux, sa bouche, son
audace, c’est lui-même » (v. 653-654). Il découvre qu’elle n’aime Astyanax que
pour son pouvoir à évoquer Hector. Et l’illusion devient un instant totale :
Hector prend la place d’Astyanax : « C’est toi, cher époux que j’embrasse »
(v. 654).
Pyrrhus sent que c’est Hector qu’Andromaque aime à travers son fils, parce
qu’il est l’image de son époux disparu, qu’elle n’aime pas Astyanax pour ce
qu’il est, dans sa singularité.
24
Acte II, scène 5
N É TUDIER UN THÈME
Le sentiment amoureux
18. Le sentiment amoureux est perçu comme un asservissement et une alié-
nation par les deux personnages : « Ce n’est plus le jouet d’une flamme servile : »
(v. 629) ; « Et mon cœur, aussi fier que tu l’as vu soumis, » (v. 635). C’est aussi une
maladie qui affaiblit les volontés et qui conduit à la déchéance : « Quelle foule
de maux l’amour traîne à sa suite, » (v. 638) ; « Je trouvais du plaisir à me perdre pour
elle. » (v. 642). Ce genre d’amour ne correspond en rien à celui du héros
cornélien comme le Cid ou du héros courtois que l’amour pousse à se
surpasser.
19. Hermione et Pyrrhus se ressemblent dans la façon dont ils aiment et
réagissent aux événements qui contrarient cet amour.
– Leur amour-propre leur fait confondre amour et haine.
– Ils sont sourds aux paroles de leur interlocuteur car habités par la pensée de
l’autre.
– Leur naïveté et leur détresse affleurent lorsqu’ils abandonnent leur rôle :
« Mais, Seigneur, cependant s’il épouse Andromaque ? » (v. 570). « Crois-tu, si je
l’épouse, / Qu’Andromaque en son cœur n’en sera pas jalouse ? » (v. 669-670).
– L’humiliation qu’ils reçoivent les porte à la cruauté et à la vengeance envers
l’être aimé.
25
RÉPONSES AUX QUESTIONS
A C T E I I I , S C È N E 4 (p. 76)
Scènes 2 et 3
3. Oreste veut vérifier une dernière fois son infortune en posant la question :
« Et votre âme à ses vœux ne sera pas rebelle ? » (v. 809). Puis il affecte le calme
et offre à Hermione le visage du renoncement. Il lui dit ce qu’elle veut
entendre, que Pyrrhus l’aime et qu’elle n’est critiquable en rien. Il adopte la
stratégie recommandée par Pylade et tâche de n’éveiller aucun soupçon chez
Hermione qui connaît son caractère impétueux. Oreste se conduit avec elle
en ennemi qu’il faut vaincre par la ruse et la violence. Voir les paroles de
Pylade, dans la scène précédente : « Et cette nuit, sans peine, une secrète voie /
Jusqu’en votre vaisseau conduira votre proie. » (v. 793-794).
4. Hermione, confortée par les paroles perfides d’Oreste, s’enfonce dans son
aveuglement et refuse de prendre en compte la personnalité complexe de
Pyrrhus : « Non, Cléone, il n’est point ennemi de lui-même ; / Il veut tout ce qu’il
fait ; et s’il m’épouse, il m’aime. » (v. 845-846.) Elle élimine avec raison le motif
politique : la crainte des Grecs qu’elle accable de son mépris, suivant en cela
l’opinion de Pyrrhus : « Des peuples qui dix ans ont fui devant Hector, » (v. 840).
Mais sa lucidité achoppe sur le rôle d’Andromaque. À aucun moment, elle
n’évoque le personnage. Elle semble l’avoir enfoui dans les profondeurs de
son subconscient. Et lorsque son arrivée est annoncée, elle ne songe qu’à fuir :
« Sortons : que lui dirais-je ? » (v. 858).
26
Acte III, scène 4
27
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N É TUDIER LE DISCOURS
L’argumentation
10. Andromaque construit une solide argumentation pour convaincre
Hermione.
Vers 858 à 860 : Exorde. Elle montre l’humilité de la suppliante devant une
princesse toute puissante. Andromaque souligne par une périphrase, « la veuve
d’Hector », son ancienne qualité de princesse. En se mettant en position de
suppliante, cette princesse souligne son actuelle faiblesse devant Hermione,
ce qui valorise cette dernière et devrait flatter son orgueil.
Vers 861 à 880 : argumentation.
Vers 861 à 866 : elle s’adresse à l’amoureuse pour la rassurer. Andromaque qui
connaît l’amour d’Hermione pour Pyrrhus, veut d’abord la rassurer en affir-
mant qu’elle n’est pas une rivale, son seul amour étant Hector. Mais en même
temps, elle rappelle discrètement qu’elle a su un jour séduire un héros.
Vers 867 à 872 : elle s’adresse à la femme qui un jour sera mère, pour lui pré-
senter l’objet de sa requête : son fils, son bien le plus précieux. Elle tente ainsi
d’instaurer une solidarité qui tient à la nature de leur sexe et de faire naître
la compassion chez sa rivale « [...] Vous saurez quelque jour, / Madame, pour un
fils, jusqu’où va notre amour ; » (v. 867-868).
Vers 873 à 876 : elle s’adresse à la fille d’Hélène qu’elle a su faire protéger par
son mari lors de la guerre de Troie. Elle se place sur un plan politique deman-
dant un geste en échange de cette protection. Argument qui n’est pas sans
force si l’on songe aux alliances qui pouvaient se nouer, dans la Grèce
archaïque, entre des héros de nations étrangères et qui étaient fondées sur des
échanges de dons et de services.
28
Acte III, scène 4
Enfin, elle la flatte, semblant ne pas douter de son pouvoir sur Pyrrhus.
