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Civilisation Française -II

Unité 2

Renaissance - Classicisme - Romanticisme - Surréalisme - Existentialisme et Nouveau


Roman

Le XVI siècle : La renaissance -Le mouvement humaniste (fin de XV – XVI siècle - Les
poètes de la pléiade

Une renaissance est une nouvelle ou une seconde naissance. Ex : les renaissances du phénix.

En littérature, une renaissance est un renouveau, un renouvellement, une nouvelle vie, un


nouvel essor.

La Renaissance est à la fois une période de l’histoire et un mouvement artistique. Elle voit
progressivement le jour en Italie, aux XIVe et XVe siècles, puis se répand dans toute
l’Europe. En France, la Renaissance commence au XVe siècle et se termine au début du
XVIIe siècle.

Jules Michelet (1798-1874), un historien, a utilisé pour la première fois le terme


"Renaissance" en 1855 pour décrire la "découverte du monde et de l'Homme" au XVIe siècle.
En 1860, l'historien suisse Jakob Burckhardt (1818-1897) an élargi la définition de la
Renaissance dans son livre "Civilisation de l'Italie au temps de la Renaissance" pour en faire
le point de départ de l'humanisme et de la conscience modernes.

A la Renaissance, l'humanisme se développe, l'exploration du Nouveau Monde par Jacques

Cartier, développements de nouvelles techniques en impression, architecture, sculpture,

peinture, musique, sciences et la littérature.

La Renaissance est due à la croissance démographique, au développement des technologies


(comme l'imprimerie) et des échanges commerciaux, à l'urbanisation et à l'émergence d'une
classe bourgeoise d'affaires. La fin de la féodalité au profit de la notion d'Etat et d'institutions
centralisées an entraîné des mutations politiques importantes dans la société et l'économie.

Contrairement aux chercheurs du Moyen Age qui ne voyaient dans l'Antiquité que de
l'ignorance et de la barbarie, les humanistes de la Renaissance considéraient l'Antiquité
comme une période de lumière et louaient la renommée des civilisations gréco-romaines.
Avec l'abandon de l'esthétique byzantine et l'instauration du modelé et du réalisme, la
Renaissance est marquée par un essor culturel important. En matière de peinture et de
sculpture, les artistes tels que Léonard de Vinci, Raphaël, Titien, le Tintoret, Véronèse et
Michel-Ange sont fréquemment liés à l'apogée de l'art de la Renaissance.

Les guerres d'Italie ont contribué à la Renaissance en France, en particulier sous le règne de
François Ier. En littérature, Rabelais, Marot, Ronsard, La Boétie, Montaigne et la Pléiade ont
joué un rôle important dans la promotion de la langue française.

Le XVII siècle : Le classicisme

L’art classique apparaît en France au XVIIe siècle. Ce courant artistique touche tous les
domaines et de nombreux artistes français produisent des œuvres classiques tandis
qu’en Italie l’art Baroque se développe avec une rapidité fulgurante. Les arts classiques
ont pour but de rechercher le vrai, l’ordre et la puissance à travers des œuvres
considérées comme harmonieuses et élégantes.

On ne peut pas aborder le classicisme en omettant les liens étroits avec la monarchie
française. C’est un art qui sert les cours princières et le plus bel exemple est le Château
de Versailles. Il permet de montrer au reste du monde la grandeur et la puissance du Roi
en prenant comme thème l’Antiquité.

Néanmoins même si l’art classique sert la monarchie, il ne faut pas la caricaturer en


pensant qu’elle représente seulement cela. Le classicisme comporte de nombreuses
autres caractéristiques.

COMMENT DÉFINIR LE CLASSICISME ?

La naissance du classicisme : baroque contre classicisme ?

Pour comprendre le mouvement artistique classique, il faut aborder un autre courant de


l’art, le Baroque. À la fin du XVIe siècle, l’art baroque émerge et devient un phénomène
culturel marquant les arts des civilisations européennes. C’est à Rome que ce
mouvement trouve son point de départ et ses racines spirituelles. Le Baroque se
caractérise par des formes irrégulières et l’exagération du mouvement.
La Vierge enfant par Zurbaran

Un pays reste à l’écart de ce mouvement artistique, la


France. La monarchie s’affirme et tente de s’appuyer sur
les arts afin de montrer sa splendeur. Au XVIIe siècle
une voie artistique parallèle naît en France, le
classicisme.

