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Shcherbyna Anna TD

Introduction

Au XVIIe siècle, l'Italie conservait sa position dominante en tant que source de nouvelles
idées artistiques et de techniques novatrices. À Rome, des artistes venus du monde entier se
rassemblaient, faisant de cette ville un foyer artistique et culturel. Le début du XVIIe siècle a vu le
passage du classicisme raffiné de la Renaissance au maniérisme exubérant, qui a été suivi par le
style dynamique du baroque dominera le monde de l’art durant le siècle entier, influençant toute
l'Europe. Dans ce contexte, deux styles majeurs ont émergé simultanément et ont évolué : le
baroque et le classicisme. Le classicisme, en tant que système artistique complet, a commencé à
prendre forme en France au XVIIe siècle. Les conditions historiques et socio-culturelles de l'époque
ont favorisé l'émergence du classicisme, et ses fondements puisent dans l'Antiquité.

Notre exploration se concentre sur Rome, considérée comme le centre bouillonnant


d'activités artistiques et culturelles. L'Italie, et particulièrement Rome, souvent qualifiée de capitale
de la peinture européenne, exerçait une forte attraction sur les peintres français nés entre 1590 et
1600.

Depuis cette époque, nous pouvons imaginer l'impact profond que les œuvres de Caravage,
leur réalisme frappant des figures de Caravage, leur intensité des expressions et des postures ont eu
sur ces jeunes artistes.

Parmi ces artistes, Nicolas Poussin, Simon Vouet et Claude Lorrain émergent comme des
maîtres du classicisme, s'imprégnant profondément des principes et de l'esthétique de l'Antiquité.
Leurs œuvres, axées sur des thèmes mythologiques, religieux et paysagers, reflètent leur
engagement envers la perfection artistique et la quête de l'harmonie.

Comment s'est manifesté le courant classique , en mettant particulièrement en lumière


l'influence et les contributions des artistes français qui se sont installés dans la Ville Éternelle au
17siecle ?

Plan
I. Le Classicisme à Rome
а)Inspiration antique et références classiques
b)L'esthétique de Poussin : Le paysage

II. Lumière et Composition dans le Paysage Classique


a)L'Approche Artistique de Claude Lorrain
b) Lumiere: les Traits Distinctifs de l'Art de Claude Lorrain
Shcherbyna Anna TD

III.Les Interactions et Influences Réciproques entre Classicisme et Baroque à Rome


а) Simon Vouet, Caravage et l'exploration du clair-obscur
b) Emprunts du baroque à l'esthétique classique
Shcherbyna Anna TD

Nicolas Poussin a poursuivi son apprentissage à Paris, où il a été influencé par le style
maniériste de la seconde école de Fontainebleau et exposé aux collections royales. Il a ensuite été
invité à se rendre en Italie, d'abord à Venise, puis à Rome à partir de 1624. À l'exception d'une
période parisienne entre 1640 et 1642, lorsqu'il a été invité par Louis XIII. Il a été le premier
peintre du roi. Poussin a passé le reste de sa vie en Italie.

En 1624, Poussin fait le choix de s'établir à Rome, le cœur battant de l'expression artistique
en Europe. C'est là, dans ce creuset culturel, qu'il développe sa vision du classicisme, axée
principalement sur des sujets mythologiques, religieux et paysagers. Il était un artiste-philosophe, ce
qui a apporté une profondeur intellectuelle à ses œuvres, que nous verrons sur la toile suivante.

De 1629 à 1633 environ, Poussin s'est inspiré de la mythologie classique et de la poésie,


notamment dans « Les Bergers d'Arcadie ». Ce tableau reflète les caractéristiques du classicisme et
du style de Poussin, comme l'inspiration dans la mythologie classique et la poésie. Nicolas Poussin
semble trouver de l'inspiration dans la sagesse antique. Ainsi, ce tableau invite à la réflexion et à
l'exploration. Il met en exergue la Trinité, l'union de nos aspects : la vie, la mort, la nature, les
illusions, les clés de la connaissance. L'Arcadie renvoie à la mythologie grecque. L'Arcadie fait
référence à un lieu idyllique où règne l'harmonie, la paix, et où demeurent des bergers heureux. Sur
la peinture deux bergers déchiffrent l'inscription « ET IN ARCADIA EGO» qui serait une parole
de la Mort , et « Moi (qui suis mort), je vécus aussi en Arcadie. ». L'idée qu'il y ait la présence de la
mort ici est inhabituelle pour les simples bergers habitués à une existence mesurée et heureuse. La
soudaine prise de conscience de leur propre fin engendre la peur dans leurs âmes. La femme, dont la
silhouette exprime la tranquillité et la sérénité, regarde le vieil homme avec un sourire bienveillant.
Il relit l'inscription, s'agenouillant et traçant des doigts sur la pierre. Son camarade, baissant la tête
et serrant les lèvres, éprouve en silence le choc qu'il vient de vivre. Le troisième personnage, un
jeune berger, se tourne vers la femme dans l'espoir vain de réconfort, mais on peut comprendre à
son visage qu'il a saisi la signification de l'inscription. La main de la femme repose sur son dos,
comme pour le calmer. L'ensemble du groupe symbolise le cycle de la vie : son commencement est
la femme, et la triade d'hommes représente les principales étapes de la vie humaine : la jeunesse, la
maturité et la vieillesse. Ainsi, il s'agit également d'une caractéristique que les figures et éléments
du tableau sont symboliques et allégoriques, typiques du style de Poussin. Selon les normes de la
peinture classique, le peintre encadre la scène principale, placée au centre du tableau. Un paysage
montagneux émerge autour, représentant l'Arcadie dans l'esprit des contemporains.
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Après avoir exploré l'influence des références classiques et de l'Antiquité,abordons