Vers 877 à 880 : requête finale. Dans les derniers vers, Andromaque minimise
le danger que peut être le maintien en vie de son fils, et exprime
l’objet précis de sa requête : qu’on les laisse se cacher tous les deux dans une
île déserte.
29
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N L IRE L’ IMAGE
15. Le metteur en scène a choisi de théâtraliser l’antagonisme des deux
femmes par des oppositions très tranchées. Robe blanche et lisse pour
Andromaque, robe noire et très plissée pour Hermione. Âme pure contre
âme noire et tourmentée.
Les deux femmes sont face à face et se jugent. Andromaque supplie
Hermione mais n’a, en aucune manière, une attitude de suppliante.
N M ISE EN SCÈNE
16. Ce travail peut être l’occasion d’une recherche passionnante sur les
masques de théâtre : masques des tragédies grecques, de la Commedia d’el arte,
masques des théâtres orientaux. Leurs formes, leurs couleurs, leur utilité, leur
symbolique.
Exposés, expositions, jeux dramatiques (comparaison : jouer la même scène
avec masques et sans masques), etc.
A C T E I I I , S C È N E 8 (p. 87)
30
Acte III, scène 8
Phœnix est la voix de la raison d’État : Pyrrhus, allié des Grecs, doit épouser
Hermione et livrer Astyanax, fils de son ennemi.
La présence des confidents souligne la grandeur ou la démesure du héros.
3. Andromaque reconnaît que sa condition de captive aurait pu être plus
mal ressentie auprès d’un autre maître : « J’ai fait plus : je me suis quelquefois
consolée / Qu’ici, plutôt qu’ailleurs, le sort m’eût exilée ; » (v. 933-934). Elle admet
aussi la grandeur d’âme de son ennemi : « Je n’ai pu soupçonner ton ennemi d’un
crime ; / Malgré lui-même enfin je l’ai cru magnanime. » (v. 941-942). En s’adres-
sant ainsi à l’âme d’Hector, elle met, pour la première fois, les deux hommes
sur un pied d’égalité en ce qui concerne leur valeur. Elle finit par toucher
Pyrrhus en s’adressant à ce qui l’enorgueillit, sa lignée et sa valeur guerrière.
Andromaque apparaît ici sous un jour plus humain, elle est enfin sensible aux
risques que Pyrrhus prend pour elle, mais elle reconnaît aussi en lui un
orgueil et un courage semblables aux siens. Il y a une sorte de solidarité de
caste qui s’instaure et peut-être aussi l’aveu étouffé d’un amour scandaleux.
Le personnage d’Andromaque devient complexe.
4. Andromaque demande comme une faveur à Pyrrhus de rejoindre son
époux. Elle déclenche une réaction immédiate de Pyrrhus. En renvoyant
Phœnix, il renonce déjà à épouser Hermione. Le parti de la raison est défi-
nitivement vaincu.
Scène 7
5. Pyrrhus implore d’abord Andromaque, il essaie de la convaincre de ne pas
le repousser encore une fois, en lui redisant son amour, son désir de l’épouser
à la place d’Hermione, sa détermination à sauver Astyanax. Mais il se fait aussi
menaçant en lançant un ultimatum prononcé avec une clarté tranchante :
« Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.» (v. 968) et « Et là vous me verrez, sou-
mis ou furieux, / Vous couronner, Madame, ou le perdre à vos yeux. » (v. 975-976).
C’est donc la dernière offre de Pyrrhus et la réponse ne souffre aucun retard.
Astyanax est en position d’otage destiné à emporter l’adhésion
d’Andromaque.
31
RÉPONSES AUX QUESTIONS
s’est jurée à l’époux défunt et à renier les souffrances de son peuple (« Quoi ?
je lui donnerais Pyrrhus pour successeur ? », v. 984).
Renoncer à cette solution qu’elle envisage avec horreur ne peut qu’entraî-
ner la mort de son fils et d’elle-même (« Non, je ne serai point complice de ses
crimes ; / Qu’il nous prenne, s’il veut, pour dernières victimes. », v. 1009-1010 et
« Mais cependant, mon fils, tu meurs, si je n’arrête / Le fer que le cruel tient levé sur
ta tête. », v. 1033-1034).
7. Andromaque remonte dans ses souvenirs à la guerre de Troie. Elle évoque
d’abord le plus récent et le plus traumatisant, celui de la prise de la ville et du
massacre du peuple. Ensuite, c’est le souvenir d’Hector qui occupe son esprit,
au moment, où, la neuvième année du siège de la ville, le héros vient lui faire
ses adieux, avant son combat fatal contre Achille : « Hélas ! je m’en souviens, le
jour que son courage / Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, » (v. 1018-1019).
Ces souvenirs profondément ancrés dans sa mémoire rappellent à
Andromaque les valeurs auxquelles elle doit continuer d’obéir : la fidélité à
l’époux et la fidélité à la cause troyenne.
8. Andromaque semble prendre sa décision lorsqu’elle dit au vers 1036 :
« Non, tu ne mourras point : je ne le puis souffrir. ». C’est au nom de sa fidélité à
Hector qu’elle accepte la proposition de Pyrrhus car sauver son fils, c’est aussi
sauver ce qui lui reste de son mari.
9. Andromaque se résout à suivre les conseils de Céphise, mais avec des
réticences qui se traduisent dans son discours :
– répétition de l’impératif « allons » qui traduit l’effort qu’Andromaque fait sur
elle-même pour prendre une décision qui sauvera Astyanax, mais chaque fois
l’horreur que lui inspire cet hymen la fait reculer, et elle trouve un prétexte
pour ne pas l’accomplir tout de suite : « Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère
Céphise, / Va le trouver pour moi. » (v. 1038). Elle agit exactement comme Pyrrhus
qui avait envoyé Oreste annoncer à Hermione qu’il l’épousait.