Bon à savoir : Aujourd’hui les spécialistes sont nuancés sur la totale opposition du
Baroque et du classicisme néanmoins il faut connaître ce contexte historique des arts
afin de comprendre l’émergence du classicisme.

Le terme classicisme n’est pas utilisé au XVIIe et au XVIIIe siècle. Il est prononcé pour
la première fois par l’écrivain français Stendhal en 1817. Ce mouvement est à la fois
idéologique et artistique. Il touche tous les arts : la littérature, la musique,
l’architecture, la sculpture et la peinture.

Les caractéristiques du classicisme

Le classicisme a un rayonnement important dans les arts et touche tous les domaines.
Les artistes recherchent la rigueur, l’harmonie majestueuse avec des lignes droites qui
s’opposent aux courbes présentent dans l’art Baroque.

Le classicisme repose sur des règles esthétiques et morales comme la clarté dans le
style, l’inspiration antique et le désir d’instruire. Les artistes de tous les domaines
s’inspirent des œuvres de l’époque antique, mais souhaitent dans le même temps les
réinventer.

Les premières manifestations de l’art classique sont visibles dans l’architecture.

Le ministre Colbert développe plusieurs académies des arts au milieu du XVIIe siècle.
Les architectes définissent les règles du classicisme et les diffusent au sein des
académies. Plusieurs bâtiments emblématiques font partie de ce mouvement. Libéral
Bruant, un architecte considéré comme le grand représentant du classicisme construit
l’Hôtel des Invalides caractérisé par un plan quadrillé et une église dans son
prolongement.
Hôtel des Invalides

La colonnade du Louvre est elle aussi un très bon exemple de construction classique. La
façade orientale est construite par Charles Le Brun, Claude Perrault et Louis Le Vau.
L’accueil est mitigé à l’inauguration du bâtiment, elle comporte une particularité, un
doublement des colonnes qui ne répondent pas totalement aux règles du classicisme.

Les artistes sont très strictes sur les critères du classicisme toutefois la colonnade du
Louvre est devenue un emblème de l’art classique.

La colonnade du Louvre de Claude Perrault

Enfin, aborder le classicisme sans citer le Château de Versailles est impossible. La


rigueur de ses bâtiments et de son jardin mondialement connu en font l’une des œuvres
architecturales la plus visitée en France chaque année.

LA PEINTURE ET L’ART CLASSIQUE

Les thèmes des œuvres classiques

Le premier représentant de la peinture classique est Nicolas Poussin. Il donna le goût de


l’Antiquité à toute une génération de peintres. Les œuvres de Nicolas Poussin sont
marquées par une lumière naturelle qui tranche avec les tableaux baroques comprenant
des contrastes ombres-lumières.

L’artiste s’inspire des tableaux de la Renaissance et mélange des thèmes religieux et


mythologiques. En 1648, Nicolas Poussin peint le tableau Orphée et Eurydice, une
œuvre classique de grande renommée actuellement exposée au Louvre.

Orphée et Eurydice de Poussin


Au XVIIe siècle le mythe d’Orphée est évoqué à travers
le prisme religieux puisque Orphée est considéré comme
une préfigure du Christ. La mythologie est réinterprétée,
l’artiste peint deux scènes du mythe (la mort d’Eurydice
et le mariage d’Orphée) dans le même tableau. Il
s’éloigne de la tradition antique.

Dans le fond de l’œuvre est peint un paysage d’Italie


comprenant des ruines évocatrices donnant au tableau une grande puissance.

Le jugement de Paris, Claude Lorrain

Claude Lorrain peint, en 1646, Le jugement de Pâris, un tableau encore une fois inspiré
de la mythologie grecque. L’œuvre se caractérise par un paysage occupant la majorité
du tableau. La verticalité et l’horizontalité des lignes se conjuguent avec des éléments
aquatiques. Les chutes d’eau, les torrents et des petites voiles blanches construisent la
profondeur de l’œuvre. La lumière est naturelle et tamisée donnant à la scène un
caractère sacré. Il est impossible de distinguer un moment de la journée, mais la lumière
profonde laisse penser que l’action se déroule à l’aube ou à l’aurore.