l'esthétique du paysage chez Poussin. « Paysage avec Polyphème » est un exemple frappant dans
l'œuvre de Poussin où l'on peut dégager un thème distinct, celui de « Paysage Idéal », dans lequel
un récit est toujours présent. La nature est considérée comme l'arène de l'action humaine. Cette
peinture met en avant la Nature comme sujet principal plutôt que le mythe. Nous pouvons voir de
hautes falaises ciselées entourées de buissons denses et d'arbres puissants. Derrière leurs branches
largement étendues, s'étend l'immensité de la mer lointaine. Sur la falaise, comme émergeant et
fusionnant simultanément avec elle, se dresse la puissante figure de Polyphème, jouant une mélodie
à la flûte, empreinte d'une supplication passionnée et d'une tendresse soumise. Une ligne fluide
enveloppe les puissantes falaises et les arbres, tout l'espace est rendu par Poussin avec des plans
clairs et facilement perceptibles. Ils dirigent le regard du spectateur jusqu'à la mer elle-même,
comme s'il le plongeait dans des horizons larges et infinis. La palette de la peinture repose sur une
combinaison stricte de couleurs vertes et bleues, représentant la couleur de la verdure et de l'air,
prédominantes dans la Nature.

En parlant de l'influence de ces artistes, il est important de noter que, aux côtés de Nicolas
Possin ,Claude Lorrain, un contemporain également influent, a laissé un héritage remarquable dans le
paysage artistique de cette époque. Son vrai nom était Claude Gellée.Sa carrière se déroule presque
entièrement à Rome. Il connaît un grand succès auprès d’une clientèle socialement importante, celle
des cardinaux romains..Il pratique spécifiquement le genre du « paysage idéal »

Lorrain porte l’essentiel de son attention sur le traitement pictural plutôt que sur les sujets
représentés. Il fait du coloris et des effets lumineux le cœur de sa démarche de peintre, en
s’attachant à la technique de la « perspective atmosphérique », à savoir celle de l’adoucissement des
formes et de l’affaiblissement des couleurs dans les lointains. La particularité de ses paysages qui
le distingue des autres artistes est la connexion entre l’architecture réelle et celle de ses pensées.

Dans le tableau « Le Port d'Ostie avec l'embarquement de sainte Paule» ,nous observons la
convergence de toutes les lignes compositionnelles vers le centre, légèrement au-dessus de la ligne
d'horizon. Les imposants édifices de part et d'autre de l'espace compositionnel créent un cadre
grandiose pour la scène figurative au premier plan, l'immergeant dans une atmosphère de tension
dramatique, illustrant l'importance exceptionnelle de l'événement représenté. De plus, la lumière
joue un rôle crucial dans l'organisation de l'espace. Еssentiellement, le port devient l’élément
principal de ses tableaux.
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Par la suite, nous approfondirons une analyse de la lumière comme trait distinctif de l'art
caractéristique du classicisme de Claude Lorrain. Dans le tableau «Le départ de la reine de Saba»,
nous voyons le talent de l'artiste à capturer des couleurs vives et saturée, créant un monde idéal
empreint d'harmonie, caractéristique du classicisme. Au centre de la toile, nous voyons un espace
lumineux infini, encadré par deux structures architecturales. Le regard du spectateur semble ainsi
projeté vers l'horizon.

Il en découle qu'il convient de souligner les différences entre les paysages de Poussin et de
Lorrain en tant que deux maîtres du paysage, où chez Lorrain, nous percevons toujours une grande
attention portée à la recréation de la nature à différents moments de la journée, tandis que chez
Poussin, la composition était soigneusement structurée, souvent avec l'utilisation d'une organisation
géométrique stricte des éléments et l'utilisation exclusive de la lumière du jour.