« Allons... / Allons sur son tombeau... ». Là encore, elle gagne du temps en remet-
tant à plus tard une décision que Céphise et le spectateur croyaient bien qu’elle
avait prise. « Dis-lui que de mon fils […] Ô mon fils […] » (v. 1039 à 1046) ;
– questions qui la ramènent à des moments où elle n’avait pas à prendre de
décision (v. 1040-1041 et 1044) ;
– phrases inachevées qui montrent qu’elle ne peut formuler complètement
sa décision (v. 1039 et 1043).
32
Acte III, scène 8
10. Oreste, hors de lui, se prépare à enlever Hermione, avec l’aide de son ami
Pylade. Sa passion égoïste commande tous ses actes.
Hermione, orgueilleuse, égoïste et cruelle, est tout à la joie de son futur
mariage avec Pyrrhus. On devine qu’un nouveau contretemps déclencherait
en elle des réactions terribles.
Aucun des deux ne sait que Pyrrhus est revenu sur sa décision d’épouser
Hermione et qu’il attend la réponse d’Andromaque.
Andromaque hésite, partagée entre le souvenir d’Hector, sa dignité de prin-
cesse troyenne et l’amour de son fils. On la sait habile. L’avenir de tous les
acteurs de cette tragédie dépend de sa décision.
11. Que va décider Andromaque ?
Si Pyrrhus épouse Andromaque, que va faire Hermione ?
Si Pyrrhus épouse Hermione, que va faire Oreste ?
33
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
L’anaphore
15. Les anaphores, ici, sont la reprise à la même place en début de vers du
pronom relatif « qui ». Quatre propositions relatives se suivent en une énu-
mération bien martelée et sont toutes les expansions du même groupe
nominal « un roi victorieux ». Elles sont destinées à montrer toutes les preuves
d’amour que le roi a données à Andromaque et qui toutes sont des trahisons
de son camp.
16. Par la répétition de « Voilà..., Voilà..., enfin voilà l’époux » qui rapproche
l’image d’un Pyrrhus assassin de toute sa famille et auteur du sac de Troie à
celle d’époux.
Le ton épique
17. Les verbes employés par Andromaque pour inviter Céphise à se souve-
nir avec elle du passé sont les verbes à l’impératif « songe », répété deux fois
au vers 997 puis au vers 1003. Leur martèlement en début de vers ou en
début d’hémistiche montre à quel point les images évoquées sont obsédantes.
On trouve aussi « Figure-toi » (v. 999) et « Peins-toi » (v. 1005).
Ce genre de tableau particulièrement évocateur et chargé de toute l’émotion
du narrateur est une hypotypose.
18. Le récit d’Andromaque veut susciter un sentiment d’horreur. Il contient
des procédés qui sont ceux du poème épique : accent mis sur le réalisme de
scènes insoutenables (corps d’Hector traîné sur le sol, assaillants piétinant des
cadavres) ; appel aux sensations visuelles où l’association des couleurs, jaune de
34
Acte III, scène 8
N M ISE EN SCÈNE
21. Les personnages étaient censés avoir entre 15 et 20 ans, sans doute un
peu plus pour Andromaque. La très grande différence d’âge n’empêcha pas
les acteurs de faire croire aux personnages et de bouleverser le public.
On peut d’abord remarquer qu’aujourd’hui comme hier, un grand acteur n’a
pas d’âge, ni de sexe : son attitude, ses gestes, ses mimiques, les intonations de
sa voix lui permettent de faire croire à n’importe quel personnage. De plus,
au XVIIe siècle, les acteurs jouaient en respectant certaines conventions de
théâtre : telle attitude, tel port de tête, telle position du bras, tel jeu de doigts,
tel regard, avaient une valeur symbolique : sincérité, douleur, colère, etc.
L’intonation dans les déclamations était aussi codée et Racine faisait travailler
les acteurs vers par vers. Les vêtements, la façon de se déplacer, les attitudes
et les intonations campaient donc mieux un personnage qu’une ressemblance
physique.
35
RÉPONSES AUX QUESTIONS
A C T E I V, S C È N E 3 ( p . 1 0 2 )
36
A c t e I V, s c è n e 3
37
RÉPONSES AUX QUESTIONS
soit le tuer elle-même et se suicider ensuite (« Et, tout ingrat qu’il est, il me sera
plus doux / De mourir avec lui que de vivre avec vous. », v. 1247-1248).
10. Hermione fait appel à deux sentiments chez Oreste et elle fait mouche.
C’est d’abord l’orgueil national qui est sollicité et Oreste reconnaît que
Pyrrhus est désormais dans le camp adverse : « Soyons ses ennemis, et non ses
assassins ; » (v. 1180). Devant les hésitations d’Oreste, Hermione réveille sa
jalousie maladive en évoquant l’image d’un couple uni dans la mort. Oreste
se lance donc dans l’action sans espoir de rien recevoir. Son action sera une
action par défaut : « Non, je vous priverai de ce plaisir funeste, » (v. 1249).
11. Oreste est incapable de résister à la volonté d’Hermione. Mais il connaît
sa passion pour Pyrrhus qu’elle vient de lui confirmer, et doute, malgré sa
promesse, « Revenez tout couvert du sang de l’infidèle ; / Allez : en cet état soyez
sûr de mon cœur. » (v. 1230-1231), qu’elle le suive loin de l’Épire : « Et vous
reconnaîtrez mes soins, si vous voulez. » (v. 1252) sont ses dernières paroles avant
de partir accomplir sa tragique mission.
