Vous êtes sur la page 1sur 13

Séquence 11

Objectifs de la séquence

Le 17e siècle fut celui de l’essor culturel, artistique, littéraire et celui de la normalisation.
L’influence a été grande, que cela soit de la France vis-à-vis de l’Europe ou le contraire. Les
retentissements de cette période de l’histoire va se faire sentir jusqu’à nos jours.

Cours 7: Culture et civilisation de la langue au 17 ème siècle

Le XVII (17eme) siècle, comme nous allons le voir un peu plus loin, est le siècle de la grande
évolution artistique, littéraire, culturelle. Il est aussi celui de la normalisation, de « la juste mesure
» en tout. On l’appela aussi le grand siècle, celui qui engloba l’une des périodes les plus riches
de l'histoire de la France et où se développèrent de manière considérable les arts dont la
littérature, le théâtre, la musique, la peinture et l’architecture. Il commencera en 1610 à partir du
règne d'Henri IV jusqu'à la fin de celui de Louis XIV (54 ans de pouvoir) sans oublier bien
entendu la période cruciale de Louis XIII.

1- Littérature et théâtre

Le roi Louis XIV mettra beaucoup d’écrivains à son «service». Nous en citons Jean de La
Fontaine (1621 – 1695) fabuliste, moraliste, poète qui dans les Fables à la morale didactique,
s'inspire très largement des textes du grec Ésope. Retenons que ses fables sont devenues un peu
des proverbes courants : «Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute».
Un autre auteur incontournable du 17e siècle, Charles Perrault (1628-1703) mène une double
carrière : politique et littéraire. Ses écrits couvrent surtout les contes (merveilleux, de fées) où
l’imaginaire est au cœur de tous ses ouvrages dont les thèmes étaient fort à la mode dans les
salons mondains. Aujourd’hui encore, ses œuvres (finissant toutes par une moralité) sont très
connues et reconnues mondialement. Qui ne connait pas Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon,
La Belle au bois dormant, Le Petit Poucet ou encore ou Le Chat Botté !
En théâtre il y eut Molière (1622-1673) qui écrivit et mit en scène de très célèbres comédies
comme L'École des femmes, Tartuffe, L'Avare, Le Bourgeois gentilhomme, Les Femmes
savantes ou encore Le Malade imaginaire. Ses comédies demeurent les plus jouées

1
aussi, après tout on dit bien: la langue de Molière (en faisant allusion à un français classique).
Et puis dans un autre registre, Corneille (1606-1684) et Racine (1639-1699) vont écrire des
tragédies qui seront mises en scène au théâtre. Nous en citons : Le Cid, Andromède (de
Corneille), Andromaque, Phèdre (de Racine).
En musique, il y aura Jean-Baptiste Lully (1632-1687) musicien célèbre l’époque qui dominera
musicalement toute la France en ce temps-là musicale en France. Il montera des opéras et des
ballets dont un, représentant le soleil (Louis XIV) au centre et les planètes (ses ministres) autour
de lui, de façon à montrer que le roi était le maître.
À la mort de Lully, en 1687 d'autres musiciens français moins connus comme Marc-Antoine
Charpentier, Marin Marais ou François Couperin apparurent pour écrire, et composer à leur
tour. En peinture, on citera Simon Vouet, Nicolas Poussin, Claude Gellée dit « le Lorrain» ou
encore Charles Le Brun, qui a réalisé une grande partie de la décoration intérieure du château de
Versailles.
Et si l’Italie a été l’instigatrice de l’art pictural, à partir de la 2e partie du siècle c’est la France qui
prendra la relève.

Fig.17 Énée à Délos (1672) Claude Gellée

C’est ainsi que les artistes du XVIIe siècle commencèrent une nouvelle période artistique appelée
classicisme ou art classique faisant plier leurs œuvres à des règles strictes de clarté, de symétrie,
de rigueur et d'ordre et cela tout restant fidèles aux anciens comme les grecques et les romains.

