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SEQUENCE III : L’île des esclaves de Marivaux (1725)

Le théâtre du 17ème siècle au 21ème siècle


Problématique de séquence : Quelle réflexion morale la comédie L’Île des esclaves propose-t-elle sur la
relation maîtres-valets ?
Parcours associé : Maîtres et valets
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Séance n.1 : Introduction à l’étude de l’œuvre
Objectifs :
1) Le contexte politique et social du XVIIIème siècle.
2) La vie littéraire et théâtrale au XVIIIème siècle.

I : Le contexte politique et social :

 Fin du règne de Louis XIV (1661-1715) assombri par un climat économique et politique extrêmement
tendu : famines, guerres ruineuses / politique despotique, intolérance religieuse (révocation de l’édit
de Nantes en 1685 et persécution des protestants).

 Structure en 3 ordres : Le Clergé (chargé de prier pour le salut des âmes) , la Noblesse (chargée de
protéger et de défendre le royaume) , Le Tiers-Etat (chargé de nourrir par le travail de la terre et
l’artisanat le royaume) . Seule la naissance importait et les différents ordres n’étaient pas égaux
devant la loi. Or les privilèges de la noblesse ne sont plus légitimés puisque celle-ci n’assure plus sa
fonction militaire et protectrice depuis longtemps (existence d’une armée permanente soldée). C’est
ce déséquilibre entre les devoirs et les droits de la noblesse qui crée un sentiment antinobiliaire qui
fit de 1789 une révolution antiaristocratique.

 Libération des mœurs : Période de régence (car Louis XV (1710-1774) est trop jeune pour régner)
exercée par le duc d’Orléans, neveu de Louis XIV jusqu’en 1723 : période de libertinage, relâchement
des mœurs, goût pour le jeu et les plaisirs qui contraste avec l’austérité précédente.

 Période de renouveau économique : croissance commerciale (commerce extérieur : colonies,


commerce triangulaire), spéculation qui vont profiter essentiellement à la grande bourgeoisie alors
que la fortune de la Noblesse essentiellement placée dans la propriété de la terre perdait de son
poids.

 L’esprit des Lumières : le discrédit de la monarchie absolue, le désir de liberté et la remise en cause
de l’ordre social favorisent l’émergence d’idées nouvelles et contestataires. Les progrès scientifiques
et techniques modifient la représentation du monde et remettent en cause les croyances et dogmes
religieux, les récits de voyage permettent de relativiser les croyances et les normes culturelles. Ces
nouvelles connaissances amènent les intellectuels à exercer un esprit plus critique envers les
institutions et les traditions, et à revendiquer davantage de justice et de liberté au fur et à mesure de
ce siècle. Bien qu’on ne puisse pas encore parler d’esprit « prérévolutionnaire » au moment de
l’écriture de L’Ile des Esclaves, les débats s’animent dans les salons, les clubs et les cafés, où s’élabore
une véritable opinion publique dont le théâtre va se faire l’écho.
 Place ambigüe des domestiques : esclaves de la pièce de Marivaux sont en réalité des domestiques,
femmes et hommes issus du peuple, au service d’aristocrates et de bourgeois en échange d’un
salaire, nourriture et logement. Vivent avec leur maîtres et partagent leur intimité tout en étant
corvéable à merci.

II : La vie littéraire et théâtrale :

 Un siècle de renouveau théâtral :


- Le théâtre est un haut lieu de sociabilité, apte à répondre aux goûts des plaisirs et du
divertissement de ce siècle libertin.
- Les grands modèles classiques (Molière, Corneille, Racine) ont la primauté et sont toujours
joués, mais la dramaturgie classique ennuie de plus en plus et est remise en cause.
- Renouvellement de la comédie qui ne cherche plus seulement à représenter des caractères,
des types humains, mais se tourne vers l’analyse psychologique des personnages et de leurs
sentiments avec grâce et fantaisie (Le jeu de l’amour et du hasard (1730)). La comédie se fait
aussi plus sociale et s’inscrit dans l’élan contestataire du siècle en développant les réflexions
du dramaturge sur les relations humaines et sur le fonctionnement de la société dans laquelle
il vit. Ainsi Beaumarchais critique les privilèges de la noblesse dans Le Mariage de Figaro
(1784) et Marivaux s’interroge sur la relation maîtres et valets dans L’île des esclaves (1725).
- Invention d’un nouveau genre, le drame bourgeois, dans la seconde moitié du XVIIIème
siècle : Denis Diderot en pose les fondements esthétiques et moraux dans deux ouvrages
importants : Le Fils naturel (1757) et Le Paradoxe du comédien (1773-1777). Il prône un genre
mixte, où l’on rit et où l’on pleure, écrit en prose, qui s’enracine dans la vie quotidienne et
met en scène les problèmes du monde contemporain, dans un décor familier au public
(boutique d’un commerçant, salon d’un riche bourgeois, etc.)

 Les formes et hauts-lieux théâtraux : A Paris, 3 formes de théâtre différentes sont jouées en des lieux
et par des troupes spécifiques.
- La Comédie Française (Palais-Royal) : gardienne de la tradition, est la seule à pouvoir jouer
des tragédies et reprend le répertoire classique du XVIIème siècle.
- Les théâtres de la Foire : spectacles populaires à l’occasion des 2 foires parisiennes annuelles
(Saint-Germain, l’hiver / Saint-Laurent, l’été). Ces comédiens n’ont pas le droit de parler pour
ne pas concurrencer ceux de la Comédie Française, miment, utilisent des écriteaux, chantent
des airs connus.
- Les Comédiens-Italiens (Hôtel de Bourgogne): à partir de 1716, reprend la tradition de la
Commedia dell’arte qui met en scène des personnages stéréotypés reconnaissables par leurs
masques et leurs costumes (Arlequin), et se fonde sur un jeu improvisé à partir d’un canevas,
et exploite le registre de la farce et du comique gestuel. Dès 1720, Marivaux deviendra
l’auteur attitré des Comédiens-Italiens, dont il préfère la vivacité et la fantaisie à la
grandiloquence des Comédiens Français.

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