N É TUDIER LA GRAMMAIRE
12. Le discours d’Hermione est saturé de marques différentes de l’ordre :
– mode impératif, expression de l’ordre : « Vengez-moi » (v. 1157), « demeurons »
(v. 1163), etc. ;
– mode subjonctif, précédé de la conjonction « que » et remplaçant l’impé-
ratif aux personnes manquantes : « Et que tous vos vaisseaux soient prêts pour
notre fuite. » (v. 1254) ;
– tournure impersonnelle « il faut » + infinitif : « Il faut immoler… » v. 1172,
« il ne faut que les laisser frapper. » (v. 1228) ;
– phrase complexe formée d’une principale avec un verbe de volonté et
d’une subordonnée complétive introduite par « que » : « Je veux qu’à mon
départ toute l’Épire pleure. » (v. 1169).
N É TUDIER LE DISCOURS
13. Hermione marque son agacement et son indignation par des interro-
gations directes parfois construites en anaphore : « Ne vous suffit-il pas que
je l’ai condamné ? / Ne vous suffit-il pas que ma gloire offensée » (v. 1188-1189) ;
« Enfin qu’attendez-vous ? » (v. 1217) ; l’interrogation peut aussi être chargée
d’ironie : « Hé quoi ? votre haine chancelle ? » (v. 1173).
38
A c t e I V, s c è n e 3
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
14. L’émotion se marque ;
– par la ponctuation : nombreux points d’interrogation qui montrent qu’il
hésite à comprendre ce que veut Hermione (v. 1148 à 1150, 1172-1173,
1182-1183, 1202 à 1204) ;
– par le rythme de l’alexandrin qui se fait haletant. Pas de coupe à l’hémis-
tiche (v. 1153 à 1155, 1179 à 1182, 1185, 1201-1202, 1208) ;
– par des phrases inachevées (v. 1202) ;
– par l’emploi d’impératifs lancés en tête de vers : « Mettons, Prenons, Partons »
(v. 1158, 1159 et 1163) ;
– par l’utilisation de l’anaphore « Vous voulez » (v. 1206 à 1207).
N É TUDIER UN THÈME
Hermione, un personnage racinien
15. Dans cette scène, Hermione se montre :
– égocentrique. Elle n’écoute pas Oreste qui vient se jeter à ses pieds et le
considère comme son instrument : « Je veux savoir, Seigneur, si vous m’aimez. »
(v. 1152) et « Vengez-moi, je crois tout. » (v. 1157) ;
– dotée d’un immense orgueil qui va jusqu’au délire et annihile toute
réflexion. Voir l’hypertrophie du moi dans les vers 1188 à 1190 (« je », « ma
gloire », « à moi seule », énallage « Qu’Hermione est le prix… ») ;
– manipulatrice. Elle exerce sur Oreste un chantage destiné à exacerber sa
jalousie et à le pousser à l’action ;
– cruelle. Outre ses réparties ironiques destinées à blesser, elle ne donne rien
à Oreste mais exige tout de lui, en lui faisant croire qu’il n’en fait encore pas
assez. (Voir v. 1232 à 1240.)
Hermione est un personnage blessé, enfermé dans sa douleur et marchant
inéluctablement à la catastrophe par impossibilité de trouver une issue rai-
sonnable. Comme nombre de personnages raciniens, elle obéit à ses impul-
sions. Racine propose ici au spectateur l’image d’une « humanité sans gloire et
sans vertu » (P. Bénichou, in Morales du Grand Siècle).
39
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N L IRE L’ IMAGE
18. Oreste tourne le dos à Hermione. Il semble s’être résigné, il a perdu ses
illusions et rumine de sombres pensées. Il va aller là où Hermione le pousse,
mais sans espoir de la reconquérir.
A C T E I V, S C È N E 5 ( p . 1 1 0 )
40
A c t e I V, s c è n e 5
41
RÉPONSES AUX QUESTIONS
dans les champs troyens / Nos deux pères sans nous formèrent ces liens, »
(v. 1283-1284).
Pyrrhus apparaît lucide sur ses propres sentiments, sur ceux d’Andromaque,
mais aveugle à ceux d’Hermione.
6. Le couple que Pyrrhus forme avec Andromaque est marqué par la fatalité
et le malheur. C’est l’association de deux âmes antagonistes.Voir les paradoxes
formés par le rapprochement de certaines expressions : « Andromaque
m’arrache un cœur qu’elle déteste. » (v. 1298) et « Nous jurer, malgré nous, un amour
immortel. » (v. 1300). Pyrrhus court à son malheur avec une conscience claire.
7. Hermione lance, sur un ton constamment ironique et de froideur étudiée,
une série d’accusations. Pyrrhus est :
– criminel car il a commis un parjure. Pyrrhus l’a avoué mais elle ne lui
accorde aucune circonstance atténuante : « Vous vous abandonniez au crime en
criminel. » (v. 1312) ;
– cruel car il cherche à faire souffrir Hermione (v. 1316, 1327 à 1329). La
cruauté suprême, dans son esprit dérangé, serait qu’Andromaque soit associée
à l’humiliation qu’il lui fait subir : « Pour aller dans ses bras rire de ma douleur. »
(v. 1328) ;
– inconstant. Elle souligne ce défaut par des parallélismes en 1318 et 1320, par
un chiasme en 1322 (« Immoler Troie aux Grecs, au fils d’Hector la Grèce ? »), par
une énumération de verbes antonymes en 1319 (« Me quitter, me reprendre et
retourner encore […] »), l’utilisation de périphrases pour désigner Andromaque
et Hermione ;
– sanguinaire. Hermione sait qu’elle va blesser Pyrrhus qui cherche à oublier
les meurtres qu’il a commis à Troie. Elle cite ses actions les plus révoltantes,
le meurtre de Priam et le sacrifice de Polyxène sur la tombe d’Achille.
Elle a oublié à quel point elle avait admiré ses exploits lorsqu’elle se croyait
encore aimé de lui.Voir acte III, scène 3, v. 853 : « Intrépide, et partout suivi de
la victoire, … ». Selon les sentiments que l’on éprouve pour une personne, le
portrait qu’on en fait est différent.