2
2- Architecture

Dès le 16e siècle on commença à établir un « achèvement » canonique de l’architecture (en


majeure partie baroque) où le centre séculaire baroque va devenir la France durant cette période-
là. Le Palais du Luxembourg de Salomon de Brosse détermina la direction sobre et classique de
l’architecture baroque française. Le corps de logis est apparu comme partie principale
représentative du bâtiment alors que les ailes latérales étaient considérées comme
hiérarchiquement amoindries mais de façon appropriée quant à la tour médiévale, elle a été
complètement remplacée par la projection centrale en forme de passerelle monumentale de trois
étages.

Fig.18 Le Palais du Luxembourg de Salomon


De Brosse.

Probablement l’architecte le plus connu et précurseur du classicisme dans l’architecture était


François Mansart, perfectionniste inlassable qui introduisit le plein Baroque à la France. Dans
sa conception du château de Maisons (1642), Mansart réussit à concilier les approches
académiques et baroques, tout en respectant les idiosyncrasies héritées du gothique de la tradition
française.
Et puis, le symbole de l'architecture française du XVIIe siècle est bien entendu le château de
Versailles que Louis XIV décide de faire construire à partir de 1661. Les travaux dureront
cinquante longues années.

3
Chronologie générale

La construction du château de Versailles a commencé sous le règne de Louis XIII (1610-1643),


pour se terminer durant la période de Louis XIV (1661-1715), c’est d’ailleurs ce dernier qui fit
construire les colonnades.
-Régence de Louis XV (1723-1774) puis celle de Louis XVI (1774- 1793) , pour arriver à la 1ere
République (1792-1804). Durant la période cruciale qui suit, la révolution française éclata puis la
prise de la Bastille.

-Monarchie constitutionnelle (1814-1848), IIe Empire (1852-1870), IIIe République (1870-1940),


IVe République (1946-1958) puis la Ve République (1958-aujourd'hui).

Fig.18 Versailles en 1668 Fig.19 Versailles de nos jours.

4
Fig. 20 La magnifique galerie des glaces Fig.21 La galerie des glaces

[….]

Superbe intérieur aux dorures, peintures, tissus, meubles et miroirs comme Autant de trésors

fabuleux à découvrir en parcourant les salles et couloirs.

Ici, dans la galerie des glaces, l'émotion de l'histoire se mêle à l'émerveillement.

5
Séquence12

Objectifs de la séquence

La France connaitra un tournant considérable dans l’art puisque du classicisme, elle va aller vers
des courants qui vont marquer aussi bien le côté artistique, qu’architectural que littéraire: le
baroque, le rococo vont marquer le siècle…

Cours 7: Culture et civilisation de la langue au 17 ème siècle (suite)

1- Classicisme, baroque et rococo

Durant cette période un art libre se développa et ce qu’on appela : l’art baroque. Cependant
Classicisme et Baroque évolueront ensemble pendant les deux siècles d’avant la Révolution
française. Les compostions baroques dans tous les domaines de l’art seront imaginatives,
fantaisistes, irrégulières dans sa conception des courbes et des contre-courbes. Elles casseront
avec un classicisme marqué par l’organisation rectiligne, ordonnée, rigoureuses.
A retenir: le terme «baroque» vient du portugais (portugais barroco, perle irrégulière ou les
rochers de formes irrégulières) donc par extension ce terme désigne : tout ce qui est extravagant.
Baroque se dit d'un style qui s'est développé du XVIe au XVIIIe siècle, caractérisé par la liberté
des formes et la profusion des ornements et par opposition au classicisme, il donna la primauté à
la spontanéité créative, à la sensibilité.

Cependant le baroque et le classicisme furent les deux styles dominants de cette période
prérévolutionnaire, tant en peinture et en architecture qu’en sculpture, en musique et en
littérature.

Quant au rococo, il sous-entend un art très imaginatif, extraordinairement (sur) chargé, sorte
d’illustration du baroque, concluant ainsi la période classique. La France, pendant la régence et le
règne de Louis XV, a été l’un des pays où s’est développé le « style rocaille », désigné ensuite
avec mépris comme « rococo » par les peintres néo-classiques qui suivront au XVIII° siècle.

6
Fig.22 Secrétaire de Louis XV

Et puis les sciences commencèrent à se développer et à devenir plus précises Les sciences
deviennent plus précises. René Descartes insiste sur l’observation dans l’étude des sciences,
l’expérience et le raisonnement mathématique. Galilée (Galileo Galilei) invente la lunette
astronomique augmentant la luminosité et la taille apparente des objets du ciel au moment de les
examiner.

