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LE CLASSICISME

LA DOCTRINE CLASSIQUE
Le terme classicisme a une définition esthétique mais aussi historique, puisqu'en France l’« époque classique» est la
période de création littéraire et artistique correspondant à ce que Voltaire appelait « le siècle de Louis XIV» ; il s'agit
essentiellement des années 1660-1680, mais en réalité la période classique s'étend jusqu'au siècle suivant.
Le classicisme en France est un cas singulier : cette période a été appelée classique parce qu'elle se donnait comme idéal
l'imitation des Anciens, mais aussi parce qu'elle est devenue une période de référence de la culture nationale.
Le Grand Siècle
LE CLASSICISME
Le Baroque
La notion de baroque ne sera introduite que plus tard dans l'histoire littéraire française; elle permettra de nommer et de
redécouvrir la période historique située entre la Renaissance et le classicisme, période placée sous le signe de l'irrégularité,
du spectaculaire, de la métamorphose, de l'éphémère, de l'illusion et de l'identité vacillante.
LA DOCTRINE CLASSIQUE
Précision des termes
Le mot classique, comme adjectif et comme nom, apparaît dans la langue, selon le Robert, en 1548 (lat. classicus « de
première classe »), alors que le mot dérivé classicisme n’apparaît qu’en 1825. André Blanc, dans Lire le Classicisme,
attribue la paternité du mot classicisme à Stendhal, en 1823, qu’il opposait au mot romanticisme.
Dans l’histoire littéraire de la France, le classicisme est incarné par la génération de 1660-1680 : (Corneille) et Racine,
pour la tragédie, Molière, pour la comédie, La Fontaine, pour les fables , Boileau, pour la poésie didactique et Bossuet pour
l’éloquence religieuse.
L'écriture classique est synonyme de concision, de dépouillement, de simplicité et de sobriété.
La doctrine classique tire sa substance des écrits d’Aristote, d’Horace, de Ronsard (la Pléiade) et de Malherbe.
Elle est un ensemble de principes essentiels dont le respect doit permettre la création d’une œuvre d’art parfaite autant
que possible.
Les plus importants sont:l’imitation des Anciens: il ne s’agit pas d’une imitation servile, mais des modèles propres à être
suivis.L’art doit imiter la nature – la nature humaine.le respect de la vraisemblance, du bon goût et des convenances
La vraisemblance (Aristote) - ne s’identifie pas à la vérité, elle correspond à ce qui peut être vrai et sert comme moyen de
diriger l’homme vers la voie de la vertu.
La Fontaine affirme dans son « Épître à Huet » :
« Mon imitation n'est point un esclavage [...]
Je ne prends que le sens et le tour et l'idée,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité ».
L’idéal artistique – le souci de perfection
-Vise, à l’exemple des auteurs grecs et latins, un idéal d’équilibre, d’ordre et de mesure.
-Il obéit à des règles strictes fondées sur la raison, faculté maîtresse, qui permet d’éviter toute faute contre le bon goût et
de contrôler les débordements de l’imagination ou de la sensibilité. La raison rompt définitivement avec le Moyen Age.
-L’écrivain classique doit respecter la vraisemblance et demeurer impersonnel : il s’efface derrière son œuvre et s’attache à
l’étude de l’homme, car il croit en une nature humaine indépendante des lieux et des temps.
- Il s’exprime en une langue pure, sobre et élégante.
L’idéal humain - l’honnête homme - un archétype humain, universel
Vers 1660, l’idéal de l’honnête homme qui se caractérise par une élégance à la fois extérieure et intérieure, signe distinctif
d’une société qui a érigé la discipline et l’urbanité en principes de vie.
C’est un modèle d’humanité qui est apparu et s’imposait sous la plume des moralistes et des écrivains de l’époque
- Il fait preuve de retenue, est ouvert, curieux, savant sans être pédant, agréable, poli, raffiné.
-Il doit plaire, tant par son physique que par son discours.
En un mot, selon la formule de Boileau il lui fallait «savoir et converser et vivre».
Les règles d’or de l'esthétique classique:
-Plaire et d’instruire. L'art doit provoquer la réflexion par le biais d’une forte réaction émotionnelle (rires, pleurs,
terreur...), sinon, il reste superficiel et inutile. La Catharsis
-Le naturel de l’art classique qui résulte d’une "recherche qui ne retient que ce qui est significatif " (Molière).
-Le perfectionnisme : les écrivains classiques aiment le travail bien fait, et le génie n’empêche pas un énorme et rigoureux
travail. Pourtant, ce travail doit rester invisible, sinon, l’œuvre perd son charme.