Le tableau est une parenthèse de poésie.

Les portraits

Le classicisme est également marqué par des séries de portraits.

Portrait du cardinal Richelieu de Philippe Champaigne

Philippe de Champaigne peint Le portrait du Cardinal Richelieu en 1642. Aujourd’hui


l’œuvre est l’un des plus importants portraits français du XVIIe siècle. Le portrait
semble réel par son grand réalisme. L’artiste a peint
chaque détail du visage. Les cheveux du modèle ainsi
que les poils de sa barbe sont peints avec une grande
précision.

L’artiste trouve un équilibre entre embellissement


grossier et trop grand réalisme. Le cardinal est de profil
et évoque le buste de Jules César sur une médaille. Son
profil aquilin et le cadrage du portrait décrivent le
tempérament sérieux du modèle qui représente l’État.

Philippe de Champaigne devient le portraitiste préféré du


Cardinal Richelieu et de nombreux portraits sont peints
après cette commande.

Portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud

L’un des autres grands portraits qui caractérise le classicisme est Le portrait de Louis
XIV peint par Hyacinthe Rigaud en 1701. Le roi adopte une pose solennelle avec tous
les attributs de la monarchie : le sceptre, la couronne, la main de justice et le collier de
l’ordre du Saint- Esprit. En arrière-plan on distingue clairement des colonnes et un
paysage appuyant le fait que la monarchie est puissante et éternelle.

Hyacinthe Rigaud fige l’image du portrait d’apparat.


Louis XIV affectionne ce tableau et demande d’autres
portraits à l’artiste. Hyacinthe Rigaud est débordé par les
commandes et laisse des collaborateurs peindre certaines
parties de ces tableaux.

LES AUTRES ARTS

La sculpture dans l’art classique

L’harmonie et l’élégance distinguent les sculptures classiques. François Girardon est le


grand représentant des sculpteurs de cette époque. Il réalise le groupe Apollon servi par
les Nymphes dans la grotte de Thétis à Versailles.

Groupe d’Apollon servi par les nymphes de Girardon

L’œuvre est un groupe de marbre blanc représentant Apollon au retour de sa course et


prenant un bain. Le dieu Grec est entouré de six nymphes qui s’occupent de sa toilettes
et le servent. Le groupe est posé sur un piédestal dans une fontaine en forme de coquille
ornée de masques de bronze doré qui jettent de l’eau.

L’œuvre fait référence au règne de Louis XIV. Apollon prend les traits du Roi et le
décor de l’aiguière (vase à eau) comporte un détail surprenant : il représente le passage
du Rhin. Ce décor fait allusion à l’armée française qui franchit le Rhin en 1672 après la
déclaration de guerre aux Pays-Bas prononcée la même année par Louis XIV.

La sculpture classique est elle aussi étroitement liée au domaine politique. Les artistes
propagent les idées monarchiques à travers leurs arts. À partir de ce groupe de
sculptures, le Roi lance le programme d’ornementation du Château de Versailles à la
gloire de sa personne et d’Apollon.

Le Château de Versailles comme symbole du classicisme

Le château de Versailles est le symbole de l’art classique. À l’origine Louis XIII


aménage un pavillon de chasse au milieu de la forêt. Louis XIV décide en 1661,
quelques années après sa prise de pouvoir, d’embellir le château. Il confie cette tâche à
l’équipe qui été chargée de créer la résidence de Fouquet à Vaux-le-Vicomte.

Le Vau agrandit le château et reprend les façades, Le Nôtre dessine les jardins et Le
Brun coordonne les programmes de peinture et de décoration. C’est en 1678 que le
Château de Versailles devient le symbole de l’art classique français.

Louis XIV confie à Jules Hardouin-Mansart une deuxième campagne de rénovation afin
de donner une régularité plus classique au château. La décoration intérieure définie l’art
royal. Le jeu des glaces donne un éclat sans égal aux salles.

Galerie des Glaces par Hardouin-Mansart

L’opulence et la cohérence des moindres détails reflètent la grandeur de la royauté. Le


jardin est quant à lui une véritable scène de théâtre. Les plans d’eau et la verdure se
soumettent subtilement à de vastes ensembles équilibrés et harmonieux. Le jardin fait
écho à la volonté de contrôler la nature par l’esprit.
Grâce à ce chantier monumental, l’art classique possède un modèle, le Château de
Versailles. Cet art est résolument fondé sur la clarté, l’harmonie et l’ordre.