Ce siècle a été aussi marqué par la création de l’académie française qui sera fondée parle
cardinal de Richelieu en en 1635 dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue
française. Ainsi, pour la première fois, il a été décidé qu’une assemblée de lettrés pouvait jouer
un rôle remarquable dans le devenir de la société et de la nation même. Ainsi, les statuts et
règlements visés par le cardinal, puis l’enregistrement au Parlement de Paris, en juillet 1637, des
Lettres patentes signées par Louis XIII, dédièrent un aspect officiel à l’institution parisienne49.

Et donc, la fonction de cette institution fût au départ : d’accorder avec sagesse,


modération et économie une langue qui n’était pas systématiquement celle des spécialistes, des «
savants », ni celle des collectivités. Il fallait qu’elle ait la clarté, la « ferveur », la beauté qui lui
était reconnue et celle qu’on devait aussi aux Grecques et au Latin. Il devait naitre ainsi une
langue où n’existerait pas non plus d’écart entre l’écrit et le parler.

49
Le Cardinal de Richelieu, dont la mission revêtait un caractère expressément national, était nommé « le chef et le protecteur » (fonction
exercée aujourd’hui par le chef de l’État) de cette institution. Voici l’exemple de deux articles : « La principale fonction de l’Académie sera de
travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de
traiter les arts et les sciences » (article XXIV). À cet effet, « il sera composé un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique »
(article XXVI), et seront édictées pour l’orthographe des règles qui s’imposeront à tous (article XLIV).

7
A noter

L’académie contemporaine s’est ouverte aux représentants de tout genre outre les romantiques «
sacrés » comme Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Vigny, Musset, et certains autres hommes
connus parmi eux des politiciens, des hommes d’Église, journalistes, critiques et universitaires,
dramaturges, poètes, historiens et savants. Et puis , il y eut Baudelaire , Zola , Littré (1871),
Renan (1878), Taine (1878), Louis Pasteur (1881), Ferdinand de Les seps (1885) , Le conte de
Lisle (1886), Ernest Lavisse (1892), Heredia (1894), Anatole France (1896), Émile Faguet
(1900), Edmond Rostand (1901), Maurice Barrès (1906), Henri Poincaré (1908), Raymond
Poincaré (1909), Henri de Régnier (1911), le maréchal Lyautey (1912), Henri Bergson (1914),
Georges Clemenceau (1918), le maréchal Foch (1918), Paul Valéry (1925), François Mauriac
(1933), Georges Duhamel (1925), Jacques de Lacretelle (1936), André Maurois (1938), Louis de
Broglie (1944), Paul Claudel (1946), Marcel Pagnol (1946), Jules Romain (1946), Étienne Gilson
(1946), Maurice Genevoix (1946), Jean Cocteau (1955). Elle décerne chaque année une
soixantaine de prix, parmi lesquels :

- Les grands prix de Littérature, du Roman, du Théâtre, de Poésie, d’Histoire, les prix de l’Essai,
de la Critique, de la Nouvelle, du Rayonnement français et, le grand prix de la Francophonie créé
à l’initiative du gouvernement canadien et complété par diverses donations dont celles de la
Principauté de Monaco et du Royaume du Maroc. Elle accorde de l’intérêt aussi à toutes les
institutions francophones. Cependant pour conclure ce chapitre sur l’académie, il est judicieux
d’évoquer l’admission de Léopold Sédar Senghor 50 à l’Académie française, en 1983.

Le Français du 1e siècle est aussi celui des salons littéraires des précieuses ridicules dans leur
langage ridicule constitué de périphrases, de métaphores et d’images qui distinguent un dialogue
relevant à la fois du comique des mots choisis et des situations frisant souvent le ridicule. Le
langage de la préciosité, mouvement littéraire de la première moitié du XVIIe siècle, apparaît
toutefois comme un code social, voire même une mode laissant paraitre des enjeux
représentationnels des conflits entre les générations, entre les classes sociales, impliquant ainsi
des ruptures de tonalité dans le jeu comme dans les situations. Le comique, le burlesque, le
dramatique voire même le tragiques’ entre lacent dans la langue de l’altérité.