Après avoir exploré le travail de Nicolas Poussin et les contributions significatives de


Claude Lorrain dans le courant classique, nous pouvons tourner notre attention vers Simon Vouet.
Simon Vouet est un autre artiste majeur de cette époque, qui ont évolué ensemble sous le patronage
et la magnificence du règne de Louis XIII. Il a été le premier peintre du roi en 1627. La distinction
réside dans le fait que Simon Vouet, ayant vécu davantage les bouleversements du baroque et du
réalisme, sous l'influence de Caravage, a laissé sa propre empreinte, révélant ainsi la complexité de
l'évolution artistique du XVIIe siècle.

Sous l'influence de Caravage, le jeune artiste réalise d'abord des compositions axées sur le
clair-obscur, comme illustré dans le tableau «La Diseuse de Bonne Aventure». Cette influence se
manifeste par le jeu des expressions faciales et des gestes des personnages, ainsi que par la
scénographie théâtrale qui englobe la scène. Le réalisme expressif, typique du baroque, transparaît
dans les regards intrigants et les gestes suggestifs des deux femmes. Sur cette toile, un homme est
représenté au centre, entre une diseuse séduisante et une voleuse qui lui vole discrètement sa
bourse. Un équilibre est créé entre jeunesse et vieillesse, beauté et laideur, еlles ont la tête voilée
par un voile blanc. La scène est présentée comme un spectacle burlesque comportant des gestes de
la main et des regards conspirateurs. Les expressions des deux femmes divergent : celle censée
charmer par sa jeunesse regarde l'homme avec sérieux ; celle censée se concentrer sur son acte de
vol affiche un sourire dévoilant une bouche édentée et fixe le spectateur avec un regard complice.
Ironiquement, la voleuse à droite fait un geste obscène par-dessus l'épaule de sa victime. La vieille
femme ne se cache pas du spectateur, l'invitant à être témoin de la duperie de l'homme. Dans cette
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œuvre, on trouve également une représentation parallèle des mains : en haut à gauche, la main de
l'homme brandit un tabouret appelé «bottacule»; à droite, la main de la vieille femme se moque du
rustre, imitant un geste impoli. En bas à gauche, les mains caressantes de la diseuse entourent la
main de l'homme ; à droite, la main de la voleuse le soulage de sa bourse.

Par la suite, Vouet réussit à intégrer habilement les enseignements du baroque dans une
esthétique classique, créant ainsi un style unique qui fusionnait l'exubérance baroque avec la rigueur
et l'ordre caractéristiques de l'art classique.

Le tableau Simon Vouet La richesse (1640) , commandé par le roi Louis XIII, illustre
parfaitement la fusion des éléments caractéristiques du classicisme et du baroque. Dans cette
représentation, la maîtrise du classicisme se manifeste par la clarté de la composition, la précision
dans les détails et le souci de l'harmonie formelle.

D'un autre côté, l'influence baroque transparaît dans le dynamisme des gestes et des
expressions des personnages, ainsi que dans la théâtralité de la scène. L'ambiguïté dans
l'interprétation de la figure principale reflète la tendance baroque à jouer sur les émotions et les
significations multiples. De plus, le contraste entre la figure centrale tournée vers le putto et le pied
posé sur la pierre angulaire évoque la dualité entre l'orientation vers la richesse matérielle et la foi
spirituelle, un thème souvent exploré pendant l'époque baroque.

Le courant classique à Rome vers 1640 s'est caractérisé par une forte influence des artistes
français qui ont choisi de s'installer dans la Ville Éternelle au XVIIe siècle. Nicolas Poussin et
Claude Lorrain ont joué un rôle central dans ce mouvement. Poussin a apporté son approche
intellectuelle et mythologique au classicisme, tandis que Lorrain s'est distingué par sa représentation
de la nature dans un «Paysage Idéal». Cette période a également été marquée par l'interaction entre
le classicisme et le baroque, illustrée par des artistes tels que Simon Vouet, qui ont réussi à
fusionner les éléments des deux mouvements dans leurs œuvres. Ainsi, le courant classique à Rome
au XVIIe siècle a été influencé et enrichi par la présence des artistes français, créant une période
artistique riche et complexe dans l'histoire de l'art.
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Bibliographie :

CORNETTE Joël, MEROT Alain, Histoire artistique de l'Europe: Le XVIIe siècle, Seuil, 1999.

DIDIER, Prioul, La peinture française du XVIIe siècle : de l'Édit de Nantes (1598) à la naissance de
l'absolutisme. Vie des arts, 1993.

FUMAROLI ,Mare, L'Ecole du silence. Le sentiment des images au XVIIe siècle, Paris,
Flanmarion, 1994.

GIORGI, Rosa, L'art au XVlle siècle, 2008.

ТАРІÉ , Victor-Lucien, Baroque et classicisme, Paris, Hachette/Pluriel, 1980.

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