EN SYNTHÈSE

Le classicisme a émergé au XVIIe siècle sous l’impulsion du Roi de France.

Ce mouvement artistique a une résonance sans égal puisqu’il a touché aussi bien la
littérature, la peinture ou encore la musique. Aujourd’hui de nombreuses œuvres
appartiennent à cette période classique et l’architecture reste le domaine le plus
marquant pour les créations classiques.

Il est aujourd’hui possible d’admirer ces œuvres au Musée du Louvre (Paris), au musée
du Château de Versailles (Île-de-France), Musée des Beaux-Arts de Strasbourg (Grand
Est), Musée Nicolas Poussin (Normandie) et à la National Gallery of Art (Washington,
États-Unis) pour l’internationale.

Romanticisme -

Le XIX siècle : Le mouvement romanticisme (1820 – 1850)

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Le romantisme est un mouvement européen, dont les racines s’ancrent en Allemagne à la


fin du XVIIIesiècle. Cette sensibilité nouvelle touchera la France, mais aussi l’Angleterre,
l’Italie, l’Espagne, la Russie et les pays scandinaves, mais à des degrés divers. La France a
représenté l’un de ses grands foyers. D’abord avant-garde littéraire, unie autour de Victor
Hugo, elle incarne une forme de rébellion contre la doxa classique et académique qui se
diffuse largement dans le domaine des beaux-arts. La référence au Moyen Âge, la quête
d’exotisme, le renouveau du paysage, la mélancolie et l’influence de la littérature
contemporaine sont quelques facettes d’expression du romantisme pictural. Au sein d’une
Europe encore largement conservatrice, la tentation romantique est celle de la liberté et du
désir, sans oublier l’exaltation de la spiritualité.
Paul Delaroche, Jeune Martyre, 1855

Son histoire, ses idées clés

Le Romantisme serait né en Allemagne vers 1795 dans le domaine littéraire. Il qualifie une
aspiration au romanesque, c’est-à-dire à l’imaginaire, à l’aventure, à la description de
paysages dans lesquels la nature tient une place primordiale. Dans le domaine pictural, le
romantisme se révèle au travers du groupe des Nazaréens formé de six jeunes peintres
allemands au début du XIXe siècle (dont Franz Pforr, Johann Friedrich Overbeck). Ils puisent
leur inspiration dans l’imaginaire médiéval et renaissant, se réclamant tout à la fois
d’Albrecht Dürer et de Raphaël. Ils partent à Rome dans l’idée de rénover l’art sacré. Caspar
David Friedrich est également considéré comme le grand peintre du romantisme allemand.
Ses paysages représentent des scènes irréelles, dépeignent la destinée impossible de l’homme
face à l’immensité insondable – et souvent terrifiante – de la nature.

En Grande-Bretagne, la sensibilité romantique s’exprime aussi par la littérature : Thomas


Chatterton en offre un bon exemple, et plus encore le poète William Cowper. Ces auteurs, à
la vie souvent recluse et tragique, traitent de sujets intimes, épanchant les mouvements
secrets de leurs âmes. Dans le domaine de la peinture et du dessin, dès la fin du XVIII e siècle,
Johann Heinrich Füssli ou William Blake cultivent des visions bibliques ou
cauchemardesques qui révèlent leur goût pour l’étrange ou le gothique. Le romantisme
anglais s’incarne aussi au travers de l’école paysagère, en particulier l’œuvre de John
Constable qui peint des paysages sensibles et animés aux ciels dramatiques.