50
Il était agrégé de grammaire, ancien président de la république du Sénégal, grand poète connu par tout et surtout reconnu, homme de
dialogue entre les cultures, les religions, chantre du métissage et de l’universel, qui entrait sous la Coupole, il représentait l’ensemble de ceux
qui ont la langue française en partage. On dit qu’il était la francophonie par excellence.

8
Quant aux salons littéraires, ils existaient avant le règne de Louis XIV, sous forme de groupes
littéraires dont les plus célèbres sont : celui de Malherbe que Boileau a amplement salué sa
venue même s’il eut la prétention de détruire ses contemporains. Un salon littéraire (aussi salon
de conversation) est une association régulière d’hommes et de femmes lettrés, bourgeois ou
nobles à l'origine dont la préoccupation première est les Belles-lettres, la poésie, la littérature, le
théâtre, et autrefois les arts et les sciences. Quant aux participants, ils sont bien souvent des
habitués : familiers ou exceptionnels.

Les principaux tenants de ces espaces sont des organisateurs ou organisatrices qui se doivent de
tenir convenablement les salons montrant ainsi les belles manières, usant d’un «Beau» langage
en vue de développer l’art de la conversation polie, argumentée frôlant le pédantisme. On y
parle: actualité de l’époque concernée, philosophie, littérature, journalisme, morale... Cet espace
devient le lieu des courtisans, de la rencontre de la vie bourgeoise, mondaine où on déploie ce
qu’on a de «mieux ».

Quelques salons connus du 17 e siècle: celui de Françoise de Maintenon, de Madeleine de


Scudéry, de Marguerite Hessein de La Sablière, de Ninon de Lenclos, d’Anne-Marie-Louise
d’Orléans, de Marie-Madeleine de La Fayette…mais des plus célèbres et plus actifs fut celui
de l’hôtel de Rambouillet tenu par Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet que
Malherbe surnomma "l'incomparable Arthénice51 ». Elle y recevait des hôtes de marque, de
grands seigneurs, des écrivains très connus, elle essayait d’y répandre la vie pétillante qu’elle
avait eue auparavant en Italie. Belle, vertueuse sans être discrète, cultivée sans être trop
prétentieuse, elle réussit de faire de son salon le point de rencontre de toutes les belles choses, de
la bienséance et des convenances. Et celui qui anima énergétiquement le salon fut le grand poète
Voiture dont les principales « attractions » furent les jeux, les divertissements de toutes sortes
même sur des modes littéraires. Ces salons sont des espaces où: l’on procède à des jeux de
société, l'on y chante, l'on y danse, l’on y s’amuse.

On chante des compositions que l’on écrit, on organise des concours d’écriture de poésie, de
prose …on initie les gens à la mode aussi bien vestimentaire que celle du bon « gout ». Quant à la
conversation, il est important l’occupation d’un très « haut» niveau délicat et raffiné.

51
Mariée à 11 ans à Charles d'Angennes, vidame du Mans, futur marquis de Rambouillet. Ils quittèrent le château de Rambouillet pour l’hôtel de
Pisani, rue Saint-Thomas-du-Louvre, à Paris, elle le réaménagea selon ses gouts. Plus tard Marie de Médiciss’en inspira pour la redécoration du
palais du Luxembourg.

9
La préciosité

L’esprit précieux se manifeste d’abord par une préciosité parfois extravagante, dans les manières,
le parler cherchant toujours le raffinement (artificielle plus souvent), l’élégance dans l’être et le
paraitre. Cela se traduit à travers l’accoutrement, les manières, le parler, l’expression d’un
sentimentalise d’une délicatesse à fleur de peau des sentiments, recherche, souvent excessive, de
la délicatesse des sentiments.