"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez"
Nicolas Boileau, L’Art poétique « Chant I », 1674
LE CLASSICISME
Le cadre social politique
Le classicisme coïncide avec la centralisation monarchique qui s’affirme dès 1630 dans le domaine politique sous l’autorité
du cardinal de Richelieu d’abord, puis de Mazarin, cardinal et homme politique et de Louis XIV.
Cette centralisation politique a des conséquences dans le domaine culturel avec la création de l’Académie française en
1635, puis d’autres Académies. Elles conduisent à codifier la langue et à réglementer la composition des œuvres.
Mais il ne faut pas assimiler trop vite autorité politique et autorité culturelle. Le rôle des règles dans la littérature classique
est de permettre la production d’œuvres de goût.
L’architecture :Elle fut inventée pour magnifier la gloire de Louis XIV puis rayonna dans toute l’Europe.
Cette architecture devient à l’étranger le reflet de la puissance du roi de France.
L’architecture classique se caractérise par une étude rationnelle des proportions héritées de l’Antiquité et par la recherche
de compositions symétriques.
Les lignes nobles et simples sont recherchées, ainsi que l’équilibre et la sobriété du décor, le but étant que les détails
répondent à l’ensemble.
Elle représente un idéal d’ordre et de raison.
Le Versailles , Le Grand Trianon, Vaux-le- Vicomte représentent le centre rayonnant de cette architecture à l’étranger.
Des architectes tels que Pierre Lescot et Philibert Delorme posent les bases de cette architecture classique, faisant une
synthèse originale entre les modèles de la péninsule italienne (issus de la Renaissance) et ceux de l’architecture nationale.
Les genres littéraires.Le théâtre,La tragédie classique s'inspire essentiellement de l'Antiquité gréco-latine.
Elle est régie par la règle des trois unités :Unité d’action - déterminée par une seule intrigue,Unité de lieu – l’action
unique se déroule dans un seul endroit, sans épisodes superflus,Unité de temps, - l’action unique se déroule pendant 24
heures.
LE CLASSICISME
La tragédie classique
À cette cohésion, s'ajoute une exigence de rigueur formelle puisque la tragédie comporte cinq actes, écrits en vers
alexandrin;
le respect des bienséances et le souci de la vraisemblance participent également du code de l'écriture théâtrale.
Exemples: La mort de Cléopâtre dans Rodogune de Corneille se déroule dans les coulisses ; le récit de Théramène, dans
Phèdre, relate l'épisode de la fin violente d'Hippolyte.
La Comédie
Molière rend les lettres d’honneurs à ce genre considérée comme mineur.
Aristote consacre dans sa « Poétique » peu de lignes aux œuvres comiques.
Molière se sert souvent des effets comiques assez grossiers, hérités de la farce et de la commedia dell’arte (bastonnades,
quiproquos etc.), mais ses comédies sont à la recherche d'un équilibre qui n'est pas sans rapport avec le bon goût classique.
Le théâtre de Molière est à la fois classique et baroque
La célèbre formule « ridendo castigat mores » exprime une idée développée par Horace dans son Art poétique et résume
la volonté d'utiliser le rire comme vecteur d'instruction.
Les autres genres littéraires qui sont hérités de l'Antiquité :
La fable - La Fontaine illustre magnifiquement le premier dans ses Fables (1668-1678).
La satire - Boileau, émule d'Horace, écrit des Satires (1666-1668) qui jouissent d’un grand succès
Les lettres, Mme de Sévigné (1626-1696) mêle dans ses Lettres les « potins » de la Cour et des réflexions morales.
les maximes - La Rochefoucauld - Les Maximes de (1664)
les portraits - La Bruyère - Les Caractères (1688) donnent à la critique sociale une pulsion nouvelle et la transforment en
satire.
Ces deux ouvrages ouvrent la voie à l’esprit de réforme du siècle suivant.
LE CLASSICISME
Le déclin du classicisme
La querelle des Anciens et des Modernes, vers 1680, souligne la rupture entre les tenants de l'art classique, qui
préconisent l'imitation des écrivains de l'Antiquité, et les Modernes qui trouvent les Anciens « sans goût et sans
délicatesse».
Cependant, l'idéal classique survit au XVIIIe siècle, considéré le deuxième âge du classicisme, à travers des œuvres
quelquefois formalistes, comme les tragédies de Crébillon (1674-1762) ou celles de Voltaire, grand admirateur de Racine.
Les poètes du XIXe siècle respectent les codes de la prosodie classique.
Mais l'idéal classique trouvera des défenseurs passionnés au XXe siècle avec André Gide, François Mauriac, Georges
Bernanos et Julien Green, héritiers d'une tradition inaugurée quelque trois siècles plus tôt par le merveilleux roman de
Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678).

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