En France, le mouvement romantique est porté par François-René de Chateaubriand,


Madame de Staël puis Victor Hugo. C’est le culte du sentiment, souvent lyrique, qui domine.
Le chef de file du romantisme français dans le domaine pictural est Eugène Delacroix.
Peintre de la couleur, des passions et de l’exaltation politique, il occupe le devant de la scène
dès 1824. D’autres peintres ont également incarné le goût romantique, en particulier
Théodore Géricault ou Paul Delaroche, aux approches si différentes. Le premier n’hésite pas
à traiter des sujets polémiques ou politiques, militaires ; le second devient le peintre de genre
à la mode, puisant son inspiration dans les coulisses de l’histoire de France et de la cour
d’Angleterre. Le mouvement se décline aussi en sculpture, notamment sous le burin
d’Antoine-Louis Barye, grand animalier, ainsi que dans le domaine musical. Le romantisme
tient en une attitude qu’a bien décrite Charles Baudelaire, grand admirateur de Delacroix : il
s’agit d’exprimer un ressenti intérieur, d’affirmer la primauté du sentiment sur la raison.

Des œuvres clés

Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781

Dans une atmosphère fantastique et angoissante, Füssli peint une dormeuse assaillie par un
incube et veillée par une tête de cheval halluciné. L’abandon de son corps créé une confusion
entre le sommeil et la mort. L’artiste cherche à représenter, par cette vision, l’âme humaine
dominée par le sentiment de peur, l’angoisse devant l’irrationnel. Au travers du cauchemar,
Füssli nous confronte à nos angoisses inconscientes et au thème de la folie.

Karl Friedrich Schinkel, Église gothique sur une falaise face à la mer, 1815

Fasciné par le passé médiéval allemand, Schinkel fut à la foi peintre et architecte. Les églises
et les ruines furent ses thèmes de prédilection. Proche du style de Friedrich, il met en valeur
les architectures dans des ambiances austères et dominées par un fort clair-obscur. Les
préoccupations spirituelles du peintre sont visibles au travers de son attachement à l’univers
gothique. La nature est un témoignage visible d’une vérité inaccessible, et c’est à travers
l’architecture sacrée que les Hommes tendent vers l’idéal du christianisme.
Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827

Grande page du romantisme français, La Mort de Sardanapale a dérouté le public du Salon


de 1827 par l’érotisme et la cruauté de son sujet : la mise de son harem par un roi assyrien
dont le palais est assiégé. L’œil, habitué aux compositions classiques, se perd ici dans des
méandres d’arabesques aux couleurs chaudes. La scène n’est qu’un grand chaos. Delacroix
s’est inspiré non pas de la mythologie ou de l’histoire gréco-romaine, mais d’un poème
orientaliste de Lord Byron, l’un de ses écrivains préférés.

Le XX siècle

Le surréalisme (1918-1939)

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Mouvement d’avant-garde né dans le sillage de Dada après la Première Guerre mondiale, le


surréalisme incarne à la fois une attitude et un groupe d’artistes et d’intellectuels.
Transdisciplinaire, il est néanmoins emmené par une personnalité dominante, celle d’André
Breton, auteur d’un Manifeste du surréalisme en 1924. Selon l’écrivain français, l’approche
surréaliste réside dans l’exploration de l’inconscient, que ce soit dans l’écriture ou les arts.
Par ce recours à la thématique omniprésente du rêve, il réactualise les principes du
symbolisme.

Salvador Dalí, La Persistance de la mémoire, 1931


« L’idée de surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique. » –
André Breton

Histoire du mouvement

Dada, apparu pendant la Première Guerre mondiale, avait été le premier mouvement à
souligner l’irrationalité des êtres humains, l’absurdité du monde, et la nécessité d’un esprit de
révolte. Les futurs membres du surréalisme ont vécu la guerre de près, et c’est de l’amitié
entre André Breton (passé par le mouvement Dada), Louis Aragon et Philippe Soupault
qu’allait germer un nouvel état d’esprit incarné dans la création d’une revue, Littérature,
parue en 1919. Se joignent à eux Francis Picabia et Georges Bataille.

En 1924, André Breton publie le Manifeste du surréalisme. Il est entouré de tout un


collège d’amis et d’admirateurs parmi lesquels se comptent Louis Aragon, Robert Desnos,
René Crevel. Il y définit le surréalisme comme un « automatisme psychique pur » permettant
d’exprimer la réalité de ses pensées, sans censure, que ce soit par l’écriture, le dessin, ou de
toute autre manière. Le surréalisme est basé sur l’exploration du monde onirique, dans
l’espoir de reconnecter l’Homme avec son intériorité. L’écriture automatique (initiée par
Breton en 1919), par exemple, permet cette libération : elle est censée ne faire intervenir ni la
conscience, ni la volonté, en écrivant le plus rapidement possible ses pensées dans un état de
lâcher-prise, entre veille et sommeil. La connaissance des théories freudiennes (notamment la
notion d’inconscient) a joué un impact important sur le surréalisme.