Les précieuses ne sont d’aucune spontanéité, leur langage précieux est très peu naturel, parfois
même tourné vers l'exagération. Il est une forme de littérature d'antithèses, de décalages,
d'hyperboles, de métaphores, d'univers de l'excès, de l’exubérance en tout genre.
La préciosité se traduit dans:
- Les sentiments dont elle dénaturé la spontanéité en faisant de l’amour une expression platonique
dépourvue de toute profondeur.
- L’esprit la condition sine-qua-non à la préciosité. Il apparait à travers les écrits, les
commentaires d'œuvres, des traits d'esprit. Les précieux pratiquent des genres à la mode,
s’essayent à l’originalité dans la forme, dans l’effort laisser apparaitre des idées trop simples, trop
singulières parle biais d’un langage pointu et très habile. Leurs œuvres littéraires abondent en
sonnets et en stances.
- Le langage : Il s’agit pour ces dames de ne pas parler comme tout le monde et pour cela utiliser
des périphrases et des métaphores. On remarque aussi à côté de ses expressions qui paraissent
aujourd’hui ridicules d’autres qui ont survécu et entré dans l’usage courant comme incontestable,
anonyme.
Pour conclure, nous dirons que le genre précieux a d’un autre côté œuvré vers la finesse de la
littérature.
- Dans le roman idéaliste: le roman pastoral.

- La lettre: les lettres de Voltaire et de Balzac.

- La poésie galante : les petits genres, les stances, les sonnets et les ballades, la poésie épique qui
a largement contribué à rapporter des faits historiques surtout. Et en dépit du fait que ce genre fut
énormément critiqué, il fut à l’origine d’une certaine forme de révolution aussi bien littéraire que
linguistique. Molière a critiqué les précieuses mais il créa « Les précieuses ridicules » qui est
une pièce de théâtre fort jouée jusqu’à nos jours.

Les salons ont réussi à amoindrir le pédantisme et le culte d’une langue prétendue être la
meilleure ; une langue à laquelle ils donnèrent la juste mesure, la précision, les normes, la
pureté, les mots appropriés. Nous citons l’exemple de la synonymie qui en dépit du fait qu’elle ait
été une richesse au siècle précédent elle ne l’est plus tout autant. Les mots vont se spécialiser
c’est-à-dire que les formes qui étaient préposition ou adverbe, pronom ou adjectif, vont
systématiquement restreindre leurs emplois dans une seule catégorie.

10
Et cela s’est fait dans le but de la recherche de la clarté de la langue. Les mots-outils, les
équivoques sont bannies.

1- Vaugelas, le bon usage et la langue

a-Grammaire

C’était l’époque où l’on édita la grammaire d’usage comme celle de Maupas. Paru «Grammaire

générale et raisonnée contenant les fondements de l´art de parler » d´Antoine Arnauld et de

Claude Lancelot. Il est question dans ce livre d’une grammaire qui spécifie deux classes de mots :

- Ceux qui signifient les objets des pensées et qui relèvent de la conception (noms, adjectifs,
articles, participes, pronoms, adverbes, prépositions).
-Et ceux qui signifient la forme de la pensée, exprimée dans un jugement (verbes, interjections,
conjonctions).
Quant à la syntaxe, elle sous-entend une certaine forme d’interdépendance de sujet au verbe, de
l´adjectif au substantif, du complément au nom …
C’est aussi le siècle où l’ordre des mots est fermement influencé par les structures latines ce qui
insinue par exemple :le verbe en fin de phrase, la place très variable de l'adjectif, l’omission de
l'article etc.) L'imparfait du subjonctif est employé couramment. La négation est souvent
exprimée par un seul élément. Le pronom sujet (surtout aux première et deuxième personne où la
terminaison indique la personne du verbe) peut être omis (comme en espagnol moderne). Avec la
troisième personne, le sujet peut suivre le verbe.
- “Amys lecteurs qui ce livre lisez.” (Rabelais, Gargantua, 1534) Le Y remplace le “i” surtout à
fin de mot.

• Avec la construction verbe + verbe à l'infinitif, le pronom objet est souvent placé
devant le premier verbe :

-Soleil, je te viens voir pour la dernière fois (Racine, Phèdre, v.172).

b- Prononciation et orthographe

Vaugelas soutient l’idée que la prononciation du “r” final dans les verbes : aller, venir, ne se fait
pas dans la prononciation courante. Quant à la chute du “e” final après consonne qui s’est faite au
début du siècle a été modifié à l´oral. Le système d´opposition morphologique des genres qui

11
reposait fréquemment (pour l´adjectif par exemple) sur la présence phonétique du “e” final et la
distinction ne se fait plus alors que par la prononciation de la consonne finale au féminin.

