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Le théâtre classique

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Bonjour,
Ceci est le premier envoi dans le cadre du cours Théâtre classique. D’autres suivront et
porteront spécifiquement sur les aspects méthodologiques et les œuvres au programme à
savoir : Jean Racine Phèdre (1677), Molière Dom Juan (1665) et Corneille Le Cid
(1637).
Ces pièces de théâtre sont à lire impérativement
Cet envoi se veut une introduction qui nourrit l’ambition de vous donner un cadre général
sur le cadre historique, littéraire et idéologique du grand siècle.
Les cours sous forme de visio-conférences seront consacrés essentiellement aux différents
commentaires littéraires de scènes que vais indiquer dans le prochain envoi.
Bonne lecture.

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Un contexte politique, religieux et artistique précis
Le XVIIème siècle est globalement marqué par l'évolution d'un
foisonnant désordre vers un ordre rigoureux, dans tous les domaines.
En politique, on passe de l'autorité royale, encore contestée par la
Fronde, à la monarchie de Louis XIV.
En religion, les guerres et les troubles cèdent la place à la toute-
puissance de l'Église catholique.
En art, l'esthétique baroque conduit à la réaction de classicisme.
Le mécénat royal se manifeste sous la forme de pensions attribuées
aux artistes. Louis XIV encourage les talents. Il sait que le
développement des arts contribue à sa gloire. Au début de son règne, il
accorde même sa protection à certains novateurs (Molière).

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Les excès de l'absolutisme et la progression de la misère
provoquent, à la fin du siècle, des réactions d'opposition :
La critique sociale de La Bruyère dans Les Caractères, mises en garde de
Fénelon. Par réaction contre les abus que les guerres ont contribué à étaler
au grand jour, la mise en cause de la religion est une des tendances du siècle.
Elle s'exprime surtout dans le mouvement du libertinage. Le libertin est
un homme qui refuse d'accepter les dogmes, il veut penser par lui-même,
loin de toute superstition. Cela peut faire de lui un athée, qui doit alors se
protéger soigneusement des foudres de l'Église.
Beaucoup d'écrivains ont fréquenté ces cercles libertins (La Fontaine,
Molière). Cependant le siècle connaît aussi une certaine ardeur religieuse.
Elle peut-être très conformiste et rigide : c'est ainsi que la compagnie
du Saint-Sacrement orchestre des cabales contre ceux qui lui semblent ne
pas respecter les dogmes et les mœurs chrétiennes (Molière). Elle peut être
d'une authentique exigence spirituelle qui pousse le croyant à renoncer au
monde pour vivre en accord avec les exigences chrétiennes : c'est
le jansénisme (Pascal, Racine). Ce terme a été donné par la critique à la
période qui va environ de 1560 à 1760, qui englobe donc la fin du XVIème
siècle.

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Le XVIIe siècle : panorama historique
• Dates à retenir :
- 1589-1610 : règne de Henri IV.
- 1598 : 2dit de Nantes.
- 1617-1614 : régence de Marie de Médicis.
- 1617-1643 : règne de Louis XIII.
- 1618-1648 : « Guerre de Trente Ans »;
- 1635 : fondation de l’Académie française par le Cardinal de
Richelieu.
- Mort de Louis XIII.

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- 1634-1661 : régence d’Anne d’Autriche avec son
ministre Mazarin.
- 1648 : « La Fronde ».
• 1661-1715 : Règne de Louis XIV .
• 1672-1678 : Guerre France /Hollande
• 1658 : révocation de l’édit de Nantes (Début des
dragonnades)
• 1686-1697 : Guerre de la Ligue d’Augsbourg.
• 1715 : Mort de Louis XIV.

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La prose des idées
- René Descartes (1596-1650) : Philosophe, mathématicien et
physicien. Père du rationalisme français. Règles pour la
direction de l’esprit (1628), le Discours de la méthode (1637) et
les méditations métaphysiques (1641).
- Blaise Pascal (1623-1696): Philosophe, mathématicien,
théologien auteur des Pensées (1669). Adepte et défenseur du
« Jansénisme » notamment dans Les provinciales (1657).
- La Rochefoucauld (1613-1680) Les Maximes et sentences
morales (1664), La Bruyère (1645-1696) Les caractères (1684)
La Fontaine (1621-1695) Les Fables (1668-1694) . Apogée de la
littérature morale : satire sociale et esprit de réforme.