8. Pyrrhus décide de recevoir le discours d’Hermione comme si l’ironie
n’était pas présente. Il essaie de minimiser les accusations qu’elle lui a lancées.
Il reconnaît ses crimes lors du sac de Troie, mais en même temps il lui en fait
porter la responsabilité : c’est pour venger sa mère que la guerre a eu lieu. Il
passe ainsi habilement de la position d’accusé à celle d’accusateur. Le ton est
froid : « je consens » verbe abstrait.
42
A c t e I V, s c è n e 5
43
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N É TUDIER LE DISCOURS
L’ironie
14. L’ironie est constamment présente dans les paroles d’Hermione sous
forme :
– d’antiphrases : v. 1313-1314, 1323 « Tout cela part d’un cœur toujours maître de
soi, », v. 1325-1326 et 1340 « … ces généreux coups ? » ;
– de la permission (« exhortation à persévérer dans l’erreur » in Morier,
Dictionnaire de poétique et de rhétorique), v. 1381 « Va lui jurer la foi… », v. 1382
« Va profaner… » ;
– de modalisateurs : « J’aime à voir que », « Est-il juste, après tout… », « Quoi… »,
« Non, non… », « peut-être » ;
– d’intonations : nombreuses interrogations directes.
N É TUDIER LE GENRE
15. Les deux personnages se parlent sous la forme de tirades. Pyrrhus ressent
la nécessité de s’expliquer longuement et cherche à se justifier tout en
44
A c t e V, s c è n e 1
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
16. Hermione utilise le tu dans les moments d’intense émotion, lorsqu’il y a
irruption du sentiment et lorsque l’homme Pyrrhus vient supplanter la figure
royale. Le pronom « tu » surgit quand elle avoue son amour ou quand elle
accable Pyrrhus de sa colère. Toute convention sociale est alors balayée.
Hermione est hors d’elle-même.
Elle revient au pronom vous lorsqu’elle tente une dernière supplique. C’est
alors la princesse qui formule une demande à un roi tout puissant. Elle rentre
en elle-même.
A C T E V, S C È N E 1 ( p . 1 1 5 )
45
RÉPONSES AUX QUESTIONS
46
A c t e V, s c è n e 1
6. Hermione révèle, aux vers 1425-1426, que son amour pour Pyrrhus est
né avant que leur famille n’ait songé à les réunir pour resserrer les liens entre
les peuples alliés. Ainsi, Hermione nous informe qu’elle est la femme d’un
seul amour et que cet amour a occupé toute sa jeune vie. C’est donc son rêve
de toujours qui est en train d’être détruit.
47
RÉPONSES AUX QUESTIONS
48
A c t e V, s c è n e 1
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
11. Le désarroi d’Hermione se marque :
– par la ponctuation. Nombreux points d’exclamation et d’interrogation
(anaphore de la forme interrogative) qui traduisent l’émotion et l’angoisse de
ne plus savoir où on en est : elle a perdu la conscience claire du lieu où elle
se trouve, de ce qu’elle a fait. Elle est incapable de faire une analyse lucide de
ce qu’elle ressent. Hermione exprime son angoisse dans des questions qui se
pressent. Qu’elle soit sujet d’une action (« Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire… »)
ou objet de l’action (« Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?), tout
échappe à son raisonnement ;
– par le rythme haletant donné par plusieurs césures dans le vers, et rythmé
par la récurrence de la consonne q qui traduit un esprit prisonnier d’émo-
tions contradictoires, incapable de raisonner ;
– par des impératifs et des subjonctifs qui montrent l’effort pour mettre fin à
cette situation intolérable et prendre enfin une décision ;
– par le passage du je au nous qui marque un effort pour prendre de la
distance, et en même temps l’emploi du singulier et du pluriel dans une
même phrase (v. 1407) qui montre le désarroi ;
– par l’autonomination, comme si elle se dédoublait, une partie d’elle-même
ne se reconnaissant plus dans les décisions prises par l’autre partie.
12. On entend la rage d’Hermione par l’allitération en « R », « le peRfide
tRiomphe et se Rit de ma Rage », comme un chat qui grogne prêt à griffer.
N É TUDIER UN THÈME
Les manifestations de la passion
13. L’étude de ce monologue, entre autres, peut être prolongée par celle des
textes du groupement proposé à la fin du volume.
La passion revêt différents caractères : elle est vécue comme un désordre et
une dépossession de soi. Toute tentative pour faire surgir la lucidité et la
raison est anéantie par la violence du sentiment.
Elle est ressentie comme malheureuse car elle unit deux sentiments contra-
dictoires, la haine et l’amour qui déchirent le personnage.
La passion est liée étroitement à l’amour-propre (voir aussi La
Rochefoucauld : « Il y a dans la jalousie plus d’amour-propre que d’amour », in
Maxime 324). Hermione ne connaît pas le sacrifice. Au contraire, sa haine se
nourrit de ses blessures d’amour-propre (voir vers 1409, par exemple).
49
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N M ISE EN SCÈNE
15. Vers 1395 : « Errante, […] je cours dans ce palais ». Les déplacements
incessants et apparemment désordonnés de l’actrice doivent rendre tangible
l’extrême égarement de son esprit.
A C T E V, S C È N E S 2 À 5 ( p . 1 2 9 )
Scène 2
1. Cléone tient des propos maladroits qui attisent la jalousie d’Hermione.
Elle montre le bonheur triomphant de Pyrrhus et de son peuple : voir le
champ lexical de la joie et l’emploi de termes hyperboliques (« comble de ses
vœux », « s’enivrer », « le plus fier », « le plus amoureux »).
D’autre part, elle décrit un Pyrrhus totalement oublieux d’Hermione : « […]
Son salut et sa gloire / Semblent être avec vous sortis de sa mémoire. » (v. 1449-1450).
L’indifférence de Pyrrhus, c’est ce qui peut le plus faire souffrir Hermione.