Faux…………>fausse Petit……….>petite

- Les différences principales entre le “e” le “é” et le “è” apparurent.

Il y a distinction entre les mots où le “s” en fin de syllabe ne se prononce plus par l´emploi du “s”
long lorsqu´il y a allongement. Ex: Teste /étroit

- L'orthographe n’étant pas fixe à cette époque-là, elle peut parfois varier selon le bon
vouloir de l’auteur ou l’imprimeur, c’est pourquoi, il est utile de lire le texte à haute voix
pour le comprendre.

Au niveau des voyelles, il faut préciser qu’il y a très peu d'accents utilisés à l'époque. On voit
souvent deux voyelles ou une voyelle suivie de “s” où aujourd'hui il y a un accent. Ex
: La reigle me desplaist, j'escris confusement (Théophile de Viau) > (la règle me déplait, j’écris
confusément).

- Voici l’exemple d’imparfait qui s’écrivait avec O. Ex : (j'avois, tu ferois, ils diroient,etc.)
jusqu'au début du XIXe siècle (précisons que cet emploi était recommandé par l'Académie
française en1835).
- Pour des raisons de typographie, l'imprimeur abrège souvent la combinaison voyelle

+ consonne nasale avec l'accent. Ex : bon >bõ ; comporte> cõporte; souvent > souv~e

- Consonnes-en général, il y a des consonnes supplémentaires par rapport à l'orthographe


moderne. Par rapport aux autres langues romanes, (l'italien, l'espagnol) le français a opéré
le plus de changements à l'étymologie latine, surtout dans un souci d'économie.

12
L’enseignement

Si le siècle fut marqué par quelques turbulences (la guerre de trente ans et la politique menée
par la monarchie à faire asseoir son pouvoir), l’école était perçue comme un outil qui
donnerait la possibilité aux enfants d’apprendre ce qui est supposé être les normes qu’une
élite bourgeoise a élaborées, ainsi que les moyens élémentaires d’un savoir alimenté par les
activités économiques et religieuses c’est pourquoi , l’enseignement assuré par l’église
catholique était centré sur la foi chrétienne qui devait être absolument perpétuée .Dans
certaines villes à caractère rurale, les maîtres d’école qui assurent les cours ont souvent
d’autres fonctions comme: chantres, greffiers du bailli, artisans, religieux …
L’enseignement y est très modeste, il se limite dans l’apprentissage des rudiments premiers
comme : la lecture, l’écriture et le calcul. Cependant, la dimension religieuse reste forte avec
le catéchisme et la récitation de cantiques, quant aux familles, elles doivent payer au régent
des frais de scolarité.
Pour apporter une conclusion à la période classique, nous dirons qu’elle est considérée
comme étant celle où la langue française a atteint la perfection.

Si ce siècle est celui où l’on règlemente les sons et les sens des mots, il est aussi celui où les
règles de l’étiquette 52 sontstrictes et où se fixent les formes de politesse que nous continuons à
observer. Il est aussi un courant esthétique prenant en exemple toutes les œuvres qui avaient
pour références les écrits gréco-latins de l’Antiquité.

Mon imitation n’est point un esclavage

Je ne prends que le sens et le tour et l’idée Tâchant de rendre mien cetaird’Antiquité 53

Voltaire l’appelait aussi le siècle de Louis XIV qui avait pour idéal de suivre les Anciens et
nourrissait une admiration exceptionnelle pour la culture nationale. Ce fut aussi le siècle de
l’honnête homme aussi beau intérieurement qu’extérieurement, celui aussi du citoyen qui se
traça des modèles de citadinité.

52
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjQk
d_b-JjpAhUSyIUKHViJA-
8QFjADegQICBAB&url=https%3A%2F%2Fjournals.openedition.org%2Fcrcv%2F13706&usg=AOvVaw3lHyxWL4eK6qmhMnCRNQRh(referez-
vous à cet article pour comprendre l’étiquette).
53
Jean de La Fontaine, Epître à Huet(1686).

13

Vous aimerez peut-être aussi