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Le Classicisme
Le mot classicisme du latin « Classicus » (première classe) est utilisé
depuis le XVIème siècle par Thomas Sébillet (1512-1589) dans son Art
poétique français pour désigner les « auteurs qu’il recommandait
comme modèles ».
C’est au XIXème siècle que le terme prend son acception actuelle :
« Ensemble de caractères propres aux œuvre littéraires et artistiques
de l’Antiquité et du XVIIème siècle ».
Cette tendance est étroitement liée au règne de Louis XIV. Elle réunit
des écrivains et des artistes qui ont eu un idéal commun :
- Tendre vers « l’honnête homme »
- Atteindre la beauté des œuvres antique
- Respect de règles esthétiques et morales : sobriété, clarté du style,
imitation des auteurs anciens et volonté de plaire et d’instruire.

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Le terme de classicisme a été crée par la critique, au XIXème
siècle. Il se fonde en réaction à l'esthétique baroque. En effet, le
classicisme est d'abord un art de la maîtrise : maîtrise des
passions, maîtrise de l'imagination et également de l'écriture. Car
le style classique est très sobre. On cherche le mot juste, la phrase
claire et bien rythmée : «ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement», dit Boileau. Cette maîtrise est soutenue par la
présence de règles (par exemple, les règles du théâtre classique)
et l'imitation des grands écrivains de la culture antique. On ne
cultive pas le fuyant et l'éphémère, tout au contraire : on pense
qu'il existe un être humain universel présent à travers toutes les
époques, et l'art est chargé d'exprimer ce caractère universel de
l'être et de la pensée.

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Les caractéristiques du classicisme
L’art poétique de Boileau :
Perfection de la langue : Langue pure et claire le style élégant.
L’académie française est crée en 1635 pour « conserver et
perfectionner la langue française », Vaugelas publie en 1635 Les
Remarques sur la langue française « bel usage de la cour et de la
ville ».
Boileau : Art poétique Chant I
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus au moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

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Le culte de la raison : Contrairement au baroque, le classicisme a le souci de
l’équilibre et de la mesure. C’est au nom de la raison et de l’ordre que les dramaturges
classiques s’imposèrent la règle des trois unités.
Boileau : Art poétique Chant I
Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime ;
L’un l’autre vainement ils semblent se haïr ;
La rime est une esclave et ne doit qu’obéir.
Lorsqu’à la bien chercher d’abord on s’évertue,
L’esprit à la trouver aisément s’habitue ;
Au joug de la raison sans peine elle fléchit
Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichi.
Mais, lorsqu’on la néglige, elle devient rebelle,
Et, pour la rattraper, le sens court après elle.
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

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Les trois unités :
Boileau : Art poétique Chant III
Que le lieu de la scène y soit fixe et marqué.
Un rimeur, sans péril, delà les Pyrénées,
Sur la scène en un jour renferme des années.
Là, souvent, le héros d’un spectacle grossier,
Enfant au premier acte, est barbon au dernier.
Mais nous, que la raison à ses règles engage,
Nous voulons qu’avec art l’action se ménage ;
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.

Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable


Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas:
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.

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Le refus du mélange :
Il faut que les genres restent séparés. Le mélange de registres doit être évité.
Pas de tragique dans la comédie et pas de comique dans la tragédie.
Boileau : Art poétique Chant III
Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs,
N’admet point en ses vers de tragiques douleurs […].
Plaire et instruire :
Les classiques s’attachent à mêler l’utile et l’agréable. La littérature comme le dit
Molière pour la comédie « …de corriger les vices des hommes ».
Viser l’idéal de l’honnête homme :
- Maitriser ses émotions,
- Être cultivé et modeste,
- Être tolérant et avoir bon goût.

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Remise en cause du classicisme :
Le grand siècle se termine sur « la querelle des anciens et des
modernes ». Les anciens pensent que les grands auteurs de l’Antiquité
sont des modèles indépassables qu’il faut continuer d’imiter et les
modernes qui prônent le renouveau et l’innovation en littérature :
Ch. De saint-Evrement (1614-1703) Sur les poèmes des anciens (1685)
« Il n’y a personne qui ait plus d’admiration que j’en ai pour les
ouvrages des anciens. J’admire le dessein, l’économie, l’élévation de
l’esprit, l’étendue de la connaissance ; mais le changement de la
religion, du gouvernement, des mœurs, des manières, en a fait un si
grand dans le monde, qu’il nous faut comme un nouvel art, pour entrer
dans le goût et dans le génie du siècle où nous sommes ».