2. Cléone fait le portrait d’un Oreste hésitant, partagé entre son désir de
satisfaire Hermione, et l’horreur que lui inspire cet acte. Tout le pousse à ne
pas tuer Pyrrhus : le respect dû à un roi, le respect dû à un héros, fils de héros,
la crainte de la réaction des Grecs dont il est l’ambassadeur, la crainte des
dieux, la crainte de ne pas être en accord avec soi-même, de ne plus se voir
que comme un assassin. Ses hésitations font de lui un héros tragique digne
de pitié. De plus elles maintiennent l’intérêt du spectateur en éveil : que va
finalement décider Oreste ?
3. Hermione décide d’abord de ne pas revenir sur sa décision de faire mou-
rir le roi : « Le perfide ! Il mourra. » (v. 1458).
Elle envisage ensuite de tuer Pyrrhus, elle-même : « Allons : c’est à moi seule à
me rendre justice. » (v. 1485). Elle enveloppe Oreste dans sa furieuse colère car,
à ses yeux, il est coupable de lâcheté et il lui montre ainsi que son charme est
loin d’avoir les pouvoirs de ceux de sa mère : « Tout me sera Pyrrhus, fût-ce
Oreste lui-même. » (v. 1490).
De plus elle dit clairement son désir de mourir : « Je mourrai ; mais au moins
ma mort me vengera.» (v. 1491).
Scène 3
4. Vers 1513-1514 : « À ces mots [...] nos Grecs n’ont répondu que par un cri de
rage ; ». C’est donc pour une raison politique que Pyrrhus est mort. C’est non
50
A c t e V, s c è n e s 2 à 5
seulement le mariage du roi avec une ennemie qui choque les Grecs mais
surtout son attitude volontairement provocatrice, rendue encore plus pré-
sente par le discours direct. Pyrrhus est coupable :
– d’une mésalliance, il épouse une barbare ;
– de trahison, il change de camp ;
– de l’adoption d’Astyanax ;
– de la restauration de Troie à travers la reconnaissance de l’enfant comme roi
des Troyens.
Oreste n’a pas participé au meurtre. Ce n’est pas ce qu’Hermione avait
souhaité.
5. Hermione est atterrée : elle ne voulait pas vraiment la mort de Pyrrhus.
(Voir acte V, scène 1.)
Oreste imagine que sa douleur vient simplement du regret que ce ne soit pas
lui qui l’ait tué de ses propres mains, que Pyrrhus n’ait pas su qu’il mourait
pour Hermione.
6. Hermione est hors d’elle-même.
Elle rejette la faute entière sur Oreste : « n’impute qu’à toi ». Elle l’insulte :
« perfide », « barbare », « cruel » « traître », « monstre » sont les mots dont elle
l’affuble, lui qui a pourtant fait ce qu’elle lui avait, en apparence, dit de faire.
Elle lui reproche de ne pas avoir montré plus de sagesse qu’elle. Pour cela,
elle oppose volonté et passion, parole et sentiment : « Et ne voyais-tu pas, dans
mes emportements, / Que mon cœur démentait ma bouche à tous moments ? »
(v. 1547-1548). (Voir Roland Barthes pour qui, dans l’être aimé, la bouche
est « le lieu des faux signes ».)
Elle embellit la figure de Pyrrhus : « une si belle vie ».
Elle oublie qu’elle a donné l’ordre (v. 1541) et surtout le cri « Qui te l’a dit ? »
(v. 1543).
Elle accuse Oreste de lui avoir porté malheur.
Hermione est entrée dans un délire qui la fait se dédoubler ; elle a banni sa
haine, il ne reste que la femme amoureuse qui aurait préféré être la dupe de
Pyrrhus plutôt que de le perdre.
51
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Et que viens-je d’entendre ? » (v. 1565), tant il ne s’attendait pas à une telle
réaction.
Mais en même temps ce choc provoque une prise de conscience, conscience
qu’il a atteint le comble de l’absurde. Il essaie de se retrouver en reprenant le
fil des événements et en analysant les raisons de ses actes. Il devient alors par-
faitement lucide. Lucide sur lui-même : chacun de ses actes l’a rapproché du
désastre. Lucide sur Hermione dont il a bien compris que jamais elle ne serait
à lui. Il touche le fond du malheur. Oreste ne va pas pouvoir supporter cette
vision de lui-même.
Scène 5
8. Toutes les nouvelles qu’apporte Pylade ont un grand intérêt dramatique.
D’abord, la nouvelle que le peuple d’Épire veut venger la mort de son roi en
se retournant contre les Grecs. Ils mettent en danger Oreste et son escorte, à
l’intérieur du palais. Andromaque, elle, se comporte comme la veuve
d’un roi assassiné, elle est reconnue comme souveraine légitime et ordonne
que l’on venge Pyrrhus. C’est un comportement que les spectateurs du
XVIIe siècle comprennent bien. En épousant un roi, la femme se devait
d’épouser les intérêts du pays dont elle devenait reine. D’où les mariages
politiques. Louis XIII a épousé Anne D’Autriche, en 1615, Louis XIV, Marie-
Thérèse d’Espagne, en 1660.
Ensuite, Pylade annonce le suicide d’Hermione sur la dépouille de Pyrrhus.
Ces nouvelles maintiennent une forte tension jusqu’à la fin.
9. L’accès de folie d’Oreste est déclenché par un traumatisme consécutif à
son entrevue avec Hermione. Les paroles de celle-ci lui ont fait perdre tout
repère et ont ébranlé jusqu’à la conscience de soi : « Est-ce Pyrrhus qui meurt ?
et suis-je Oreste enfin ? » (v. 1568).
Ensuite, la nouvelle de la mort d’Hermione dont il est le responsable indirect
achève de troubler l’esprit d’Oreste.