De nombreux peintres et sculpteurs ont rejoint le mouvement surréaliste, d’une manière


plus ou moins durable : Salvador Dalí, Marc Chagall, Alberto Giacometti, René Magritte,
Max Ernst, André Masson, Joan Miró, Dora Maar, Man Ray, Meret Oppenheim, Dorothea
Tanning… Certains rendront leurs visions, conscientes ou inconscientes, par le biais d’une
figuration onirique, d’autres par des expressions abstraites.

Tant d’artistes et d’auteurs y ont contribué qu’il est difficile d’en définir une ligne
dominante, esthétique ou philosophique. Plusieurs points communs réunissent malgré tout ses
membres comme le goût de la liberté et la quête poétique.

Au cours des années 1920, des tensions apparaissent entre les membres du groupe, en raison
de l’attitude jugée despotique de Breton. Certains s’éloignent du mouvement, en particulier
Jacques Prévert et Yves Tanguy. À partir de 1930, le surréalisme prend une dimension
nettement politique, sur la volonté d’André Breton, et se met « au service de la révolution »
communiste. C’est un sujet de discorde entre les membres du groupe. Durant cette décennie,
les surréalistes organisent de grandes expositions internationales dont la principale se tient à
la galerie des Beaux-arts de Paris en 1938.

L’influence du surréalisme a été importante dans de multiples domaines, que ce soit le


cinéma ou l’affiche. La Seconde Guerre mondiale finira de dissoudre le mouvement. Breton
tentera de le reconstituer jusqu’à sa mort en 1966. Cependant, le surréalisme reste vivant dans
les esprits comme un mouvement libérateur, mettant l’accent sur le psychisme et la sexualité.
Des œuvres clés

Joan Miró, Le Carnaval d’Arlequin, 1924–1925

Toile de la période surréaliste de l’artiste, ce Carnaval d’Arlequin est le produit


d’hallucinations du peintre, alors qu’il n’avait pas les moyens de se nourrir. Miró fait
cohabiter de multiples personnages étranges, nourris de son imagination et n’ayant pas
d’attachement à un quelconque principe de réalité. L’artiste a fait la rencontre des surréalistes
en 1924, avec lesquels il prendra ses distances dans les années 1930.

Alberto Giacometti, La Table surréaliste, 1933

Dispositif poétique, cette table frappe par son étrangeté : à quatre pieds, elle supporte un
buste énigmatique, des objets angoissants telle une main coupée. L’équilibre de l’ensemble
paraît fragile, instable. Giacometti a fait la connaissance du groupe en 1929. Ses œuvres
surréalistes témoignent de son talent poétique et de sa capacité à explorer ses traumatismes.

René Magritte, Le Faux miroir, 1929


Ceci n’est pas un œil, mais une représentation onirique et symbolique de la vision. Magritte
attire notre attention sur le fait que « voir » est une activité cérébrale, une création mentale.
Selon lui, ce que nous interprétons comme le réel n’est jamais qu’une dimension en cachant
d’autres. D’origine belge, l’artiste a d’abord côtoyé le mouvement Dada avant de se
rapprocher du surréalisme, mais il n’a jamais adhéré aux théories psychanalytiques en vogue
dans ce groupe.

voir toutes les images Meret Oppenheim, Petit déjeuner en fourrure, 1936

Meret Oppenheim, Petit déjeuner en fourrure, 1936

Introduite auprès d’André Breton en 1933, la Suissesse est l’une des quelques femmes à avoir
participé au mouvement surréaliste. Tout en fabricant des bijoux, elle est aussi l’auteure de ce
fameux objet bien évidemment inutilisable mais infiniment désirable. Le caractère sauvage de
la fourrure contraste avec la nature industrielle de la tasse et des objets qui l’accompagnent.
C’est l’exemple d’une association pleinement poétique entre des idées et des univers
étrangers l’un à l’autre.

L’existentialisme

Le nouveau roman (1957 – 1981)

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