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Le Baroque
Le baroque est un mouvement artistique dont le nom était à
l'origine synonyme de bizarrerie et d'étrangeté (péjoratif). En
littérature, le mouvement baroque utilise de
nombreuses allégories et métaphores pour parler de thèmes
comme la religion, la mort et les illusions.
Le terme de «baroque» désigne à l'origine, en joaillerie, une perle
irrégulière. Le baroque, c'est le goût pour le changement et la
métamorphose, parce que le mouvement et l'instabilité sont
l'essence même de l'être. Il faut donc savoir saisir le monde des
apparences et des illusions, parfois plus vraies que la réalité elle-
même. Le baroque aime des déguisements, les jeux de miroir.
L'imagination n'est pas bridée, d'où les débordements d'action, de
passion.

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Le baroque est un mouvement littéraire qui concerne tous les arts et tous les pays
d’Europe.
- XVIème siècle jusqu'au début XVIIème siècle
-Pour le mouvement littéraire : de 1560 à 1660
Principe : vient de barucuo (perle irrégulier), mouvement donnant de l’importance aux
courbes et aux irrégularités, aux trompe-l’œil et aux illusions, au registre pathétique.
prédominance de l'imagination, de la fantaisie et refus des normes classiques.

Utilisation de nombreuses métaphores et allégories.


Dans une œuvre baroque, les intrigues sont complexes et multiples.
L’illusion comique de Corneille est un exemple de théâtre baroque.
Auteurs : Culture : Le bernin, Pierre Puget
Architecture : Boro Mini
Littérature : De Vigné Saint-Amant, Tristan L’hermite

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Le Moralisme
Le Moralisme est une doctrine philosophique qui consiste à
mettre en avant les valeurs morales. En littérature, il consiste à
remettre en cause les normes de la société considérées peu
morales. Jean de la Fontaine est l'un des représentants de ce
mouvement avec ses Fables.

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La Préciosité
La préciosité est d'abord un phénomène de société. Le
mouvement à été impulsé par des femmes de la haute société qui
tenaient salon et qui avaient pour double objectif de favoriser
un raffinement distingué et d'aider à la diffusion des sciences et
des arts, surtout de la littérature. Même si Molière se moque de
leurs travers dans Les Femmes Savantes, il n'en reste pas moins
vrai que les précieuses ont contribué à l'émergence
d'une esthétique qui n'est pas toujours dénuée d'intérêt.

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les règles du théâtre classique
• Le contexte historique explique l'apparition des règles. Au XVIIe siècle, le
Cardinal de Richelieu est le principal ministre de Louis XIII dès 1624 et jusqu'à sa
mort en 1642. Le Cardinal Mazarin lui succède alors, pendant la jeunesse de Louis
XIV. En 1661, âgé de vingt-trois ans, Louis XIV règne enfin et ce jusqu'à sa mort, en
1715.
• À partir de 1630 environ, le pouvoir, exercé par Richelieu puis Mazarin et Louis XIV,
cherche à éviter toute instabilité politique et souhaite s'affirmer son
autorité, y compris au niveau culturel. Des Académies sont alors créées dans
chaque art par exemple, l'Académie française en 1635). Ces Académies ont pour but
de réglementer les compositions des œuvres artistiques.
• Les auteurs des pièces de théâtre doivent obéir à des règles, en particulier
pour la tragédie.
• C’est principalement après la «querelle» du Cid (1636), qui opposa partisans d’un
théâtre réglementé et tenants d’une création de liberté, que s’est constitué un
ensemble de règles inspirées, pour la plupart, de La Poétique d’Aristote (IVe siècle av.
J.-C.).

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La tragédie
La tragédie est un genre théâtral ( ne pas confondre avec le
tragique qui est un registre).
Elle se base sur une action sérieuse et met en scène des
personnages (héros) de haut rang en vue d’émouvoir et
d’instruire le spectateur, provoquer sa terreur et sa pitiés par le
spectacle des passions humaines en lutte entre elles ou contre le
destin.
Dans la tragédie, les personnages s’expriment sur un ton élevé
(sublime) et en vers (alexandrins).
La tragédie respecte la règle des trois unités et les règles de la
bienséance et de la vraisemblance : (action, temps et lieu).
La pièce est composée en cinq acte et respecte une progression
dramatique (exposition, nœud dénouement).