N É TUDIER LE DISCOURS
10. Oreste s’adresse à Pylade et à ses compagnons, puis aux dieux, au spectre
de Pyrrhus, et enfin aux Érynies.
11. Jusqu’au vers 1612, Oreste s’adresse à Pylade et à ses compagnons. Encore
lucide, il les informe de son intention de rester avec Hermione : « Non, non,
c’est Hermione, amis, que je veux suivre. » (v. 1597).
52
A c t e V, s c è n e s 2 à 5
Jusqu’au vers 1624, un changement se produit. Oreste ne voit plus ses amis,
s’adresse aux dieux et se pose en victime : « Oui, je te loue, ô ciel, de ta persé-
vérance. » (v. 1614).
Jusqu’à la fin, Oreste plonge dans la folie. Il apostrophe le spectre de Pyrrhus
qu’il cherche à frapper, puis les Érynies, déesses de la vengeance.
Peu à peu, Oreste s’est détaché du monde réel pour atteindre le surnaturel.
N É TUDIER LE GENRE
Le confident
12. Pylade, double inversé d’Oreste, est celui qui le sauve et lui permet
d’échapper à la colère du peuple : « Ménageons les moments que ce transport nous
laisse. / Sauvons-le… » (v. 1646-1647). Ses actions sont en parfaite conformité
avec sa personnalité, telle que l’a décrite Oreste, à l’acte I, scène 1 : « Prêt à
suivre partout le déplorable Oreste, / Toujours de ma fureur interrompre le cours, / Et
de moi-même enfin me sauver tous les jours. » (v. 46 à 48).
Contrairement à Oreste, constamment accablé par la fatalité qu’il porte en lui,
Pylade n’est pas paralysé dans l’action. Il est capable de changer la destinée de
son ami et, en le faisant sortir du palais, il le fait sortir de l’espace tragique.
Le récit
13. Les récits permettent :
– de respecter l’unité de lieu tout en permettant au spectateur de bénéficier
d’une échappée vers l’extérieur du palais (à ses portes et sur le chemin du
temple) ;
– de faire se rejoindre deux temps, celui que vivent les personnages présents
sur scène et celui que vivent tous ceux qui sont à l’extérieur. Le temps n’est
pas suspendu à l’extérieur. Les événements qui s’y produisent imposent leur
loi aux protagonistes ;
– de respecter la règle des bienséances. Tout acte violent est rejeté dans le
hors-scène ;
– de dénouer rapidement l’intrigue.
Racine ne nous montre ni le mariage de Pyrrhus, ni son meurtre. Non
seulement pour des questions de bienséance, mais pour des raisons pratiques :
au XVIIe siècle, les salles étaient étroites, les comédiens peu nombreux, les com-
bats, les mouvements de foule impossibles à représenter. Que Racine choisisse
le récit laisse à l’imagination de chacun le soin de se représenter
53
RÉPONSES AUX QUESTIONS
les scènes dans toute leur grandeur, dans toute leur horreur. De plus, le récit
est fait du point de vue d’Oreste qui nous donne ainsi son état d’âme, il est
fait à Hermione dont le spectateur connaît immédiatement les réactions.
N É TUDIER L’ ÉCRITURE
14. « […] Filles d’EnFer... / Pour qui Sont ces Serpents qui SiFFlent Sur vos
têtes ? » (v. 1637-1638). Ces allitérations créent une harmonie imitative, celle
du sifflement des serpents. La vision gagne en force et par là-même aussi la
souffrance d’Oreste.
N É TUDIER UN THÈME
La peinture de la folie
15. Racine propose un tableau très vraisemblable d’un état pathologique
d’égarement. Les symptômes en sont :
– des troubles physiques : détérioration de la vue conduisant à un sentiment
d’angoisse (« Mais quelle épaisse nuit tout à coup m’environne ? », v. 1625) ; puis
ce sont des frissons (v. 1626) ;
– des hallucinations morbides et insoutenables : « ruisseaux de sang », spectres
de Pyrrhus et d’Hermione, cortège des Érynies. Les images des serpents et la
dévoration sont récurrents dans les cauchemars ;
– un comportement violent et dangereux pour autrui.
Euripide, que Racine a beaucoup lu, nous propose un tableau similaire dans
Héraklès, lorsque le héros, pris de folie, massacre ses enfants.
Le destin
16. Oreste est bien le funeste Oreste.
C’est bien lui, comme le dit Hermione, qui, par son ambassade a précipité les
événements, forçant Pyrrhus à prendre une décision qu’il remettait depuis
un an. « C’est toi dont l’ambassade, ... » (v. 1557).
C’est lui qui n’a pas compris l’ambiguïté de l’ordre d’Hermione, et qui a
commis l’irréparable en tuant Pyrrhus, v. 1545 (« Ah ! fallait-il en croire une
amante insensée ?... ») à 1548.
Il est devenu assassin, parricide, presque malgré lui, et surtout pour rien
« j’étouffe... plaire » (v. 1569 à 1582).
C’est lui qui est la cause du suicide rapide d’Hermione.
54
A c t e V, s c è n e s 2 à 5
C’est lui qui est responsable d’une guerre qui démarre entre les Épirotes et
les Grecs.
C’est lui qui a fait son propre malheur ; il sombre dans la folie, quand ce
malheur, c’est-à-dire la conscience de l’inutilité de tous ses actes, est devenu
par trop insupportable.
C’est le fatum que de nombreuses légendes grecques décrivent (voir la
légende d’Œdipe, par exemple) : l’homme est déterminé dès avant sa nais-
sance et quoi qu’il fasse, son destin se déroulera tel que les Parques l’ont tissé.
Ceci nous renvoie à l’image de la faiblesse de l’homme dans l’univers, en
accord avec le pessimisme de la pensée janséniste : sans la grâce que Dieu
accorde arbitrairement, l’homme ne peut pas faire son salut.