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La structure de la tragédie :
-L’exposition : contient selon Corneille « les semences de tout ce qui
doit arriver, tant pour l’action principale que pour les épisodiques, en
sorte qu’il n’entre aucun acteur dans les actes suivants qui ne soit
connu par ce premier, ou du moins appelé par quelqu’un qui y aura été
introduit » en d’autres termes le spectateur doit être informé sur les
personnages (rapport entre eux), les lieux, l’époque et l’intrigue.
-Le nœud : « le nœud est composé, selon Aristote, en partie de ce qui
s’est passé hors du théâtre avant le commencement de l’action qu’on y
décrit et en partie de qui s’y passe ; le reste tient au dénouement »
Corneille. Le nœud de l’action précise la nature du conflit à résoudre
(obstacles, problème complexe). Les péripéties, quant à elles, sont des
événements imprévus qui modifient le cours de l’action et qui
conduisent au dénouement.
-Le dénouement résout les problèmes exposés dans le nœud de l’a
pièce. En principe, il est malheureux dans la tragédie.

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Les fonctions de la tragédie :
-Une fonction cathartique : mimésis visant à purger les passions en suscitant la
terreur et la pitié.
-Une fonction morale : vanter les valeurs héroïques (courage, honneur, gloire et
sens du devoir.
-Une fonction philosophique : réfléchir sur la condition humaine. Avoir une valeur
édifiante et exemplaire. « [Le théâtre des premiers poètes tragiques] était une école
de la vertu n’était pas moins bien enseignée que dans les écoles des philosophes.
[…] Il serait à souhaiter que nos ouvrages fussent aussi solides et aussi pleins
d’utiles instructions que ceux de ces poètes. Ce serait peut-être le moyen de
réconcilier la tragédie avec quantité de personnes célèbres par leur piété et par
leur doctrine, qui l’ont condamnée dans ces derniers temps et qui en jugeraient
sans doute favorablement, si les auteurs songeaient autant à instruire leurs
spectateurs qu’à les divertir, et s’ils suivaient en cela la véritable intention de la
tragédie. » J. racine Préface de Phèdre.
-Une fonction esthétique : la « principale règle et de plaire et de toucher » J.
Racine (voir aussi Corneille et Boileau) .

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Les constituants de la tragédie :
- Situation sans issue.
- Personnages héroïque qui acceptent leur destin fatal
- Entités agissantes derrière la fatalité :
Intervention d’une divinité ou d’une puissance.
Emprise de la passion.
Conscience, obligation morale.
- Le héros tragiques :
Grandeurs d’âme, sens des valeurs (vertu, honneur, devoir,
respect…)
Courage et témérité ( ne craint pas d’affronter les dieux ou une
hiérarchie quelle que soit sa nature)
Lucidité, devoir moral (mène un combat sans issue en toute
conscience.)

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L’expression de la douleur :
- Registre tragique : angoisse, incompréhension, fatalité.
- Registre pathétique : susciter la compassion, l’attendrissement et la
pitié.
-Procédés divers :
Supplication (prière insistante à un être ou à une divinité).
Lamentation (tristesse, regrets, culpabilité).
Imprécation (appel à la colère divine contre quelqu’un ou quelque
chose).
-traits stylistiques :
Ponctuation expressive (exclamation, interrogations exprimant le
désarroi pour le tragique et le bouleversement et la recherche de la
pitié pour le pathétique.
Apostrophe : invocation, sollicitation.
Images et champ lexical : la mort, la fatalité, la douleur, le devoir…

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La comédie :
La comédie est un genre dramatique issue de la tradition d’Aristophane.
C’est une œuvre en prose, aux formes et aux ressorts très variables selon les
lieux et les temps, elle cherche de manière générale à provoquer le rire ou le
sourire du spectateur. Elle peut contenir des scènes de danses et de musique.
Elle peut se définir comme l’envers de la tragédie. Elle met en scène des
personnages d’extraction modeste, des bourgeois ou issus d’origine
populaire, en proie à des préoccupations personnelles (notamment les
stratégie matrimoniales) situation familiale qui mêle amour, argent et
quiproquos., rencontrant des obstacles, contre lesquels tous les moyens sont
utilisés. Le dénouement est heureux. Les personnages s’expriment dans une
langue ordinaire, voire ridicule. Ces derniers sont souvent stéréotypés : le
père avare, le faux dévot, la belle-mère désagréable,…
Toutefois derrière le rire se cache un regard aigu sur le monde. C’est un
genre ancré dans la réalité, elle rend compte de la vie de la bourgeoisie et de
ses préoccupations (argent, santé, vie de famille). Elle est un outil efficace de
satire sociale.