La dernière image d’Hermione est une image pathétique. Son dernier geste
le montre : « Mais du haut de la porte enfin nous l’avons vue, / Un poignard à la
main, sur Pyrrhus se courber, / Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber. » (v. 1610
à 1612). Il illustre aussi toute l’ambiguïté du personnage : le poignard levé,
va-t-elle se frapper ou frapper Pyrrhus ? C’est l’amour qui l’emporte.
Dans la vision d’Oreste, Hermione devient un être monstrueux, tout entier
du côté de la mort puisqu’elle surpasse les Érynies elles-mêmes dans l’art
de torturer : « … laissez faire Hermione : / L’ingrate mieux que vous saura me
déchirer ; » (v. 1642-1643).
Oreste accomplit une destinée qu’il pressentait dès le début de la pièce (voir
acte I, scène 1, v. 98 « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne. »). Il se pré-
sente comme une victime des dieux qu’il accable de son ironie : « Oui, je te
55
RÉPONSES AUX QUESTIONS
N L IRE L’ IMAGE
18. Pyrrhus est environné de dangers. À l’arrière-plan, on aperçoit des piques
levées. Est-ce sa garde ou une partie des Grecs ? S’il s’agit de sa garde, elle est
impuissante à protéger le roi des personnages du premier plan qui cherchent
à dissimuler leurs intentions.
19. Oreste est entré dans un délire qui le met en danger, lui et ses compa-
gnons. Pylade se montre à la fois protecteur (bras entourant Oreste, main
dans les cheveux) et ferme car il tente de le maîtriser dans sa folie.
NÀ VOS PLUMES
20. On pourra lire un extrait de La Franciade.
N M ISE EN SCÈNE
21. La fin de la pièce doit être montrée dans toute sa violence. Oreste et
Pylade ne sont pas statiques. C’est sans doute Pylade qu’Oreste prend pour
Pyrrhus dans son délire. Il se jette sur lui pour le frapper : « Tiens, tiens,
voilà le coup que je t’ai réservé. » (v. 1632). Voir aussi, chez Euripide, Héraklès
frappant ses enfants qu’il prend pour ceux d’Eurysthée.
Pylade doit esquiver le coup puis tenter de maîtriser Oreste à l’aide de ses
compagnons, avant de l’entraîner vers les nefs.
R E T O U R S U R L’ Œ U V R E ( p . 1 3 1 )
1. Résumé truqué : Les dix erreurs
trois ans © un an ; Sparte © Buthrote ; Pâris © Hector ; Agamemnon ©
Ménélas ; amoureuse d’Oreste © indifférente à Oreste ; émue par sa détresse,
56
Retour sur l’œuvre
2. Le style noble
1) – b) ; 2) – a) ; 3) – f) ; 4) – d) + f) ; 5) – d) ; 6) – c) ; 7) – e) ; 8) – a) ;
9) – g) ; 10) – f) ; 11) – d).
57
RÉPONSES AUX QUESTIONS
58
DES IDÉES POUR
DES INTRODUCTIONS , ETC .
1. Remue-méninges
Écrire Racine, ou tragédie, ou Andromaque au tableau selon son projet,
et inviter les élèves à dire tous les mots qui leur viennent immédiatement à
l’esprit, sans qu’il y ait la moindre censure.
Les écrire au fur et à mesure tous au tableau, sans aucun commentaire.
Quand le tableau est rempli, et surtout quand les élèves n’ont plus aucune
idée, leur dire qu’il va falloir maintenant faire un tri et ne garder que les mots
qui ont un rapport avec l’auteur Racine, ou la tragédie classique, ou la pièce
Andromaque, leur étude étant l’objectif de la séquence.
Le professeur reprend alors systématiquement un à un, tous les mots écrits au
tableau et demande aux élèves, pour chacun si on doit le garder et surtout
pourquoi. Il intervient pour préciser, corriger, compléter les commentaires
des élèves.
À la fin de la séance, ne restent plus au tableau que les seuls mots, supports
de faits ou de notions qui ont un rapport avec le sujet choisi. Tous les élèves
savent pourquoi l’on a supprimé certains mots et gardé les autres.
L’introduction s’est faite avec leurs connaissances, enrichies de quelques
compléments du professeur. Le professeur est au clair sur ce que ses élèves
savent et peut bâtir les séances suivantes en partant de là. Il aura ainsi toutes
les chances d’être en phase avec eux.
2. Des lectures, comme au temps de Racine...
Rappeler d’abord que les auteurs de théâtre du XVIIe siècle, et Racine comme
les autres, avant de faire jouer leur pièce par une troupe dans un théâtre, en
donnaient souvent des lectures dans des salons. Racine dans sa dédicace à
Madame, fait allusion à la lecture qu’il a faite d’Andromaque dans son salon,
et aux larmes qu’elle a laissé couler. Racine était réputé pour très bien lire.
Il a guidé les actrices pour lesquelles il a écrit des rôles, la Du Parc pour
Andromaque, par exemple. Le roi l’appréciait aussi et Racine a souvent été
convoqué pour lui faire des lectures.
Soit en début d’étude de la pièce, soit à la fin, les élèves, divisés en groupes
– cinq groupes – chacun responsable d’un acte, sont invités à choisir de larges
extraits, à imaginer de petits textes qui fassent le lien entre ces différents
extraits, et à organiser une lecture.
59
PROPOSITION DE
SÉQUENCE DIDACTIQUE
60
PROPOSITION DE SÉQUENCE DIDACTIQUE
61
PROPOSITION DE SÉQUENCE DIDACTIQUE
62
E X P LO I TAT I O N
DU GROUPEMENT DE TEXTES
63
BIBLIOGRAPHIE
COMPLÉMENTAIRE
N É DITION
Théâtre de Racine. G. Forestier, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1999.
64