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Selon la doctrine classique le dénouement doit être heureux : les
bons sont récompensés, les ridicules échouent, les amoureux se
marient. Le sujet préféré des comédies classiques est l’amour
entre les jeunes contrarié par les pères ou les maris.
Molière, le maitre de la comédie classique
Parallèlement à Pierre Corneille et Jean Racine qui montrent que
la scène française pour déployer la noblesse castillane et la verve
aristophanesque, Molière part de la farce italienne (proche de la
comédie d’intrigue) et la dépasse. Il excelle dans la comédie de
mœurs (qui se concentre sur les travers de la société) et dans celle
de caractère (dévoile les défauts d’un personnage).

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La comédie classique chez Molière
A) La dignité du comique et du rire chez Molière
le rire, instrument de plaisir et arme critique au service
d’une satire sociale : la comédie comme « miroir » de la vie
quotidienne,
Peindre les hommes « d’après nature » et « corriger les
mœurs par le rire » (Castigat ridendo mores), par la
représentation des vices : chez Molière, médecins, gens de justice,
faux dévôts font l’objet d’attaques constantes,
Surmonter ses angoisses en abordant des thèmes comme la
maladie, la mort, l’obsession : en riant, le spectateur met ces
inquiétudes à distance
Idéal de modération et de mesure lié à un bon sens raisonnable ;
idéal de l’honnête homme repose sur :
les contradictions internes des personnages
le langage à double sens
les quiproquos
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B) Du théâtre de divertissement...
les premières pièces de Molière sont des farces (La Jalousie du barbouillé en 1646, Le
Médecin volant en 1647)
reprise des procédés de la farce dans ses comédies de mœurs, d’intrigue, ou grandes
comédies :
coups de bâton, soupirs, personnages cachés sous la table
thèmes du mariage et de l’adultère, opposition entre un vieillard et des jeunes gens
personnages de valets, servantes, médecins, pédants
répétition mécanique des gestes et des mots
chez Molière, la farce, divertissante, dévoile les êtres, leurs défauts, leurs ridicules,
leurs obsessions

C) ... à la grande comédie


Molière veut élever la comédie à la dignité de la tragédie : en 1662, L’École des
femmes inaugure la grande création moliéresque, la « grande comédie »
cadre de la farce dépassé, refus de la simplification (problèmes sociaux, vérité
psychologique, questions morales, questions idéologiques liées au combat de Molière contre
les « ridicules » de son temps)
instruire et plaire : un comique subtil, sérieux, qui fait réfléchir tout en faisant rire
complexité des personnages et recherche de la sincérité
Le Misanthrope, Tartuffe, Don Juan sont des grandes comédies moliéresques

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Les procédés du comique
Le comique de geste : dimension physique du personnage, gestes, mimiques,
grimaces, coups… l’auteur se sert souvent de didascalies pour préciser la manière
de jouer la scène.
Le comique de situation : Il repose sur une situation improbable et drôle. Les
personnages sont placé dans des circonstance inhabituelles (malentendus,
quiproquo ou retournement de situation).
Le comique de mots : Il repose sur des jeux de mots, le mélange de plusieurs
registres de langue ou des défaut de prononciation ou l’accent d’un des
personnages.
Le comique de mœurs : Il critique les travers d’une époque, d’un milieu social ou
une catégorie professionnelle en les présentant de manière caricaturale ou ironique.
Le comique de caractère : Il s’appuie sur un trait de personnalité ou une idées fixe
d’un personnage qui est tourné en ridicule.
Le comique de répétition : il se fait par la répétition de ces différents procédés. La
répétition des mêmes mots, des mêmes situations, des mêmes gestes… pour créer
un effet de surprise ou d’attente.

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Mouvements du XVIIème (synthèse)
Mouvement Caractéristiques Exemples

Burlesque Utilisation du vulgaire et de l'humour dans un cadre sérieux, Molière


comique de situation et violent

Classicisme Idéal de l'honnête homme, recherche de la perfection et Molière, Boileau, Racine,


utilisation de la raison Corneille

Quiétisme Cheminement vers Dieu par la passivité spirituelle, absence Fénélon, Madame Guyon
d'activité
Préciosité Recherche de l'embellissement de la langue française, Madeleine de Scudéry, Madame
raffinement extrême de Lafayette

Moralisme Réflexion sur les mœurs, remise en cause des coutumes et Blaise Pascal, La Rochefoucauld,
façons de vivre La Fontaine

Baroque Mise en valeur de l'émotion et du sensible face à la raison, Théophile de Viau, Théodore
utilisation de l'imaginaire, des contrastes et des allégories Agrippa d'Aubigné, Jean de
Sponde

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